Wretched and Divine

14/10/2022

Wretched and Divine
Angleterre — 1820 // @Osmond Rose as Cecil Worgan

De sa chambre isolée à l’étage, le Vampire contemplait la verdure du jardin par l'ouverture devant laquelle son bureau était installé. Ses doigts jouaient nerveusement avec sa plume tandis que la feuille de papier qu’on lui avait donnée était presque restée intacte : seuls deux mots inscrits à l’encre avaient eu le temps de sécher.

Dear Alice,

Hier, il s’était approché de son ancienne demeure et, tout en s’assurant de ne pas être détecté, il avait aperçu Alice par la fenêtre de la maison. Toujours alitée, la petite n’avait toujours pas vu d’amélioration concernant son état de santé.

Elle lui était parue si frêle.
Et surtout si seule.

Le père avait tant à dire à sa fille, mais même à l’écrit, les mots refusaient de prendre forme devant lui. L’envie de communiquer était éclipsée par le doute…

Peut-être que cette lettre n’était pas une bonne idée, finalement.

Le hennissement d’un cheval tira Anderson de ses réflexions et son regard se posa vers la grille qui marquait l’entrée de la propriété. Celle-ci s’était ouverte pour laisser passer le carrosse qui appartenait aux Nightbringers ; Darius savait que Darla se trouvait à l’intérieur puisqu’il l’avait vue sortir plus tôt dans la journée.

Il ignorait toutefois que sur le chemin du retour, elle était accompagnée d’un Originel qu’il n’avait jamais rencontré. Il l’apprit seulement en voyant descendre du carrosse deux silhouettes plutôt qu’une.

Comme si elle savait où se trouvait son Vampire, Darla leva la tête pour croiser le regard de Darius et l’invita à les rejoindre. Dans l’affirmation de ses yeux perçants, il comprit que ce n’était pas une simple suggestion, mais bien une demande.

Aussitôt qu’il les eut rejoints à l’extérieur, la Banshee s’excusa et repartit dans son carrosse, délégant à son nouveau bras droit la tâche d’accueillir l’invité comme elle l’avait accueilli lui, quelques mois plus tôt. Darius n'eut pas le temps de protester avant de se retrouver seul en compagnie du jeune homme.

On ne lui avait jamais demandé de faire ça, avant. Cette demande le prenait par surprise et il n'était pas certain d'en avoir envie. Mais soit.

“So... what kind of lost soul are you, hm?” demanda-t-il au visiteur en guise de salutation, un demi-sourire sur les lèvres.

Ils étaient tous un peu brisés, un peu égarés, par ici — gracieuseté des hommes en sarrau blanc et de la milice envoyée à leurs trousses.

“I’m Darius, by the way.”

Il tendit la main à l’autre en attendant qu’il se présente à son tour. En travaillant pour le commerce de son père, le jeune Anderson avait rapidement appris comment une simple poignée de main pouvait en dire long sur une personne. icons: vocivus

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13/02/2023

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@osmond rose & @darius sinclair

Cecil observe pensivement l’allée de chênes qui défilent derrière la vitre. Un silence repu s’est installé entre lui et sa nouvelle connaissance, Darla, après près de trente minutes de conversation intense et ininterrompue entre eux deux. Il a été question de tant de choses que le jeune lord a de quoi méditer pour toute une vie, mais cela n’est proprement rien comparé à la toute première conversation qu’ils ont eue, cette fois où Darla est venue le trouver au manoir Worgan.

De nature réservée, Cecil se complait dans ce silence. Il sent sur lui le regard de Darla, qui attend probablement et tout à fait légitimement qu’il lui pose d’autres questions au sujet de l’organisation dont elle est le fer de lance, mais il préfère s’en remettre pour l’heure à ses réflexions, les laisser décanter pour mieux les appréhender plus tard. Cependant, par égard pour son interlocutrice et parce qu’il est somme toute très attaché à l’étiquette, les derniers mots qu’il a prononcés se sont suspendus dans les airs, laissant la conversation volontairement ouverte dans l’éventualité où Darla voudrait la reprendre.

Mais ils sont déjà arrivés.

Le fiacre fait une halte un peu brusque qui le tire tout aussi brusquement de ses pensées, et quelques hennissements se font entendre à l’extérieur. Le regard sentencieux du jeune lord observe très brièvement la bâtisse devant laquelle ils se sont arrêtés, puis se tourne vers sa semblable - un mot nouveau, si abscons que Cecil a parfois l’étrange impression d’avoir attendu toute sa vie de pouvoir un jour l’appréhender avec familiarité. "Thank you, Darla." Il a un petit signe de tête très courtois et d’une certaine manière très sincère. "Until we meet again," termine-t-il par dire, de ce timbre de voix doux et retenu, qui s’agrémente, pour la première fois depuis qu’ils se connaissent, d’un fin sourire entendu.

En sortant du fiacre, Cecil se redresse de toute sa hauteur. Il n’est pas particulièrement impressionné par le lieu, ni par l’homme qui le rejoint, mais cette main qui se tend provoque une légère hésitation chez lui. C’est un geste tout à fait convenable et poli, mais le jeune lord y est très peu habitué. Une crispation infime se fait sentir dans son poignet droit, aussitôt suivie par un sentiment de malaise généralisé qu’il chasse en forçant son bras à se tendre. Il empoigne la main sans trop la serrer, sans trop la lâcher, exactement comme son précepteur le lui a jadis enseigné ; de la manière la plus parfaite, adéquate et neutre qui soit. Dans la mesure où son précepteur refusait de le toucher, et que Cecil n’entrait en contact qu’avec une main de bois, il est cependant possible que sa poigne soit un rien dure ; mais cela uniquement parce qu’il connaît mal la texture humaine et par conséquent la pression idéale à lui soumettre.

