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pretty as a picture (clem & lucian)

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Within your eyes I see that starlight of old
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La seule robe qui soit potable date de… elle ne sait pas de quand elle date. D’il y a trop longtemps, probablement, puisqu’il s’agit d’une robe bleue à fleurs qu’elle a probablement portée avant d’atteindre l’adolescence. L’autre robe (si on peut encore appeler ça comme ça) a l’ourlet du bas décousu, et des taches de javel, de surcroît. Lucero se demande vaguement pourquoi elle n’a rien d’autre d’un tant soit peu approprié, avant de s’offrir tout aussi vaguement la réponse: pas l’occasion, pas l’argent, l’habitude de porter un pantalon et une chemise qui la font ressembler aux serveurs qui se promènent avec les plateaux de canapés. Mais le vernissage auquel Clem l’a conviée est à l’Hyperion, et l’ambiance est bien différente des autres événements bien moins prétentieux auxquels ils assistent à l’occasion. Et donc, elle passe la semaine précédent le vernissage à fouiner dans toutes les boutiques vintage qu’elle trouve pour dénicher, sinon la perle rare, au moins quelque chose de pas trop cher qui s’accorde avec l’esthétique de l’hôtel.
La perle rare se révèle être une courte robe noire couverte d’un voile, à l’ourlet recouvert de plumes, et se trouve à avoir résidé de nombreuses années dans un garde-robe rempli à ras-bord de boules à mites.
N’empêche, elle est vachement jolie. Ne reste plus qu’à espérer que l’odeur s’en ira d’ici là.

Lucero gravit l’escalier principal de l’Hyperion d’un pas assuré - elle n’y est jamais allée, mais elle maîtrise bien l’art de paraître à son aise partout. Juste là, derrière la porte tournante, se trouve Clemente. Alors qu’elle le rejoint (sans trop de presser), elle balaie le hall d’entrée du regard, examine rapidement les autres visiteurs comme pour s’assurer de ne pas trop faire tache. « J’ai toujours voulu porter ce genre de choses, dit-elle en ajustant l’un des gants de soie noirs qui grimpent juste au-dessus de ses coudes. Ils sont tellement élégants ! » Et puis elle examine Clem de haut en bas, laissant échapper un léger soupir. « Tout te va, c’en est presque frustrant. » C’est un compliment.

Une enseigne holographique à l’effigie d’un majordome leur indique le chemin vers une salle de réception au deuxième étage, et Lucero glisse son bras sous celui de Clem pour l’entraîner vers l’escalier. « J’espère que le champagne sera de meilleure qualité que la dernière fois. » Toutes les salles n’ont pas le même budget, mais elle songe qu’il faut avoir un peu de fierté, dans la vie, et que de ne rien servir du tout est préférable à l’horrible piquette qu’ils ont eu l’horreur de goûter au dernier vernissage. Elle accepte tout de même le verre qu’on lui présente à l’entrée. « Je pourrais m’y habituer. » Le décor, la musique, même les coupes à champagne, tout est incroyablement rétro et, il faut l’avouer, d’un charme fou. « Qui vient-on découvrir, déjà ? »

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À choisir, tu préfères les événements où vous pouvez vous présenter après le travail, encore vêtus de vos fringues de tous les jours. Où vous pouvez ensuite aller partager un resto, un verre, un café, sans sembler déplacés. Où tu peux raccompagner la brune dans Queen Brook’, avant de repartir pour les limites de Crimson Bay. Ce serait toutefois cracher dans la soupe que de nier le plaisir d’avoir réussi à obtenir des entrées pour ce vernissage à l’Hyperion.
Puis, l’occasion fait le larron, et de t’habiller chic chic (sans sembler être habillé pour un mariage), tu as très rarement l’occasion, justement. Autant y mettre un réel effort afin de faire honneur à la dame qui sera à ton bras.

Tu es vêtu de noir de la tête aux pieds. Pantalons et chemise, cravate et veston. Que tu n’aimes pas spécialement, d'ailleurs, toujours convaincu que tes épaules sont trop larges pour que ce vêtement te soit seyant (commentaire jadis partagé à Chung-Hee, qui t'a regardé avec un tel outrage qu'on aurait pu croire à l'insulte personnelle). Coiffé comme tu le peux, les cheveux rabattus vers l’arrière, tes bijoux en argent en seul point de distraction de ton apparence. Tu te sens un peu déguisé, mais tu fais très bien semblant. Premier arrivé, plus ponctuel que nécessaire, ton manteau déjà confié au vestiaire. « Cette vieillerie ? », minaudes-tu sans gêne, les cils battant contre tes joues, en tirant sur un des pans de ton veston (tu la sais sincère, ça te fait plaisir, tu te sens un peu mieux, plus à l’aise, la confiance de Lucero déteint sur toi). Un grand sourire éclaire ton visage et tu remontes tes lunettes de vue sur ton nez, pour mieux retourner un regard appréciateur à ta compagne du soir. « Merci. Cette robe et ces gants te vont à ravir, Lucero. » Elle peut bien parler, en prétendant que tout te va bien : elle est jolie comme un cœur et probablement qu’un sac poubelle lui irait comme un gant.

