good friend and a cup of coffee (ezekiel)

Il y avait des jours plus difficiles que d'autres. Le regard d'Ulysses fixait le vide, alors que Lafayette était assis à ses pieds, attendant sagement à ses pieds. L'animal venait alors donner un léger coup de patte au mollet de son propriétaire remarquant que ce dernier n'avait pas encore réagi. « Oui, pardon. » Marmonnait-il alors à l'attention de son chien, alors qu'il défroissait le sac en plastique, afin de récupérer la crotte que Lafayette avait laissée sur le bord du trottoir. Ce dernier ne s'en formalisait pas plus que cela, il repartant en trombe à l'instant où Ulysses s'était redressé, afin de faire le chemin inverse vers leur townhouse. Un rituel bien rodé, où le maître et son compagnon canin connaissaient les habitudes de l'un et l'autre, mais si d'habitude Ulysses était celui qui menait la cadence, c'était Lafayette aujourd'hui qui semblait le guider tel un co-pilote.

Arrivé a destination, Ulysses libérait le chien de sa laisse pour la poser sur le portemanteau, mais il ne retirait ni chaussures, ni manteau, puisqu'il allait repartir dans quelques instants. Juste le temps de monter à l'étage cuisine afin de prendre un verre d'eau et récupérer sa sacoche qui contenait une demi-douzaine de scripts et pièces de théâtre qu'il devait lire, le reste était installé sur la table basse du salon, car il savait qu'il n'en lirait pas plus. Il avait sa date habituelle avec Ezekiel, ce qui voulait dire qu'il n'en lirait pas plus de six, s'il ne passait pas la matinée à discuter avec son vieil ami avant son cours de l'après-midi. Après avoir vérifié que la gamelle d'eau de Lafayette était pleine avant de redescendre « À ce soir brigand ! » Qu’il disait à l’intention de son chien qui lui répondit avec un glapissement heureux. La porte claquait et Ulysses repartait, cette fois en direction du Cats & Cup.

Il venait d’allumer une cigarette quand son téléphone dans sa poche se mit à vibrer, pour la troisième fois de la matinée, l'obligeant à sortir l’appareil de sa poche afin de regarder ce qui pouvait bien valoir autant de popularité de bon matin. Ulysses avait loupé deux appels de son agent, le troisième était un texto de son entraîneur pour lui rappeler leur rendez-vous demain matin. Il allait le ranger quand le téléphone s’allumait de nouveau, un texto encore, cette fois de son agent.e, un message cryptique lui disant de le rappeler quand il a fini de bouder. L’appareil disparaissait, cette fois dans la sacoche en cuir, comme une réponse directe à la remarque de son agent. Ulysses ne boudait pas, il n’était pas encore 9 h et il ne répondait à aucun appel lié au travail avant cette heure charnière. Chose que son agent.e savait, mais s’iel insistait, c’était généralement parce qu’iel avait une grosse annonce à lui faire. Ulysses espérait que ce n’était pas Icarus, ou alors si c’étaient eux, il espérait que c’était pour Shaman, afin de donner la réplique à Aeji et pas autre chose, il n’avait pas envie d’autre chose avec eux en ce moment.

Une demi-heure plus tard, il poussait la porte du café, se dirigeant vers le comptoir où l’accueillait avec un sourire Samantha, ils échangeaient rapidement des courtoisies et un peu de nouvelles. « Je vais prendre un café et un cookie. Tu diras à ton père que je suis arrivé, mais qu’il prenne son temps. Puisqu’il n’avait pas encore vu la belle gueule de ce dernier dans les parages. Il va bien ? » Ulysses restait au comptoir, afin de poursuivre son échange avec la pâtissière, alors qu’il sentait quelques paires d’yeux sur lui, entendant derrière lui deux clients débattre si c’était oui ou non Le Casoar qui venait d’entrer dans le café.

Une fois qu’il avait récupéré la tasse et l’assiette que Samantha lui tendait pour rejoindre sa table habituelle. Mais si c’est lui, je te dis ! S’exclamait alors l’un des deux jeunes, alors qu’il passait à côté d’eux. Une table au fond de la pièce, deux chaises et un arbre à chat, avec un panier dans lequel dormait toujours Boudoir. Ulysses le saluait en lui donnant une petite caresse avant de se poser sur la chaise, dos au reste de la pièce, sacoche au sol, sortant la pile de papiers et ses lunettes afin de se plonger dans sa lecture.

Lorsque Zeke arrive, une main devant la bouche pour couvrir un bâillement, Samantha est en conversation avec Ulysse. Il n'a rien saisit du début de l'échange et sait pourtant qu'on doit parler de lui. Ses oreilles sifflent. Sam lève les yeux au ciel et agite ses mains en l'air quand elle n'est pas occupée à préparer le plateau d'Ulysses. « Il est malade. et précise avant qu'Ulysse ne puisse s'inquiéter. Ça fait plusieurs mois qu'il ne va plus voir son plan cul. » Il faudra vraiment qu'il lui apprenne les bonnes manières. Il ne se présente pas de suite à son ami et va plutôt enfiler son tablier et sortir du four les pâtisseries de Sam. Elle préfère faire l'ouverture lorsqu'elle a une soirée de prévue avec ses amis - d'un commun accord il lui autorise ces rendez-vous secrets - alors de temps en temps il l'avance un peu sur ses tâches. Il lui fera plus tard la morale. Non mais, depuis quand elle parle comme ça de ses fréquentations ? De son père même ?

Voir Ulysses vieillir mais pas lui lui fait prendre pleinement conscience de sa condition. Plus rien n'est pareil depuis la mort de Rory, Ezekiel n'ose pas imaginer la peine qui doit accabler son ami. Toute sa vie, la mort n'a fait que l'effleurer et maintenant, il n'a même plus le luxe de se voir prendre de l'âge. Si les vieux amis ont pu se voir viellir avant, cela bien quelques années que Zeke n'a pas prit une ride. Il devient compliqué de cacher sa condition, quand bien même les gens portent moins d'attention à un homme dans la fleur de l'âge. « Que devient mon bon ami ?   »Le super vilain n'a rien perdu de son charme depuis la dernière fois qu'ils se sont vu. Ezekiel à un soft spot pour les bad boys. Il faut dire qu'Ulysses a un peu incarné ce fantasme, tout comme leurs aventures hors des sentiers battus. C'était sa vie, à un moment. Ezekiel aime le charme.Est-ce que pour autant Sam à raison ? Ce n'est pas faux, il s'est calmé ces derniers temps. Je suis heureux de te voir. Comment vas-tu ? Il espère au moins quelques bonnes nouvelles. Tes étudiants sont cool avec toi ? J'ai essayé de convaincre Sam de retourner à la fac mais elle refuse. » Zeke apprécie la compagnie et l'aide de sa fille, mais il voudrait qu'elle trouve sa voie et ne soit pas forcée de finir ses vieux jours avec lui. Quand bien même elle peste et lui rappelle que c'est de sa faute si elle est tombée amoureuse de la pâtisserie.