Aux dernières nouvelles | DARIUS

Aux dernières nouvelles

A peine revenue de Californie, Leta avait fait le point sur ses attentes, sur ses besoins et sur cette quête qui l'habitait. Et tandis que l'échéance se faisait grandissante, l'ombre du passé semblait – elle – s’étendre progressivement dans l'espoir de l'engloutir toute entière.

Depuis que les nouvelles avaient été prises, la Banshee ne pouvait s'empêcher de ressentir une forme de morosité alimenté par l'inquiétude de Darla. Le silence de mort pour témoin dans son bureau de la Cathédrale, elle était assise à observer le vide ; à attendre l'illumination, à espérer un dénouement miraculeux.

Mais les miracles, c'était pour les autres, se rappela-t-elle.
Mais les miracles, il faut les provoquer, ironisa Darla.

Un soupir plus tard, Leta décida de laisser les commandes à Darla qui émergeait pour la première fois depuis des jours. Le regard mercure, les traits tendus et l'échine droite, l'Originelle quittait l'assise de son bureau tout en fauchant d'une main son téléphone portable.

Un numéro composé, elle effectuait une réservation.
A une heure précise.
Plus tard dans la soirée.

✧✧✧

Dans cet autre message qu'elle rédigeait, elle avait la sensation d'y lire une provocation faite au destin. Comme un appel à réanimer un cycle de violence douloureuse.

Parce que c'était lui qu'elle contactait.
Parce que c'était lui qu'elle invitait.

message envoyé a 10h04 à Darius Sinclair

Darius,
J'ai eu vent de ta quête, je sais que tu me cherches.
Retrouvons-nous ce soir, à 19h, au Penrose.

Darla.

Et ainsi, cette fois-ci, aucun de ses avatars ne la traquerait.
Aucun d'eux n'aurait raison de sa peau.
Elle se le promit.

✧✧✧

Le soir venu, c'était dans la symbolique d'une robe blanche que Darla se rendait au Penrose. Le manteau ceinturant sa taille pour la prévenir de la fraicheur hivernale, sa chevelure – quant à elle – encadrait son visage eux traits sereins.

Vidé de son bruit et de sa vie, le bar avait été réservé dans son entièreté par la Banshee qui avait cru bon de s'épargner tout témoin. Contrairement à hier, il n'y avait plus d'enfant pour assister à l'horreur, ni aucun adulte pour détourner le regard ; ils étaient enfin les yeux dans les yeux.

Départie de cette colère qui l'avait longtemps consumé, Darla pénétrait finalement dans le bar d'un pas tranquille afin de saluer le propriétaire des lieux ainsi que le serveur mobilisé pour l’occasion.

« Messieurs, bonsoir. » Salua-t-elle tandis que son visage se fendait d'un sourire charmant. « Pourriez-vous me préparer un bourbon ? Sans glace. » Le serveur acquiesça après un bref échange de politesse. Puis, Darla eut tout le temps de s'installer à une des tables. Le manteau quitté et déposé sur le dossier de sa chaise, elle prit place au centre de la salle. Jambes qui se croisaient et portable en main, elle consulta même une dernière fois ses messages tandis que l'heure fatidique approchait.

✧✧✧

Darla n'eut guère besoin d'attendre plus de dix minutes que la porte finit par s'ouvrir sur la silhouette imposante du Vampire. Malgré les siècles passés et sa ferveur à oublier, elle le reconnu avec une aisance désarmante. Et fatalement, ce fut ainsi qu’elle comprit enfin que son ancien amant était le reflet mortel de ses vies passées.

Le cœur serré, la Banshee s'était attendue à tout sauf à être hantée par ce sentiment ; par cette tristesse qui lui nouait – pendant un instant – le souffle. Redressant le menton par excès de fierté, elle décroisa finalement les jambes pour se relever.
Frappée à nouveau d’immobilisme, elle laissa venir à elle son invité tandis que son regard mercure continuait de le détailler longuement. Passé quelques secondes d’observation, l’Originelle ne put s'empêcher d'esquisser un bref sourire à la vue de son costume parfaitement taillé.

Fatalement, son monstre favori avait fini par devenir le gentleman qu'elle avait façonné avec tant de ferveur.
Il était devenu l'homme qu'elle avait jadis vu en lui.

« Bonsoir Darius. » Entama-t-elle, de son accent anglais inchangé. Elle lui désigna une place face à la sienne d’un mouvement tranquille de la main. « J'ai pris soin de réserver les lieux.. Tu peux néanmoins commander ce qui te chante. » La précision offerte, elle désigna brièvement le bar où demeurait le serveur.

Au nom de tout ce temps qui s'était écoulé, Darla se contentait d'agir sereinement.
Parce que l'émotion était étrange.
Parce que l'émotion menaçait.

Surement autant la Banshee que le Vampire.
Autant le Vampire que la Banshee.

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Son prénom – à elle –, dans sa bouche – à lui – submergea d’une émotion étrange la Banshee qui s'efforça de conserver l'échine droite et l'esprit à flot tandis qu'au dedans, la rancune de Leta la rongeait jusqu'au sang. Aussi étonnant que cela pouvait paraitre, c'était dans l'alchimie trouble des tempéraments que l'équilibre se faisait ; la colère de l'une apportait un contrepoids au désarroi de l'autre. Ensemble, elles s’ancraient dans une réalité longtemps évitée pour des raisons diamétralement opposées.

Parce que Leta représentait la rancune d'une vie refusant de s'achever.
Parce que Darla s'incarnait dans la peine d'une existence achevée trop tôt.

Pour autant, Leta respectait les sentiments et besoins de l'Originelle, la laissant faire face à son amant et bourreau d'hier. Ainsi la Banshee demeurait-elle assise et en apparence sereine tandis que son cœur s'emballait pour quelques syllabes prononcées.

Tu es bel et bien là, entendit-elle, dans un besoin conjoint de s'ancrer dans le présent ; à défaut de se noyer dans le passé. Machinalement, la Eyre acquiesça lentement, taisant la réticence de Leta.

Parce que Darius ne pouvait comprendre sa dualité.
Tandis qu'il ignorait tout du chemin qu'elle avait parcouru en près de deux siècles.

« Au contraire, Darius.. J'ai beaucoup changé. » Le contredit-elle néanmoins alors que son visage se fendait d'un léger sourire. Tout à la fois délicat et nostalgique. Après tout, Darla avait conscience que son idéalisme était mort entre les mains de son amant ; elle avait conscience que sa vie n'était désormais plus qu'un écho lointain, se répercutant sur chacune de ses incarnations.

Elle était un souvenir encore vivant.
Qui ignorait tout de la route à emprunter pour trouver le chemin du repos.

« Ne t'ai-je pas toujours dit qu'il ne fallait pas te fier aux apparences ? » Lui murmura-t-elle tandis que son regard s'illuminait d'un éclat irisé. Une vive chaleur irradiait alors dans le mercure de ses iris tandis qu'elle scrutait les fils d'immortalité du Vampire. « J'ai toujours été persuadée que tu me survivrais. » Releva-t-elle tandis que l'éclat mystique quittait ses prunelles qui se rivaient sur celles de Darius.

Son immortalité camouflée dans l'enchevêtrement de ses vies, Darla n'avait pris connaissance de son fardeau qu'en émergeant dans cette autre peau-prison. Lorsque d'ailleurs Darius la questionna sur le temps passant, l'Originelle fit le choix de rester d'abord silencieuse tandis que le serveur prenait la commande de son invité.

