if you scream into an abyss (it won't scream back) – guillem

08/01/2024

Guillem Ernest Rosario Bonavia

TW : deuils en tout genre, homophobie/biphobie, intimidation/bullying, nude leaks, masking, maladie, sexualité, langage grossier, vulgarités, violence (conjugale et autres), alcoolisme (et chien beaucoup trop cute, juré).

FT. Andrés Valencoso (et Lenny)

CARTE D'IDENTITÉ Nom et surnom(s) : Guillem, pour commencer : la surprise d'un petit garçon ! Ernest, pour l'hommage : grand-père maternel inconnu au bataillon. Rosario, pour le caprice : s'il avait été une petite fille, on (surtout son père) l'aurait appelé Rosalià. Bonavia, pour la lignée : ironie du sort, moquerie du suprême dont il compte bien éteindre la flamme du bout de ses longs doigts froids.
Genre et Pronom(s) : Homme cisgenre, il.
Âge et lieu de naissance : Quarantaine sonnée, passée quatre coups ; si vite compté – on fait vite le tour de ce nombre. Quarante quatre quarante quatre, de l'autre côté du – né le 27 juin, quelque part en Catalogne – où il ne remettra sans doute jamais les pieds.
Origines et nationalité : L'Espagne est loin, derrière toute une vie passée à Los Angeles ; il en garde quelques mots, quelques expressions souvent répétées par sa défunte mère.
Statut marital : Célibataire, seul – et c'est très bien, merci. Surtout après dix-huit années passées au bras du même homme.
Occupation : Épithésiste de renom – faut dire, le domaine n'est pas très répandu ~~(même mon autocorrecteur ne reconnaît pas le métier)~~, son art l'invite à voyager un peu partout en Amérique du Nord, de conférences en consultations en expositions en vol bien trop souvent retardés ou annulés. Depuis quatre ans, il s'improvise le mécanicien d'une Mercedes 1974 à ses heures perdues.
Situation financière : Très aisé, sans s'embarrasser des extravagances qu'une carrière comme la sienne pourrait encourager.
Lieu d'habitation : Un nouveau Duplex côté Nexus.

L'esprit Le corps L'âme La mémoire

L'ESPRIT Camouflades, masquarages – de longs papillons cillés.

Guillem et ses sourires que plus rien ne sauraient atteindre. À devoir se relever trop de fois, il est devenu machine et ne sait plus faire autre chose ; se relever, inspirer profondément, secouer la poussière des cuisses et des fesses – passer la balayette pour tout réunir dans un petit sac plastique, ouvrir grand la bouche pour l'avaler tout rond, cul sec –, tituber quelques pas, cligner des yeux le temps qu'ils reviennent dans leur orbite (ou, le temps de décuver, au choix), puis reprendre la marche. Parce que tout droit c'est la seule façon d'atteindre le bout, d'atteindre la porte – et d'en finir ; pourvu qu'il passe aux douanes – et que ça lui éclate pas dans le bide avant. Trop d'écueils, aussi risibles soient-il ; trop de deuils, trop de regrets, trop de déceptions, trop de maillons accumulés, ajoutés à cette chaîne qu'on a jamais demandé – devenue trop vite trop longue, qui traîne maintenant dans la boue, dans la fiente – venez y piétiner, c'est gratuit ! je m'en fous : moi j'ai lâché prise et je vous tendrai l'autre joue, si vous la demandez – pas même gentiment, demandez – juste, c'est gratuit.

Guillem est un joli mensonge : l'agréable vernis recouvrant un meuble pourri jusqu'aux clous et visqueux de larves. Celui voilé par de feintes douceurs et de tendres attentions, alors que du plus profond de l'être... rien, n'être pas, n'être plus – sinon les borborygmes douloureux d'un abysse sans fond, d'une gueule immonde dans lequel on a appris à jeter sans considération pour l'environnement. L'automatisme des heures accumulées, enchaînées sans réfléchir. De toutes ces fois relevé, d'une résilience à toute épreuve que lui-même ne saurait expliquer, Guillem s'est aigri, s'est fané, s'est dilué ; mais personne n'en saura jamais rien, car il n'y a pas plus trompeur que les apparences – pas plus trompeur que la sienne, en tout cas ; car l'optimisme brille fort, les pâturages sont verdoyants de boutades et la bonne humeur est aussi communicative qu'elle est contagieuse.

