Gentleman // Monster.

Prologue
Family

---

A happy family is but an earlier heaven.
1787-1806

---

Deuxième fils d’un riche marchand de fourrures à Londres, Darius n’a pas une enfance trop difficile, bien qu’il soit plutôt occupé. Alors que son frère aîné accompagne leur père dans ses nombreux voyagements, Darius s'occupe de la boutique londonienne en plus d’aider sa mère à prendre soin de ses jeunes sœurs. On dit qu’il est un garçon attentionné avec un cœur en or qui préfère faire passer le bonheur des autres avant le sien.

1806-1809

---

Il fait la rencontre de Jane, une nouvelle amie de sa sœur. Jane est une artiste qui sait tout de suite l’impressionner par son aptitude à peindre des paysages sortant tout droit d’un rêve. Quelques mois plus tard, ils se marient. Ils ont leur premier enfant en 1809, une fille qu’ils nomment Alice. Après avoir passé sa jeunesse à s’occuper de ses sœurs, Darius n’a pas peur de devenir père — au contraire, il a hâte de la voir grandir et s’épanouir au sein de cette nouvelle famille.


Chapter I
The experiment

---

The things you do for love are the same things you swear not to do.

1815

---

Alice tombe gravement malade. Elle a toujours eu une santé fragile, mais le décès de sa mère dans la même année semble avoir empiré la chose. Darius craint de perdre les deux personnes qui lui sont les plus chères en l’espace de trois mois. Il fait appel à d’innombrables médecins, mais aucun d’entre eux ne parvient à proposer un traitement efficace.

Dear Diary
May 1815

---

Deux étrangers sont venus frapper à notre porte ce matin. Ils ont dit chercher des hommes de mon gabarit pour participer à une expérience médicale ayant le potentiel de révolutionner le monde. Ils n’ont pas voulu m’en dire plus, alors je n’ai pas voulu leur accorder plus d’importance. Mais avant que je ne puisse fermer la porte au nez, ils ont mentionné Alice. Ils savent pour sa condition — ils ont entendu parler des médecins que j’ai sollicités. “Votre aide nous sera précieuse et en retour, nous vous promettons les ressources nécessaires au traitement de votre fille. Pensez-y,” m’ont-ils dit. Avant de quitter, ils m’ont laissé une carte d’affaires sur laquelle on peut lire “Icarus Inc”.

Je n’ai jamais entendu parler de cette entreprise ; j’ignore si je peux leur faire confiance. Mais l’état d’Alice se détériore de jour en jour et la promesse de ces hommes est peut-être notre seul espoir…
Dear Diary
June 1815

---

Non seulement l’injection ne semble avoir eu aucun effet — à en constater les réactions — mais en plus, on me force à rester sur les lieux pour encore un autre mois. Un autre mois loin d’Alice, sans savoir si elle tient encore le coup à ce point. Peu importe les résultats de cette fichue expérience, ils ont intérêt à tenir leur promesse.

En juillet, la vague de cobayes est enfin libérée. La compensation donnée pour le temps accordé est risible et la promesse de fournir des soins pour Alice est délibérément oubliée. Darius est furieux : il réalise qu’Icarus Inc s’est servi de sa situation et de son désespoir pour le tromper. Évidemment qu’ils n’ont rien à lui offrir… ce sont des charlatans et il est l’imbécile qui est tombé dans leurs filets.


Chapter II
The Awakening

---

There's a monster inside all of us.
Incapable de digérer l'arnaque, il retourne chaque jour à l’entrée du laboratoire pour réclamer ce qu’on lui doit — et maudire les scientifiques qui lui ont menti. Chaque nouvelle visite est un peu plus agressive que la précédente jusqu’à ce qu’on appelle la sécurité pour le chasser pour de bon. Darius refuse de se laisser intimider et des coups de poings sont échangés.

