Is this Halloween ? ☯ Rintaro

05/02/2023

Is this Halloween ?
@Kimura Rintarō | octobre 2025

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Depuis combien de temps mon cul a quitté le confortable fauteuil de mon bureau à la Cathédrale ? Plus qu'il n'en faut pour venir jusqu'ici. A la surface, dans le quartier du Nexus. Le pas trop indécis se montre parfois trainant, tandis que ma vitesse habituelle se fait effrénée. Et maintenant que je me retrouve à la rue faisant l'angle du garage, je m'arrête. Tout ce chemin pour rien, ce serait idiot. En même temps, ne l'est-ce pas plus que de venir le voir lui ? Une belle connerie qui n'attend qu'à éclore, c'est certain. Est-ce que j'ai le choix ? Oui, mais finalement pas tant. Rin connait déjà le mod pour avoir travaillé dessus il y a quelques temps maintenant. Et j'dois bien avouer que niveau mec compétent, y a pas grand monde que j'estime autant. Trop nostalgique ? Peut-être. Penser à Lorie et aux imperfections de son œil, au danger qu'il peut représenter pour elle, les risques qu'elle encoure s'il se met à déconner au mauvais moment… Il ne m'en faut pas plus pour franchir ce barrage invisible. Tant bien que mal je tente de ravaler ma nervosité, ne retire ma capuche qu'une fois entré dans le garage pour finalement me retrouver dans un face à face direct avec l'individu redouté. < Salut Rin… >

L'hésitation dans ma voix, mon corps tendu, tout transpire l'inconfort de la situation. Le stress de me pointer ici finit par me transforme en véritable moulin à parole. Les mains dans les poches, je m'avance d'un pas et ma langue prend le contrôle de mon esprit. < Je sais ça fait un bail et t'as sûrement pas envie de voir ma tronche. J'ai besoin d'un coup de main. > La mâchoire se contracte tel un réflex, conscience de l'abus exprimé. Immédiat je me mets sur la défensive, comme si je devais lui prouver une quelconque innocence. Comme si elle existait. < C'est pas pour moi, c'est pour Taylor. Tu te souviens ? > Question particulièrement con. Ou qui pourrait le prendre pour un con. Je l'ai ghosté, il a pas perdu la mémoire pour autant. Même si en cette circonstance, j'dois bien avouer que ça me faciliterait bien la tâche. < Son œil cyber déconne. J'ai apporté de nouvelles modifs depuis, mais là je sèche. J'aimerais bien que t'y jettes un œil, justement. > Humour vaseux bonjour. < Pour elle, pas pour moi. Peut-être que ça vaudrait mieux de lui en créer un tout neuf, je sais pas. Tout est sur ce disque dur. > Je lui indique, sortant l'objet de ma poche. Avant de l'y refourrer dans un souffle épuisé de moi-même, l'air de réaliser trop tard. Fantôme du passé que je suis, refaisant surface. < J'aurais pas dû venir, c'était excessif, t'as raison. > Je conclus tandis que le pauvre n'a pas eu l'occasion d'en placer une. Ni même d'en exprimer cette conclusion.

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19/12/2022

Un revers de main impatient vient dégager une mèche échappée du chignon désordonné à l’arrière de son crâne tandis que le regard de Rin, lui, fixe l’écran de son ordinateur avec autant d’intensité que si s’y cachaient les secrets de l’univers, un pli concentré entre ses sourcils. Tous les mois à la même période, c’est la même galère : mettre à jour des tableaux, vérifier les comptes, envoyer les dernières factures… Une véritable tannée que Rin abhorre plus que tout. Et à chaque fois, il se dit qu’il devrait probablement embaucher quelqu’un pour faire ce boulot à sa place, quelqu’un dont ce serait le métier, mais l’idée n’est jamais réellement creusée, repoussée au mois suivant.

Plongé dans ces calculs infernaux, sa réaction a donc un battement de retard quand la clochette de la porte d’entrée carillonne dans le garage, annonçant l’arrivée d’un client. Son estomac qui s’effondre jusque dans ses talons lorsqu’il relève la tête et se retrouve face à celui qu’il n’espérait plus jamais revoir. Un fantôme. Un revenant d’une époque volontairement oubliée. Malgré les années passée, Elijah n’a pas changé, toujours le même regard sombre et cette satanée gueule d’ange à qui on donnerait le bon Dieu sans confession – quitte à s’en mordre les doigts.

