Fire & Storm ~ Les Bates

Fire & Storm

Une nuit courte ponctuée par la violence et la contrariété mais achevée dans l'appartement de Bella ; Nathaël était finalement rentré dans cet appartement qu'il avait cessé d'occuper au quotidien. C'était bien plus par souci de praticité que d'envie qu'il avait passé le seuil de son loft sécurisé jusqu'à s'étaler de tout son long dans son lit. Il n'avait fallu guère longtemps pour que la fatigue ne n'emporte sur tout le reste ; les questionnements, la contrariété et les grondements de Thunder.

Après une nuit courte, il s'était éveillé malgré lui tandis que le grésillement de régulation de son altération favorite avait signifié son fonctionnement. D'un soupir lourd, il s'était résigné à dormir davantage, préférant se trainer paresseusement jusqu'à la salle de bain afin de prendre une douche qui le sortirait définitivement des brumes du sommeil.

Pourtant, il aurait bien dormi davantage, bordel !
Jurant un moment tout seul, il espérait que son grondement intérieurement finirait par se taire.

Mais cette mécanique, il la connaissait bien.
Trop bien.

Ce fut sous la douche qu'il entendit la sonnerie de l'entrée retentir. Le shampoing dans les yeux, il gronda un.. « Bordel de merde, fait chier. » En tentant de se rincer les cheveux tandis que les yeux lui brulaient.

Dégageant la mousse, il réussit à s'extraire de la cabine pour attraper une serviette. Vaguement sec – quoique les pieds encore mouillés –, il manqua de glisser en sortant de la salle de bain tandis qu'il accrochait la fameuse serviette à sa taille. « MAIS PUTAIN !! » Qu'il gueula sur cette fameuse sonnette qui ne s'arrêtait plus.

Prêt à péter les dents de l'impudent accroché à sa sonnette, il ouvrit finalement la porte en braquant son poing droit ; celui de Storm visiblement prêt à frapper et balancer une décharge revigorante. « Chui pas d'humeur ! » Gronda-t-il avant de finalement apercevoir Maera.

Son poing suspendu, sa tenue minimaliste, ses cheveux en bataille, ses yeux rouges et son hématome aux côtes ; Nate offrait définitivement son meilleur profil de père contrarié. Il abaissa néanmoins son poing en fusillant du regard sa gamine.

« Qu'est-ce que tu veux ? » Balança Nate en la laissant entrer et fermer la porte sur son passage tandis qu'il se détournait pour aller dans sa chambre. Ouais, il avait envie de s'habiller, ça le saoulait que sa fille débarque une fois sur deux pendant qu'il se douchait.. Quoique au moins, elle était sûr qu'il ne sentait pas trop le vieux.

« T'étais obligée de sonner comme une tarée ? » Qu'il continua de râler en avançant pour atteindre la chambre et y pénétrer. Il fouilla dans ses vêtements pour se trouver boxer, jeans et t-shirt. « T'as pas foutu assez de glace sur ta tronche hier soir. » Qu'il gueula à travers la porte. « Y'en a dans le congèle. J'ai aussi de la crème pour aider à résorber tout ça. »

Bah quoi ? Il restait un père.
Et il avait remarqué sa blessure.

Il restait son père.
Et aussi adulte pouvait-elle être, il ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter pour elle.

Fire & Storm

Une fois Maera entrée dans l'appartement, Nathaël eu un rictus furtif en lui jetant un coup d'œil critique. Elle n'était pas d'humeur non plus ? Mais quand est-ce que cette gamine était de bonne humeur finalement ? C'était à croire qu'elle avait hérité du caractère orageux de son père.. Bordel.  

« Ça m'aurait étonné, tiens. » Grommela-t-il en prenant la direction de la chambre ; il avait bien compris qu’elle voulait parler. « Les poules auront des dents le jour où tu te pointeras juste pour passer un bon moment avec ton paternel. » Ouais hein ! Fille ingrate !

Levant les yeux au ciel concernant le fait qu'il n'avait qu'à venir plus vite, il s'abstient de verbaliser une quelconque réponse tandis qu'il entrait dans la chambre pour s'habiller. Les vêtements étaient déjà sur le lit tandis qu'il prenait le temps de correctement se sécher avant de commencer à enfiler vêtement après vêtement.  

