In a tidal wave of mystery, you'll still be standing next to me ~ Caleb & Willow

“In some indefinable way he felt drawn to her, as if he already knew her, as if they had been close friends, soulmates even, somewhere in a previous existence. Her mere presence seemed to calm his thoughts, saving him from the vicissitudes of his mind.” @Willow Bowman

Avant de rencontrer Brynja, Caleb n’avait jamais envisagé de devenir père un jour. C’était même une chose qu’il avait soigneusement évitée, ne désirant pas condamner son éventuelle progéniture au même sort que lui. Et puis, Emilia était arrivée et s’il n’avait pu s’empêcher de s’inquiéter comme jamais dans un premier temps, il s’était rapidement découvert une forte tendance à se montrer surprotecteur. Caleb était devenu de ces parents qui avaient toujours un œil, voire les deux, sur leur enfant. La disparition prématurée et brutale de son épouse n’avait fait qu’empirer les choses. Du haut de ses cinq ans, la petite fille ne réalisait pas encore qu’il en faisait beaucoup, beaucoup trop. S’il ne se reprenait pas à temps, cela deviendrait peut-être un problème. Il le savait. Et pourtant, il était incapable de s’en empêcher. Sans doute aurait-il réfléchi à deux fois avant d’accepter le poste à l’université si Willow n’avait pas été là pour s’occuper d’Emilia tandis qu’il enseignait. Il aurait facilement pu compter sur les doigts d’une seule main les personnes à qui il aurait accepté de confier sa fille. En dehors de l’Anglaise, peut-être y avait-il Maddox et… C’était à peu près tout. Et bien assez, si on lui demandait son avis. Et puis, c’était facile. Emilia s’était vite attachée à Willow, un peu trop certainement, pour combler le vide laissé par sa mère. Caleb le lui avait pourtant répété, avec toute la délicatesse dont il était capable, Willow n’était pas là pour remplacer Brynja. Elle n’en avait d’ailleurs aucunement l’intention. La petite semblait l’avoir compris ; elle lui disait que sa mère était partie rejoindre le reste de leur famille dans les endroits qui apparaissaient dans les mythes et légendes qu’il lui racontait depuis qu’elle était toute petite. Sans doute que cela aidait, de savoir avec certitude qu’il y avait bien un après. Difficile d’en douter, quand on pouvait comme lui communiquer avec les morts dans l’au-delà.

L’air de la campagne, même américaine (Caleb était-il biaisé ? Assurément) était revigorante. New Blossom était ce qu’elle était, une mégalopole comme il en existait des dizaines et qu’il avait longtemps évitée pour des dizaines de raisons. Si c’était une destination qui lui avait semblé inévitable, il ne l’appréciait pas vraiment pour autant. L’Angleterre, l’Écosse, la Norvège, lui manquaient. Pour Emilia, c’était une véritable découverte. Elle avait hâte de faire sa première rentrée scolaire ; autant dire que son père ne partageait pas son enthousiasme sur la question, mais il avait promis de lui trouver une école qui lui conviendrait. À peine étaient-ils arrivés à la maison de campagne de Willow que déjà, Emilia gambadait dans le jardin. Caleb connaissait suffisamment sa fille pour savoir qu’il ne servait à rien de lui demander de ralentir, elle était bien trop excitée par tout ce qu’il y avait à découvrir pour ça. Sans vraiment la quitter des yeux, il récupéra leurs affaires dans le coffre de la voiture. Il ne fallait surtout, surtout pas oublier la peluche préférée de la petite fille. De son vivant, sa femme ne manquait pas d’humour. Ce n’était pas un hasard si ce n’était qu’avec un petit dragon rose qu’Emilia acceptait de s’endormir. Sacs lancés sur l’épaule, il sourit en entendant son amie appeler sa fille à l’intérieur. C’était peine perdue, à présent qu’elle avait vu la balançoire, elle ferait la sourde oreille. Voilà pourquoi Caleb l’attrapa au vol, comme un sac de pommes de terre qu’il coinça sous son bras, et tant pis pour ses petites protestations qui n’eurent pour effet que de le faire rire. Elle pourrait bien gesticuler autant qu’elle le voudrait, elle n’échapperait pas à son père. Elle dut vite s’en rendre compte, puisqu’elle fit la grimace en même temps qu’elle décida de faire le poids mort, avec autant d’élégance qu’une poupée de chiffon.

Du bout du pied, Caleb referma la porte derrière eux, avant de redéposer sa fille au sol, puis leurs affaires. « Tu auras tout le temps de profiter de la balançoire demain, quand le soleil sera dehors. Tu ne voudrais quand même pas attraper froid ce soir et passer le weekend au lit, pas vrai ? » Emilia fronça le nez, afficha une petite moue déçue avant de soupirer en rentrant la tête dans les épaules. « Non… » Caleb ébouriffa sa tignasse et lui montra d’un signe du menton la peluche qui dépassait de son sac, qu’elle s’empressa d’aller récupérer. « Attends un petit peu et on fera visiter la maison à Monsieur Fumée, d’accord ? » Emilia acquiesça, puis commença à vagabonder dans l’entrée, le salon. La maison avait du cachet, c’était certain. Caleb n’aurait su dire pourquoi, mais il ressentait une mélancolie soudaine. Il fronça légèrement les sourcils, s’éclaircit la voix et fit à son tour mine de s’intéresser à la décoration. « Je dois admettre que cet endroit est beaucoup plus à mon goût que la ville… J’imagine qu’il n’y a pas une petite université à laquelle je pourrais enseigner, dans le coin ? Une bibliothèque, peut-être ? Un cercle de lecture ? »  Caleb eut un petit rire. Il était de nature solitaire, la plupart des années de sa vie s’étaient écoulées loin du reste du monde, loin de la civilisation. C’était toujours étrange pour lui de constater que le Dragon grondait toujours bien plus dans les océans de métal et de béton que dans les petits coins de nature ou les étendues sauvages. Probablement que les âmes étaient plus tranquilles, là où elles n’étaient pas entassées. Il secoua la tête pour éviter de s’enfoncer dans de trop sombres pensées et passa une main dans ses boucles noires. « Tu nous fais visiter ? »

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