sidewalks

hiver 2025 w/ @Keith Lim this is an sos.
5pm? that place you like in crimson bay?
you know the one.

Bien entendu, tu as donné rendez-vous à Keith au moment où la course du soleil est presque terminée, et qu’il se fait remplacer par la noirceur du ciel et les étoiles. Quoi que, à New Blossom, les étoiles ont de drôles d’allure et tu ne souhaites à personne de véritablement faire un vœu, ça pourrait véritablement se retourner contre lui, et ce même si tu trouverais cela absolument hilarant. Il n’empêche que si tu peux éviter de sortir de jour, cela t’arrangerait grandement, toi et ton métabolisme qui devient de plus en plus allergique aux rayons du soleil, tu sais pourquoi, bien sûr que tu sais pourquoi, on dira merci aux déchirures. Au final, le sacrifice n’est pas si grand que cela, tu en es persuadé. Le message envoyé, il est encore assez tôt, tu roules dans des draps qui sont complètement étrangers et inconnus, et pourtant marqués de l’empreinte de toi et de ton client, mais qu’il te faut bien quitter. Tout ça, c’est coûteux, cette chambre d’hôtel l’est, pas ton premier choix vraiment, tu peux exercer ton métier absolument partout, une simple allée suffit en réalité... mais ce n’est pas toi qui as été en charge, tu t’es contenté de suivre et de récupérer tes gains et maintenant que tu es tout seul... Autant vraiment en profiter n’est-ce pas ? Il doit bien te rester du temps avant qu’on ne vienne frapper à ta porte et qu’on te dise que tu n’as rien à faire ici, tu le sais, tu n’as pas la bonne dégaine pour ce genre d’endroit et pourtant, tu perds ton temps dans la baignoire.
Beaucoup plus grandes que la tienne, l’eau y est chaude et tu fumes en même temps que tu fais des bulles et cela te ferait presque rire. Ce genre de luxe est apprécié, tellement que le sac à dos vide que tu avais fini par être rempli, de tout ce que tu peux piquer dans la chambre d’hôtel : serviette, savon, shampoing, papier toilette, tout ce que tu peux prendre, tu le prends, et enfin tu pars, tes lunettes de soleil vissées sur ton visage. Tu quittes le Nexus pour retourner dans ta partie de la ville et faire le chemin jusqu’à Crimson Bay, comme beaucoup il semblerait, tu te fonds presque dans la masse, avec ton long pull noir et tes lunettes de soleil malgré l’obscurité qui commence à trouver les rues. C’est réconfortant, assez réconfortant pour la demande absurde que tu comptes faire à Keith et arrivé devant le restaurant, tu te mets à l'aise sur le bitume, pas du tout gêné par le trottoir qui a connu des meilleurs jours, une cigarette trouvant tes lèvres.
Tu jauges chacun des passants, les trouvant tous ridicules en réalité, ne leur prêtant pas vraiment attention, ils ne sont pas importants et ne représentent aucune menace alors... autant attendre Keith. Qui arrive et tu lui renvoies un sourire, penchant la tête sur le côté pour le regarder malgré ta paire de lunettes de soleil. “Pile à l’heure, je serais impressionné, mais je sais que c’est la rigueur du métier... t’as mangé ? Moi j’ai la dalle.” Le ton est léger, pas du tout en accord avec la forme de ton message et certainement pas avec ce que tu veux lui demander. C’est une idée débile que tu penses, ou alors brillante, tu n’as pas encore décidé, parce que si tu sais ce qui est arrivé à ta génitrice et que cela est gravé sur ta rétine de la pire façon qu’il soit... La logique voudrait que tu possèdes deux parents, et il y a un énorme point d’interrogation qui apparaît presque au-dessus de ta tête quand ton père est concerné, il faudrait y remédier. Lui demander où il était, lui planter ton poing droit dans la figure et espérer que tu puisses lui casser une ou deux dents au passage.
“Allez, rentrons,” tu le décrètes en te redressant, sur tes deux pieds l’instant suivant d’un simple mouvement. “Tu vas avoir besoin d’un estomac rempli pour m’écouter et pour ne pas fuir.” Mais Keith ne fuit jamais, que tu penses, un sourire carnassier se dessinant sur ton visage, il est de ceux un peu naif qui s’attache, sûrement pour des raisons plus que stupides et parce que ça le rassure de se rendre utile. Tu ne vas pas te plaindre, de vous deux, c’est toi le gamin et s’il peut t’aider, tant mieux.

Il est aisé de se mentir et de croire qu'aucune nervosité ne prend place dans le ventre de Keith lorsque ses prunelles se posent sur le message envoyé par Noah. Peu fréquents, les signes de vie du gamin lui donne un goût de ce que peut être un arrêt cardiaque. Les papiers posés sur son bureau, par la suite, n'ont droit qu'à très peu de son attention et le détective peine à compléter le rapport demandé pour la fin de sa journée. Si un message est envoyé à Noah pour obtenir une explication un peu plus approfondie, aucun ne revient vers lui. Une chose habituelle, mais n'arrangeant rien à la situation. Keith peste une part de la journée, aussi inquiet que dérangé par le jeune homme. Une rencontre qu'il regrette à l'occasion, qui ne mène nulle part malgré ses bonnes intentions et ses désirs d'aider. Mais Keith reste un homme sensé, malgré le fait qu'il soit têtu; il sait qu'il lui est impossible de refaire le monde, et forcer quelqu'un à changer son mode de vie n'est pas une bonne idée. Son irritation, malgré tout, ne se calme pas pour autant ; voudrait-il le prendre par les épaules et le secouer ? Certainement. Le détective est souvent tenté de faire la morale au jeune homme, de lui présenter les dangers de la chose, mais une part de lui sait parfaitement que le gamin ne demande qu'à y sauter à pieds joints. C'est une autre réalité, celle des autres, qu'il fuit et ne désire pas. Keith se garde de réfléchir à la profondeur de ses problèmes et au passé qu'il doit posséder ; si ses actes possèdent un fond de bonne intention, Keith ne désire pas se sentir encore plus responsable de lui.
Le rapport est rendu à ses supérieurs ; incomplet à ses yeux, mais suffisant pour eux. Il sait que leur standard n'est pas similaire au sien ; Keith pourrait faire une longue liste de critique à leurs sujets, mais se contente de sourire faiblement et de leur souhaiter une bonne soirée avant de quitter les lieux. Les journées au sein du bureau ne l'enchantent pas ; Keith s'ennuie de l'époque où Clemente possédait un bureau au côté du sien. Maintenant, la solitude pèse et les conversations brèves avec ses collègues le dérangent plus qu'autre chose. L'idée de quitter CERBER le traverse parfois, mais leur base de données est un avantage dont il ne peut se passer.
Un message est envoyé à Clemente ; une mention brève de Noah sans chercher à approfondir la conversation. Keith suppose que ses derniers messages sont porteurs de plaintes, mais au moins sont-ils réguliers. Son envie de fuir se tait sous ses critiques. Un autre est envoyé à son interlocuteur secret, annonçant que leur conversation se fera un peu plus tard ; un message vocal est fait pour celui-ci, dans l'espoir d'en recevoir un similaire.
La route vers le restaurant, par la suite, est lente et emplie de trafique. Il lui faut en vérité parcourir plusieurs rues avant de trouver le restaurant dont fait mention Noah. Si le gamin est habitué à un nombre limité de restaurants en sa compagnie, la vérité est que Keith en apprécie plusieurs et que l'anxiété lui fait perdre la capacité de faire le tri.
Les sourcils sont froncés et les lèvres plissées lorsque le détective aperçoit enfin le gamin. Sans blessures apparentes, un sourire sur les lèvres, et cet air dans le regard qui lui colle constamment à la peau. Keith ne peut qu'être un peu plus énervé par son existence.
- Le métier oui, forcément. Certainement pas le manque de précision dans ton message, l'accusation est camouflée au travers de la plainte, un regard noir posé sur le gamin. Mais Keith ne peut que soupirer, sachant déjà ce que Noah désire. Un peu, j'imagine. Sa faim est toujours moindre, mais refuser un repas à Noah ne lui ressemble pas. Sinon, il s'inquietera malgré lui.
Un soupir le prend lorsque le gamin se relève. Keith l'observe du coin de l'oeil, note les différences depuis leur dernière rencontre. A-t-il maigri ? Difficile de le percevoir avec ce hoodie. Aucune marque ne semble présente sur son visage, dans tout les cas. Mais qui sait ce qui peut bien se cacher ailleurs.
- Il y a fort longtemps maintenant que j'ai raté ma chance de fuir, que le détective commente, ouvrant la porte pour laisser le plus jeune entrer dans le restaurant. Calme et familial, le lieu possède des repas simples, mais réconfortants. Occupons nous d'abord de remplir ton estomac.
Une mission dont il s'occupe depuis plusieurs années déjà, trop longtemps certainement, lorsqu'il le peut. Mais Keith suppose qu'il ne peut pas faire plus que cela ; du moins, pas sans l'accord de Noah. Il possède encore de nombreuses questions au sujet du gamin, mais elles restent pour la plupart sans réponses. Ou du moins, les réponses reçues ne lui plaisent aucunement.
Une table est choisie ; celle prise à chaque fois, loin des sources lumineuses irritantes et souvent peu digne d'intêret pour les autres clients. Le manteau est retiré et déposé sur son siège, son téléphone déposé sur la table avant que Keith ne prenne place. Les menus sont apportés rapidement, comme un verre d'eau froide pour chacun d'eux. Le détective remercie le serveur d'un sourire poli.
- Tu devrais apprendre à faire des messages un peu plus complets, Noah. Une quelconque réprimande sans en être une. Je sais que tu en es capable. Un exploit survenu avec les années ; apprentissage au travers de récompenses et de travail acharné qui, encore aujourd'hui, surprend Keith. Un secret bien gardé tant il n'était pas certain  du résultat et pourtant ; Noah peut lui écrire des messages horriblement alarmants, maintenant.

