she could, so she did (zeke)

30/04/2023

cw: prise de red, douleurs.
Petite chose ; miniscule, pitoyable petite chose. Elle pourrait tenir dans la paume de la main ; elle pourrait se faire briser et froisser les ailes en moins d'une seconde, d'un instant. Suni n'est plus grand chose, outre une douceur, un malheur. Elle porte en elle et sur elle les échos de ce qu'elle a été, de ce qu'elle est toujours au travers des maux et des sourires, des rires et des soupirs. Elle n'est plus grand chose. Une pauvre petite bête qui se perd dans des endroits qui ne sont pas faits pour elle. Un aveu a été fait à demi mot, entre les sourires tristes et les jolis mensonges. Peut-être que Kyoka sait quelque chose, peut-être que Suni la fuit depuis quelques jours. Elle ne sait pas. Elle ne sait rien, vraiment. Le malheur est si lourd, son dos courbe. Elle ne sait pas vraiment quoi faire.
Elle ne sait pas vraiment ce qu'elle fait, non. Entre ses doigts, l'interdit est délicat, petit et malin. Dans sa gorge, il passe de travers. Elle ferme les yeux, elle pince les lèvres et elle garde le haut le coeur si fortement en elle. Parce que Suni, elle ne mange pas n'importe quoi, elle fait attention depuis des années maintenant. Et pourtant, la voilà qui ose, la voilà qui abuse et se permet.
Il y a un vertige, dans son ventre. Les doigts sur le volant de la voiture, la vue qui est étrange. Son coeur est fou, dans sa poitrine. Suni ne comprend pas ce qui l'a pris. Elle ne comprend pas pourquoi elle a agi de la sorte. L'acte est là, pourtant. Il y a quelque chose d'inconnu, en elle.
Il y a une envie qui se creuse, aussi. Une envie qui lui tord le ventre, qui fait presque mal. L'hésitation danse dans ses prunelles innocentes avant qu'elle n'arrête son camion, se stationne et quitte le véhicule. Le manteau est large sur elle, d'un jaune poussin qui la rend adorable. Suni tient les pans trop long de sa jupe et marche rapidement sur le bitume froid, pousse la porte d'un café qui semble charmant et porte peu attention aux chats tous plus jolis les uns que les autres.
- Pardon, qu'elle dit, souffle, et elle se rend compte qu'il y a quelque chose avec sa voix. Avec son souffle, aussi. Les lèvres se pincent et elle offre un sourire tremblant à l'homme, passe une main dans sa crinière qui semble si lourde, si étouffante. Je sais que oh - c'est bientôt la fermeture, n'est-ce pas ? Je suis désolée je dois juste - je peux utiliser les toilettes ? Elles ne sont pas encore nettoyées, j'espère. Sinon je pourrais - Une grimace ; la douleur s'accentue ; elle pose sa main contre son ventre. Je - eh - je peux nettoyer derrière moi, oui. Il y a une fine ligne, entre ses sourcils. La douleur qui se voit, le teint qui est presque de porcelaine.

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the broken

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26/01/2023

Les chats ne vont pas le laisser faire le ménage, ils se baladent et font les curieux, attendent le retour de Samantha qui ne devrait pas renter avant minuit. Ils réclament des caresses, encore, et ce soir Tuxedo est étalé de tout son long sur le comptoir. « Tuxedo, je dois compter la caisse. Tu ne veux pas... te bouger ? » Le matou se fiche de la pédagogie et n'en fait bien qu'à sa tête - la faute à qui ? Dirait Sam - Ezekiel aurait préféré avoir une déchirure qui lui permet de communiquer avec ses félins pour lui faciliter la dure tâche de la discipline. Au moins, il prend bien les choses, il n'a pas de route à faire pour rentrer chez lui. Il n'a pas passé une journée derrière un bureau dans un job qui n'a pas de sens, à devoir supporter une ambiance toxique qui pousse à la compétitivité. Il a tout son temps, des minutes de plus pour rêvasser et penser à son date avec Lucian qui n'est pas un date.