Par habitude, tu te places à sa gauche, ton bras enroulé au sien. Tu préférerais la voir, mais à choisir, il vaut mieux qu’elle soit ta vision du côté droit pour la soirée. « Il ne faudrait pas que quoi que ce soit de moindre qualité soit servi à l’Hyperion », réponds-tu à Lucero lorsqu’il est question de champagne. L’ironie dans ta voix n’est pas qu’une hallucination auditive. Par habitude, tu jettes un dernier coup d'œil à ton téléphone lorsque tu le sens vibrer dans la poche intérieure de ton veston : une excellente décision, comme le révèle ton expression soudain ravie. Tu éclaires l’affaire auprès de ta camarade : « Lucian. Troisième larron dont la compagnie vous manquait, ce soir, pour compléter votre petit groupe. Il a réussi à se libérer. » Ce qui le retenait ailleurs, tu ne sais pas, mais tu n’es plus dans le Recon team : tu ne poses plus trop de questions, ou pas dont tu sais déjà que tu ne veux pas nécessairement les réponses. Quoi qu’il en soit, tu es content que l’homme vous rejoigne à l’élégant hôtel.

Tu occupes ta main libre d’une coupe de champagne, dès ton téléphone rangé et la troisième invitation envoyée au Holmes. « Nous venons découvrir un couple d’artistes. De mémoire, bon élève comme trop souvent, tu cites la phrase de présentation du vernissage sur le feuillet passé à la librairie : ”Mara et Domina font une réinterprétation moderne de l’expressionnisme abstrait, dans leur nouvelle exposition intitulée, pause dramatique, Excelsior”. » L’art, l’endroit, tout ça ne te surprend pas. Il y a un arrimage logique entre les deux et même à faire une telle exposition en cette année de grâce, de vingtième (sombre) anniversaire de la destruction de la ville.

Disons que cette description ne veut absolument rien dire et que tu as très hâte de voir en quoi ces dames comptent réinterpréter ce mouvement central de l’école de New York.
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Le compliment fait mouche, et même si Lucero sait qu’elle est jolie comme un coeur, l’entendre lui fait toujours plaisir - et Clem n’a pas mentionné l’odeur, ce qui en soi est une grande victoire - et son visage se pare un instant d’une expression un brin suffisante, qui se mue en sourire sincère. Elle a de la chance d’avoir trouvé Clemente: tous deux sont suffisamment différents pour qu’on se demande comment diable ils se sont liés d’amitié, mais suffisamment semblables pour que, en dépit de tout, ils s’accordent comme cul et chemise. Les compliments sont d’autant plus doux qu’elle adore le libraire; elle sait qu’il voit plus loin que le masque, et c’est bien plus précieux.

« Ça ternirait certainement leur réputation, qu’elle répond d’un ton sérieux. Je n’oserais plus mettre les pieds ici. » Comme si elle avait le budget pour y prendre une chambre, pour y dîner dans ses plus beaux atours. C’est presque un miracle qu’elle y soit entrée, et elle n’a rien à y voir - les invitations ont été obtenues par Clemente (elle espère qu’il ne les a pas payées). Un sourire fleurit sur le joli minois de son ami, et elle s’agace presque de savoir que c’est son téléphone, et pas sa pointe d’humour, qui le réjouit. « Lucian. Les sourcils haussés, l’espoir de voir la fin de son explication annoncer la présence de leur fier compatriote. Il a réussi à se libérer. » Luce s’imagine qu’elle peut bien le lui pardonner, dans ce cas. Elle a aussi hâte de voir Lucian, ou plutôt, de se pavaner avec les deux hommes à son bras. Bien qu’elle n’apprécie pas les deux amateurs d’art que pour leur apparence, elle doit avouer qu’à eux trois, ils attirent bien des regards, et elle aime tout particulièrement susciter la jalousie.