Keith n’est pas un de tes clients mais il est tout de même important. Oui, une notion qui n’est pas facile à réconcilier pour toi, car très tout, tu as dû apprendre à ranger les gens dans deux catégories distinctes : ceux qui sont utiles, qui sont en mesure de t’apporter quelque chose, et ceux que tu dois écraser pour survivre. Pourtant, même si tu voudrais juste ranger Keith dans la première catégorie et passer à autre chose, même toi, tu dois avouer qu’il joue bien son rôle de moralisateur et que peut-être... peut-être que le jour où on finira par retrouver ton corps sans vie et sans éclat dans les rues de Crimson Bay, peut-être qu’il y aura quelqu’un que ça va déranger. Tu n’aimes vraiment pas cette pensée, et ce n’est pas la partie sur ta propre mortalité qui te dérange, après tout, on finit tous par crever pas vrai, mais l’idée que quelqu’un puisse se soucier de ton sort. Du fait que ton coeur continue de se mouvoir ou pas... c’est... ridicule, ouais, tu n’as pas d’autres mots pour le décrire et ton sourire il ne fait que s’agrandir face à Keith, toutes tes dents dehors, tu as sûrement l’air un peu fou mais tant pis. Tu ne cherches pas à charmer, pas besoin de faire semblant d’être poli ou bien élevé, il sait quel genre de monstre tu caches dans ton occipital.  "Le manque de précision ? Oops, désolé, je ne suis pas désolé..." Il est là et c’est le principal, tu te fous des détails, il le sait même s’il prétend le contraire et il le droit à un clin d’oeil alors qu’il t’ouvre la porte. Tu avances dans le restaurant comme si le lieu t’appartenait alors que ce n’est pas le cas, c’est familier au moins et vous retrouvez votre table dans un sens. Un peu loin de tous et de toutes lumières trop dérangeantes, tu pourrais régler ça d’un simple regard, mais non, à la place tu t’installes, ton sac tombe à tes pieds. Tes lunettes de soleil sont abandonnées sur la table et déjà, tu pars à l’assaut du verre d’eau qu’on a mis devant toi.
Tu le vides d’une traite, comme si tu avais passé l’heure précédente dans le dessert et quand tu le reposes, c’est pour t’essuyer la bouche du revers de ta main. Et lui répondre à Keith et son air de grand frère irrité. "Ouais, mais où est le fun dans tout ça ? Et puis c'est chiant, je t'envoie un message, tu m'envoies un message et au final je ne vois même pas ton adorable bouille et tu ne vois pas la mienne." Tu fais mine de lui envoyer un baiser dans l’espace qui vous sépare, c’est mieux plutôt que d’avouer que malgré son aide, tes progrès en écriture et en lecture sont minimes. Ce n’est pas important dans ton monde de savoir lire ou écrire à la perfection, ça n’a pas vraiment d’incidence et ça ne paye pas les factures.  "Au moins, comme ça, on a une vraie conversation." Comme des gens civilisés, comme quelqu’un qui veut quelque chose, non, qui a besoin de réponses et l’instant suivant, tu te mets plus à l’aise sur ta chaise, bien appuyé contre le dossier de cette dernière, ton regard posé sur Keith. "Et tu peux vérifier que je ne suis toujours en vie et que je ne me suis pas fait manger tout cru par cette horrible ville." No pun intended, que tu penses, tu te retiens d’éclater de rire en pensant que techniquement, tu payes ton loyer en te faisant bouffer tout cru, mais ce n’est pas le genre d’humour que le rabat-joie en face de toi pourra apprécier. Quel chieur vraiment, mais tu as besoin de lui, alors autant être un minimum gentil.
"Allez, arrête de bouder, je peux même payer aujourd'hui, regarde !" Ton index se lève et tu attrapes ton sac, tu fouilles rapidement dedans  et tu viens poser sur la table une liasse de billets conséquente. Le fruit de ton labeur et les gains des deux derniers jours, que personne ne vienne te reprocher ton manque d’éthique, tu fais très bien ton boulot. Quand le serveur passe de nouveau près de vous, tu l’arrêtes d’un signe de la main, ton autre main range les billets à leur place dans un geste trop rapide pour vraiment être naturel. "Il va me falloir de la vodka, toutes les entrées du menu et tous les accompagnements, et ce que monsieur le grincheux veut au passage." Tu as faim, pas seulement pour tous les mets que l’on va placer devant toi mais pour tout ce que cette ville et la vie ont à offrir en règle générale. Si Keith pense que ton appétit a une fin, il se trompe vraiment.

Agacement et inquiétude vont de paire lorsqu'il est question de Noah ; l'un ne s'est jamais effacé, s'est simplement dillué au fil des années pour laisser place au second. Une terrible chose que Keith regrette par moment, déjà habitué par une anxiété certaine au quotidien. Il ne possède aucun besoin pour plus d'ennuis dans sa vie, et pourtant ; le choix a été fait malgré lui il y a plusieurs années, et s'éternise depuis. Il serait aisé de se défaire des messages ou de conclure que sa part a été faite, d'oublier le numéro du gamin en changeant de téléphone, ou simplement de lui expliquer les choses comme elles sont. Mais si Keith garde ses distances à sa manière, il ouvre à l'occasion leur conversation, sans envoyer de messages, et guette les mots échangés comme si un nouveau message allait apparaître. L'inquiétude est mise sous silence et le regard s'attarde plutôt sur les derniers rapports de police, sur les arrestations liées à la prostitution et l'indécence, et aucune description ne colle au gamin. Un message serait plus simple, mais Keith ne fait jamais rien dans la simplicité lorsqu'il est concerné. Plus buté qu'honnête, le détective préfère estimer son état favorable et attendre le prochain signe de vie.
Le regard est aiguisé ; posé sur Noah et son verre d'eau se vidant au fil des secondes jusqu'à ce qu'il n'en reste plus rien. Il signe de la main est fait au serveur ; autant que le pichet d'eau reste près d'eux. Noah n'a certainement pas bu depuis plusieurs heures. Keith ne l'imagine pas prendre le temps de boire les quantités réglementaires pour ce qu'un corps demande, en une journée. Et fait-il autre chose que marcher dans les rues de la ville ? Certes, il s'agit de l'hiver, mais marcher reste quand même un effort physique. A-t-il mangé quelque chose d'autres que le repas qui les attend ?
Les lèvres se tordent finement.
Agacé et inquiet, oui. Voilà un constat qui est permanent.
Un grognement quitte ses lèvres lorsque la peste en face de lui envoie un baiser soufflé. Si Keith est tenté de faire un geste pour éloigner le baiser, il ne le fait pas ; il sait après tout que rien ne vient vers lui.
- Je suppose que tu as raison. Quelques messages ne suffiraient pas, après tout, à voir son état de santé et savoir comment il se porte. Pour l'heure, Noah semble bien énergique, mais Keith ne sait pas s'il doit mettre la chose sur la bonne humeur ou une drogue quelconque. Je doute que tu sois comestible, qu'importe ce qu'on peut bien te dire.
Une grimace traverse ses lèvres avant que Noah ne puisse faire une remarque bien désagréable sur la chose. Keith possède nullement l'envie de savoir ce genre de choses.
Ou encore de voir la table emplie de billets dont il en connait l'origine. Les yeux se ferment tandis qu'une longue inspiration et prise, et qu'il tâche de garder son calme. Nombreuses ont été les interventions envers Noah, et de ce qu'il sait, aucune a fonctionné. Au moins aujourd'hui, le gamin possède la plupart de ses vaccins. Un accomplissement qui a demandé beaucoup de patience et aussi, l'écoute de nombreuses bétises.
- Noah , qu'il gronde simplement, mais le gamin range déjà l'argent en demandant au serveur une liste interminable de plats. L'homme passe ses doigts contre son visage, les laisse un instant avant de soupirer et d'offrir un sourire serré, mais poli, au serveur. Quelque chose avec des légumes, n'importe quoi. Merci. Il suppose aisément que les accompagnements sont plus gras que santés, et que Noah n'a pas vu la couleur d'un légume depuis bien des jours, outre ceux se trouvant dans les pantalons de ses clients. Une oeillade est offerte au gamin lorsque le serveur s'éloigne. Un brin de politesse ne te ferait aucun mal, Noah. que le détective peste, s'emparant de son verre pour en prendre une gorgée. L'eau n'a rien de froide, les glaçons fondues depuis un moment déjà. Il y a un petit goût de fond lui dévoilant bien que l'eau vient du robinet, mais Keith se garde de faire une plainte quelconque.
- Fais un peu plus attention avec ton argent, veux-tu ? Tu devrais vraiment te concentrer sur les virements bancaires. Quelle idée, vraiment, de se trimballer dans les rues de Crimson Bay avec une telle somme sur soi. Nombreux serait prêt à faire n'importe quoi pour quelque billets. Je peux savoir ce qu'est l'urgence maintenant ? Ou tu préfères attendre nos plats. Keith suppose déjà le second, mais qu'importe ; sa patience est légère, et son inquiétude demande à se taire.

