add some years, build some trust - you start to feel your eyes adjust

Good evening, ladies and gentlemen - and everyone in between. Welcome to the Andrew Cole Foundation Opening Night Gala. My name is Ludvig White, and I would like to thank you all for coming. I am.. thrilled and honored.

Applaudissements. Et puis silence. Ludvig observe la petite foule, en face de lui. Il n’a jamais été bon au-devant de la scène. Ses mains serrent les côtés du pupitre un peu plus, pour se donner contenance, occuper ses doigts. Il sourit, alors que toute l’attention est sur lui, et pose de nouveau son regard sur les lignes écrites de son discours - long, beaucoup trop long - et compliqué - pour lui.

I want to take a moment to share a few words before we get on with the festiva-festivities. The foundation will provide support and resources to those who have served our country. Veterans face unique.. challenges from tran. pause, reprend transitioning from military to civilian life. We will siv-strive to… ensure that veterans receive the con. comprehensive care and assistance they need to..

Les lignes se brouillent, un peu, parce que l’angoisse monte, et que Ludvig n’a jamais été bon en lecture. Il a pourtant tenté de l’apprendre par cœur, mais sa mémoire lui fait défaut face au stress. Tous les regards sont sur lui, le silence est étouffant, et Ludvig a envie de décamper. Il se demande vraiment ce qu’il fout là, habillé comme un pingouin. Il pense à son géniteur, il peut imaginer son rire moqueur retentir dans toute la pièce alors qu’il avait voulu chanter avec sa mère. Les doigts se serrent brusquement sur le pupitre. Il ferme les yeux un instant, puis inspire et quand il reprend contact avec le public, il abandonne le bout de papier sur le côté.

“Listen, I’ve never been good at reading stuff. I’ve never been good at a lot of things really. The truth is that the army knows those things. They take advantage of young people, teens who are struggling, or lost, or have nowhere else to go to. To give them a sense of belonging and.. purpose. and when they are done with them, and they feel broken, they don’t do near enough to help them. Most of the vets, they live in p - pre-ca-rious conditions when they come back. and they’ve given so much for their country. they’ve served for years and they will still be over there for many more years, even if their body is here now. They struggle with PTSD, disabilities, trauma, loss”

Il énumère, un à un.

and after all of this, they struggle to find jobs, to live correctly, to readapt. Sometimes, they also face dis..crimination, sometimes, they also face discrimination while serving in the army. Il y a une pause. Andrew was a great man. He was a great soldier, and a formula 1 enthusiast. He was passionate, had lots of dreams, and was pretty funny. He also wasn’t really hiding his sexual orientation. Lots of people gave him shit because of it. Don’t ask don’t tell, right. it was suppos.edl- they say it was repealed some years ago. but truth is that’s it's still not great and it just- it perpe…tuates the cycle of shame. The Army isn’t being fair with queer people - with people like us.

Ludvig, il exhale, se redresse un peu, comme acculé mais fier, prend quelques secondes pour se reprendre, éviter les regards.

They aren’t being fair with everything and everyone I just talked about. Vets deserve better. their service costs them so much; sometimes, like Andrew, they give their life for it. and the people left behind can only pick up the pieces.

Il inspire, et puis regarde quelques personnes, dans le public- Gigi. Il pense à Marcus, en coulisse, Lou, sur le côtés. Ses parents. I’m not particularly bright. Or even average bright, to be honest when you look at academic stuff. But I have willpower. and I was lucky enough to come back alive. I’m not completely ok, but I’m okay enough. I have a good support system, and a great team for this nonprofit. I wanted to do something. I know people who want to help. I hope that, together, we can help a few people. Anything is better than nothing, and I hope we can do a lot of anything. Thank you

Applaudissements. Ludvig pousse un long soupir de soulagement, à l’abri hors du micro. Avant de se rappeler - revient vers le micro.

Err- just forgot. you can.. mingle and stuff. help yourself with food, it’s really good. And thanks for all your donations tonight. happy to talk to anyone. If there are any technical or details questions, my brother Lou is here - he's the brain

Il l’indique du pouce sur le côté - avant d’enfin fuir cette estrade, enfin. la tête lui tourne un peu. La musique de fond est remise en marche.