Alors que derrière, le vide et son épuisement.

LE CORPS LE CORPS HUMAIN

Particularités physiques :
Quarantenaire lambda. On l'oublierait plus vite ou on le remarquerait moins s'il n'était pas aussi élancé.

Aptitudes particulières :
Bon cardio, en forme. Jeunesse passée à courir, qu'on conserve deux fois par semaine parce qu'il faut prendre un minimum soin de soi pour faire un peu comme tout le monde – surtout par mimétisme et pour bien paraître. Rien d'exceptionnel.

L'ÂME LES MUTANTS
Guillem ne pense même pas à Guillem, alors qu'il devrait. Il pourrait y avoir une explosion dans sa cuisine qu'il en serait le dernier informé ; hausser les épaules, pourquoi pas, et parfois s'endormir en s'imaginant ce que ça lui ferait de savoir voler. Mutant ou non, on se fait la guerre depuis tellement longtemps ; tout finira bien par sauter, un jour ou l'autre.
LES ALTÉRÉS
C'est... vraiment nécessaire ? Pas qu'il ne comprenne pas l'attrait esthétique ; après tout, métier oblige. Mais quand même. Paraît que certains vont même jusqu'à... you know, en bas de la ceinture, par là. Ça doit saisir, un peu, non ? Tomber nez à nez avec... enfin bref. Ils peuvent bien faire ce qu'ils veulent avec leurs cheveux ; les siens ne tombent pas trop, encore, alors ça va.
L'APPARTENANCE Twilight Zone, parce qu'il s'en bat un peu les steaks – même pas qu'il bat quoique ce soit, en fait. Juste... meh. Ce soir on se fera un p'tit risotto ; et on sortira Lenny ; et une bonne bouteille ; et à demain.

LA MÉMOIRE

― à ce stade de ta vie, te sens-tu épanoui ? ―

« C'est quoi... ces questions débiles ? Tu te fous de ma gueule ? » Elle hausse les épaules. « Même pas. Attends, je te choisis les moins pires, en plus ! » Il se referme en croisant les bras. « Ça fait pas un peu... kistch ? Les gens veulent vraiment sav– » Elle interrompt d'un soupir, râle. « C'est juste une question bidon, rohlala ! Joue le jeu, un peu. » « Ils veulent dire quoi, par épanoui ? » Elle rit, mais se ravise en voyant qu'il est sérieux. « Je sais pas, moi. Que tu te sens stable ? Que tu te sens équilibré, bien dans ta peau et dans ta tête ? En paix ? » Il la juge d'un regard profond, criant de sarcasme. « Tu trouves que j'ai l'air ? » « T'as surtout l'air crevé. Et vieux. » « Pfff, c'est le décalage horaire, ça. T'as qu'à... t'as qu'à foutre... ! Je sais pas ! Un truc bidon, n'importe ! Qu'à ce stade de ma vie... » Elle s'affole d'une illumination soudaine. « Oh ! J'ai trouvé ! On a qu'à dire que tu te sens au bon endroit – voilà. Ça fait mystérieux, ça fait mature, c'est plein de sagesse... » « Ah ! Mais, ça veut rien dire, ça. » « Bah si ! Que t'es au bon endroit – que tu te sens à ta place, que t'es bien entouré. Par moi déjà, la meilleure amie du monde – la plus belle et la plus intelligente... » « Tssss – bien sûr. La plus chiante, surtout. La moins à l'heure, aussi. La plus bruyante – d'ailleurs, j'en profite pour te rappeller qu'on partage un mur. » Elle éclate d'un rire bien gras, même pas embarrassée. « Je t'ai dit, pour les leçons de chant ! Il aime bien, que je pratique mes gammes – ça le fait grave band– » « Ouais... bah ça sonne faux, babe. » Elle tire une moue, un petit sourire en coin. « Lenny, attaque ! » L'interpellé lève à peine la tête, puis la repose sur ses pattes en soupirant. « Fake ou pas, reste que j'ai des orgasmes – et pas toi. » « Gnagna, "j'ai des orgasmes et pas toi" – connasse... Et puis, qu'est-ce que t'en sais, d'abord. Hein ? » « J'en sais qu'on... est entrain de se demander si tu te sens épanoui – c'est parlant. Ça hurle – ça crie le célibat. » « Hnh-hm, indeed... »

L'enfance n'est pas très rose, plutôt pauvre, vacille entre les colères explosives et les silences d'enterrement. Faut dire que le père, pourtant ingénieur, préfère boire – et lancer quelques assiettes ou quelques gifles, au hasard des joues. Par chance ! la justice divine le foudroie d'un cancer de l'estomac quelques mois avant que Guillem ne débute ses études secondaires.