Dear Diary
July 1815

---

Hier, le sang bouillait dans mes veines. Alice est clouée au lit, incapable de profiter de la vie, et aucun de ces abrutis n’est fichu de montrer la moindre compassion. Ils ont pris deux mois de ma vie, de mon temps auprès de ma fille, pour finalement se débarrasser de moi comme ils se débarrassent de leurs déchets. Je n’allais pas les laisser s’en sortir aussi facilement ; j’étais prêt à me battre s’il le fallait.

Ils ont envoyé deux gardiens de sécurité pour me forcer à prendre la sortie. Je me rappelle avoir envoyé l’un au sol avant que l’autre ne me prenne par derrière. J’ai tenté de me débattre, en vain. Puis… Dans un élan soudain, j’ai réussi à me défaire de son emprise comme si ce n’était rien.

Lorsque je me suis retourné, son visage est devenu blême et ses membres se sont mis à trembler. Il m’a traité de démon et dans ma fureur du moment, j’étais enclin à approuver. Je ne sais pas ce qui m’a pris à ce moment-là, mais je n’avais qu’une seule envie : enfoncer mes dents dans sa chair…

La suite des événements est floue dans ma mémoire. J’ai l’impression d’avoir perdu conscience pendant un moment et lorsque j’ai retrouvé mes esprits, les deux gardiens et la secrétaire étaient tous morts, vidés de leur sang. En apercevant mon reflet dans le miroir, j’ai vu que mon visage était aussi rouge que mes mains. Je ne comprends toujours pas ce qui s’est passé. Suis-je la cause de ce massacre ? Comment diable est-ce possible ?

Non. Il doit s’agir d’un mauvais rêve.
Je crois que je suis en train de perdre la tête…
Suite à cet incident, Darius commence à se douter que quelque chose ne va pas chez lui. Son appétit semble grandir mais aucun repas ne réussit à le satisfaire pleinement ; la nuit, ses rêves sont hantés par la scène décrite dans son journal. Lui qui ne se souciait que d’Alice avant tout cela, il se rend de moins en moins souvent à son chevet, trop préoccupé par la croyance d’être possédé. Il s’enferme plutôt dans sa propre chambre et les rumeurs courent qu’il se laisse enfin envahir par les émotions du deuil qu’il aurait dû vivre des mois plus tôt.

Ce que Darius redoutait se produit à peine quelques jours plus tard : la servante de la maison se retrouve sans vie à ses pieds après avoir visité sa chambre pour lui apporter à manger. Comme les employés d’Icarus Inc, elle est vidée de son sang et des marques de morsure se trouvent à son cou, mais Darius n’a pas conscience de ce qui s'est produit. Il a seulement l'impression de s’être réveillé devant la scène. Il s'arrange pour se débarrasser du cadavre pendant la nuit, puis se rend à l'église du quartier.

Dear Diary
July 1815

---

J’espérais naïvement que le prêtre puisse m’aider ; m'exorciser du Mal qui possède mon corps et de mon esprit. J’avais oublié que le prêtre et mon père sont en querelle depuis des années… Cela doit expliquer la raison pour laquelle il a refusé de m’écouter. Il m’a dit que la famille Anderson était maudite ; que c’est pour cela que Jane nous a quitté trop tôt et que la santé d’Alice se trouve dans un équilibre aussi fragile. “Ton père est un hérétique et je ne suis pas surpris que ses démons se soient propagés chez sa progéniture,” a-t-il craché.

Sous l’indignation, j’ai eu le réflexe de l’attraper par la gorge. Je n’ai jamais eu de désir aussi violent par le passé, mais dernièrement, l’envie d’écraser tous ces nuisibles qui se mettent en travers de mon chemin ne cesse de s’amplifier. D’un seul bras, j’ai soulevé le prêtre du sol. Ses yeux se sont écarquillés d’horreur. “Que Dieu me vienne en aide… Le Diable est réellement venu me chercher,” a-t-il difficilement murmuré. Plongeant l’une de ses mains dans le bassin qui se trouvait à sa portée, il a tenté de me heurter avec un jet d’eau bénite. Mon attention s’est alors dirigée vers le bassin et c’est à ce moment que je l’ai vu pour la première fois.