« J’espère que tu as dit à Lucian qu’on commencerait sans lui. » Pourtant elle ne fait pas mine de porter son verre à ses lèvres, choisissant plutôt de parader la coupe comme on ferait d’un accessoire luxueux. Ses talons claquent sur le parquet, d’un rythme lent et posé, jusqu’à ce qu’ils atteignent les marches couvertes d’un tapis couleur d’émeraude. « Considérant la description de l’exposition et le choix de venue, où crois-tu que cette collection se situe, sur une échelle de farfelu à fracassant ? » Elle se demande si elle réussira à les embarquer, tous les deux, dans un pari aux paramètres flous dont elle a le secret. Mirifique et mirobolant sont des qualificatifs qui se mesurent, assurément ?
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Le soupçon de vexation de Lucero s’est vite dissipé avec la nouvelle de la venue de Lucian, remplacée par une mesquine satisfaction qui flatte ton mince ego. Un plaisir certain à t’attacher aux émotions un brin égoïstes de ta camarade. Tu hoches la tête à ce qui est davantage une déclaration, plus qu’une question, de la Cortes. Lucian saura où vous trouver, il a son invitation en main, et vous le prendrez quand il arrivera (sans sous-entendu scabreux). « Il sait aussi que nous lui en voulons terriblement pour son retard. » Absolument pas. Tu observes les autres personnes invitées, celles de marque autant que quelques chanceux qui, comme vous, ont réussi à entrer dans l’élégant hôtel. Un photographe qui vous dépasse afin de rejoindre le haut des marches quatre à quatre, une starlette dont le visage gracie trop de panneaux publicitaires entre Crimson Bay et Solaris. Des gens qui, tu t’en doutes, n’ont pas grand-chose à faire du vernissage et encore moins de l’art.
Tu regrettes encore moins d’avoir manigancé pour récupérer ces invitations, serait-ce en usant de façon rusée de ta mutation.

« Considérant la description de l’exposition et le choix de venue, où crois-tu que cette collection se situe, sur une échelle de farfelu à fracassant ? Je dirais, tu pondères ta réponse pendant une seconde, les yeux fixés sur le tapis à la riche couleur, davantage farfelu, certainement pas fracassant. » T’attends-tu à quelque chose qui révolutionne l’art, qui brise des barrières, qui redéfinit l'expressionnisme abstrait, de la part d’un vernissage tenu dans un lieu tenu par Icarus ? Bien sûr que non. Tu es plutôt prêt à quelque chose de juste assez convenu, juste assez choquant, pour faire jaser sans remettre… tout ? en question. « Puis, qui prend “Domina” comme nom d’artiste ? », souffles-tu avec ce qui est peut-être un brin de mépris, avant de laisser le pseudonyme te porter en même temps que les intentions joueuses de ta jolie camarade.

Sans doute ne considères-tu pas cela comme un plaisir coupable, que de te plonger dans les malices de Lucero, alors que celles-ci répondent à une part de toi plus éteinte depuis quelques années et avec laquelle tu renoues tout juste. Ce qui est plus libre, bohème et toujours un peu joueur.

Tu détailles le profil de ton amie avant de proposer à son oreille, la voix basse et conspiratrice : « Ce sera une exposition avec performance artistique, où l’une de ces dames, Mara, sans doute, il faut bien que le ridicule pseudonyme “Domina” soit rentabilisé d’une façon ou d’une autre, sera nue, et servira de canevas pour sa partenaire. Un ajout avisé : Et ça impliquera une de leurs mutations. » La brune te regarde et tu dis les mots magiques, s’il en est : « Je suis prêt à parier. »
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Partners in crime, sans grande surprise. Comme s’il lisait dans ses pensées, Clemente lui propose une une gageure, qui porte sur la teneure de l’exposition qu’ils s’apprêtent à découvrir. Et ce n’est pas que Lucero n’aime pas le risque; elle adore le risque; et en compagnie de ses deux amis, le véritable danger est plutôt pour son orgueil qu’autre chose. Ils ont tous les trois le nez fin, du genre à sentir l’arnaque venir de loin; quelque chose dont elle s’est rapidement rendu compte lorsqu’elle a tenté de les embrouiller pour sortir vainqueure d’un pari lancé alors qu’ils ne se connaissaient qu’à peine.
Et c’est pas qu’elle flaire l’arnaque mais… ouais c’est tout à fait ça.

Si le regard s’est illuminé en entendant le mot parier, il se fait suspicieux en entendant la description particulièrement spécifique que Clemente fait de l'événement. Elle ne s’abaisse pas à plisser les yeux ou froncer les sourcils cette fois, mais le gratifie plutôt d’un regard pointu, de haut en bas. « Tu as l’air plutôt bien renseigné. En même temps, c’est toi qui a obtenu les invitations. » Si elle avait un éventail, nul doute qu’elle lui en aurait donné un petit coup joueur sur le bras, avant de s’éventer coquettement.  « Pour ça, du moins, on devrait attendre Lucian. Je suis sûre qu’il sera entièrement ravi d’y prendre part. » Il est plus sérieux qu’eux deux, mais elle ne doute pas qu’ils parviendront à le dérider, à l’entraîner dans leurs bêtises, somme toute plutôt inoffensives.