Son regard se nuança un instant d'un bleu vif – vibrant et vivant – tandis qu'elle détournait le regard du Vampire. Leta détestait ces sentiments qui animaient sa première vie ; tout cela avait la saveur amère d'un déjà vue, d'un hier poussiéreux. Tant et si bien que le poids de la contrariété de la réincarnation fit brièvement soupirer Darla qui reporta son regard gris sur les traits de son ancien amant.

« C'est.. Compliqué. » Se contenta-t-elle de lui répondre alors que le verre arrivait. L'Originelle remercia d'ailleurs d'un bref sourire le serveur avant de se concentrer à nouveau sur Darius. « Quoiqu'il en soit, je suis bel et bien morte en 1846.. J'ai été enterrée et.. » Et quoi Darla ? Quoi ? Sa main glissa jusqu'à son verre de bourbon dont elle fit circuler l'ambre pendant quelques secondes avant d'en revenir au Vampire. « Mh.. Disons que percevoir les rouages du destin n'a jamais fait de moi sa favorite pour autant. Je l'ai appris à mes dépends. » Sa confiance absolue en ces liens sacrés qui nouaient le monde s'était altéré pour la première fois à l'époque. Elle avait alors appris à souffrir, à maudire, et à endurer.
Mais tout cela, elle ne parvenait pas à le verbaliser, à l'expliquer avec simplicité au Anderson.

« Pour me comprendre aujourd'hui, il te faudra un nouvel acte de foi. » Comme jadis, lorsqu'elle lui avait tendu la main en lui demandant de croire en sa vision. En ce monde qu'elle percevait tandis que personne ne comprenait ses objectifs.

Le regard interrogatif, elle lui laissa l'opportunité de verbaliser ce saut vers l'inconnu, ce pas vers une autre vérité. Celle qui avait rythmé son éternité à elle, et qui panserait – peut-être – les plaies de son éternité à lui.

La question était finalement de savoir s’il avait changé au point de ne plus la croire ?
Au-delà de cela, son âme tâchée du sang de la Banshee était-elle encore capable de la comprendre ?

Elle attendait de la découvrir.
Dans leur silence.
Dans les prémices de leurs retrouvailles.

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tw : Mentions d'hôpital psychiatrique et suicide.

Vie, mort et destin ; pendant trop longtemps, Darla avait la sensation qu'ils avaient vécu sur le fil. A échapper à la providence, ils avaient dansé une valse de l'évitement. Aujourd'hui, le point d'orgue de leur relation était néanmoins atteint, comme dans un besoin d'emprunter une nouvelle route, ou tout simplement de couper court aux machinations du destin.

En quête des meilleurs augures, Darla ignorait pourtant tout de la profondeur de ses attentes. Elle ignorait si elle voulait archiver définitivement un passé déjà révolu ; elle ignorait si elle espérait plutôt le réparer comme on soigne un cristal inévitablement brisé.

Parce que c'était bel et bien ce qu'ils étaient.
Des morceaux épars d'une histoire brisée.
Des morceaux qui se faisaient encore du mal malgré eux.

Jadis combattante et combattive, prête à tout pour l'autre ; la Eyre portait désormais sur son cœur le poids d'une contradiction ; elle était prise entre un doux besoin de repos et une terrible envie d'exister hors de toute cause, comme pour symboliser avec plus d'aplomb encore la croisée des chemins qui s'imposait à elle.

A la mention d'Alice, Darla esquissa un sourire que son regard fit mentir, car – envers et contre tout – la mère ne pu s'empêcher d'être triste. Elle était triste d'avoir jadis perdu sa fille et ses fils.

« Alice.. Oui, je l'ai appris récemment. » Comme échappée d'outre-tombe, la Banshee découvrait jour après jour ce qu'elle avait perdu au crépuscule de sa vie. Un soupir lui échappa tandis qu'elle se saisissait de son verre afin d'en boire une gorgée. L’Originelle n'avait aucun remord quant au fait d'avoir sauvé la vie de la fille de Darius ; elle regrettait plutôt de ne pas avoir été là pour elle. De ne pas avoir été là pour tous ses enfants. « J'étais si désespérée à l'idée de la perdre.. J'avais peur de perdre ma fille. » Avoua-t-elle, le regard perdu dans le liquide ambré avant de finalement redresser le menton.

Et ainsi, face à l'assentiment défiant de Darius, elle reposa son verre pour venir river son regard argenté dans le sien.

« Bien. » Souffla-t-elle difficilement tandis que le Vampire n'était pas le seul à devoir se livrer à l'exercice. La Banshee également devait faire confiance à celui qui l'avait jadis tué.

Au nom de quoi ?
Pourquoi ?

Au dedans, c'était évidemment Leta qui protestait ; Féroce, elle crachait sa haine à l'encontre de l'avatar de leurs maux les plus profonds. Elle le maudissait, lui et son éternité ; lui et cette vie qui coulait dans ses veines noires. Face à la virulence des émotions de l’incarnation ainsi que le trouble des siennes, Darla eu un moment d'arrêt tandis que son regard s'illuminait d'une lueur vive. L'irisé gagnait alors en vibrance tandis que Leta s’imposait furtivement dans un besoin d'auto-préservation ; et pendant une seconde, elle porta un regard furieux sur le Vampire.

Un regard farouche et résonnant d’émotion.
Trahissant son refus de souffrir.

Parce qu'en cet instant, ce n'était pas simplement Darius qui comptait.
Mais plutôt Darla.

Détournant le regard, l'Originelle ferma les yeux un instant tranquillement tandis qu'une promesse se faisait dans leur silence.
Encore une fois, elles se promettaient que tout irait bien.

Et ainsi, quelques secondes plus tard, Darla en revint à l'Originel. Si une apparente sérénité creusait ses traits, un profond malaise miroitait également dans ses iris mercures. Parce qu'aujourd'hui comme hier, Darla avait grand mal à livrer ses secrets. Surtout lorsque ces derniers constituaient les fondations de son calvaire passé.

« .. Comme je le disais, je suis bel et bien morte en 1846. » Entama-t-elle. « Et lorsque mon corps a rendu son dernier souffle, je me suis immédiatement réincarnée. » Le regard fixé sur Darius, elle avisa longuement sa réaction. « Une essence pour une existence qui recommence encore et encore dans une multitude de cycle de vies, voilà comment se traduit mon immortalité. » Une pointe d'amertume se trahissait pourtant dans son timbre, parce que tout n'était pas aussi simple.. Ça ne l'était jamais avec elle. « La théorie a quelque chose de fascinant, n'est-ce pas ? » Ironisa-t-elle, fatiguée par la cruauté du destin. « Mais en pratique.. La machine s'est enrayée. Surement parce que j'étais en état de choc, ou peut-être parce que je n'étais pas prête à mourir.. Ça, je l'ignore. Quoiqu'il en soit, ce nouveau corps est devenu ma prison. L'esprit de ma réincarnation, lui, portait inconsciemment en son sein mes traumatismes ainsi que le poids de mes choix sans pour autant qu’il soit véritablement moi. » Et c'était là que le récit commençait à devenir difficile pour Darla qui se crispait. C'était en cet instant que son acte de foi prenait toute sa valeur. « ..Je l'ai alors vu grandir depuis ma prison mentale. J'ai d'abord crié, protesté, mais elle ne m'a jamais entendu. Alors, j'ai assisté impuissante à la mort de sa petite sœur.. Qui était le reflet de la mienne. Puis, je l'ai vu tomber amoureuse d'un homme.. Qui te ressemblait. J’ai ainsi progressivement revécu une version déformée de ma vie, une version plus cruelle.. Une vie que j'aurai pu vivre, d'une certaine manière, parce que je me retrouvais dans ses choix. Elle s'est mariée avec son époux, elle a mis au monde un enfant et .. Cet enfant est mort de maladie. » Darla ne put s'empêcher de marquer un temps d'arrêt tandis que son regard s'égarait sur la salle vide.