Le Diable qui s’est emparé de moi.
Choqué par ce qu’il aperçoit dans le bénitier, Darius relâche le prêtre et s’approche du reflet dans lequel il se reconnaît à peine. Sa peau est blême et le blanc de ses yeux semble avoir disparu pour ne laisser paraître que l’obscurité de ses pensées.

Le prêtre derrière lui tente de s’enfuir après avoir récupéré son souffle. Mais l’instinct du monstre dicte à Darius de ne pas le laisser s’échapper. Cette fois, c’est en toute conscience qu’il plonge ses crocs dans la chair de l’homme pour en aspirer son essence. Il comprend enfin comment apaiser cette faim différente qui revient toujours le tourmenter.

Dear Diary
July 1815

---

Suis-je condamné à passer le reste de mes jours ainsi, possédé par le Diable et ayant envie d’aspirer le sang de ceux qui m’entourent ? Vais-je avoir envie de me nourrir sur ma famille ? Sur Alice ?

Le prêtre avait raison. Je suis maudit et rien ne peut me sauver. Je ne peux pas retourner à la maison, je ne peux pas laisser Alice me voir ainsi.  

Chère fille — j’espère qu’un jour tu pourras me pardonner.


Chapter III
The Animal

---

Eat, sleep, hunt, repeat.
1815-1820
Sans prévenir qui que ce soit, Darius part s’isoler dans une montagne à des kilomètres de toute civilisation, là où il ne risquerait pas de s’en prendre à son entourage.

Laissant ses instincts dicter sa survie, il se met à chasser les animaux de la montagne. Au départ, il ne se rend pas compte que le sang animal diminue sa conscience humaine et au fil du temps, il ne devient qu’une autre bête parmi la nature sauvage. Parfois, il croise le chemin d’aventuriers ayant le malheur d’empiéter sur son territoire. Leur sang humain lui permet temporairement de retrouver une partie de sa conscience ; juste assez pour se rappeler pourquoi tout ceci est pour le mieux.

Cinq ans s’écoulent depuis la disparition de Darius Anderson, fils de Judith et Isaac Anderson, co-gérant du commerce à leur nom et principal suspect de la série de corps mutilés retrouvés au cours de l’été 1815. Les autorités suspectent qu’il est également à l’origine de l’incendie à l’accueil du laboratoire d’Icarus Inc, un dossier qui avait d’abord été considéré comme un accident. Mais n’ayant ni témoins ni preuves, ils sont forcés d’abandonner l’affaire.

1820
Dear Diary

---

Elle s’est présentée sous le nom de Darla. Lorsqu’elle m’a trouvé dans la montagne, elle semblait déjà savoir qui j’étais — ce que j’étais. Elle a eu de la chance : je venais de me nourrir sur des humains et mes facultés cognitives étaient présentes, bien que toujours amoindries. C’est ce qui m’a empêché de lui sauter à la gorge comme je l’aurais fait normalement.

J’étais méfiant, mais elle m’a expliqué que je n’avais rien à craindre : elle était comme moi. “En quoi savoir que nous sommes plusieurs possédés par le Diable est rassurant ?” ai-je grogné. L’idée que je me sois éloigné de ma famille pour les protéger alors que d’autres démons rôdaient était terrifiante ; cela ne m’était pas passé par l’esprit avant. Comme si elle avait fait des recherches à mon sujet, elle a aussi mentionné Alice. Cela ne m’a pas plu ; j’avais une impression de déjà vu.

Malgré tout, elle m’a convaincue de la suivre, de laisser la montagne et rencontrer les autres “mutants” comme elle et moi. C’est ainsi qu’elle nous appelle — ceux ayant fait partie des expériences d’Icarus Inc. Ils sont à blâmer, pas le Diable.

Je ne savais pas quoi en penser à l’instant, mais j’avais le choix entre continuer d’exister stupidement ou placer ma foi en cette inconnue qui me proposait une alternative. Une alternative qui me permettrait de protéger Alice. Peut-on vraiment appeler ça un choix ?