La soirée s'annonce calme, il pourrait se pirater un film récent et la passer avec un bol de pop-corn. Le carillon de l'entrée chasse Tuxedo qui va se réfugier entre ses jambes. Sa soirée solitaire va t-elle se transformer en une soirée jeu de société avec sa fille ? Il ne cache pas se déception en ne reconnaissant pas le manteau de Sam. Elle le trouverait trop criard, lui rêve de la voir dans d'autres teintes que du noir quand elle sort.
Zeke s'apprête à expliquer qu'ils sont fermés et qu'il n'a de toute façon plus rien à proposer quand son regard croise celui de de l'inconnue -qui ne l'est pas tout à fait. Ezekiel la reconnaît forcément, de part tout le temps qu'il a passé à se tenir informé des actualités d'Icarus. Ce n'est pas le première fois qu'une star, ou ancienne star, se présente dans son café et il n'a jamais été question de faire un traitement de faveur. Il préfère ne pas être là quand il faut se forcer à sourire.

Ce n'est pas ce qui le surprend le plus. Ses sens s'affolent, il se sent légèrement mal à l'aise, puis graduellement la sensation s'intensifie au point de déclencher violemment sa déchirure. Il y a quelque chose qui se passe. Quelque chose de gros et qui va au délà d'une pause pipi. Il la dévisage, inquiet, attentif, parce qu'il ne veut pas qu'elle perdre connaissance en plein milieu de la boutique. Il contourne son comptoir pour rester à proximité s'il doit agir. « Bien sur. Les toilettes sont situées au fond du couloir de droite. Il hoche la tête, compatissant. Ce n'est pas un problème, filez. Une urgence peut surprendre n'importe qui. Il a des chats, il a vu pire. Et il a élevé une gamine. Sans avoir changé les couches de Samantha il l'a déjà gardée en pleine gastro. Zeke espère juste, s'il s'agit d'un problème de ce type, qu'elle ne va pas lui redécorer les murs. Est-ce que tout va bien ? » Parce qu'elle n'a pas l'air dans son assiette et que ça pourrait vite dépasser ses compétences, théoriques.

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30/04/2023

tw : consommation de red, douleurs vives.
Il y a une guerre, en elle. Suni, elle se rend bien compte. Oh, elle n'est pas si bête. Elle sait ; sait qu'elle a pris quelque chose qu'elle ne devait pas prendre. Elle ne sait peut-être pas combien de temps cela peut prendre, mais elle sent ; elle sent que les choses ne sont pas normales, qu'elles se passent très rapidement, même. Ça lui donne des vertiges, des sueurs froides. C'est une bête qui gronde en elle, qui lui tord le ventre et détruit tout pour tout refaire. Et ça éveille une peur. Parce qu'elle a perdu ; elle a perdu tant de choses, au final du temps. Et peut-être, oui, peut-être, que son corps n'est pas apte à se transformer de nouveau. Qu'on lui a trop pris, trop retirer et qu'elle ne peut plus vraiment être une mutante, être elle-même.
Suni, elle n'est plus elle-même depuis si longtemps, maintenant.
Elle se perd au travers de son propre corps, incapable de se retrouver entièrement.
La peur ressentie à l'intérieur ne sera jamais aussi grande que le vide ressenti.
Elle a honte, pourtant ; si honte. D'être là, comme ça. D'avoir cédé à l'appel de la Red comme ça, sur la route, sans être chez elle. D'être dans une boutique dont elle ne connait rien, face à un homme dont elle ne connait pas le prénom. Et en plus, elle ne consomme rien.
Pourtant, il accepte. Il lui désigne le trajet, et Suni suit des yeux. Elle fait un petit pas ; le vertige lui prend la tête. Les lèvres se pincent, les doigts se crispent sur le tissu de ses vêtements et elle essaie de souffler, de garder la tête froide alors que son sang est bouillant.
À l'homme, Suni sourit. La petite abeille essaie d'être douce et jolie.
- Oh je - Merci. Merci. Elle passe sa langue contre ses lèvres, Suni. Le regard va sur le comptoir alimentaire. Je - Ça va. Oui, ça va. Elle se convainc elle-même, vraiment. Suni a besoin d'y croire, qu'importe la douleur. S'il vous reste des choses je - après, je peux acheter. Elle ne les mangera pas, Suni. Non, elle ne connait pas les chartes, les aliments. Mais elle peut bien les offrir à des itinérants. Oui, elle peut.
Un pale sourire sur ses lèvres avant qu'elle ne se détourne ; sauf que le mouvement. Le mouvement de ses épaules, de ses bras ; la chose lui tire une douleur vive dans le corps. Assez pour lui couper la force, dans les jambes. Assez pour tomber comme une poupée de porcelaine contre le mur, ne pas avoir la force de se redresser et juste, de couler.
Elle pose ses paumes contre le plancher, Suni. Devant son doux visage penché, ses cheveux font cascades et cachent ses traits. Elle renifle, les yeux plissés, alors que ses épaules sont traversés de tressaillements. La douleur est trop vive. Elle voit des points blancs.