"Pleased to meet you Darius, I'm Cecil." Le contact se rompt naturellement. Les yeux froids du jeune lord se mettent à observer son vis-à-vis avec une intensité à peine voilée, un sourire amusé en bord de lippes. "The not-so-lost kind, since I'm here." Son port naturellement altier se meut un peu tandis qu’il croise ses mains dans le dos tout en jetant au manoir un œil concerné. "I presume these are the headquarters," il en revient à Darius, "and I'm standing in front of the second in command." C’est beaucoup dire que d’utiliser du jargon militaire pour décrire les lieux affectés à cette organisation pour le moins clandestine et les fonctions qui l’émaillent, mais Cecil ne peut pas s’empêcher de voir les Nightbringers sous le prisme martial. Tout, dans les échanges qu’ils ont eus avec Darla, laisse à penser qu’elle souhaite mener un combat. Et c’est précisément pour cela que Cecil a consenti à les rejoindre.

"Pardon me for asking, but are you…" Le jeune lord hésite. Il détaille les traits marqués mais robustes de Darius, à la recherche d’un quelconque indice. Faute de trouver cette fois-ci des termes adéquats, les sourcils de Cecil se surélèvent sensiblement alors qu’il lâche. "Well, are you a lost soul yourself?"

14/10/2022

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Angleterre — 1820 // @Osmond Rose as Cecil Worgan

L’invité attrapa la main tendue avec une fermeté quelque peu maladroite, que Darius ne remarqua en réalité à peine — cela restait une bonne poignée de mains. Un éclair de malice illumina le regard froid de celui qui se présentait sous le nom de Cecil, tandis qu’il répondait avec une pointe d’ironie à la question qui lui avait été posée. Cela ne manqua pas de faire sourire Darius. “Touché,” lui accorda-t-il en toute bonne foi. Il était sincèrement amusé par la répartie de cette nouvelle recrue ; peut-être que revêtir le rôle de guide pour Cecil n’allait pas être si mal après tout. Et le Vampire avait certainement besoin de se changer les idées.

Il laissa Cecil prendre connaissance du décor à son rythme, prêt à répondre à ses interrogations. “I presume these are the headquarters, and I'm standing in front of the second in command.” Les termes utilisés intriguèrent ledit second, qui ne put s’empêcher de dévisager un instant l’homme à ses côtés. “You sound like someone who’s eager to go to war,” constata-t-il avec curiosité. Ce n’était pas que Cecil avait tort de faire un parallèle avec l'armée ; juste que l’emploi du jargon militaire avait semblé naturel chez lui, alors qu’il était plutôt inhabituel chez le reste des Nightbringers.

Darius se tourna pour contempler à son tour ce manoir dans lequel il résidait depuis qu’il avait quitté la forêt. “Some of our people like to call it a shelter. Others seem to have made it their home,” admit-il sur un ton neutre. Malgré le temps écoulé, le Vampire avait quant à lui encore le lourd sentiment de ne pas être à sa place, peu importe le terme employé pour désigner cet endroit. “But, yes, headquarters sounds about right too. Or at least it will, soon enough…” Avec la menace qui planait de plus en plus bas au-dessus de leurs têtes, c’était sûrement une bonne chose si ce mutant était arrivé avec un esprit combatif. Ils allaient en avoir besoin.

“The same goes for second in command,” ajouta Darius avec un léger rictus. “Although, to be honest, I’d rather you consider me as a friend.” Ce n’était pas quelque chose qu’il s’était attendu à prononcer ici — il avait maintes fois expliqué à Nemhain qu’il n’avait pas rejoint le groupe pour se faire des amis — mais pour la première fois depuis son arrivée, Anderson réalisait que cette rencontre était peut-être une chance d’avoir un second Nightbringer de son côté. Quelqu’un qui, contrairement aux autres, ne pouvait le regarder de travers pour avoir prétendument volé la place d’un “ancien” qui l’aurait mieux méritée ; quelqu’un auprès de qui il ne se sentirait pas forcé de devoir faire ses preuves en permanence. Il y avait sûrement quelque chose à gagner dans le fait de se faire un nouvel allié.

“Pardon me for asking but are you… Well, are you a lost soul yourself?” Le retour de question aurait pu être pris comme une taquinerie, mais l’hésitation dans la voix de Cecil laissait croire que l’intention était sincère. Un silence s’installa alors entre les deux hommes tandis que l’ancien marchand de fourrures se perdait momentanément dans ses réflexions, se disant que ce n'était sûrement que justice de devoir répondre à sa propre question.

“I used to have a wife I loved very much, and a daughter who brought me more joy than I could ever have imagined,” finit-il par échapper dans un demi-murmure, le regard détourné vers le toit du manoir et les oiseaux qui semblaient les juger du haut de leur perchoir. “I used to wake up every morning eager to provide for my family, and go home every night thinking I finally got to spend time with them. But now, what am I left with? No place to call home, a body that barely feels like mine anymore, and the dreadful feeling that keeping in touch with my own daughter would mean signing her death warrant.” Pour se changer les idées, on peut dire que c’était raté... L’ombre d’un sourire attristé vint adoucir les traits fermes du Vampire tandis que son attention se reposait sur le jeune lord. “Make of that what you will.”