C'est pas très comique, de se sentir si petit alors qu'on est si grand ; dans les couloirs du lycée, sa tête dépasse – et bien qu'il ne soit pas très investi nulle part, qu'il ne participe durant aucun de ses cours et qu'il préfère rester en retrait des autres, Guillem attire les regards. Il est doux, il est docile, voire attachant, et forcément, bien vite, un bras vient se joindre au sien ; amourettes d'entre-classes qui catapulte, malgré lui, les prémices d'une notoriété d'athlète vers des sommets inattendus. Faut croire que ça attire l’œil ; les bons comme les mauvais ; que ça attire aussi les rumeurs. À cet âge, y'a que ça à foutre ; en plus, c'est une bombasse d'un an son aînée ! Y parait qu'elle fait ça pour rendre son ex jaloux ; parce qu'elle a pitié de lui ; parce qu'il a l'air un peu... bizarre, quand même ? Par chance qu'il court vite, qu'avec lui dans l'équipe on a des chances de gagner, cette année.

Fallait bien que ça casse, tôt ou tard ; à peu près un an, entrecoupé de ruptures aussi immatures que maladroites. La faute à son enfoiré d'ex ; à toutes les photos qu'il a imprimé et placardé sur les casiers. Elle est partie, pour de bon du jour au lendemain – n'est jamais revenue à l'école, n'a jamais dit au revoir – et Guillem est resté, impassible. Il serait sans doute resté la risée de l'école s'il n'avait pas décroché la seizième place au marathon de Boston, cette année là.

― quelles sont tes aspirations ? comment envisages-tu ton avenir ? —

« ... et je t'interdis tout de suite de répondre "à la campagne, avec trente-quinze chèvres". » Il pouffe de rire, le nez dans sa coupe. « Si c'est la quantité, on peut dire vingt-douze, ça fait moins exagéré. » « Mais ! Oh, ça fait surtout ringard comme réponse ; à ton âge en plus, c'est pas comme si... » Elle se ravise, d'un petit ricanement. « ... comme si ? Tss – tu veux que je réponde quoi ? Parce que ringard, je peux faire : "avec un peu de chance, dans les bras de la personne idéale, avec laquelle partager une nuit, une semaine ou toute une vie" ! » Elle rit ; lui aussi. « Ouais, c'est nul à chier. Va pour tes chèvres. Pour aspirations, tu crois qu'on peut mettre "bites" ? » Sa gorgée de vin, à moitié avalée de travers, est recrachée par les narines. « "Grosses bites", plutôt ? » « T'es conne... putain. J'en ai mis partout ! » Elle rit de plus belle, ne retrouve pas son souffle tout de suite ; lui non plus, même qu'il finit par se lever, secoué par une quinte de toux qui se transforme en hilarité immature. « Tu sais, en vrai, j'ai vu plus bas... que – hm, y'a une option, pour la taille de la plomberie. » « Qué? Tu te fous de ma gueule ? » Il s'approche et se penche vers la tablette. « Hm, je te jure. Juste en dessous, après... y'a corpulence, pilosité – et tout le foutoir du même genre. Les yeux bruns, hop. Les cheveux noirs, hop. » « Corpulence, t'as qu'a mettre... » « J'ai mis athlétique, c'est bon ? Et la barbe, hop. Lunettes ? Y'a pas l'option "je suis vieux, de lecture". » « Tsss, tu m'énerves... »

Quelques amourettes plus tard, quelques emmerdes aussi, et le voilà boursier à l'université ; mais pas en sport, comme tout le monde – surtout sa mère – l'espérait. D'une nouvelle lubie, découverte des solitudes silencieuse, Guillem peint, sculpte des morceaux de visages. On peut sentir qu'il a un certain talent, déjà pour les proportions impeccables, mais c'est... quand même un peu glauque, vous trouvez pas ? Alors ses pièces, exposées à sécher durant la nuit, sont retrouvées le lendemain, cassées ; par terre, piétinées, traînées sous la semelle comme de vulgaires morceaux de craie. Au moins, il y a ce joli blond pour l'encourager à continuer ; ils s’assoient aussi ensemble en histoire de l'art ; et s'écrivent des mots sous la table – on faisait comme ça, dans les années quatre-vingt-dix.

