Ready Player [Sajung]

11/02/2023

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@Salem Blackwood & @Woo Jung-hwa

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J’avais presque attendu toute la journée pour ce moment. Nous étions vendredi soir, j’avais fini mon travail étonnamment en avance - autrement dit, à l’heure - et j’étais chez moi à dix-huit heures précises. J’avais pris le temps d’une douche rapide, de troquer mon costume trois pièces pour un jogging et un tee-shirt ample avant de m’installer devant mon ordinateur. Ce soir, j’allais geeker.
Je me connectais au Metaworld et j’eus immédiatement des notifications. Je participais à une course avec une moto que j’avais remporté quelques semaines plus tôt. Je décrochais la deuxième place, loupant de peu la première - mais les cadeaux étaient quand même sympa. Je discutais avec quelques connaissances dans cet univers virtuel avant d’aller dans mon chez-moi.

C’était un grand espace où j’exposais mes voitures et mes motos de collection - remportées avec des concours, des jeux ou encore des événements. Comme beaucoup de vendredi soir, j’attendais avec impatience la venue d’un ami, Phantom. Je savais uniquement de lui qu’il était un homme dans la vie réelle et il savait que j’étais coréen. Et c’était très bien ainsi. Nous nous entendions comme deux amis, presque comme deux meilleurs amis sur cette toile, et je ne comptais plus le nombre d’années qu’il m’avait fait gagner tellement nous avions passé de soirées plié en deux de rire.
C’était d’ailleurs pour cela qu’une partie de mon monde était consacré à ma passion, mais également à la sienne. Une partie jardin dans le style coréen donnait un côté tranquille, relaxant et nostalgique à mon enfance. J’avais créé cet endroit afin que Phantom s’y installe et que je puisse l’écouter tout en bidouillant sur des projets - je ne remportais pas toujours quelque chose, mais j’adorais participer à toute sorte de concours.

Sur un fond de k-pop, je cherchais à changer la disposition de mes motos, n’étant pas satisfait. Bien qu’il soit silencieux, je ressentis sa présence dans mon dos. Souriant en coin, je tournais simplement ma tête afin de l’apercevoir, comme pris la main dans le sac.

« Salut. Qu’est-ce que tu voulais faire encore comme farce ? »

Parce qu’il semblerait que ça ne soit que cela pour qu’il ait cette mine malicieuse sur le visage. Je laissais mon rangement en attente, me tournant pleinement vers lui.

« T’es passé par la place centrale ? Je crois qu’il y a encore le concours sur les plantes, tu sais la composition du moment. Je crois que tu gagnes une sorte de potager qui t’indique plein de détails sur ce que tu sèmes. »

Je n’étais pas spécialement fan des plantes, mais quand Phantom en parlait, je ne pouvais qu’être aussi enjoué que lui. Il était tellement passionné que s’en était contagieux. Ce n’était pas mon cas avec ma mécanique : bien que j’ai essayé de l’initier un peu, il semblerait que ça ne soit pas son truc - et ce n’était pas grave.

« J’ai pu faire la course tout à l’heure. J’ai fini deuxième. Je suis tellement dégoûté… J’étais à ça de gagner ! »

Je soupirais, déçu d’avoir loupé cette première place - et cette nouvelle moto accessoirement. Mais cette déception fut vite oubliée avec Phantom et la musique en fond.

« Tu as prévu quelque chose ce soir ? »

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Starlight

My life, You electrify my life ©️ Wild heart

14/01/2023

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@Salem Blackwood & @Woo Jung-hwa

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Enfin tranquille. Le boulot officiel, le boulot officieux. Les notifications sur le téléphone coupées. Le vendredi soir, c’est mon moment off. Le moment où je me consacre au Metaworld, à mes jeux et mes contacts dans cet autre univers. Je souris à l’idée de retrouver Luka. Lui et Clover sont mes bae dans ce monde-là. La seule différence entre eux, c’est que Clover, je la connais irl. M’assurant que j’ai bien fermé ma porte à clefs, que rien d’inutile n’est branché, rien sur le feu, je me glisse dans mon fauteuil gamer pour me mettre à l’aise, enfilant mon casque de réalité virtuelle, le sourire aux lèvres, je me tortille d’impatience.

J’ai dégoté une plante sauteuse pour le jardin de Luka, ça ressemble à une grenouille, sauf que c’est une plante rouge vif avec des points orange. Et elle colle. Je me suis dit que ça serait marrant de la lui mettre dans le col et d’attendre de voir sa réaction. Je passe peut-être pour un ingrat, il m’a fait une belle place chez lui, parmi ses collections de véhicules motorisés brillants et impeccables. Tout ça pour qu’on passe du temps ensemble. Je reconnais que j’ai apprécié le geste, et c’est comme ça que je le remercie. Je ricane. Je sais qu’il aime bien ça, que je le taquine. Et puis, c’est sans conséquences pour le vrai lui et le vrai moi.

Entrant chez lui grâce aux accès spéciaux qu’il m’a donné, je suis aussitôt happé par cette atmosphère propre à la personnalité de Luka. Quelque chose de chaleureux que j’aime beaucoup. La musique qui résonne me donne envie de danser. Je pouffe aussi discrètement que possible alors que je me dirige vers son garage où je sais que je pourrais le trouver. J’active mon inventaire pour récupérer la plante et avance à pas de loups, grâce à ma compétence « patte de velours », mais malgré ça, je crois que Luka me connaît trop bien. Glissant ma main tenant la plante derrière mon dos d’un air coupable, j’agite ma main libre pour faire coucou.

It's like a polaroid love
Sarang chonseureon geu gamjeong
Geunde nae gaseumi ttwieo
Wae na irae na

« Salut Luka ! Une farce ? Je vois pas pourquoi tu dis ça ! »

Mon rire s’envole dans la pièce avant qu’il ne reste plus qu’un sourire espiègle sur mes lèvres. Malgré moi, j’ai du mal à rester sérieux, et, je sais qu’il sait, et qu’il sait que je sais qu’il sait. Bref. Je renonce à mon plan pour le moment, m’intéressant à ce qu’il dit. J’écarquille les yeux d’intérêt.

« Ah non ! Je suis venu directement ici. »

Mon dernier point de déconnexion. C’est fou ce temps que je passe chez lui, à tel point que j’ai presque délaissé mon antre virtuel pour m’installer dans son jardin coréen. Faut dire que ce gars-là a les moyens d’acheter pas mal de stuff intéressant dans le Metaworld. Je ne lui ai jamais demandé ce qu’il fait comme métier irl. Je n’ai jamais été indiscret plus que nécessaire, et c’est très bien comme ça, ça ne nous empêche pas d’avoir des tas de points communs ici.

« Merci pour l’info, j’irais voir ça de plus près ! Vrai que j’ai encore un peu de place dans ma grotte de botaniste ! »

La plante s’agite dans ma paume, je l’avais presque oubliée. Je retiens un ricanement. Et si je lui demandais de me montrer un peu la mécanique de sa dernière moto ? Il aurait forcément l’attention détournée ! Il se remet à parler. Mon visage exprime de la compassion.

« Hé au final, deuxième c’est pas si mal, le prochain coup tu seras premier ! T’as géré déjà Lulu ! »

Je suis tout près de lui maintenant, les coins de mes lèvres retroussés, je lui tapote l’épaule dans un geste qui se veut réconfortant et lorsqu’il me demande ce que j’ai prévu ce soir, je pouffe.

« T’embêter évidemment ! Ah merde ! »

La petite plante m’a échappé et commence à sautiller joyeusement en direction des motos. Oh la la si ça touche, Luka va me tuer. Je me transforme aussitôt en renard pour galoper plus facilement après la boule bondissante. Après un coup de patte pour dévier la plante de sa cible, la moto préférée de Luka, je la récupère dans ma gueule et saute en direction du jardin pour la relâcher entre les plantes immobiles.

« Bwaaaah dégueu. »

Du moins, c’est ce que j’aurais voulu dire si ma forme n’était pas celle d’un énorme Gumiho. Langue pendante, je tourne la tête vers Luka. Je pense que c’est assez explicite. Je me suis fait prendre à mon propre jeu. Mes yeux brillent alors d’une drôle de lueur. Et si...avant de reprendre ma forme humaine, je menaçais de lui lécher la face avec cette langue dégoûtante ? Je ricane intérieurement alors que je m’approche doucement de lui, pas après pas, en le fixant dans les yeux.

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11/02/2023

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@Salem Blackwood & @Woo Jung-hwa

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Il n’avait pas fallu longtemps avant que je vois clair dans son jeu. Avant même de le voir en réalité. L’intonation de sa voix - et sa posture - le trahissait plus qu’il ne le pensait. Pourtant, je ne lui en voulais pas, au contraire même. J’étais plutôt curieux de ce qu’il avait préparé, mais il semblerait que pour l’instant, son plan soit à l’eau. Je laissais courir pour le moment, haussant les sourcils en hochant la tête, lâchant plusieurs « ouais » d’affilé comme si j’étais convaincu.

« Ça marche. Tu veux qu’on s’y rende ? Je ne sais pas quand ça se finit, ça serait dommage que tu le loupes. »

C’était toujours chouette de participer à des concours, même si on ne gagnait pas à chaque fois. Pour les personnes qui n’avaient pas les moyens d’investir dans le Metaworld, les concours permettaient d’avoir quelques présents, ne serait-ce que pour la participation. Ça me fascinait à quel point ça rapportait d’argent sans même que les gens mettent un cent ou un métacoin.

« Si t’as besoin d’un peu plus de place, tu sais que je peux t’aider. »

Je disais ça avec un naturel presque déconcertant, mais il était vrai que j’avais les moyens pour l’aider à développer son endroit - tout ce qu’il voulait. On n’avait jamais parlé de cela, de nos boulots dans la vraie vie, ni même de l’argent que l’on mettait dans le monde virtuel. On s’observait, mais on ne disait rien. Quelque part, ce n’était pas plus mal.
Je souris, baissant légèrement la tête alors qu’il se rapproche et qu’il me tapote l’épaule dans un geste réconfortant. Il était vrai que ce n’était pas si mal, deuxième, mais ce n’était pas premier - d’autant que quelques centièmes de secondes nous séparaient, encore plus rageant ! Finalement, ma tête se releva et je plongeais mon regard dans le sien. Je savais qu’il n’était pas réel, personne ne pouvait avoir de tels yeux, mais je ne pouvais m’empêcher de les trouver incroyables à chaque fois que je les voyais.

Je sursautais alors que la plante, qu’il cachait depuis le début, sauta un peu plus loin, se dirigeant vers mes motos - ma moto préférée en réalité. J’entrouvris la bouche lorsque je vis Phantom se transformer en renard. Je l’avais vu des centaines de fois et pourtant, je trouvais cela toujours incroyable, fascinant.

Je plaçais une main devant ma bouche, rigolant de façon étouffé lorsque j’entendis son commentaire. Je n’avais pas bien vu la plante en question, mais ouais, l’attraper dans sa bouche, ça ne devait pas être une partie de plaisir.

« Alors… C’était bon ? »

Je ne pus m’empêcher de le taquiner, haussant les sourcils de façon provocatrice. Il avait voulu me faire une blague et le voilà avec une feuille coincée dans un coin de sa bouche. Il avait l’air fin tiens !
Je me calmais doucement lorsque je pris conscience qu’il se rapprocha dangereusement de moi. J’avais l’impression d’être une proie et lui, le prédateur.

« Non... Phantom… Ni pense même pas… »

J’avais un large sourire collé sur le visage, sachant pertinemment que je pouvais avoir les meilleurs arguments, il allait le faire. Il allait me sauter dessus et me léchouiller le visage. Je le voyais venir depuis la Lune ! Je me préparais à le recevoir, mais mes appuis ne furent pas solides et je basculais en arrière, tombant sur le dos sans me faire mal, riant en l’encerclant dans mes bras, essayant vainement d’éloigner mon visage de cette langue joueuse.

« Arrête ! Phantom ! »

Aussi bien lui que moi bougeâmes dans tous les sens, mais je réussis finalement à attraper sa tête pour la garder à une distance presque raisonnable - une distance qui l’empêchait de couvrir ma peau de sa salive.

« T’as fini oui ? Même avec ça, t’as toujours ta feuille coincée dans la bouche, j’hallucine. »

Avec douceur, j’attrapais le morceau de verdure entre deux doigts, l’agitant entre nous avant de la laisser tomber à côté de nous. Si j’avais été plus attentif, j’aurais ressenti quelques picotements au niveau de ma tête, réels, annonciateurs. Mais je ne remarquais rien.

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Starlight

My life, You electrify my life ©️ Wild heart

14/01/2023

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Bon évidemment, il ne me croit pas. Mais c’est pas grave, c’est un petit jeu entre nous, et je me demande qui craquera le premier. Et puis ça va, je n’ai jamais rien fait de méchant. Je ne pourrais pas lui faire des coups-bas, non seulement je tiens trop à lui, mais en plus il est bien trop sympa avec moi. La preuve, il pense à moi alors que la botanique c’est pas son truc. Je trouve ça adorable, vraiment. J’ai de la chance d’être tombé sur lui.

« Ouais pourquoi pas, je pourrais te te parler de plantes avec des noms chelous comme ça. »

Je pouffe avant de rire, puis mes yeux s’agrandissent avant de revenir à la normale. Il me propose encore de l’aide.

« T’es un ange. Mais non ça va aller, j’vais me débrouiller. C’est l’occasion de faire le ménage dans mon antre, j’ai plein de stuff qui sert à rien. »

Puis il me parle de sa défaite à la course. Enfin, de sa deuxième place. J’essaie de le consoler comme je peux. Nos regards s’ancrent l’un à l’autre, l’espace d’un instant et je me perds dans les immensités envoûtantes de ses iris. La réalité virtuelle a fait des merveilles. Je remercie presque ma plante sauteuse de me remettre sur le droit chemin, pour que mes pensées ne divaguent pas au-delà du correct. Luka est un de mes piliers pour ne pas perdre pied. Je ne peux pas prendre le moindre risque de l’éloigner pour des papillons dans le ventre quand je m'approche de lui. Je sais que je ne dois pas reporter mon manque d'affection sur les autres. On est amis, ça a l'air sincère et c'est tout ce qui compte. L’entendre pouffer est une agréable mélodie à mes oreilles et j’ai le sourire aux lèvres sous mon casque, je le sais.