Puis, réalisant à quel point il s'était étalé, Darius se ressaisit subitement, s’efforçant de chasser les pensées intrusives qui le hantaient ces derniers temps. “My apologies– I didn’t mean to bore you so soon with such self-pity. I’m sure you’ve had your fair share of... unfortunate events.” Considérant ce que chaque Nightbringer déjà présent avait vécu, Darius doutait que Cecil eut été épargné. Il le toisa alors l’air de dire, What’s your story?icons: vocivus

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13/02/2023

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@osmond rose & @darius sinclair

Cecil apprécie cet échange.
Il trouve Darius intelligent et rigoureux dans ses propos, sans user de détours et de faux-semblants comme on en fait dans l’aristocratie dont lui-même est issu. Il l’apprécie d’autant plus qu’il sent son interlocuteur disposé à lui céder des informations sans se montrer particulièrement prudent, ce qui lui fera gagner du temps et de l’énergie. Cecil apprécie aussi cet échange parce qu’il lui a été proposé de considérer Darius comme un ami, et cela est tout autant inouï qu’excitant. Le jeune Lord a réussi à camoufler son sourire étonnamment candide derrière un hochement de tête entendu, mais pas la lueur dans son regard qui s’est instantanément allumé. Cecil est une créature solitaire et très en retard sur beaucoup de notions ordinaires comme l’amitié et l’amour.

"I used to have a wife I loved very much, and a daughter who brought me more joy than I could ever have imagined." Le début de récit surprend le jeune Lord. Il n’avait pas pensé à cela en posant sa question - de toute évidence trop ambiguë - et s’attendait plutôt à ce que Darius lui révèle être ou non transformé, comme lui-même s’est vu être transformé après son passage dans les laboratoires d’Icarus. Pris de court, Cecil se redresse imperceptiblement, humectant ses lèvres dans un désir latent mais réel de garder contenance face à ce qui s’annonce être des révélations très personnelles. "I used to wake up every morning eager to provide for my family, and go home every night thinking I finally got to spend time with them. But now, what am I left with? No place to call home, a body that barely feels like mine anymore, and the dreadful feeling that keeping in touch with my own daughter would mean signing her death warrant." Cecil est peut-être immature sur certaines choses, mais il dispose d’un sang-froid rompu à l’exercice ; inconsciemment, il se met à compartimenter les informations qu’il a reçues, observant un détachement émotionnel réel quant à la dimension tragique du témoignage. "I'm very sorry to hear that," dit-il calmement, avec une volonté sincère de se montrer humain.

Darius a donc bien participé aux expériences, et en est ressorti lui aussi transformé. D’une manière, a priori, nocive pour autrui - sa propre famille ; ce qui inquiète Cecil, mais double par là-même sa curiosité. "Make of that what you will." Le jeune Lord détaille le profil de son vis-à-vis, emporté par sa mélancolie. "Quite a gloomy tale…" Darius se ressaisit subitement. "My apologies–" Cecil craint de l’avoir froissé, ou avoir commis un impair en ayant eu le mot de trop. Sa mâchoire se crispe, tétanisée. "I didn’t mean to bore you so soon with such self-pity. I’m sure you’ve had your fair share of... unfortunate events." La tête pleine de boucles noires est secouée de droite à gauche. "You didn't bore me at all," s’empresse-t-il de le rassurer. Ses bras noués dans son dos, il gratte frénétiquement l’ongle de son pouce contre ses autres cuticules. La petite douleur ainsi diffusée lui permet de rester concentré et ne pas céder aux milliers de pensées intrusives et déceptives qui envahissent son crâne.

"The truth is, I feel like a fraud. What happened to me, I mean, what has been done to me, just saved my life." Cecil montre en effet des signes d’embarras. Il veille à ce que cela se voit en ne retenant pas sa petite moue, car il pense nécessaire, après les tristes aveux cédés par Darius, de céder à son tour des aveux honnêtes qui le paraissent tout autant. S’il veut pouvoir garder, et par extension entretenir leur amitié, il suppose qu’il est primordial de poser immédiatement une base de confiance. "But that doesn't excuse anything," conclue-t-il avec une émotion qui n’est pas la sienne.

Il la prise à Darla, suite aux heures passées à discuter - ou, plutôt, les heures passées à l’écouter le convaincre. Sitôt s’est-il promis d’être honnête qu’il rompt déjà cette résolution. Mais il n’a pas le choix. Cecil est ici parce qu’il veut se venger de Captain Lion. Une motivation très centrée qui dénote avec celles autrement plus altruistes ou nobles de coeur entendues jusque-là. Il ne sait pas si c’est sa peur maladive du rejet ou son pragmatisme purement calculateur qui le pousse à mentir ; peu importe.

"You know, not so long ago I was holed up in Whitechapel thinking I was going to die in a year or two. Believe it or not, our conversation is a breath of fresh air." Se fiant à son intuition à défaut de véritablement pouvoir se fier à son expérience, Cecil décide de donner une part de vérité. Sa pudeur trésaille un peu, mal à l’aise, mais son regard clair plonge dans celui de son vis-à-vis sans se dérober, brillant même d’un peu d’amusement. "The last few years have been a bit lonely." Les yeux font une déroute, s’égarant dans le décor derrière Darius. L’expression devient morne, absente, avant de se ranimer. "Would you mind showing me around?" Avec plus de légèreté, il contemple le manoir. "If this is a shelter, I might as well get to know it," sourit-il doucement.