Si Keith est agacé, c'est le signe que tu fais très bien les choses. Oui, pour ce grand homme de la vie, tu ne dois être qu'un gamin un peu chiant à qui il ne doit rien du tout, mais il doit bien savoir que dans une certaine mesure, tu fais exprès, non ? Tu pourrais être plus conciliant que cela, tu pourrais tenter de parler le même langage que lui et suivre les conseils du détective et tenter de te sortir un peu de cette misère et faire autre chose des cartes que la vie t'a données. Franchement ? Ce n'est pas une rhétorique à laquelle tu adhères, tu considères que tu t'en sors très bien, surtout avec tout ce que tu as vu, tous les abus que tu as suibis et le fait que tu refuses toujours de te placer en victime. Tu n'as jamais versé une seule larme depuis le jour où tout s'est écroulé, tu refuses qu'on en verse pour toi et tu refuses la pitié des autres. L'argent et le manque de respect, sans doute, mais de la pitié ? Non, ce n'est pas ce qu'il y a aux yeux au fond des yeux de Keith, il voit sûrement tout le potentiel gâché et si tu étais un peu plus clément, tu pourrais lui donner une véritable étreinte, sans aucun sous-entendu et plus rassurante qu'autre chose, et lui dire que non, ce n'est pas de sa faute. Ce n'est pas de sa faute à lui si tu as été brisé en tellement de morceaux que ton âme est méconnaissable, pas de sa faute si à chaque fois que tu as dû te relever tu as perdu quelque chose de crucial et vraiment pas sa responsabilité si tu frappes aussi fort que tous les coups que tu as reçus. C'est la vie. "Han Keith, j'espère que tu n'embrasses personne avec cette bouche-là, voyons..." Voilà ce que tu dis quand il réplique aussi crument que toi, ça te fait en réalité très plaisir de le voir parler ainsi, qu'il arrête d'être aussi sérieux vraiment.
Il a même le droit à un : "Yes, Dad." que tu fais bien exprès d'appuyer quand il critique tes choix alimentaires. Tu ne fais rien de bien selon lui et c'est parfait, parfait que Keith le prenne à coeur et parfait qu'il ne réalise que tu pourrais piétiner et cracher sa considération avec un sourire angélique sur le visage. Il n'est pas naïf et pourtant il essaye encore, Keith est une énigme vraiment. Tu ne vas pas t'amuser à le déchiffrer, c'est le boulot de quelqu'un qui se soucie de ce qui arrive au détective et avec une patience infinie. Des caractéristiques qui ne s'appliquent pas à toi, surtout pas quand le sourire disparait la seconde suivante.  "Est-ce que tu viens vraiment de me dire de faire gaffe avec mon argent ?  J'ai toute la sécurité qu'il me faut dans mon sac, ne t'inquiète pas, je sais me défendre, je suis toujours en vie, non ?' Tu dis bien cela avec une lueur de défi dans les yeux, Keith n'imagine même pas tout ce que tu es capable de supporter, à dire vrai, il ne vaut mieux pas qu'il le sache, ça chamboulerait ses petits idéaux et une partie de son monde si bien rangé.
Tu ne vas pas non plus sortir ton fameux couteau et le lui montrer, il n'a pas besoin de savoir quel genre d'animal tu deviens quand ta propre sécurité est concernée, autant dire que ce n'est pas très beau à voir. Enfin, question de point de vue, toi tu trouves cela mythique, mais là encore, cela dépend de la perspective. Il s'impatience et tu roules des yeux. "Doux jésus t'es pas fun, laisse-moi au moins prendre un verre." Et qu'il te laisse avoir ton petit moment et tes petits effets, non ? Toi tu trouves cela drôle, c'est bien pour cela que tu continues de soutenir le regard vers lui et les deux coudes bien posés sur la table, tu le fixes toujours.  "Tu sais quoi, un jour, je trouverais ce qui te fait véritablement tiquer, histoire de te voir sourire, un peu." Ou tout simplement relâcher prise, il en a sans doute besoin, plus que toi. Le serveur revient avec ta boisson et face à ce dernier tu parles beaucoup plus fort. "Mer-ci." Le simple mot est pour le serveur mais tu regardes Keith en disant cela et tu prends une longue gorgée de ton alcool, un soupir à la fin, presque prêt à en dire plus. "J'aurais besoin que tu utilises tes super talents et tes connexions pour retrouver quelqu'un. Quelqu'un d'important." Enfin, ça tu n'en es même pas certain, est-ce être important que d'abandonner son gamin avant même qu'il ne vienne au monde ? Bonne question. "Et je ne te demande pas de faire ça pour mes beaux yeux, je compte bien payer pour tes services."

Keith n'a jamais voulu être père. Il n'a jamais voulu d'animaux, non plus. Le détective ne saurait dire dans laquelle que ces cases tombe Noah, pour le coup. La chose étant que, au final, il porte malgré lui un rôle qui ne lui a jamais fait envie. Un rôle qui éveille des souvenirs qui sont poussiéreux et qui devraient rester où ils sont ; dans le passé. Keith a conscience des problématiques et des traumatismes qu'il possède depuis l'enfance ; une liste non concrète se trouvant quelque part dans son esprit. Une prise de conscience certes présente, mais pour laquelle il ne fait rien. Du moins, jamais intentionnellement ; Moon l'a mené à devenir père malgré lui, et Noah n'arrange rien à la chose. S'il ne possède aucun engagement technique face au gamin, Keith veille et se crée des ulcères en sa simple présence trop souvent. Une inquiétude qui ne devrait pas être la sienne mais quelqu'un doit bien porter pareil rôle. De Noah, il en connait que les notes à son dossier criminel lorsqu'il était dans la police. Une histoire triste comme on en voit souvent, surtout lorsqu'on a conscience des cendres sur lesquelles New Blossoms a été fondé. Nombreux sont ceux qui n'ont pas eu de chance. Trop en comparaison à ceux qui ont profité d'un tel événement pour se faire de l'argent. Mais le monde est pourri ; Keith ne peut rien y faire. Sa connerie est peut-être profonde, mais pas au point de croire qu'il peut changer les choses.
Juste quelques situations. Juste quelques tragédies.
Du moins, celles qui traversent sa route.
Et que CERBER soit au courant ou non, la chose lui appartient.
Le regard est ennuyé, posé sur Noah. Le gamin a beau lui sortir de grands mots, lui faire de grandes menaces, Keith n'est pas impressionné. Il peut facilement deviner ce qu'il traine outre qu'une trop grande quantité d'argent. Mais les armes ne changent rien face aux implants, face aux mutations. La RED crée des horreurs plus grandes jours après jours. Les armes sont similaires à des jouets, maintenant. Noah ne pense certainement pas à se procurer un gadget illégal pour sa protection plutôt qu'une arme à feu ou un couteau.
- Pour le moment, oui. qu'il soupire, lui donnant au moins raison sur la chose. Keith suppose qu'il possède une certaine chance. Après tout, Noah possède une grande gueule. Un jour, il tombera sur quelqu'un qui désire vraiment le faire taire. Et certainement pas en lui mettant quelque chose dans la bouche.
Un sourcil s'hausse lentement ; combien de regards a-t-il supporté dans sa vie ? D'abord celui de sa mère, puis celui de ses soeurs et de ses pairs. Les oeillades noires de Moon ont été difficile en début de cohabitation, et celles offertes par Noah lui rappellent cette époque. Ce besoin de se rebeller, de provoquer, de chercher quelque chose pour faire trembler le monde entier. Pour s'imposer.
- Peut-être que si tu faisais un peu plus attention -   Non pas que Keith ne le juge pas responsable. Nombreuses sont les semaines se passant sans qu'ils n'entrent en contact, après tout. Keith suppose facilement que Noah mène sa vie facilement. Mais les rencontres se font toujours sous des raisons compliquées cachant souvent des problématiques que Keith doit régler. Une mauvaise habitude que prend Noah et qui, au final, accentue les inquiétudes et les ulcères dans son ventre.
Ses lèvres se tordent un brin quand le gamin offre un remerciement trop forcé et  appuyé au serveur. Le tout est caché derrière sa main qui, au final, caresse la maigre barbe tandis que Noah lui annonce pourquoi il l'a contacté. Un client lui doit-il de l'argent ? Lui a-t-il fait du mal ? Une oeillade vagabonde encore sur ce qu'il peut voir de Noah ; aucune blessure ne semble visible, mais les vêtements cachent bien des choses. Et toute les blessures ne sont pas forcément visibles.
- Pour quelle raison ? que le détective demande, ignorant la mention de l'argent. Ils verront ce point à la chose. Keith n'a pas forcément envie de lui demander de l'argent, mais il suppose que le tout dépend des recherches. L'homme lève les yeux au ciel malgré tout ; Laisse tomber tes beaux yeux, oui. Quelle personne d'importance ? Des scénarios demandent à s'implanter dans son esprit et créer de terribles histoires. Keith suppose que certaines sont vraies, peut-être. Il ne peut rien y faire. C'est la vie, et il n'en est pas le maître. Et Noah ne sait pas l'écouter, de toute manière. Non pas qu'il possède la parole ultime, de toute manière.
Ses doigts s'élèvent pour faire un signe au serveur.
- Une bière, s'il vous plait. N'importe laquelle. Keith devient déjà qu'il en aura bien de besoin. Les restaurants ne possèdent pas, en règle générale, ses préférences. Il s'y accommode comme il le fait avec les produits contenant du lactose bien que l'un des problème est plus important que l'autre. Tu sais que je ne suis pas détective privé, n'est-ce pas ? Ce n'est pas dans mes tâches. Keith recherche des individus dangereux, souvent. Ceux qui peuvent causer problèmes et blesser autrui. Et de lui-même, fait un choix sur la mesure à suivre. Une politique nouvelle et accentuée depuis quelques mois, près d'un an. Une justice floue qui lui appartient et qui est précise pour lui seul. Il s'agit de quelqu'un de dangereux ? Une part de lui espère garder Noah loin de ces eaux là ; des horreurs qu'il fait à l'extérieur de son emploi. Mais si les ténèbres ont déjà atteint Noah, Keith n'a aucun choix.