Le verbe avait appelé le souvenir, et sous son regard, elle voyait les fantômes de cette vie passée.

« Notre mutation s'est manifestée lorsqu'elle a perdu son enfant. Et comme dans un phénomène de réminiscence, ma vie est devenue son cauchemar. Elle voyait les fantômes de mes enfants, de mes amis, ton fantôme furieux et même nos combats. » Son regard se riva à nouveau sur celui de Darius. « Et puis, son mari l'a tué, parce qu'il percevait en sa mutation une anomalie responsable de la mort de leur enfant. Dans sa peine et dans sa rage, il lui a ôté la vie.. Et je n'ai toujours rien pu faire. Danica n'avait que 35 ans. »

Darla portait encore le poids de cette première vie, tout comme elle portait celle de toutes les autres. Comme une fatalité, comme une leçon à apprendre offerte par le destin.

« Et puis, le cycle a recommencé avec Daria et Dalia. Sur le même schéma, avec la même finalité mais des différences qui les rendaient chacune unique. J'ai longtemps protesté, tenté de me manifester pour me faire entendre, mais pour elles, je n'étais qu'une voix lointaine. Alors, j'ai dû assister impuissante à ma propre déchéance. Encore et encore. Je suis à chaque fois morte pour toi ou contre toi. Toujours au même âge. » Elle aurait pu être en colère, mais elle ne semblait guère déterminée à cracher un quelconque venin enragé. Peut-être parce qu'elle s'était époumonnée pendant trop longtemps depuis sa prison psychique. Désormais, elle était en paix avec ses erreurs et ses drames.

Attrapant son verre, elle prenait le temps de boire une gorgée d'alcool tandis qu'elle songeait à Elatha. Au dedans, Darla sentait Leta alerte, prête à écouter le résumé qui concernait cette incarnation trop souvent passée sous silence.

L'intérêt de Leta fit soupirer Darla.
Mais dans un élan de résignation, elle reprit le fil de son récit.

« Et puis, il y a eu Elatha. » Commença-t-elle. « Elle était différente.. Notre mutation s'est éveillée trop tôt et sa famille a pensé qu'elle avait perdu la raison, alors, ils l'ont enfermé toute sa vie durant en hôpital psychiatrique. » Darla passait volontairement sous silence la dégradation progressive de son existence. « Elle s'est suicidée pour assurer un avenir à son fils né d'une relation adultère entretenue avec son médecin. Elle avait la certitude que le fait d'accepter sa mort changerait la donne et .. Elle a eu raison. » Il y avait pourtant une pointe de contrariété dans le timbre ainsi que dans le regard de Darla. Elle ne s'arrêta pas dessus et préféra jouer d'humour sur.. « Mais dis-moi, tu n'es pas médecin aujourd'hui ? » L'élément de concordance l'amusa brièvement alors qu'elle finit par s'adosser pleinement à sa chaise.

« Aujourd'hui, mon incarnation est encore différente et nous cohabitons. Leta est.. La conséquence de toutes ces vies passées. » Leta gronda au dedans ; elle n'appréciait guère d'être mentionnée. « Pour en arriver là où nous en sommes, il nous a fallu des années et.. » Elle ne put s'empêcher d'avoir un sourire, à défaut de compléter son récit concernant la teigne. « ..Leta me fait dire qu'elle ne t'aime pas. » Autant dire que la chose amusait Darla qui avait une posture infiniment plus philosophique que Leta concernant leurs vies. « Il faut dire qu'elle a vécu une partie de sa vie avec les cauchemars de nos morts.. » Fatalement, cela n'avait guère rendu Darius populaire auprès de la Banshee.

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L'aveu partagé, dans une nécessité salvatrice ; c'était le besoin de se libérer d'un poids séculaire qui avait motivé la Banshee. Et tandis que les mots mouraient entre ses lèvres, elle réalisait que la réalité n'en était pas moins pesante. Parce qu'elle arpentait désormais une terre qui n'était plus la sienne. De spectatrice, elle était finalement passée à actrice déboussolée, et ce simple état de fait la dérangeait profondément.

Fatalement, l'histoire de Darla appartenait à un temps révolu, à une histoire qui méritait de se conter ou de s'oublier afin de ne jamais être vécue à nouveau. Pourtant, elle était là, face à Darius, comme si des vies ne s’étaient pas écoulées sur le fil du temps. Comme si les lendemains qui avaient succédés à ce maudit jour de 1846 n’avaient jamais existés.

Pourtant, tout était arrivé.
Et l'incrédulité qu'elle décelait en demi-teinte derrière l'expression inchangée du vampire lui fit brièvement plisser les yeux.

« Je lis toujours en toi comme dans un livre ouvert, Darius. » Rappela-t-elle dans un entre deux alors qu'il finissait par s'étouffer à la mention de Leta. Cette dernière omniprésente grinça furieusement en entendant son prénom dans la bouche de leur meurtrier en chef. La force de sa présence gagna d’ailleurs brutalement en amplitude tandis que Darla demeurait paradoxalement immobile.

Comme toujours, seul son regard trahit la Banshee ; car ses iris grises changeaient de teinte dans la progression d'un échange silencieux. Et tandis que Darla s'incarnait dans l'expression d'un sang-froid remarquable ; Leta, elle, ne semblait guère apprécier la petite suffisance du Vampire.

L'une et l'autre le savaient.
Les mots qui menaçaient de sortir de sa bouche étaient moins sages.
Plus acérés.

Pourtant, Darla tentait de conserver la main mise sur ce corps qui ne lui appartenait plus depuis longtemps. La chose fut compliquée jusqu'aux excuses de Darius qui déstabilisèrent l'Originelle ; à cet instant, Leta se glissa dans la brèche des émotions éparses de Darla jusqu'à prendre sa place. Et fatalement, le changement s'opéra sous le regard incrédule du Vampire : La posture altière de Darla évolua pour adopter la détente relative de Leta. Farouche par nature, la Mercenaire possédait cette aura dangereuse, ce quelque chose qui trompait les apparences. Son regard céruléen, lui, était d'un bleu vivant tandis que ses traits n'avaient – étrangement – plus rien à voir avec ceux que Darla.

Lors que Leta porta enfin pleinement son regard sur Darius, il y avait une forme de défiance et de rancune au fond de ses prunelles. L'originelle n'avait pas menti ; Leta ne l'aimait pas.

« Ta Leta.. » Articula-t-elle lentement, avec son timbre plus haut et surtout, avec un accent parfaitement américain. Sans aucun doute, elle n'était pas Darla. « Il me semblait pourtant que Darla t’avais demandé un acte de foi ? Mh ? Non parce que ce petit air entre le mépris et l'incrédulité, on le connait. Toutes les deux. » Croisant les bras, elle s'adossa pleinement à sa chaise en continuant à détailler Darius. « Il n'y a ingérence que lorsqu'on est un invité indésirable, Darius. » Dans sa bouche, son nom à lui, était discordant. « Or, je suis un peu elle, mais elle n'est pas moi. Je suis sa conséquence.. Celle qui est arrivée en bout de course, après tous vos drames et toutes vos conneries. » Leta était immanquablement celle qui voulait vivre une vie qu'elle méritait.