Et tandis qu’ils patientent élégamment au pied des marches, l’image même du luxe et de l’arrogance (c’est qu’ils jouent bien le jeu), Lucero échafaude ses propres théories, avec le peu d’informations offertes par le programme disponible à l’entrée. Elle goûte le vin mousseux, laisse les bulles pétiller sur sa langue - tout simplement divin. « Il faudra absolument que tu uses de ton mojo pour nous procurer une bouteille - ou deux, qu’elle murmure à son complice, avant de prendre immédiatement une autre gorgée. Je suis bien prête à accepter ton pari tronqué pour en avoir une. » Aucune chance de donner sa bouteille au vainqueur, par contre.
Lorsqu’enfin Lucian apparaît, vision d’un chic absolu comme à son habitude, Lucero se retient de se précipiter à sa rencontre comme une enfant; mais elle ne cache pas son enthousiasme quand il arrive jusqu’à eux, profitant de la hauteur conférée par ses chaussures pour déposer un baiser léger sur sa joue. « Quelle classe, mon cher Lucian ! Magnifique. » Le trio enfin complet, prêts à faire l’envie de chacun et chacune.  « Shall we, gentlemen ? »
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Une tasse de chocolat chaud entre les mains, debout devant la fenêtre du bureau qu’il occupait lors de ses visites chez Theseus, Lucian observait la ville et ses néons. Les rouages du cerveau en ébullition, il tentait de calmer le capharnaüm incessant. Une gorgée de la boisson chaude, et le voici parti ailleurs, juste un instant. La chaleur l’enveloppait, le goût du cacao le faisant voyager, le ramenant dans des ruelles familière. Doucement, le bruit se calmait, lui permettant de reprendre un rythme de réflexion plus posé. L'œil pétillait, changeant le focus pour retrouver son reflet et finalement retourner à son bureau pour échanger sa tasse avec son carnet de notes.

L'heure passe. Il n’était pas convaincu, mais il avait avancé. Tout cela pour qui, pourquoi ? Pour un ami. Pour deux hommes morts aujourd’hui. Il devrait peut-être mieux utiliser son temps, pour des vivants par exemple, plutôt que deux fantômes. C’était certainement pour cette raison qu’il n’arrivait plus à rien, ou en tout cas, à pas-grand-chose, face à un mur. Il avait pourtant juré avoir trouvé une piste, puisqu’il n’était pas le seul à se plonger dans le rabbit hole, qu’était la cyberpsychose. Pourquoi s’en inquiète-t-il en tant que mutant ? Pourquoi continuer ses recherches pour aider un ami qui avait passé l’arme à gauche, certainement plus heureux où il se trouvait à présent.

On frappait à la porte, l’un des responsables de la cybersécurité lui demandant s’il souhaitait tenter un nouveau test. Normalement, il aurait accepté. Il avait techniquement prévu de passer la soirée pour clôturer son mandat. Le lendemain, il aurait la discussion habituelle concernant son avenir dans la cybersécurité, s’il souhaitait rejoindre officiellement l’équipe et ainsi officiellement devenir un membre de Theseus Inc et non plus un consultant indépendant, a qui ils devaient constamment faire signer un tas de paperasse. Repoussant le test, il repoussait le ballet auquel il comptait donner la même réponse, à laquelle ils donneront la même menace (celle de ne plus le contacter) et le cercle recommencerait la fois d’après. Lucian n’était pas irremplaçable. Il était bon dans son domaine. Redoutable même, mais il n’était pas le meilleur. Un jour Theseus trouvera un meilleur profil, beaucoup plus coopératif et ainsi le téléphone ne sonnera plus. À moins qu’il décide de mettre un terme à leur collaboration et Lucian mentirait de prétendre que l’idée ne lui avait pas frôlé l’esprit ces dernières semaines. En attendant il reviendra demain pour terminer son mandat.

