earth melodies | endora

L'esprit et ses turpitudes. Le désordre sans fin de l'esprit humain dans tout ce qu'il y a de plus beau et de plus terrible.

Télépathie, communication extrasensorielle.

Lecture mentale, Endora est capable de lire en vous, vos pensées, votre passé, votre vécu, vos secrets. Sa limite ? La vôtre. Vos propres barrières et votre propre volonté. Sans cela, elle entend et voit tout.

Mémokinésie, outre lire en vous, elle est également capable de s'insinuer dans vos souvenirs et de les altérer. Elle peut les restaurer, en créer de nouveaux ou tout simplement... les faire disparaître.

Elle ne peut pas briser les barrières mentales d'une personne entraînée pour cela. Toutes les limites de son pouvoir se heurtent à la volonté de l'individu qui lui fait face - plus les barrières sont fortes, plus d'énergie elle devra mettre pour les briser et risquer sa santé mentale en passant par des symptômes physiques (migraine, acouphènes, saignement de nez, jusqu'au risque d'AVC si elle devait forcer de trop).
Des suites de ses expérimentations forcées, se perdre dans l'esprit des gens a pour conséquence le fait de se perdre elle-même, au point qu'elle n'arrive pas toujours à faire la différence entre ses propres souvenirs et ceux de quelqu'un d'autre. Ce qui la rend particulièrement distraite et versatile.
D'autant que, sobre, elle ne parvient pas à faire taire les pensées des gens qui l'entourent. Elle est ainsi tombée dans la drogue pour se protéger du brouhaha incessant de ce monde qui l'entoure.

Délire, quand la communication extrasensorielle la dépasse et font écho à ses propres travers.

Manipulation raisonnée, portant bien son surnom, Delirium a un attrait particulier pour la folie des gens. Elle a développé son talent jusqu'à pouvoir atteindre et manipuler les zones raison et folie du cerveau d'un d'individu. Et cela, dans le but de le raisonner ou au contraire, de le faire délirer.

Absorption de la folie, le délire, elle a fini par s'en nourrir. Elle est devenue capable d'absorber la folie des personnes qui l'entourent pour se régénérer mentalement et se stabiliser pendant une courte période allant de quelques minutes à quelques heures en fonction de la dose emmagasinée.  

Même limite que pour la télépathie, la volonté et les barrières mentales limitent son pouvoir, en mettant en péril sa santé si elle force trop.
Si l'absorption de la folie d'autrui peuvent l'aider à trouver une certaine paix intérieure, celle-ci dépend évidemment d'un certain dosage. Si elle en emmagasine trop, elle est sujette à des crises psychotiques violentes qui lui font douter du réel et la rendent dangereuse pour elle-même et autrui.

Parlons d’aujourd’hui. Parlons de maintenant. Parce que l’apparence physique d’Endora a très souvent changé au fil de ces dernières décennies. Que ce soit en termes de poids, de coupe ou de couleurs de cheveux, de style vestimentaire passant par les vêtements fluos au pantalon militaire, … Endora est éclectique.

Mais il semblerait que la phase qu’elle traverse aujourd’hui la ramène sur un chemin plus naturel. D’ailleurs, elle en a fait une obsession du naturel - jusqu’à se raser le crâne il y a quatre ans pour découvrir de quelle couleur sont ses cheveux sans coloration aucune. Ainsi, elle a découvert - ou redécouvert - une tignasse brune naturellement ondulée qui aujourd’hui lui tombe à hauteur de la poitrine - naturelle, elle aussi. Sa taille est plus fine et plus musclée que dans les années 2010 où elle avait atteint un bon 48 pour le simple attrait des rondeurs - et peut-être à cause de son état émotionnel du moment. D’ailleurs, son ventre porte encore quelques stigmates - rayures de tigresse - de sa perte de poids… Mais aussi due à sa grossesse. Mais ne faites pas le lien, elle n’a jamais été enceinte de ce qu’elle dit. Son visage est un peu fatigué, ses cernes trahissent les dérives qu’elle fait subir à son corps et à son âme, son regard est continuellement voilée des horreurs qu’elle a traversé, malgré qu’en ce moment, un rien la fait rire et sourire. Vive les artifices.

Le pied léger, la démarche chaloupée, Endora se promène et déambule dans les rues dans ses tenues bohèmes, un sac en osier au bras, comme une bourgeoise un peu hippie venant faire ses courses au marché local - complètement décalée dans les profondeurs de l’Underapple.