Sa mère ne tarde pas à les surprendre ; à découvrir les multiples dimensions de son fils. C'est con, il la croyait partie, l'avait invité chez lui ; ils étaient juste allongés sur le lit, en train de s'aimer. Quel pécheur ! C'est parce qu'il refusait de l'accompagner à l'église tous les dimanches ? C'est la tentation, El Diablos ! L'après-midi même, les oreilles encore sifflantes des cris outragés, des "dios mio", des insultes alors qu'il essayait de la calmer, de lui expliquer, de s'excuser... la porte du domicile lui claque dans le front.

Par chance, les parents du joli blond – qui s'appelle Adam, en plus –, plus compréhensifs, le recueillent ; lui offrent une chambre, au sous-sol. Il n'est pas encore tout à fait rénové, ce n'est pas grand chose... mais c'est assez. Guillem leur propose même de payer une part de loyer ; se trouve un boulot ; finit par lâcher l'université quelques mois plus tard. Deux ans plus tard, Adam et lui emménagent dans leur premier appartement ; pendaison de crémaillère, amis et famille émus – c'est sympa IKEA, ça vient d'ouvrir.

― quel est ton rêve inavoué ? ―

« ... le plus secret, le plus intime ? » « Ça détruit pas un peu le concept, de le dévoiler comme ça, à la vue de tous ? » Elle s'exaspère en roulant les yeux. « Tu dois... tout critiquer, pas vrai ? » « Absolument. Même que ton choix de vin est à chier. Et t'es nouveaux rideaux du salon sont hideux. Et je suis pas fan, non plus, de ta lasagne. » Ils rient ; la bouteille est presque vide. « Ils sont orange, Guillem. Et qu'est-ce qu'elle a, ma lasagne ? » « Déjà, elle tient pas debout ; et je préfère avec un étage de pepperoni, au centre. » « Ooh, oooh – excusez-moi, messire ! » Elle lui fait une révérence un peu chancelante et se retient de justesse à son siège. « C'est impardonnable. » « Ce qui est impardonnable, c'est qu'il nous reste... six, huit... onze questions. On va y passer la nuit, si t'arrêtes pas tes conneries. » Il soupire profondément, se rajuste droit. « C'est bon, c'est bon... un rêve, alors... » « ... alors ? » « Ah ! J'ai déjà rêvé que j'étais Blanche Neige, et que le prince me roulait dessus comme une autoroute. Et il était indien, pour une étrange raison. » Long silence ; long jugement. « Quoi ? » Le sourcil est bien haut levé, inflexible. « Quoi ?! » « C'est le genre de truc qui devrait rester inavoué. Enterré. Qu'on emporte dans la tombe. » « Mais c'en est un rêve ! Ça passe pas ? » « Pas ce genre de rêve, ducon ! Tu me verrais écrire "j'ai déjà rêvé que je donnais le sein à Chris Crocker" sur un profil de rencontre ?! » « Qué? Chris qui ? » « Chris "Leave Britney Alone" Crocker... » Nouveau silence. « T'es sérieuse ? » Elle ne répond pas ; il la dévisage, puis tous deux éclatent de rire. « Me – me dis pas que – que tu lui disais – » « "Leave my milkies aloooôône!" » L'hilarité redouble, se plie, cherche son souffle, piétine le sol. « Ah putain, mets-ça ! Je te pique ton rêve – c'est mort, il est gé-nial ! » « Mais c'est pas ce genre de rêves, qu'ils veulent savoir ! Je t'ai dit ! Ahlala, on s'en sortira jamais... » « Roooh, on s'en fout ! c'est drôle, au moins. » « Tu pourrais être plus sérieux, quand même. C'est pas comme ça qu'on va te trouver un plus one pour ma cérémonie. » « Tsss, j'suis bien seul. Je t'ai dit cent fois, déjà. » « Bon bon bon, l'vieux grincheux ! Au pire ! dis-toi que tu vas perdre, allez, un peu plus qu'une heure devant un café. Expresso ou allongé, ton choix. Mais ! au mieux, tu gagnes peut-être une pipe – et mon vieux... j'sens que t'en as besoin. J'te sens ridé, j'te sens stressé. » « Tssss... Tu m'fatigues ! J'vais t'en faire moi, des... » « Ah, non merci. Moi je ne fume que le cigare, bien gros et bien cubain. Ahahah !... » L'hilarité reprend, bien sûr. « C'est con, tu t'es pécho le plus coquille des blanc-becs que je connaisse. » « Ahlala, tu l'aurais entendu commander ses bières, quand on était à Puerto Rico – cervessaaaaa poor favaur! cervessaaaaa ! J'te jure, par chance que le cigare – » « Hop hop hop ! non, c'est bon. Je vous entends assez, j'ai pas besoin d'avoir les couleurs en plus ! »