Y’a le regard qu’est fixé sur le profil de Ludvig, des encouragements muets qu’on devine dans le léger mouvement de ses lèvres, et puis Marcus qui s’agite, bien caché derrière le rideau des coulisses. A choisir, aucun doute qu’il aurait préféré se trouver face à la scène plutôt qu’ainsi en retrait, mais la décision a été gracieusement cédée quelques minutes plus tôt, jugeant que son partenaire n’avait pas la tête à la dispute. Le pauvre est aussi tendu que le string d'Hyperion, seul derrière son pupitre. Marcus croise les bras pour les décroiser aussitôt, puis se mord la joue lorsque Ludvig se met à buter sur ses mots et que la ligne de ses épaules se hausse à vue d’œil. « C’m’on Vick… » Il a beau l’avoir appris par cœur et répéter son discours nuit et jour depuis des semaines, le trac est un obstacle immense pour le garde-du-corps qui n’a pas l’habitude de s’exprimer devant autant de gens – surtout sur de tels sujets. Marcus a bien conscience de l’importance de ces mots, de cette fondation, de ce moment, alors il ne peut que s’imaginer la pression que s’inflige Ludvig en les prononçant.

Ses yeux de chat scannent la foule brièvement, à l’affût du moindre ricanement moqueur et prêt à s’occuper personnellement du coupable façon ninja dans la nuit au moindre geste suspect. Il en serait parfaitement capable, ni vu ni connu. Suffirait de trouver une excuse pour le bruit de claquement sonore associé à sa téléportation, genre un pétard mal allumé. Ni vu ni connu. Mais Marcus est visiblement trop méfiant car personne ne se moque dans le public ; au contraire, les regards sont attentifs, entièrement à l’écoute. Au premier rang, Gigi a des étoiles dans les yeux et, pas loin, MinHo et Lou se tiennent discrètement la main entre leurs sièges.

Un froissement de papier rappelle l’attention du lémur vers la scène : Ludvig a écarté sa feuille toute gribouillée et part en impro. Marcus retient son souffle en anticipation, entre crainte et ravissement, pour enfin laisser un sourire fier étirer ses joues lorsque le discours prend un tournant plus déterminé. Les mots s’enchaînent avec une fluidité nouvelle et une authenticité qui leur faisait auparavant défaut, faute de confiance. Subtilement, Ludvig s’est redressé dans ses chaussures vernies, sa voix s’est raffermie.

Marcus sent son cœur se serrer lorsque sont évoqués les abus subits par les jeunes militaires – les jeunes comme Ludvig. Il songe aux cauchemars qui le réveillent certaines nuits, la sueur qui perle sur son front et les yeux hagards qui mettent souvent plusieurs minutes à se recentrer sur le présent. Ludvig s’est toujours montré très secret, réservé à propos de ce qu’il a vécu. Marcus a osé demander, quelques fois, sans grand succès ; laissant ses doutes se confirmer au fil des mois. Entendre ce récit de la bouche de son garde-du-corps – de son compagnon – fait remonter un goût amer au fond de sa gorge et une colère sourde dirigée vers des fantômes hors de sa portée.

A la mention d’Andrew – homonyme de la fondation – Marcus esquisse un sourire triste. Il se serait probablement bien entendu avec cet homme. Et puis les yeux qui s’écarquillent quand Ludvig lâche une petite bombe inattendue : à peu près sûr que ce coming out public n’était pas prévu dans le discours original… Marcus se force à refermer la bouche, observant le profil de Ludvig avec un œil nouveau – et fier. Si fier.

Et quand les applaudissements éructent dans la salle, le lémur met un point d’honneur à applaudir plus fort que tout le monde. « Wooooh !! » Ludvig a l’air soulagé et content de lui – as he should – lorsqu’il s’écarte de son pupitre et Marcus doit ronger son frein pour ne pas lui sauter dans les bras avant qu’il ne l’ait complètement rejoint dans les coulisses, à l’abri des regards. « You did so great !! So great ! You’re amazing !! » Y’a un énorme sourire qui remonte jusqu’à ses yeux pétillants et ses bras qui se serrent fort autour de son cou dans une étreinte méritée. Quand il s’écarte à peine, c’est pour attraper le visage de son compagnon à deux mains avant d’écraser ses lèvres sur les siennes sans autre forme de cérémonie, une bulle de joie et un je t’aime au fond de la gorge. Il se retient encore de les prononcer à nouveau de vive voix, ceux-là : pas sûr que Ludvig sache les encaisser. Alors il laisse ses yeux parler pour lui. « And the speech !! You didn’t tell me you had some MLK in ya ! I told you you’re great when you talk with your heart ! Did you hear all the applause ? » Il l’espère, Marcus. Les acclamations sont largement méritées.