Je viens à peine de recracher la plante lorsqu’il me demande si c’était bon. Je le regarde l’air de dire « tu te fous de moi », puis décide que c’est le moment de me venger de cette remarque. Je ricane intérieurement alors qu’il me dit de ne pas avancer. A voir son sourire, j’ai l’impression qu’au fond, ça l’amuse beaucoup, alors je me lance et lui saute dessus jusqu’à le faire tomber. Il a des réflexes de guerriers et tombe souplement. Heureusement que ma forme de renard n’est pas trop lourde. On a beau être des avatars, je m’en serais voulu de lui faire mal. Je fais mine de vouloir le lécher sans pour autant aller jusqu’au bout. Juste pour le sentir se débattre. Je m’amuse comme un petit fou à gigoter dans tous les sens comme ça.

M’arrêtant lorsque ses mains attrapent ma tête poilue, je l’observe avec ses yeux ronds. Bons réflexes ! Si je pouvais sourire… Je lui laisse comprendre que j’arrête mes conneries et cesse d’appuyer sur sa prise pour le laisser bouger librement. Finalement, il retire la feuille au goût âcre de ma langue. Je grogne de satisfaction avant de me retransformer sous ma forme humanoïde, sur lui, mon visage près du sien, un grand sourire aux lèvres.

« Merci. »

Sans attendre plus longtemps, et pour ne pas l’écraser, je roule sur le côté et je bondis sur mes jambes pour lui tendre la main, la mine espiègle.

« Tu veux qu’on aille directement sur la place principale ou tu veux me montrer un peu ta dernière acquisition ? Promis, je t’écouterais cette fois. »

Mon regard le parcourt alors qu’il se relève et j’arque mes sourcils avec inquiétude l’espace d’un instant. J’aurais pu penser à ça avant tout de même.

« Je ne t’ai pas fait mal hein ? Je ne contrôle pas toujours ma force sous ma forme de Gumiho. »

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11/02/2023

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@Salem Blackwood & @Woo Jung-hwa

TW : description de mal-être, maladie

Il était vrai que la botanique, ce n’était vraiment pas ma tasse de thé. Cependant, l’entendre m’en parler me faisait apprécier cette science. Il n’y avait qu’un passionné pour rendre un discours passionnant.

« Il suffit de les appeler par leur nom latin et tout de suite, c’est chelou de toute façon. »

Si je pouvais trouver un certain intérêt dans les langues étrangères, l’anglais n’étant pas ma langue maternelle, je ne comprenais pas cet attrait pour les langues mortes. Je comprenais qu’elles soient importantes pour comprendre le sens des mots, pour comprendre l’histoire également, mais pourquoi la garder pour quelque chose qui était intemporel ? La nature était là bien avant nous et elle resterait après nous, c’était une certitude.

Je lui souris simplement, ne commentant pas sa remarque. Je n’étais pas un ange, vraiment pas, j’étais juste prévenant avec lui. Cela faisait un moment que l’on discutait sur le Metaworld, que l’on s’amusait également, loin de nos vies réelles. Ici, pas de questions, pas de prises de tête, et c’était l’air le plus rafraîchissant que je pouvais trouver - peut-être que lui également.

Je ne pus me retenir de détailler Phantom lorsqu’il prit sa forme de renard. Je trouvais ça fascinant - et il était vraiment beau. Ce que je n’avais pas anticipé, c’était son esprit joueur au point de me sauter dessus.
Je tombais en arrière, le beau renard sur moi, cherchant faussement à me lécher le visage. Néanmoins, je finis par l’attraper doucement au niveau du col, immobilisant la tête. Ma respiration se calma tout comme mes rires. Doucement, je retirais cette feuille coincée entre ses lèvres avant qu’il ne se retransforme.

Je m’immobilisais, ne bougeant pas d’un iota. Je grognais plus qu’autre chose un « Hm » qui signifiait un de rien. Mon palpitant tambourinait dans ma cage thoracique et j’espérais ne pas être aussi rouge que dans la vraie vie - car je sentais mes joues brûlées jusqu’à mes oreilles. Heureusement, il roula sur le côté et me tendis sa main. Je la saisis, le remerciant.

« Allons à la place principale, j’aurais bien l’occasion de t’en parler une autre fois. »

Je haussais les épaules, sachant que ça ne serait pas le cas. Je savais qu’il voulait me faire plaisir et je lui en étais reconnaissant, mais je n’avais pas envie de l’embêter avec ça. Et puis, j’étais déjà content de l’avoir cette magnifique Ducati !

« Non, du tout ! Tu n’es pas lourd du tout, rassure-toi. »

Un vrai poids plume en réalité - peut-être ne souhaitait-il pas me faire mal non plus, inconsciemment ? Je m’arrêtais un moment, fronçant un peu les sourcils. Je ne savais pas si c’était le casque que j’avais trop serré, mais j’avais l’impression que quelque chose n’allait pas.

« Attends deux secondes, s’il te plaît. »

Je retirais le casque et d’un coup, je sentis cette barre caractéristique me fracasser le crâne au niveau des yeux. Je les fermais sur le coup, deux doigts entourant l’arête de mon nez. Merde… Je ne l’avais pas vu venir… Je le remis, me reconnectant au Metaworld. Mon visage se tourna vers mon ami.

« Phantom, je suis désolé, mais je dois partir. À plus tard. »

Je retirais le casque, sachant que je serais déconnecté automatiquement lorsqu’il se rendra compte que je ne bouge pas depuis un moment.

Me lever de ma chaise me donna un coup de chaud. Je dégageais mes chaussettes dans un coin, sentant la fraîcheur du sol. En jogging et tee-shirt ample, je réussis à atteindre la salle de bains, me cognant aux murs. Mes mains cherchèrent avec impatience les fioles magiques de Salem. Lorsque je les trouvais, j’ouvris la première pour prendre des gouttes sur ma langue, mais malheureusement, le flacon était vide. Même en le secouant au-dessus de ma langue, impossible d’avoir ne serait-ce qu’une goutte de la mixture. Je laissais le flacon rebondir dans le lavabo dans un bruit qui résonna dans tout mon corps. Tremblant, j’ouvris le deuxième flacon, mais l’odeur fut si forte que je me ruais aux toilettes pour vomir.
Ce fut à ce moment-là que je compris que j’avais dû oublier un repas, car la seule chose que je régurgitais fût de l’eau… Je déchargeais, le corps plié au-dessus de la cuvette. Je ne savais pas si j’avais chaud, froid, je n’arrivais même pas à réfléchir.

Sentant que mon corps s’était calmé, je m’assis à même le sol, m’essuyant la bouche d’un revers de la main. Doucement, je me laissais choir, la fraîcheur du carrelage me faisant autant de bien que de mal. Je n’avais pas allumé la lumière des toilettes, pour ne pas me rendre plus aveugle. Seule la lumière de la salle de bains éclairait en partie le couloir et par extension, là où je me trouvais. Fermant les yeux, j’attendis que le monde autour de moi soit moins oppressant, n’arrivant même pas à imaginer les mains de Salem sur mes tempes pour calmer cette douleur qui alourdissait chaque membre de mon corps.

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Starlight

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14/01/2023

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@Salem Blackwood & @Woo Jung-hwa

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Un nouveau rire se déploie dans ma gorge lorsqu’il me parle des noms latins. Je le regarde hilare et lance des noms de plantes au hasard, à la suite, en faisant mine d’incanter un sort, tout en agitant mes doigts vers lui.

« Orchidaceae rosa gallica tulipa lillium narcissus syringa reticulata papaver rhoeas ! »

Les chamailleries passées, je le retrouve sur pieds, levant de nouveau la tête pour le regarder. Je me demande si dans la réalité, il fait une tête de plus aussi. Je souris légèrement en constatant qu’il est drôlement silencieux. Je l’ai peut-être un peu gêné. Dès qu’il est stable je lâche sa main et étire mes bras l’air de rien. Il propose d’aller directement à la place. Je dois reconnaître que ça m’arrange, même si pour une fois, je suis vraiment disposé à l’écouter. Je sais qu’il ne veut pas m’embêter mais, peut-être qu’il arriverait à me faire apprécier la mécanique. Mais il est vrai que si l’event est temporaire, c’est probablement mieux d’y aller tout de suite.

« D’accord, mais vraiment, une autre fois, on se fait une soirée mécanique, j’suis sûr que t’arrivera à m’apprendre un truc ou deux. »

Je souris, confiant et rigole un peu quand il m’assure que je ne suis pas lourd. Je manque de demander dans quel sens il entend ça mais, je n’en ai pas l’occasion, déjà, je vois sa mine s’assombrir. Je jurerais que les expressions de son avatar sont celles de la douleur. J’ai le ventre qui se serre. Il me demande d’attendre.

« D’accord. »

J’attends. J’observe, tortillant mes mains devant l’avatar immobile, et puis, ce dernier reprend vie et me regarde à nouveau et je sais déjà ce qu’il va dire. Je hoche la tête en signe de compréhension.

« Prends soin de toi Luka. »

De nouveau, l’avatar ne bouge plus. S’il ne prend même pas la peine de se déconnecter c’est qu’il a quelque chose d’urgent à faire ? Pas vrai ? Je ne sais pas trop pourquoi je suis inquiet. Je m’assois en tailleur et active mon journal de quête pour consulter ce qui me reste à faire. D’un coup l’idée de rester dans le Metaworld seul me semble moins sympa. Bon, je pourrais contacter d’autres copains gamers, mais...il me semble qu’ils sont tous en raid. Je soupire, consulte la carte. L’avatar de Luka disparaît, signe de déconnexion pour inactivité prolongée. Je me redresse alors et me téléporte en ville pour rejoindre la place.

Je suis en train d’évaluer mes possibilités d’achats concernant les potagers virtuels quand je sens qu’on me touche. Mais… dans la réalité. Papa. Je lance un dernier regard au vendeur.

« Désolé, urgence familiale. Une autre fois peut-être ! »

Et j’annule la transaction en cours pour me déconnecter aussitôt. Quand mon père active cette capacité chez moi, c’est que c’est important. Revenant à la réalité dans mon petit appartement, je me réhabitue peu à peu à la lumière tamisée de la pièce, éclairée par une petite lampe en plus de mon écran d’ordinateur. Mon père se tient à côté d’un autre esprit. Un esprit qui ne m’est pas inconnu. Et je sais que s’il est là, c’est que c’est important. Un sentiment instinctif d’urgence m’envahit avant même qu’il n’ouvre la bouche pour me demander dans un anglais parfait, malgré un petit accent.

« Je ne voulais pas vous déranger mais c’est important, mon fils a besoin de vous. Pouvez-vous le rejoindre maintenant ? »

Je ne sais pas quoi dire sur le coup. Je regarde mon père et à nouveau celui de Jung-Hwa. Mon esprit essaie de faire un lien que je n’arrive pas à admettre mais vu le visage grave de son père, je ne m’attarde pas en réflexion. Je me lève, enfile des baskets, une veste et attrape ma sacoche de cuir qui contient bon nombre de plantes, médicaments et élixirs de ma confection en tout genre. Y’a un vrai bordel là-dedans, mais je m’y retrouve toujours.

« Guidez-moi. »

L’esprit s’en va un peu vite, mon père s’arrange pour me donner des indications au fur et à mesure et je me retrouve à quitter mon quartier pour Neo Arcadia. Je finis par arriver au niveau d’un bâtiment sécurisé bien fermé. Je soupire, la mine déconfite. Qu’est-ce que fais là ? Son père s’agace en voyant que je suis bloqué. Le mien s’en va lui expliquer qu’un vivant doit me faire entrer. Nos trois paires d’yeux se tournent brutalement vers la lumière de la porte à l’ouverture de l’ascenseur. C’est ma chance ! Je fais mine de chercher mes clefs dans ma sacoche lorsque la personne sort.

« Bonsoir ! »

Ma politesse paie et je peux me glisser par la porte aussitôt. L’esprit du père de Jung-hwa me presse et m’indique l’ascenseur, l’étage, puis enfin, le code de la porte du logement de mon drôle de client. Je me sens gêné. Vraiment, à l’idée de faire ça. Mais ce n’est pas comme si j’avais le choix. Je pénètre sur la réserve, m’attendant à me faire bondir dessus par le garde du corps, mais au final, je réalise que si on m’appelle moi, c’est que Alec n’est pas là. Je ne m’attarde pas à observer les lieux et me laisse guider vers la seule source de lumière, la salle de bain. Personne ne s’y trouve. Je repère un flacon familier, ouvert.

« Les toilettes. »

Je tourne la tête vers la voix et repère la silhouette allongée au sol. Ma sacoche tombe sur le sol alors que je me précipite vers lui pour prendre son pouls.

« Jung-Hwa ! C’est moi, Salem. »

Il est encore un peu conscient. Je vérifie qu’il n’a rien de cassé, mes mains le parcourant en douceur mais fermement.. Je me tourne vers l’esprit du père et je chuchote.Ou plutôt, j’espère qu’il saura lire sur mes lèvres.

« Est-ce qu’il s’est cogné la tête ? Qu’est-ce qui s’est passé ? »

Il me raconte. Je décide alors qu’il n’y a aucun danger à le déplacer vers son lit.

« Jung-hwa, tu ne peux pas rester sur le sol comme ça, tu vas attraper froid. »

Surtout avec la fièvre qu’il se coltine. J’ai pas besoin de sortir mon thermomètre, la peau de son front brûle la paume de ma main.

Je ne sais pas comment j’ai réussi cet exploit, mais je l’ai mis dans son lit. J’ai réussi à trouver une petite serviette et une bassine d’eau fraîche. Tout en installant la serviette humide sur son front délicatement, je demande.

« Je vais appeler un médecin, tu en as un particulier ? »

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11/02/2023

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@Salem Blackwood & @Woo Jung-hwa

TW : description de mal-être, maladie

J’avais l’impression de passer par toutes les phases. J’avais cette sensation d’être au bon endroit, tout comme j’avais l’impression de ne pas l’être. Je me sentais bien, la seconde suivante, je me sentais mal. Je ne savais pas si j’avais chaud, je ne savais pas si j’avais froid. Parfois je frissonnais, comme si je sentais un courant d’air - alors qu’il n’en était rien. Mon esprit était loin et mon cerveau était en stand-by. Je n’arrivais pas à réfléchir, ni même à penser quoi que ce soit. Tout était brouillé, comme sur une vieille télévision, avec un écran qui affichait un nuage de gris.

Si je pouvais ne serait-ce qu’avoir une pensée, je me dirais que cette fois-ci, elle était violente. J’en avais déjà eu, plus que je ne pouvais les compter, mais peu d’entre elles m’avaient mise à terre comme ça. Je ne ressemblais à rien, ni personne. Adieu le directeur général de Starlight. Adieu de multimillionnaire toujours au carré dans son beau costume. J’étais mis K.O. par une migraine, sur le sol de mes toilettes, dans un tee-shirt qui avait vu énormément de lavage et un jogging.

