This savage song | CARA

❝ ‘Oh, all right,’ said Crowley wretchedly. ‘No one’s actually going to get killed. They’re all going to have miraculous escapes. It wouldn’t be any fun otherwise. ❞
― Good Omens, Neil Gaiman.
Conscience vacillante, le cœur se gerce dans le froid polaire des souvenirs. Cara aime parier, elle aime échanger, car sans contrefaçon, elle ne vit que pour la contrepartie. Le nez qui se plonge dans des méandres grondants, c'est pour le danger qu'elle vibre. La vérité l'obsède, et dans sa douce litanie entêtante, elle se perd. La vindicte dans ses veines teintées de bleue ; chaque injection est un manifeste. Celui prouvant qu’elle a décidé de devenir un monstre pour pouvoir faire tomber tous les autres. Son âme se déchire au rythme de ses plongées dans le cœur des pécheurs. Elle n'a plus rien de Jade, car Jade s'est éteinte avec la disparition d'un autre. Aujourd'hui, il ne reste plus que la colère de Moriarty, celle qui veut exposer la vérité. Celle qui veut faire tomber. Celle qui veut briser un monde qui l'a privé de ses affections. Cara n'aime plus, ou du moins, elle aime à croire qu'elle n'aime plus. Elle apprécie tout au plus, tandis que d'autres la déteste. Elle creuse trop, elle soumet les âmes à un chantage abjecte. Et dans son sourire, il y a un venin qui empoisonne. Au-delà de toute raison, la confiance et les confidences sont des choses rares, parce qu'elle n'arrive à se livrer qu'à demi-mot. Volage dans les draps d'étrangers, elle se déteste à ne pas aimer comme d'autres. Les comédies romantiques la font grimacer alors qu'au dedans, ça lui fait juste de la peine de ne plus être comme eux. Les amitiés sont assez rares pour qu'elle les estime, et si dans le fond, il n'y a qu'elle qui compte, elle espère pouvoir un jour se confier sans utiliser d'allégorie ou de rhétorique. Parlons-en également de cette rhétorique ! Après tout, Cara a la langue bien pendue et le verbe aussi acéré qu'une lame de rasoir. Ainsi préfère-t-elle se satisfaire des mots pour creuser les maux tandis que les armes n'ont aucun intérêt pour elle.


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Cœur et corps désharmonisé,
C'est la Lilith qui l'emporte sur Lili.
C'est Cara qui balaie le souvenir de Jade.

(( Blue Blood ))

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Blue Blood, les veines salies depuis vingt ans. Elle souffle les bougies de cette nouvelle décennie achevée depuis peu.

(( 20 ans // Mono-V ))

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Elle avait vingt-cinq ans, la première fois qu'elle s'est injectée le mono-V. Une année pour tester, une année pour découvrir, s'est-elle dit.. Et puis, finalement, ça lui a collé à la peau, ça l'a déchiré de l'intérieur, et après cela, plus aucun retour en arrière ne fut possible.

(( Lilith // Mère des péchés et des démons ))

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Première femme d'Adam, figure déchue ; Elle est un démon de la nuit, la mère des démons. Sur son territoire d'Edom, les bêtes sauvages grondent. Elle est à la fois un rêve et un cauchemar. Aussi monstrueuse que charmeuse. Elle est le serpent qui se complait dans les abysses de l'humanité.

(( déchirure 1 // sineater ))

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A inciter aux péchés, Lilith leur est intimement lié. Elle ressent et goute chacun de leurs parfums. Ils sont son ambroisie, son enfer personnel.