Dix ans, une décennie envolée comme ça, d'un claquement de doigts. Adam le trompe depuis un moment ; ne semble plus heureux avec lui et dès qu'il boit trop, ce qui arrive de plus en plus souvent... le procès est ouvert, fuse de reproches. Tu me baises plus comme avant ; tu m'as jamais bien baisé, de toute façon ; j'suis sûr que tu me trompes, chaque fois que tu pars à Vancouver ou à Boston ; t'as des plans réguliers là-bas, c'est ça ? réponds, quand j'te parle ! regarde-moi ! Parfois, il est violent, contre les murs ; une seule fois il a levé la main sur lui ; mais il s'est excusé en chialant, alors ça ne compte pas.

La thérapie de couple semble aider, un peu ; dépenser, aussi. Adam le trompe toujours, mais Guillem apprend doucement, au fil des séances, pourquoi. Il lui en veut, de gagner plus alors qu'il a lâché l'université – de pouvoir vivre de son art, vivre et voyager partout dans le monde de sa passion ; lui n'a jamais pu. Alors oui, dilapider cet argent qu'Adam jalouse, aide ; les cadeaux pleuvent, les vêtements et les montres ; un nouvel appartement, trop petit, devient une maison, dans le garage de laquelle s'ajoute une décapotable. Il apprend aussi qu'Adam le trouve trop mou ; trop doux, trop attentionné ; alors Guillem apprend – devient maître du lit conjugal.

C'est lui, qui boit trop, maintenant. Sa mère, qu'il n'a jamais revue, est malade et plutôt que de la laisser pourrir en hospice, Guillem lui offre une chambre, propose de s'occuper d'elle. Une amie d'Adam, qui est aussi infirmière, vient leur rendre visite tous les jours. Ce dernier proteste dès qu'il en a l'occasion, n'est pas d'accord ; essaie de lui expliquer que sa mère – la femme qui a tout sacrifié pour le garçon qu'il était – ne mérite rien en retour. Il devrait la laisser perdre la tête et crever ; alors qu'elle s'est mise entre lui et son père tant de fois. C'est facile, de penser comme ça ; de croire que tout est aussi simple, noir ou blanc, dans la vie.

Parlant de son père : elle ne reconnaît plus son fils ; s'effraie dès que Guillem essaie d'entrer dans la chambre ; lui lance tout ce qui lui tombe sous la main – surtout des livres. Il y avait bien longtemps qu'il ne l'avait pas entendu crier "Jorge! Jorge!" en ayant aussi peur. Lorsqu'elle finit par se calmer, il la borde et attend qu'elle s'endorme avant de retourner à la cuisine pour continuer à boire. Adam n'est plus souvent à la maison ; parait qu'il s'est fait un petit copain – un ancien détenu.