Les sourcils se froncent alors qu’Elijah débite son monologue. Rin ne cherche pas à l’interrompre, encore trop sonné pour réagir proprement. Une chose est sûre, c’est qu’il est sacrément gonflé de se pointer là après tout ce temps, avec la bouche en cœur et des faveurs à réclamer. C’est pas la honte qui l’étouffe pour oser remettre les pieds ici, dans ce garage qu’’il a aidé à bâtir. Avant de se volatiliser dans la nature sans aucune explication. La blessure a cicatrisé depuis, mais la guérison fut lente et pénible pour un Rin traversant la période la plus difficile de sa jeune vie. Et les souvenirs, eux, restent.

Heureusement, Rin n’est plus celui qu’il a connu et c’est sans bafouiller qu’il s’exprime enfin après avoir laissé passer un temps de silence. « Tu parles beaucoup pour un mec mort. » La voix est ferme, le sarcasme évident. Une pique irrésistible, certainement immature. Pourtant, Rin ne veut pas que l’autre homme le prenne comme une invitation à poursuivre la conversation. « J’ai aucun service à te rendre. » déclare-t-il alors, détournant le regard pour retourner à son écran. Y’a son cœur qui bat bien trop fort dans sa poitrine, l’angoisse des retrouvailles, la colère, la rancune, tant d’émotions qu’il tente de masquer par une indifférence de façade.

@Elijah Thorpe

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05/02/2023

Is this Halloween ?
@Kimura Rintarō | octobre 2025

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Le silence de Rin semble interminable alors qu'il ne dure que quelques secondes. Une pause justifiée vu tout ce que je viens de lui débiter, à décider comment répondre. La crainte de sa réaction me rend de plus en plus nerveux, quand des mots finissent par s'échapper de ses lèvres. L'homme pique de façon particulièrement juste, fait s'étirer un sourire pincé sur mes lèvres. Quoi répondre ? J'suis pas convaincu que ce soit là une invitation au dialogue. J'ai déserté sans un mot, passé pour mort l'instant d'après. Gestion désastreuse des sentiments, des relations humaines, aux conséquences plus affreuses encore. Si Rin pouvait être plus fragile à l'époque, il n'y a qu'à le voir aujourd'hui pour constater le changement.

Sans surprise, l'homme décline toute volonté à m'apporter son aide. L'hésitation me fait prendre racine. La raison voudrait prendre la fuite quand le cœur fait peser trop lourd les enjeux. Dilemme intérieur qui s'organise tandis que je le regarde m'ignorer simplement, logiquement. C'est sûrement la meilleure réaction à laquelle j'aurais pu m'attendre. Même si au vu de l'impulsivité de ma venue, je n'ai pas une seconde imaginée les éventuelles évolutions que causerait mon débarquement ici. < Tu me dois rien, c'est clair. C'est plutôt l'inverse même. > Je lui concède, un peu penaud. D'un petit pas je m'approche dans sa direction, affirme mon intention de rester tout en ne souhaitant pas empiéter plus sur son espace. Qu'importe que ce soit déjà trop tard… < J'suis désolée pour… comment ca s'est passé. > J'échappe la voix plus basse, mal à l'aise. Jamais bien doué lorsqu'il s'agit d'évoquer ce qu'il y a à l'intérieur. < Mais je ne vois plus d'autres options que toi, Rin. J'ai vraiment besoin de ton aide, pour Taylor. > La supplique se fait sincère, ne nécessite pas d'être exagérée. La détresse s'y ressent aisément, au cas où ma simple présence ici ne suffisait pas à la traduire. < Hormis t'être redevable, qu'est-ce que je pourrais faire pour te convaincre ? > Qu'importe le prix, le service qui pourrait être demandé en retour, je crois n'avoir aucune limite.

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19/12/2022

Est-ce qu’il le croyait réellement mort ? Non. Même si la possibilité lui a quelques fois effleuré l’esprit, les types comme Elijah savent toujours se fourrer dans les pires emmerdes possibles et ne s’en sortent que par des pirouettes miraculeuses jusqu’à se faire rattraper par la réalité. Alors, mort ? Peu probable. Volatilisé dans la nature après avoir lâchement fui une situation qui lui demandait un quelconque engagement ? Ça fait mal de l’admettre – surtout pour un ego déjà bien mal en point – mais c’est l’explication qu’a fini par accepter Rin au bout de plusieurs semaines de silence radio. Il s’en est même voulu à lui-même, il s’est dit que c’était de sa faute, qu’il demandait trop ou trop vite. Il s’en est voulu d’avoir demandé tout court alors que leur amitié lui avait permis de sortir la tête de l’eau après la fin tragique du chapitre CERBER, il s’est dit qu’il avait tout gâché.