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(1) Ressentir - Les parfums des péchés se sont substitués aux parfums des corps. Dorénavant, Lilith ne ressent plus que votre péché capital prédominant. Elle crève de le gouter, ça la ronge de l'intérieur. Et si par mégarde, un autre de ses frères dominent votre humeur, ses sens vibreront pour lui, elle le ressentira comme personne. (2) Goûter - Parfois, la tentation est trop forte et l'envie l'emporte sur tout le reste. Les péchés capitaux sont ses péchés mignons. Alors, par un toucher, elle les goute, se les approprie, partage son extase au travers d'un allègement de la conscience. Entre ses doigts, tout devient indubitablement plus léger.  (3) Dévorer - Alors que le besoin de goûter est poussé à son paroxysme, Lilith est désormais capable de dévorer le péché dominant d'une personne. Elle prend tout et ne laisse qu'un sentiment puissant de bien-être. Déchirure activée par le contact d'une peau contre une autre, elle agit comme une drogue sur la cible, provoquant un afflux de dopamine qui peut entrainer une dépendance. Pour autant, le péché ne disparait pas totalement de son hôte initial, il renait plutôt de ses cendres au moment de la redescente sur terre. Parallèlement, Lilith est également sujette à la dépendance qu'entraine cette déchirure. De manière inévitable, elle ressent le besoin de gouter d'abord, puis de dévorer des péchés, jusqu'à ce que finalement, la chute ne l'entraine vers le regret. Le fait de dévorer les péchés lui procure également un sentiment de bien-être proportionnel à la quantité de péché qu’elle dévore.(4) Partager - Au delà de ressentir et de gouter, Cara possède désormais une aura de péché qui lui colle à la peau. Résonnance de ses propres déviances, l'aura est contagieuse. Par son toucher, la Sineater exacerbe chez l'autre le péché qui l'empoisonne.

(( déchirure 2 // umbrae ))

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Au-delà de la norme réside le royaume de Lilith ; allégorie infernale composée du négatif de ce monde, elle en perçoit les fluctuations. Elle en connait les habitants et craint d'un jour, les laisser s'échapper.

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(1) Phaser - Sous l'émotion, le corps s'efface de la réalité pour gagner l'Umbra. Ainsi, Lilith se retrouve projetée dans un royaume dévasté, inverse de la réalité. Il est la version apocalyptique de l'univers connu, telle une surcouche au monde qui l'entoure. Lilith ne s'explique pas son existence, mais elle sait qu'il lui appartient, elle sait qu'il la hante.  (2) Rejoindre  - Ses contours se floutent, elle s'efface de la réalité pour rejoindre le royaume abstrait de ses cauchemars. Et désormais, elle n'en a que partiellement peur. Finalement, c'est cette peur résiduelle qui lui permet d'y survivre et de développer sa forge hégémonique. Elle peut alors naviguer sur ses terres désolées et porter son regard sur la norme. Elle devient alors le fantôme d'un monde qu'elle a temporairement quitté.  (3) Voyager - Par la volonté de Lilith, une déchirure se créé dans la norme. Lacération béante hantée par des grondements horrifiques, le portail permet à sa créatrice d'emmener une personne avec elle. Pour autant, les étrangers sont naturellement mal accueillis sur ces terres désolées. Ils ressentent d’abord la menace des créatures qui la peuplent avant de ressentir l'influence de leur péché capital dominant. Ainsi, le visiteur, au bout d'un moment, voit son humeur changer pour adopter le péché capital qui le domine en temps normal.. Et ce, jusqu’à ce qu’il soit sorti de l’Umbra et ne retrouve progressivement son humeur initiale. Lilith, elle, s'épuise au fil du temps lorsque quelqu'un demeure dans son royaume. Ainsi, elle ne peut dépasser une trentaine de minutes de cohabitation, sous peine de perdre connaissance et de risquer la vie de son invité.

(( déchirure 3 // daemon ))

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Dans l'umbra réside des ombres grondantes, des cauchemars personnifiés. Ils sont les démons que les hommes ont diabolisés, les résidus de leurs péchés les plus inavouables. Ils sont les démons de Lilith. Plus elle consomme des péchés, plus l'umbra se peuple. Elle alimente son royaume. Lui donne vie.