Keith te conseille de faire attention, enfin, un peu plus attention et c'est tellement ridicule que tu pourrais éclater de rire. Juste là, devant lui, un rire bien gros et gras pour lui montrer que tout ça ne t'atteint pas et lui rappeler sa place dans ton monde. Il est utile, un minimum apprécié, mais qu'il ne dépasse pas la case et la place que tu lui as trouvée, sinon tu le rayeras de ta vie sans absolument aucun regard en arrière et sans aucun regret. Tu n'as pas de regrets, jamais, on t'a souvent dit que cela venait avec l'âge et cela t'a toujours fait rouler des yeux. L'âge ? Quand ta putain d'innocence t'a été prise de la pire façon qui soit sans que tu puisses vraiment dire non ? Tu as sans doute des traits un peu trop fins et tu n'es pas sur cette planète depuis longtemps, mais ton âme est tellement usée bordel... tellement sale et tellement grisée par les afflictions des autres, si on devait te juger sur cela, on te verrait très certainement comme un centenaire. Mais soit, on repassera, tu tolères, parce que c'est Keith, que sa pseudo-gentillesse et prévenance doivent cacher quelque chose de malsain, c'est toujours le cas dans ton monde et qu'il ignore l'argent offert, comme si ce n'était pas grand-chose. Must be nice, que tu penses amèrement, et tu te contentes de faire une jolie moue, là encore, très bien travaillée et de répliquer aussi. "Est-ce qu'il me faut une raison ?" Non, c'est de la rhétorique pure et simple, tu n'as pas besoin de raison, pas besoin de pourquoi ni de comment. Et pense-t-il que tu vas livrer tous tes secrets pour un repas chaud et lui qui s'inquiète ? Ton corps est sans doute vendu pour pas grand-chose, cependant, le reste est extrêmement précieux et vraiment, tu plains celui qui payerait assez cher pour voir les rouages de ton esprit et la noirceur de ton âme.
Parce qu'il y a définitivement quelque chose qui cloche chez toi, définitivement quelque chose de profondément tordu, et ça, tu l’as toujours su. Ton géniteur, quelque part, devait le savoir aussi, il a dû le sentir assez tôt, vu qu'il n'a pas souhaité rester dans les parages. "J'ai une théorie sur les mecs qui boivent de la bière mais... t'es pas encore en état de l'entendre, du tout même." Voilà ce qui s'échappe de ta bouche, à des kilomètres de ceux que tu pensais, à des lieux de ce qui te remue véritablement, ça sera pour un autre moment, Keith n'a pas besoin de savoir, tu distilles les informations au compte goute vraiment. La commande est passée et tu hausses les épaules, avant d'esquisser un sourire, les coudes sur la table, le menton qui repose entre tes doigts fins. "Je sais. Je sais aussi que si je demande gentiment et que je t'explique à quel point c'est important pour moi, ta culpabilité latente va s'activer et tu vas te dire que si tu peux me faire un truc pour me rendre la vie juste un tout petit peu plus facile, tu le feras." Le jeu n'est pas particulièrement amusant dans le cas de Keith, la trappe n'a pas besoin d'être refermée avec une violence certaine, il n'est pas si difficile que cela à lire l'autre homme. "Je ne sais pas si dangereux est le bon mot en fait, inconnu, oui." Une pièce importante du puzzle, dans le chaos ambulant qui fait que tu es toi... pourquoi tu tournes autour du pot ? Parce que tu adores être dramatique à souhait, cela plait même à certains clients, pas besoin d'autant ce soir, autant aller droit au but, autant lui dire ce que tu veux.
"Keith... je veux que tu retrouves mon père." Voilà, tu le lui as dit, c'est plus un ordre qu'une question en fait, faudrait sans doute que tu revois le ton, mais c'est là, le monde ne s'est pas effondré, il ne s'est fondamentalement rien passé et dans un sens, c'est rassurant. Le serveur revient, il a la boisson du détective et quelques plats pour toi, tu ne le remercies pas cette fois-ci, déjà la fourchette à la main, déjà prêt à t'empiffrer plus que mesure, parce que c'est devant toi. "Prends une gorgée de ta bière avant de dire quoi que ce soit d'intelligent." Un conseil avisé, parce que ses prochains mots vont déterminer ton degré d'irritation pour vos futures interactions, cela ne fait aucun doute à tes yeux.

Il y a une différence entre la patience et - peu importe ce qu'il ressent, actuellement. Keith ne pourrait dire qu'il est patient, envers Noah. Le gamin est intenable, toujours des mots au bord des lèvres pour provoquer. La crise d'adolescence de Moon était quelque chose, mais son neveu a fini par passer à autre chose. Noah est - pris quelque part. Peut-être dans une colère qu'il ressent depuis toujours, dans une rage qui est devenue le nectar même de ses veines. Keith n'est pas idiot au point de vouloir l'en débarrasser. Il connait le gamin depuis des années, après tout. Assez pour avoir fait des nuits blanches à son sujet. Pour avoir senti ses entrailles se tordent, son bon sens tenté de trouver une solution pour le sortir de la rue, l'aider. Des pensées qui ne servent pas à grand chose. Noah possède cette haine en lui, cette haine de vivre. Elle alimente chacun de ses mouvements, chacune de ses pensées. L'en défaire serait briser la personne qu'il a construit, qu'il est devenu au fil des années. Un processus qui ne dépend pas de lui, qui ne dépendra jamais de lui. Keith ne possède pas ce rôle là. Il est à quelqu'un d'autre ou encore, à absolument personne. La vie n'est pas une question de rédemption ou un cheminement pour être mieux, pour faire mieux. Il n'y a pas de bonnes réponses, après tout. Juste la vie, avec ses bons et ses mauvais côtés. Et Noah la traverse comme il peut, aussi abrasif qu'il peut bien choisir de l'être, si la chose lui permet d'être debout.
Une oeillade ennuyée est offerte au môme quand il lui sort un semblant de réflexions sur son choix de consommation. Keith ne prend même pas la peine de lui demander de quoi il parle. La chose l'intéresse nullement. Une connerie qu'il n'a pas besoin d'entendre. Le détective préfère préserver ses oreilles pour les autres bêtises que Noah a en réserve pour lui. Il sait déjà que la liste sera longue, après tout. Noah est comme un sac à surprises. Imprévisible. Souvent décevant.
La mâchoire se braque tandis qu'un monologue commence. Certes vrai, mais culotté. Keith n'a pas besoin de se préoccuper de son sort. C'est un choix qu'il a fait il y a longtemps et qu'il refait à chaque fois. L'homme sait avec aisance qu'il pourrait simplement tourner la page, bloquer son numéro et laisser Noah être le problème de quelqu'un d'autre. L'Idée lui a traversé l'esprit plusieurs fois, en vérité. Mais Keith s'est souvent retenu d'agir de la sorte, bien que Noah lui a souvent donné des raisons de faire le contraire.
La demande tombe enfin, et Keith hausse d'un sourcil. Il ne pensait pas Noah si .. sentimental. Pour vouloir trouver un homme simplement pour lien de sang, ou qu'importe ce qui peut bien être l'explication. Sur la table, quelques assiettes et la bière sont posés. Keith ramène la dernière vers lui et fronce des sourcils - toujours plus, avec Noah - quand il parle de nouveau.
- Noah - qu'il dit juste, comme mise en garde emplie de lassitude. Le gamin lui tombe sur les nerfs, vraiment. Mais c'est une chose récurrente, qui va et qui vient constamment, à chaque rencontre. Il n'en est pas surpris. Juste las. Toujours un peu plus. Peut-être pour amortir ta connerie, oui.
Une gorgée est prise, alors, pour faire passer les conneries que Noah peut bien lui dire. L'importance de la chose lui semble si maigre, maintenant. Une histoire de père, et encore ? Keith ne possède pas vraiment un sentiment quelconque face à la chose. Après tout, le détective ne possède pas de relations favorables avec ses propres géniteurs. Ces histoires de sang et ce qu'elles représentent, il ne s'y situe pas.
- Et pour quelle raison, hm ? Lui demander un peu d'affection ? Keith ne l'imagine pas à la recherche d'un homme qu'il peut appeler Daddy. Noah a certainement une liste beaucoup trop longue pour son propre bien. Ou alors le support alimentaire des vingt dernières années ? J'ai besoin d'un peu d'explications, Noah.
Son impatience commence à se faire sentir. La nourriture aussi, heureusement. Keith s'empare d'une fourchette et pique dans une assiette, prenant une première bouchée durement méritée.
- J'ai beau souvent dire oui à tes caprices, tu dois comprendre que ce n'est pas la réponse que tu auras à chaque fois. Mais Noah ne comprendra jamais. Parce qu'il fait parti de ceux qui veulent prendre, prendre et encore plus. Parce que le monde lui a tout pris alors, il veut tout prendre en retour. Arrête de tirer cette tête. qu'il gronde en levant les yeux, après avoir piquer dans une autre assiette. J'ai pas dit non, non plus. Ni oui, mais qu'importe.