Endora est une artiste incontestée. Son esprit abîmé n’a rien à envier à Picasso ou à Andy Warhol. Mais son art varie en fonction de son état mental. Après la chute de New York, c’est le fusain qui a guidé sa main pour exprimer toute la noirceur de ses idées sombres. Plus tard, il y a eu l’aquarelle, le bodypainting - où elle peignait les corps ou son corps même à l’image de son ressenti. Ses coups de pinceaux représentent son état mental, associant des couleurs fortes et des formes audacieuses. Comment a-t-elle appris ? Seule, et aussi grâce à l’esprit de certaines personnes en s’appropriant leur savoir - leurs souvenirs devenant les siens. En ce moment, c’est par la photographie que son esprit s’exprime. Pour transmettre son regard du monde, mais aussi parfois en instantané pour faire la distinction entre ce qui est réel ou non. Une sorte d’aide-mémoire pour l’ancrer dans la réalité.

L’autre particularité notable est dans l’expression de ses déchirures. La perte de contrôle entraîne une adrénaline telle qu’elle ne mesure pas sa force - ni sa rage. Elle qui parait si douce, peut devenir le pire des monstres insensibles ou violents en fonction de la crise qui la traverse. Heureusement, personne n’a jamais chercher à lui apprendre l’autodéfense ou l’utilisation d’une arme à feu - trop dangereux. Même de son avis. Droguée notoire, elle a une préférence pour la vicodine au quotidien, dans des doses probablement beaucoup trop fortes, mais ces drogues font taire les pensées d’autrui. Ce bruit incessant la rend littéralement folle, alors pour les contrer, elle s’anesthésie. Vicodine, novocaïne, codéine, en passant par l’héroïne et d’autres substances dites récréatives, le tout dans le seul but de ne plus entendre et étrangement, reprendre pied.

Un fardeau lourd à porter. Sa mutation est un cadeau empoisonné qu'elle déplore avoir accepté pour quelques problèmes financiers. Elle ne pourra jamais s'en défaire, création impure d'Incarus Inc. Elle envie les non-modifiés, leur pureté, leur innocence... Elle déplore leur envie et leur jalousie qui les mènent à sombrer dans une spirale infernale similaire à la sienne. Ils ont le choix, eux, la gloire vaut-elle vraiment le prix à payer ? Le V ou le Red n'est qu'une drogue comme les autres, comme celle qui alimente ses journées. Elle ne peut les juger vraiment, bein trop mal placée pour cela. Mais elle a de la peine pour cette espèce humaine dont elle ne fait définitivement plus partie. Ils ne mesurent pas à quel point leur vie est précieuse et que les paillettes ne sont que de la poudre aux yeux pour remplir les poches d'une industrie qui n'a en tête que le profit, au détriment de votre vie.

Une mutation comme une autre, d'après elle. Elle questionne un peu l'intérêt d'une telle pratique ; est-ce par pure esthétisme ? Le corps humain n'est-il pas déjà une merveille technologique en lui-même ? L'aspect pratique est un argument qu'elle peut entendre, mais de là à s'amputer d'un membre parfaitement fonctionnel par des éléments mécaniques et technologiques, c'est bien une chose qui lui échappe. Pour autant, elle ne condamne pas - se sentant bien illégitime pour cela. En espérant que ces altérations n'entraînent aucun regret. Il lui semble cependant évident que Theseus Corp ne vaut pas mieux que l'industrie qui a fait d'elle ce qu'elle est aujourd'hui.

Il est évident qu'Endora se sent particulièrement étrangère à cette technologie. Le Metaworld ? Elle qui a déjà tant de mal à distinguer l'illusion du réel. Elle ne s'y approche pas. Et si elle a dû apprendre à composer avec cette sur-technologie, ce n'est que parce qu'elle est obligée de vivre avec. Mais, trop conscience des risques pour elle, Endora se contente du strict minimum en termes d'interraction. Ce qu'elle aime en particulier ? Cette petite boite design, tout en rondeur, qui fait vivre son appartement en action lumières et musiques à condition de l'appeler par le petit nom qu'elle a dû choisir pour elle à son achat ; Laura. Une intelligence artificielle qui lui rappelle l'heure, la date, et qui semble pouvoir l'aider dans l'organisation de ses journées tourmentées.

La ville est une curiosité autant qu’une angoisse pour elle. Les lueurs du jour, les grands espaces, la vie grouillante, … tout ça l’intrigue et lui fait peur. La vie de New Blossom n’est pas pour elle, l’idée de croiser des membres d’Icarus Inc, leurs panneaux publicitaires ou même cette histoire des Sept. Elle est curieuse de certains aspects, inquiète et parfois en colère. Non, sa vie se situe plutôt dans l’ombre de l’Underapple où elle se complaît. Naviguant en eau trouble en profitant de la réputation de sa famille pour se sentir dans une relative sécurité. Sa maison est là-bas, sous terre et des les hauteurs de l’Empire State Building. Ville chérie, presque rassurante, car dans l’ombre il y a toujours moyen de trouver un peu de lumière.