J’essayais de bouger un bras afin de passer une main sur mon visage. L’effort me prit une éternité. J’avais l’impression que mes membres étaient lourds comme attirés par la gravité terrestre avec plus de force qu’ordinaire. Mon visage était trempé, ainsi que mes cheveux. Je dégageais mon front des mèches collées dessus, plaquant sans difficulté mes cheveux en arrière pour laisser tomber mon bras à la fin de son mouvement. Trop d’efforts.

Soudain, j’entendis du bruit en bras. Je devais halluciner. Il n’y avait aucune chance que quelqu’un entre chez moi. Non… Personne… Personne ne connaissait le code - sauf mon garde du corps.

Je rêvais. Il ne pouvait en être autrement. J’entendais la voix de Salem. Je sentais même ses mains, douces, fraîches aussi. J’avais envie de lui dire que ce n’était rien, mais ce n’était pas totalement vrai… Et je n’y arrivais pas de toute façon. Je ne comprenais pas pourquoi il était là, encore moins pourquoi il me palpait chaque membre… Qu’est-ce qu’il faisait ?
Avec un effort surhumain, mes yeux papillonnèrent pour se poser sur le jeune homme. Je le voyais et pourtant, j’y croyais à peine.

« Salem… »

C’était malheureusement plus un croassement qu’autre chose. Je me râclais la gorge pour tenter d’avoir une voix un peu plus distincte.

« Mais qu’est-ce que tu fais là ? »

Nous n’avions pas reparlé depuis… Avions-nous ? Je ne savais même plus.
Ouais… Je ne pouvais pas rester là. Il avait raison. Je l’aidais comme je pouvais, mes jambes plus tremblantes que les feuilles d’automne qui tombent au sol. Je le guidais plutôt avec des gestes qu’avec des mots, mon environnement tournait. J’avais l’impression que le sol était tout sauf stable, alors que je savais que c’était mes sens qui étaient complètement à l’ouest. Je dégageais la couette lorsque je fus dans mon lit, la poussant avec mes pieds comme un enfant contrarié. Quelle piètre image je devais montrer…
Avec douceur, j’attrapais le poignet de Salem. Mon pouce tenta de caresser l’intérieur de sa peau, un geste qui se voulait rassurant, mais je doutais vraiment de mon mouvement.

« Inutile… Ça va passer… C’est juste… Un mauvais moment… »

Un très mauvais moment même. Un médecin ne pourrait rien faire. Il déciderait de m’emmener à l'hôpital et je n’aurais rien d’autre qu’une hydratation en intraveineuse, car aucun médicament ne fonctionnera. Je le savais d’avance. C’était pour cette raison que j’avais fait des recherches, c’était pour cette raison que je m’étais retrouvée dans sa boutique… Je ne pensais pas lui révéler si tôt mon identité.

« La serviette… très bonne idée… »

Merveilleuse en réalité. Il ne savait pas à quel point ça me faisait du bien. Mais cet état fut perturbé par une nausée qui pointa le bout de son nez. Je plaçais ma main sur ma bouche, respirant par le nez, cherchant n’importe quel moyen pour refouler cet état. Je savais que je n’avais rien dans l’estomac et pourtant, mon corps semblait vouloir expulser quelque chose…

« Abeoji.* »

L’avantage d’être le directeur d’une création technologique, c’était que l’on pouvait avoir ce que personne d’autre pouvait s’offrir. J’avais équipé mon appartement de projecteur dans presque toutes les pièces de mon penthouse. Comme la porte de ma chambre était ouverte, l’hologramme projeté du couloir pouvait aller dans chaque pièce - pas y entrer complètement, mais quasiment - et donc, là où nous nous trouvions. La projection de mon père apparût. Depuis le temps que je la voyais - même floue comme actuellement - j’avais encore du mal à me dire que ce n’était pas mon père, mais bien mon IA que mes yeux percevaient.

« Si Salem… te demande quelque chose… montre-lui. »

Je fermais les yeux, imaginant bien mon père hocher simplement la tête pour signifier son accord. Les mains tremblantes, j’attrapais la serviette sur mon visage et la passais partout, joues, mâchoires, oreilles, cou, avant de tourner la tête vers Salem.

« Tu restes… avec moi ? »

* père.

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14/01/2023

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Je suis rassuré de voir qu’il se souvient de moi. S’il avait commencé à se débattre de peur, ça aurait été carrément la mouise. Bon j’admets que même si son état est chaotique, sa question est tout à fait légitime. Qu’est-ce que je fais là hein? Je ne me vois pas vraiment lui dire que son père est venu me chercher. J’ai bien vu que c’est un sujet sensible. Et puis lui balancer que je vois les morts, comme ça….

« J’ai été appelé. »

Ce n’est pas un mensonge, c’est juste très vague. Le linge humide sur son front, j’ai l’impression que je peux déjà le repasser dans l’eau fraîche. Je lui demande pour son médecin mais sa main attrape mon poignet, m’arrachant un frisson par le contraste de température entre sa peau et la mienne. Je fais une moue peu convaincue à son refus, puis je comprends. Tant qu’il n’est pas à l’article de la mort, il n’y a pas de raison que j’aille à l’encontre de sa décision.

« D’accord, mais si ça dégénère j’appelle une ambulance. »

Ma réplique ne réclame aucune réponse. C’est une affirmation ferme. Je pousse un petit soupir et finit par lui sourire doucement. Il a l’air plus conscient maintenant. C’est bon signe. Par contre, il est vraiment pâle. Mais malgré ça, j’arrive quand même à le trouver beau. Je tend à nouveau ma main pour m’emparer de la serviette afin de la changer mais mon geste s’arrête à mi-chemin lorsqu’il a haut le cœur et semble lutter. J’attends un peu qu’il se stabilise lui-même détournant le regard par politesse. Je croise les prunelles sombres et éthérique de son père, de l’autre côté de la pièce. Et non longtemps après avoir entendu Jung-hwa prononcer un mot coréen que je connais pour avoir déjà regardé des dramas, je vois un double du fantôme de son père apparaître juste à côté.

« Owh, wow. »

Mon esprit me semble plus réaliste que l’hologramme, mais leur ressemblance criante est telle que j’ouvre des yeux ébahis. Je meurs d’envie de poser des tas de question à Jung-hwa. Qui a créé ce hologramme, pourquoi il en a un chez lui...tellement de questions. Et puis sa voix me ramène à la réalité. Plus tard, sa santé est plus importante. Mon regard se reporte sur mon patient improvisé. Je l’observe s’essuyer, surpris par sa question. Qu’il m’accepte aussi facilement chez lui alors qu’il est si vulnérable.

« Oui je vais rester jusqu’à ce que tu ailles mieux. »

Mon sourire se fait tendre d’un coup. Je n’ai rien prévu ce soir en dehors d’un tour dans le Metaworld, alors….Attendant qu’il ait terminé, je lui prends délicatement la serviette des mains.

« Je vais la rincer, ne bouge pas. »

Je me redresse légèrement pour pouvoir plonger le linge dans l’eau. J’en profite pour préciser.

« Il y a une bassine à côté du lit si tu as besoin de vomir. »

Il n’aura qu’à se pencher. J’essore le tissu que je déplie et repli en quatre pour tamponner son visage tout en lui parlant.

« Est-ce que tu as besoin que je t’apporte quelque chose ? Oh attends, j’ai un truc pour les nausées. »

De nouveau je rince la serviette, puis la plie pour la poser en douceur sur son front. Après quoi je retourne vers l’entrée pour retrouver mon sac. Je me surprends à buguer lorsque j’arrive au niveau de l’hologramme et de l’esprit de son père qui continue de me fixer exactement de la même manière. Décidément, ça me fait vraiment bizarre. Mon regard dissocie le fantôme de l’illusion d’optique grâce au halo qui l’entoure. Je choisi de traverser l’hologramme. En approchant de l’endroit où ma sacoche est posée, mon regard est attiré par une source lumineuse qui ressemble fortement à celle que produit l’écran d’un ordinateur.. L’entrebâillement de la porte ne me laisse pas en voir assez mais c’est sûrement un bureau.

Je m’empare de mon sac et retourne dans la chambre. Où je sors une petite boite contenant des lamelles transparentes à base chlorophylle et d’un autre mélange. Je m’approche de Jung-hwa et lui explique.

« C’est contre la nausée, des petites feuilles qui se laissent fondre sur la langue, tu es ok pour que je t’en dépose une dans la bouche ? »

Je rougis presque en disant ça. Rien qu'à l'idée d'effleurer ses lèvres de mes doigts...Mais, ça pourrait l’aider, et puis, il faudra qu’il boive, et qu’il mange, pour aller mieux. Je me demande si je suis capable de lui faire un porridge, comme dans les dramas. Et puis, je me demande si ce n’est pas complètement cliché et malpoli de penser qu’il fait les choses dans la plus pure tradition coréenne. Je n’en ai aucune idée. Une chose à la fois.

« S’il y a quoi que ce soit que je puisse faire pour toi, n’hésite pas. »

Je lui souris, attrapant sa main pour lui montrer que je suis là. Je lui aurais bien proposé un massage crânien, mais la configuration ne le permet pas et je ne me vois pas le chevaucher pour ça. Mon dieu non….j’ai les joues qui chauffent, heureusement qu’il fait sombre et que personne ici ne lit les pensées. Mon attention se reporte sur le brun dont les yeux continuent de papillonner. Sans que je m'en rende compte, mon pouce caresse la partie supérieure de sa main, d'un geste régulier.

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11/02/2023

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Appelé ? Comment ça appelé ? Je ne comprenais pas. Je ne comprenais rien. Comment ? Pourquoi ? Par quel moyen ? À peine avais-je ces questions en tête qu’elles disparurent, emportées par le terrible mal qui me mettait par terre. Je n’arrivais pas à penser, je n’arrivais pas à réfléchir, je n’arrivais même pas à trouver mes mots. C'était violent, déroutant et perturbant.
Ce linge sur mon front était comme un salut. Je l’accueillais les bras ouverts, soufflant un peu. Mais cette accalmie n’était que de courte durée malheureusement. J’avais simplement l’impression d’y voir un peu plus clair, d’être un peu plus moi-même, de pouvoir aligner deux mots. Ce n'était pas grand-chose sur le papier, mais pour moi, c’était énorme.

Mon regard croisa le sien et je ne pus m’empêcher de lâcher un léger pouffement. C’était ce qui se rapprochait le plus d’un rire actuellement, mais il ne pouvait pas comprendre à quel point c’était risible. Aucun médecin ne m’aiderait. Je ne pouvais qu’attendre, subir et attendre, car aucun remède n’était efficace. C’était pour cette raison que nos chemins s’étaient croisés, parce que je cherchais quelqu’un qui trouve mon salut. L’avais-je trouvé ? Salem n’était pas comme les autres. Il avait un petit quelque chose en plus, un petit quelque chose qui m’attirait - sans parler de ses yeux bleus qui pouvaient me hanter.

Je luttais pour ne pas vomir devant lui - il semblerait que ça soit uniquement une nausée très prononcée. Je n’avais rien dans l’estomac de toute façon. Sans même y réfléchir à deux fois, j’appelais mon père, mon Holo, en coréen. Il était devenu l’âme de cet appartement, s’occupant de beaucoup de choses pour moi, gérant également la sécurité. Il était aussi un moyen pour moi de savoir si Salem faisait quoi que ce soit à mon encontre - j’en doutais, mais je ne pouvais pas m’empêcher d’avoir cette pointe de méfiance, ne sachant pas comment il a fait pour venir jusqu’ici, ni même pour quoi.

« C’est un hologramme… Il va dans quasiment toutes les pièces… Si tu as besoin de quelque chose… demande-lui. »

Parce que je sentais que j’allais sombrer dans peu de temps. Mes membres étaient de plus en plus lourds, comme si la gravité avait décidé d’être plus intense tout à coup - ce qui était ridicule. Je m’essuyais le visage, retournais la serviette et la disposais plus ou moins bien sur mon front. Je devais ressembler à rien. Je ne savais pas pourquoi, mais je lui demandais de rester… et je ne savais pas non plus pourquoi cela me fit du bien de savoir qu’il restait.

« J’vais t’éviter cette vision… »

Un soupir de soulagement quitta mes lèvres lorsqu’il posa de nouveau le linge humide contre ma peau. Ça faisait un bien… Je secouais la tête doucement de gauche à droite. Je n’avais besoin de rien hormis que cette migraine me foute la paix. Mais il n’était pas magicien et je ne pouvais pas accélérer le temps.

« Ok… Vas-y. »

Au pire, je les recracherais si je ne les supportais pas. Mais c’était une plante, il y avait peu de chances, n’est-ce pas ? J’entrouvris les lèvres, tentant de garder mon regard sur lui. Il cherchait dans son sac les fameuses feuilles. L’idée que ça soit autre chose ne me traversa même pas l’esprit, alors que d’ordinaire, j’aurais été d’une méfiance sans pareille. Dès que je sentis la plante me chatouiller la lèvre inférieure, je pris conscience que j’avais fermé les yeux. Je les ouvrir et refermais ma bouche, ma langue titillant la feuille. Le goût n’était pas mauvais, apportant même son lot de fraîcheur.

Je ricanais faiblement, glissant une main dans mes cheveux. La vision de Phantom en renard, sa feuille au coin des lèvres apparût dans mon esprit embrumé. Cela faisait plutôt fou, alors je me canalisais, attrapant mon tee-shirt humide pour avoir un peu d’air sur ma peau humide au niveau de mon torse.

« Pardon… Je repensais à quelque chose qui m’est arrivé, il n’y a pas longtemps… Une histoire de feuille… Merci… Salem… »

J’aurais pu rougir d’avoir sa main qui serrait la mienne. Cependant, à la place, je la serrais doucement en retour. J’adorais cette sensation, avoir la main de quelqu’un dans la sienne, encore plus recevoir cette douce caresse sur le dos. Sans m’en rendre compte, je basculais dans l’obscurité, Morphée m’attrapant sans que je le voie venir. J’aurais aimé profiter de sa présence. J’aurais aimé profiter de lui pour discuter. J’aurais aimé profiter de la douceur de son pouce sur ma peau.