L'autre homme prend cette fameuse gorgée de bière, tandis que tu mords dans un autre apéritif, et tu as beau lui avoir dit, non ordonné, de bien réfléchir à ses prochains mots... Il ne le fait pas Keith, et cela te fait bien rouler des yeux, pendant quelques longues secondes, avant que ton regard sombre ne retombe sur lui et sur ses suppositions. Tu trouves la curiosité du détective très mal placée, pas seulement parce que tes petites affaires ne regardent que toi dans le fond et véritablement que toi, mais bien parce qu'il devrait savoir qu'il peut perdre beaucoup en t'interrogeant de la sorte. Tu as grandi dans un environnement où les questions étaient bannies, elles ne sont que le reflet d'un désir d'en savoir plus et est-ce qu'on a besoin de savoir quelque chose pour survivre ? Non, il suffit juste de s'accrocher à la vie de toutes ses forces et de ne jamais lâcher prise, et ce peu importe le froid, peu importe les coups, peu importe l'adversité, il devrait bien le savoir cela, pas vrai ? Oh, tu supposes que vous n'êtes pas fait dans le même matériau, Keith et toi, il tolère bien ta présence, cependant, tu ne lui as jamais vraiment demandé d'où il venait ou même quelle allure l'enfer avait pour lui.  Quand il te rabroue pour ton expression, tu lui offres un sourire mauvais, un geste éphémère alors que tes lèvres se tordent, par automatisme plus qu'autre chose et lentement, tu finis par reposer ta propre fourchette. Tu as toujours faim, toujours, et tu te rempliras la panse plus tard, pour le moment, il faut lui donner autre chose au détective, est-ce que cela sera ton paiement ? Quelques bribes d'informations, sur toi, sur la noirceur de ton âme, sur ton cœur, en échange de son aide ? C'est plus avilissant qu'une requête d'un de tes clients et ça, tu espères qu'il en a bien conscience.
"Okay, je vais mordre à l'hameçon, Keith." Les mains libres, tes doigts de ta main droite viennent trouver ceux de la gauche pour ce crocheter à ces derniers et tu fais mine de réfléchir pendant quelques moments, tes yeux d'un marron foncé souvent qualifié de noir, rivés sur Keith. Il a toute ton attention, c'est lui qui t'a posé la question après tout. "Qu'est-ce que tu veux entendre ? Quelle explication sera acceptable pour que tu consentes à me donner ton aide en bonne âme et conscience, hmm...?" Parce qu'il s'agit de cela, bien entendu. De l'apaiser lui, de lui donner l'impression de faire quelque chose de beau et de noble de son putain de temps. Parce que sinon hors de question de t'aider, non ? Il faut bien quelque chose pour que le preux chevalier se lance dans sa petite quête ? Tu n'as pas besoin d'un sauveur, en fait, si Keith continue à trop te tendre la main, tu vas finir par mordre dedans et par ne pas relâcher prise. Il serait vraiment dommage que ça arrive, autant pour lui que pour toi. Surtout pour lui en fait. "Est-ce qu'il faut que je te supplie et que je te rappelle que je donne mes meilleures performances à genoux ? Que je verse quelques larmes en te disant que je ne suis pas réellement un pauvre orphelin et que j'ai besoin de repères ?" Ce serait une direction à prendre, de jouer dans le pathos, espérant l'amadouer pour parvenir à tes fins, cela pourrait fonctionner pour lui, lui qui essaye de t'élever au-dessus de ta misère. Comme s'il y avait autre chose que cela.  "Que je te soutienne que j'ai besoin d'un peu d'affection pour trouver ma place dans ce monde si grand ? Que je veux connaitre sa version des faits, savoir ce qui l'a poussé à partir et à nous abandonner ?"
Elle, celle qui a perdu la vie sous tes yeux, toi, le gamin des rues qui a tout fait pour survivre jusqu'ici. "Ou alors, tu veux savoir la vérité ?" Tu baisses le ton, ta voix un léger murmure à peine audible dans le restaurant et perdu au milieu des gens qui se contentent de vivre leur petite existence tranquille. La confession est pour lui, rien que pour Keith, qui aurait dû lâcher le morceau, plutôt que de te demander."Hein ? Tu veux savoir que j'ai déjà prévu de lui trancher la gorge et prendre un bain chaud avec tout le sang de ce connard quand je l'aurai retrouvé ?" Et tes mots sont peut-être horribles, ils ne vont pas du tout avec le nouveau sourire que tu as sur le visage, lumineux à souhait, ton expression traduit toute la véracité de tes propos et le fantasme qui t'a déjà traversé l'esprit à plusieurs reprises. Parce que tu as eu le temps d'y penser avant de formuler la requête face à Keith, et tu ne veux pas de pardon, tu ne veux pas de rédemption, tu ne serais même pas conforté par l'idée de savoir d'où tu viens et dans un sens, retrouver une partie de toi-même. Non, le miroir est brisé depuis longtemps, tu t'es même coupé avec un des morceaux et pouvoir être celui qui prend la vie de ton géniteur... Cela rétablirait un semblant d'équilibre, c'est ainsi que tu vois les choses, pas autrement. Tu finis par reculer, prenant bien appui sur le dossier de ta chaise et tu récupères enfin ta fourchette. "Non vraiment... dis-moi ce qui t'aidera à mieux dormir la nuit, Keith."

Il y a une noiceur, chez Noah. Une lourdeur obscure qui s'est accrochée à son cher et à son intérieur, aussi, et qui grandit au fil des années. Elle était là lors des premiers regards, lors des premiers arrestations. Même dans la nuit de New Blossom, Keith pouvait la voir. Il ne sait pas d'où elle vient. Le passé du gamin ne lui appartient pas. Des informations mises dans les dossiers à son sujet, le détective ne connait que l'essentiel et n'a jamais cherché à comprendre le mystère. Il ne lui appartient pas, après tout, ce mystère. Il est à un autre ; peut-être n'appartient-il même pas à Noah lui-même. Le gamin en a certainement rien à faire. Il ne connait que cela de sa vie, peut-être, cette noirceur. Cette lourdeur étrange qui se glisse contre son être sans qu'il ne puisse la refuser, sans qu'il ne désire la repousser, car elle est là depuis le premier souffle donné peut-être, depuis les premiers souvenirs dont on peut se rappeler. Keith observe, malgré tout. Pose un regard curieux vers cette étrangeté, ce monde qui ne lui appartient pas, mais duquel Noah se pense si facilement roi, et essaie de comprendre.
Ce qu'il en comprend, la liste est longue. Les informations lui échappent parfois, et Keith peine par moment à se rappeler des différentes, des détails qui les distancient si fortement. Noah est un enfant des sombres, des cendres et des poussières. Quel âge avait-il, quand New York City est tombé ? Keith ne compte pas. Il ne connait pas son âge. Du moins, il se plait à croire la chose. Noah est à peine plus vieux que Moon, après tout. Il pourrait être son neveu. Il pourrait être son fils.
Il pourrait être Moon, il ne l'est pas. Noah est le neveu de personne, le fils de personne.
Et si Keith possède ce désir futile de le rattacher à quelque chose, de lui créer des liens, pour qui se prend-t-il ? Lui-même a fui sa famille, il y a des années. Lui-même crache sur les liens, trop souvent.
Les ressemblances sont aussi nombreuses que les différences, dans un sens.
Noah mord plus qu'il n'embrasse et la chose est impressionnante quand on sait qu'il est payé pour le second. Le premier aussi, certainement, mais Keith ne porte que très peu de réflexions à la chose. Le sujet ne le concerne pas. Mais le gamin mord dès la première opportunités, ses lèvres se fendant des offrants des scénarios dérangeants et grostesques, des mensonges qui s'alignent et se déforment, s'assemblent et ne ressemblent à rien. Keith en est las. Las de ses jeux, de ses manières toutes plus agaçantes les unes que les autres à le voir comme le méchant, comme l'ennemi. Ne sait-il pas, pourquoi il est là ? Keith suppose que Noah a une image bien triste, bien larmoyante de lui et de ses principes. Se voit-il comme sa bonne cause ? Son acte de charité pour se sentir bien, avant de se coucher ? Keith n'a pas besoin de cela, dans sa vie. Il est bien hors du jugement des gens, les toise en silence et n'écoute pas les murmures qui peuvent être encore, hors du silence. L'opinion des autres ne le concerne pas. C'est celle des proches qui brule, coupe, laisse des marques. Et si Noah est l'un des rats de cette cité, il est bien celui qui vit le plus lointain. Et peut-être que Keith craint sa mort plus qu'il ne craint celles des autres rats. La mort n'a aucun secret pour lui, pourtant. À cet instant même, l'homme la sent contre lui tandis que des bêtes disparaissent à jamais. La mort est un frisson qui ne possède aucune fin.
- La vérité me suffit, qu'il répond après que le gamin lui ait compté milles histoires, milles récits, mais ce qu'il prétend être la vérité aussi. Keith n'imagine pas les mains de Noah blanches. Personne a les mains blanches, dans les environs. Encore moins un gamin comme lui. Ta vie n'affecte pas mon sommeil, Noah. Rien du tout. Sauf peut-être ma patience. Et encore. Un signe de la main, pour s'en débarasser, pour s'en défaire. Keith soupire d'épuisement - il est demandant, Noah - avant de prendre une autre gorgée de sa bière. Elle lui semble déjà plus tiède que froide et quelques secondes se sont passées, à peine. Mais je suppose que ma patience ne ressemble pas à grand chose depuis quelques années, déjà. Combien d'années, déjà. Sept ? Huit ? Keith ne comprend pas, ne préfère pas. Aucun rat n'a vécu aussi longtemps. Noah est bien le seul. Je ferais attention avec cette idée de bain. Je doute fortement que tu possèdes tout tes vaccins. Ou du moins, qu'ils soient bien à jour. Keith s'est assuré, il y a longtemps, que Noah en possède un nombre respectable. Ou que lui les posséde. Sa fourchette s'enfonce dans un morceau de viande et l'homme prend une bouchée, silencieux un moment. Cette histoire le lasse déjà. Il n'en possède pas la foi, ni même l'envie de suivre les sentiers sinitres de Noah. Pourtant, Keith en parcourt plusieurs. Mais ils ne sont jamais personnels. Noah est la différence, au travers de tout cela.