Twilight Zone

Orpheline. Elle n’a plus vraiment de souvenir de cette enfance pauvre qu’elle a vécu. Abandonnée sur le parvis d’une église, avec sa petite sœur accrochée à sa main. Elle a attendu, attendu mais ces parents ne sont jamais revenus. C’est à peine si elle parvient à mettre un visage sur eux, d’ailleurs. Un peu comme cette sœur, qui n’est devenue… qu’une certitude, à défaut d’un nom et d’un visage. Quelque chose lui échappe encore, mais elle sait qu’elle n’était pas seule à être recueillie par les Soeurs. Si elle ne se souvient ni d’un nom, ni d’un visage, elle se souvient des sentiments ; l’amour, l’instinct de protection, la tendresse, les bêtises. Est-elle encore en vie, ou est-elle perdue sous les décombres de l’Ancien New-York ? Elle ne le sait pas ou plus. La réalité, c'est que cette sœur perdue n’est autre qu’un autre membre de sa famille d’aujourd’hui.

De l’orphelinat où elle a grandi, elle ne se souvient que des visages stricts des Soeurs qui veillaient sur elle. D’une, un peu plus douce qui posait de temps à autre, sa main sur son épaule en disant qu’elle prierait pour elle. Dans l’ensemble, elle n’était pas malheureuse. Et puis, il y a toujours cette certitude de n’avoir jamais été réellement seule… Ou peut-être que si, à un moment donné dans son adolescence. C’est un peu confus, n’est-ce pas ? Elle se souvient avoir aimé le silence des églises, l’odeur de l’encens et des chants religieux. Elle croit se souvenir avoir chanté avec eux. Est-ce son propre souvenir, ou celui de quelqu’un d’autre ? Non, le sien. Et si la voie du couvent était une porte ouverte pour elle, elle se souvient d’avoir eu… la soif de vivre. Alors, à l’approche de sa vingtaine, elle avait quitté les Sœurs en essayant de conquérir la Grande Pomme.

Se satisfaire de peu de choses, elle pouvait le faire mais… Elle vivait avec si peu de choses. Dans son esprit, elle se souvient d’un studio miteux - ou plutôt, une chambre de bonne - qu’elle louait chez un homme pas très net. Elle se souvient de ses mains baladeuses, des remarques misogynes et du deuxième verrous qu’elle avait fait mettre à sa porte. Pour le payer, elle faisait les ménages. S’abîmant les mains avec des produits corrosifs, nettoyant les salles de bains de famille plus aisées, se faisant crier dessus par une maîtresse de maison en pleine crise de nerfs. Mais ses clients n’étaient pas tous mauvais - du contraire. Beaucoup montraient de la compassion, de la bienveillance et un peu d’attention - comme le thermos de café encore chaud à son arrivée. Mais cela payait peu et sa santé en pâtissait. Ce qui la faisait tenir ? Les vendredis soir - elle sait que c’était les vendredis - où elle montait sur scène dans un petit café des bas-fonds de New-York où elle chantait ses propres chansons. Elle a le souvenir que ces fois-là encore, elle n’était pas seule. Un homme, une guitare, un sourire complice. De temps en temps, elle allait chez cet homme. Il était passionné et un peu fou. Suffisamment pour un jour, partir suivre une tournée musicale, en lui promettant qu’il reviendrait la chercher plus tard. Lui aussi n’est jamais revenu.

C’est comme ça qu’elle a fini par être trouvée par Icarus Inc. en 1985, en refaisant le lit de quelqu’un qui y travaillait. Elle était seule, peinait à payer son loyer, aucune famille, aucun compagnon ou amis dont elle se sentait vraiment proche, voulait-elle mieux que cette vie-là ? Alors oui, elle s’est laissée tenter. Mise en confiance par ce ou cette cliente qui lui a ouvert les portes du laboratoire pour la faire intégrer le projet Vitae. Encore une fois, elle n’était pas seule. Elle était rentrée là avec ceux qui, aujourd'hui, sont devenus sa famille et son seul repère.