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14/01/2023

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Je n’arrive pas à dire si son hilarité provient d’une folie due à la fièvre ou si ce sont mes propos mais je choisis de ne pas m’y attarder, de peur de mal interpréter. Il a l’air tellement mal en point que je ne me vois pas lui demander de tenir une discussion. Et encore moins d’être censé. Mon regard parcourt ses traits qui s’apaisent par moment, au contact de la serviette humide, mais la nausée semble persistante et incroyablement forte, lui provoquant des soubresauts parfois inattendus. Je fronce les sourcils sous le sentiment d’impuissance que j’éprouve à ne pas pouvoir le soigner d’emblée. Si seulement ma mutation avait un rapport avec des soins, ça aurait été bien plus utile, et alors peut-être que j’aurais aimé ce que je suis. Je tamponne encore sa peau couverte de sueur, avec douceur alors qu’il lutte pour me présenter son hologramme. Je souris alors qu’il m’accueille finalement comme un invité, malgré son état.

« C’est bien noté, mais ne parle pas autant, repose-toi. »

Je dois batailler un peu pour qu’il me laisse gérer la serviette. Il doit vraiment avoir l’habitude de vivre seul. Lui expliquant pour la bassine, je pouffe lorsqu’il me dit qu’il veut m’éviter cette vision. Certes, c’est loin d’être glamour, mais..

« Faut pas que tu te retiennes pour moi, l’important c’est que tu ailles mieux. »

Je finis pas lui proposer un anti-nausée que je m’empresse d’aller chercher, il m’autorise à déposer une des fines lamelles dans la bouche. Je l’observe, de peur qu’il ne se mette à vomir directement, mais au final, ça semble aller. Soulagé, je ne m’attends pas à ce qu’il se remette à rire. Comme si… comme s’il se remémorait un bon souvenir, ou une bonne blague. Les yeux écarquillés en attendant d’en savoir plus, des fois que mon médicament aurait des effets secondaires encore non découverts ! Il finit par s’excuser et quelque part, je suis rassuré de voir qu’il ne fait pas une crise de folie, bien que troublé de le voir agiter son t-shirt comme ça, entre ça et sa main dans les cheveux, juste avant. Il a beau être mal en point, je ne peux pas m’empêcher de le trouver incroyablement beau.

« Oh d’accord, pas de soucis, je préfère te voir rire qu’avoir mal. »

Mais quelque chose m’interpelle. Le mot feuille, je ne sais pas pourquoi, ça réveille quelque chose dans ma tête mais je suis incapable de mettre le doigt dessus. Mais, je suis incapable de m’attarder plus longtemps sur cette pensée. Sa prise se resserre sur ma main et je me surprend à ressentir un frisson qui me parcourt tout le dos. Loin d’être désagréable. Est-ce que c’est parce que sa peau est très chaude ? Je sais bien que ce n’est pas si simple. Il s’endort et je reste là, de longues minutes à simplement lui caresser la main. Puis lorsque je sens que mon corps s’ankylose, je me défais doucement de sa prise pour revenir prendre la serviette sur son front et la remettre, plus fraîche, en place, m’assurant de ne pas le réveiller.

Je sens le regard de nos pères peser sur nous. Je suis certain qu’ils communiquent entre eux sans que je puisse les entendre. Mais je crois que c’est mieux comme ça. Mon visage se tourne alors vers l’esprit de son père.

« Je vais garder un œil sur lui, s’il y a quoi que ce soit, je vous appelle. »

« Merci. »

Ma voix n’est qu’un murmure, je confirme d’un signe de tête avant de rejoindre le holo qui attend patiemment à l’entrée de la chambre. Je referme doucement la porte pour ne pas déranger Jung-hwa et je demande, tout en me présentant d’abord. C’est que j’ai l’habitude des intelligences artificielles avec Merise, et j’ai pris l’habitude d’être poli avec elles.

« Bonjour, je m’appelle Salem, et vous ? Comment dois-je vous appeler ? »

J’attends qu’il se présente et lui demande de me faire visiter, à défaut d’avoir d’autres idées de quoi faire en attendant. Puis finalement, je demande à nouveau.

« Qui est votre créateur ? »

Plus je passe de temps ici, plus je découvre les lieux, plus je me pose de questions et plus j’ai l’impression de deviner quelque chose qui me dépasse. Nous sommes à nouveau devant la porte entrebâillée, avec cette lueur. La curiosité me saisit le ventre. De nouveau, je questionne le hologramme.

« Est-ce que je peux entrer ? »

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11/02/2023

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Il regardait la scène de ses yeux vides. Son corps entier l’était de toute façon. Il n’était qu’un enchevêtrement de commandes et de codes, de zéro et de un. Il était pourtant vrai, presque aussi vrai que les êtres humains. Il recula de quelques pas lorsqu’il vit Salem s’avancer vers lui. Il ne commenta pas le fait qu’il ait parlé à quelque chose que lui seul semblait pouvoir voir, mais il l’enregistra. Il se tenait bien droit, les mains dans les poches comme pour se donner un air détendu.

« Bonjour Salem, je suis ravi de vous rencontrer. »

L’hologramme s’inclina légèrement, mains le long de son corps virtuel. Le vrai ne l’aurait peut-être pas fait, mais la copie se devait d’être respectueuse envers les invités.

« Je suis HOLO, l’intelligence artificielle créée par STARLIGHT. J’ai été configuré pour répondre lorsque l’on m’appelle abeoji, qui signifie père en coréen. Cependant, vous pouvez m’appeler monsieur Woo. »

Jung-hwa avait l’exclusivité de l’appeler ainsi. C’était codé ainsi et pas autrement. Levant légèrement son bras, comme pour indiquer le sens de la visite, le père de Jung-hwa s’écarta du chemin, comme s’il pouvait gêner - chose ridicule, certes, mais il avait tout pour être réaliste.

« Vous venez de la chambre de Jung-hwa. Vous avez les toilettes ici, la salle de bains, la chambre d’ami et par ici, l’entrée et la buanderie. Veuillez me suivre, s’il vous plaît. »

L’intelligence artificielle prit la tête, marchant tranquillement. Lorsqu’il passa l’encadrement de la porte, elle disparut pour réapparaître dans l’entrée. Une pièce restait entrouverte, mais il l’oublia - intentionnellement ou non - et fit mine de monter les escaliers qui menèrent à l’étage.
La pièce était grande, ouverte sur un salon confortable et accueillant et une cuisine aménagée. Les grandes baies vitrées donnaient une vision de New Blossom by night hypnotisante, faisant oublier la belle terrasse où un jacuzzi était recouvert. Non loin de la cuisine se trouvait une réserve. Rare étaient les photos, mais elles étaient regroupées sur un buffet.
À la question de Salem, la tête de l’hologramme se tourna vivement, le regard tiré par la surprise.

« Woo Jung-hwa. Il est le directeur général de STARLIGHT. Vous l’ignoriez ? »

Parce qu’il était surprenant que quelqu’un ne le sache pas. Il y avait tellement de publicités, tellement d’articles, tellement de lumière sur cette entreprise et le créateur de HOLO qu’il était impensable que quelqu’un ne le reconnaisse pas.
Finalement, ils revinrent dans l’entrée et devant cette fameuse porte oubliée, entrebâillée, laissant un rayon de lumière passer.

« Vous pouvez, mais ne touchez à rien s’il vous plaît. Jung-hwa n’aime pas lorsque l’on touche à ses affaires sans sa permission. »

La pièce était assez grande. Un grand bureau trônait, perpendiculaire à une grande baie vitrée. Les deux écrans étaient allumés et si on touchait le clavier ou la souris, ils s’allumeraient, changeant de couleur aléatoirement. Un casque de réalité virtuelle était posé sur la chaise de bureau. En face de l’ordinateur se trouvait une grande bibliothèque remplie de livres, d’anciens cours, de photos d’université, de diplômes, de photos d’amis et une photo de famille.

« Je crois que vous êtes la première personne à entrer dans son sanctuaire. »

Il ne le croyait pas, il en était sûr à cent pour-cent.

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14/01/2023

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Mon attention toute reportée sur l’hologramme, je parviens à faire taire mon inquiétude par rapport à Jung-hwa. Je ne sais pas pourquoi il m’importe autant, je le connais à peine, mais, la situation qui fait que je suis actuellement chez lui, et que son père soit venu me chercher me donne le sentiment que je suis responsable de lui. Bon et peut-être que j’ai eu du mal à me le sortir de la tête aussi, depuis la fois où on s’est rencontrés.

« Enchanté monsieur Woo. Merci pour toutes ces informations. »

Je garde en tête de m’adresse plus respectueusement au fantôme de son père. Quelque chose me chiffonne à nouveau Starlight, ça devrait me dire quelque chose, ça me dit quelque chose, mais impossible de mettre le doigt dessus. Mon regard parcourt les pièces que je visite à la suite de l’hologramme qui s’occupe aussi d’allumer et éteindre les lumières. Les lieux sont très épurés, spacieux, mais pourtant, ils ne manquent pas de chaleur. Je me sens un peu étrange, de visiter sans le propriétaire. D’un autre côté, il m’a autorisé à communiquer avec son holo. L’occasion est trop belle de tester cette technologie avancée. Mes yeux s’arrêtent sur l’immense baie vitrée qui donne sur New Blossom. C’est donc ça le privilège des gens outrageusement riches ? Je ne suis pas certain qu’Orion ait une aussi belle vue lui-même. Bon, encore une fois, ce n’est pas comme si j’avais pu passer beaucoup de temps chez lui, et encore moins comme ça.

Refermant la bouche sur mon exclamation admirative muette, je laisse mes yeux courir sur un buffet dont je me rapproche à la vue des quelques portraits. C’est un peu gêné que je détaille les visages inconnus, bien que je reconnaisse son père et lui-même, plus jeune. J’ai l’impression de pénétrer dans son intimité sans lui avoir demandé l’autorisation. Alors, je ne pose aucune question à l’hologramme sur sa famille. Je suppose que l’esprit de son père pourrait m’en raconter si je le souhaite. Mais.. je voudrais que ça vienne de Jung-hwa. J’ai beau être curieux, je peux encore attendre.

Je finis par demander qui a créé le hologramme et ce dernier manque de me faire une crise cardiaque alors qu’il s’arrête brutalement pour se tourner vers moi et que je manque de lui rentrer dedans. Enfin, de lui passer au travers. L’information me laisse comme deux ronds de flancs.

« Euh oui. Je ne savais pas. J’ai entendu parler de Starlight par le biais de pubs sur les jeux en lignes mais, je n’ai jamais fait attention au nom et ...encore moins au visage, je le reconnais. »

Et puis, il est totalement différent en vrai. Il est bien plus beau que lorsqu'il est retouché pour les pubs. Je hausse les épaules, un peu penaud, puis je finis par craquer et céder une fois de plus à curiosité concernant la mystérieuse pièce entrouverte. A ma grande surprise, alors que je pensais qu’il allait refuser, il m’autorise à y entrer, mais avec une restriction qui me semble tout à fait louable.

« Oui, je comprends. »

Je suis impressionné. Contrairement à mon espace gaming particulièrement restreint, le sien donne envie d’y rester longtemps. Et puis cette vue, je ne sais pas si j’aurais tant envie de rester dans le casque de réalité virtuelle. Je ne m’étonne pas qu’il en possède un, vu son métier, même si je trouve ça amusant qu’on ait ce point commun. Je me rapproche de la bibliothèque, mains derrière le dos, pour regarder les titres de ses livres et constater avec plaisir qu’on a également les mêmes goûts en matière de littérature, en dehors de tous les livres techniques sur l’intelligence artificielle et quelques livres coréens dont je suis incapable de lire les titres. Mon regard, une fois de plus, parcourt rapidement les photos, mais je ne m’attarde pas. Je n’ai pas envie de présupposer de ci ou de ça, concernant ses relations. Qu’il m’en parle lui-même… je préférerais. Je sursaute quand, de nouveau la voix de Monsieur Woo se fait entendre. Je ne sais pas si je me sens privilégié ou gêné.

« J’espère que ça ne le dérangera pas que vous m’ayez autorisé à entrer alors. »

Mes pas se dirigent vers la baie vitrée, pour profiter encore un peu de la vue, mais en passant je me prend dans le pied dans les roulettes de la chaise de bureau. Trébuchant, je me rattrape au bureau, ma main cognant contre le clavier sans que je ne le veuille, sortant l’ordinateur de veille. Affichant un écran que je ne connais que trop bien. La page de connexion au Metaworld. Mais ce n’est pas ce qui retient mon attention.

Son avatar.

Son pseudo.

Bienvenue Luka.

Mon cœur bat si fort à mes tempes pendant que le hologramme s’enquiert de mon état. Je sors en trombe du bureau, referme la porte et me colle contre le bois pour me laisser glisser jusqu’au sol. Alors depuis tout ce temps ? Luka. C’était lui ? Finalement ça a du sens, j’ai toujours su qu’il était riche, qu’il était solitaire, qu’il s’y connaissait plutôt bien en technologie. Mais alors... pourquoi se rencontrer comme ça dans la réalité ? Qu'est-ce qu'il sait vraiment sur moi ? Mes yeux se relèvent vers l’hologramme.

« Est-ce qu’il sait qui se cache sous le pseudo Phantom ? »

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11/02/2023

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Il était poli. Il était courtois. Et s’il était réellement humain, il l’aurait trouvé sympathique - il le trouvait en réalité. Il était touché que l’on le considère autrement qu’une simple intelligence artificielle. Il en avait conscience, mais avoir de la reconnaissance lui procurait un sentiment de joie et de satisfaction sans nom.
La visite se déroula simplement et presque silencieusement. Salem ne parlait pas, il observait et l’hologramme était intrigué qu’il ne pose pas plus de question. Il semblait curieux, mais se retenait - pour une raison qu’il ne saisissait pas. Ce n’était pas de la timidité. Était-ce simplement de la politesse ? Il ne semblait pas venir d’un milieu aussi aisé que Jung-hwa et pourtant, il avait des manières à faire pâlir certaines personnes fortunées qui se croyaient tout permis.
Le Holo le suivit du regard, sans jugement, juste l’observant aller et venir dans les différentes pièces. Il enregistra ses réactions, ses yeux parlèrent bien plus qu’il devait le penser.

Finalement, le jeune homme osa l’interroger sur son créateur. Monsieur Woo ne put retenir une expression de surprise.

« Les probabilités pour que vous ayez vu une publicité sans que le visage de Jung-hwa apparaisse s’élèvent à trente pour-cent. Les dernières ayant été réalisées par des idoles du Metaworld, mais il se fait un plaisir d’être dans la publicité lorsqu’il sort un nouveau produit. »

Il n’aimait pas spécialement cela, mais l’équipe marketing avait su le convaincre et il avait fini par céder.
Mais cela, était-ce vraiment important ?