Le souci de vivre de nuit en nuit, c’est que le réveil est toujours brutal. Véritablement, c’est quelque chose que tu détestes, que tu as toujours détesté et cela ne date pas de ta première déchirure, quand le soleil perce dans le ciel et que la lumière si douce, si jaune, si apaisante vient reprendre ses droits sur tout le reste, toi ? Tu roules des yeux et tu te terres sous ta couette. Et ce même si cela veut dire que tu as survécu une nuit de plus, et ce même si cela veut dire que tu as réussi un pari fou et que tu n’es pas encore mort. Putain, oui, chaque nouvelle journée devrait être une petite victoire en soi, que tu devrais célébrer comme le gamin gourmand que tu es. Cependant, cela veut surtout dire qu’il faut refaire la même chose, que tu dois survivre, tenir quelques heures de plus et ne pas laisser le reste t’emporter. Replonger dans les mêmes emmerdes, dans les mêmes combines, cela veut dire que tu dois te débattre et jouer des coudes pour te faire une place à une table, n’importe quelle table et t’assurer de ne pas avoir que des miettes. Tu es doué pour mendier, encore plus pour dévorer et pourtant, tu sais très bien que l’homme assis en face de toi, Keith, ne t’a jamais traité de la sorte. Il ne t’a jamais traité comme un moins que rien, une putain d’épine dans son pied certes, mais jamais comme le problème que tu es. Il ne t’a jamais regardé de haut alors qu’il comprenne, tu lui fais une faveur en te montrant sous ton vrai jour, en le laissant plonger un peu dans la noirceur qui compose ton âme. Keith a de la chance dans un sens, parce que dans ta vie, il n’est pas vraiment utile, il n’est pas vraiment inutile, il est juste là, presque une constante, presque récurrent et cela est presque rassurant. Tu ne l’admettras jamais à voix haute, non, tu préférais encore crever que de lui dire ça, mais si tu es cynique à souhait, horrible au possible, c’est bien une marque de respect. Ton sourire ne part pas, tu mords dans autre chose, pour remplir ton estomac, pour apaiser les blessures de ton âme et face à sa réponse, tu ravales un rire.
Pourquoi déguiser la vérité et tes véritables désirs ? C’est un luxe que tu ne peux pas te permettre, dans ton monde, il n’y a que le maintenant et c’est tout. “Keith, même si cela te semble sans doute difficile à croire, sache que... je ne t’ai jamais menti.” Tu ponctues cette phrase-là par un hochement de tête, avant de te pencher vers ton assiette, le serveur t’interrompt pour t’apporter le reste de tes plats et tu te jettes dessus comme l’animal affamé que tu es. Tu mâches bruyamment, mais tu t’en fous, putain, tu t’en fous et cela te fait un bien fou de te remplir la panse, tu ne sais pas quand tu pourras répéter tout cela alors… Tu prends une grande lampée d’eau pour poursuivre et continuer ton explication. “Je mens si on me paye, je suis une pute bien dressée, pas un idiot, merci bien.” Et tu n’es pas un client, voilà ce que veut dire le regard suivant que tu lui adresses, mais tu ne le dis pas, le message est clair et audible pourtant... là encore, c'est la vérité. Keith ne projette pas ses désirs et ses envies sur ta chaire pâle, Keith ne te voit pas comme un truc éphémère ou le simple élément conducteur de son désir et de son plaisir, alors pas besoin de lui mentir, pas besoin de jouer ou même de surjouer pour lui. Du tout même. “Merci pour la mise en garde, mais tu n’as pas répondu à ma demande.” Une demande ? Un ordre ? Peu importe en fait, tu le laisses définir cela comme il veut, tout ça, ce n’est pas de ton ressort.  
“Est-ce que tu acceptes la mission ou non ?” Celle de retrouver ton père, pour que tu mettes la main sur ce connard, et qu’au lieu de demander une pension alimentaire, tu lui en colles une. L’offre est là, il peut donner son prix, tu vas te débrouiller pour le payer dans tous les cas. “Tu as le droit de dire non hein, contrairement à certains, je sais ce que ça veut dire, je bouderais un peu, mais je considérerais d’autres options.” Tu hausses les épaules, parce que tu ne peux pas mener Keith à la botte et ce même en faisant ton plus beau sourire et en battant des cils. “Je ne resterai pas fâché contre, oui, avec un aussi joli minois, c’est impossible.” A l’autre bout de la table, il a le droit à un clin d’œil suivi d’un baiser envoyé dans sa direction.

Les mots tombent de la bouche de Noah comme des assiettes le font, sur la table. Keith lève les yeux vers le serveur, quelque chose de sévère dans l'oeil. D'un regard, le détective le met en garde d'écouter quoique ce soit de leur conversation. Aucun mot ; la noirceur de ses yeux suffit. Keith suppose qu'à l'occasion, sa prunelle dilatée, plus noire que noire, peut amener un certain inconfort. Rares sont ceux qui constatent la nature de leur inconfort ; le détail est subtil, discret. Il faut s'y plonger entièrement pour le réaliser et Lim suppose que les gens sont bien plus souvent lâches que courageux. Alors, les assiettes sont déposés et l'homme s'en va, déjà, sans demander son reste. Le détective ne se sent pas coupable ; si le sentiment lui vient plus tard, il laissera un peu plus de pourboires, voilà tout. Aucun pardon n'échappera ses lèvres. Il les a trop dit, gamin. Maintenant, ils sont usés. Ils ne possèdent aucune saveur. Plus mécanique qu'honnête, ils ne portent rien de vrai. Keith les garde pour ses supérieurs ; ils possèdent un faible pour l'échine courbée même si, au final, Keith le fait uniquement pour bien cracher à leurs pieds.
Le mot le fait grincer des dents. Pute ; Noah l'emploie d'une manière crue et vraie, loin d'être entièrement souillée. L'homme sait malgré tout que certains le crachent à tout va pour rien et pour rien, pour réduire quelqu'un à genoux, à rien du tout, mais Noah n'est pas comme ça. Le gamin a léché le bitume plus d'une fois ; il connait la saveur de la poussière et des roches, de la sueur et des autres substances laissées par le corps humain. Keith suppose qu'il porte le titre comme une couronne, comme une armure. Il en fait sa propre protection, son propre manteau face au monde et au regard des autres. Il se l'approprie entièrement depuis trop longtemps, déjà. Un gamin qui a grandi les genoux abimés et la machoire douloureuse, malmené par des hommes - des fils, des pères, des frères, des grand-pères - qui osent encore cracher sur son passage sans pitié et qui bombent le torse, fiers de leur merde, fiers de leur connerie alors qu'ils ne sont que des sous-merdes.
- Je sais qui sont les idiots ; qu'il gronde, sans approfondir la pensée. Ils le savent tous les deux, après tout. Nul besoin de le préciser. Keith continue de manger également. Plus lentement ; son appétit est une chose moindre, toujours mouvementée par la présence des rongeurs à proxmitié. Il garde un oeil sur les quantités prises non pas pour les limiter, mais pour s'assurer qu'il n'oublie pas. Son ventre n'a pas cessé de gronder depuis des années. Un appétit fantôme, parfois, qui ne s'en va jamais. Keith possède une faim, une soif qui n'est pas la sienne. Pour la nourriture mais pour une multitude d'autres choses, aussi.
Un soupir quitte ses narines quand Noah demande, encore. Keith lève une oeillade vers lui, un court instant. Il dévisage le gamin brièvement avant de reporter son attention à son plat. Autant manger, oui. Noah n'a pas fini. Et le détective, lui, n'a toujours pas réfléchi. La quête est aussi juste qu'elle est étrangère. Elle possède trop de points sombres. Il mange, alors, Keith. Tandis que les questions tombent et que Noah ne démord pas. Évidemment que le gamin ne sait pas lâcher prise. Pas sans une réponse. Il s'est battu toute sa vie pour obtenir ce qu'il désire. Pour tout ce qu'il possède.
- Ralentis, un peu ; qu'il finit par lui dire, déposant ses ustensiles pour prendre une autre gorgée de sa bière. L'instant suivant, Keith soupire et laisse son dos se poser sur son dossier. Son corps est douloureux. Les journées sont longues, soit derrière un bureau ou derrière le volant. Son métier le limite à bien des choses, et Keith dépasse souvent les barrières mises en place. Il n'a pas été appelé au bureau de ses supérieurs depuis un moment, déjà. La chose ne saurait tarder. Noah en sera-t-il la raison ? Le gamin ne l'a pas encore été, étrangement. Les lèvres se tordent face au baiser offert et soufflé. Keith secoue sa tête, le sourire délicat, mais vrai, accroché à ses lèvres. Impossible; Noah l'est, oui, impossible. Et il lui rappelle Moon, encore, pour agir de la sorte. Tu as des informations sur lui ou rien du tout ? Il lui faut une miette, n'importe quoi, pour que les rats s'agitent. Pour que leur appétit s'éveille encore plus. Je te dirais bien que je préfère y réfléchir, mais te connaissant tu risques de déjà aller vers d'autres plans. Et l'idée me déplait énormément. Un besoin possessif sur le gamin ou alors, un manque de confiance grandissant, étouffant, envers le reste du monde ? Qui sait. Un mélange des deux, certainement. Keith n'est pas meilleur qu'un autre. Ou du moins, pour ces choses là. Il sait qu'il l'est lorsqu'il est question de son travail. D'accord, oui. qu'il finit par accepter, la décision prise depuis un bon moment, déjà. Noah est une mission à lui seul. Le choix a été fait il y a des années, déjà. Peut-être a-t-il adopté deux gamins, au final, il y a de nombreuses années. Selon ce que je trouves, je ne te promets pas dans quel état il sera. Paroles ajoutées, mise en garde hurlante de vérité.