Ce soir, il a finalement décidé de sortir, revenant sur sa décision de refuser l’invitation de Clemente à le rejoindre, lui et Lucero, pour le vernissage d’une exposition. Lucian détestait les soirées mondaines, mais elles étaient toujours terriblement amusantes lorsqu’il était en compagnie de ses comparses. Et lui qui était pourtant un habitué des galléries n’y avait pas mis les pieds depuis quelques semaines. C’était donc une occasion de boire quelques bulles, discuter art et le gratin qui ne venait que pour se montrer plutôt que de réfléchir sur le travail des artistes. Lucian avait des goût classique, certainement trop classique, peut-être que son pouvoir en particulier n’aider pas à préférer les paysages aux lignes et carré de l’expressionnisme abstrait. À moins que ce soit son côté British, venant jugé le mouvement d’art contemporain dont il tenait les Américains en partit responsable.

Vêtu d’un costume trois pièces classiques, et un nœud papillon défait autour du cou, Lucian se présentait à la porte, indiquant qu’une invitation avait été laissée pour lui à son nom. Le nom de l'exposition, révélait le ton de la soirée : Excelsior. Toujours plus haut. Très à propos, très américain. Lucian allait détester, mais ça serait en bonne compagnie. Une fois passé la sécurité, il n’eut aucune difficulté à déceler ses deux comparses parmi la foule, les rejoignant en quelques pas. « Ça parle déjà de pari et de tricherie, la soirée ne fait que commencer. Lucero lui fit une bise, qui lui rendit par un baisemain. Toujours aussi chic. Il serra la main de Clemente. Merci pour l’invitation. Je suis curieux de voir ce que les demoiselles vont nous proposer. Il offrait à son tour son bras à Lucero, son autre main attrapait une coupe de champagne, allons-y. »
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tw : manipulation émotionnelle (pnj)

La spécificité de ta description soulève la suspicion de Lucero. Tu ne te dérobes pas à son regard aigu, ni ne perds le sourire fin sur tes lèvres. « Ou est-ce que cette exposition me semble déjà prévisible ? », rétorques-tu, entendu. Tu acquiesces lorsqu’elle propose d’attendre Lucian pour parier davantage ― tu partages le même espoir que vous saurez dévergonder un peu de son sérieux pour la bonne cause. Et s’il est question de davantage de champagne, de surcroît…

Votre comparse, le troisième du trio et non le moindre, vous rejoint sur les paroles chuchotées de Lucero. « Un gage de l’agréable compagnie », te défends-tu sans que la moindre gêne encombre ton sourire large et ton regard clair. Tu serres avec chaleur la main de Lucian, le compliment retourné d’un « et toi de même » fort à propos. Même le nœud papillon défait a ce qu’il faut de je ne sais quoi de négligé qui lui va fort bien ― un autre, qui saurait rendre un sac poubelle seyant !
La fierté de votre camarade féminine teinte ta posture et la satisfaction de ta mimique lorsqu’on vous dévisage, suite à votre entrée bien officielle dans la salle d’exposition principale. Dans le gratin de visages célèbres, entre politiciens, starlettes et influenceurs en tous genres, vos mines inconnues savent tout de même attirer un brin de curiosité. Tu captes des nuances appréciatrices dans les regards brefs posés sur tes amis (tu occultes tout à fait que certains puissent t’être destinés) et les questionnements silencieux, alors que comme pour toutes les têtes, on se demande si vous êtes connus.

Tu te plais dans ces étincelles.

Tu profites de cet afflux de confiance pour réaliser la mission acceptée plus tôt. Hors de question de lambiner. Tu laisses tes camarades quelques instants (non sans platement t’excuser) et tu te diriges vers la porte d’où sortent tour à tour les serveur·se·s aux plateaux chargés de coupes. Tu siffles ton propre champagne d’une seule gorgée au moment où un jeune homme passe la porte. Celui-ci te repère aussitôt et dans la seconde qui suit, il te propose un nouveau verre. Tu soupires avec agacement. « Considérant comme elles sont peu remplies, je ne sais pas si ça en vaut la peine. » Tu infiltres le doute chez le serveur. Celui-ci bégaie un peu et regarde son plateau, puis une serveuse un peu plus loin, comme pour comparer le contenu des coupes. Là où tu feignais précédemment l’embêtement, tu te fais désormais plus conciliant, rassurant et charmeur, et tu articules une solution toute trouvée : « Ce serait plus simple si nous avions directement accès aux bouteilles. »

Lorsque tu reviens auprès de Lucero et Lucian, après quelques minutes hors de leur champ de vision, c’est avec deux bouteilles de champagne plutôt qu’une. Ça et l’air satisfait du chat qui a mangé l’oiseau. « Ce que Madame désire », dis-tu en présentant une première bouteille à la brune, l’étiquette tournée vers elle pour qu’elle puisse constater que c’est bel et bien le meilleur. « Nous sommes parés pour affronter ce vernissage. »
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