Echec à la Reine (PV Darius)

Echec à la reine

@Glenda Jenkins et @Darius Sinclair
TW : aucun (pour le moment)

C'était une longue journée qui était sur le point de prendre fin. Glenda n'avait particulièrement été fan de ces événements, ces conventions et autres tournois où elle n'était, au final, que le prix à remporter, rien de plus qu'une animation supplémentaire. Et pourtant, elle continuait à y participer, malgré le sentiment d'amertume que cela pouvait lui inspirer, malgré l'ennui qu'il en ressortait généralement. Dans l'espoir que, peut-être, un jour, un de ces événements puisse la distraire davantage...

Cela devrait être l'opportunité parfaite pour créer des connexions, ces lieux réunissant des personnes reliées par le même amour pour le jeu, mais Glen s'était habituée à être déçue. A être confrontée à une stupidité qui ne devrait pas avoir sa place dans un tel milieu. Des hommes profondément arrogants, sans le bagage intellectuel pour se le permettre. Des femmes qui se battaient entre elles pour faire leur place dans cet univers qui les méprisait. La lie de l'humanité, vraiment.

Et pourtant, la voici à participer à l'animation de cet événement, attendant son heure, promise qu'elle était au vainqueur. C'était un match contre elle qui se jouait, pour des personnes dont le classement ne leur permettrait pas de la croiser en tournoi. Glenda avait rarement eu l'opportunité de trouver un adversaire intéressant, à défaut d'être à sa hauteur, dans ces tournois clinquants.

Ce jour faisait partie de ces rares exceptions. Le gagnant, Darius Sinclair, était certainement quelqu'un qu'elle s'était plu à affronter. L'homme avait quelque chose... d'intense. De différent. A tel point que Glenda s'était surprise à vouloir faire durer l'instant davantage, quitte à ne pas saisir à de multiples reprises l'opportunité de gagner.

Jouer aux échecs était une excellente manière d'apprendre à connaître quelqu'un. Et ce qui lui était donné de voir avait inspiré à Glenda l'envie d'en découvrir plus encore. Malgré cela, Glen n'accorda pas à son adversaire la grâce d'une victoire. Echec et mat, après une partie bien plus longue qu'elle n'aurait dû l'être. Un match diablement intéressant, avec un partenaire plus stratège et habile qu'elle ne l'aurait imaginé.

Glenda lui serra la main, sourire aux lèvres. Leur prochaine interaction ne laissa aucune place à la timidité ou à l'hésitation, puisque la championne d'échecs s'empressa de faire savoir à Darius, d'un ton qui n'avait clairement rien d'une demande :

"Je vous invite à boire un verre. Vous l'avez mérité, après tout."

L'évènement avait pris place à l'hôtel "The Hyperion", un lieu parfait pour prolonger cette rencontre inattendue, et laisser le reste de la soirée et de la nuit décider de leur destin. Une conversation autour d'une coupe de champagne, pour commencer. Glenda avait pris place sur l'un des élégants canapés du lounge de l'hôtel, invitant Darius à en faire de même.

"C'est dommage, vous n'étiez pas si loin de la victoire. Vous avez malheureusement mordu à l'hameçon face à un sacrifice d'attraction. Ce n'était ensuite plus qu'une question de quelques coups avant que votre roi ne se retrouve piégé."

Glenda prit une gorgée de champagne, ne quittant que brièvement l'homme du regard. Elle avait pris beaucoup de risques lors de cette partie, qui auraient pu lui coûter sa victoire tout autant que sa dignité. Ce n'était pas quelque chose que Glenda faisait habituellement, elle qui préférait ne pas prolonger inutilement une conclusion inexorable, mais le défi l'avait amusée, tout comme le potentiel qu'elle avait décelé chez Darius.

L'homme pourrait probablement être titré par la Fédération, s'il se consacrait pleinement au jeu. Ce qui ne devait pas être dans ses plans. Rares étaient ceux qui, comme Glenda, avaient les moyens de s'investir entièrement dans ce domaine. Un privilège indéniable.

"C'est la première fois que je vous croise, Darius. Êtes-vous un habitué de ce genre d'événements ?"

Peut-être n'évoluaient-ils simplement pas dans les mêmes cercles. Ou peut-être n'avaient-ils jamais eu l'opportunité de se remarquer, de se parler. C'était chose faite aujourd'hui.

Echec à la reine

@Glenda Jenkins et @Darius Sinclair
TW : aucun (pour le moment)

Plus encore qu'un gagnant, Glenda savait apprécier un bon perdant. Quelqu'un qui pouvait reconnaître une défaite lorsqu'elle était juste, et qui ne cherchait pas à se dérober inutilement de l'inévitable. Combien étaient-ils, ceux qui avaient refusé de lui serrer la main, qui avaient argué qu'elle avait tenté de les "distraire" avec ses "charmes" ? Stupides, tous autant les uns que les autres. Si la vision d'une femme maquillée et apprêtée était suffisante pour les détourner du jeu, Glenda ne pouvait rien faire pour ces abrutis.