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26/01/2023

cw : détresse, douleurs physiques
Il ne faut pas longtemps à Zeke pour comprendre que quelque chose ne tourne pas rond Toute chose terrible arrive ainsi, d'abord calme. D'abord, le sentiment que tout pourrait être parfait et simple, puis le deluge. Sa déchirure s'affole et la sensation que quelque chose ne va pas s'amplifie au point de prendre tout l'espace dans son esprit. Elle devient sa priorité, mêmes les chats sont inquiets. Tuxedo est venu voir, miaule inquiet. Il est frustrant de ne pas savoir exactement ce qui tracasse l'ancienne starlette venue s'échouer dans son café. Une part de lui refuser de s'en soucier, après tout elle doit bien avoir des équipes médicales ou les moyens de résoudre tous les problèmes du monde. Néanmoins, il ne peut se résoudre à laisser quelqu'un en danger sans assistance ; quel image ça renvoie de sa prétendue cause ? Ezekiel n'est pas ainsi, ça se saurait depuis longtemps s'il était capable de tracer sa route sans s'arrêter devant tous les chats errants qui peuplent les rues de New Blossom. Sa générosité sera peut-être sa perte. Et alors ? Est-ce une si mauvaise chose ?

Il se retourne vers son comptoir. Il peut bien trouver des beignets qui n'ont pas trouvé preneur. Les invendus sont souvent négociés à moitié prix ou donnés aux sans abris. Un peu de réconfort, un sourire. Parfois Zeke termine les gâteaux devants la télévision, affalé dans son canapé et sans se soucier de sa forme. Les hommes avec qui il couchent aime avoir de quoi se mettre sous la dent. Lui aime les bonnes choses. « Des allergies particulières ? Je pense qu'un grand verre d'eau ferait déjà beaucoup de bi- Zeke se coupe net.

Son corps se met en branle avant même qu'il ne réfléchisse à la question. L'instant d'après, Ezekiel est à genoux à ses cotés et il se dit que si elle avait été sa fille, il aurait aimé qu'on lui vienne en aide. Elle est bien la fille de quelqu'un, il a bien quelqu'un quelque part qui l'attend, qu'il l'aime. Il ne peut pas, même s'il le voulait, prendre une mauvaise décision. « Mademoiselle ? Mademoiselle est-ce que vous m'entendez ? » Il pose une main entre ses épaules, hésitante. Il n'aime pas toucher les gens sans leur consentement. Il n'aime pas ce qui se passe. « Je dois appeller une ambulance. Je ne peux pas vous laisser comme ça. » Elle a besoin de professionnels. Zeke ne l'est pas.
Il sait faire des miracles qu'il n'explique pas. Qu'il sait être ses pouvoirs parce qu'il y est habitué, mais il n'y a pas de mode d'emploi qui va avoir. Il n'en connait pas tous les tenants et aboutissants. Surtout, personne ne doit savoir, parce ses veines ne sont pas bleues, ne sont pas dopées. La peur qui se distille dans ses veines n'est pas tout à fait sienne, il se doute qu'il s'agit de son empathie naturelle. L'alarme dans son esprit ne sonne plus, elle hurle. Elle hurle à lui vriller les tempes.