« Je comprends pourquoi je fais un rejet catégorique des hommes en costard. » Parce que ce n'était plus à son goût ? « .. Parce qu'ils mentent. » Jugea-t-elle, alors que son regard s'illuminait de son éclat irisé. Au-delà des apparences de gentleman de Darius, Leta percevait son éternité de sang.

« Tes excuses, soit en sûr, elle les a entendus. Mais tu crois qu'après autant de vies de calvaire, un mea culpa suffit à panser des plaies si profondes ? » Demanda-t-elle finalement, de manière particulièrement – voir étrangement – sereine. « C'est une vrai question que je me pose.. Alors, je t'en prie, éclaire ma lanterne. » Ironisa-t-elle finalement avec l'ombre d'un rictus au coin des lèvres.

Leta ne demandait aucune justification, ni aucun autre mea culpa, elle cherchait plutôt à démêler le nœud de sa malédiction, celui qui avait touché Darla avant de l'atteindre par ricochet. En ce sens, elle ressemblait terriblement à la Darla d'autrefois ; à cette jeune femme fougueuse qui avait rassemblé les siens par conviction.
A celle qui s'était battue pour leur liberté à tous.

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Un sourire éphémère aux lèvres en reflet parfait à l'inquiétude de Darius ; Leta semblait savourer cette revanche inespérée sur ses nuits blanches. Elle savourait son ascendance sur ses peurs les plus terribles tout en faisant face à leur avatar. Drapée d'une aisance qui aiguisait l'ambiance soudainement tendue encore, elle ne sembla guère s'offusquer de l'ombre qui passa sur l'humeur de son interlocuteur.

Car contrairement à ce qu’il pouvait penser, elle le connaissait ; comme elle connaissait chacun de ses cauchemars.. De leurs prémisses jusqu'à leurs épilogues.

Elle connaissait cette fierté mal placée.
Cette colère qui bouillonnait sous la surface.
Ce monstre qui grondait derrière les grands airs de l’homme.

Après tout, il avait été son inspiration pour se forger sa propre monstruosité. Car c'était dans ses cauchemars que Leta avait trouvé le levier à son inhumanité ; ils avaient, tour à tour, tous justifiés sa facilité à assassiner, son aisance à oublier, et son habileté à couper court aux destins.  

Et puis, après tout, ne l’avait-elle pas dit ?
Elle était la conséquence de chacune de leurs erreurs.
Elle était les lendemains qui voulaient s'émanciper du destin.

« Je me fous de connaitre l'homme dans le costume lorsque je connais le monstre qui habite sa carcasse. » Claqua Leta finalement, avec une étrange froideur, le regard céruléen rivé sur celui du Vampire. « Darla est une grande dame, nuance. Une grande dame qui t’a sorti de tes bois, de ta misère, qui t'as élevé au rang d'homme lorsque tu n'en étais plus un. Elle t’a donné un but et t'as aimé. Darla est une dame qui pardonne et se repent de ses erreurs. » Alors que Leta, elle, elle ne pardonnait plus ; elle tuait.

« Je tenais à te faire face, au moins une fois, pour ne pas être un concept abstrait dans ton esprit. » Un nouveau rictus arqua les lèvres de Leta tandis qu'elle conclue son propos sur un.. « Je ne voudrais pas que tu sois surpris qu'un concept abstrait t'empêches à nouveau d'attenter à la vie de Darla parce que tu n'es pas dans ton bon jour. » C'était acide et moqueur, car Leta était la peste que n'incarnait aucunement Darla.

En parlant de cette dernière, un éclat mercure passa dans ses prunelles alors qu'elle haussa un sourcil. Parce que l’Originelle était bien sur là et au-delà de son silence, elle s'insurgeait face à l’échange acide ; bien assez pour bousculer la balance des présences. Le regard changeant, Leta toisa une dernière fois Darius tandis que le gris s'infiltrait progressivement pour laisser place à la Eyre.

Au bout d'un chapelet de secondes, Darla soupira tandis que sa posture évoluait tout autant que son expression. Dans un maniérisme qui lui était habituel, elle claqua la langue contre son palais tandis qu'un dernier éclat bleu passait dans ses prunelles.

Et puis, elle en revint à Darius.
Comme si de rien n'était.

Comme si tout était parfaitement normal.
Instinctif.

« Je crois deviner que vous ne vous appréciez pas.. Et je dois avouer que cela ne m'étonne pas vraiment. » Articula calmement Darla avant d'apostropher d'un signe de la main le serveur afin d'obtenir un nouveau verre.

Une fois chose faite, elle en revint au Vampire. « Leta ne devrait plus intervenir semble-t-il. Elle aime simplement faire bonne impression.. » Ironisa l'Originelle, absolument consciente du caractère de sa réincarnation.

« Quoiqu'il en soit.. » Enchaina-t-elle plus sereinement et plus sérieusement. « J'ai entendu tes mots et.. Je pense que nous avons beaucoup de choses à nous dire. Si nous ne le faisons pas pour nous, je pense qu'il est nécessaire de le faire pour les enfants. »

Les enfants.
Ces enfants qui n'en étaient plus.
Depuis trop longtemps.

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Le scepticisme campé au fond des iris océanes, Leta fixait Darius sans mot dire (ni maudire..  Enfin, presque). Donnant l'illusion parfaite de le transpercer du glaive du jugement, elle demeura plutôt la bouche close lorsque les paroles du Vampire prirent des allures de promesse crachée.

Une promesse qu'il lui était difficile d'assimiler.
Pas après tout ce temps.
Pas après toutes ces vies.

La mercenaire se garda donc de jouer à la roulette russe des émotions avec Dracula, préférant plutôt laisser sa place à la Banshee. Après tout, il s'agissait de leurs retrouvailles ; à eux. Le coup d'éclat avait rempli son rôle, tant et si bien que Leta pouvait se retirer avec l'esprit plus ou moins tranquille.

Ce fut donc Darla qui se permit de révéler la tension existante entre l'hier et l'aujourd'hui. A la réflexion de Darius, elle redressa sensiblement le menton alors que sa langue claquait contre son palais ; il était évident qu'elle était en désaccord avec son ancien amant.

« Ne soit pas si prompt à juger celle que je suis devenue au fil de mes vies, Darius.. » Lui demanda-t-elle avec son calme inébranlable. « Parce que quoique tu puisses en dire, elle demeure celle qui a dû se construire sur le champ de bataille de mes souffrances. » Un léger sourire revint sur ses lèvres alors qu'elle pencha le visage sur le côté. « Vois-tu, l'ironie de la situation veut que Leta ne jure que par le sang.. » Ajouta-t-elle en aparté en secouant le visage négativement avant de reprendre avec un peu plus d'amusement et de légèreté. « .. Et puis, elle est américaine. » Pour l'anglaise qu'elle était, le nouveau continent n'était pas l'eldorado des bonnes manières. Loin de là.

Assez rapidement néanmoins, l'amusement et le semblant de légèreté que s'était autorisé Darla s'effrita au gré des mots de son ancien amant. Lorsqu'il renia la filiation d'Octavian, elle ne put rien contester ; par contre, celle de Liam lui brisa le cœur.