Douleur. Cri. Les siens et puis, les leurs. Ces voix dans sa tête qui ne cessent de lui vriller le crâne l'assourdissant. Et plus on lui demande de chercher encore et encore dans l’esprit d’une personne, de franchir des barrières mentales, de briser des murs psychiques pour récupérer une information, un souvenir, plus elle souffre et se perd elle-même. Souvent, elle perd la notion du temps. A travers les barreaux de sa cage, Dream lui offre un peu de paix avec ses rêves doux et apaisants. Mais ça ne dure jamais assez longtemps. Elle voudrait qu’on l’éteigne. Elle voudrait que ça s’arrête. Mais l’expérience est loin d’être terminée. Il n’y a que quand ils l’endorment, qu'ils la droguent, quand ses crises psychotiques deviennent trop violentes qu’elle se sent réellement apaisée. Est-il finalement revenu, ce musicien qui devait la récupérer, après sa tournée ?

Observés, étudiés, mis à l’épreuve, Delirium et Dream se rapprochent, se soutiennent, se réconfortent aussi. Si son jumeaux s’enfuit dans son propre monde imaginaire, elle n’arrive plus à savoir ce qui est à elle ou aux autres. Jusqu’au jour où elle tombe enceinte. Comment ? Pourquoi ? Elle n’en sait rien. Et à vrai dire, aujourd’hui, elle a décrété que ce souvenir n’était pas le sien. C’était trop dur, trop compliqué à encaisser. Pourtant, elle a vécu chaque étape et Dream l’a aidé. Aujourd’hui, il a l’amabilité de ne plus essayer de lui faire entendre la vérité. Comment aurait-elle pu faire face ? Elle qu’on n’a ni averti, ni demandé son autorisation - elle leur appartenait, après tout. Son ventre a commencé à enfler, les douleurs, les nausées, les hormones et puis, ces deux petites voix qu’elle a commencé à entendre. C’est là qu’elle a pris peur - elle les entendait. Non, la femme dans son souvenir croyait les entendre. Parce que ce ne sont pas ses enfants - qu’aurait-elle eu à leur offrir de toute façon ? Elle ne savait même pas comment ni pourquoi ils avaient été conçus. Car si l’intention de créer de nouveaux mutants par voie biologique était évidente, elle n’a jamais imprimé l’information dans son crâne - non, ça aurait été accepter l’évidence.

Les jumeaux sont nés par voie basse. Quelle douleur épouvantable. Elle a un vague souvenir d’une femme penchée au-dessus de ces deux petits êtres, elle leur souriait. C’était elle, mais ce ne pouvait être elle. Des images se superposent pour donner à ces enfants, une mère qui les aime et qui veut leur bonheur alors qu’en réalité, ce sourire n’a duré qu’une petite seconde avant qu’elle ne les rejette - tous les deux - incapable d’accepter l’évidence. Ce ne pouvaient être ses enfants. Ils appartenaient à une autre, elle en était persuadée - elle s’en est persuadée. Jusqu’à féliciter Destiny et Destruction pour leur nouvelle parentalité. Oh ils ont  tenté de lui faire accepter l’évidence. Elle a eu droit à quelques séances de thérapie - non pas pour l’aider mais pour l’étudier, évidemment. Et plus ils avançaient, et plus ils ont pu observer le mensonge se transformer en une vérité assurée. Elle n’était pas une mère. Elle n’avait jamais enfanté. Les rayures sur son ventre quelque peu distendu avaient une autre explication - mais elle ne sait plus laquelle, son passé reste un peu flou.  

Le monde s’écroule. Enfin, il en a tout l’air. Les cris autour d’elle sont assourdissants, le désespoir, la douleur et tout ça, rien que dans sa propre tête. Elle entend la panique avant même que les bombes n’explosent. Et puis, les murs se sont écroulés et de là, une porte de sortie pour elle et les siens. Elle ne doit qu’à Dream d’être encore en vie, lui qui a su la ramener d’entre les méandres de son esprit torturé pour prendre ses jambes à son cou, et se sauver. Mais les enfants ? Ce n’est pas elle qui s’interroge mais d’autres qu’elle, Destiny, Despair. La jeune femme regarde les autres risquer leur vie pour deux enfants qu’elle ne reconnaît pas. Si elle s’inquiète, ce n’est que par compassion pour celle qui est réellement leur mère. Mais si les enfants sont sauvés, ce n’est pas le cas de Despair et de Des/cease. L’une ne reviendra pas, l’autre si… Mais dans les bras de Destiny, en nourrisson. L’image la choque, l’incompréhension la brise un peu. Et voilà cette famille brisée qui disparaît dans les cendres de l’ancien New-York, officiellement morts aux yeux d’une Industrie qu’ils craignent, tout au fond d’eux.