— que changerais-tu si tu en avais le pouvoir ? —

« Aaaah, ça y est ! » « Quoi ça y est ? » « Métaphysique... » Rien qu'aux mouvements de ses bras – théâtraux, mélodramatiques – on comprend qu'il a assez bu. « Tout. Rien ? Est-ce qu'on... serait ici, tous les deux ? C'est vague, c'est vaste. » Il se tourne vers Lenny qui tout de suite lève sa grosse tête et se relève pour dandiner des fesses d'excitation devant son maître. « Pas vrai, mon gros loup ? Aya, ayaya, le gros loup, oh-yaya ! Les grosses cuisses, les grosses fessouilles à papa, hein ? » Tape, tape, claque et grattouille son flanc ; le chien perd trois kilos de poils blancs envolés comme des flocons dans la nuit. « Si tu réponds un truc trop perché, c'est cringe. » « Bah quoi ? Tu répondrais quoi, toi ? Tu saurais mettre le doigt pile là où il faut et dire – je change ce truc là – en sachant exactement avec précision tout ce qu'il pourrait en découdre ? Comme les fils du destin, ou je sais pas, détricotés et retricotés dans le bon ordre ? » Silence ; long, pensif. « Non. Par contre, je sais qu'en sixième j'aurais encastré cette salope de Stacy Martin dans son casier. Ou que j'aurais jamais teint mes cheveux blond platine. Tu vois, ce genre de trucs ? » Second silence, raclé de la gorge. « Mmh... j'aurais dû tromper Adam quand j'en ai eu l'occasion. Non, mets pas ça, ça craint. Écris... que j'aurais dû... saisir certaines opportunités lorsqu'elles sont sont présentées à moi. » « Mouais... tout le monde pourrait répondre ça, mais c'est pas ta pire réponse ce soir. J'approuve. »

Le dernier souffle est rendu – au petit matin, quelques semaines avant de célébrer leur dix-huitième anniversaire. L'extrême-onction le laisse indifférent, alors qu'il patiente à son chevet. Il n'était peut-être pas le fils parfait, mais elle n'était pas une mère exemplaire non plus – faillible, mais travaillante, résiliente et généreuse du peu qu'elle avait. Le compte est bon, la dette est payée ? que Guillem se demande, alors qu'elle s'éteint. Adam daigne lui tenir compagnie ; quelques minutes, à peine le temps de s'asseoir, de poser une main sur son épaule et lui demander comment il se sent. Silence désintéressé, détaché, dégage. Qu'aurait-il pu lui répondre ? Il attendra d'être seul et à l'abri des regards pour s’effondrer ; la première fois de sa vie ; en bonne et due forme comme seul un homme sait – ou pas – le faire ; dépassé, démesuré, débordé par une douleur que seuls des coups de coude dans le ventre parvient à rendre supportable.

La guillotine tombe un 15 novembre, mais ne décapite pas. "C'est fini", pas très longtemps après cet anniversaire. Guillem l'attendait, peut-être qu'il l'espérait : l'annonce le laisse indifférent, à peine interrompt-il le verre porté jusqu'à ses lèvres. Parti pour de bon, au bras de son bon à rien qui le baise mieux – sans même prendre la peine d'avertir sa propre mère qui vient s'enquérir de son fils ; est sans nouvelles depuis deux semaines. Guillem l'ignore ; ne répond ni à ses appels ni à ses textos ; jusqu'à ce que la police se présente un froid matin. Adam est suspecté disparu ; Guillem en peignoir est déjà ivre, à neuf heures. Non non, messieurs, je vous jure ! même si j'aurais sans doute apprécié, il n'est pas mort dans un faussé – il s'est juste barré avec untel. Boum, comme ça, un matin. Pouf, parti. Dix-huit ans – c'est long, quand même. On pourrait voter.

La maison est vendue telle quelle, meublée et à peine débarrassée des portraits, des peintures et des photos pour la plupart jetées. Une langue de belle-mère à l'ex belle-mère, hop, entre deux bises d'adieux. Parce que sur le coup de tête d'une comète, il convinc sa meilleure amie de déménager à New Blossom, d'acheter un duplex. Ils seront voisins, pourront se faire des barbecue dans le jardin, rénover comme ils veulent ; se faire des soirées cinéma – vin et popcorn. Il finira vieux garçon, mais Guillem s'en fout. Mis à part le travail et les embouteillages, il ne lui reste que des cendres ; celles de sa mère, qu'il attache sur la banquette arrière ; celles d'Adam, dont il aurait aimé craqué l'allumette lui-même.