14/10/2022

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Angleterre — 1820 // @Osmond Rose as Cecil Worgan

La confession de l'homme censé être en charge des lieux avait de quoi prendre de court tout nouvel arrivant — le récit révélait les pans les plus tragiques de son parcours et avait quelque chose de particulièrement intime, comme si Darius s’était ouvert la poitrine pour exposer les blessures de son âme à la vue de Cecil. Cela avait moins à voir avec la présence du jeune lord et sa question, et plus à voir avec le besoin égoïste d’expulser le mal qui le consumait de l’intérieur. En quelque sorte, Cecil avait seulement eu la chance (ou malchance) d’être spectateur de l’inévitable.

N’empêche, l’empathie apparente de Cecil fit plus de bien à Darius que le jeune homme ne pouvait l’imaginer — et que Darius ne comptait le montrer. Après s’être autant étalé, le Vampire referma sa coquille, se contentant d’acquiescer aux commentaires de celui qui l’avait écouté. “Good.” L’invité n'était pas ennuyé ; qu’il fut sincère ou simplement courtois, la relation qui se tissait lentement entre Darius et lui semblait prendre la bonne direction.

À son tour, Cecil offrit un aveu, un état d’âme qu’il n’avait probablement pas pu partager jusqu’à maintenant. “The truth is, I feel like a fraud. What happened to me, I mean, what has been done to me, just saved my life." Darius ne manqua pas de remarquer l’embarras qui accompagnait l’affirmation, comme si celle-ci s’avérait tabou. “Interesting…” Son silence marquait son étonnement ; il ne s’attendait pas à ce type de confession, et se demanda s’il devait s’en méfier. Darla était-elle au courant ? Malgré la présence de Cecil parmi eux et sa connaissance de la Cause, le fait qu’il devait sa vie à leur ennemi avait de quoi inquiéter. Mais le malaise palpable du jeune lord apaisait le doute, et Darius le laissa s’envoler dans un soupir. “I suppose our misfortune had to be someone else’s fortune— probabilities and all. Good for you.” Faisant au mieux pour dissimuler la pointe de ressentiment que l’aveu avait aussi fait naître en lui, le Vampire observa son interlocuteur d’un regard curieux : de quelle manière Cecil s’en était-il retrouvé changé ?

“But that doesn't excuse anything,” s’empressait toutefois de préciser le concerné. “No, it doesn’t,” appuya Darius sur un ton un peu plus ferme qu’anticipé : la simple idée d’excuser les salopards qui avaient ruiné leur vie — à eux autres — suffisait à éveiller sa colère. Néanmoins, sa voix se modula à nouveau pour retrouver un semblant de bonne contenance. “But it’s your truth. Although I can’t relate, I respect that.” Calculs et pragmatisme reprenaient le dessus avec grâce. Si Anderson considérait faire du jeune lord une personne de confiance, il n’attendait pas moins que de l’honnêteté de sa part, et celle-ci méritait d’être valorisée.

Cecil enchaîna avec une autre confession. “You know, not so long I was holed up in Whitechapel thinking I was going to die in a year or two. Believe it or not, our conversation is a breath of fresh air… The last few years have been a bit lonely.” Un sourire indulgent se dessina sur les lèvres du vampire. “Ah, isolation and loneliness, two old friends of mine…” Darius était en mesure de compatir cette fois, ayant lui-même cru passer le reste de ses jours seul, à vivre dans la montagne tel un animal sauvage.

Sur ces introductions plus révélatrices que prévues, il était temps d’alléger l'atmosphère. “Would you mind showing me around? If this is a shelter, I might as well get to know it. — Of course,” répliqua Darius en désignant de la main l’escalier qui menait à la porte d’entrée. Il entama la marche, Cecil à ses côtés, puis tint la porte ouverte afin de le laisser entrer en premier. “Unfortunately, most of the others are gone for the day,” le prévint-il, “but they should be back by this evening. Forgive us— we weren’t aware of your arrival today.” Ils ne risquaient pas de croiser grand monde pour la visite des lieux, hormis peut-être quelques Nightbringers travailleurs et plus discrets — ce qui n’était pas pour déplaire à Darius.

Le manoir était typique de l’époque, avec son architecture georgienne axée sur l’équilibre et la symétrie. Passé le vestibule, ils se retrouvèrent dans un hall circulaire aux multiples ouvertures, chacune menant vers une pièce ou une aile de la maison. “On our right you’ll find the library, followed by the greenhouse and the workshop used by our apothecary. Facing us is the drawing room, the main study and the terrace. The dining room and the kitchen are on our left, as well as the staircase leading upstairs.” Il ne s’agissait évidemment que d'une ébauche ayant pour but d’offrir à Cecil un aperçu général du plancher. “Anything you’d like to see first?” Darius se demandait ce qui attirerait principalement le jeune lord.
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13/02/2023

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Cecil emboîte volontiers le pas de Darius lorsqu’il l’invite à le suivre et découvrir le manoir. Son regard d’eau trouble ne peut s’empêcher d’observer la silhouette de son hôte passé devant, en se questionnant sur ce mal qui le ronge depuis les expérimentations subies. Ce doit être quelque chose de dangereux pour qu’il se soit aliéné sa famille et ses proches, mais suffisamment contrôlable pour le cacher et camper le rôle d’un second auprès de Darla. “Unfortunately, most of the others are gone for the day.” Un léger frisson parcoure l’échine du lord. C’est assez stupide de sa part, tout à fait ingrat et plutôt médiocre, mais l’idée de se retrouver complètement seul avec Darius l’alarme soudain. “But they should be back by this evening.” Ce qui le rassure un peu, sans totalement le débarrasser de ce malaise qui couve sous ses tissus de noble facture et sous ses chairs elles-mêmes… mutantes. “Forgive us— we weren’t aware of your arrival today.” Un souffle, l’ombre d’un sourire, et Cecil l’excuse d’un signe de tête conciliant malgré la goutte de sueur froide dévalant sa colonne vertébrale. “No, it's me. I hadn't planned to join you… today. An eleventh hour decision, really.”