« Fait pas ta merdeuse, tu sais que j'étais partie te regarder combattre hier soir. » Lui gueula-t-il, parce que oui, il ne s'était jamais caché, ces soirs où il avait décidé d’aller la voir combattre. Certes, il n'allait pas trainer dans ses pattes, mais il estimait tout de même être dans son droit lorsqu’il souhaitait la voir se battre, à défaut d'avoir son mot à dire.  

Attrapant son t-shirt, il jaugea dans le miroir l'évolution de son hématome et en palpa les contours en inspirant lentement pour assurer l'intégrité de ses côtes. Si la douleur n'était qu'un bruit de fond ; le grésillement, lui, trahit le besoin de repos de l'ancien soldat. « .. Bella s'est déjà occupé de mes blessures. Je vais bien. » Qu'il marmonna avant de s'atteler à enfiler son t-shirt tranquillement.  

Bientôt, il ouvrait la porte pour se retrouver nez à nez avec Maera et l'observait en passant une main dans ses cheveux encore humide.  

« Parfois, Mae, je me demande si tu veux pas me voir crever. Vraiment. » Gronda-t-il avant de la dépasser pour aller dans la cuisiner.  

Une partie de lui le songeait réellement. Car peut-être que, dans le fond, sa fille lui en voulait d'être encore là alors que sa mère s'en était allée. Peut-être même lui reprochait-elle d'être responsable du départ d'Asther.  

Il n'en savait rien.  
Et il n'avait pas vraiment envie de parler de son ancienne épouse.  

Rien que d'y songer, son humeur s'enfonçait dans un marasme de contrariété morose.  

Ouvrant le frigo, il attrapa deux bières. La première était posée du côté de Maera, la seconde était ouverte alors qu'il prenait le temps d'en boire une gorgée.  

Voilà.  
Ça faisait du bien par où ça passait.  

Et puis, il en revenait à sa fille pour la jauger. Recentré et présentable, Nathaël avait finalement ce regard tout à la fois contrarié et un peu froid. L'alliance parfaite d'une contrariété qui dépassait la simple humeur grognon habituelle.  

« Maera, va falloir que tu apprennes à gérer tes putains de colère, je ne suis pas ton punching ball. » Non, il restait son père. Même si elle clamait haut et fort d'être une adulte. Indubitablement, l’un n’empêchait pas l’autre.

Car aussi colérique pouvait être le Bates, il avait toujours veillé à ne jamais déverser ses humeurs sur sa fille. Il n'avait même jamais levé la main sur elle. Alors, à l'image de l'éducation qu'il avait pu lui donner, il espérait un juste retour des choses.  

S'installant sur un tabouret de la cuisine, il revint boire une autre gorgée de sa bière avant de la reposer et en revenir à Mae.  

Donc ? Elle voulait discuter ?  
Il l'écoutait.

Fire & Storm

Les yeux rouges n'étaient pas uniquement dû à son gel douche ; mais plutôt à une fatigue accumulée après cette nuit trop courte. Cette nuit qui s'était finalement révélée infiniment plus mouvementée que ce qu'il avait pu envisager en sortant dans l'Underapple initialement.

L'enchainement sulfureux qui avait suivi avec Bella le rendait finalement inquiet une fois la distance raisonnable prise. Désormais, il avait peur de décevoir, peur de se lancer dans une relation qui manquerait de lui faire perdre une amie s'il merdait. Il avait peur de la réaction de sa fille ; cette même fille qui cherchait encore sa mère.. Cette épouse qu'il maudissait désormais plus qu'il ne l'aimait.

Enfermé dans un maelström d'émotions depuis qu'il était entré à son appartement, Nathaël composait au mieux entre son grésillement intérieur et ses pensées parasites. Tout devenait plus compliqué encore tandis qu'il se rendait compte qu'il ne regrettait rien.

Absolument rien.
Enfin, jusqu'à ce que Maera débarque à sa porte avec sa colère qu'il trouvait particulièrement déplacée.
Décidément, dans cette famille, ça ne tournait pas rond.

Dans la salle de bain, il se montra étrangement silencieux au sujet de Bella. Et lorsqu'il ouvrit la porte pour dépasser sa fille, il ne maugréa qu'un.. « J'ai déjà une idée de la question. » en réponse à son petit air narquois.

Oui, parce que le Bates avait déjà une idée de ce que pouvait ressentir sa fille à son égard, et étrangement, ça n'avait rien de glorieux. Et bien pire encore, cela réveillait instinctivement en lui quelque chose de maussade qu'il prit pourtant soin de ravaler en allant se chercher une bière.