Un an plus tard, elle rencontre l'homme de sa vie – Guillem adopte un chiot, Lenny, qui devient le sien. Deux ans après, elle lui annonce ses fiançailles – Lenny a bien grandit, parait plus excité que lui à l'idée de son mariage déjà planifié pour l'hiver ; tequila heineken. Ils célèbrent quand même la nouvelle ; même si elle aussi partira, bientôt. Peut-être qu'il défoncera la séparation de leur duplex pour en faire une maison gigantesque – un labyrinthe froid et silencieux dans lequel noyer sa solitude à venir.

DERRIÈRE L'ÉCRAN

Pseudo : Poumon, anciennement Monomer. Genre et Pronom(s) : Il en français, they en anglais. Âge : Bientôt 31 ans ~~et ça continue et continue de monter ohlala que quelqu'un m'aide faites que ça s'arrête s'il vous plaît j'en peux plus mon dos~~ Région/pays : Kwébec City, baby. Comment avez-vous connu le forum ? Je me fais poke depuis longtemps par les plus beaux des bichons (Bones et Weird) et j'ai ENFIN flanché. Autres commentaires ? Le champ est libre ! Crédits : Bones pour l'avatar.

30/10/2023

BABE BABE BABE BABE BABE BABE BABE BABE BABE BABE BABE !!!!!!!!!!!!!!

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Absent/au ralenti jusqu'au 18 juin heart

Heaven knows that I'm born too late for these ghosts that I chase With these dreams, I inflate, painted skies in my brain

08/01/2024

Merci pour le pipi

va dormir maintenant jpp

04/04/2023

BABY

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( highway to the dark )

there's only two ways to make it in this town; one is to be brilliant, the other is to drown. are you lost or are you found, are there too many mirrors in this house?

08/01/2024

17/12/2022

Lenny, c'est le plus beau if you scream into an abyss (it won't scream back) – guillem 4061986614

if you scream into an abyss (it won't scream back) – guillem 3471008882

Bienvenue sur SoP if you scream into an abyss (it won't scream back) – guillem 3134486888

j'adore l'humour que tu glisses dans tes phrases et la manière dont tu décris ton personnage ! Trop hâte de le découvrir en rp et de voir comment tu vas le jouer if you scream into an abyss (it won't scream back) – guillem 3865144472

if you scream into an abyss (it won't scream back) – guillem 3865144472

bon courage pour la rédaction & amuse-toi ici !

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HAUNTED
BY THE
GHOST
OF YOU /

Take me back to the night we met. And then I can tell myself Not to ride along with you.

Bienvenue par ici, j'espère que tu t'amuseras bien dans le coin et bon courage pour la fin de ta fiche

05/11/2023

j'ai apprit un nouveau mot aujourd'hui if you scream into an abyss (it won't scream back) – guillem 4061986614

ce personnage est vraiment très chouette, j'adore ta façon d'écrire c'est super fluide, ça se lit si bien que arrivé à la fin j'en redemande. if you scream into an abyss (it won't scream back) – guillem 2054377266

if you scream into an abyss (it won't scream back) – guillem 2054377266

bienvenue ! if you scream into an abyss (it won't scream back) – guillem 3370663314

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my body is a cage ✧I'm living in an age that
Screams my name at night but when I get to the doorway there's no one in sight

07/08/2023

Je suis conquise par ta plume qui est juste super agréable à lire et à découvrir, ça se dévore à une vitesse affolante et j'ai un goût de trop peu après avoir tout lu if you scream into an abyss (it won't scream back) – guillem 139611567

if you scream into an abyss (it won't scream back) – guillem 139611567

Ce perso va être incroyable entre tes mains, je suis impatiente de le voir débarquer en jeu if you scream into an abyss (it won't scream back) – guillem 4084237613

if you scream into an abyss (it won't scream back) – guillem 4084237613

Bienvenue dans le coin if you scream into an abyss (it won't scream back) – guillem 1429850214

J'espère que tu t'éclateras parmi nous surtout if you scream into an abyss (it won't scream back) – guillem 1429850214

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14/10/2022

Guillem a écrit:car l'optimisme brille fort, les pâturages sont verdoyants de boutades et la bonne humeur est aussi communicative qu'elle est contagieuse.