Mais Darius avait été un parfait gentleman, et recueillait ses conseils avec une humilité qui avait quelque chose de rafraîchissant. Peut-être même séduisant. Mais il était encore trop tôt pour décider si ce verre partagé les mènerait à davantage qu'une simple conversation. Glenda ne se fermait aucune porte. La championne eut un sourire amusé lorsque Darius reconnut qu'il n'avait pas vu venir son appât. C'était une question de mesure. Sacrifier sa reine à ce stade aurait été trop évident. Mais son dernier cavalier ? C'était bien plus envisageable.

"Ne vous en blâmez pas, Darius. C'est une erreur on ne peut plus commune. Certains la commettent même volontairement, en vue de retourner la situation. Mais je ne m'attends pas à une telle stratégie dans un tournoi d'amateurs."

On aurait pu déceler du mépris dans les propos de Glenda, mais la championne se contentait d'énoncer la vérité telle qu'elle la concevait, sans s'inquiéter un instant de blesser des egos. Elle n'avait jamais été du genre à se préoccuper de ce genre de choses, une perte de temps à ses yeux. Et son petit doigt lui disait que Darius était tout à fait capable d'encaisser ses constats, tout comme il l'avait fait de cette défaite. Et si ce n'était pas le cas, Glen pourrait toujours s'arranger pour écourter la soirée.

Guidée par la curiosité, elle s'était intéressée à Darius, qu'elle n'avait jamais rencontré jusqu'alors. Sa réponse confirma que l'homme n'était pas vraiment un habitué de ces conventions, et qu'il n'était là que pour remplacer son ami. Glenda émit un léger sifflement admiratif lorsque Darius lui confia avoir fait la promesse de se rendre en finale pour l'affronter. Le moins qu'on pouvait dire, c'était que cet homme savait tenir sa parole.

"Je suis désolée pour votre ami, Darius. Peut-être viendrais-je à le croiser à une autre convention ?"

Glenda n'hésita guère, avant de tirer de sa poche un prospectus légèrement froissé de la convention, ainsi qu'un stylo. Elle s'empressa d'y apposer son autographe, tendant le tout à Darius :

"Vous pourriez peut-être lui donner cela ? Si votre ami est aussi bon perdant que vous pouvez l'être, je serais ravie de lui donner sa chance lors d'un prochain événement. On ne s'améliore jamais autant qu'en se confrontant à une personne que l'on ne peut défaire. J'en sais quelque chose."

Même si Glenda préférait parler de ses accomplissements, elle n'avait pas obtenu son titre sans casser quelques œufs au passage. Il lui avait fallu s'accommoder de son ego blessé et s'acharner dans l'adversité, jusqu'à ce qu'elle puisse battre ceux qui l'avaient vaincue, jusqu'à ce qu'elle puisse s'élever au-delà de ce dont on la croyait capable. Apprendre à perdre était une part essentielle de l'expérience du joueur d'échecs, afin de parfaite sa stratégie et ses capacités d'adaptation.

Prenant une gorgée de sa coupe de champagne, le regard de Glenda restait focalisé sur son interlocuteur, tentant de le lire comme elle pourrait le faire d'un échiquier, de discerner toutes ses subtilités. L'humain était autrement plus complexe que le jeu, mais cela n'empêchait pas la championne de s'essayer à l'exercice.

"Effectivement, vous êtes un homme de parole. C'est une promesse risquée que vous avez fait à votre ami. Enfin, cela me semble cohérent avec votre jeu. Et on ne peut plus honorable. Je préfère un adversaire qui n'hésite pas à avancer malgré les périls, plutôt que celui qui ne cesse de reculer dans l'espoir de minimiser les pertes. Croyez-moi, cela peut donner lieu à des parties interminables."

Un léger rire. Glenda avait la parole facile, et quelque chose chez Darius encourageait cela plus encore. Peut-être le fait qu'il semblait réellement s'intéresser à ce qu'elle pouvait dire...

"Si vous ne consacrez pas votre vie aux échecs comme je peux le faire, qu'est-ce qui peut bien vous motiver, Darius ? Je vous suppose au moins relativement aisé, ou la perspective d'une coupe de champagne achetée ici vous aurait fait reculer."

Ce qui n'avait pas semblé être le cas, du peu qu'elle avait pu observer de lui.

"Je pourrais tout à fait vous payer ce verre, Darius, si vous en aviez le besoin. J'ai le sentiment que ce n'est pas là ce qui froisserait votre ego, contrairement à bien des hommes, joueurs ou non, que j'ai pu fréquenter."

Est-ce qu'elle le testait ? Peut-être un peu. Glenda aimait titiller les personnes auxquelles elle s'intéressait, curieuses de leur réaction. On l'avait parfois comparée à l'enfant qui ne peut s'empêcher de tâter une ruche avec un bâton, et Glenda ne pouvait pas vraiment s'opposer à cette vision d'elle-même. Glen était tout bonnement incapable de résister à la tentation lorsqu'elle se présentait à elle, quitte à devoir en assumer les risques et conséquences. Mais si Darius correspondait à l'idée qu'elle se faisait de lui, il ne se vexerait pas de si peu...