L’architecture intérieure est calmement contemplée par le jeune lord, qui apprécie la sobriété du mobilier et ses teintes sombres, tout à fait au goût de son éducation protestante. Il y a une sophistication certaine dans le choix des meubles et des peintures murales qu’il apprécie d’autant plus examiner de son regard discret, sensible à ces détails comme un fin connaisseur le serait. Imitant Darius, il s’arrête à ses côtés lorsqu’ils se retrouvent dans le vestibule. “On our right you’ll find the library, followed by the greenhouse and the workshop used by our apothecary. Facing us is the drawing room, the main study and the terrace. The dining room and the kitchen are on our left, as well as the staircase leading upstairs.” Les manières et l’attention que met Darius à commencer la visite font oublier à Cecil son inquiétude latente. [lancer de dé] Après avoir suivi du regard chacune des directions présentées par son hôte, il revient à celle du milieu. “You have rooms reserved for study?” s’en étonne-t-il, positivement surpris. Les mains toujours nouées dans son dos, il tourne les épaules vers Darius, un éclat d’intérêt brillant dans ses yeux magnétiques. “I'd like to see that.”

Tandis qu’ils reprennent leur marche sans obliquer, Cecil poursuit la discussion. “Welcoming men and women traumatised by scientific experiments must be a constant challenge- I hope you don't have any children among them?” s’inquiète-t-il soudain, questionnant Darius le temps d’un regard en biais. La chose serait proprement infâme et signifierait alors que le laboratoire londonien s'en est également pris aux enfants. Proprement infâme mais hélas pas impossible. Cecil a bien assez traîné dans les couloirs d’hôpital et les bas-fonds pour savoir que l’Homme est capable du pire. “A constant but very noble challenge,” achève-t-il, ramenant son faciès vers l’avant. Bien plus noble que ce que l’on peut trouver dans les dédales aristocratiques - réflexion qu’il tait derrière un masque amer. “Darla told me that most of them were poor wretches who had been promised a financial reward in exchange for their participation.” Il secoue la tête, ses traits durcis. “Men of science should leave such vile methods to the criminals.”

Arrivés dans la première salle, Cecil dénoue ses mains et récupère un portrait esquissé au fusain noir. Bien que noircie et poudreuse, la délicatesse de l’œuvre le radoucit quelque peu. La matière du papier est délicatement pressée, puis légèrement frottée entre ses doigts. “You know, I've met him. Captain Lion.” Son regard s’ôte de l’observation pour venir dans celui de Darius. “An unbearable chap.” Doux euphémisme. La haine est passée dans le regard calme du jeune lord le temps d’une battement, avant qu’il reprenne son auscultation distraite des différents dessins, là oubliés sur des tables, là épinglés aux murs de l’étude. “The last thing he said to me was that monsters only exist to die - he has a very vivid imagination.” Reposant le premier portrait, Cecil s’empare d’un croquis des jardins. Une scène de nuit vers laquelle il a immédiatement été attiré. “Do you think that is how they see us? Monsters?” l’interroge-t-il pensivement, les yeux plantés sur le rayon de lune au fusain blanc. “I wonder which is worse. Monsters or criminals.”

14/10/2022

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Darius aimait bien faire les choses.
Qu’il fut question de se donner une apparence soignée ou d’apprendre à maîtriser diverses formes d’art, le second des Nightbringers prêtait une attention particulière aux détails, toujours avide d’atteindre l’inatteignable perfection. Peut-être ressentait-il le besoin de compenser pour les années perdues sous le contrôle du monstre qui hantait ses cauchemars, ou simplement d’imposer un respect qu’il ne commandait pas naturellement auprès de ses pairs. Peut-être craignait-il ce qui pourrait arriver au moment où il cesserait de faire ses preuves.

Il se demandait si le jeune lord saurait apprécier ses manières et son hospitalité, en partie calquées sur ce qu'il avait appris de son père et observées chez leurs nobles clients. Même le tour du manoir ne serait pas fait à moitié avec Darius assumant pour la première fois le rôle de guide pour le nouvel invité.

Le regard de Cecil sembla s’illuminer à la mention d’une salle d'étude. Soudain, sa posture se fit un peu plus droite et surtout plus curieuse alors qu’il demandait à commencer par cette salle et Darius l’obligea avec un air intrigué sur le visage. “Did you not expect it, milord?” Un petit éclat de fierté à l'idée de surprendre son invité anima le sourire de celui qui avait souvent fréquenté l’aristocratie sans jamais pouvoir en faire partie. Le jeune lord n’allait pas tarder à découvrir que le repère des Nightbringers était plus qu’une simple cabane dans les bois servant à dormir, manger et se cacher.

“Welcoming men and women traumatised by scientific experiments must be a constant challenge,” dit Cecil tandis qu'ils s’avançaient vers leur destination. Darius ouvrit la bouche, prêt à rétorquer, mais l’inquiétude du jeune lord prit les devants. “I hope you don't have any children among them?” Darius contracta un instant la mâchoire en pensant à ce à quoi les vils scientifiques pourraient être prêts à faire pour arriver à leurs fins, puis secoua la tête. “No– not for the moment anyway,” répondit-il sans enthousiasme. Ils n'avaient pas recueilli d'enfants au refuge ni vu d’enfants dans les cohortes connues, mais après tous les mensonges et les tromperies, Anderson n’osait plus croire qu’Icarus Inc avait encore des principes.