Alors que derrière, le vide et son épuisement.

if you scream into an abyss (it won't scream back) – guillem 3917839045

Y'a ce ton mélancolique dans ta plume qui donne les feels direct pour ce personnage, l'envie de lui faire un câlin et lui dire que ça ira, oui même s'il dit qu'il s'en fiche et fait comme si ça ne l'atteignait pas if you scream into an abyss (it won't scream back) – guillem 3781716902

if you scream into an abyss (it won't scream back) – guillem 3781716902

Bienvenue sur SOP, ravie de voir que tu as cédé à l'appel des sirènes huhu

J'espère que tu te plairas bien dans le coin if you scream into an abyss (it won't scream back) – guillem 4084237613

(Et fallait que je le souligne : mad respect pour tes codages si tu es bien le Monomer du Switcheroo et autres widgets pratiques bien répandus crown

)

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Humanity isn't a species

it's a state of mind

08/01/2024

Moooh, mais vous êtes tous trop if you scream into an abyss (it won't scream back) – guillem 1553461418

j'suis tout mou et ému là oh if you scream into an abyss (it won't scream back) – guillem 4169462755

et shy en plus if you scream into an abyss (it won't scream back) – guillem 4169462755

Et voui Darius, it is ail if you scream into an abyss (it won't scream back) – guillem 2054377266

mais chut

Gros merci à tout le monde pour l'accueil et les gentils mots ! J'suis tout chose, une vraie loque aaaaah i just cant if you scream into an abyss (it won't scream back) – guillem 3917839045

if you scream into an abyss (it won't scream back) – guillem 1407561939

23/12/2023

BIENVENUE OFFICIELLEMENT

Félicitations, tu es validé.e !Guillem est incroyable, pour pas changer de tout tes autres persos tear

J'aime toujours autant le lire, les dialogues dans l'histoire me font mourir de rire à chaque fois if you scream into an abyss (it won't scream back) – guillem 2637464804

if you scream into an abyss (it won't scream back) – guillem 2637464804

J'ai hâte de retrouver la meilleure amie à l'avenir et puis fiou, Guillem quoi !! Qu'on retrouve Adam et qu'on le coule dans un fleuve avec du béton, lààààà if you scream into an abyss (it won't scream back) – guillem 737227058

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(ok un peu violent) (mais quand même) (au moins plongé jusqu'au cou. if you scream into an abyss (it won't scream back) – guillem 1220833213

) Bref hâte de retrouver le duo inrp, hâte du lien entre Guillem et Tanner aussi et puis surtout, bienvenue sur SOP et amuse toi bien dans ta nouvelle maison !! if you scream into an abyss (it won't scream back) – guillem 325400817

if you scream into an abyss (it won't scream back) – guillem 325400817

Quoi faire maintenant ? Maintenant que les portes de Spring of Power te sont grandes ouvertes, tu es libre d'aller t'amuser ! Voici nos recommandations pour faire tes premiers pas et bien t'installer :

○ Tu peux ajouter ton personnage au répertoire pour obtenir davantage de visibilité. Parcourir le répertoire te permettra aussi d'avoir une vision d'ensemble sur la population du forum !

○ Tu peux également créer ton carnet de bord et visiter ceux des autres afin de trouver des idées de liens intéressants. Le carnet de bord sert à la fois de fiche de liens, fiche de RPs, moodboard et autres.

○ Ton personnage est fan des réseaux sociaux ? N'hésite pas à lui créer un profil sur l'ARGO Space, qui est un peu comme l'Instagram de Spring of Power !

○ Tu as également la possibilité de rejoindre le groupe argossip pour recevoir une notification lorsque des rumeurs croustillantes sont postées sur le forum. Il te suffit de faire une demande d'adhésion !

○ Ton personnage attend d'autres personnages liés à son histoire ? Tu peux dès maintenant créer un scénario ou proposer des pré-liens.

○ Si tu as :
— Ajouté ton personnage au répertoire comme suggéré plus haut
— Pris un poste vacant, scénario ou pré-lien affiché
— Été référé.e par un.e autre membre ;
Tu peux déjà réclamer de l'argent qui te permettra d'acheter des articles à la boutique !

○ Enfin, si tu es prêt.e à te lancer pleinement dans l'aventure SoP, nous te souhaitons de bons RPs if you scream into an abyss (it won't scream back) – guillem 3865144472

Et si tu as besoin de te détendre autrement, la salle d'arcade t'est ouverte pour jouer ou discuter !