Je suis présentement dans le bâtiment où Darla a regroupé certains d’entre nous. Je préfère me tenir loin du groupe ; j’ignore quand je serai à nouveau tenté de mordre quelqu’un.

Je n’ai pas encore revu Alice ni le reste de ma famille — je ne sais pas si j’en ai envie. J’ai peur qu’ils voient mon autre visage. J’ai peur qu’ils ne puissent me pardonner.


Chapter IV
The Nightbringers

---

The purpose of war is peace.
1820-1830
Les années passées en compagnie de Darla et les Nightbringers sont mouvementées. La milice d’Icare est à leurs trousses et les affrontements sont sanglants. Il doit apprendre à contrôler sa soif, se nourrir à petites doses sauf lorsqu’il est encouragé à “libérer son démon intérieur” dans ces situations de vie ou de mort. Mais plus cela se produit, plus la distinction entre l’homme et le monstre se floute ; ce n’est pas pour rien que 200 ans plus tard, on racontera que le sérum déchire l’esprit.

Darla est la seule membre du groupe en mesure de calmer les pulsions du Vampire. Parfois, il lui est difficile de ne pas retomber dans ses habitudes sauvages de son temps en montagne, mais la leader des Nightbringers arrive à le tenir à flot. Elle ne se montre ni craintive ni répugnée par la nature de sa mutation et au fil du temps, ils commencent à se rapprocher intimement. Darius devient à la fois l’amant et le bras droit de Darla. Il s’avère être un excellent stratège ; même que ses idées sont particulièrement vicieuses.

Lors d’une nuit de 1822, la milice d’Icare cible spécifiquement Darius en attaquant la demeure familiale des Anderson. Ceux qui s’y trouvaient — ses parents et l’une de ses sœurs — périssent. Seule Alice est épargnée : elle est capturée dans le but de faire du chantage. Les Nightbringers arrivent malgré tout à déjouer les plans de leurs adversaires et récupèrent Alice saine et sauve. Mais pour Darius, ce sauvetage n’est pas sans prix à payer.

Dear Diary

---

L’expression de terreur qui se lisait sur son visage lorsqu’elle m’a reconnu derrière mes traits monstrueux et les éclats de sang voulait tout dire. Je l’ai peut-être sauvée, mais elle me voit comme un étranger. Comment puis-je la blâmer ? À ses yeux, j’étais mort depuis longtemps et les histoires racontées suite à ma disparition n’ont rien de glorifiant. Je ne peux pas la laisser vivre seule, mais elle ne devrait pas être ici. Elle n’aurait jamais dû me voir ainsi.
La présence d’Alice dans les quartiers des Nightbringers est difficile pour Darius. Ses sentiments ne cessent d’entrer en conflit : d’un côté, il désire renouer sa relation avec sa fille et surtout, s’excuser pour tout ce qu’elle a vécu par sa faute ; de l’autre, il reste convaincu que maintenir une certaine distance est ce qu’il y a de mieux pour tous les deux. Alors il fait tout pour éviter de croiser son chemin. Lorsqu’ils interagissent, il est froid et distant, voire cruel dans ses propos. Parfois il le fait exprès ; parfois ses préoccupations le rendent impatient.

Pendant qu’il concentre son énergie dans des plans de vengeance, c’est Darla qui finit par prendre soin de l’enfant.


Chapter V
Amalia Hoxha

---

Stab the body and it heals; injure the heart and the wound lasts a lifetime.
1830-1835
La relation entre Darius et Darla se termine et leurs chemins se séparent. Plusieurs mois plus tard, il fait la rencontre d’une mystérieuse Amalia lors d’une soirée huppée dans laquelle tous les deux se sont infiltrés. Tous deux se montrent sous leur meilleur jour tandis que chacun garde son agenda personnel bien dissimulé. D’abord intrigués l’un par l’autre, de réels sentiments finissent par se développer et Darius — qui s’est présenté sous le nom de James Anders — révèle son secret à Amalia.

