Morirò da re (Gigi)

L'ESPRIT
solaire ☼ voit le bien en toute chose et tout être ☼ impulsif ☼ se croit invincible ☼ très famille ☼ petite tendance à l’autodestruction ☼ mignon ☼ serviable, toujours à porter les courses des petites mamies ☼ exubérant ☼ un ange, aux dires de ses parents ☼ épuisant ☼ fait beaucoup l’idiot ☼ affectueux ☼ pardonne tout un peu trop facilement ☼ résilient ☼ irresponsable, faut pas lui demander d’être un adulte ☼ rieur ☼ fervent partisan de la non-violence ☼ insouciant ☼ pense que personne n’est foncièrement mauvais ☼ audacieux ☼ observateur, il décrypte très facilement les visages et les gestes ☼ courageux ☼ tactile sans imposer sa présence, il tend les bras en invitation ☼ taquin ☼ à l’aise avec ses émotions, quelles qu’elles soient ☼ pacifiste ☼ casse-cou (pas casse-couilles) ☼ loyal ☼ sincère, quand il ment il le dit toujours ☼ libre ☼ ouvert à tout et n’importe quoi

Gigi et ses petites manies
☼ Il met des cœurs sur les i et signe absolument tout avec des stylos à glitter.
☼ Les clients de ses salons de tatouage ont l’immense chance de le voir topless à tous les coups, c’est ainsi qu’il est à l’aise pour tatouer.
☼ Quand il est fâché contre quelqu’un, il éteint ses implants et refuse de lae regarder.
☼ Il dit bonjour, au revoir et merci à l’italienne, d’un baiser sur chaque joue, un des rares souvenirs qui lui restent de sa mère. Il embrasse aussi les membres de sa famille sans raison.
☼ Il tape les doigts qui ont l’insolence de traîner dans ses préparations culinaires avec une cuillère en bois.
☼ Depuis que Lulu a ses mutations, il le frappe dès qu’il le voit pour s’assurer que ce n’est pas un clone (même s’il sait toujours lequel est le vrai, évidemment).
☼ Il est incapable de dormir seul, il a besoin de se coller à quelqu’un (Lulu pour la plus grande partie de sa vie), sinon il fait des cauchemars et ne se rendort pas.
☼ S’il y a une chose qu’il déteste dans l’univers, c’est l’armée, et tout ce qui lui rappelle le départ de Lu. Pas de lit au carré dans l’appart’, pas de coupe militaire et pas d’uniformes. Il change de trottoir quand il en voit un.
☼ Mr. Mooch, le doudou que Lu lui a donné quand il l’a retrouvé au milieu des décombres enfant, trône toujours dans sa chambre. Il n’a jamais été lavé, sauf dans le bain avec lui (seul moyen).
☼ Il fait tous les dessins préliminaires de ses tatouages avec des Crayola. Parfois, il dessine super mal pour faire marcher les clients, ça le fait marrer.
☼ Ça lui prend souvent de faire des blanket forts, même dans ses salons de tatouage.
☼ Son rire est tout sauf discret et terriblement contagieux. Il est dit qu'une vie ne peut être remplie sans l'avoir entendu au moins une fois.
☼ Un texto reçu à quatre heures du matin et écrit dans une langue pratiquement indéchiffrable a quatre-vingts pour cent de chances d'être de lui. C'est scientifiquement prouvé.

Les bêtises de Gigi
☼ Pendant tout un mois d’été, il est rentré par les fenêtres plutôt que par les portes dans tous les lieux où il pouvait.
☼ Il a recouvert tout un mur de l’appartement de petits cœurs de toutes les couleurs avec ses Crayola.
☼ Une fois, il est sorti avec une dame de septante ans qui lui a donné de l’argent.
☼ Il a emmené sa filleule à Disney World un beau jour d’école sans rien demander à personne (elle a prévenu son père toute seule comme une grande).
☼ A treize ans, il a coupé tous ses pulls, chemises et T-shirt pour en faire des crop tops. Il a eu froid cet hiver-là.
☼ Il a explosé la serrure de la salle de bains à la visseuse parce que Lulu traînait trop dedans.
☼ A l’adolescence, il s’est tatoué tout seul à l’aiguille une tranche de pizza sur la cheville. Il a failli y perdre un pied.
☼ Il a brûlé un drapeau américain pour fêter le retour de Lulu. Pas une bêtise à ses yeux.
☼ Il refuse jamais de prendre quelque chose en soirée (et il sait jamais ce qu’il a pris).
☼ Lorsqu’il sort de chez lui, il revient rarement avec les mêmes vêtements parce qu’il a la fâcheuse tendance à les échanger avec les gens (qu’iels soient volontaires ou non).
☼ Quand Lulu est parti à l’armée, il a acheté trois serpents sur un coup de tête – Sssesame, Sssuny et Sssuzy. Et pas des mini formats.
☼ Il s'est déjà baigné dans un étang de Serendipity Garden.
☼ Il oublie ses affaires n’importe où, au resto, à la piscine, dans un club, chez un.e copain.ine, il s’en fout un peu.  
 