Ce n’est que grâce à Destiny - Rhea - que cette famille renaît réellement. Dans les bas-fonds d’une ville abandonnée, ils trouvent une maison dans le New York Time Building et les choses se mettent en place. Dans l’ombre de Dream qu’elle ne veut pas quitter, Delirium - Endora - s’échine à faire surface. Mais rien ne l’apaise, rien ne la coupe de ces voix aussi bien que les médicaments qu’on lui donnait chez Icarus Inc. Alors, Dream lui trouve de la codéine, dans un premier temps. Puis c’est finalement la vicodine qui l’accompagne au quotidien. Parfois, quand ça ne suffit pas, elle cherche d’autres échappatoires, d’autres drogues pour faire taire ces voix et c’est vite devenu incontrôlable. Elle a besoin de sa vicodine, elle a besoin de planer pour rester maîtresse d’elle-même et ne pas souffrir du malheur des autres. Cela s’est accompagné de changements brutaux de personnalités, d’identités aussi. Libérée de ses chaînes, elle a voulu être elle-même - mais laquelle ? Perdue entre ses propres souvenirs et ceux des autres, elle a essayé tous les styles, toutes les attitudes, toutes les relations possibles pour se trouver enfin. Y est-elle parvenue ? Elle n’en sait trop rien.

Si elle a su fuir la douleur d’avoir perdu Despair, ce n’est pas le cas de tous dans sa famille. Les tensions sont multiples, mais elle reste à distance, refuse de prendre parti pour l’un comme pour l’autre. Desire, elle l’aime. Elle est celle qui la comprend, à qui elle arrive à parler du traumatisme de cette grossesse qu’elle voudrait n’avoir jamais vécue. Mais Des/cease est également sa sœur, qui grandit, jour après jour, à leurs côtés. Cette évolution la trouble et, c’est vrai qu’elle a quelques difficultés à y faire face. La tient-elle pour responsable de la mort de leur sœur ? Non. Alors tout ce qu’elle sait faire, c’est fuir les situations trop compliquées, les disputes bruyantes et blessantes… Jusqu’au jour où Desire s’en va et les quitte pour de bon. Endora a le coeur déchiré, mais contrairement aux autres membres de sa famille, elle refuse que les liens soient coupés. Peu importe ce qui a été dit, ce qui a été fait. Elles font partie de la même famille et c’est bien une des rares choses censée que Delirium entretient assidûment. Elle ne peut pas amputer sa famille - son monde - d’une personne de plus. Alors, elle maintiendra le lien, quoi que ça lui coûte.

A force de se chercher, elle a fini par se trouver - un peu. A trouver comment composer avec son addiction notoire, avec les voix qu’elle n’arrive pas toujours à faire taire, avec sa dépression et ses humeurs changeantes. Endora est comme une funambule sur une corde raide, au-dessus d’un précipice. Elle sait qu’il n’y a pas de filet de sécurité, que chaque pas peut lui être fatal. Elle suit cet instinct qui la maintient en vie. Sa fibre artistique la pousse à s'exprimer, à exposer aussi - mais toujours sous anonymat des plus complets, usant de son influence pour exposer sans s'exposer et reversant les fonds à qui elle en a envie ensuite. Elle suit également Dream qui gère le réseau de drogues et de médicaments de l’Underapple. Elle le seconde comme elle peut, inquiète son frère, parfois et quelques clients aussi. D’ailleurs, ce n’est pas parce que c’est une illuminée qu’elle n’inspire pas la crainte quand c’est nécessaire. Il n’y a rien de plus intrusif que de pénétrer l’esprit de quelqu’un en lui faisant savoir que vous êtes là, à décortiquer sa vie, sans qu’il ne puisse rien y faire. Non, Endora est dangereuse quand il le faut. Mais si elle peut éviter de se perdre dans les méandres de l’esprit humain, cela l’arrange. Néanmoins, elle a appris beaucoup de sa famille - de Rhea qui l’impressionne toujours autant. Elle a une dette envers elle, une dette qui lui a permis de retrouver l’envie féroce de vivre malgré le fardeau qu’elle porte dans ses gênes. Une dette qui lui a depuis longtemps ôté l’envie de mettre fin à ses jours, une fois libérée des barreaux de sa cage dorée. Aujourd’hui, Audrina et Enaël sont de jeunes adultes magnifiques et forts, comme leur mère adoptive. Ils n’ont rien à envier à celle qui les a portées un jour. Cette dette-là, Endora n’est pas prête à la régler un jour - de toute façon, de quoi parle-t-on déjà ?