« Allez-vous lui causer des ennuis ? »

Parce que même s’il était une intelligence artificielle, il avait toutes les caractéristiques du paternel qui s’inquiétait pour son enfant. Jung-hwa était peut-être suffisamment prudent pour ne pas laisser n’importe qui rentrer dans sa vie, au point d’être un peu trop solitaire d’ailleurs, mais il avait laissé la porte ouverte à ce jeune homme. Qui, pour le coup, sortait de nulle part. Et ça, le Holo ne comprenait pas pourquoi.

Salem entra dans le bureau du directeur d’entreprise, mains dans le dos comme pour montrer patte blanche. L’hologramme apprécia, sans pour autant commenter.

« Non, il m’en aurait fait part sinon. »

Il continua de l’observer, se demandant comment ils s’étaient rencontrés, comment Jung-hwa l’avait appelé aussi et comment il était entré.
Mais il n’eut pas le temps de cela que Salem trébucha, manquant de tomber. Dans un réflexe complètement vain, monsieur Woo eut un mouvement vers lui, comme pour le rattraper - alors qu’il savait très bien qu’il n’aurait pas pu le faire.

« Allez-vous bien ? Vous êtes-vous fait mal ? »

Il sortit alors en trombe de la pièce, refermant la porte derrière lui. L’IA se matérialisa devant lui, s’accroupissant. D’un simple regard, il savait à quelle fréquence son cœur battait, sa fréquence respiratoire, tout son corps qui lui envoyait des signaux d’une montée de stress intense.

« Non. »

Ses sourcils se froncèrent légèrement. Il ne savait pas qui était ce Phantom, mais il semblerait que cela perturbe Salem grandement. Il s’accroupit à sa hauteur.

« Votre rythme cardiaque est élevé et je repère un pic de stress important. Avez-vous besoin d’une aide médicale ? Je peux me mettre en communication avec un médecin si vous le souhaitez. »

Parce qu’il était programmé pour venir en aide aux êtres humains. Parce qu’il possédait cette option. Il ne le faisait pas avec Jung-hwa parce qu’il l’avait programmé ainsi, parce que sa santé était particulière, parce qu’il lui avait interdit de le faire sans son accord. Il ne pouvait pas aller au-delà de son ordre.

« Si je comprends bien… vous êtes ce fameux Phantom ? »

Si son problème n’était pas d’ordre médical, il était autre. Le plus logique était cela. Il avait vu le pseudo de Jung-hwa sur le Metaworld, il le connaissait donc, mais à quel point ? Depuis combien de temps ?

« Je pense qu’il est préférable que vous n’en parliez à personne. Vous êtes à présent le seul qui sait qu’il a un avatar dans ce monde virtuel. C’est bien le seul moment où la célébrité est loin de lui. Lorsqu’on le voit, son propre avatar créé pour certaines occasions, c’est un compte professionnel. Rien de plus. »

Et il était assez doué pour savoir s’il lui dirait la vérité ou s’il ferait en sorte que l’on croit son mensonge. Bien que, d’après ce qu’il avait vu, il ne semblait pas être le genre de personne fourbe.

« Souhaitez-vous un verre d’eau ? »

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14/01/2023

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Je hausse un sourcil intéressé à l’égard des paroles de l’hologramme qui me débite des infos précises sur mes chances de tomber sur le visage de Junghwa dans les publicités pour Starlight. Je fini par sourire.

« C’est que ce n’est pas ainsi que nous devions nous rencontrer. Je préfère la manière dont ça s’est passé. Au moins je n’avais pas peur de le froisser plus qu’un simple client. Enfin, ça… c’est sans compter sur son garde du corps. »

Je glisse une main derrière ma nuque, avec un rire un peu gêné. Alec s’était montré particulièrement vindicatif à mon égard dès que j’avais voulu nous octroyer davantage d’intimité.

« D’ailleurs, pourquoi n’est-il pas là ? »

La version artificielle de Monsieur Woo m’observe intensément pour un être aussi irréel. Je me sens passé au scanner. Il finit par poser une question et mon cœur s’émeut de la loyauté de l’hologramme à l’égard de son créateur.

« Non je n’ai pas pour habitude de causer des ennuis et encore moins à des gens que j’apprécie. »

Mon expression se fait rassurante. Puis, je finis pas céder à la curiosité, sans pour autant oublier de m’enquérir de l’autorisation de mon guide. Ma visite se passe sans encombre jusqu’à ce que je m’emmêle les pieds je ne sais pas comment et que je manque de tomber, découvrant un secret qui m’impacte bien plus que je ne l’aurais cru. Je n’entends que vaguement l’hologramme me parler. Mon cœur semble décidé à foutre le bordel dans ma tête. Il tambourine si fort que la tête me tourne.

Luka et Junghwa ne sont qu’une seule et même personne.

J’ai toujours voulu savoir qui se cachait derrière mon ami du Metaworld. Mais je n’étais pas pressé pour autant. Je me disais, qu’un jour, comme avec Aurea, on se serait décidé à se donner rendez-vous, on aurait pris un café et...on aurait appris à se connaître différemment. Là...Là j’ai l’impression d’avoir découvert une information interdite. Et pourtant, quelque part au fond de moi, je suis heureux que ça soit lui. Peut-être qu’inconsciemment, je l’avais reconnu sans le savoir et que c’est pour ça que je me préoccupe autant de lui ? Non impossible…. Comment j’aurais pu imaginer ça un seul instant ? Ma voix tremblante questionne l’hologramme, ce dernier me répond par une déduction et je hoche la tête en réponse. Oui c’est bien moi. Il enchaîne en me demandant une discrétion totale. Je souris, presque sans joie.

« C’est pas comme si j’avais grand monde à qui le dire. Mais de toute façon, je me rend bien compte de l’importance que ça a, je garderais le secret, promis. »

Et puis, je ne suis même pas certain que je veuille que Junghwa sache que je suis Phantom. Je relève les yeux vers l’hologramme à nouveau, lorsqu’il me propose un verre d’eau.

« Oui, merci, je crois que c’est une bonne idée. »

Je me redresse tant bien que mal, conscient qu’il n’y a que moi qui puisse me lever et décoller mon dos de cette porte en cet instant. Mon regard reste fixé sur Monsieur Woo qui m’observe aussi. Je le suis vers la cuisine, le laisse me guider sur quoi est où. Buvant mon verre d’eau en face de lui, je finis par soupirer longuement et demander.

« Vous croyez que c’est une bonne chose qu’il sache que je suis Phantom ? Quelles étaient les probabilités, vraiment ? C’est complètement fou ! Un de mes meilleurs amis dans le Metaworld… Luka, est aussi votre créateur. Je n’en reviens pas. »

Et pour le coup, je reste abasourdi. Le verre d’eau terminé, mon regard se tourne dans la direction de la chambre de Junghwa. Je sais bien que son père n’est pas venu me trouver, mais je ne peux m’empêcher de m’inquiéter.

« Je ferais bien d’aller vérifier comment il va, si la température est descendue au moins. »

Et puis, j’ai le besoin fou de le voir, pour… pour vérifier qu’il est réel. Posant sagement mon verre vide dans le lave-vaisselle, je me dirige vers la chambre à coucher. Je tremble toujours, mais le choc est passé. Ce n’est pas comme si l’un de nous avait fait quelque chose de mal après tout. Et vu la situation, je comprends tout à fait que Junghwa ne s’étale pas sur son identité où qu’il aille.

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11/02/2023

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@Salem Blackwood & @Woo Jung-hwa

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Il hocha la tête sans prononcer le moindre mot. Il n’avait pas de recul, il n’avait pas de sentiment, ni même d’émotion, mais il pouvait imaginer sans difficulté que leur rencontre avait été mieux ainsi, comme elle s’était déroulée. Salem n’avait eu aucune pression et Jung-hwa avait eu ce qu’il n’avait pas, de l’anonymat.

« Le contrat d’Alec stipule qu’il doit accompagner Jung-hwa de son appartement à son travail. Il l’accompagne également lors d’événements officiels ou exceptionnels comme lors de votre rencontre. Ils en discutent en amont. »

Il aurait pu parler du fait que c’était simplement pour éloigner les paparazzis trop intrusifs ou les personnes un peu trop fan de l’intelligence artificielle de Starlight. Cependant, le père de Jung-hwa ne savait pas jusqu'où il pouvait se permettre d’en dire autant à un inconnu. Nonobstant la bienveillance du jeune homme, Salem restait un inconnu. Son créateur semblait lui accorder une confiance qu’il ne comprenait pas, une subtilité humaine qui le laissait perplexe, mais il savait également que Jung-hwa pouvait également se faire avoir. Ce n’était pas fréquent, c’était même très rare, mais c’était possible. Et son devoir était de le protéger. Parce qu’il n’avait pas pu le faire de son vivant, il le ferait maintenant.

Ce fut pour cette raison qu’il jugeait du regard le jeune homme en état de choc. Il voulait analyser son comportement, son expression, détecter le moindre indice qui lui indiquerait qu’il mentait. Ce n’était pas le cas, c’était même loin de l’être : Salem était ce qu’il y avait d’authentique, à croire que mentir était une chose difficile pour lui. À moins que ça ne soit une subtilité humaine de plus…

L'hologramme hocha une nouvelle fois la tête, une seule fois, avant d’indiquer où se trouvait les verres et l’eau. Il l’aurait fait lui-même, avec plaisir, mais il ne pouvait rien toucher. Rien de réel. Il pouvait créer des hologrammes des objets qui l’entouraient, faire en sorte de remplir un verre d’eau, mais ça n’aidera pas Salem à s’hydrater. Seulement à se l’imaginer. Il le guida donc jusqu’à la cuisine, à l’étage, le surveillant pour ne pas qu’il loupe une marche.

« Je ne peux pas vous répondre. C’est une décision qui vous appartient. Si vous souhaitez lui avouer ou lui cacher. Les secrets sont toujours révélés au bout d’un temps, mais je pense que Jung-hwa peut comprendre, quelle que soit votre décision. »

Après tout, il n’avait lui-même pas prévu de révéler à qui que ce soit sa double-vie. Il gardait son compte sur le Metaworld secret, un monde où personne ne le connaissait en tant que PDG, un monde où il était comme n’importe qui, un monde où il était inconnu.

« À ce qu’il paraît, il faut dire les choses lorsque l’on se sent prêt à les dire et non lorsque l’on se sent contraint. »

À défaut d’avoir une réponse, il pouvait toujours rebondir ainsi. L’intelligence artificielle réapparut un peu plus loin, se plaçant devant Salem. Cette attitude pouvait être comparée à celle d’un garde du corps, mais le HOLO savait qu’il ne pouvait rien faire si la personne décidait de passer son chemin et de faire comme s’il n’existait pas - passant au travers de son corps immatériel.

« Grâce à vos soins, il n’a plus de fièvre. Il dort. Je le surveille en permanence au cas où je devrais appeler les secours. »

Il ne le devait pas, sous les ordres de Jung-hwa, mais il ne pouvait pas aller à l’encontre de la première et seconde loi de la robotique. Il ne pouvait rester passif et laisser un être humain en danger, tout comme il ne pouvait pas obéir aux ordres si cela rentrait en contradiction avec la première loi.

« Si vous souhaitez le voir, veillez à ne faire aucun bruit je vous prie. »

Ce n’était pas comme s’il ne le garderait pas à l'œil malgré tout.

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Starlight

My life, You electrify my life ©️ Wild heart

14/01/2023

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Hochant une nouvelle fois la tête aux explications. Alec n’est donc pas un garde du corps qui reste avec lui vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Quelque part, tant mieux, je n’ose pas imaginer le carnage s’il avait fallut que je bataille avec lui pour entrer et m’approcher de Jung-hwa. J’assure à l’hologramme que je ne représente aucun danger. Même si au final c’est simplement ma parole et qu’il n’est pas obligé de me croire. Je crois que je suis presque déçu qu’il me réponde avec autant de justesse, quelque chose d’aussi censé.

« Pour un hologramme, je trouve que vous êtes très bien informé sur les relations humaines. Comme un sage bienveillant. »

Mon sourire se fait chaleureux. Je suis admiratif de ce que Jung-hwa a réussi à créer. C’est complètement fou. Je pensais naïvement qu’il me dirait oui ou non. Puisqu’après tout, à force d’être au contact de son créateur, il a été capable d’enregistrer ses habitudes, ses préférences. Je suppose que j’espérais ne pas avoir à décider moi-même. Comme un lâche. Mr Woo enchaîne, je reste un instant pensif. Il est vrai que la contrainte n’est jamais un bon moyen. Mais là...

« Lorsqu’on se sent prêt ou que la situation nous y pousse. Honnêtement, je ne me vois pas rester le seul à savoir. J’espère juste… qu’il ne m’en voudra pas d’avoir exploré son bureau sans lui. C’est vrai que la situation actuelle est une forme de contrainte pour moi, mais je suis, comme vous l’avez suggéré, le seul décisionnaire pour la finalité, en tout cas ce soir. »

De nouveau je souris à l’hologramme.

« Merci de m’avoir aidé à y réfléchir. »

Le choc de la découverte passé, et malgré ma discussion avec le holo, mon cœur continue de battre à une folle allure. Je ne cesse de repenser à ces heures à discuter ensemble, à s’amuser. Et toute cette affection pour lui qui n’a fait que grandir. Et puis cette rencontre complètement inhabituelle dans ma boutique. Cette envie de le toucher alors que d’ordinaire je reste loin des gens. Oh bon sang. Il faut que je vois. L’hologramme s’interpose, ça m’arrache un petit hoquet de surprise, et en même temps je comprends. Il m’informe sur son état de santé, je me sens presque inutile d’un coup. Malgré tout il me laisse une ouverture et je lui en suis reconnaissant.

« Je serais discret, je le promets. »

Doucement, je pousse la porte de la chambre, me faufilant à l’intérieur. Mon regard se pose sur la silhouette endormie. Je m’approche silencieusement. Le linge humide que j’avais laissé sur son front a glissé, je m’en empare délicatement pour le remettre sur le rebord du récipient avec de l’eau. Ma main s’approche doucement pour prendre sa température sur son front, comparant avec le mien. Il est bien plus frais que moi à présent. J’ai un petit sourire. Mon regard s’attarde sur son visage dans la pénombre, il l’a l’air beaucoup plus apaisé. J’hésite beaucoup entre rester pour surveiller son état et partir. Sa main est posée par-dessus les couvertures, du bout des doigts, j’entre en contact avec les siens. Luka hein ? J’ai presque honte quand je pense que je voulais lui lécher le visage. Comment je vais bien pouvoir lui dire ?