Il haussa les épaules quand Cecil réitéra sur le challenge que devait représenter l’accueil des mutants. “I suppose. It’s not usually my job,” admit-il. Il laissait ce challenge à celle qui l’avait entamé et n'avait pas l'intention de prétendre avoir accueilli d’autres mutants avant le jeune lord. “Luckily for me, you’re making the task easier.” Parce que le noble n'était pas arrivé traumatisé comme les autres et il savait se comporter tel que l’étiquette le dictait — il était définitivement un meilleur cas d’accueil que le vampire l’avait lui-même été. Darius eut une pensée amère pour l’aveu précédent de Cecil — sur le fait de s'être senti renaître suite à l’expérience —, mais il la chassa rapidement, se concentrant plutôt sur les réflexions de son interlocuteur, devant lesquelles il acquiesça en silence. Ils avaient tous été trompés d’une façon ou d'une autre.

Dès qu’ils entrèrent dans la première salle, Darius laissa un moment à Cecil pour qu'il puisse explorer de lui-même le décor. Le salon, directement lié à la salle d'étude, pouvait servir à de nombreuses activités. Dernièrement il s’agissait d’un véritable atelier de dessin. Au centre de la pièce était laissé un portrait approximatif mais reconnaissable de l’infâme Captain Lion. Ce fut la première chose vers laquelle Cecil fut attiré. “You know, I've met him. Captain Lion. An unbearable chap.” Darius arqua un sourcil tandis que ses sens aiguisés crurent capter un changement subtil dans le ton du jeune lord face à leur ennemi commun, comme s'il y avait plus d'histoire qu’il ne le montrait à la surface. Rien que le fait qu’il eut rencontré – et discuté…? – avec Captain Lion avait de quoi intriguer le Nightbringer.

“The last thing he said to me was that monsters only exist to die - he has a very vivid imagination,” poursuivit Cecil, ce qui soutira à Darius un rire bref. Il s’approcha du portrait tout juste reposé sur la table pour l’examiner à son tour, le bout de ses doigts traçant le contour du visage dessiné. “Then we shall add these words of wisdom to our friendly note when we chop his head off and send it to the labs as a gift,” sourit-il malicieusement.

“Do you think that is how they see us? Monsters?” À cette question, le vampire n'eut aucune hésitation. “They have to.” He didn't think — he knew. “We are the living proof of their failure. Cowards like them would rather keep digging their own graves than admit they were wrong. So how could they keep on pretending to be worth anything if they didn't make us monsters in their feeble minds?”

But the thing is, we are monsters, ne put-il s’empêcher de penser, se demandant aussi comment il pouvait en être autrement quand toutes les fibres de son corps le poussaient à aspirer la vie qui l'entourait. Mais depuis qu’il était arrivé au manoir, il commençait à se faire à l'idée. Il n'avait pas le choix. Ils étaient des monstres, et alors ? “Monsters eat criminals all the time. They hide in the shadows and haunt their sweetest dreams until it's safe to come out and devour everything they hold dear.” Un air mauvais creusa les traits du vampire ; son regard semblait soudain réclamer du sang. Il serait le pire monstre de tous si cela lui permettait de retrouver sa famille, sa maison, son bonheur.

Puis son attention revint sur le portrait, qu'il tapota durement du bout de deux doigts. “What did he do to you?” s’enquit-il enfin, ses paupières se plissant légèrement en direction du jeune lord. Icarus Inc lui avait peut-être sauvé la vie, mais il y avait clairement une raison pour laquelle il était ici.icons: vocivus

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Wretched and Divine
@osmond rose & @darius sinclair

“Then we shall add these words of wisdom to our friendly note when we chop his head off and send it to the labs as a gift.” La promesse a déployé un frisson exaltant et cruel à travers tout le corps du jeune lord. Il ne se savait pas aussi prêt à mener un combat, et verser par là-même le sang de leur ennemi commun. Malgré sa retenue ferme et altière, Cecil se découvre vrombissant d’une rage vengeresse. Ce que son proche contact avec Darius ne fait de toute évidence qu’attiser. Sa sympathie pour son hôte ne peut que croître. Il a besoin de ce genre de fuel, de ce genre de bois pour nourrir le feu de ses intentions.

“They have to.” Cecil cligne des yeux. Surpris non pas par la réponse, mais la certitude avec laquelle s’exprime Darius. Une emphase qui donne envie d’être écoutée avec soin. “We are the living proof of their failure. Cowards like them would rather keep digging their own graves than admit they were wrong. So how could they keep on pretending to be worth anything if they didn't make us monsters in their feeble minds?” Les airs intrigués, presque décontenancés du jeune lord se fendent d’un sourire complice. “You are quite right Darius.” Il semble avoir déjà écarté le danger que son hôte peut représenter — sans toutefois l’avoir totalement oublié, comme s’il avait mis l’information dans une petite case à part entière. L’intelligence et les traits d’esprit de son interlocuteur charment Cecil. Après ses années passées dans la crasse de Whitechapel et sa solitude mortifère au manoir, la finesse de cet échange et la portée là politique, là philosophique des idées émises lui est on ne peut plus rafraîchissant. Tout ceci sans compter, naturellement, l’axe vindicatif de leurs sous-entendus — si tant est qu’il s’agisse de sous-entendus, transparents comme ils sont.