LE CORPS LE CORPS ALTÉRÉ
Type d'altéré : type 1, grade interdit.
Âge de la première altération : vingt-deux ans.

Altérations :
○ Il possède depuis deux ans des implants auditifs à chaque oreille lui offrant une ouïe normale, qu'il avait perdue des suites d'un traumatisme crânien lors de la destruction de New York en 2005. Cela faisait quelques années que son entourage avait proposé l'idée, mais Gigi ne se sentait pas prêt à franchir le cap - la musique étant son unique motivation dans cette histoire. Un beau jour, il a traîné Lulu chez un installateur (il voulait entendre la voix de son frère avant toute autre chose) et c'était fait. Il a tout de même demandé à pouvoir les éteindre à sa guise. Ce sont des mods réinitialisés assez vieux qui buguent de temps en temps, s'arrêtant sans prévenir, mais il ne le remarque souvent qu'après plusieurs heures, épanoui dans son silence.
Type : implants auditifs.
Grade : civil.
Acquisition : marché noir.
○ Un mois après ses implants auditifs, il s'est fait ajouter un implant sanguin immunosuppresseur pour faire plaisir à sa famille (il a failli clamser en prenant des bonbons à la place de ses comprimés).
Type : implant sanguin.
Grade : civil.
Acquisition : marché noir.
○ Il s'est dégoté il y a presque un an (sans le dire à personne) un implant sanguin régulateur hormonal qui lui permet de ne pas dormir durant plusieurs jours sans ressentir de fatigue, en déréglant sa production d’hormones liées au sommeil et à l’éveil. C'était à l'origine un mod pour mieux dormir, bidouillé par un vendeur du marché noir afin d'obtenir l'effet inverse. Il l'utilise s'il est en pleine création artistique et qu'il ne veut pas s'interrompre, s'il est seul pour dormir ou (surtout) s'il veut sortir toute la nuit jusqu'à la nuit suivante. Heureusement, l’implant se bloque au bout de trois jours sans dormir et ne peut être réutilisé qu’après huit heures de sommeil continues. Pas évident puisque les dérèglements précédents provoquent généralement des insomnies, mais fatigue comprise, cette fois.
Type : implant sanguin.
Grade : interdit.
Acquisition : marché noir.
LE CORPS HUMAIN
Particularités physiques :
D’année en année, la peau se pare d’histoires chères à son cœur, de sa main lorsqu’il y parvient ou d’autres si son corps refuse de se tordre assez. Œuvre insensée pour les regards extérieurs, chaque tatouage a pourtant été pensé et dessiné avec amour, même ceux à l’aiguille du haut de ses quatorze ans et ceux de quatre heures du matin en charmante compagnie ; chacun porte un souvenir qu’il refuse d’oublier, certains heureux, d’autres douloureux, tous précieux à ses yeux. Sous l’un d’entre eux, la cicatrice d’un coup de couteau à l’abdomen, pour laquelle il invente une nouvelle anecdote au gré des interrogations – la vérité n'a aucun intérêt.
Il lui suffit d’un rien pour se sentir habillé, le haut est souvent abandonné ou ne couvre pas grand-chose – chemises en dentelle, tank tops en résille, crops au-dessus du nombril, harnais ou chokers (oui, c’est un haut acceptable selon Gigi), le plus sortable étant la veste sans rien dessous. Le bas est soit outrageusement moulant, soit trop court, et va de pair avec des talons de dix centimètres (pour rattraper un peu Lulu) ou des docs très compensées ; eyeliner et boucles d’oreilles piquées à maman pour terminer en beauté.