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11/02/2023

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TW : description de mal-être, maladie

Avant même d’ouvrir les yeux, je me sentais encore dans les vapes. Mon esprit fit un inventaire de l’endroit où je me trouvais, de ce que je ressentais et de comment je me sentais. Mon dos était dans le confort de mon matelas. Je sentais une présence à côté de moi, contre moi-même. Les images défilèrent et je vis le visage de Salem. Je tournais la tête et ouvris les yeux. Il faisait noir, les rideaux tirés, mais quelques rayons lumineux me permirent de distinguer un jeune homme, blond, endormi, les bras croisés lui servant d’oreiller. Il faisait encore nuit et je n’étais pas suffisamment remis pour m’interroger sur le pourquoi du comment. Peut-être était-ce simplement un rêve de ma part ? Sa main serrant la mienne, mon pouce caressa doucement ses doigts avant de clore mes prunelles. Le sommeil me regagna.

Lorsque je me réveillais, la pièce était plus lumineuse. Il était tôt, mais la matinée débutait à peine. Je me redressais, m’asseyant dans mon lit. Je m’étirais avant de me frotter la tête. Bordel, cette migraine avait été d’une violence… Je sortis du lit, dégageais les draps sur mon lit pour les changer plus tard et allais directement dans la salle de bain pour me prendre une douche. Je m’habillais simplement puisque nous étions le week-end, un pantalon souple et un pull beige. Serviette sur les épaules, je continuais de me sécher les cheveux en marchant tranquillement jusqu’à l’étage.

« Abeoji.Père. »

L’hologramme de mon père apparut devant mes yeux. Par habitude, je m’inclinais légèrement pour le saluer et montais tranquillement les escaliers en lui demandant les dernières nouvelles. Mon ventre gargouilla lorsque mon nez sentit une délicieuse odeur de nourriture en train de mijoter. J’aimais avoir les nouvelles dès le matin, savoir si quelque chose pouvait mettre en cause Starlight ou au contraire, être une opportunité pour mon entreprise. Je m’arrêtais en haut des escaliers, mon regard fixé sur Salem, dans ma cuisine.

« Qu’est-ce que tu fais là ? »

Cette question m’échappa avant que je réfléchisse à quelque chose de plus intelligent.

« Je n’avais donc pas rêvé… »

Je m’étais dit que j’avais certainement rêvé, halluciné même, c’était déjà arrivé, mais il semblerait que nous. Je fronçais les sourcils. Comment était-il entré ? Comment connaissait-il mon adresse d’ailleurs ?
Je ne bougeais pas d’un iota, n’étant pas habitué à avoir quelqu’un chez moi - il était même la première personne en dehors de mon garde du corps à être entré ici. C’était… étrange.

« Comment es-tu entré ? »

J’en oubliais le vouvoiement, j’étais bien trop curieux de savoir ce qu’il faisait chez moi. M’avait-il vraiment veillé ? Étais-je dans mon lit grâce à lui ?

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Starlight

My life, You electrify my life ©️ Wild heart

14/01/2023

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Les yeux posés sur son visage, je constate avec soulagement qu’il dort paisiblement. Je suis rassuré. J’ai beau être encore sous le choc, je ne peux pas nier que je tiens à lui, plus encore parce qu’il est cet ami si précieux de l’autre côté de l’écran. Mes doigts se glissent complètement vers sa paume sans que je m’en aperçoive. Tant pis pour son père qui regarde probablement, tant pis pour le mien. Je sens sa main se refermer légèrement sur la mienne. Mon cœur chavire sans que je ne sache trop l’expliquer.

*

Je ne saurais pas dire quand je me suis endormi, mais quand je me réveille j’ai particulièrement mal au dos.Je suis presque affalé sur ses jambes, ma main serre toujours la sienne et cette seule vision me fait un drôle d’effet. Je suis à la fois heureux et gêné. Mes doigts se défont doucement de l’étreinte des siens tandis que je me redresse en grimaçant. J’observe son visage pour voir si je ne le réveille pas. Visiblement non et tant mieux. Il a encore besoin de repos. Son père m’indique qu’il a eu un réveil dans la nuit mais rien de plus. Je le remercie d’un signe de tête et d’un sourire puis me décide à quitter le siège près du lit de son fils.

Aussi discrètement que possible, je remets le fauteuil à sa place, puis attrape mon sac pour me glisser hors de la chambre, aussi discrètement qu’un renard. Non sans un dernier regard pour lui. Il a l’air d’un prince endormi. Mon cœur cabriole et ma raison me dit de ne pas pousser la réflexion plus loin. Une fois dans la cuisine, je rappelle Mr Woo 2.0 sur le conseille du père de Jung-hwa. Il me guide jusqu’à une salle de bain d’invité. Je rougis mais je reconnais que ça me ferait beaucoup de bien.Le hologramme m’indique une pile de vêtements dans un placard. J’espère qu’il ne m’en voudra pas, de...prendre mes aises.

Une fois propre, dans ce t-shirt blanc et ce pantalon de survêtement gris un peu trop grands pour moi, je retrousse mes manches et demande à Mr Woo une recette que Jung-hwa aime bien manger. Qu’il se nourrisse ou non le matin, ce matin il doit manger, surtout après une nuit pareille. Par chance, l’hologramme m’indique une recette dont tous les ingrédients sont disponibles chez mon hôte. Je me surprends à apprécier d’être guidé pas à pas par cette merveille technologique. La cuisine me semble si facile, pas d’indécision. C’est finalement comme si je lui prêtais mon corps pour le faire. L’odeur de nourriture devient rapidement entêtante dans la cuisine et la petite musique que diffuse le hologramme en fond ne suffit pas à me distraire de ma faim grandissante ni des gargouillis bruyants de mon ventre.

Je redoute autant que j’attends que Jung-hwa pointe le bout de son nez. Mais je crois que je ne suis pas prêt à ça pour autant. La bouche entrouverte sous la surprise, je tiens en l’air la cuillère en bois qui me sert à remuer le plat. Il est là, les cheveux ébouriffés, mouillés, incroyablement beau. Je me sens tout petit soudain, dans ses vêtements. Je pique un fard.

« Ju….Jung-hwa ! Tu es réveillé. »

Oui c’est un fait. Stupide Salem. Je ne suis pas surpris qu’il me tutoie. Soulagé même, maintenant que je sais qu’il est Luka, je me sens incapable de le vouvoyer. Je vois qu’il ne bouge pas de cet endroit où s’est arrêté. Je lui indique alors la table de la cuisine avec un petit sourire timide. Mr Woo m’indique de couper les feux de cuissons, j’obtempère en le remerciant. Puis je regarde à nouveau Jung-hwa.

« Installe-toi. C’est prêt justement. Tu n’as plus mal à la tête ça va ? »

Avant de lui expliquer quoi que ce soit, je veux qu’il se mette à l’aise. On ne sait jamais des fois qu’il réagirait très mal. J’installe les différents récipients sur les dessous de plat avant de me glisser une main derrière ma nuque, me frottant la base des cheveux, comme à chaque fois que je suis stressé.

« Et bien…c’est un peu délicat à expliquer. Mais quand tu as eu ta crise de migraine... j’ai été appelé par... »

Est-ce que je vais oser lui dire ? Je jette un regard à l’esprit de son père, au mien, à l’hologramme, tous m’indiquent de poursuivre. Mon regard se pose à nouveau sur Jung-hwa et ses magnifiques prunelles caramel. Là, sous la clarté qu’offre la lumière de la cuisine, c’est encore plus évident.

« L’esprit de ton père. Il m’a guidé jusqu’ici et m’a montré comment entrer. Je...sais que c’est difficile à croire mais.. je.. j’ai cette capacité, de les voir et de les entendre. »

Je déglutis en l’observant. J’ai préféré être direct. Ne pas tourner autour du pot. J’ai le sentiment que ce n’est pas une personne avec qui les phrases ambiguës auraient un bon résultat. D’autant qu’il n’est pas au bout de ses surprises. Je ne vois pas comment je vais lui dire...pour le reste.

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11/02/2023

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@Salem Blackwood & @Woo Jung-hwa

TW : description de mal-être, maladie

J’aurais dû m’en douter que la cuisine ne s’était pas mise au travail toute seule. J’étais encore dans les vapes, ma tête lourde, mais qui ne me faisait plus mal. Cependant, ce n’était pas un Salem dans ma cuisine qui me perturba le plus - après réflexion : c’était le fait qu’il porte mes vêtements. En d’autres circonstances, j’aurais rougi plus fort que du tandoori - parce que ça lui terriblement bien.

Je me retins de lui faire le moindre commentaire, le fixant du regard. J’observais, j’analysais, et le moins que l’on puisse dire, c’était qu’il n’était pas à l’aise. Au moins, nous partagions cela. Cependant, il avait bien d’autres secrets à me révéler, à commencer par comment il était arrivé jusqu’ici. Mon regard dévia sur la table de la cuisine et lentement, je m’y dirigeai. Je m’assis, utilisant la serviette autour de mes épaules pour continuer de me sécher la base de mes cheveux.

« Oui… Ça va… Un peu groggy on va dire. »

Ma voix était loin d’être assurée comme d’habitude, parce que sa question me perturba. Il l’avait posé avec un tel naturel. Néanmoins, je me repris, m’installant correctement, entendant presque mon père me dire de faire attention à mon dos.
Je regardais les plats qu’il plaça devant moi et je ne pus me retenir de me pourlécher rapidement les lèvres. Ça avait l’air délicieux, ça sentait bon et le meilleur dans tout cela était que c’était quelque chose que j’aimais. Comment avait-il su ?
Mes prunelles se relevèrent vers le jeune pharmacologue, intrigué par ce qu’il allait me dire. Il jeta un coup d'œil sur le côté et je le suivis, ne voyant rien de particulier. Je fronçais les sourcils, mais ne dis rien, attendant.

J’aurais pu parier mille et une chose, mais j’étais loin, très loin même, d’être prêt pour une telle révélation. J’en perdis presque l’appétit. L’esprit de mon père ? Une part de moi le croyait avant même d’écouter ma méfiance. Mon père était-il encore parmi nous ? Il n’avait donc pas trouvé la paix ? Une vague de tristesse me submergea, mais je fis en sorte de ne pas la montrer complètement - je ne pouvais pas maîtriser mes prunelles plus brillantes sans être larmoyantes.

« Tu… es en train de me dire que tu es… un mutant ? »

Et cette possibilité entrouvrait la porte à encore plus d’interrogations. J’étais un homme pragmatique et même si je pouvais facilement croire ce que Salem me disait, ma raison me demandait de prouver ses dires.

« Est-ce qu’il est ici ? »

Mon palpitant s’accéléra, à la fois pris d’une angoisse de savoir mon père prisonnier dans ce monde sans avoir trouvé le repos et envieux de ne pas pouvoir le voir, lui parler - et même le serrer dans mes bras. Silencieusement, je le remerciais pour son cadeau, ce Holo qui était bien plus pour moi qu’une IA.

« Je vais te poser une question et il n’y a qu’une seule réponse qu’il pourra te donner. »

Je croisais mes bras sur ma poitrine. Ce n’était pas un geste de défense, mais une protection. Je sentais que la situation m’échappait et je n’aimais pas cela. Je réfléchis quelques secondes et je poursuivis.

« nae hyeongwanmun-eul yeoneun geos-eun nuguui saeng-il-ibnikka?À qui est la date d'anniversaire pour ouvrir ma porte d'entrée ? »

S’il me répondait « eomeoni » je ne savais même pas comment je réagirais. J’étais à la fois dans l’espoir et dans la retenue. Une foule d’émotions me traversait, me donnant presque le tournis.

« Pourquoi toi ? »

Parce qu’il y avait bien une raison de pourquoi mon père était venu le chercher lui et pas quelqu’un d’autre. Cela faisait longtemps que j’avais ces migraines, que je les gérais plus ou moins seul, pourquoi appeler quelqu’un aujourd’hui ?

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Starlight

14/01/2023

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@Salem Blackwood & @Woo Jung-hwa

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Malgré la situation, malgré tout ce que j’ai à lui révéler, je ne peux pas m’empêcher de détailler ses mouvements. La façon qu’il a de se sécher les cheveux...je rougis, le souffle un peu plus difficile. Comment peut-il me paraître encore plus beau ? Je me maudis intérieurement, rongé de culpabilité. L’intense souvenir de Matthiew s’estompe un peu plus à chaque fois que je me perds dans ses prunelles chocolat et pourtant, de quel droit je me laisserais y plonger sans retenue ? Je reviens à lui, lui demande comment il se sent. Il me répond mais il n’a pas l’air sûr de lui. Je scrute son visage, cherchant les signes d’une douleur qui menacerait de réapparaître. Mais rien de tel, simplement cette fatigue évidente de celui qui manque encore de sommeil.

Je tâche de ne pas trop regarder vers le fantôme de monsieur Woo juste à côté de son fils. Ce dernier ronchonne sur la posture de son fils jusqu’à celui-ci se redresse enfin. Je me retiens de sourire. Heureusement que l’hologramme me permet de donner du sens à mes gestes. Je sers la table, voyant avec satisfaction que l’expression de Jung-hwa évoque l’appétit. Ses narines se sont retroussées. J’espère que ça sera aussi bon que ça en a l’air.

Toujours debout à côté de la table, me frottant la nuque, je finis par annoncer une partie de la vérité à l’homme assis à un mètre de moi à peine. Je sens dans son aura la vague d’émotions que cela suscite. Mais surtout son regard se fait plus brillant. J’espère qu’il ne va pas se mettre en colère. L’hésitation dans sa voix, l’interrogation qui l’enveloppe me fait rougir pour de bon.

« Oui. Je suis mutant. »

Mon cœur bat très fort. Il suffit qu’il soit de ceux qui détestent les mutants et je suis foutu, parce que désormais, il sait tout de moi. Du moins...assez pour pouvoir faire de ma vie un enfer s’il le souhaite. Je retiens ma respiration alors que je vois ses lèvres s’entrouvrir à nouveau pour parler. Je suis presque soulagé lorsqu’il me pose la question. Mon regard se tourne automatiquement vers l’esprit de son père, juste à côté de lui. D’un mouvement de tête, je désigne cet emplacement en regardant Jung-hwa dans les yeux.

« Oui, juste à côté de toi. »

Je voudrais tant pouvoir lui montrer son père. Tout serait tellement plus simple pour lui prouver que je dis la vérité. C’est sans compter sur son esprit vif. Je souris lorsqu’il me pose la condition. Je ne comprends rien à ce qu’il dit, je le vois être sceptique et curieux en même temps. Je regarde Mr Woo, mon père qui s’est placé dans mon champ de vision. J’écoute la question de Jung-hwa sans la comprendre, mon regard quitte le visage soupçonneux de hôte pour celui de son père, ému.