Les applaudissements éclatent dans la salle, à peine son discours terminé. Ludvig sourit, de circonstance. Mais à l’intérieur, ça explose. Il y a des murs qui s’écroulent, et le brouhaha des applaudissements est assourdissant. Il ne regarde personne dans les yeux. Il a peur de ce qu’il pourrait y trouver. Dans sa tête, ça tourne, ça tourne et ça tourne. Il ne sait pas quoi penser, comment réagir, à vrai dire il réalise à peine ce qui vient de se passer, les mots qui ont été prononcés, qu’il n’avait pas du tout prévu, ce soir. Il se sent submergé alors, bouleversé par un courage qui l’a pris par surprise, et des mains qui tremblent un peu, maintenant que tout retombe. Ludvig, il pense plus qu’à une chose - qu’à une seule personne. Marcus. Marcus, Marcus. ça se répète, comme un mantra dans son esprit; alors qu’il a l’impression de se retrouver démuni et pas du tout en contrôle. En autopilote, pour faire une courbette, pour franchir les quelques mètres jusqu’aux coulisses, passer les grands rideaux, pour retrouver Marcus.

L’autre homme - son homme - est là, avec un sourire immense, avec cette lueur dans son regard, et les compliments qui pleuvent, et Ludvig se sent gonflé de fierté, de soulagement, de se dire que peut-être, peut-être, il est assez. Un léger rire soulagé qui s’échappe d’entre ses lèvres, rempli d’une fébrilité nouvelle. “Did I?” Il le reçoit dans ses bras, referment les siens dans son dos, et puis le soulève, le fait tournoyer juste un peu et le laisse l’embrasser avec plaisir, fermant les yeux quelques secondes, le cœur cognant avec une force renouvelée dans sa poitrine. Marcus reprend ses compliments, et il se met à rire, toujours nerveux. “Ah. I don’t think I can compare” Il répond alors qu’ils s’éloignent juste un peu. ça tourne encore dans sa tête. Les mains tremblent encore. “I.. think-? I didn’t - I didn't really … take it in” Les mots sont un peu vague, quand les émotions semblent un peu trop fortes et contradictoires. Ludvig, il fait la seule chose que son coeur lui demande pour se calmer, alors. Il se penche, et reprend Marcus dans ses bras. Et il serre. Il serre fort. Longtemps, pour s’apaiser, pour se calmer. Et ça marche, dans la familiarité et la chaleur de l’étreinte tant aimée - les muscles se relâchent, la tension disparaît lentement. Les yeux fermés, Ludvig soupire, inspire, rassuré par l’odeur caractéristique de Marcus. Le rythme cardiaque se tranquillise peu à peu.

“I really did that- did I?” Il demande enfin, un peu plus calme, alors qu’il finit par le lâcher. Il lui sourit alors Ludvig - franchement, et avec un espoir nouveau. Et il l’embrasse encore, un peu enhardi, sans même faire attention à ce qu’il se passe autour d’eux - ils sont en coulisses, ça devrait aller. Il reprend ses esprits, un peu. Se redresse, inspire lentement, non sans lâcher une des mains de Marcus dans la sienne. “You think that was good enough to convince people to donate? I can’t even recall what I said properly. Except- that”