Dear Diary

---

Ses prunelles se sont illuminées d’excitation lorsque je lui ai montré ce que j’étais. À son tour, elle m’a révélé ce qu’elle savait faire, et nous avons réalisé que nous étions tous deux mutants. Je me demande si elle a fait partie d’une vague de cobayes différente de la mienne, ou si Darla a manqué de la retrouver lorsqu’elle s’est mise en quête des autres Originels ? Quoi qu’il en soit, son énergie est rafraîchissante, son côté espiègle est amusant et son sourire est précieux.
Il sait qu’il joue à un jeu dangereux en fréquentant cette mutante capable de copier les déchirures des autres mutants. Tous les signes sont présents pour lui faire comprendre qu’Amalia n’est pas qui elle prétend être — mais l’espoir l’empêche de se rendre à l’évidence. N’est-il pas lui aussi un imposteur ? Néanmoins, il ne peut pas s’empêcher d’être attiré vers elle. Inévitablement, la vérité finit par éclater lorsque leur premier rendez-vous amoureux tourne au vinaigre.

Dear Diary

---

Alors que nos corps se touchaient et que nos lèvres s’entrelaçaient, elle m’a exposé sa gorge en me suppliant de goûter à son sang. Elle savait que j’en mourrais d’envie et que je me retenais ; cette fois, je n’ai pas résisté. Mais quelque chose d’inhabituel s’est déclenché : j’ai commencé à voir des images apparaître dans mon esprit. Des fragments d’une vie… la sienne.

Je ne me suis jamais senti aussi trahi qu’au moment où j’ai compris qu’elle fait partie de la milice d’Icare. Elle sait qui je suis depuis le départ : c’est moi qu’elle cherchait lors de cette première soirée. Comment ai-je pu être aussi naïf ?
Chacun tente de s'expliquer, de se justifier ; mais chacun se sent trop trahi pour être capable de raisonner.  Ils se quittent sur une mauvaise note et passent plusieurs mois à s’éviter.

Le destin décide tout de même de les réunir un an plus tard. Ils arrivent tant bien que mal à se réconcilier et à tenter de faire fonctionner cette relation impossible, se promettant de faire mieux, se promettant de s’entraider.

Mais même le destin se trompe parfois. La seconde trahison d’Amalia fait cent fois plus mal que la première et Darius est forcé de fuir l’Angleterre.


Chapter VI
Darla's Secret

---

There are no secrets that time doesn't reveal.
1846
C'est une missive de Darla qui le ramène dans son pays natal. Alice est sur son lit de mort et c'est la dernière chance pour Darius de revoir sa fille.

Dear Diary

---

J'avais déjà assez de remords concernant Alice ; je ne pouvais en ajouter un dernier sur la liste. Je me suis rendu à son chevet dans le but de m’excuser comme j'aurais dû le faire il y a des années. Je suis presque arrivé trop tard : c'est avec sa main entre les miennes que ma fille a expiré son dernier souffle.

Darla et ses fils sont ensuite entrés dans la pièce. L’aîné des garçons m’a accusé d’être le pire père au monde — je ne l’ai pas contredit.
Néanmoins, l’accusation se transforme rapidement en éclat de colère alors qu’une noirceur surnaturelle envahit la pièce. Le garçon continue d’exprimer sa haine envers Darius et ce dernier finit par réaliser qu’il ne l’accuse pas seulement d’avoir été un mauvais père pour Alice : il est un mauvais père pour lui. Son propre fils.

De là, tout dérape. Darius confronte son ancienne amante et l'échange s’envenime jusqu'à atteindre un point de non-retour.

Dear Diary

---

Je venais de perdre ma fille et d’apprendre que j'ai un fils dont on m’a caché l’existence. Je n’avais aucun contrôle sur le tourbillon d’émotions que je ressentais à ce moment. J’étais dévasté et furieux non seulement envers elle, mais aussi envers moi-même… Je n’ai jamais eu l’intention de tuer Darla. C’était un accident.