Aptitudes particulières :
Gigi a fondé le club de cheerleading de l’école créée par son oncle à quinze ans après avoir maté trop de teen movies ; personne ne sait si c’est par amour des sauts périlleux ou parce qu’il voulait juste porter une mini-jupe. Plutôt athlétique, il a toujours été bon en gymnastique, sait faire le poirier, la roue et le salto arrière, et escalade souvent des trucs sans raison (à commencer par ses frères).
Protégé la plupart de sa vie par un frangin dépassant tout le monde de trois têtes, il se croit invincible, a été sincèrement surpris lorsqu’il a découvert qu’il n’était pas invulnérable aux coups de couteau. Il sait se battre, un peu ; il préfère quand même régler les conflits par un câlin que par un coup de poing, partisan de la non-violence. Ça ne l’empêche pas de balancer son genou dans un entrejambe s’il est en danger. Aucune solidarité masculine n’est de rigueur selon Gigi.  
La cuisine est quelque chose qu’il prend très au sérieux. Il veille à l’équilibre alimentaire de ses petits plats et remplit de Tupperware les congélateurs de son entourage. Végane, il glisse quelques recettes sans protéine animale dans les assiettes de sa famille, mais ça ne le dérange pas d’en cuisiner pour faire plaisir. Il s’embarque gaiement dans des préparations impossibles qui durent jusqu’à pas d’heure et en fait toujours pour quinze – la cuisine finit à chaque fois par ressembler à une zone sinistrée. Il prépare aussi des repas pour les plus démunis de l’Underapple au moins une fois par semaine, très attaché à sa communauté.
Il a appris la batterie en étant sourd et tapait donc comme un bourrin dessus pour percevoir les vibrations (tant pis pour les voisins). Aujourd’hui, il est plus délicat. Parfois. La musique l’aide essentiellement à canaliser son énergie, il y accorde beaucoup de temps et de soin, presque autant que pour son job du quotidien. Depuis peu, il a acquis une poignée de fans dans le Metaworld avec ses compositions. Pouvoir les écouter lui a donné le courage de les partager en dehors de son cercle familial. Les paroles, par contre, c’est pas trop ça.
Sa plus grande difficulté dans la vie : parler oralement. Cela ne fait que deux ans qu’il a recommencé, et s’il pensait que le soutien de sa famille suffirait, il a vite déchanté et revient souvent à la langue des signes avec ses proches, encore plus avec Lulu avec lequel ils avaient inventé leurs propres signes pour se confier (et bitcher) en secret. Il déteste sa voix et accumule les défauts de prononciation en anglais, faut dire qu’il s’est tiré une balle dans le pied en prenant des cours d’italien en même temps. Mais au moins, maintenant, il est capable de lipsync toutes les chansons italiennes de Dalida. Ça valait totalement le coup.

L'ÂME LES MUTANTS
Ce sont les plus beaux.elles et les plus fort.e.s. Il n’est pas du tout biaisé parce que ses deux frères le sont, ni parce que son cousin peut avoir de longues conversations avec ses serpents. S’il n’est pas lui-même mutant, c’est seulement que l’idée ne lui a pas traversé l'esprit avant qu’il n’installe ses implants.

LES ALTÉRÉS
Il est très à l’aise avec ce qu’il est, même s’il a mis du temps avant de passer le cap. Les implants auditifs étaient une possibilité offerte par ses parents pour ses seize ans, sans l’y obliger. Il les a laissés mariner pendant six ans ; au fond sa réticence venait plus de l’idée de perdre une part importante de lui que des altérations en elles-mêmes. Après tout, son cousin pourrait-il encore marcher si elles n’existaient pas ?

LA TECHNOLOGIE
Il sait qu’il y a des pour et des contre à toute chose, il a simplement tendance à ne voir que les pour : les joies du Metaworld, la voiture volante de son cousin, les jeux d’horreur en réalité virtuelle avec ses frères qui hurlent à côté, la musique partagée dans le monde entier. Mais Gigi est aussi solidement ancré dans le vrai monde, aucune technologie ne pourra jamais remplacer sa famille, lui faire des câlins aussi satisfaisants que ceux de Lulu, lui coller le même sourire idiot que son chien et son chat qui se bataillent, grandir devant ses yeux émerveillés comme sa filleule et son neveu, ou même tatouer aussi bien que lui – parce que lui, il peut toujours se rater ; et c’est ça qui donne du goût à la vie.

LA VILLE
Gigi ne partirait pour rien au monde, son cœur est ici, dans les décombres de l’Underapple, dans tout ce que sa famille a pu reconstruire sur les ruines, dans tout.e.s celleux qu’il a pu croiser dans son école, son salon de tatouage, les clubs, les ruelles sombres ou dans ses draps.