Keith te dit de ralentir et tu as envie d’éclater rire, vraiment, parce que sa requête est encore plus impossible que la tienne. Ralentir ? Ici? Dans ta vie ? C’est impossible, c’est parce que tu es constamment en mouvement que tu as réussi à survivre jusqu’ici et cela ne changera pas. Et ce même si les demandes de Keith sont toujours faites avec une politesse extrême, c’est parce qu’il te voit comme un autre être humain, ça, tu le sais. Tu ignores ce que tu as fait pour mériter cela, tu ne t’y attardes pas, encore une fois, tu prends. Est-ce que tu seras satisfait un jour ? Oui, sûrement au moment où ton coeur cessera de battre, quand la chute arrivera, quand la ligne finale sera là et qu’il faudra partir d’ici. Tu ignores aussi ce que tu laisseras derrière toi, s’il y aura la moindre personne pour se plaindre, être enfin content de te voir disparaitre ou au contraire, verser des larmes. Tu t’en moques, tu retourneras à la poussière et dans les bras de la seule femme qui ait jamais comptée et c’est tout. Ce sera une très bonne fin, tu ralentiras donc à ce moment-là, mais ça, le détective n’a pas besoin de le savoir, il a juste le droit à un regard aussi malicieux que les autres avant qu’il ne dise oui. Keith accepte, ne t’envoie pas te faire foutre comme il devrait le faire et s’il pensait que ton sourire était lumineux avant, ce n’est rien comparé à l’expression que tu as sur le visage désormais. Alors que Keith te dit oui, encore une fois, s’il y a une leçon à tirer de tout ceci, elle est assez simple à tes yeux : tu peux toujours obtenir tout ce que tu veux. Toujours.
“Parfait.” Le mot est appuyé, les deux syllabes claquent et de quoi il te parle, aller voir ailleurs ? Pff, tu ne l’as jamais considéré. “Je savais que je pouvais compter sur toi.” Un mensonge plus que éhonté, il est là pour Keith et tenter de lui mettre du baume au coeur et tant pis si cela ne fonctionne pas. Tu mâches longuement avant de répondre à ses autres questions, il faut bien le lancer sur la piste et lui donner quelque chose pour trouver l’autre, pas vrai ? Peu importe si Keith veut se charger de lui avant toi, rien ne peut être pire que ce que tu as déjà prévu pour ton cher père. “J’ai le nom complet de ma mère, à savoir Liza Carrington, et je sais qu’elle avait une bague à un moment donné, donc ils ont pu être mariés. C’est tout, c’est peu, je m'en doute bien. Mais je sais également pourquoi c’est toi qui as été mon premier choix.” Parce que maintenant que la balle est dans son camp, Keith va trouver quelque chose pour te contenter, il en a quelque chose à faire de ton sort, pas vrai ? Oui, il vient encore de le prouver ce soir, tu ne le mérites vraiment pas, tu t’en fiches, tu veux des réponses. Et il aura un pan de plus de ton histoire et de ton passé sordide.  
“Il n’y a aucune limite dans le temps à ma requête, je sais que ce que je demande est presque impossible donc... aucune pression de ma part, je sais, t’as pas l’habitude, ça va bien se passer.” Il a le droit à un autre clin d’oeil avant que tu n’abandonnes une autre assiette vide, tu croises les bras sur ta poitrine, les yeux toujours rivés sur l’autre homme, tu ne cherches pas particulièrement à le percer à jour, cependant, il n’a encore rien demandé en retour et ça, dans ton monde, c’est déroutant. “Il ne nous reste plus qu’à discuter ton paiement, Keith.” Une partie important de l’accord, plus qu’importante, la seule chose qui compte à tes yeux en réalité, tu ne lui demandes pas de te faire la charité, ça, ça t’irriterait plus qu’autre chose. “Et je sais, je sais, tu es beaucoup trop droit dans tes bottes pour accepter mon argent, surtout que tu sais comment je le gagne...” Tu fais taire les protestations avant qu’elles n’arrivent, il le sait que tu n’as pas honte de ce que tu fais, lui doit trouver cela putain de triste ou de honteux, mais c’est tes genoux et ton corps. Et tu fais ce que tu veux, peu importe s’il y a mieux à faire dans cette ville, peu importe si tu pourrais investir ton temps et ton intelligence dans autre chose. Il n’y avait aucun retour en arrière possible après cette première fois là, c’est le genre de pêché qui grave la chair et l’âme, ça a tracé un chemin pour toi que tu le veuilles ou non. Alors maintenant, tu te contentes de suivre.  “Mais je n’ai pas survécu aussi longtemps en accumulant les dettes, donc... ton prix sera le mien.” Et là, tu ne parles pas d’argent et tu attends sa réponse, anticipant déjà que le prix sera élévé et que cela risque de ne pas te plaire.

Keith a choisi Noah. C'est une chose dont il a conscience. De la même manière qu'il a choisi Moon, il y a des années, quand le gamin s'est présenté à sa porte. Après tout, le détective a envisagé, longtemps, de le renvoyer chez lui. Il a parlé à ses soeurs plusieurs fois, avec sa mère également. Des plans avaient été faits, avec Hana. Une sortie de secours en cas de problèmes certes, mais une idée principale dans l'esprit de Keith. Il avait l'intention, pendant un temps, d'envoyer Moon ailleurs. Hana était beaucoup plus stable, déjà mère, plus heureuse, plus entière. Et pourtant ; au fil des semaines, le plan est devenu poussière et Moon est resté chez lui. Keith l'a adopté qu'importe les crises, qu'importe les larmes, qu'importe les insultes. Il suppose qu'en quelque sorte, un schéma similaire à eu lieux avec Noah. Les détails sont différents. Le lien de sang n'existe pas. Keith avait - a - encore moins d'obligation à son égard. Il s'agit d'un choix, encore t encore, qu'il fait. Qu'il fait encore à cet instant, tandis que le gamin est fortement insupportable et qu'il porte cette couronne faite de crasse et de misères, de fluides qu'il ne nommera pas.
Noah est l'enfant dont il ne veut pas. L'enfant qu'il a envie de protéger, pourtant, et dont il se plait à ignorer l'existence parfois. Il est celui qui lui remue le ventre d'angoisse, brusquement, maintenant que Moon le fait de moins en moins souvent. Noah porte le visage de ces choses qu'il ne peut pas faire, qu'il ne peut pas changer, qu'il doit accepter. Keith est plus clément, avec lui. Il a conscience de ses limites, et de ce qu'il peut faire. Keith ne se voit pas comme un sauveur. Il sait qu'il n'en sera jamais un, pour Noah. Noah n'en veut pas, de toute manière, de ça. Keith en a parfaitement conscience. C'est un fait qui est coulé béton, qui ne changera jamais. Noah est noirci jusqu'à la moelle, et le défaire de ce qu'il est en viendrait à le détruire, entièrement.
Alors, Keith le rejoint parfois dans la noirceur. Il n'y reste pas, jamais longtemps, car l'homme tangue dans les nuances de gris et ne désire pas se perdre dans le noir. Mais il possède un pied dans son monde, dans son univers, et il ne joue pas à l'aveugle. Noah a beau croire qu'il possède une armure de chevalier, qu'il se voit comme un sauveur ou une merde du genre, le détective Lim n'en a que faire. Il sait qui il est, et a conscience de sa personne.
Les informations sont prises en compte. Keith sort son téléphone et les inscrit dans le blocnote pour s'en souvenir. Il ne demande pas à Noah d'épeler le nom entier de sa mère. Il doute bien que le garçon ne saurait pas le faire, même s'il essayait. Il y a des choses que l'on apprend simplement pas. Keith s'arrête brièvement et lui offre un regard peu impressionné lorsque Noah continue, lui parler des prix, de son argent, de son métier. Keith ne dit rien. Qu'il croit ce qu'il veut, oui. Keith n'accepterait pas son argent, certes, mais son emploi ne change rien à la chose. Keith ne désire pas l'argent des autres, de ceux dont il se soucie. Il déteste profondément les cadeaux, autant qu'il les apprécie, et l'argent est une chose avec laquelle il possède un problème. Il est difficile pour lui d'accepter un montant pour quelque chose associé à un service qu'il rend de bon coeur.
Même si, dans un sens, il ne fait pas la chose de bon coeur. Keith s'exécute simplement pour que Noah ne fasse pas une bétise profonde de lui-même.
- Hm -- tu veux un prix ? , qu'il demande, un coin de son téléphone appuyé contre la table, l'appareil toujours entre ses doigts. Il le tapote une fois, deux fois, avant de le déposer. Keith s'empare de ses ustensiles et prend une autre bouchée, mastique lentement. Il fait mine de réfléchir. Puis, le détective hausse d'un sourcil et lève sa fourchette. J'ai une idée. Je doute que tu apprécie. L'idée est empoisonnée. Elle est vile et maligne, traine dans son esprit depuis des années, certainement. Elle porte une saveur différente lorsqu'il est question de Moon, mais reste présente. Change de sérum. Passe de la Red à la Vitae. , qu'il dit, sans détour. Son regard ne quitte pas le sien. Noah dira non, à coup sur. Keith n'en doute pas.