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(1) Appeler - Parmi tous les démons, il y en a un qui demeure son favori. Elle l'appelle affectueusement machin ; il est un hybride, ressemblant à un chien avec des cornes fait de ténèbres grouillantes. Sa gueule béante fait peur, tandis que sa taille fait rire. Il est un enfant qui a peur, un enfant qui traine dans les pattes de sa mère. Lilith le gronde souvent, elle le chasse irrémédiablement, et pourtant, elle s'est attachée à sa monstruosité. Il est trouillard, sauf quand il s'agit de protéger sa maitresse. Ainsi, c'est surement dans ces moments-là que ses dents acérées servent le mieux.  

(( dépendance // spirale infernale ))

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Lilith lutte jour après jour pour maitriser son appétence à gouter les péchés. Car lorsqu'elle les goute, elle noircit une part de son âme, elle se les approprie. En fonction de l'intensité du péché savouré, Lilith voit son tempérament modifié, guidée par des pulsions irrépressibles directement liées au péché.

(( terreur // émotions ))

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L'umbra colle à la peau de Lilith, tant et si bien que lorsque ses émotions la brulent de l'intérieur, elle s'y retrouve projeté sans avoir rien demandé. Parfois, il lui arrive d'avoir peur et d'autres fois, elle réalise que c'est son monde. Ses émotions sont ambivalentes au sujet de l'Umbra. Terriblement ambivalentes. Ses voyages ne durent guerre plus qu'une vingtaine de minutes lorsqu'ils sont calculés. A trop rester là-bas, néanmoins, Lilith s'épuise, son énergie la quitte pour alimenter le négatif de son monde.

(( paradoxe // péchés ))

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Lilith a paradoxalement besoin de gagner l'Umbra, de manière récurrente. Elle a besoin de rejoindre ce monde qui lui broie les entrailles. Il lui permet d'évacuer les péchés qu'elle a emmagasiné pendant trop longtemps. Son enfer à elle la purifie autant qu'il la condamne.

(( plaisir // déplaisir ))

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Lorsqu'elle goute les péchés d'autres, Lilith leur offre en compensation un soulagement qui allège les culpabilités. Mais pour équilibrer la balance des âmes, une fois le plaisir passé, c'est la chute qui attend la mutante. Une chute qui se traduit par une extra-sensibilité à ce monde qui le rend immondement abrasif à ses sens. Sa gueule de bois est d'enfer.

Les nuances de sa chevelure inspirent le rouge d'un feu à toujours brulant tandis que son regard d'émeraude brille d'une malice curieuse. Cara est femme à aimer les beaux vêtements, car quitte à vendre son âme, autant que cela soit surtout fait avec allure. Toujours perchée sur des talons vertigineux, elle observe de haut, le scrupule éteint de ses mires. A sa clavicule droite trône une ancienne cicatrice refusant de la quitter ; c'est l'histoire d'une course poursuite achevée dans le rire incrédule de la jeunesse intrépide. Lorsqu'elle la voit dans le miroir, elle se souvient puis oubli tout aussi vite.

La Lilith en elle transfigure son corps ; ainsi, du rouge flamboyant de ses cheveux, une teinte plus lugubre et profonde émerge depuis les racines jusqu'à s'étendre sur les longueurs. Un rouge profond. Un rouge sang. Et au-delà de son âme qui se tâche de péchés, sa peau pâle se marquent parfois de veines noires, profondes et infernales tandis que la sclère perd sa blancheur originelle au profit d'un abysse silencieux.

○ ○ ○
Mais rien ne dure.
Rien qui ne la marque durablement.
Pas au dehors.
Tout juste au dedans.