« Il demande à quoi correspond le code d’entrée de son appartement. A la date d’anniversaire de sa mère. »

Je reviens vers Jung-hwa, m’apprêtant à ouvrir la bouche, mais Mr Woo m’interrompt pour me conseiller de répondre simplement.

« Eomeoni. »

Je n’ai aucune idée de si je le prononce correctement. Mais la réaction ne se fait pas attendre du côté de Jung-hwa. Je manque de m’excuser, mais il demande une chose qui fait trembler mes lèvres alors que je réponds.

« Sûrement parce que.. je l’ai déjà vu à la boutique, la première fois que tu es venu. Il savait qu’il pouvait me contacter. »

J’essaie d’être le plus neutre possible, mais mon visage exprime l’inquiétude. J’observe Jung-hwa pour voir comment il encaisse les informations. Heureusement qu’il est assis pas vrai ? Mes jambes à moi flageolent. Pendant un instant, j’ai cru qu’il fallait que je lui avoue tout, mais je me dis que c’est déjà bien suffisant et le silence de nos pères en dit long. Je me tortille les doigts devant moi avant de relever une main pour la passer sur ma nuque.

« Je sais que ça fait beaucoup à assimiler d’un coup. J’espère...que tu m’en veux pas d’avoir débarqué chez toi comme ça, et d’avoir emprunté tes vêtements, et surtout...de te dire tout ça comme ça. »

J’ai terriblement envie de l’étreindre, mais je me retiens. J’ai l’impression que ça serait mal venu, et si je suis à portée de bras pour lui, je reste à une distance raisonnable pour lui laisser de l’air. Je me demande si je vais avoir le droit de m’asseoir ou si je vais devoir fuir le temps qu’il se remette de ses émotions.

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11/02/2023

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@Salem Blackwood & @Woo Jung-hwa

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Il l’affirma et je ne me sentis pas mieux pour autant. C’était logique, cela faisait sens et pourtant, savoir que mon père se trouvait à mes côtés, son fantôme, me donnait presque la nausée. Il n’était pas en paix, il était tourmenté et j’étais bien le seul à lui provoquer cela. Il n’était pas parti, il n’avait pas rejoint ma mère. Je m’en voulus. Terriblement. Comment pouvais-je l’aider ? Comment pouvais-je l’apaiser ?
Je n’eus pas le temps de poursuivre sur cette idée que mon regard quitta celui de Salem pour se tourner vers le vide à mes côtés. Je ne pouvais pas le voir, je le savais, et pourtant, je cherchais à distinguer le moindre signe de sa présence. Mon palpitant battait à la chamade et mes prunelles se relevèrent à peu près vers l’endroit où son visage pourrait être - je me l’imaginais totalement, mais il pouvait bien être plus en arrière. Mes yeux se fermèrent et je me replaçais correctement face à Salem.

J’avais besoin de savoir si je n’étais pas fou, mais plus encore, j’avais besoin d’être sûr à cent pour-cent qu’il ne me menait pas en bateau. J’en doutais, mais je ne pouvais pas m'en empêcher. On m’avait trop berné depuis que j’étais devenu millionnaire - sans parler d’actuellement. Ainsi, lorsqu’il prononça ce mot en coréen, avec un accent qui le rendait attendrissant, ma gorge se serra - je manquais de noter mon cœur qui loupa un battement.

Je me passais une main dans mes cheveux humides, la respiration de plus en plus hachée malgré moi. Cela faisait beaucoup d’un coup en très peu de temps. Salem était un mutant, il pouvait voir les morts - apparemment - et il pouvait même communiquer avec eux. Je me levais d’un coup et m’éloignais de la table. Je n’étais pas contrarié, ni en colère contre lui. Je savais à quel point être un mutant pouvait être pesant dans notre société. J’étais très bien placé pour savoir à quel point on ne pouvait pas dire qui nous étions réellement au premier venu.
Je m’arrêtais devant une photo de famille : mon père, ma mère et moi. L’une des rares choses que j’avais ramenée de Corée. Je joignis mes mains, leur demandant silencieusement pardon et m’inclinais. Je n’étais pas pratiquant, je ne croyais pas en une religion en particulier, mais je savais à quel point mes parents étaient pointilleux sur le sujet. Alors je leur honorais comme ils aimeraient l’être, avec le respect de la culture coréenne.

Je me tournais de nouveau vers Salem et me rapprochais de lui. Tirant la chaise, je l’invitais à prendre place, retrouvant un minimum de savoir-vivre et de bienséance - quel hôte pitoyable étais-je !

« Je ne t’en veux pas du tout. Je comprends… plus que tu ne le penses. Enfin. Tu dois t’en douter, j’imagine. »

Mon regard dévia sur l’hologramme et je lui adressais un sourire en coin. Il avait certainement mis à l’aise Salem - la preuve, il portait mes vêtements. Je le remarquais enfin, observant le pharmacologue dans une tenue visiblement trop grande, mais qui ne faisait qu’accentuer son charme.

« Tu as bien fait. Assieds-toi, je t’en prie. »

Mes jambes contournèrent la table et je repris place, face à lui. Je lui souhaitais bon appétit, un peu gêné, avec de commencer à manger. La première bouchée me réchauffa le corps et je lâchais une onomatopée de plaisir. C’était délicieux.

« C’est moi qui devrait te remercier, Salem. Merci d’avoir pris soin de moi et de m’avoir préparé le petit-déjeuner. C’est très bon, d’ailleurs. Rien ne t’obligeait. A aucun moment. Je t’en dois une. »

Même si mon père l’avait trouvé, il aurait pu tout simplement lui dire non. Il aurait pu tout simplement lui tourner le dos, ne pas faire attention à lui. Il ne l’avait pas fait. A la moitié de mon bol, je me stoppais, mon cerveau s’activant. Je pouvais faire quelque chose. Je le devais même. Mes yeux se levèrent, cherchant à croiser les siens. Je déglutis, inspirais pour me donner courage et finalement, les mots sortirent.

« Je suis le PDG de Starlight, le créateur de Holo. C’est pour cela que nous nous sommes vus pour la première fois avec mon garde du corps. Je ne peux pas sortir sans lui. Il m’évite plus les paparazzis qu’autre chose, mais on n’est jamais trop prudent. Je sors très rarement sans lui. »

Je me remis à manger, tranquillement, sentant un poids en moins sur mes épaules. Ce n’était pas une information confidentielle, et il avait dû l’apprendre dans la nuit, mais le dire à voix haute, lui annoncer moi-même, avait un côté officiel que j’avais rarement vécu. Désormais, il faisait partie des personnes qui savaient et également des personnes qui pouvaient être embêtées si je ne le protégerais pas. Et il en était hors de question.

« Je sais que je n’ai pas vraiment… Enfin… comment dire ? »

Je baissais un peu mon visage, le cachant comme je pouvais. J’étais gêné, je ne savais pas comment réagir, alors qu’il n’y avait pas de quoi. Mais pour une raison qui m’échappait, j’avais l’impression que cet inconnu ne l’était plus tant que cela. Et je n’avais pas l’habitude.

« J’aimerais apprendre à te connaître… Si tu veux bien, évidemment. »

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Starlight

14/01/2023

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Encaisser de telles révélations à la suite n’est pas donné à tout le monde. Encore moins avec ce calme. Je ne savais pas à quoi m’attendre. Peut-être à des éclats de voix à mon encontre. Ne serait-il pas normal qu’il m’accuse de mentir ? Mais il ne fait rien de tout ça. Il prend sur lui. En pleine introspection, je le laisse se mouvoir dans la pièce. Je ne peux rien faire d’autre qu’espérer qu’il digère toutes ces informations. Même si je me sens coupable de ne pas lui avoir tout révélé, je me félicite de ne pas lui asséner mon identité dans le Metaworld. Ça aurait été beaucoup trop. Définitivement. Probablement que l’occasion se présentera pour que je lui dise.

Mon corps n’a pas bougé, mais ma tête suit le moindre de ses mouvements, bien que je lui laisse toute son intimité lorsque je comprends qu’il communique silencieusement avec sa famille à travers les portraits exposés. Jung-hwa fini par revenir vers moi. Je le regarde timidement jusqu’à comprendre qu’il m’invite à poser mes fesses sur la chaise qu’il vient de tirer. Je m’avance, savourant les effluves de son shampoing au passage. J’ai l’odeur de sa lessive sur moi depuis que j’ai pris une douche, mais là, c’est différent. Je ne m’attarde pas sur ce que mon corps ressent en sa présence, préférant me concentrer sur ses paroles. Il ne m’en veut pas du tout. Le soulagement est intense.

« Merci. »

Face à face à cette table, j’ose à peine goûter ce que j’avais préparé, et pourtant, c’est une manière de me rassurer sur le fait que je ne l’empoisonne pas avec un goût immonde.

« Je...n’aurais pas pu te laisser tout seul en sachant que tu allais aussi mal. Je me voyais pas faire comme si je n’avais rien vu. »

Je marque une pause, me détendant un peu en parlant de la nourriture. Je ne peux pas m’empêcher de me sentir fier d’avoir réussi, même si au final, j’ai simplement prêté mes mains au holo.

« Je suis content que ça soit bon. Mr Woo m’a super bien guidé, parce que...j’ai jamais fait ça de ma vie. T’as vraiment créé une IA de fou. J’ai pu avoir des conversations intéressantes avec lui. »

J’adresse un sourire à l’hologramme. Me demandant s’il allait révéler le secret pour moi si jamais Jung-Hwa venait à poser la bonne question. Après tout, il n’y avait rien qui retenait cet hologramme d’être totalement honnête avec son créateur. Le silence se réinstalle. Je reconnais que manger me fait un bien fou après une nuit pareille. Je ne peux m’empêcher de regarder Jung-hwa à la dérobée. Ses cheveux sont entrain de sécher, ils prennent des formes amusantes dont les pointes se distinguent très bien sur sa peau. Cette peau qui est si douce. Je manque d’avaler de travers lorsque je réalise que je suis en train de le reluquer. Pourquoi diable devait-il être aussi beau ? Il finit par se dévoiler totalement. J’ai un petit sourire.

« Désolé de t’en informer mais Mr Woo t’as déjà vendu sur cette partie-là. Mais je reconnais que pour ton garde du corps, tout me paraît d’un coup plus évident. J’ai vraiment cru qu’il allait….me mettre au sol ce jour-là. »

J’ai un petit rire gêné. J’ai beau être assez grand, je suis loin d’être sportif au point de pouvoir me défendre contre ce genre de personnage. Je ne comprends pas où il veut en venir, ma cuillère en l’air j’attends qu’il reformule. Je finis par sourire, réchauffé de l’intérieur par son intérêt qui a l’air sincère.

« Salem Blackwood. Vingt-sept ans. Officiellement, je travaille en tant que pharmacologue dans le quartier Solaris. Je me suis dégoté un tout petit appart pas loin. Officieusement, je tiens Pick your poison là où on s’est rencontrés. Je vis aussi seul que toi. Enfin… moins bien entouré. »

J’adresse un regard à Mr Woo dont la présence est agréable bien que non tangible, ignorant les yeux vexés de mon fantôme de père.

« Cerbère, mon berger allemand en peluche ne fait pas le poids face à cette merveille de technologie. »

Mes yeux reviennent sur mon hôte. Je précise timidement.

« En dehors de ça...j’adore passer du temps dans le MetaWorld. »

Je ne précise pas que je fais partie des organisateurs des compétitions de Clover. Pour le moment je ne me vois pas impliquer Aurea, encore moins sans son accord. Et évoquer le metaworld, c’est tendre une perche vers de nouveaux aveux. J’enchaîne.

« J’essaie d’appeler ma mère une fois par semaine. Elle est restée en Angleterre. Mon père...et bien...il me tient constamment compagnie. Enfin, pas qu’il soit lourd ou quoi hein. C’est juste qu’il est...lié à moi sous sa forme de fantôme depuis toujours. Je te raconterais cette histoire un jour si tu veux. »

J’ai le ton aussi détaché que possible, mon sourire est chaleureux, mais l’émotion m’enserre un peu la gorge. Alors je m’arrête, le temps de picorer un peu de nourriture. Finalement, j’ajoute.

« N’hésite pas...si tu as des questions, je n’ai probablement pensé à tout. Et...même si je me doute que tu es très occupé vu ton statut, si tu veux passer du temps avec moi, j’en serais ravi. »

Les joues roses, j’ai le regard un peu fuyant, pourtant je me force à le regarder, tout d’abord parce que ses expressions m’informeront le mieux sur ce qu’il pense, et aussi parce que je fois assumer ce que je raconte.

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11/02/2023

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Mon regard se posa sur Salem lorsque je l’entendit dire qu’il n’aurait pas pu me laisser. Mon palpitant s’accéléra et je me sentis rougir. Je détournais les yeux, ne sachant pas où les poser. Il aurait pu pourtant, nous n’étions rien, mais il était tellement gentil, généreux et altruiste qu’il n’avait pas pu. Il ne pouvait pas y avoir autre chose derrière ce geste. Je m’inclinais un peu plus vers la table, reste d’une éducation asiatique.

« Merci… d’avoir pris soin de moi. »

Il était bien la première personne à qui je disais ses mots et j’avais l’impression qu’ils avaient une profondeur inconnue. Je repris le repas, le complimentant. C’était délicieux et ça me faisait énormément de bien après cette nuit de l’enfer. Je ne pus me retenir de sourire en coin en l’entendant parler de mon programme comme une vraie personne - ça me faisait très plaisir.

« Vraiment ? De quoi avez-vous parlé ? »

Parce que je ne pouvais pas m’empêcher de me sentir curieux. Avait-il dormi un peu ? Je pourrais toujours demander à mon père lorsque nous ne serions plus que tous les deux, mais j’espérais que Salem reste sur cette honnêteté déconcertante.

« Je suis désolé de ne pas m’être présenté plus tôt. Et encore désolé pour lui. »

Je passais sous silence qu’il aurait, en effet, pu le mettre à terre en moins de temps qu’il ne le fallait pour le dire. Je fus plus gêné encore lorsque j’osais lui demander d’en apprendre plus sur lui. Mon regard se releva, l’observant me débiter les grandes lignes de ce qu’il était, comme une quatrième couverture. Je ne pus retenir un léger ricanement, mon visage se fendant en un sourire heureux et sincère, dénudé de méchanceté et de moquerie.

« Je te remercie pour le compliment. Bien que Cerbère doit être plus mignon que ma création. »

J’osais un regard vers mon paternel, qui me fusilla sur place, vexé. Je ricanais comme un sale gosse fier de sa bêtise.