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30/04/2023

cw : prise de red, douleur extrême
La douleur. Il n’y a que la douleur.
Elle est là, elle est partout.
Une vile chose qui coule dans les veines de Suni, qui la berce et l’étrangle et l’apaise, en même temps. La chaleur laisse place à un glacier qui détruit ses veines, ses muscles et ses nerfs. Elle a le souffle coupé ; le souffle humide. Des larmes au bord des yeux, un hoquet qui n’arrive pas à sortir.
Son corps est une prison ; elle veut en sortir.
Elle veut juste en sortir, une seconde, deux secondes, le temps de respirer.
Si l’homme lui parle, elle n’entend rien. Qu’un bruit bas, si léger, par rapport au bruit de son coeur qui bat fort, face au bruit de son sang qui coule et coule et la brûle et la frigorifie, dans ses veines.
Sa présence, par contre -
Sa présence, elle le sent comme un volcan sur sa peau, sous sa peau, quand il pose une main entre ses omoplates.
Suni, elle ne se souvient pas de ce moment. Ce moment où on lui prit ses ailes. Ce moment où on a pris une parcelle de son être, de son âme.
Elle est persuadée que la douleur n’a pas été aussi terrible que celle-ci ; il y un incendie qui coule dans son dos, une présence qui cherche à la détruire, la déchirer de l’intérieur.
De ses lèvres, un cri d’agonie quitte ses lèvres sous le toucher. Ses maigres poignets n’ont aucune force, face à la douleur qu’elle ressent.
Suni, elle s’effondre contre le paquet, face première contre le bois. Si elle se cogne, elle n’y ressent rien. Absolument rien. Le mal, il est dans son dos.
Les larmes, elles s’évadent de ses larmes sans qu’elle le sente, comme la morve de son nez et la bave de sa bouche, tandis qu’elle a peur.
Elle a peur de mourir.
- p - pitiez - pitiez., qu’elle marmonne, essaie de dire, de murmurer, au travers de la douleur et des larmes. Les yeux ouverts, elle ne voit rien ; la douleur la rend aveugle. j’ai - j’ai - s’il vous plait - ça fait mal - ça fait - ça fait mal Les mots sont coupés par les sanglots. Par les élans de douleur qui lui percent la peau. Une nouvelle fois, elle est prise d’un éclair de douleur dans le dos ; le cri qu’elle lâche finit en un sanglot déchirant.

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26/01/2023

cw : douleur extrême
Le malheur des autres est insupportable pour Ezekiel. Il ne peut rien y faire, il ne peut pas détourner le regard et l'ignorer, seulement le subir. La douleur le peine, car elle est partout, en chaque personne qui pénètre dans son café. Chaque fois, il doit porter un peu de ce fardeau, tandis que les autres s'en délestent momentanément. Il n'a pas souvenir d'avoir affronté une détresse aussi intense qu'elle en perturbe ses sens. Elle n'est pas seulement interne, secrète des autres, consciente pour son don. Elle se manifeste par des cris et les larmes qu'il a envie de taire.