Le regard triste, Darla perdit un peu de sa superbe lorsque les souvenirs affluèrent dans son esprit. Et si avec beaucoup, elle s'acharnait à manier les masques de la bienséance, une part d'elle savait qu'elle pouvait se dévoiler à Darius.

Parce qu'ils avaient été des acolytes.
Parce qu'ils avaient été des amants.
Parce qu'ils s'étaient aimés avant de s'oublier.

Ainsi, le Vampire avait déjà vu le pire et le meilleur de sa personne sans pour autant jamais déceler ses secrets. Pour autant, il n’avait pas eu le loisir de découvrir la mère soucieuse, la mère craintive, la mère torturée ; parce qu'elle ne s'était pas autorisée à livrer cette facette d'elle-même. Soudain, elle se demanda si cela aurait changé quelque chose à leur destin funeste, elle se demanda si tout aurait pu être évité si elle avait simplement renoncé à ses peurs.

Il était très certainement trop tard pour le dire.
Oui, trop tard.

« .. Tu voulais le tuer, lui. » Reprit-elle enfin, d'un timbre brisé qui trahissait encore combien l'expectative de ce geste avait pu la blesser intérieurement. Même dans le feu de l'action. Même après. « Tu as voulu tuer notre fils. Notre enfant. » Appuya Darla en inspirant lentement avant d'enchainer tandis que son regard se reportait sur les traits de Darius. « Je ne pouvais pas te laisser faire. » C'était une évidence. Parce qu'au-delà de la protectrice, elle était également et surtout la mère.

Une mère qui devait enfin se justifier de ses erreurs.
Celles-là même qui les déchiraient encore aujourd'hui.

Hésitante, Darla ne réfléchit pas vraiment aux raisons de son mensonge, parce qu'elle les connaissait par cœur. Elle douta plutôt du degré d'empathie de Darius qui rejetait déjà Liam, tout comme il avait pu jadis rejeter Alice. Mais finalement, au bout de quelques secondes, elle soupira ; elle soupira et renonça à prendre quelques détours que ce soit.

« La peur.. Simplement la peur. » Confia-t-elle enfin. « Durant des années, j'ai tout fait pour te rapprocher d'Alice. Je œuvrée sans relâche pour que tu acceptes d'être à nouveau son père.. Et au lieu de cela, je l'ai vu souffrir, pleurer ton absence alors même que tu étais dans la pièce adjacente. » Il n'y avait aucun reproche dans le timbre grave de la Banshee, elle ne faisait qu'expliquer. Expliquer l'essence de son ancienne peur. « Alors, lorsque j'ai appris que j'étais enceinte.. Une part de moi était heureuse, parce que je t'aimais au-delà de la raison et du bon sens. Et une autre a été prise d'une terreur qui ne m'a plus jamais quitté depuis. » Une terreur, oui. Etrangement, Darla trouvait le mot plutôt juste.

« Tu maudissais ce que tu étais, tu refusais d'être un père.. Alors, j'ai eu peur que toute cette haine intériorisée, ce mépris que tu cultivais soit transposé à notre fils. J'ai eu peur que tu lui fasses du mal.. » Un rire fugace passa ses lèvres pour marquer l'ironie sans joie qui éclaira son regard. « Quel échec cuisant.. » Vraiment, oui.

« Quoiqu'il en soit.. J'ai conscience d'avoir commis une terrible erreur. J'aurai surement dû te faire confiance. Je suis désolée. » S'excusa-t-elle, plus austère. Sa main attrapa son verre pour en boire une gorgée. Son regard se perdit un instant dans le liquide ambré. « En pensant trop bien faire, j'ai rendu malheureux ceux que j'aimais. » Elle reposa son verre et reporta son regard sur celui de Darius. « A l'époque, j'étais arrogante. Je pensais avoir toutes les réponses.. Mais je réalise aujourd'hui que ce n'était pas le cas. »

Aux dernières nouvelles

Une pensée rôda dans l'esprit de Darla, une pensée que Leta entendit résonner depuis ses tréfonds tandis qu'elle lui était indirectement adressée. Pour être élevée, il faut avoir eu des parents, capta Leta avant de museler Darla. Ces mots-là, elle ne devait pas les prononcer ; c'était une question de jardin secret et de fierté. Leta refusait de passer pour cette orpheline que l’on avait privé de famille, elle refusait de passer pour une enfant abandonnée dans le but d'attendrir le cœur de pierre du meurtrier qui avait scellé l'engrenage de leurs malheurs.

Elle n'avait que faire de son avis.
Elle n'avait que faire de ses considérations.

Un soupir se coinça dans la gorge de la Banshee tandis qu'elle détournait un instant le regard. Un éclat trop bleu dans l'iris trahit la fulgurance colérique de la réincarnation.

Soit.
Soit.. Elle ne dirait rien.
Darla ne dirait rien.

Et tandis que l'une retournait à son silence, l'autre reporta finalement sa pleine attention sur le Vampire. L'espace d'un instant, ses sourcils se froncèrent sous la force de l'interrogation et de l'incompréhension qui l’habitaient. « Qu'a-t-il fait ? »

Sans détour ou hésitation, Darla préférait connaitre les méfaits de son fils. Non pas pour le gronder ou l'invectiver d'arranger son attitude, mais plutôt pour connaitre celui qu'il était devenu.. Du moins, une partie de lui.

En son for intérieur, la Eyre possédait cette lucidité terrible ; celle-là même qui mettait en lumière les zones d'ombres de son fils. Elle l'avait vu grandir, elle avait vu les ténèbres le convoiter. Et si elle avait réussi à tenir en respect le mal, la mère ne douta pourtant pas un instant que sa disparition avait eu un effet terrible sur la mutation de son enfant.

Revenant aux mea culpa de l'un et de l'autre, la Banshee ne put s'empêcher de ressentir un dépit certain saupoudré de lassitude. « Je me suis pourtant évertuée à lui faire comprendre que tu ne l'avais pas abandonné.. Mais il faut croire que ce n'était pas suffisant. » Très certainement.. Ou alors, peut-être qu'un enfant souffrant de l'absence d'un parent ne comprenait finalement que ce que son cœur blessé lui permettait de comprendre.

Attrapant son verre afin de trinquer silencieusement à cette pensée aussi maussade que le reste de leur passé commun, Darla reporta ensuite son regard sur Darius. L'alcool à nouveau déposé sur la table, elle observa longuement les traits de son ancien amant tandis qu'il.. En venait enfin au raisonnement qu'elle s'était acharnée à vouloir lui faire comprendre à l'époque.

« .. Mieux vaut tard que jamais, parait-il. » Ne put s'empêcher de souffler la Banshee en laissant échapper un bref rire nasal. De tout ce malheur, il n’y avait surement pas de mal à prendre les choses avec un peu d’humour.. Darla l'espérait, car elle avait grandement besoin d'alléger son cœur alourdi par les retrouvailles.

Si les excuses furent acceptées d'un sourire, le regard ne tarda pas à échouer sur cette main tendue qui fit naitre en elle des émotions divergentes. Au dedans, la crainte profondément ancrée de Leta ressurgissait tandis qu'un équilibre maladroit se faisait avec l'assurance de Darla. Au dehors, la Banshee ne put s'empêcher de se mordre la lèvre inférieure tandis qu'elle tergiversait avec son alter ego étrangement muet.