“Monsters eat criminals all the time. They hide in the shadows and haunt their sweetest dreams until it's safe to come out and devour everything they hold dear.” Le jeune lord remarque les airs soudain sauvages et méchants qui palpitent sur le portrait de son hôte. Il devrait en être ému, et par là entendre effrayé, mais Cecil trouve cela inspirant, et par là entendre qu’il se nourrit de pareille vision, comme un observateur absorbe les vésanies de son temps pour être sûr de régurgiter plus tard, à la plume ou à la rapière, leur âpre témoignage. Darius est-il de ces monstres ? se demande-t-il ; serait-ce une seconde promesse qu’il a entendue de sa part ? La peur vient enfin, l’espace d’un éclat — de lucidité, de couardise. Nonobstant ce sentiment humain, la fascination est là. L’a toujours été. Pour ce qui, en effet, se cache dans les ténèbres et hante les vies. N’a-t-il pas passé la sienne à faire exactement cela…?

“What did he do to you?” Tiré de ses pensées, Cecil se recule des dessins accrochés pour flâner du côté de certains bustes en plâtre mis à disposition pour celles et ceux qui ont le talent de croquer. Un sourire mutin glisse sur ses lippes en sentant le regard insistant de Darius sur lui. Il ne lui fait pas encore totalement confiance. Il peut le sentir. Tant mieux ; son intelligence est donc bien réelle, et non pas de la poudre aux yeux dont tout être dispose, pour peu qu’il soit adroit avec les mots, ou avec la répétition des mots qu’il a entendus. “He made me believe that we were the same.” A cette confession, le sourire s’estompe, laissant sur le visage du lord une expression neutre et froide de toute émotion. Un doigt souligne une mâchoire en plâtre, comme aucun de ses doigts ne l’a jamais fait sur une mâchoire de chair et d'os. “I needed it. I needed a comrade, an alter-ego, someone who could understand what I was going through.” Il s’étonne de constater que cet aveu n’a pas attendu Captain Lion. C’était un besoin bien avant qu’il croise son malheureux chemin. Cecil étire ses lèvres sur un rictus proche du sourire, qui n’en est pourtant pas un. “He knew it. He felt it.” Un soupir amer. “It has to be said that I wasn't very subtle. Hope can make us blind as well as foolishly eager.” Un ongle gratte à présent l’un des yeux de la sculpture, dans un geste machinal, distant. “We saw each other a few times in London. And then he set a trap to send me back to the labs. I managed to escape in time by a stroke of luck I cannot explain… I was convinced that this was another sadistic game he was playing; I went back to my county scared to death, paranoid, worried that I was being followed or spied on.” La main dérive, et le regard vert du lord remonte jusqu’à Darius.

“But time passed, and the shadow of Icarus did not fall upon my manor. Darla, on the other hand, eventually found my door.” Les traits de Cecil se détendent un peu, s’allègent de leur flegmatique froideur. “I have to admit, given the circumstances, I wasn't the most welcoming person when she found me.” Dupé une fois ; mais pas deux. Cecil apprendra que cette paranoïa est de celles dont on ne se sépare jamais vraiment, a fortiori lorsqu’on est condamné à une certaine éternité. Un sourire sincèrement désolé traverse sa bouche, comme s’il adressait ses excuses au second à défaut de pouvoir le faire à la leadeuse. “What about you? How did she find you?”