Depuis son plus jeune âge, Cara possède un œil photographique ; talent qu'elle cache et garde pour ses instants de détente, elle aime figer le monde sur le papier glacé qu'un vieil appareil a marqué de son passage. Loin d'être une artiste parce qu'elle s'estime privée de leur sensibilité, elle sait apprécier le beau. Le genre de beau qui rend son monde un peu plus harmonieux.
D'une fine intelligence, elle a une mémoire photographique et un esprit méthodique. C'est cette tête-là qui lui a permis de mener à bien ses études, de faire plonger les plus odieux, d'écrire des papiers qui lui ont offert sa renommée. C'est également cette tête-là qui la mènera à sa fin. Elle le sait.

Les émotions sont un terrain miné pour Cara ; Alors, elle ne s'y aventure pas, elle décline toutes les invitations à ressentir pour se focaliser sur ses objectifs. Elle ne tolère que ce que les péchés provoquent elle, et encore.. Après eux, elle se sent toujours dévastée. Toujours brisée, abimée par les autres. Parce que l'enfer, ça ne peut être que les autres.

Mutant ou altéré, peste ou choléra ; Icarus ou Theseus.. Cara n'aime ni l'un, ni l'autre. Ils sont le reflet d'une humanité avide et orgueilleuse, dominée par ses péchés les plus dévorants.

Dans ses espoirs les plus fous, la journaliste souhaite voir les corporations s'éteindre, tomber comme autant de châteaux de cartes sur lesquels on a soufflé pour purifier un monde à l'agonie. Entre Icarus et Theseus, elle ne fait que peu de différence, si ce n'est que l'un lui a enlevé sa mère tandis que le second lui a arraché son premier amour. L'un a créé la colère alors que l'autre a engendré la peur.

Et c'est pour les faire tomber qu'elle a décidé de vendre son âme à l'un d'eux. Devenir une altérée n'aurait pas été assez, alors, c'est une mutante qu'elle a décidé d'être.

Mais Cara ne tire aucune fierté de sa nature, elle s'y accroche simplement parce qu'elle est tout ce qu'il lui reste, tout ce qu'elle est désormais. Ombre de l'idéaliste des premiers jours, Lilith n’incarne désormais plus que le reflet déformé de ses ambitions les plus absolues. Comme pour prouver que finalement, dans la nature humaine, il n'y a rien de pure. Depuis toujours.

La technologie est un outil utile, mais ne s'y intéresse que par nécessité. Une juste nécessitée pour vivre dans le confort qu'elle pense mériter. De ses années de jeunesse, Cara se souvient encore les objectifs des AntiVitae qui voulaient déverser toute cette technologie sur le monde pour équilibrer les forces.. Mais les forces ne pourront jamais s'égaler.

La course de la technologie contre la nature humaine est une absurdité.
Tout comme ce besoin impérieux de l'humain de se transcender.

New Blossom, quant à elle, est trop brillante, trop propre, trop grouillante d'intentions factices. Sous ses pieds, Cara ressent toute l'avidité des péchés humains qui polluent, s'accrochent et parfois hurlent. Parce que derrière le masque de perfection, se dessine les prémices de la chute.

Et tant que Cara songe à l'hypocrisie de cette nouvelle mégalopole, elle ne pense pas à ce que New York lui a fait perdre : son sang et son cœur. Parce qu'elle déteste autant qu'elle peut mépriser la nostalgie. Pour elle, ce n'est qu'un regret hypocrite, le genre qui nous retient d'avancer.

❝ Passion. It lies in all of us. Sleeping.. Waiting.. And though unwanted, unbidden, it will stir... Open its jaws and howl. It speaks to us.. Guides us. Passion rules us all. And we obey. What other choice do we have ? Passion is the source of our finest moments. The joy of love... The clarity of hatred.. The ecstasy of grief. It hurts sometimes more than we can bear. If we could live without passion, maybe we'd know some kind of peace. But we would be hollow. Empty rooms, shuttered and dark. Without passion, we'd be truly dead. ❞
― Angelus, BTVS.
Des racines et des ailes
De la naissance à ses deux ans.
1980, un jour de janvier ; c’est le 15 que Jade vient au monde. Entre les bras de sa mère, ses pleures raisonnent sous les regards attendrit de son père, et bien plus circonspect de son frère ainé. Ezekiel a 5 ans de plus qu’elle, il est encore petit pour devenir grand. Pour devenir un grand frère.