Chapter VII
Lost and found

---

Sometimes even to live is an act of courage.
1846-1867
Il fuit la scène et se retrouve plus tard au bord d’une falaise, contemplant le vide sous ses pieds et se demandant pourquoi il devrait continuer de combattre ses démons. Un homme interrompt toutefois ses réflexions pour l’empêcher de s’élancer.

Dear Diary

---

Je lui ai raconté avoir tout perdu, je lui ai montré ma malédiction. L’étranger n’a pas fléchi ; il m’a plutôt dit que la rédemption était à ma portée.

“Comment ?” ai-je demandé. Les paroles du prêtre revenaient me hanter : je ne pouvais pas être sauvé. Mais l’homme devant moi tenait une autre opinion : “Si tu tiens à mourir, autant le faire en te battant pour ton pays. L’armée britannique a besoin de monstres comme toi.”

Je ne me suis jamais considéré comme très patriotique. Mais peut-être que cet homme tient la clé… Peut-être que je dois simplement me repentir.
Darius s’enrôle dans l’armée peu de temps après cette rencontre. Il se soumet à la discipline stricte des soldats et cela a pour effet de calmer son esprit. Sa participation aux guerres le tient occupé tout en lui apportant une nouvelle perspective sur la valeur de la vie humaine.

Plus tard, il devient enseignant pour l’armée et se découvre un intérêt — et un talent particulier — pour l’enseignement. Il quitte l’armée après 21 ans de service en étant l’une des rares personnes à survivre jusqu’à la fin de son contrat. Il aurait aimé continuer, mais il doit disparaître avant que son vieillissement arrêté ne soulève trop de questions.


Chapter VIII
Redemption

---

Everyone needs a second chance.
1901-1930
Après avoir vécu ailleurs en Europe, il vient s’installer à la Nouvelle-Orléans, une ville en plein essor sur l’autre continent. Il s’agit toutefois d'une période maudite pour la ville : elle voit une épidémie de fièvre jaune et deux ouragans en l’espace de 10 ans. Toujours en quête de rédemption, Darius se porte bénévole à l'hôpital pour tendre aux malades et aux blessés, entrant tranquillement dans le domaine médical.

En 1907, il fait la rencontre de Sybil alors qu’il lui apporte des soins. Pour le remercier, elle l’invite au bar où elle performe régulièrement du violon et du piano. Il tombe rapidement sous le charme de son talent et revient plusieurs fois assister à ses performances.

Après un long et fastidieux débat mental, Darius décide de s’accorder une autre chance de repartir à zéro. Sybil et lui se marient. Ensemble, ils ont deux enfants, Keith et Lily Nelson — le nom de famille que Darius utilise à cette époque.

Dear Diary

---

J’ai échoué à mon rôle de père auprès d’Alice et je ne peux tout simplement pas considérer Liam comme mon fils. Cela ne veut pas dire que l’histoire doit se répéter. Je ferai tout en mon pouvoir pour que cette famille puisse prospérer.
1930-1940
La crise économique force un exode des musiciens vers les plus grandes villes et la suggestion de Sybil — déménager à Chicago — lui convient parfaitement.

Il se trouve un emploi au Centre Médical de l’Université de Chicago qui a tout récemment ouvert ses portes. Ainsi, il peut à la fois pratiquer la médecine et poursuivre son intérêt pour l'enseignement.

Entre 1935 et 1940, il résout de nombreux cas médicaux qui semblaient insurmontables. Il se fait acclamer de nombreuses fois par ses collègues sans se douter de la cause de ces miracles.

1940-1945
Keith se fait sélectionner durant la conscription et par solidarité, Darius se porte volontaire en rejoignant les équipes médicales sur le terrain.

Alors qu’il décide un jour de rendre visite à Keith dans sa tente, Darius tombe face à face avec Liam — son premier “fils” l’ayant poursuivi à travers l’Europe un demi-siècle plus tôt pour rendre sa vie misérable, et qui semble encore une fois chercher l’attention de son père de façon méprisable.