Installé finalement sur son tabouret, il décapsulait la bouteille et plissait les yeux en observant Maera. Bordel.. Qu'est-ce qu'il avait fait au bon dieu pour mériter une gamine aussi effrontée ?

« J'anticipe. » Répondit-il simplement en se prenant une gorgée de bière. « Je sais déjà comment ça va tourner, alors, je vais directement au moment où je savoure ma bière pour tenter de me détendre. » Il y avait quelque chose de las dans sa voix. Surement était-ce dû à sa fatigue, à ses blessures ou même à son grésillement.. Allez savoir.

Il écouta ensuite Maera déballer tout ce qu'elle avait à dire tandis qu'il l'observait fixement de son regard vert. Lorsqu'elle se mit à poser ses questions, il but une nouvelle gorgée de bière avant de la déposer avec un claquement sec qui trahit un énervement muselé.

« Okay, on va mettre les choses au clair une bonne fois pour toute, Maera. » Il lui désigna de l'index le tabouret face à lui. Il était plutôt dur de savoir si le mouvement était l’expression d’un ordre ou d'une invitation.

« Je ne te flique pas. » Affirma-t-il sans détour, au moins, il ne lui envoyait pas dire. « Ouais, j'ai été inquiet au début et c'est normal. C'est mon job de l'être, tout comme de vouloir le meilleur pour toi. Mais maintenant, c'est différent ; si je vais à ces combats, c'est parce que je suis fier de toi. C'est si dur que ça de l'envisager ? Je me suis jamais caché ou j'ai jamais cherché à mentir sur le fait que j’allais là-bas. » Car s'il avait voulu se dissimulé, il aurait agi autrement.. Il n'y aurait eu aucun témoin de son coup d'éclat.

« Il y a une différence, Maera, entre vouloir mener sa vie librement et totalement m'en éjecter comme si je te faisais honte. » Il aurait voulu être capable de lui avouer que ça le blessait de la voir batailler avec tant de force pour le tenir autant à distance. « Je sais bien que t'aurais voulu que le connard dans l'histoire, ça soit plutôt moi. J'ai compris va, qu'il aurait mieux valu que ta mère reste, qu'elle ne te laisse pas.. Qu'elle ne nous laisse pas. » Une profonde inspiration était prise, il n'aimait pas parler d'Asther mais il refusait d'en faire un tabou. Pour le bien de Maera. « Je sais bien que c'est ce que t'aurai préféré dans le fond.. Ça aurait été plus facile, quelque part. J’avais déjà le mauvais rôle. » C'était de toute évidence dur à avouer et fatalement, ça aussi, ça le blessait. Mais il tenait bon. « Mais je suis là et je compte rester. » Parce qu'il l'aimait tout simplement.

Plus qu'il ne pouvait aimer quiconque dans ce monde.
Plus qu'il ne pouvait s'aimer lui-même.

Il se releva pour aller prendre la direction d'un placard et en sortir une boite de gâteaux. Pendant ce temps-là, il continuait sur sa lancée, les épaules accablées par le souvenir et le poids de leurs misères familiales.

« J'ai été à ta place, Maera. » La boite était déposée sur le comptoir ; il l'ouvrait pour attraper un gâteau emballé qu'il extirpait de son plastique. « Et t'as malheureusement hérité de ce qui me bouffe.. J'aurai aimé t'éviter ça, tu sais. » Il lui désigna la boite de gâteaux, elle pouvait manger. « J'ai même pas de solution miracle. Ce qui m'a canalisé, ça a été de rencontrer ta mère et de t'avoir.. » Il haussa brièvement les épaules avant de manger un autre bout de gâteau en se réinstallant à sa place, le regard rivé sur Maera.

« Quoiqu'il en soit, Mae.. » Ouais ? « Qu’on se le dire, le mec d'hier a eu ce qu'il méritait. Si j'avais eu un savon sous la main, je lui aurais lavé la bouche avec puis je lui aurais carré au cul avant de le renvoyer chez sa mère pour lui apprendre à mieux parler des femmes. T'es une combattante, tu mérites le même respect que n'importe quel autre de ces blaireaux. Tu me feras pas m'excuser. » Okay, c'était dit calmement même si on devinait qu'il ne fallait pas qu'il recroise le mec en question.