Leta ne faisait pas de vague, elle ressentait simplement. Elle ressentait avec vibrance toute cette crainte cumulée au fil des siècles ; celle de voir une tragédie en trois actes se reproduire.

Confiance.
Puis trahison.
Et finalement mort.

Face à la brutalité des sentiments de Leta, Darla en eu un instant le souffle coupé. Lorsque, quelques secondes plus tard, l'air revint emplir ses poumons, elle riva son regard sur celui de Darius. Avec une réserve débarrassée de toute sa crainte, elle glissa sa main dans la sienne ; aussitôt, le contact fit naitre un frisson qui remonta le long de son échine jusqu’à faire vibrer son regard mercure. L'irisé se réverbéra dans ses prunelles tandis qu'elle relevait l’attention vers les fils de vie qui les liaient et les entouraient. « La peur n'évite pas le danger. » Cita-t-elle, un peu pour Darius et surement beaucoup plus pour Leta. Son regard s'abaissa pour retrouver celui du Vampire. « Je t'ai jadis laissé partir pour éviter un drame qui s'est finalement produit. Espérons que le fait de te retrouver –  cette fois-ci – contrecarrera les augures affirmant que je suis destinée à mourir dans la fleur de l'âge. »

Les doigts se déliaient et la main relâchait l'étreinte alors qu'une ombre passait sur les traits de la Eyre. Le fatalisme de Darius semblait tout autant contrarier la mère qu'il pouvait froisser la Banshee.

« Ton fils est habité par un monstre insatiable, il l'est depuis qu'il est enfant. » Et en cela, Darla trouvait le sort de Liam terrible. « J'ignore quasiment tout de l'homme qu'il est devenu, il a fui en me voyant. J'ignore tout du mal que vous avez pu vous faire.. Et j'ai conscience que les blessures infligées ne cicatriseront surement jamais. Mais vous êtes éternels, l'un comme l'autre. Alors.. Comme jadis, je vais espérer et croire. » L'espoir faisait vivre, disait-on.. Enfin, dans la plupart des cas. « Et s'il faut que j'attende cinq vies avant de dire que j'avais raison, alors, je vais patienter sagement. » Quelle patience.. Vraiment. « Par contre, je ne me placerais plus entre vous deux, si vous le permettez.. » Oui hein. Dans cette touche d'humour, Darla réalisa autre chose qui lui fit perdre son ébauche de sourire.

Et si elle n'était plus là dans cinq vies ?

Chassant cette pensée, elle se focalisa sur les nouvelles qu'elle n'avait pas eu en avant-première. L'étonnement, d'ailleurs, se lu sur son visage avant qu'un sourire soulagé ne vienne ourler ses lèvres maquillées. « C'est une excellente nouvelle. Je suis heureuse pour vous deux ! Il était temps que vous vous retrouviez. » Se réjouit-elle avant de finalement s'amuser d'une évidence qui les concernait l'un comme l'autre. « Tu ne trouves pas qu'il est compliqué d'être le parent d'enfants ayant près de deux siècles ? » Si peu.. « Ce sont des adultes, je n'arrive pas à savoir à quel moment je peux les materner. » Vraiment, entre le trop et le pas assez, Darla avait tout le mal du monde à trouver le juste milieu. Se focalisant sur l'ironie de la situation, elle évitait de songer à son absence, à tout ce qu'elle avait pu rater de leur vie, ou même à ce deuil qu'elle s'était infligée, persuadée de les avoir perdus au fil des vies.

Aux dernières nouvelles

Cela n'arrivera pas, jura-t-il, comme une évidence immuable. Si les mots n'avaient qu'une portée minime pour Darla, c'était plutôt le regard de Darius qui lui arracha un frisson tandis qu'elle le fixait en silence. Dans son regard qui s'illuminait d'un irisé bravant toute obscurité, il y avait un déchirement. Celui d'une douleur née des vies passées ; celui d'un espoir qu'elle craignait de s'octroyer. A contrario de Leta, Darla n'avait plus la même assurance d'exister. Elle avait une foi abimée envers ce destin qui l'avait trahi de la plus cruelle des manières.

« Alors, sache qu'il ne nous reste que quelques mois. » Confessa-t-elle avec une étrange franchise. « Nos fils de vies se nécrosent et la probabilité de notre mort se multiple, jours après jours. » Terriblement factuelle, Darla énonçait la réalité qu'elle percevait au travers de sa seconde vue. L'attention passant d'ailleurs des traits de Darius aux fils qui se liaient et se déliaient, elle les observa longuement. « De vie en vie, les choses changent.. Pourtant, une chose demeure. » Le regard de la Banshee revint se fixer sur celui du Vampire. « Ton regard, ta détermination. »

Et il lui avait déjà tant coûté ce regard.
Parce qu'elle était tombée pour lui.
L'amour l'avait d'abord cueilli.
Puis la mort l'avait fauchée.

Dans le fond, elle ne tenait pas responsable Darius responsable de cette fatalité, parce que tous deux, ils n'étaient finalement que des pantins. Des pantins dans un monde dirigé par plus grand qu'eux.

Et dans ce monde d’ailleurs, il y avait désormais leurs enfants. Des enfants porteurs de leur destin et de leurs fatalités. Darla s'en voulait souvent du fardeau qu'elle leur avait imposé. Pour autant, elle ne retenait qu'une chose concernant Alice et la femme qu'elle était devenue ; elle ne retenait qu'une chose concernant les retrouvailles offertes au vampire.

« Ce sérum a fait au moins une chose de bien, n'est-ce pas ? » Darla ne pouvait s'empêcher de se sentir fière, d'une certaine manière, d'avoir réussi là où elle était demeurée certaine – pendant deux cent ans – d'avoir échoué. « Je pense que désormais, nous n'avons plus qu'à les aimer comme ils le méritent. » Conclut elle, certaines que leur place de parents n’était définitivement pas commune. Elle était même unique, en un sens.

Pour autant, Darius avait raison de penser que leur rôle avait gagné en complexité. Mais dans le fond, tout n'était qu'une question d'adaptation. Ni plus, ni moins.

Lorsque les parents qu'ils étaient se recentrèrent sur le quotidien de Darla, cette dernière prit quelques secondes pour noyer ses pensées dans le liquide ambré dont elle but une gorgée. Expliquer son quotidien avec Leta avait quelque chose d'interdit et de complexe. Et finalement, plus la Banshee y pensait, plus elle se rendait compte que la réponse qu'elle allait fournir dépassait le simple cadre du quotidien.

Très paradoxalement, la chose finie par la faire brièvement rire alors qu'elle reposait son verre sur la table. Un bref éclat bleu trahi une parole bien sentie de Leta qui fit discrètement hausser les épaules à l'Originelle.

« Je viens de me rendre compte que ta question est complexe.. » Qu'est-ce qui ne l'était pas, dans sa vie ? « Enfin.. Désormais, plus rien n’est simple. » Se répondit elle avec un semblant de moue.