Deux ans plus tard, en 1982, les parents se séparent à bout de souffle. Ils n’en peuvent plus, ils ne supportent plus de se crier dessus. Et alors, le père s’en va sans se retourner, laissant Ezekiel et Jade dans les bras d’une mère devenue célibataire. Le désespoir est le premier parfum amer qui enveloppe les Moriarty. Comme un premier pas sur le chemin sinueux de leurs malheurs.

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Les origines du mal
L'année de ses cinq ans // TW : mention de mort et d'overdose.
1985, chez les Moriarty, l’argent se fait rare. Une mère célibataire peine à subvenir aux besoins de ses deux enfants. Malgré cela, elle refuse d’envoyer un de ses gamins chez leur père riche et sa nouvelle secrétaire.. C’est une question de fierté – surement mal placée – et d’amour maternel qui parle. Alors, au lieu de cela, elle répond à une annonce qui lui promet beaucoup d’argent contre quelques expériences.

Jade revoit sa mère quitter leur appartement miteux, le sourire factice au visage et les mots rassurants aux lèvres. Elle se souvient avoir eu peur de ne jamais la revoir et l’avoir confié à son frère. Mais Ezekiel l’a rassuré comme le ferait un grand frère. Parce que leur mère n’allait pas les abandonner comme avait pu le faire leur père, pas vrai ?

Sauf qu’elle n’est pas revenue.
Jamais.

Il a bien fallu une semaine de silence et de peur pour que finalement, le père se rende compte que ses deux enfants étaient livrés à eux même. Dans une ruelle crasseuse, plus tard, c’est le corps de la mère qui a été retrouvé, comme abandonné là par le sort. Les conclusions se figent sur un mot menteur : Overdose.

Maman a fait une overdose.
Sauf que Maman ne s’est jamais droguée.

Ainsi les années passent, et Jade grandit avec ce sentiment d’injustice accroché aux tripes. Le souvenir de sa mère lui manque, les quelques images qui lui restent deviennent de plus en plus flou et bientôt, elle en oublie son parfum et sa gentillesse. En tête, elle n’a plus que les circonstances de sa mort. Encore et toujours.

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Les raisins de la colère
De ses dix sept à dix huit ans // TW : mention de mort.
1997, Jade a dix-sept ans, et la colère ne la quitte plus. Les disputes se font de plus en plus véhémentes avec Ezekiel qui ne la comprend pas. Il ne comprend pas les sources de sa rage intérieure, alors, il met cela sur le dos de l’adolescence.. Oui, ça doit être ça. L’adolescence.

Dans son besoin de bousculer le monde, Jade croise la route d’un autre jeune homme. Ils ont le même âge et la même rage au cœur. Il s’appelle Ethan et désormais, elle s’appellera Lili, parce qu’elle en a le sourire. Rapidement, la colère se change en passion démesurée ; et Jade se promet d’aimer à jamais ce premier, parce qu’elle ne voit que lui et qu’il ne voit qu’elle. Ensemble, ils sont assez fous pour rejoindre un mouvement qui bouscule déjà doucement New York. Les AntiVitae.

Jade en est certaine, avec eux, avec Ethan, ils changeront le monde.
Ezekiel n’est pas d’accord, mais la petite sœur ne l’écoute plus depuis longtemps.
Alors, ils coupent les ponts.

1998, Jade a dix huit ans, et elle prend part à cette opération qui bouleverse le monde. Avec d’autres, avec Ethan, ils volent une cargaison de Theseus Corp pour la revendre sur le marché noir. Jade rit aux éclats à l’idée d’avoir touché un de ces géants, pourtant rapidement, sa joie se change en chagrin tandis qu’elle retrouve le corps inanimé d’Ethan dans leur appartement.