Dear Diary

---

Je n’avais qu’une pensée en tête : Liam cherche à manipuler mon fils. Liam est mon enfant maudit ; il ne m’apporte rien de bon.

Il n’était pas question que je laisse Keith se lier d’amitié avec lui. Pendant que mon attention était focalisée sur la présence de Liam, Keith est sorti de la tente : il ne voulait rien savoir de notre querelle.

Si Liam n’était pas là, Keith ne serait pas sorti à ce moment et n'aurait pas fait partie des victimes du bombardement qui a touché l’aire d’à-côté. Tout est de sa faute.


Chapter IX
Tragedy

---

Back to reality.
1945-1960
La mort de Keith marque le début de la fin pour cette famille idyllique que Darius s’est créée. Liam blâme Darius autant que Darius blâme Liam pour la tragédie.

En 1947, Liam revient à la charge en assassinant Sybil devant les yeux impuissants de Lily alors que Darius est au travail. Darius réplique en s’assurant d’enfermer Liam là où il ne pourrait plus faire de mal. Malgré tout, le mal est déjà fait.

Lily s’éloigne de Darius pendant quelques années, mais revient vers lui lorsque l’un de ses enfants — Victor — disparaît sans laisser de traces. Elle implore son père de retourner ciel et terre s’il le faut pour retrouver Victor. Tous deux craignent que Liam soit responsable de ce malheur après avoir réalisé qu’il s'est échappé de l’endroit où Darius l’avait enfermé.

Malheureusement, malgré tous les efforts déployés et le sang versé, la disparition du gamin reste encore un mystère à ce jour. Lily décède en étant rongée par le stress et fait promettre à Darius de veiller sur Katharina, la sœur de Victor.

1960-1994
Katharina est la dernière Nelson à connaître la mutation de Darius. Lorsqu’elle atteint l’âge de fonder sa propre famille, tous deux arrivent au consensus qu’il vaut mieux que l’immortel garde ses distances.

Dear Diary

---

Katharina m’a approché avec la suggestion, mais j’y pensais déjà. J’aime ma petite-fille de tout mon cœur et je n'ai pas l’intention de la laisser tomber ; je continuerai de veiller sur elle comme je l'ai promis à Lily, ainsi que sur ses enfants et les enfants de ses enfants… Mais ils ne me connaîtront pas comme étant de la famille.

Ses enfants prendront le nom de son époux comme il se doit pour que la lignée Nelson soit brisée sur papier. Ainsi, ils seront mieux protégés contre ceux qui me veulent du mal. Je refuse que la tragédie de Sybil et même celle de Victor — dont la disparition me hante toujours — se répètent.


Chapter X
New York

---

Make your mark in New York and you are a made man.
1994-2005
À l’échelle du pays et même plus, le nom d’Icarus Inc a refait surface depuis un moment, mais Darius fait la distinction entre la compagnie des années 1800 et celle-ci. S’il grimace intérieurement à chaque fois qu’il entend Icarus, il s’est depuis longtemps libéré de sa haine dévastatrice envers les fondateurs de l’entreprise et à la milice d’Icare.

La sortie du Vitae l’a choqué, mais il n'est pas surpris de sa popularité grandissante au sein de la population. Sa curiosité et son désir de rester à la fine pointe des avancées médicales le poussent à déménager à New York, où il pourra davantage développer sa pratique.

2005
Dear Diary

---

Les armes de destruction et les violentes déchirures qui s’opposaient ont frappé l’hôpital de plein fouet. J'ai fait ce que j'ai pu pour aider le personnel et les patients à s’échapper, mais je n’ai pas pu m’attarder trop longtemps : il fallait que je m’assure que Katharina et sa famille soient en sécurité. Je devais aussi retrouver Nora, la fille d'une vieille amie qui a trouvé refuge chez moi plus tôt cette année. J'avais promis que je ne laisserais rien lui arriver, et je déteste briser ma parole.