Zeke n'a pas le temps d'appeler une ambulance. Si elle part avec les secours, peut-être qu'elle n'en reviendra pas. Le temps qu'elle soit prise en charge, il sera peut-être trop tard. Alors que lui peut l'aider. Bien sur, il n'a pas même besoin de connaissances particulières sur le mal qui la ronge. Il guérit, presque comme par magie, les petits bobos, de plus en plus gros avec le temps qui passe. Et il se fatigue jour après jour, s'épuise, s'éteint à la faveur des autres. Zeke se fiche de s'éteindre, s'il peut sauver une vie. La sienne n'a que trop duré, après tout. La sienne n'est pas de valeur si elle est basée sur un mensonge, s'il ne prononce même plus son propre nom.

Sa mutation n'a pas de manifestation physique, Zeke la sent seulement. Une énergie à l'intérieur de son corps qui se répand et lui sape toute sa vitalité, comme un courant électrique. Le processus est lent, lancinant. Ezekiel brûle à petit feu. Il ne ressent pas sa douleur à elle comme un miroir, sa douleur le vampirise. Zeke perd momentanément la vue quand le pic commence à l'atteindre. Il rampe dans sa direction, tâtonnant à l'aveugle sur le sol glacial. Tout est trop intense. « Je suis là. Il s'entend dire, sans savoir si elle peut l'entendre, si elle écoute même. Je suis désolé. Ca ira. Ca va aller. » Tout ce qu'il peut dire est vain si son attention n'est pas portée sur lui. Zeke reprend brièvement conscience, suffisamment pour retirer son tablier et couvrir l'inconnue. Il repense aux premiers gestes de secours, comme si ça avait de l'importance maintenant. Plus rien ne compte. Zeke ne pense plus à rien. Seulement à la douleur.

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30/04/2023

tw : douleur extrême, pensées liées à la mort, perte d'un être cher, mention de cicatrices.

Suni, elle a souvent pensé à ses ailes. Elle s’est souvent demandé, le coeur plein d’espoir et de belles pensées, ce qu’elle ferait pour les ravoir. Jusqu’à où elle irait, si elle avait toute la force du monde. Elle s’est dit, oui, plus d’une fois qu’elle affronterait les pires douleurs. Qu’elle accepterait la souffrance pour pouvoir voler de nouveau.
Suni, elle ne pensait pas que la souffrance serait si terrible, si viscérale.
C’est un monstre qui se glisse dans ses veines, c’est une bête sanguinaire qui essaie de sortir de sa chair. Qui malmène ses os et qui pousse contre sa chair, qui pousse et pousse et essaie de s’évader comme de faire de la place de l’intérieur.
Suni, elle ne pensait pas souffrir autant.
Suni, elle veut juste voler, simplement.
Et son corps la torture. Son corps lui fait payer le prix de son souhait. Elle pourrait pleurer, mais ses yeux sont secs. Elle pourrait hurler, mais aucun bruit ne sort de sa gorge. Elle ne bouge pas, là, clouée contre le sol. Il n’y a que la douleur. La douleur vivre prenant toute la place tandis que l’homme lui parle, tandis que sa présence l’apaise presque, mais elle ne saurait dire.
Suni, elle se sent sur le précipice de la mort.
Et elle veut vivre. Elle veut vivre et voler et être libre.
Les yeux se ferment, les lèvres se pincent. Il y a des vagues de soulagement qui la frappent par moment, qui percutent celles de douleur. Une marais qu’elle subit et sur laquelle elle n’a aucun contrôle.
Les yeux fermés, le visage pressé contre le parquet de la boutique, elle se rappelle. Elle voit ; quelque chose qui ne semble pas lui appartenir.
Un petit garçon, au creux de ses doigts.
Une voix minuscule, sanglotante, qui hurle unnie à plein poumon alors que le monde est en train de s’anéantir.
Comment s’appelait-il, déjà ? Suni, elle ne sait plus.
Elle ne savait même plus qu’elle avait un frère, il y a longtemps.
Peut-être qu’il l’attend. Peut-être qu’il l’appelle, là-bas. Peut-être que là-bas, c’est doux et sans souffrance.
Pourtant, elle s’accroche. Pour elle, pour lui. À tâton, ses doigts cherchent ceux de l’homme. Un point d’ancrage, n’importe quoi. Elle cherche.
Un souffle la quitte, quand elle les trouve.
- Ma chemise il faut - ma chemise Elle sent quelque chose, dans son dos. Quelque chose qui veut sortir, se libérer. Peut-être peut-il voir ? Personne n’a vu son dos depuis qu’on lui a retiré ses ailes. S’il vous plait - j’ai besoin - ma chemise. Un sanglot quitte sa gorge ; la douleur s’augmente. La peau de son dos se déchire. Quelque chose cherche à sortir.