14/10/2022

Wretched and Divine
Angleterre — 1820 // @Osmond Rose as Cecil Worgan

Derrière ses interactions amicales et son sincère respect pour le statut social du jeune lord, Darius ne perdait pas de vue son objectif. Il observait attentivement les réactions de Cecil tandis qu’il évoquait les idées sanglantes qui faisaient palpiter son cœur déchiré, se demandant si la recrue avait bel et bien ce qu’il fallait pour devenir son allié.
Tout Originel avait sa place au refuge, insistait Darla. Mais aucun d’entre eux, jusqu’à présent, n’avait montré d’intérêt à se rapprocher du Vampire.
Cecil n’était pas des plus expressifs, mais l’attention avec laquelle il écoutait les propos de Darius et l'occasionnel sourire en réponse à ceux-ci représentaient déjà une bouffée d’air frais pour le lieutenant récemment désigné des Nightbringers. Pour une fois, le regard qu’on lui adressait n’était pas teinté de mépris et, l’air de rien, cela aidait Anderson à gagner en assurance — celle qui venait du fond de son être et non pas cette façade mordante qui venait souvent la substituer.
Tout cela n’était toutefois pas suffisant pour accorder sa confiance à la nouvelle recrue. Darius avait besoin de savoir ce qui motivait réellement Cecil à rejoindre leurs rangs. Quel désir pouvait être assez puissant pour le pousser à servir la Cause ? À se sacrifier pour celle-ci quoi qu’il en coûte ? Sa compassion pour ce que ses semblables avaient vécu lors des expériences ne pouvait pas être suffisante, pas quand le jeune lord admettait avoir vécu les choses différemment.
Il devait y avoir une autre raison, quelque chose de beaucoup plus personnel.
“He made me believe that we were the same.” La question sur Captain Lion n’avait été qu'une supposition éclairée, mais dès que Cecil prononça ces mots, Darius sut qu’il avait visé juste. “I needed it. I needed a comrade, an alter-ego, someone who could understand what I was going through.” Le lieutenant acquiesça en silence. Les Originels rassemblés sous ce toit étaient tous passés par là : la recherche de quelqu’un pour les aider à comprendre, la réassurance de ne pas être seul à avoir vécu une étrange et effrayante transformation.
Il devinait déjà un peu où le rapprochement entre le jeune lord et le capitaine de la milice d’Icare avait pu les mener. Rien de ce qui se disait de Captain Lion portait à penser qu’il était quelqu’un de confiance. L’histoire de Cecil vint renforcer cette croyance ; la cruauté avec laquelle Captain Lion avait piégé Cecil au point de le rendre paranoïaque même après s’être échappé eut de quoi retourner l’estomac du Vampire.
“I’m sorry he found you first,” exprima-t-il en s’approchant de Cecil. “You must despise him tremendously for what he did to you. I know I would.”
Cecil avait été frappé d’un coup de malchance qui lui avait grandement coûté. Si seulement Darla avait pu le retrouver plus tôt…
Mais au moins, elle avait fini par y arriver. Et si la vengeance et la haine étaient désormais les motivations de Cecil, Darius les acceptait à bras ouverts.
“I have to admit, given the circumstances, I wasn't the most welcoming person when she found me.” Le commentaire fit rire Darius : il comprenait. “You know, at first, I threatened to add her to my collection of dead bodies,” dit-il avec une touche d’autodérision, maintenant qu’il avait un autre regard sur les intentions de la Banshee.
Puis ce fut au tour de Cecil de faire montre de curiosité envers le recrutement de son hôte. N'ayant rien à cacher à ce sujet, Darius accepta de lui raconter ce qui l'avait mené à Darla.
“I was isolated in the mountains far from here when she found me. I was trying to flee, not from our enemy, but… from myself. From what I have become since the experiments.”
Alors qu'il revivait ses souvenirs, Darius réalisait qu’il ne pouvait directement répondre à la question sans générer encore plus de questions. Il avait besoin de reculer un peu plus dans le temps pour que le jeune lord puisse réellement saisir ce que Darla avait fait pour lui.
“The stuff they injected us with — for many of us it's not a cure, it’s a poison. A poison that makes you sick in ways you never thought possible before,” préfaça-t-il en laissant son regard se promener sur les divers portraits laissés sur la table, puis sur le panier de fruits laissé en son centre. “I used to enjoy food very much. Fresh turtle soup, a big juicy steak paired with the perfect wine, some apple cake and tea for dessert…” Sa famille, plutôt riche pour des marchands, ne possédait peut-être pas la plus grande des maisons, mais s’assurait toujours d’avoir le ventre bien rempli. “I also used to kiss my sick little girl goodnight while praying every night for a miracle to knock at our door.” Ironiquement, ses prières avaient été entendues — seulement, Dieu l’avait abandonné et c’était des imposteurs qui y avaient répondu.
“But after they released us from the labs, the food tasted like ash despite my being hungry. And when I sat at my daughter’s bedside, knowing I had come back from these two infernal months completely empty handed, I was supposed to think of ways to keep her hopes up despite her dying slowly — not think of how delicious she smelled from a distance and what kind of sweet dessert I could compare her to.” Le dégoût déformait ses traits rien qu’à l’idée d’avoir pensé, à un moment de faiblesse, enfoncer ses canines dans la chair de sa propre fille.
“See, this disease that runs through my veins… It changed the way my body works at the most fundamental levels. I may be able to see in the dark, hear whispers from far away or kill a wolf with my bare hands… But it also makes me crave human blood so bad that all I can think of, sometimes, is to feed on the first person that crosses my path. To bleed them dry like they’re nothing more than a prey meant to be hunted and killed.”
Le Vampire reporta son attention sur le jeune lord et sourit doucement, comme s’il se rendait compte que ses propos n’étaient pas particulièrement rassurants à entendre. “Not that you have anything to worry about : I haven’t sunk my teeth into anyone here,” précisa-t-il. Il se garda de mentionner les fois où cela avait failli arriver avant qu’il soit mis à terre par les pouvoirs terrifiants de la Banshee. Elle s’assurait de tenir le monstre en laisse lorsque lui-même échouait — mais encore fallait-il qu’elle se trouve à proximité.
Darius soupira.
“Anyway. That’s why I fled to the mountains in the first place, thinking I could feed on animal blood and protect my family by staying as far as possible from them. But Darla told me about the militia they deployed to hunt us down, and how far they were willing to go just to find us. She convinced me I could better protect my family if I embraced our new nature and fought alongside her. She also promised to help manage my condition so I wouldn't turn into a bloodthirsty demon at any given time, but only when I choose to — when fighting the real enemy out there.”
Bien qu’il n’arrivait pas encore à complètement accepter sa mutation, c’était à Darla qu’il devait sa capacité à vivre en société depuis sa transformation, ainsi que l’espoir d’un jour pouvoir retrouver sa famille sans craindre de la mettre en danger.
“Each of us has a different story despite our common experience, and yet, she keeps finding a way to gain our trust. She truly is a remarkable woman, don't you think?”
Le commentaire était dénué de moquerie. Sans même le faire exprès, il s'agissait presque d’une question piège : Darius ne réalisait pas qu’il n'était pas prêt à entendre le contraire.
Admettre qu’il admirait leur leader pour sa dévotion aux Nightbringers et à leur Cause était une chose ; admettre qu’il développait des sentiments pour la femme qui allait à contre-courant pour l’intégrer au groupe était une toute autre histoire. icons: vocivus

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Humanity isn't a species

it's a state of mind