Aujourd’hui, les regrets n’existent plus et, passée la surprise des retrouvailles, Rin ne voit plus qu’un lâche et un idiot devant lui. Les lèvres se pincent quand Elijah admet ne pas être en position de demander le moindre service – c’est déjà ça. Le corps qui se tend alors qu’il fait un pas en avant. Ça le dérange d’être assis derrière son bureau et qu’on lui parle de haut, il aurait préféré que l’homme garde ses distances. Il croit pas un mot de ses excuses, non plus, qui sonnent plutôt furieusement comme un moyen de le caresser dans le sens du poil afin de chercher à obtenir ce qu’il veut. Y’a pourtant un malaise palpable et une urgence dans les paroles de l’ancien CERBER quand il évoque Taylor, et ce sont bien les seules choses qui empêchent Rin de lui demander de partir sur-le-champ. « Pourquoi elle n’est pas venue elle-même ? » demande-t-il d’un ton aux accents accusateurs. Il se souvient de Taylor, bien sûr, la jeune femme squattant souvent l’appart’ d’Elijah à l’époque, et il se souvient aussi de son œil cyber au mécanisme on n’peut plus DIY. Le fait qu’il déconne à nouveau n’a rien de surprenant.

Pas surprenant… mais un rien inquiétant, surtout si même un ingénieur comme Elijah se retrouve à court d’idées. Discrètement, Rin se mord la joue, en proie à un dilemme. Il a beau se concentrer sur son écran, son cerveau n’arrive pas à lire les chiffres de ses tableaux. Y’a un silence qui passe à nouveau alors que l’autre homme parle de dettes – quel imbécile. « Le seul paiement que j’accepte c’est des dollars ou des metacoins. Si t’as aucun des deux, passe ton chemin. » Et il regrette déjà ses mots, Rin, parce qu’il vient d’entrouvrir une porte qu’il s’était juré de laisser fermée à double-tour.

@Elijah Thorpe

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05/02/2023

Is this Halloween ?
@Kimura Rintarō | octobre 2025

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C'est délicat. Malaisant. Rien dans cette rencontre importune me pousse à rester, poursuivre ma demande. Ca parait vain, qu'il puisse en venir à m'aider. Pour autant, ce n'est pas vraiment à moi qu'il viendrait en aide. Là est probablement mon unique joker. Rin dévoile une certaine curiosité et très légèrement, toute la tension sur mon corps s'amenuit. Mes chances d'obtenir un oui de sa part ne sont pas de zéro. Il m'aurait déjà envoyé sérieusement paître autrement. Aussi gentil qu'il puisse être. Mains glissées dans les poches triturent le tissu à l'abri des regards. < Elle sait pas vraiment que j'bosse dessus. > Ca et peut-être une fierté mal placée, d'admettre à la demoiselle que j'arrive en limite de compétences. < Puis elle se voile la face. > A défaut de trouver une solution à son œil cyber, elle en arrive à se convaincre qu'il n'y a pas d'urgence. Que ce n'est pas si grave. Qu'il a toujours fait l'affaire jusque-là. Jusqu'au jour où. < J'y apporte quelques correctifs de temps en temps, mais ca devient ridicule. Et dangereux pour elle. > Risque mortel, pour être exact. Que ca déconne durant une mission. Tout pourrait virer au merdier en un battement de cils et la faire tuer. Puis ce risque basique aussi, qu'elle connaisse une cyberpsychose. < J'veux pas qu'elle vive ce que j'ai vécu. > Si ce n'est pire. Le ton se fait plus bas, presque sur la confidence. Rin est une de ces rares personnes à avoir une partielle connaissance de cet épisode de ma vie dont je ne parle jamais. Faut dire, l'attachement à sa gueule d'ange était certain. J'me serais pas montré si lâche, autrement. Je sors mon téléphone, lueur d'espoir dans le regard, aux abois. < Je peux te virer des metacoins dans l'instant. > La connaissance déjà du compte sur lequel procéder au transfert, le pouce prêt à taper n'importe quelle somme qu'il exigerait, quitte à liquider tous mes avoirs. < ... T'en aurais pour combien de temps ? > Je lui demande avec culot, comme s'il y avait dans ses mots une acceptation dissimulée de ma demande.