Ludvig a l’air secoué – l’adrénaline qui redescend d’un coup sans doute – mais au moins il a le sourire. Y’a cette lueur enfantine qui fait pétiller ses yeux clairs et cette incertitude adorable qui remplace le stoïcisme inébranlable qui le caractérise habituellement dans sa profession. Marcus a une boule de chaleur qui gonfle et gonfle dans sa poitrine – de la fierté, immense, incomparable, et ce qu’on ne pourrait qualifier autrement que de l’amour, omniprésent. Ça le prend à la gorge, soudainement. Ça en serait presque terrifiant s’il avait la moindre capacité à l’inquiétude, présentement. Le lémur glousse de bonheur lorsque Ludvig le soulève de terre pour le faire tournoyer en l’air et ne cesse de sourire en embrassant ses lèvres avec une urgence euphorique. Il a juste envie de le féliciter pendant des heures et de le noyer sous les compliments ; après tous ces doutes et ces larmes qui ont mené au lancement de la fondation, ce sont des semaines d’efforts qui culminent en ce moment précis. Et Marcus est fier, si fier. « You’re so handsome, by the way. » qu’il lâche même en faisant courir sa main entre les boucles dorées, le regard pétillant d’amour. Probablement la centième fois de la journée qu’il le lui répète mais il s’en fout. C’est la vérité, et Ludvig mérite de l’entendre encore une centaine de fois.

Un éclat de rire aux mots incrédules du boxeur, les émotions qui débordent dans ce tableau si inhabituel pour le viking qu’il connait si bien. Ça lui va bien, cet air gamin. Et puis Ludvig qui se penche à nouveau pour l’étreindre. Loin de lui déplaire, le geste le comble de bonheur et Marcus se laisse couler dans les bras de Ludvig, montant sur la pointe des pieds pour se caler dans le creux de son cou. « There there, big guy. You did great. Take it in. » Marcus hume son contentement, ses doigts caressant distraitement entre les mèches bien coiffées. « I’m really proud of you. » Aussi naturellement qu’il affirmerait que le ciel est bleu ou que l’eau mouille, aucune hésitation ne perturbe la voix du lémur qui a fermé les yeux à son tour, se perdant dans les sensations purement Ludvig : la fermeté de ses bras autour de son torse, l’odeur familière dans son nez, la chaleur contre son corps. Y’a une petite pointe de regret lorsque l’homme finit par s’écarter, mais Marcus n’a pas perdu son sourire.

Le second baiser lui fait un peu tourner la tête, fait naître l’envie d’entraîner son amoureux loin d’ici et de profiter de sa chaleur rien que pour lui jusqu’au lendemain… jusqu’à ce que la raison le rappelle à l’ordre. « I think that if someone isn’t convinced in there it means they’re lacking ears and-or a heart, which is a bigger problem that we can’t do nothin’ about. » assure-t-il avec effronterie, serrant la main contre la sienne. Il va sans dire que Marcus fera de sa mission de la soirée celle de convaincre tous les invites présents de mettre la main au porte-monnaie pour soutenir la fondation – même s’il a le sentiment que ce ne sera pas nécessaire, après ce discours. « I’m not worried about donations at all, everything you said was perfect and authentic – which was the point, right ? » Sa main libre qui s’attache autour de son bras pour y masser les muscles à travers le tissu. Marcus hésite, pince les lèvres. « Well you did come out at one point, sorta kinda. Did you… mean to do that ? » Non pas que ce soit une mauvaise chose, loin de là, mais connaissant Ludvig et sa propension à vouloir tout garder secret – en commençant par leur relation… erhm – ce ne serait pas étonnant que la révélation ait été faite sous le coup de l’émotion. Le principal c’est qu’il ne la regrette pas.

Ludvig a déjà reçu ce genre de compliments sur son physique, bien sûr, pendant les soirées ou au bar, mais cela n’a jamais eu cette saveur. Et surtout, jamais il ne l’a entendu avec autant de tendresse, chargé de tant de choses autres qu’un simple handsome. Pourtant il rétorque instinctivement dans la plaisanterie, sans doute un peu gêné, et puis toujours submergé par les quelques minutes précédentes devant tant de gens, lui qui cherche plutôt à fuir l’attention. “I look like a penguin or something” Il grimace en tirant sur sa veste de costume, il se sent serré, là-dedans, c’est terrible. Mais il est encore sous le contrecoup de son discours, Ludvig, alors il le prend dans ses bras aussitôt après, pour une étreinte rassurante et nécessaire. Les compliments pleuvent encore, et le garde du corps s’en trouve troublé, fier aussi, et puis ému. Il y a tant de certitude, dans les mots de Marcus, il peut la ressentir et ça lui fait un bien fou, étouffe un peu son estime de lui-même déplorable et tous ses doutes.