« Au début, il n'y avait que Leta d’une part et moi – d’autre part – dans ma.. Prison mentale. » Elle ignorait comment définir la chose autrement. « Et puis, Leta a grandi dans une famille anti-mutante. Je l'ai vu haïr ce que nous étions avec une détermination à toute épreuve.. Après tout, tu sais combien je suis têtue lorsque je décide de l'être. » La pointe d'ironie révélait un amusement et une absence totale de rancune. « Puisque nous ne pouvions communiquer ensemble, elle a fait l'erreur de vouloir s'installer une mod. Son état de mort imminente m'a permis de sortir de ma cage et je l'ai aidé à survivre.. Sauf que j'étais contrariée. » Darla avait un flegme a tout épreuve, pour autant, ses colères étaient inversement proportionnelle à son calme. « Donc, à cette période, oui, nous avons fait du 50/50.. Contre son gré. De mon côté, j'ai dû reprendre mes marques dans ce monde, j'ai tenté également de communiquer avec elle.. Sauf que ça n'a eu pour effet que de la persuader qu'elle était malade, et peut-être même folle. » C'était honnête au moins.. Honnête et étrangement libérateur. « Leta s'est finalement faite engagée par Icarus.. » Articula-t-elle en fixant Darius, parce qu'à présent, il pouvait y voir le parallèle. Et pire encore.. « Elle gérait les laboratoires secrets dont ton laboratoire était la couverture. Les laboratoires où ils font des expériences sur les mutants. »

Une colère noire vibrait dans l'aura de la Banshee. C'était les colères associées de Leta et Darla. Parce qu'à défaut d'avoir honte, la réincarnée préférait s'accrocher à sa rage intérieure, tandis que Darla ne pouvait s'empêcher d'en vouloir à leur ennemi passé.

« J'ai tout fait pour tenter de faire réaliser à Leta qu'elle était une mutante. J'ai finalement réussis.. » Oui, en poignardant son ancien fiancé, mais cela, elle se gardait de le mentionner. « Et Icarus a finalement compris. Ils ont compris ce qu'on était et nous sommes passés de chef à prisonnière. Pendant trois semaines. » Une retenue transpirait dans les mots articulés par Darla. Une retenue qui dissimulait le calvaire qu'elles avaient vécues. « A partir de là, tout mur existant entre nous s'est effondré. Désormais, notre cohabitation a quelque chose de fluide. Comme si nous étions deux morceaux indispensables à un seul puzzle tout en conservant notre individualité. » Tout cela parce qu'elles avaient besoin de l'une comme de l'autre pour exister tout simplement.

« Alors, nous n'avons pas de planning ou d'heure comptée. Si j'ai besoin de vaquer à mes occupations, je le fais. Ensemble, nous gérons.. » Le regard de Darla se figea tandis qu'un éclat bleu inonda ses iris.

Si Leta avait accordé le droit à Darla de parler de sa vie, elle avait – par contre – une réserve et une méfiance naturelle lorsqu'il fallait aborder le sujet de leur métier bien particulier. Coulant un regard vers le serveur présent, elle le jaugea un moment tandis que ce dernier était trop loin pour entendre quoique ce soit. De toute manière, elle avait parlé de l'Unité M sans la nommer.. Alors, le pire aurait déjà pu arriver. Du moins, ce fut avec cet état d'esprit là que Darla tenta de contre-carrer avec difficulté la paranoïa de Leta.

Darla en revint finalement à Darius.
Elle hésitait toujours.
Et puis finalement, elle claqua la langue contre son palais pour marquer un semblant d'agacement.

« Nous gérons un hôtel dans Crimson Bay, un hôtel particulier. Le Babel. » Attrapant son sac, elle sortit de ce dernier une pièce d'or et la glissa devant Darius. « Ceci est l'acte de foi de Leta.. » Tout cela parce que Leta avait confiance en Darla. « Si tu veux nous voir là-bas, tu auras besoin de ce gold. Il est à usage unique. » Conservant un index sur la pièce, elle garda le regard rivé sur celui de Darius. « Je te l'ai dit tout à l'heure, Leta ne jure que par le sang. C'est ce qui fait d'elle une excellente mercenaire. »

Le mot était lâché.
L'activité était révélée.
Mais elle, que faisait elle dans tout cela ?

« En ce qui me concerne, je n'ai plus le cœur de réunir nos anciens comparses. Car j'ai longtemps pensé que nous avions réussis notre mission, mais aujourd'hui, je n'en suis plus certaine. Pas lorsque je vois ce que le monde est devenu. » Un monde dirigé par les corporations. « Lorsque nous avons été libérées du laboratoire.. Tout était.. A vif. » Darla se souvenait encore de la douleur et de la colère. Elle se souvenait combien elles s'étaient brisées. « Notre libération s'est faite au prix de l'identité de Leta. Elle a tout perdu. Alors, je lui ai offert mon nom, mon héritage.. Ce qu'il restait des Eyre, en pensant que nos enfants n'existaient plus depuis longtemps. Mais surement est-ce ce choix-là qui les a fait venir. » Et donc qui avait fait venir Alice.  « Quoiqu'il en soit, désormais je suis partie prenante dans Babel. »

Babel qui s’auréolait de son lot de murmures.
D'hôtel à organisation de mercenaires.
C'était un monde à part.

Darla se demandait si Darius allait la juger pour son choix de vie. Un choix qui s'écartait de tout ce qu'elle avait pu jadis faire. Un choix qui trahissait le besoin de contrecarrer le destin.

Aux dernières nouvelles

Si en d’autres circonstances, Darla aurait pu se satisfaire de la reconnaissance de Darius, il s'avéra que dans le cas présent, ses regrets étaient bien plus puissants que son orgueil. Parce qu'elle regrettait le chemin pavé de souffrance et d'absence qu'avait dû arpenter leur fille, mais aussi ses deux frères. Elle regrettait qu'une éternité se soit écoulée depuis leurs malheurs communs. Et surtout, elle regrettait que leurs retrouvailles – avec le Vampire – aient prit autant de temps avant de se faire.

Malgré tout, la Banshee ne pouvait s'empêcher de ressentir cette promiscuité qui avait jadis eu raison de sa peau. Elle ne pouvait s'empêcher de ressentir le lien qui l'unissait à Darius. Peut-être parce qu'ils étaient tous deux des créatures de mort, ou peut-être parce que le destin était ainsi fait. Elle n'en savait rien.. Au bout de deux cent ans, elle n'avait toujours aucune réponse, aucune justification quant à cette confiance qu'elle ne parvenait pas à reprendre au Anderson.

Pourtant, elle le savait.
Ils s'étaient trahis.
Ils avaient versé le sang.
Et les larmes.
Ils avaient tout brisé.

Et pourtant, comme dans une évidence, ils étaient encore là.
A se faire face.
A compter l’un pour l’autre.

D'ailleurs, lorsque Darius s'excusa pour son ignorance, Darla ne fit que lui adresser un sourire tandis que son visage signait à la négative. Ce n'était pas vers lui que sa colère se dirigeait, ce n'était pas à lui qu'elle octroyait toute sa haine.
Plus maintenant.

Car finalement, en autant de temps, leur ennemi n'avait pas changé. Il avait simplement grandi, allant jusqu'à étendre son ombre sur un monde inconscient. Un monde désormais peuplé en parti de leur héritage, à eux, les originels.

Un sourire malicieux ourla les lèvres de la Banshee lorsqu'elle capta tout l'effort fait par Darius pour réfréner son envie de la juger concernant ses activités professionnelles. Pour la première fois depuis leur entrevue, elle sembla même retrouver sa légèreté d'âme ; dans son regard, il n’y avait désormais aucun ras le bol, ni aucune trace de susceptibilité face à l'incompréhension du Vampire. Non, au lieu de cela, Darla s'amusa plutôt de la réaction de son ancien amant.

« Je vois que tu as toujours cette petite ride-là, lorsque tu te retiens d'émettre un jugement.. » Désigna-t-elle de l'index avant d'avoir un léger rire.