L'APPARTENANCE
Hybrid Theory

LA MÉMOIRE 2005
Il y a une main qui tient la sienne, minuscule et tremblante. Du haut de ses quatre ans, il a peur. Il est terrifié. Il pleure, mamma, ho paura, mamma, et elle le tire, de toutes ses forces, de tout son être, au milieu des corps et des immeubles qui s’écroulent ; au milieu des explosions et des cris, elle ne l’entend pas.
Il tient une main, entre les siennes, et il tire, il tire, de toutes ses forces, de tout son être, mais il a beau pleuré, supplié, hurlé, elle ne bouge pas, elle ne bouge plus. Elle n’est plus là, mamma, elle est partie, mamma, et il ne s’entend plus, elle est partie avec tout le bruit et toutes ses pleurs.
Il y a sa main, qui en cherche une autre, il pleure encore, mais les gens ne l’entendent pas, iels fuient et ne l’attrapent pas. Et puis, il y a des bras autour de lui, et il s’accroche. De toutes ses forces, de tout son être. Et il se jure que jamais il ne la lâchera, cette main-là.

2006
Les deux adultes semblent heureux. Les deux garçons aussi. Il ne sait pas vraiment ce que les papiers représentent, mais il vit avec eux depuis des mois, alors il sourit. Il aimerait les entendre, leurs voix, leurs rires. Il ne comprend pas vraiment ce qu'il se passe, autour de lui. Il ne comprend pas pourquoi tout est silencieux, pourquoi tout s'agite sans jamais faire de bruit. Il se souvient de la voix de sa mère, des mots doux dans sa langue chantante, de la berceuse qu’elle fredonnait en le mettant au lit. Peut-être qu’il n’y a plus assez de place dans son cœur pour d’autres voix que cette voix-là.
Il sait seulement que lorsqu’il pleure, iels le prennent dans leurs bras, lorsqu’il a mal, iels soignent ses blessures d’un peu d'alcool et d’un baiser, et lorsqu’il tend la main, iels la prennent sans hésiter.    

2007
Premier jour dans l’école de son oncle, dans l’Underapple. Il ne veut pas lâcher Lulu, ne veut pas aller dans l’autre classe, celles avec les enfants comme lui, qui ont des besoins différents. Sa maman le lui a expliqué plusieurs fois, mais il ne veut pas lâcher Lulu.
Il hurle et ça fait son petit effet. Pas s’entendre, ça aide à hurler vraiment fort, il croit. Il gagne une bonne petite semaine, avec ses caprices. Jusqu'à ce que son oncle Chuck le jette sur son épaule comme un sac à patates, le dépose sur le banc de sa classe et reste toute la journée à côté de lui. Depuis ce jour, il est très impressionné par son oncle Chuck.

2008
Ce n’est qu’un tas de bois et de ferrailles tordues ; Gigi la regarde comme la septième merveille du monde. Une dame l’a apporté pour les enfants de l’école, une vieille batterie qui appartenait à sa défunte compagne. Gigi l’épouse. Pas la dame, la batterie.

2014
Les yeux sont rivés sur son grand frère, toujours. Tellement plus près du soleil qu’il ne l’est. Tellement plus fort. Toujours à le défendre tel un preux chevalier. Il veut être comme lui. Avoir des muscles, des épaules carrées, en imposer, inspirer la crainte, aimer le sport, s’entraîner, frapper dans des trucs, enfiler un sweat gris et être fier de lui.
Mais il aime bien les fringues de filles, Gigi. Il aime se maquiller et dessiner des cœurs rose bonbon partout, il aime pas trop courir, ni faire des tractions, il préfère faire rire que faire peur, et il passe son temps à demander des câlins à tout va. Puis surtout, il déteste les sweats gris.
Il les hait, carrément.
Alors il a un peu la boule au ventre, ces derniers temps. C’est pour ça qu’il va voir Robin. Parce que Robin, iel sait toujours des choses que les autres ne savent pas. Et iel lui dit que Lulu l’aimera même s’il fait pas cent pompes tous les matins avant le p’tit déj. La boule au ventre part juste comme ça.