Et il finissait son gâteau.
Il avait la dalle finalement.
Les émotions, ça creusait.

Fire & Storm

Un étrange mélange de dépit et de compassion s'exprimait sur les traits de Nathaël tandis que Maera pestait contre lui. Il aurait pu emprunter le chemin de l'escalade, histoire de voir qui pouvait gueuler le plus fort, le plus haut, le plus longtemps. Mais il était fatigué, assez pour renoncer à se lancer dans une telle manœuvre.

A la place de cela, il but plutôt une gorgée de sa bière pendant que l'émotion remplaçait peu à peu la colère chez sa fille. Il l'observait et ne pouvait s'empêcher d'être peiné pour elle. Parce qu'il comprenait ; parce que jadis, il avait été le gamin oublié sur le bas-côté de la nouvelle vie de son paternel. Alors oui, il comprenait mieux que quiconque. Tellement qu'il se sentait coupable de ne pas avoir su préserver sa propre fille du fléau de l'absence de sa mère.

Mais il ne pouvait la remplacer.
Il ne pouvait combler le gouffre qu'elle avait créé par son absence.
Et c'était en cela, surement, qu'il en était venu à maudire Asther.
Qu'elle l'abandonne, lui, il était prêt à l'accepter, tant qu'aucun mal n'était fait à son enfant.
C'était aussi simple que ça, dans l'esprit de Nathaël.

« Je sortais du garage, je suis passé à l'improviste. Deviens pas parano non plus. » Marmonna-t-il dans un soupir, parce que lui aussi, ne démordait pas du fait qu'il n'avait rien fait de mal.

Ne s'arrêtant pas davantage sur le sujet de la contrariété de surface de Maera, il préférait se focaliser sur ce qui lui faisait vraiment mal. Il la voyait ravaler ses émotions et reposa son gâteau avec un soupir ; sa fille était une foutue bombe à retardement. Et il refusait de la voir exploser jusqu'à se détruire.

Contournant le plan de travail, il finit par la rejoindre afin de l'attirer à lui et la serrer dans ses bras alors qu'il déposait un baiser sur le sommet de son crâne. « Au contraire, Mae, n'en fait pas un tabou. Je ne veux pas que son absence te prive de vivre ta meilleure vie. » Il caressa ses cheveux tendrement avec un soupir coincé dans la gorge. « La colère, le chagrin et la douleur que tu ressens sont légitimes. C'est ta mère. »

Alors, elle pouvait lui en vouloir.
Elle pouvait pleurer son absence.
Et souffrir de son silence.

Il resta un moment, lui-même, silencieux en songeant à sa manière de survivre, de surmonter l'absence de cette femme qui avait rythmée son existence pendant plus de deux décennies. La réponse était complexe et paradoxalement simple selon lui.. « J'ai eu des gens qui ont été là pour moi quand je me suis cassé la gueule. On m'a pas jugé parce que je pouvais plus rien supporter.. On a juste été là sans rien me demander en échange. » Lorsqu'il songeait à cette période, il revoyait Ryker et sa patience, souvent Bella et sa douceur, et même Sylens qui tentait de comprendre les choses. « Ca m'a aidé à.. Accepter. » Et ça avait été un chemin long, difficile et douloureux.

« Ta mère a été le centre de mon univers pendant longtemps, alors, ouais, quand elle s'est barré.. Encore une fois, ça m'a bousillé. Mais pendant que je souffrais, je me suis demandé si fallait que je la laisse m'achever avec notre mariage ? » Même si Nathaël n'aimait pas parler émotion, il le faisait pour tenter d'aider sa fille. Pour elle, il était capable de tout. « J'avais plus à perdre que ce qu'elle m'a enlevé. » Il posa un nouveau baiser contre sa tempe. « Je t'ai toi, et ça a fait toute la différence. » Sa simple présence l'avait aidé à se relever. Parce qu'il voulait être un bon père pour sa fille, à défaut d'avoir été le mari capable de garder sa femme.

« Ta mère a toujours été particulièrement douée pour orchestrer sa disparition. Du coup, j'en suis venu à me dire que si on ne trouvait rien, c'était parce qu'elle le voulait bien. S'il lui était véritablement arrivé quelque chose.. Je pense qu'on le saurait, au contraire. » Conclut Nate alors que son raisonnement n'était peut-être pas parfait, mais il avait le mérite d'exister. De panser quelques plaies pour avancer.