Il est mort.
En anonyme.
Comme sa mère.
Comme bien d’autres.
Et elle ne sera pas la prochaine.

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Tout effacer pour tout recommencer
De ses dix neuf ans à ses vingt quatre ans // TW : mention de harcèlement (sous-entendu sexuel).
Retourner chez son père est chose inconcevable, non pas à cause de lui, mais à cause d’Ezekiel. Elle ne veut pas affronter son regard. Elle ne veut pas le mettre en danger. Alors, sans l’ombre d’une hésitation, elle demande à son père de lui payer un billet pour l’Angleterre. Là-bas, elle promet d’être sage et c’est tout ce que veut entendre son géniteur. Pour lui, il n’y a que les apparences et son compte en banque qui comptent. Chacun ses priorités.

Arrivée chez sa grand-mère maternelle, Jade réalise alors toute la portée de sa perte. Son cœur se brise une seconde fois, elle s’effondre de chagrin, elle pleure pendant des jours, des semaines, tandis que la peur la quitte. Et puis, un matin, elle ouvre les yeux et réalise qu’elle n’a plus de larme à verser. Le déclic se fait alors, elle se glace de l’intérieur.

Elle a aimé et n’aimera plus.
Parce que ça fait mal, parce que ça déchire, parce que ça détruit.
Ca lui a valut d'abandonner une part d'elle-même.
Une part d'eux.

1999, Jade décide de devenir Cara Marlowe. Elle prend le nom de jeune fille de sa grand-mère et entre à Oxford. Turbulente, Cara se fait peu d’ami sur le campus mais cela lui est égal. Parce qu’elle a l’intelligence à l’esprit, l’objectif à l’œil.. Et elle a l'arrogance de penser que cela suffit.

Les années passent tandis qu’elle étudie et enchaine les blâmes. Et puis finalement, aux portes du master d’anthropologie alors qu’elle vient d’acquérir sa licence dans le domaine, on la renvoie. Dénoncer le fils d’un riche donateur pour harcèlement ne fait pas bonne presse.. Ou alors, peut-être que ce sont ses méthodes qui ne sont pas les bonnes. Allez savoir.

Dans une colère lucide, Cara décide alors d’entrer plutôt en master de journalisme. Parce que finalement, peut-être que c’est ça qu’il lui faut. Une donation de son père rééquilibre la balance des injustices et lui offre l’assurance d’un parcours tranquille. Et ça, elle le doit à Ezekiel avec qui elle a prit l’habitude d’échanger concernant ses déboires et ses méthodes. Même par écrit, son grand frère trouve à redire sur sa fougue, mais contrairement à avant, ça fait sourire Cara. Il lui manque.. Mais elle n’est pas encore prête à revenir.

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Le cataclysme
L'année fatidique de ses vingt cinq ans // TW : mention d'injection (de V).
2005, le master en poche depuis une année ou deux, Cara commence à travailler en tant que journaliste de terrain à l’internationale chez the Guardian. Quelques papiers lui valent la confiance de ses paires jusqu’à ce qu’elle voie ces images.

New York.
En ruine.

Le choc la bouleverse avant que l’inquiétude ne la balaie toute entière. Elle harcèle son frère afin d’avoir de ses nouvelles, elle le supplie de répondre et de la rassurer. Mais son silence n’augure rien de bon. Peut-être fait-il parti, avec sa fille, des dommages collatéraux ? Non. C’est impossible.

La peur au ventre et la colère dans les veines, Cara décide alors de s’acheter une dose de mono-V. Ca lui coute les yeux de la tête, mais si finalement ça lui permet de remettre les pieds aux USA afin de chercher son frère, elle est prête à ce sacrifice. Sa peur d’être retrouvée par Theseus la rattrape et c’est à l’autre monstrueuse corporation qu’elle vend son âme.