Il resserre l’étreinte, voudrait se fondre contre lui mais le lieu ne s’y prête pas, et puis, il y a tant de choses à faire encore, tant de choses à faire, et des choses à dire, encore, après ce discours d’ouverture. Il y a encore quelques doutes, à dissiper, et Marcus est rapide à les balayer de quelques mots, et Ludvig- ça le rassure, il s’y accroche, sait que Marcus dirait les choses, si elles n’étaient pas vraies. Et pourtant - pourtant, au fond de lui, tout n’est pas encore évident. Mais ce soir-là, il choisit d’y croire un peu plus fort. Il hume un peu, garde une main dans le bas du dos du lémur, le garde proche de lui. “They did applaud a lot..” Il marmonne, se remémorant les dernières minutes. Il hoche la tête. “i didn’t want to say some bullshit” Parler avec le coeur, Gigi lui a dit, souvent. Il a essayé.

La conversation tourne un peu - et peut-être qu’il a tant parlé avec le cœur, Ludvig, qu’il s’est laissé aller, un peu trop. Il y a eu des mots prononcés, une vérité avouée sans qu’il ne l’ait planifiée le moins du monde. Il pince les lèvres, penche un peu la tête, secoue la tête. “not it just-... got out” la chose est un peu impressionnante, alors qu’il en prend pleinement conscience, alors qu’il réalise que toute cette foule, au dehors, elle sait, maintenant. Il se redresse, un peu embarrassé, une main sur sa nuque qui frotte un peu. “But it was about time, I guess?” Il en plaisante un peu. L’auto-dérision, Ludvig connaît beaucoup. Il en a trop utilisé par le passé, sans doute pour cacher un mal être et se préserver - si ça vient de lui-même, c’est plus simple à gérer. Il lui sourit, alors Ludvig, parce qu’il en faut plus pour le mettre KO, ce soir, et puis prend son visage entre ses mains et l’embrasse de nouveau. Une fois, et puis deux, rapidement. “I want to be proud of that” Il sait bien qu’il a encore beaucoup de choses à déconstruire, mais c’est un grand pas, déjà. “and people don’t have a say in that anyway” il fait un geste de la main, pour balayer la chose. Un soupir, alors, alors qu’il l'attire contre lui, un bras autour de ses épaules. Il hume. “i wish i didnt have to go mingle right now so we could leave already” Il ressent le besoin d’être seul avec lui, à cet instant. “you know. you look really good, too." le compliment est maladroit, mais sincère - toujours. "Don't charm the old rich dudes too much"

'Faut croire que Ludvig a décidé de le surprendre, ce soir. Bien que son embarras adorable lui donne l’air plus jeune qu’il ne l’est, Ludvig confirme ne rien regretter de sa déclaration. Marcus ne pourrait être plus heureux. Ses yeux pétillent alors que l’homme l’embrasse encore et encore. « That’s good. » Pas si lointaine l’époque où le lémur aurait pris un faux air vexé en ajoutant un audacieux tu devrais. Tu devrais être fier, de toi, de moi, de ton petit-ami, tu ne devrais pas vouloir le cacher. Reflexe qu’il garde encore, éternel effronté, mais qu’il garde aujourd’hui en arrière-plan pour ne pas teinter le moment. Parce qu’il commence à comprendre, petit-à-petit, que les insécurités de Ludvig vont plus loin que ça, qu’elles sont plus profondes, et que la moindre once de fierté exprimée est à célébrer. Enveloppé dans la chaleur des bras de Ludvig, Marcus lâche un soupir content, profitant de ne pas avoir mis de fond de teint pour frotter sa joue contre son torse musclé. « Damn right they don’t. » Qu’ils osent, même. Marcus n’en ferait qu’une bouchée.