« Oh, tu es sur le MetaWorld ? J’adore. J’essaie toujours de me trouver du temps pour y aller. Tu as vu l’événement en ce moment ? Il y a des cadeaux sympas à gagner. »

Le costume de PDG était loin, bien loin. Là, maintenant, j’avais vraiment l’impression d’être quelqu’un de normal, de commun, d’avoir une conversation simple sur un centre d’intérêt commun. Et c’était plus rafraîchissant qu’un bol d’air frais. Mes yeux devaient pétiller d’intérêt et de joie de pouvoir discuter ainsi, avec liberté et facilité.

« As-tu vécu en Angleterre ? »

Je bus quelques gorgées de jus de fruits, me disant qu’elle devait sûrement lui manquer. Une mère manquait, toujours. Et même si son père était toujours à ses côtés, à sa façon, j’avais l’impression que Salem vivait une certaine solitude. J’imaginais sans mal qu’il ait des amis, au moins sur le MetaWorld. Il était si social que ça ne devait pas être une difficulté.

Mon regard se fixa sur lui alors qu’il proposa que l’on passe du temps ensemble. J’aurais facilement pu rebondir sur le fait que je lui poserais des questions à l’avenir, mais il me coupa l’herbe sous le pied. L’idée était plaisante. Très plaisante. Et je pouvais facilement céder à la tentation - une voix m’y poussait. Je hochais la tête.

« Je n’hésiterai pas. »

Je finis mon petit-déjeuner, joignis mes mains et m’inclinais, le remerciant une nouvelle fois pour le repas. Je n’étais pas très bon en cuisine, mais je pouvais l’emmener quelque part. Dans un restaurant peut-être ? C’était peut-être un peu risqué pour lui, avec les tabloïds, mais je pouvais faire en sorte que l’on soit tranquille… Enfin, s’il acceptait.

« Puis-je… Puis-je t’inviter au restaurant, un soir ? En remerciement pour tout ce que tu as fait… Et pour… »

Pour quoi ? Je me pourléchais les lèvres, cherchant mes mots. Mon regard se fit fuyant. J’avais peut-être parlé trop vite, chose qui ne me ressemblait absolument pas. Peut-être un contre-coup de la migraine de cette nuit ? Probablement. Et puis l’inviter chez-moi serait un peu trop présomptueux de ma part, n’est-ce pas ? C’était trop tôt. Pire même, ce n’était pas du tout approprié. Je tentais de calmer mes pensées qui partaient dans tous les sens.

« Enfin, si tu es libre bien sûr. »

Je me rattrapais aux branches que je pouvais…

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Starlight

14/01/2023

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Je remue la tête de droite à gauche, comme si c’était tout naturel, alors qu’il me remercie de prendre soin de lui.

« Avec plaisir. »

Je n’ose pas préciser que je suis encore plus content d’avoir pris soin de lui en particulier. Et puis, si je suis honnête avec moi-même...probablement que je n’aurais pas été aussi loin pour un sombre inconnu. J’aurais appelé les secours. Et mon implication se serait arrêtée là.

Je l’observe manger avec un appétit non retenu, ravi de voir son visage s’égayer au fur et à mesure. Notre conversation prend une tournure normale et la culpabilité commence enfin à me quitter, jusqu’à ce que Jung-hwa me demande de quoi nous avons discuté avec son hologramme.

« Ah, hum.. » Je me penche vers lui, l’air de vouloir faire une confidence. « Et bien, il m’a demandé si je te voulais du mal et il avait les vibes de ton gardes du corps. »

Je fais mine de frémir d’horreur, puis je pouffe, mon regard cherchant l’éclat de l’amusement dans ses pupilles chocolat.

« Oh non ne soit pas désolé. Franchement, vu les circonstances, je trouve que j’ai été parfaitement accueilli. Mr Woo a été un hôte remarquable et d’une loyauté à toute épreuve, il ne m’a vendu aucune anecdote gênante te concernant. »

Une nouvelle fois, je glousse malicieusement. Je fais de mon mieux pour détendre l’atmosphère, trop heureux que Jung-hwa ne m’en veuille pas. Il m’arrache un rire alors qu’il suggère que mon chien en peluche est plus mignon que son hologramme.

« Ce n’est pas la même mignonitude... Je ne pensais pas qu’il pouvait aussi se vexer ! C’est formidable ! Enfin, sans vouloir vous offenser hein bien sûr. »

Finis-je en voyant la tête de l’hologramme. Je n’ose pas comparer. Mais j’ai beau adorer ma peluche, si on me proposait de l’échanger contre un hologramme qui ressemble à Mr Woo, je n’hésiterais pas. Ça ne se ferait pas sans larmes, mais tout de même. Je finis par me présenter en long en large et en travers, le plus succinctement possible mais en disant le maximum. Je ne sais pas pourquoi j’ai besoin de tant en dire à Jung-hwa, peut-être pour compenser cette culpabilité de connaître un de ses secrets sans qu’il ne le sache. D’ailleurs quand il rebondit sur le Metaworld, je me sens un peu plus tendu, essayant de ne pas trop le montrer, mon cœur bat à tout rompre, mais il ne me demande pas mon pseudo, c’est déjà ça. Ou...peut-être que j’aurais voulu qu’il le fasse. Malgré tout je souris avec enthousiasme alors qu’il parle de l’évènement en cours.

« Oui j’ai vu ! Je fais toutes les quêtes avec un de mes amis du Meta. On se débrouille super bien quand on fait équipe. Et toi ? Tu gagnes beaucoup de cadeaux ? »

J’ai toujours une forte tendresse dans la voix quand j’évoque Luka. Me dire que c’est l’homme que j’ai en face de moi et qu’en plus, je crush sur lui...ça me fait vraiment bizarre. Pourtant plutôt que de fuir le sujet, je joue avec le feu. Je ne sais pas ce qui m’arrive. Je crois que j’aimerais savoir ce qu’il pense de Phantom et puis...si j’avais juste dit oui, ça aurait été encore plus suspicieux non ? Jung-hwa me pose des questions sur ma vie avant l’Amérique. Je souris de manière nostalgique.

« Oui, j’y ai grandis, je ne suis ici que...depuis six ans. Tu as déjà été en Angleterre ? Ou ailleurs ?Ton métier doit t’envoyer autour du monde non ? »

Comme je n’ai absolument rien suivi autour de sa vraie identité, je n’ai aucune idée de ce que peut bien être sa vie. Je termine ma présentation rapide avec un petit sourire. Il a déjà terminé de manger et je suis ravi de voir qu’il avait si bon appétit. Je termine à mon tour, plus doucement. Il semble perdu dans une réflexion intense lorsque j’ose quitter du regard ma soupe pour poser mes yeux sur lui. Mon cœur s’emballe un peu plus lorsqu’il propose un restaurant. Lui et moi. Je reste là comme un idiot, la bouche entrouverte, attendant qu’il finisse sa phrase. Pour quoi ? Il a l’air aussi troublé que moi, et constater ça me trouble encore plus. Je n’ai pas envie de me faire de fausses idées. Il me plaît, c’est indéniable, mais ce serait prétentieux de penser que c’est réciproque. Il veut simplement me remercier….Il finit par garder le mystère sur la fin de sa phrase, me précisant que ça sera en fonction de mes disponibilités. Je finis par refermer la bouche et sourire, me protégeant avec de l’humour.

« Ne devrait-on pas planifier plutôt en fonction de ton agenda de ministre ? »

Entre nous, j’avais bien plus de soirées libres que lui. Même si ça se répartit régulièrement entre mes sessions de jeu, mes discussions animées avec Isaiah autour d’une pizza ou la mise en place de nouveau thèmes pour les courses de clover avec Aurea.

« Ce serait avec plaisir en tout cas. Où ça t’arrange pour que tu ne sois pas embêté. »

Mon sourire se fait doux. Puis mes sourcils se froncent quand j’ai l’impression d’entendre une vibration. Je réalise soudain que ça provient de mon sac dans un coin de la pièce.

« Mince, désolé. Ça doit être pour mon boulot...Je vais devoir partir. Je viens de voir l’heure aussi...quelle idée de bosser le samedi ! »

Je ne sais pas pourquoi je me sens aussi triste. Sans doute que je n’ai aucune envie de mettre fin à ce moment.

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11/02/2023

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Je ricanais doucement. Ça lui ressemblait bien. De me protéger, de couvrir mes arrières, d’être l’ombre de mon père qui nous avait quitté. Je l’oubliais parfois, tellement il était présent dans ma vie, tellement il était réel, vrai, presque authentique. Mon regard plongea dans le sien, reflet d’un amusement certain, sans une once de méchanceté, de jugement. Je ne pouvais qu’être soulagé qu’il ne me trouve pas bizarre, étrange, asocial. Avoir créé une IA me mettait souvent une étiquette et plaçait une distance entre le monde et moi. Pour une raison qui m’échappait, ce n’était pas le cas avec Salem. Ça n’avait jamais été le cas. C’était comme s’il se trouvait sur la même île que moi. Je me sentais à la fois plus seul, proche de lui et pourtant, encore terriblement éloigné. Il m’intriguait. Je n’avais jamais éprouvé ce genre de choses pour quelqu’un.

« Je lui en aurais voulu s’il l’avait fait. »

De ne pas m’avoir laissé les lui dire ou d’être affreusement gêné. Peut-être les deux.
Je ne me sentais nullement tendu. Salem était à l’aise, il semblait en tout cas, et je me relâchais légèrement. L’atmosphère était agréable, légère, me faisant oublier un temps toute la situation.
Je riais doucement face à sa remarque sur la mignonnerie avant de m’arrêter, l’observant. Il prenait en compte l’hologramme, interagissait avec lui comme un être humain et je ne pouvais pas être plus… J’étais touché. Plus que je ne le pensais. Peut-être était-ce également parce que c’était mon père ?

Finalement, la conversation tourna vers le Metaworld - pour mon plus grand plaisir. Une fois de plus.
Je pouvais très bien en parler des heures et j’étais bien heureux d’avoir quelqu’un à qui en parler. Il était peut-être la seule personne avec qui j’abordais le sujet aussi librement. Il m’arrivait d’en parler au boulot, mais c’était pour rencontrer des idoles sur la toile. Là, c’était uniquement du passe-temps. Une nouvelle bouffée d’air frais.

« Pareil ! Faire les quêtes à deux, c’est plus rapide et plus amusant. J’essaie de gagner ce qui m’intéresse au moins. J’ai un côté un peu collectionneur, je reconnais. Il m’arrive de gagner des choses qui ne m’intéressent pas trop, mais je les donne à un ami généralement. Je joue aussi avec quelqu’un, la plupart du temps. »

Je ne pus retenir un sourire en coin en parlant de Phantom. Je ne savais pas qui c’était, mais je m’en fichais. Il n’en avait aucune idée également et c’était très bien ainsi. Je balayais mes souvenirs d’hier, revenant au moment présent.

« Aussi surprenant que cela puisse paraître, je ne mets pas vraiment d’argent dans le Metaworld. Je préfère y aller comme n’importe qui, donc je n’ai pas tant de choses que cela… J’ai pas mal d’heures au compteur surtout. »

Enfin, je déviais une fois de plus la conversation. Curieux d’en savoir plus sur Salem, je profitais de l’occasion pour apprendre un peu plus sur lui. Je préférais qu’il me dise les choses que je cède à la tentative d’avoir toute sa vie sur une tablette - ce n’était pas quelque chose que je faisais, mais il m’arrivait d’avoir la vie des personnes avec qui je pouvais travailler afin de mieux les cerner.

« Je suis né en Corée et je suis venu aux Etats-Unis pour mes études universitaires. Je n’ai pas beaucoup voyagé honnêtement. Starlight a rapidement été prise à Theseus Corp. et si je me suis déplacé en Chine ou à Taïwan à mes débuts, Theseus s’occupe des alliances internationales désormais. Je me concentre principalement sur les Etats-Unis. »

D’autant qu’il y avait à faire avec l’armée. Seulement, ça, je ne pouvais pas lui en parler. Classé confidentiel.
Le petit-déjeuner se terminait, mais je le laissais finir tranquillement, sans le presser. Mes pensées s’égarèrent un temps, juste pour rassembler toute la confiance dont je pouvais faire preuve afin de l’inviter à dîner. C’était osé. Très osé. Mais Salem me mettait à l’aise, me rendait curieux. J’étais bien avec lui et j’avais envie d’en savoir toujours plus sur lui. Je n’étais pas assez prétentieux pour penser plus loin, je n’osais pas penser à plus loin. Peut-être parce que j’avais peur ? Finalement, je possédais un manque de confiance en moi dans ma vie - mais pas dans ma vie professionnelle.

Un sourire élargit ma bouche à sa réponse. Il était vrai que j’étais plutôt occupé. Je hochais la tête.

« Abeoji, peux-tu me dire quand est-ce que j’ai un soir de libre la semaine prochaine s’il te plaît ? »

Il ne fallut qu’une seconde pour que mon père me réponde jeudi soir et dimanche midi.

« L’un de ces jours t’arrange-t-il ? »

Je me laissais glisser sur la vague de l’audace, le cœur battant à la chamade, la bouche sèche, me reconnaissant à peine. Peut-être étais-je un peu trop présomptueux et confiant ? Peut-être était-ce trop tôt ?
Son téléphone vibra et il se leva pour fouiller dans son sac. J’acquiesçais simplement, ayant totalement oublié quel jour on était. J’avais également des choses à faire en y réfléchissant. Je me levais, glissais la serviette de mes épaules à une chaise. Je me rapprochais du pharmacien, restant à une certaine distance pour ne pas être trop insistant.

« Puis-je avoir ton numéro de téléphone pour te donner l’adresse ? »

C’était mieux si nous devions nous revoir.

« Je suis désolé d’avoir pris de ton temps. Je te remercie… encore une fois. »

Une petite voix dans ma tête me disait qu’il n’avait pas signé d’accord de confidentialité. Qu’il savait où j’habitais. Qu’il savait comment rentrer. Qu’il pouvait vendre ces informations à n’importe qui. Je repoussais cette peur. Salem ne ferait pas ça. Je plaçais une certaine confiance en lui, sans même le connaître, c’était plus que téméraire de ma part - et ça ne me ressemblait pas du tout. Mais mon instinct ne m’avait jamais trompé.

« Si tu dois te dépêcher, je te ferais livrer tes vêtements. Ça ne me pose pas de problème. »

Et il pouvait bien garder mes vêtements… Non. Je ne devais pas aller sur ce chemin.

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Starlight