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26/01/2023

cw: douleur extrême

Zeke alterne entre ses phases de conscience et des moments où il n'est plus certain d'avoir les pieds sur terre. Son esprit divague, incapable de se poser une idée fixe. On raconte qu'on voit sa vie défiler devant ses yeux avant de mourir, ce n'est peut-être pas loin d'être la vérité. Lorsqu'il se retrouve dans ce genre de situation, Zeke revoit certains choix qui l'ont mené ici. Il se fait victime de sa propre existence, quand bien même demain il aura oublié. Si il y a un lendemain, car jamais il ne s'est retrouvé dans une situation aussi critique. Il ne sait même pas ce qu'il se passe. Il n'y a pas de sang, mais la plaie est profonde. Il se passe quelque chose dans le coeur de cette jeune femme, dans son corps qu'il n'explique pas. C'est à cet instant qu'il aurait besoin d'un médecin, et encore. Il ne pourrait pas diriger ses pouvoirs quelques part, choisir où orienter ses vagues calmantes. Il faut attendre qu'elles fassent effet et il peut sentir que quelque chose se passe, dans la façon où son propre corps succombe. L'échange est toujours douloureux à sa manière.
Zeke n'a jamais su s'il en ressortait toujours indemne. Il ne sait pas s'il peut se tuer à la tâche, si elle peut aspirer tout ce qu'il possède d'énergie. Peut-être.

Sa voix le rappelle à la réalité. Zeke se sent partir, il s'est tût. Il ne saurait pas quoi lui dire de plus. Que doit-il faire ? Les doigts d'Ezekiel sont comme engourdis, il obéit sans réfléchir à l'ordre qui lui donné. Déboutonne hâtivement sa chemise et enveloppe un peu plus dans ses bras pour la préserver. Peut-être qu'elle étouffe dans ses vêtements, peut-être que quelqu'un chose doit sortir. C'est étrange que ça le traverse ainsi. « Désolé, désolé. Parce qu'elle souffre et qu'il n'est pas sur de comprendre tout ce qu'on veut lui. Parce qu'il ne sait pas s'il sera encore là pour l'aider à se relever quand tout sera terminé. Tout ira bien. Les dent se serrent au même instant. Une nouvelle vague de douleur pour elle et pour lui, son énergie est drainée complètement. Il s'entend gémir de douleur sans pouvoir se retenir. N'essaye pas de résister. » A la douleur, à ses soins ou au destin, les trois en même temps.