2016
Premiers amours, le cœur s’emballe trop vite, trop fort, se brise, se rafistole. Il présente d’abord une fille à ses parents, qui fait de la guitare électrique et fume des joins en cachette. Deux semaines après, c’est un garçon, cheerleader comme lui, qu’il embrasse au pied des pyramides. Iels ont du mal à suivre, à la maison, mais Gigi est fidèle, à sa façon.

2018
Il dépense tout son argent de poche en costumes d’étoiles pour bébé. Jia est née et il en est fou. Le bonheur est immense.
Et le bonheur s’étiole quand Ludvig annonce qu’il part à l’armée au beau milieu d’un dîner de famille, le rire de Gigi éclate, croyant à une mauvaise plaisanterie. Puis à une mauvaise lecture sur ses lèvres. A une mauvaise compréhension des signes. A un mauvais rêve.
C’est le cœur, qui éclate, le jour du départ, les mains dans les poches, le regard planté au sol, les mâchoires serrées. Personne n’arrive à lui faire relever la tête. Mais quand Ludvig s’éloigne, la boule au ventre, il se souvient, sa mère sans vie, sous les décombres, et celui qu’il s’était juré de ne jamais lâcher. Alors il le rattrape et il le serre dans ses bras, comme si c’était la dernière fois.

2019
Le monde s’écroule une nouvelle fois. Gigi ne comprend pas, l’armée, la guerre, il ne comprend pas que Ludvig le laisse seul, avec cette peur de ne jamais le voir revenir. La blessure se creuse, et s’il la comble de sourires et d’amour pour sa nouvellement déclarée filleule, l’inquiétude ne peut que grandir parmi ses proches.
Les bêtises se multiplient autant que les serpents, il rentre de plus en plus tard – quand il rentre – dans des états plus que douteux, se met à sortir avec un dealeur trop enclin à consommer sa marchandise. Gigi est jeune, triste et stupide. Il ne voit rien venir.
C’est une soirée d’hiver à la sortie d’un club, Gigi se les gèle à fumer dehors quand son mec débarque, perdu entre la colère et la panique. Gigi est doux, une main sur sa joue pour demander ce qui ne va pas. Les lèvres s’agitent, if I can’t have you all to myself, qu’il lit, et les gestes se font tendres, lorsqu’il signe you have me. Il voit un éclat de métal, sous le néon du club ; plutôt que de s’enfuir, il le serre dans ses bras. Et le couteau se plante là, dans son ventre. Peut-être qu’il pensait qu’il le ferait pas. Peut-être qu’il pensait que ça allait crever la boule qui s’y loge depuis des mois.
I think I have a knife in my tummy, can you come and get me please?, c’est le message qu’il envoie à son frère, sur le front à l’autre bout du monde, lorsqu’il se retrouve seul par terre, à essuyer le manche du couteau avec un pauvre foulard. Quand son frère arrive, Gigi ne comprend pas qu’il n’a pas prévenu le bon.

2020
Le monde tourne un peu mieux depuis que Lulu a été renvoyé à la vie civile, même si l’armée le lui a rendu traumatisé – il leur écrit des lettres salées. Gigi prend très à cœur de maintenir le chaos dans l’appartement qu’ils partagent, et ramène un chien un jour en rentrant de soirée – baptisé Eustache. Il l’entraîne à se rouler dans le lit au carré de Ludvig tous les matins. Il décide d’apprendre à tatouer sérieusement (jusque-là il le faisait n’importe comment).

2021
Il ouvre son premier salon de tatouage dans l’Underapple, sans avoir rien eu à faire à part signer les feuilles que Lou lui tendait. Sa clientèle est surtout composée des membres de sa famille et de ses ami.e.s, avant de s’étendre tranquillement dans la communauté.

2022
Il dépense de nouveau tout son argent en costumes d’étoiles pour bébé, à la naissance de son neveu, Lamar.
Son deuxième salon, à Crimson Bay, rencontre son petit succès. Il y fait la connaissance de Dak-Ho, qu’il appelle aujourd’hui affectueusement son cerveau.

2023
Ses implants installés, il se crée un avatar et répand ses compositions dans le Metaworld, sans s’attendre à grand-chose. G†GeəzZz est né.

2025
Quelques fans de la première heure, quelques concerts dans des cafés, batteur de remplacement pour d'autres groupes, mais les paroles insensées de ses chansons font rigoler ; sa carrière musicale n’a pas encore décollé. L’idée d’un groupe avec Dak-Ho – fidèle client et poète bien malgré lui dans la tête de Gigi – commence tout doucement à germer.