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19/12/2022

« Elle a pas changé visiblement… » marmonne Rin pour lui-même, le regard toujours obstinément fixé sur son écran. Un pli soucieux s’est pourtant creusé entre ses sourcils aux mots de l’autre homme qui ravivent forcément de mauvais souvenirs : les imbéciles qui se foutent de leur propre santé en ignorant les risques évidents de leurs prothèses ou implants, l’ingénieur en a connu bien trop à son goût. Tous les mêmes. En commençant par le type planté au milieu de son garage avec des yeux de chiot blessé. Au moins il l’admet.

La cyberpsychose est un fléau et la bête noire de Rin depuis le début de sa carrière ; qui serait-il s’il refusait d’aider un.e alteré.e au bord du gouffre ? Il pourrait plus se regarder dans le miroir, ça au moins il en est certain. Les doigts s’immobilisent sur le clavier alors qu’Elijah parle de paiement – comme si c’était ça qui allait le convaincre. Et Rin le déteste, il se déteste pour flancher si vite, pour déjà envisager d’accepter. Mais se dire qu’il n’aurait pas hésité une seule seconde si la demande était venue de n’importe qui d’autre, ça dérange son esprit logique et pragmatique bien plus qu’il n’aimerait se l’avouer. Inutile de continuer à prétendre. Les traits résolus, l’ingénieur finit par pivoter sur son siège avant de tendre la main, paume vers le ciel, en direction de son ancien collègue et ami. « La clé USB. » La question sur le temps qu’il y passerait est ignorée, non sans un regard vaguement insulté et un avertissement muet – pousse pas ta chance – lorsque Rin récupère le petit objet. Il l’examine quelques secondes sans rien dire, le temps de mettre de côté ses dernières hésitations, avant de se lever et de se diriger vers son poste de travail où trône un ordinateur bien plus puissant qu’à son bureau (a.k.a la prunelle de ses yeux). La clé branchée dans le port et quelques clics plus tard, un codage complexe apparaît sur l’écran principal. « C’est vraiment… » Rin grimace, l’air sincèrement outré par les lignes de chiffres et de lettres qui défilent devant ses yeux. « C’est rafistolé avec du scotch et des prières ce truc, j’suis étonné que ça fonctionne encore. Faudrait que je réécrive une bonne partie de la séquence de base, que je vire les codes cramés et que je rajoute au moins une demi-douzaine de mises à jour pour que ça tienne en place… » Les idées fusent à toute vitesse alors que son cerveau est déjà en train d’établir la liste de chose à faire, étape par étape, pour mettre de l’ordre dans cette séquence. Un travail de titan, sans doute. Rin détourne les yeux de l’écran pour considérer Elijah. « Donne-moi une heure. Max. » Et si y’a la lueur familière du challenge qui brille dans ses pupilles, Rin prétendra l’ignorance. « Mais je préfère être honnête : ça sera qu’un gain de temps si le hardware est mort. »

@Elijah Thorpe

05/02/2023

Is this Halloween ?
@Kimura Rintarō | octobre 2025

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Au fond, je sais qu'il ne fait pas vraiment ca pour moi. Qu'il a seulement trop d'empathie, trop une bonne conscience pour se refuser à sauver qui que ce soit d'une cyberpsychose potentielle. Pourtant j'ai envie d'y croire ; qu'il ne me déteste pas tant, malgré ma connerie, ma lâcheté. Je souffle faiblement, dépité par ces pensées embrouillées, soulagé finalement qu'il me tende la main. Je m'empresse de lui donner la clé USB, particulièrement attentif à son opinion, le regard empli d'attente. Planté au même endroit, je pivote légèrement, l'observe s'installer sur son ordinateur de compétition.

Les implants, les protèses, ce type de codage, c'est pas ma came à l'origine. Devenu un passe-temps, des connaissances éparses biens utiles et qui font l'affaire, quand il n'y a pas d'autre solution. Enfin, la solution Rin s'est toujours trouvée là, dans ce garage. Il n'a jamais bougé, ne s'est jamais enfuit, lui. Je n'ai simplement jamais eu le culot, le courage de l'affronter, jusqu'à aujourd'hui. Affronter là où j'ai salement merdé. Foutus relations humaines. Les machines, c'est tellement plus simple. Je l'observe grimacer, plus impressionné par le bordel que j'ai foutu dans le codage que la qualité des lignes. < Beaucoup de prières. Et du double-face. Renforcé. > Aisance naturelle à débiter des âneries, tout en conservant cet air soucieux qui n'arrive pas à quitter mes traits. < J'ai fini par ne plus réussir à y voir clair. J'ai plus assez de recul et pas le temps, les compétences pour tout reprendre à zéro. > Je lui développe plus sérieusement, comme un besoin de me justifier. Une façon complètement naze de m'excuser de fournir des éléments si pourris. Elijah, ou la capacité effarante à prendre mille détours.