Le détective note les informations et tu ne le quittes pas du regard Keith alors qu’il fait tout cela. Tu viens de lui livrer une partie de toi, une partie de ton passé, une partie du mystère et pour quelqu’un comme toi, c’est la seule chose qui a la moindre valeur. Pas les vêtements que tu as sur le dos, pas ta réputation, pas ta dignité et encore moins tout autre type de possession triviale ou même matérielle. La seule chose qui compte, c’est ce que tu as été, ce que tu pourrais devenir, toutes ces possibilités brisées en mille morceaux. Tu n’essayes pas de recoller tout ça pour te sentir mieux, grand dieu non, tu as juste besoin d’apporter une conclusion à tout ça. Pour être le plus libre possible, pour continuer de hanter les rues comme la meilleure des ombres et surtout ? Pour continuer de prendre, prendre et encore prendre. C’est ton objectif, aller de l’avant et prendre tout ce que le monde te doit. Keith ? Il ne te doit pas grand-chose, rien au final, il aurait pu te rayer de sa vie depuis longtemps, et pourtant il revient, c’est dangereux, c’est presque confortable, mais tu ne le laisses jamais s’approcher à ce point-là l’autre homme. Il n’aimerait pas ce qu’il pourrait voir, tu le sais déjà, et ça pourrait lui donner une bonne raison de ne pas… enfin plus t’aider.
“Accouche, Keith.” Tu le murmures plus qu’autre chose, tu veux savoir ce qu’il a en tête pour toi et ce qui pourrait être si affreux que cela. Une idée ? Oh, une idée ? Son idée est tout sauf brillante, elle est débile, voilà ce que tu te dis alors que Keith annonce la couleur, débile, présomptueuse et complètement arrogante. Et pour qui est-ce qu’il se prend ? Tu restes silencieux, une seconde passe, puis deux, les minutes s’étendent entre vous et dans le petit restaurant, tu ne l’as toujours pas quitté du regard, le sourire n’est plus en place et ton regard devient de plus en plus dur alors que ses mots pèsent lourd sur tes épaules. C’est visible, tu le sais, tu le contrôles un minimum d’habitude, si tu avais l’air fou en permanence, peu accepterait de te suivre ou de te laisser maitre de leur plaisir, ça ne fonctionnerait pas. Keith dépasse une limite là, celle invisible et qui sous-entend qu’il ne peut pas te dire comment vivre ta misérable existence, il peut juger, conseiller, aiguiller, mais une telle demande ? Il veut te voir avec une muselière et devenir un chien bien dressé qui courbe l’échine pour demander sa pitance ? Il se rend bien compte que même avec ton métier actuel, tu ne le fais pas ça … même en faisant le trottoir, tu as plus de liberté que les crétins à la botte d’Icarus.  
“Oh Keith, mon grand, tu en demandes beaucoup.” Ta voix tremble, le sourire perce tes traits fins et sans même t’en rendre compte, c’est la colère qui bouillonne en toi ça, tu appelles à toi les sources de lumière les plus proches du restaurant. Elles viennent se perdre dans le vide et le trou noir que tu représentes, pas toutes, mais c’est assez pour provoquer une autre série de murmures, pour plonger le restaurant dans une sorte de semi-pénombre un peu inquiétante et assez pour qu’on se tourne vers vous. Tu t’en moques, ton regard est toujours braqué sur Keith. "J’essaye d’instaurer une sorte de dialogue et d’échange équitable entre nous et voilà que tu fais pencher la balance du mauvais côté. Un peu plus et je pourrais vraiment m’énerver… ” Un autre mensonge pour lui, tu l’es déjà, ça fait battre ton cœur un peu plus fort que d’habitude et c’est un goût un peu amer sur ta langue, il ne devrait pas être la cause de tout cela Keith, tu le détestes encore plus pour ça en fait. Qu’il aille se faire foutre avec sa pseudo-gentillesse. “Tu connais déjà ma réponse, mes poches ne sont pas aussi profondes et… ” Et tu refuses de te plier aux règles, le Red n’est rien que pour toi, ton ticket hors de la misère, ton échappatoire et quelque chose qui est pour toi et rien que pour toi. “Personne ne me dicte ma conduite, personne, si je voulais ce genre de relation, je te demanderais de jouer les proxénètes, pas de retrouver ma mère.”
Qu’il prenne cela comme une insulte, cela en est vraiment une, tu soupires l’instant suivant, déjà en mouvement, tu n’as plus rien à ajouter et tu n’as même pas envie d’entendre les doléances du détective. De ton sac, tu sors un billet de cinquante dollars que tu balances dans une des assiettes vides sans plus de cérémonie. “C’était sympa le temps que ça duré au moins.” Que tu marmonnes, tu es debout le moment suivant, ton sac sur l'épaule. Et ayant trouvé ta paire de lunettes de soleil, tu les pousses sur ton nez, le monde autour de toi soudainement plus terne et plus juste.

Noah n'est pas un enfant sage. Il ne l'a jamais été. Il est une tempête, un vestige d'un univers brisé. Il porte en lui le tremblement des murs, l'effrondrement des vies, la disparition d'une ville entière. Il est un écho parmi tant d'autres, porteur plus que certains, moins que d'autres peut-être, mais le fardeau qu'il porte n'est pas léger. Il est marqué à même son âme, gravé dans ses veines, moisissure qui a fait de lui le parasite vorace qui est encore en vie, qui ne démord de rien, qui ne renonce à rien. Le monde a abandonné Noah il fut un temps, il y a très longtemps. Et Noah résiste à la fin de son monde, encore, jour après jour. Une journée à la fois, il vit encore, qu'importe ce que le destin avait prévu pour lui. Il bouillonne comme un volcan, il porte en lui l'ombre des jours passés, ces horreurs que les gens ignorent. On admire la beauté de New blossom. On ignore les fleurs qui ont fanés par le passé. Celles qui ont été meurtri, piétiné, qui ont cherché à fleurir mais dont les pieds ont piétinés les racines. Noah est la crasse, la plante meurtrie qui s'est vue compostée, le sol brun nourrissant ceux qui ne méritent pas de s'élever. Et s'il s'efforce de les pourrir de l'intérieur, de les infester de sa crasse, qui est Keith pour l'en empêcher ?
La voix de Noah s'élevant n'a rien d'enchanter. Keith ne s'y étonne pas, avait deviné avant même d'ouvrir la bouche quelle serait sa réaction. Il ne s'est pas empêché pour autant de prononcer un souhait. Noah n'a rien d'un djinn. Il ne peut pas réaliser ses voeux aussi facilement. La vie n'est pas faite ainsi. Et de toute manière, Keith a conscience de tout ce qui se cache derrière sa demande.
Une noirceur prend place, dans le restaurant.
Au travers de celle-ci, une multitude de prunelles brille. Noah n'est pas le seul a posséder des capacités, bien que Keith n'a pas envie de les utiliser.
Les mots ne blessent pas.
Faux.
Un seul mot ; celui de proxénète.
Keith plisse les yeux, et ne dit rien. Il laisse Noah s'exprimer. Qu'il dise ce qu'il veuille, oui. Le pire serait un silence. Un silence voudrait dire plus que ses mots. Un silence voudrait dire qu'il n'y a rien, aucun attachement, et que Noah n'est pas -
Que leur connexion, qu'importe ce qu'elle peut être, est loin de ce qu'il pensait.
Alors Keith le laisse parler, le laisse dire ses horreurs, et le regarde se redresser.
- Je pourrais dire que je suis surpris par ta réaction, mais ce n'est pas le cas. Le détective le connait depuis trop longtemps pour cela. Noah est un parasite qui s'est immisé et qui ne partira pas si facilement, qu'importe s'il part en claquant la porte. Je n'ai mentionné aucune date, aucun moment. Il ne s'agit pas de contrôle. Il ne s'agit pas d'un ordre non plus. D'un simple souhait, tout au plus. Je suis tout aussi vocal à ce sujet avec mon fils depuis des années. Un sourire de travers, léger. Keith l'observe un moment, avant de soupirer. Il s'empare de sa serviette, essuie ses traits, puis ses mains. Un morceau de viande est pris, puis posé sur le sol. Un rat passe et s'en empare. Fais comme bon te semble, Noah. Je n'ordonne rien, jamais. Je refuse simplement l'idée que cette merde ait un contrôle sur toi. Et c'est déjà le cas, peu importe ce que tu penses. Ta liberté est moins vraie que tu le crois. Un regard, un silence. D'autres choses aussi, mais je suppose que tu n'as pas envie d'en parlé. Il ne faudrait pas te mettre un peu plus en colère, n'est-ce pas ? Un sourire en coin, léger. Keith remet son manteau, et soupire. Il espérait mieux. Noah est encore un enfant, au final. Je ferais ma part de l'entente. Je n'attends pas de toi que tu en fasses autant. Il y a bien longtemps que je ne crois plus en le père noël. Mais prends soin de toi, Noah. Quelle idée de dire quelque chose de la sorte au gamin. Keith pourrait rire de lui-même, vraiment. On dira que c'est mon prix, pour cette enquête. Bonne soirée. Autant quitter le restaurant, oui. La nuit est tombée. Noah s'en est occupé.