J'ai vu plusieurs guerres au cours de mon existence, mais celle-ci est d’un tout autre niveau. Où va le monde ? Si les choses continuent dans cette direction, le Vitae et les altérations causeront notre perte à tous…

Chapter XI
Wanderlust

---

The world is a book.
2005-2017
Il retourne à la Nouvelle-Orléans, la ville où il en retire ses meilleurs souvenirs. Nora l'accompagne et il passe de nombreuses heures à lui faire découvrir les différents quartiers tout en lui racontant sa vie d'antan. Il prend plaisir à jouer du piano dans le bar où il est tombé amoureux presque 100 ans plus tôt ; il va jusqu'à changer son nom de famille pour celui de Sybil et devient Darius Sinclair. S’il a eu d’autres aventures après sa deuxième épouse, aucune d’entre elles n’a été aussi marquante.

Malgré tout, Darius ne compte pas refaire sa vie ici. Suite au départ de Nora en 2008, il part vivre deux ans au Canada, puis s'installe en Philadelphie jusqu’à ce qu’il ait l’autorisation de s’installer à New Blossom. Icarus Inc lui a proposé un poste à l’hôpital de Solaris avant même que la ville soit habitable, et Darius a mis de côté ses reproches contre la corporation pour se concentrer sur son objectif principal.


Chapter XII
New Blossom

---

The city of dreams.
2017-2025
Docteur Sinclair se fait rapidement une réputation à l'hôpital de Solaris. Puisque la plupart de ses descendants — à commencer par Keith et Lily — ont développé une mutation, son expérience en termes de soins flexibles selon le mutant constitue un atout pour l'hôpital.

En échange, l’équipement haut de gamme auquel il a accès lui permet de concrétiser des théories impensables par le passé. Il prend parfois de grands risques en testant une nouvelle idée sur un patient, mais la variabilité de chaque déchirure ne laisse aucun choix : il faut continuer d’innover.

En 2020, il soumet une proposition à la maison-mère d’Icarus Inc pour qu'on lui accorde l'un de leurs laboratoires, où il sera en mesure d’accélérer la découverte d'une nouvelle formule de Vitae. Une chose est certaine : les choses ne peuvent rester telles qu’elles sont.

Les intentions de la corporation et celles de Darius sont différentes et pourtant, leur but est le même : obtenir un meilleur contrôle sur la mutation obtenue par le sérum et éliminer ses contre-coups.

Dear Diary

---

Les cas spéciaux de Blue Bloods développant des déchirures auxquelles leur corps peine à s'adapter ne cessent d'augmenter depuis mon début à Solaris. Je rêve de pouvoir convaincre mes patients d'arrêter la prise de sérum ; même lorsque je leur écris une ordonnance médicale, je sais que la majorité ne s’y conforme pas.

Si je ne peux renverser le courant à moi seul, je peux au moins tenter de le diriger vers un avenir meilleur. Bien que je sois loin de soutenir l'idéologie d’Icarus Inc concernant les mutants, je ne peux nier les avancées médicales propulsées par l'entreprise au cours du dernier siècle. Ce serait une idiotie de ne pas me servir des meilleurs outils à ma disposition, peu importe la corporation qui les fournit.

Au tout début de ma carrière, j'ai perdu de nombreux patients car je n'osais pas prendre trop de risques. Aujourd'hui, je comprends que toute innovation requiert des sacrifices. Je comprends que je ne peux trouver la formule de Vitae qui réduira réellement la souffrance de ses consommateurs — mes patients — sans expérimenter sur différents profils mutants.

J'ai conscience que les procédures de mon laboratoire ne sont pas toujours agréables, mais je rappelle aux cobayes que tout ceci n'est pas en vain : ils contribuent au plus grand bien. Un bien qui dépasse les soucis de confort personnel.

Au moins, peu importe les résultats des expériences, ils sont bien compensés : contrairement aux scientifiques qui m'ont trompé, je tiens chacune de mes promesses. Et personne n'est retenu contre son gré.