Une heure. Un peu sur le cul, je m'assois littéralement sur cette chaise à côté, destinée aux clients bienvenus. En d'autres termes, sûrement pas moi. Rin a toujours su m'étonner de ses compétences. Pour le coup, je me sens plutôt con, de toutes ces nuits passées sur ce bordel. < D'accord. > Je réponds, hébété, tentant de reprendre en mains le fonctionnement de mes méninges. Je m'avance un peu sur ma chaise, m'approche de lui et son ordinateur. < Tu… tu crois que tu pourrais me fournir avec un truc plus durable et fonctionnel ? Je sais que son œil cyber est obsolète, et ton boulot là, le remettre un peu en état, ce sera bien mieux que ce que j'ai pu essayer de faire. Mais si t'as moyen de trouver une prothèse plus récente ou neuve… Pas grave que ca prenne du temps ou de l'argent. Ca serait tellement mieux encore. > Je donnerais tout pour Lorie, ferais n'importe quoi et ca s'entend. L'attachement est sincère ; gamine perdue devenue la petite sœur jamais eu. Aucune relation n'a su égaler celle-ci. Impossibilité de s'enfuir, à la savoir compter sur moi, n'avoir personne d'autre sur qui se reposer. Avec elle au moins, je ne me disais pas qu'elle serait mieux sans moi. Je ne craignais pas l'engagement comme avec Rin. Avec elle quand je l'ai rencontré, c'était déjà trop tard.

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19/12/2022

Face à son écran, Rin ne peut empêcher la commissure de ses lèvres de se retrousser légèrement, en réaction à la surprise d’Elijah quand il lui annonce le délai. L’ingénieur est fier de ses compétences, c’est toujours agréable pour l’ego de les rappeler à quiconque s’aventurerait à les sous-estimer.

Même s’il admet sans broncher qu’Elijah est un hackeur de talent – après tout, il a souvent été de bons conseils lorsqu’ils leur arrivaient de travailler ensemble –, Rin n’est pas étonné que l’ancien CERBER se soit retrouvé en panne d’inspiration face au monstre de Frankenstein digital qui défile en ce moment sous ses yeux. C’est aussi crado qu’une séquence de chiffres et de lettres puisse être crado : ça se chevauche dans tous les sens, ça se contredit, y’a du bon et du pire, le reste est tout bonnement obsolète. Mais Rin a de l’espoir et une dignité à soigner, pour ne pas dire une revanche à prendre. Ou des metacoins à encaisser.

Rin, il est plus doué avec les machines qu’avec les humains, c’est pourquoi il croit se tromper la première fois qu’il perçoit une trace de supplication dans la voix d’Elijah. Le type était pas du genre à supplier, dans ses souvenirs. Il sait pas comment le prendre. Un coup d’œil sur le côté, pour constater avec déplaisance que l’autre s’est rapproché. « Ça peut s’arranger, je dois avoir un truc qui traîne quelque part. » qu’il répond sommairement. Ce n’est pas vraiment un service s’il lui fait payer le double du prix habituel, si ? Encore une fois, il s’en voudrait s’il le laissait se démerder alors que son atelier est plein à ras bord de prothèses en tout genre. « Laisse-moi bosser maintenant. »

Pendant les trente minutes qui suivent, on n’entend plus que les cliquetis du clavier et le ronronnement discret de l’ordinateur. Rin s’est enfermé dans sa bulle, immobile mis à part ses yeux qui parcourent l’écran à toute vitesse et ses doigts qui volent de touche en touche, alors qu’il nettoie le plus gros de la séquence et prépare le terrain pour les mises à jour. Plusieurs mèches de cheveux lui sont retombées sur le front et un geste impatient vient les ramener en arrière. « 'Faudrait qu’elle vienne ici. » qu’il marmonne soudain, sans se retourner. Le ton a un peu perdu de son hostilité initiale. « Taylor. » Il précise. « Pour que j’ajuste la prothèse à son visage. Sauf si t’as les dimensions en tête ? » La proposition n’est pas pour lui plaire, revoir la jeune femme ne ferait que raviver de mauvais souvenirs – et honnêtement il aurait préféré ne plus entendre parler d’Elijah non plus après aujourd’hui. Mais a-t-il vraiment le choix ? Il sait bien que non.

@Elijah Thorpe

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