« Tired of the showbiz life already ? » taquine-t-il avec un sourire amusé. Aussi séduisante que soit l’idée de s’enfuir en abandonnant la réception dès maintenant – probable que Lou saurait même s’en sortir sans son frère – trop d’efforts ont été produits dans son organisation pour y céder. Et puis, Ludvig le regretterait. Mais au moins, ça lui donne une idée de ce que ça fait de devoir subir les galas interminables d’Icarus. A son compliment, Marcus se redresse et ne cache pas son plaisir, fier comme un paon. Il a beau entendre des compliments d’inconnus à longueur de journée, aucun n’a la saveur de ceux de Ludvig, aussi radin en la matière soit-il. « Thank you~ » Sa tenue a été choisie avec soin pour faire honneur à l’événement : avec plusieurs heures d’hésitation, Marcus a jeté son dévolu sur un pantalon crème en toile fluide, taille haute, assorti à un haut à strass qui lui découvre les bras. Il a ensuite remonté ses cheveux en chignon élaboré, quelques tresses discrètes attachées sur le côté, et maquillé légèrement ses yeux d’une ombre cuivrée. Rien de trop extravagant selon ses propres critères, mais suffisamment pour faire tourner les têtes – enfin, une en particulier. « Even if that means a few extra bucks for the foundation ? » qu’il minaude avec malice, connaissant déjà la réponse. « I’m kidding. I’ll be on my best behavior, promise. » Avec un sourire, Marcus s’écarte juste assez pour tirer un peu sur le col de Ludvig, l’incitant à se pencher afin de pouvoir l’embrasser à nouveau. Il hume de contentement, profitant de ces derniers instants de relative solitude. Les invités attendent. « As much as I want to keep you all to myself, you should go talk to Lou and Gigi. They’ll want to congratulate you on your speech. » A regret, le lémur lisse la chemise sous son nez avant de faire un demi-pas en arrière. Il lui aurait bien proposé de l’accompagner, misant sur l’euphorie du moment pour que Ludvig oublie les regards et les sous-entendus qu’une telle action pourrait entraîner, mais il se retient. Baby steps.

Ludvig, il n'est habituellement jamais fier de lui. C’est pas dans sa nature, y a trop de trucs imprégnés jusqu’au plus profond de lui pour ce que ça soit le cas. Des trucs sales, des trucs haineux, des trucs qui le font se tourner et se retourner dans les draps et que le sommeil ne vient pas. Toujours faible, toujours avec un train de retard, toujours en échec, toujours en dessous des autres, à désespérément essayer de les rattraper sans y parvenir. Alors le moment est précieux. C’est parce qu’il a une famille qui l’aime, et Marcus, là, qui lui donne du courage pour s’affirmer un peu plus. Sa relation avec Marcus, ça, oui, il en est très fier. Mais ça va aussi avec des craintes terribles de tout foirer, comme d’habitude, et que Marcus réalise qu’il a rien à foutre avec lui, et qu’un jour tout cette belle idylle s’écroule. C’est trop beau pour que ça lui arrive à lui, ce genre de trucs.

Mais aujourd’hui, Ludvig veut pas écouter les petites voies intempestives. Il veut juste profiter. Il veut juste être heureux du moment, être heureux avec Marcus dans ses bras, et puis être fier de cette fondation, même s’il ne l’a pas fait tout seul, même si c’est Lou, celui qui est vraiment au commande. Mais il a fait un discours impactant - il croit, un peu? Il y avait beaucoup d’applaudissements. Et il a fait quelque chose d’important. Il s’est assumé. Alors, Ludvig prend quelques secondes pour être fier. Pour être heureux.

Mais émotionnellement, cela lui a demandé beaucoup, et maintenant, Ludvig n’est pas vraiment d’humeur à aller se fondre dans la masse, à sourire et faire des courbettes et être mal à l’aise à des questions qu’on lui posera. Après tant d’efforts, il voudrait juste se sentir dans un endroit familier, où il se sent bien, et pourra se détendre complètement. Et ça, ça veut dire passer la soirée avec Marcus. Evidemment, la question est rhétorique, parce qu’il ne compromettra pas la soirée pour laquelle il a tant travailler. Mais vraiment, il sait que sa patience sera mise à rude épreuve, ce soir. S’il le pouvait, il garderait Marcus près de lui. “hm. it’s exhausting”

Et il sait aussi que c’est quelque chose que Marcus souhaite. Mais le sujet est délicat, ce n’est pas le bon moment, et Ludvig, il sait pas quand ça le sera. La chose lui paraît très insoluble. Heureusement, Marcus lui fait grâce d’une quelconque protestation, ce soir, et il lui en est reconnaissant. Ce n’est pas le plus important, ce soir, et Ludvig veut vraiment que tout se passe bien. A la place, Marcus répond à sa provocation en plaisantant, et les mots à vrai dire ne lui plaisent pas, même dans une blague, et il s’offusque un peu dans un grognement. “yes!!”