Alors que son génome se modifie, elle croit voir sa mère qui pleure. Elle croit voir son frère qui lui hurle d’arrêter cette folie, mais il est déjà trop tard. Trop tard parce que ses veines sont teintes de bleu. Bientôt, les parfums changent, les vérités se révèlent et les péchés se dévoilent. Lili renait de ses cendres pour devenir Lilith.

Désormais, Cara est en colère.
Cara est en quête de vérité.
Cara veut retrouver son frère et laver le nom de leur mère.

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Le pacte Faustien
L'année de ses trente sept ans.
En 2017, cela fait déjà des années qu’elle a renoncé à abandonner le V. Il est devenu sa drogue, tout autant que ce don que son génome a révélé. Cara n’est définitivement plus Jade, et pourtant, elle recherche encore son frère. Elle le recherche avec l’espoir fou qu’il puisse encore être quelque part, à simplement avoir oublié qu’elle existait.

Professionnellement, elle s’affiche, comme un phare dans la nuit tandis que sa sulfureuse réputation n’est plus à faire. Elle est prête à tout pour cueillir un scoop et à révéler une vérité. La peur ne fait désormais plus parti de son vocabulaire.. Parce qu’elle n’a plus peur de mourir.

Prête à publier un papier sur les corporations dans les colonnes de The Guardian, Cara est finalement contactée par Icarus. New Blossom, l’avenir du New York déchu s’apprête à être inaugurée, et ils veulent l’embaucher pour rejoindre Omnivox Media.

L’idée fait rire Cara qui se moque jusqu’à ce qu’ils alignent les zéros puis la promesse de lui fournir du Mono-V à date régulière. Alors qu’elle est prête à accepter, une dernière close attire son attention : elle doit renoncer à son article prêt à être publié sur les corporations.

Au lieu de rejeter la proposition en bloc, elle serre les mains avec un sourire charmant. Parce que Cara a compris quelque chose de simple : Son papier recelait une vérité qui méritait d’être cachée. Et dans le ventre de la bête, elle va enfin pouvoir découvrir la vérité.

La vérité pour laver le nom de sa mère.
Parce qu’elle n’est pas morte d’une overdose.
Cara le sait.

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New Blossom
A partir de ses trente huit ans jusqu'à aujourd'hui.
2018, Cara s’installe finalement à New Blossom dans son loft à Solaris. La vue est magnifique, tout est trop beau, trop brillant, trop neuf, trop lisse. Pourtant, elle s’acclimate et s’insinue dans différents réseaux.

En apparence, Cara satisfait les attentes du géant en suivant leur prompteur, pourtant, elle comprend assez rapidement que le jeu de la propagande est aussi puissant que celui du mensonge entre les murs d’Icarus. Et ainsi, elle se demande.. Est-ce la même chose chez Theseus ?

Ses objectifs se complexifient alors, elle creuse à l’abri des regards indiscrets et finit par trouver son frère. Un frère qui l’a oublié et qui se révèle aussi en colère qu’elle. Peut-être que cela est un signe ? Le signe du bien fondé de ses objectifs ? Cara le croit et persévère.

Par moment, elle ne peut s’empêcher de provoquer Icarus ; elle teste ses limites, pointe du doigt les évidences douteuses afin de susciter les réactions. Ça lui vaut des rencontres, des belles et des moins belles.

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Les dessous de New Blossom
A partir de ses trente huit ans jusqu'à aujourd'hui.
Une part de Cara dégringole et se conforte dans cette fin qui justifie tous les moyens. Rapidement, l’information devient son arme, sa monnaie d’échange et elle n’a aucun scrupule à la monnayer. L’Arcana lui ouvre alors ses portes afin de lui permettre de commercer efficacement. Ça lui permet d’alimenter ses recherches et même parfois ses articles. Et ça lui permet aussi d’aider les Watchmens, le groupe d’Ezekiel.


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Tout est lié.
Et finalement Cara s’empêtre dans sa vie.
Comme on s’empêtre dans un sable mouvant.