Concernant son activité, elle enchaina plutôt simplement et avec une aisance qui lui appartenait. « Surement pas.. » Non, ce n’était définitivement pas qu’une histoire d’argent. Elle s'accorda quelques secondes de réflexion en fixant les traits du Vampire avant de reprendre. « L'argent n'est qu'un moyen parmi d'autre pour construire une tour qui pourra atteindre les cieux. » Babel, c'était là que se trouvait la symbolique. Une symbolique à laquelle Darla comme Leta accordaient une grande importance.

« Je ne te cache pas que ce qui nous a d'abord motivé était un besoin brulant de vengeance.. Parce que tout était.. » elle soupira, incapable de définir son calvaire. Un peu par pudeur, mais également parce que leur simple verbalisation ne leur rendait pas justice. « Mais Leta a pensé au-delà de la douleur, de la violence, et de la vengeance. Elle a réuni des êtres incapables d'accorder leur confiance, des êtres autant en colère qu'elle. Des êtres solitaires par essence. » Surement que cette histoire n'était pas sans rappeler une autre histoire qu'ils avaient vécus, ensemble.

« ..Et quelque chose s'est produit. Un lien. » Un nouveau sourire ourlait les lèvres de Darla. « Parce qu'aucun d'entre eux n'est un mercenaire ordinaire. Ils sont tous le résultat de ce qu'un géant à fait d'eux. Alors, ils se comprennent. » L'espace d'un instant, le regard de Darla fluctua, témoignant de la conviction de Leta.

« Je n'ai plus vocation à rassembler les originels.. Mais Darius, je ne peux pas simplement abandonner ce monde. Pas maintenant que nos descendants y vivent et doivent l'endurer parce que nous n'avons pas réussi à faire disparaitre Icarus durablement. » Elle inspira, ayant retrouvé tout son sérieux depuis un moment déjà. « Leta a hérité de ce feu que j'avais, de cette motivation qui m'habitait jadis. Certes, elle le canalise autrement.. Dans une activité où tu ne m'aurais jamais imaginé. Mais.. » Un soupir s'en suivi. « Tu le sais, ce monde est dur. Peut-être même bien plus dur que celui que nous avons connu autrefois. Alors, il faut s'adapter.. En prenant le temps de construire quelque chose de durable, de solide et d’ambitieux. »

Aux dernières nouvelles

Un sourire gorgé de malice ourlait les lèvres de la Banshee tandis qu'elle observait Darius aux prises avec sa conscientisation ; c'était indéniablement dans ce genre d'instant que Darla avait la sensation d'être la seule personne au monde à le connaitre aussi bien qu'il pouvait la connaitre. Mais possédait-elle encore véritablement ce privilège après deux siècles de séparation et de douleur ? Au fil de ses réflexions et de son questionnement, l’amusement s'étiola doucement tandis qu'elle détournait le regard vers son verre vide.

Il n'était pas en train de juger, affirma-t-il et elle avait grand mal à le croire. Parce que si Darla avait appris une chose au fil des vies en jouant la spectatrice, c'était que le jugement était inhérent à tout être vivant alors même que la compréhension était un mécanisme à apprivoiser. Rares étaient les personnes capables de comprendre et d’accepter sans une once de jugement.. D’ailleurs, Darla elle-même ne se plaçait aucunement comme figure d'exception.

« J'en ai conscience. Ma simple présence après tout ce temps est .. Difficile à digérer en soit. » Acquiesça-t-elle, tandis qu'elle savait que tout ce qui accompagnait sa simple présence complexifiait encore l'équation de leurs retrouvailles. « Il aurait surement été plus simple que je reste morte et enterrée, mais je crois que je n'étais pas prête à mourir, à l'époque. » Contrairement à toutes les autres, à toutes celles qui lui avaient succédés. « Je n'ai jamais su renoncer. » Ironisa-t-elle avec une pointe d'amusement assumé, parce que cette détermination était ce qui avait fait d'elle la leader qu'elle avait été.

Au-delà d'être têtue ou déterminée, Darla était bornée.
Sacrément bornée.

Et ce n'était très certainement pas leur monde tombé en désuétude qui allait briser ce qui l'animait. Pour autant, elle avait appris de ses erreurs ; chacune d'entre elles l'avait abimé avant de la façonner autrement. Si une part de la Banshee brillait en Leta ; une autre, plus morcelée, existait au fin fond de l'essence de l'Originelle. Et c'était finalement la cohabitation de l'une et l'autre qui engendrait la renaissance.

Avec une vision du monde renouvelé.
Avec une ambition métamorphosée.
Ce qui avait finalement donné.. Babel.

« Sais-tu ce qu'il faut à une personne pour croiser un jour la route d'un mercenaire, Darius ? » Rebondit-elle lorsqu'il la mise en garde quant à la rencontre de ses proches ( à lui ) avec ses mercenaires ( à elle ). « Il faut soit être excessivement malchanceux, soit terriblement gangréné par ce monde.. De dégénérés. » Dans le premier cas, les malchanceux devenaient les clients de Babel tandis que dans le second, ils appartenaient au système à abattre.

Entre les deux extrêmes, il existait tout un monde où Darius pouvait aisément naviguer avec ses proches. Si on oubliait la probabilité selon laquelle un de ses proches fassent finalement parti de Babel ; N'est-ce pas Neal ?
Le monde était finalement bien plus petit qu'il n'y paraissait.

Reportant son regard sur la pièce d'or, Darla la jaugea un moment avant d'en revenir au Anderson. « Le marché noir, essentiellement. » Se contenta-elle de répondre finalement avant d'inspirer longuement en pensant aux nouveaux lendemains qui les attendaient.

« Entre nous.. » Articula-t-elle, le regard dans le vague et l'esprit encore incapable de recontextualiser entièrement ce nous qu'ils formaient envers et contre tout. « J'ai eu beau me préparer mille fois à nos retrouvailles, je me sens pourtant perdue. » Confia Darla avec franchise tandis qu'elle reportait son regard sur son ancien amant dont elle analysait soigneusement les traits. « Tout ce dont je suis certaine, c'est qu'il n'y aura ni vengeance, ni guerre. Pas entre nous. » C'était là l'unique certitude que possédait la Eyre. « J'ai déjà tenté de te maudire, de te haïr, de te distancer, ou simplement de te détester, et le destin me l'a toujours fait payer. Alors, d'après toi, quelle conclusion dois-je en tirer ? Sinon que je devrais faire la paix avec ce qui nous a séparé puis déchiré ? »

Les iris mercures s'illuminèrent d'un éclat irisé tandis qu'elle portait son attention au-delà de la réalité le temps de sa réflexion.

« Nos destins ne se sont jamais déliés. Aujourd’hui encore, j'ignore quelle sera notre finalité ou si même nous en auront une. » Toute son attention se reposa finalement sur Darius. « J'ai connu une multitude de versions altérées de ce que tu aurais pu être et chacune s'est perdue dans ses choix. » En succombant à la colère ou à la folie, en trahissant les figures de la Banshee ou en mettant un terme à sa vie. Darla se souvenait encore de chacune d'entre elles. « Aujourd'hui, je pense que j'ai besoin de me rappeler de qui tu es vraiment et de découvrir qui tu es devenu durant mon.. Absence. Qu'en dis-tu ? » Lui demanda-t-elle, déterminée à leur offrir un futur qui saurait évincer le passé.