En plus, Marcus est superbe ce soir (il est superbe tout le temps) alors vraiment ça aide pas. Heureusement il confirme sa plaisanterie et Ludvig se détend dans un sourire, se penche en suivant le mouvement pour l’embrasser lui aussi - un baiser qui traîne un peu, c’est dur de le quitter, ce soir. Une moue embêtée, aux mots du lémur. Il sait bien qu’il a raison, mais a envie de traîner un peu les pieds pour y aller. Il finit par inspirer, et hoche la tête. Ses doigts sur ses hanches, difficile de le laisser partir. “You’re right.” Il l’embrasse encore. Et puis l’embrasse sur la mâchoire, et sur la peau juste en dessous de son oreille, là. “i think i cant wait to be home alone with you if you truly are on your best behaviour tonight” Les doigts s’égarent légèrement sur sa ceinture - le souffle chaud contre sa peau, un nouveau baiser, avant d’afficher un sourire, et de rejoindre les White sans doute à l’attendre un peu plus loin dans la pièce principale.

Un frisson qui le parcourt tout entier de la nuque jusqu’à la pointe de la queue lorsque les lèvres de Ludvig s’attardent sur la petite zone en-dessous de son oreille, les mots murmurés avec chaleur contre la peau délicate. La suggestion lui plaît. Beaucoup. De quoi distraire son imagination le temps des prochaines heures. Marcus exhale et sourit, plantant une canine dans sa lèvre inférieure. « You won’t be disappointed~ » Un souffle au creux de son oreille, porteur de promesses, avant que les corps ne s’écartent à contre-cœur. Le devoir qui appelle. Ses doigts exercent une dernière pression affectueuse autour du bras de Ludvig avant de le laisser s’éloigner, l’œil pétillant.

Marcus décide de rester un moment en coulisses, à observer le boxeur rejoindre ses frères : le bout de ses oreilles est encore rougi et un sourire embarrassé fleurit sur son visage lorsque Lou lui offre une vigoureuse claque sur le bras en guise de félicitations. L’image fait sourire le lémur alors qu’une agréable chaleur lui enveloppe la poitrine. Son regard se porte ensuite sur le reste de la salle où les invités se sont mis à discuter en petits groupes, coupes de champagne à la main, et il se demande à partir de quand est-il autorisé à faire son entrée sans que Ludvig n’estime que ce soit suspicieux – imaginer une réponse lui fait métaphoriquement rouler les yeux au ciel. Oh well. S’il ne sort pas directement des coulisses, il n’a rien à craindre, pas vrai ? Eh. Après une dizaine de minutes à piétiner, Marcus repère un coin prêt du fond de la salle et relativement dégagé… tentant. Y’a le bout de sa queue qui se met à onduler comme celle d’un chat ayant repéré une connerie à faire.

Ça fait quelques petites semaines que Marcus parvient à contrôler sa déchirure de téléportation – du moment qu’il est concentré, pas fatigué, pas trop stressé ou ému pour X ou Y raison… il gère. Et franchement, quel pied ce serait d’apparaître en fanfare au milieu des invités ! Avec un peu de chance, y’en a un ou deux qui s’étouffe de surprise sur son mini toast au saumon. Ce serait fabuleux. Ce n’est pas comme si sa mutation était un secret après tout – et vraiment, même si c’était le cas… La décision est terriblement rapide à prendre. Après un dernier regard en direction des frères White, Marcus ferme les yeux, inspire et… disparaît dans un bruit de claquement sonore pour réapparaître quasi-immédiatement une centaine de mètre plus loin, entre une dame en robe verte et un monsieur à barbe qui – ô comble du bonheur – se plie en deux pour tousser sa gorgée de champagne avalée de travers. Fier comme un paon, le lémur se retient de ricaner et fait comme si de rien n’était, attrapant la conversation au vol avec un professionnalisme aussi naturel que déroutant.