the intimacy of someone being sure about you [rurin#6]

L’emménagement avance bien, il y a une certaine satisfaction à voir les cartons se vider un à un depuis quelques jours, à voir ses affaires et ses quelques meubles prendre leur nouvelle place dans cet espace partagé, à apprivoiser les nouvelles routines. La transition s’est faite aisément, petit à petit depuis janvier, et Rin n’a pu qu’être agréablement surpris de constater que les angoisses liées au changement qu’il anticipait n’ont finalement représenté qu’un dérangement passager. Même Kuro, pourtant dernier arrivé, semble déjà avoir pris ses marques et repéré les différents couchages confortables que pouvait offrir la grande maison de Ruben. Rien que de le voir explorer le jardin en compagnie de Dewey – particulièrement investi dans son rôle de guide – a suffi à dissiper les craintes de Rin quant à l’adaptation de son chat d’appartement à ce nouvel environnement.

Au final – et comme il s’y attendait – c’est l’agencement de son atelier qui prend le plus de temps et de réflexion. Par égard pour les autres habitants de la maison, Rin a choisi la pièce la plus éloignée des chambres pour y installer ses bidouillages, sa grande table et ses multiples étagères pleines de bric-à-brac meublant confortablement l’espace sans déborder, comme c’était le cas dans son appartement de Crimson Bay. Pas dit que ça reste longtemps aussi bien rangé, songe Rin avec une grimace embarrassée, mais il tient à faire l’effort de se contenir à cette pièce. Avec un petit soupir satisfait, l’ingénieur recule d’un pas pour admirer son ordinateur fraichement remonté et branché, quand un bruit quelque part dans la maison lui fait tourner la tête. « クロちゃん、今どこ？Kuro, t'es où ? » qu’il lance sans grand espoir de réponse. A tous les coups, le chat est en train de fouiner dans les cartons. Anticipant le pire, Rin soupire et sort de l’atelier pour partir à la recherche de l’animal et l’empêcher de faire un miracle de type regrettable. « クロちゃん？Kuro ? » Il traverse le couloir et s’arrête devant la pièce jouxtant la chambre qu’il partage avec Ruben, mais à peine le temps de pousser la porte qu’une boule de poils noirs déboule de derrière le battant pour lui filer entre les jambes, précédé du cliquetis caractéristique de sa patte métallique sur le parquet. « Oi, tu sais que c’est pas ta chambre ici… » râle le Japonais en suivant Kuro des yeux. Dans la pièce, un carton de rangement a effectivement été retourné et le contenu éparpillé au sol, baignant dans la lumière de la fenêtre orientée à l’ouest. C’est encore bien vide ici, comparé au reste de la maison. A chaque fois qu’il la voit, Rin ne peut s’empêcher de se dire qu’elle ferait une chambre d’enfant idéale – mais n’ose jamais faire la remarque à voix haute, comme s’il s’agissait d’une pensée intrusive à garder secrète.

Songeur, l’ingénieur s’agenouille pour ramasser les bibelots et ne remarque l’arrivée de Ruben qu’une fois ce-dernier dans son champ de vision. « Ah, je t’avais pas entendu rentrer. Okaeri. » sourit-il en se relevant, écartant d’un geste machinal les mèches rebelles échappées du bandana noué sur son front. Rin accepte la bouteille d’eau avec gratitude et un baiser tendre, avant de froncer les sourcils en signe de réflexion. « Hmm je sais pas… C’est une jolie pièce, c’est dommage de ne pas en profiter. » En ce début de soirée, le soleil est bas dans le ciel et offre une lumière orangée agréable. Pas étonnant que Kuro ait voulu s’y trouver un nid douillet.