everyone likes theatre, ghost stories and the french revolution (johnny)

Il n’y avait rien de mieux qu’un bon chai latte. Les épices du massala qui chatouillent la gorge, enveloppées dans un nuage de lait crémeux et sucré, chaque gorgée dégustée donnait à Ulysses l’impression que le temps ralentissait. Juste un peu. Juste assez. Le goût et l’odeur le ramenaient aux journées enneigées passées dans le canapé, pull tricoté par quelqu’un de la famille, tenant dans ses bras Rory la couverture les enveloppant un cocon rien qu’à eux. Souvenirs au goût doux-amers qui parvenait pourtant à lui faire décocher un semblant de sourire, lorsqu’il était seul, le regard posé vers l’extérieur du campus de la Nex’University. Échappée de plus en plus courante, il l’avait remarqué, lui qui tentait toujours d’alterner entre un chai et un café bien corsé (dans lequel il ajoutait un peu de sucre), ces derniers temps, depuis la mort de Rory, il préférait un bon chai massala. Il avait toujours préféré un chai massala.

Ulysses reprenait une gorgée de sa tasse avant de décrocher son regard de la fenêtre pour reporter son regard sur la table qui trônait au centre de la salle de professeur du départ Arts & Lettres. Il y avait posé ses affaires, toute rangées au coin de la table, ne prenant que sa veste et ses clefs avant de partir à la recherche du chai qu’il tenait maintenant entre les mains. Il jetait un coup d’œil à sa montre, puis l’horloge de la pièce, cinq minutes d’avance et quelques secondes selon sa trotteuse.

Il n’avait plus de cours pour le reste de la journée, il était resté afin de pouvoir discuter avec Johnny Faulkner d’une éventuelle collaboration, que ce soit un cours commun sur le théâtre français, pour un atelier théâtre autour du théâtre français, bref, quelque chose du genre. Ils n’avaient pas eu l’occasion de beaucoup discuter par le passé, mais Ulysses se sentait maintenant assez confortable pour importuner ses collègues autres que pour leur demander des conseils de comment organiser ses cours ou gérer ses groupes d’élève. Même s’il avait souffert au premier abord des préjugés par son statut d’ex-acteur, ex super-villain, et de sa réputation, qui en fonction des personnes pouvait être restée à celle d’il y a dix ans.

Depuis la mort de Rory, il n’arrivait pas à savoir s’il s’était renfermé sur lui-même ou au contraire, tenter de s’ouvrir un peu plus pour combler la solitude qui s’était installée maintenant que sa moitié n’était plus là. Peut-être qu’un vieil ami comme Ezekiel pourra le lui dire. Son regard repartait en direction de la fenêtre, mais il n’eut pas le temps de rêvasser bien longtemps, quelques bruits de pas discret et la porte s’ouvrait révélant la personne qu’il attendait.

« Bonjour Professeur, le saluait-il aimablement, vos cours se sont bien passés ? »