Fire & Storm

La disparition d'Asther avait été un tabou entre les Bates ; un secret douloureux, un appel à la souffrance retardé par leur silence. Dans leur besoin d'avancer, père et fille avaient composés à leur manière, avec maladresse et parfois violence. Mais finalement, il n'y avait bien que le réconfort de leur lien qui les aidait à trouver le chemin écharpé de la guérison. Et si Maera n'en était qu'au début, Nathaël – quant à lui – reconnaissait le fait d’être plus avancé sur cette voie. Son cœur avait d’ailleurs été tellement à vif, qu'il avait dû agir et réagir pour survivre. Il avait eu besoin d'autres mains tendues pour lui faire réaliser qu'il devrait – à son tour – tendre la sienne à sa fille.

Parce que même si elle était unique, parce que même si elle possédait son individualité, Maera avait néanmoins hérité de ce cœur trop gros, de ce cœur trop brisé qui caractérisait les Bates. Elle avait hérité de leur violence à aimer, de leur entièreté à vivre.

Et il n'y avait bien que Nate pour la comprendre.
Il n'y avait bien que le père pour comprendre sa fille.

« Accepter toutes les possibilités qui existent.. » Se tenta-t-il de lui répondre dans un murmure posé à son oreille tandis qu'il laissait Maera se confronter au mur solide de son déni.

Alors même qu'elle s'échappait pour revenir dans ses bras, le père la laissait faire sans jamais la contraindre à rien. Et finalement, lorsque les premières briques du mur s'effondraient, il vint la serrer plus fort contre lui. Comme pour lui créer un cocon de réconfort, une sécurité que nul être sur cette foutue terre pourrait lui enlever.

Par habitude et besoin de la consoler, le Bates caressait les cheveux de sa fille tandis qu'il devinait ses larmes, qu'il comprenait son chagrin, qu'il aurait voulu absorber sa douleur.

A la question fatidique de savoir pourquoi Asther avait fait ça à son enfant, Nathaël réprima un soupir dans sa gorge. Car malgré lui, il ne put s'empêcher de repenser à ce père qui lui avait également tourné le dos ; parce que la vie avait simplement été meilleure ailleurs.

Les lèvres pincées, il renonça à l'idée de donner une réponse factuelle à Maera, ou même à lui mentir. Elle ne méritait aucune autre forme de souffrance. Alors, il soupira plutôt pour déposer un baiser contre sa tempe. Dans tout cela, il savait qu'il pouvait lui apporter quelque chose d'autre, un soutien qu'elle ne tarda pas à demander en verbalisant une promesse un peu folle.

« Jamais. » Lui affirma-t-il, avec une pointe de tristesse. Parce que son cœur s'effritait à ressentir toute la détresse de sa fille. « Je ne te laisserais jamais. » Il la serra encore un moment contre lui, comme pour solidifier le cocon de leur promesse renouvelée.

Cette promesse qu'il lui avait faite à sa naissance.
Cette promesse qu'il avait rendue à toute épreuve avec le temps.
Cette promesse qui l'animait chaque jour.

« Je serais toujours là pour toi. » Lui confirma-t-il. « Même si je te tape sur les nerfs. » Tenta-t-il, avec une légère pointe d'humour avant de retrouver son sérieux. « J'ai pas toutes les réponses, Mae. Alors que.. Bordel, qu'est-ce que j'aimerais. Je sais juste qu'avec beaucoup de temps, tu survivras à ta douleur. »

Il l'invita à relever le visage pour venir l'observer alors qu'il tentait de sécher ses larmes. Dans son regard à lui, la peine se lisait. La peine incommensurable de voir sa fille souffrir de l'absence de sa mère. « Je t'aiderais. A te relever si tu trébuches, en te serrant dans mes bras quand tu en auras besoin. Qu'importe les circonstances, je veillerais toujours sur toi. »

Maera n'était pas seule.
Et elle ne le serait jamais.

Pour autant, Nate n'était pas un faiseur de miracle, il le savait. Il avait conscience que Maera avait besoin d'autres personnes, d'amis, d'une famille de cœur pour évoluer sainement.

« Ne ferme pas totalement ton cœur au monde, Maera. Il pourrait te surprendre. » Lui confia-t-il finalement avec un brin de sourire. C'était son conseil, à lui, pour l'aider à trouver un nouveau chemin de vie. Celui qui l'aiderait à panser ses blessures. Petit à petit.