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30/04/2023

tw : douleur extrême, sang, body horror
Elle le sent, Suni. Elle les sent.
Dans son corps, le souvenir est lointain. Dans son esprit aussi. Malgré tout, elle s'en souvient. De la pousse de ses ailes, la première fois. De la manière délicate dont elles sont apparues sur son dos, naissant de ses omoplates. Suni se souvient d’un inconfort, tout au plus.
La douleur était-elle ainsi ? Non. Non, elle ne le croit pas.
Peut-être est-ce une punition. Une punition de la vie pour choisir la solution facile, pour ignorer la juste chose à faire et simplement prendre un sentier sombre et si faible.
Mais la souffrance, elle n’a rien de facile.
La souffrance, elle lui vole son souffle et son coeur et son esprit. Suni n’est plus rien ; plus rien qu’autre que la souffrance qui traverse son corps, qui la persécute et lui donne envie de pleurer.
Non.
Elle pleure déjà. Les larmes sont simplement trop délicates pour qu’elle puisse réellement les sentir.
Des mots de l’homme, elle en comprend l’homme.
De toute manière, Suni n’a pas la force de faire quoique ce soit. Même les larmes s’assèchent, sur ses joues.
Ses doigts s'enfoncent contre le parquet. Oh, ses ongles étaient si jolis, ce matin. Jaunes, avec des fleurs et des abeilles. Quelle ironie Elle espère ne pas laisser de trace sur le parquet. Elle n’a pas les moyens de payer.
- pitiez. Pitiez, ça fait si - Le mot coincé dans sa gorge. Sanglot muet, cri sans le moindre bruit. Les doigts s’enfoncent, les ongles sont douloureux à chercher à s’accrocher. Elle marque le parquet ; trop tard. Elle endommage.
Suni a tout endommagé, même son propre corps. Il suffit de voir les marques. Les cicatrices. L’homme les a-t-il vu ? De longues cicatrices blanches et laides contre son dos.
Mais il n’y a pas que cela. Tandis qu’elle souffre et perd conscience, l’impossible reprend forme contre son corps. Les excroissances poussent, poussent ; l’exosquelette se forme, long et fine, délicat et brillant ; sanglant. Et lorsqu’elles s’ouvrent, lorsque les yeux de Suni se ferment et que sa conscience la quitte, le spectacle n’a rien de grandiose. Fades et ternes, elles se font molles contre le dos ensanglanté de la pauvre martyre.

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26/01/2023

Il est persuadé de mourir avec elle. Zeke se sent mourir, ce doit être ça, de mourir. Il en est persuadé maintenant, elle va l'entraîner dans sa chute. Sa tête heurte le concret. Le parquet. Zeke réalise qu'il s'est retrouvé allongé sur le parquet, vidé de ses forces. Sonné, Zeke reprend connaissance presque au moment où celle de Suni glisse dans les ténèbres. Elle le libère sans le savoir de son agonie, mais Ezekiel n'est pas rassuré pour autant. Il doit vérifier si elle est toujours vivante.
Mutante.

La brûlure du jugement retourne son estomac. Il ne devrait pas. Ce n'est pas le moment d'être moralisateur, de laisser ses biais l'influencer dans la suite des choses. Il y a du sang. Il y a tant de souffrance dans l’atmosphère, si palpable qu'il pourrait la goûter. Heureusement que son ventre est vide, il ne supporterait pas autrement. Il serait sage de prévenir les autorités maintenant et s'en remettre à eux.
Et après, où vont-ils l'emmener ? Que vont-ils faire d'elle ? Elle a tant souffert déjà. Il le lit partout, dans son corps. Même son visage apaisé et endormi ne l'est pas vraiment, il y perçoit une forme d’inquiétude. Zeke soupire et va fermer la boutique, baisser les rideaux. Il bouge par instinct de survie, ne veut pas qu'on puisse savoir que se passe à l'intérieur. Il n'ose pas commencer des soins sans qu'elle ne puisse clairement lui donner son consentement. Il vérifie son pouls à intervalle régulier pour s'assurer qu'elle vit toujours. Elle ne peut y échapper, de toute façon. Tant qu'il est là, le lien fragile qui la retient au monde des vivants ne peut être brisé. Ezekiel ne sent pas son énergie revenir car sa déchirure est toujours active. Elle va guérir. Il faut juste lui laisser le temps. Les minutes défilent, qui sait si ce sont des heures. La nuit sera longue, Ezekiel sait qu'il ne dormira pas.

Les chats sont curieux et Tuxedo revient miauler entre ses jambes. Le souffle court, Ezekiel s'accroupit pour lui donner les caresses qu'il réclame. Elle ira bien, ne t'inquiète pas. Il essaye de s'en convaincre, il s'en voudrait de n'avoir rien pu faire. Il ne peut rien faire.
On dirait un pauvre ange écrasé.

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