Echec à la reine

@Glenda Jenkins et @Darius Sinclair
TW : mention de divorce

L'ami inconnu de Darius semblait être un grand fan. Glenda n'était pas certaine de savoir si elle trouvait cela touchant ou préoccupant. Les deux, probablement. Il était plus que tentant de se faire déjà une première impression sur l'homme, mais Glen s'efforça de se restreindre, ne serait-ce que par respect pour Darius, qui s'exprimait avec une affection notable au sujet de l'inconnu. Ses murs étaient toujours relevés par réflexe, un mécanisme de défense ancré dans son être depuis son plus jeune âge, en particulier envers la gente masculine.

Au fur et à mesure de la conversation, il devenait évident que, malgré le fait que Darius gagnait progressivement son estime, ses défenses demeuraient dressées, une barrière faite de piques tranchantes, pour tester la résistance de son interlocuteur, pour se préserver s'il n'était sincèrement pas le gentleman qu'il n'était pas censé être, s'il n'avait pas la patience nécessaire ni le répondant pour la fréquenter un peu plus durablement.

D'aucuns parleraient d'une forme d'auto-sabotage, mais Glenda préférait y voir une stratégie nécessaire. Il était plus facile pour la championne d'échecs de considérer un tel trait comme une force plutôt qu'une faiblesse potentielle.

Désireuse de satisfaire sa curiosité, Glen avait demandé à Darius ce qu'il pouvait bien faire de sa vie, mais l'homme tenait visiblement à conserver ses mystères, ce qui n'était pas pour lui déplaire. Glenda aimait les challenges, et deviner le jeu de son adversaire était définitivement une épreuve à laquelle elle s'adonnait joyeusement, peu importe le domaine.

Médecin, disait-il. Mais pour des associations à but non lucratif, ce qui n'était définitivement pas la raison pour laquelle il était capable de boire en ces lieux sans défaillir face aux prix de chaque consommation. Un héritage familial, peut-être ? Après tout, Glenda elle-même avait bénéficié de la situation financière privilégiée de Papa/Maman avant de pouvoir tenir seule sur ses deux jambes.

"Un noble sacerdoce, Monsieur le Docteur. Pas exactement de ceux qui nous comblent de richesse, n'est-ce pas ? D'une richesse pécuniaire, tout du moins."

Glenda n'insista pas davantage. Elle savait attaquer à loisir, mais le Grand Maître savait aussi quand se retirer. Il ne lui était pas primordial à l'instant de connaître tous les détails de la mystérieuse vie professionnelle de son interlocuteur. Darius, lui, avait choisi de la complimenter, et Glenda mordit volontairement à l'hameçon, appréciant toujours une occasion de flatter son ego qui n'avait rien de modeste. D'autant plus que l'homme savait manier ses mots...

"Je ne suis jamais contre la célébration de ce genre d'occasions. En particulier en agréable compagnie."

Parce que Darius était agréable, oui. Respectueux, courtois, avec juste ce qu'il fallait de charme pour attiser son intérêt au-delà du jeu qu'ils avaient partagé ensemble. Pourtant, les défenses demeuraient. Ce besoin de tester l'ego de l'homme, une certaine provocation qui lui permettait de conserver le pouvoir, le contrôle. S'il venait à se vexer et à écourter la soirée, ce serait parce que Glenda l'avait titillé pour qu'il agisse de la sorte. Elle ne serait ni surprise, ni déçue, et encore moins blessée. Et s'il restait...

Ses mécanismes de préservation avaient été toutefois perçus tels quels par Darius, qui lui fit part d'une compassion dénuée de cette pitié qu'elle aurait rejeté. Il y avait quelque chose de désarmant dans la manière dont il percevait et respectait ses défenses, quelque chose qui la poussa à admettre, avec un sourire aux lèvres :

"Les échecs sont un univers profondément misogyne. La plupart des joueurs me perçoivent comme une menace. Y compris mon ex-mari."

Avec un air mutin, elle releva son annulaire, sur lequel une fine trace laissait deviner l'absence d'une alliance trop serrée. Une fois le divorce prononcé, elle avait dû faire briser le bijou pour pouvoir s'en défaire. Cela avait eu quelque chose de particulièrement cathartique, peut-être même plus encore que la dernière victoire qu'elle avait eu sur son ex-partenaire, celle-là même qui avait convaincu l'homme de la quitter.

Glenda ne regrettait nullement la triste fin de leur histoire. Mais elle s'en voulait malgré tout de ne pas avoir su voir que l'amour qu'il lui vouait était conditionnel. Tant qu'il pouvait se convaincre qu'il valait mieux qu'elle. Mais Glen avait appris de ses erreurs. D'où ses mécanismes de défense. C'était pourtant avec une étrange facilité qu'elle se retrouvait à évoquer ce genre de choses, non sans un certain humour et une forme de détachement. Peut-être une autre manière de se préserver.

La question qui avait suivi avait permis à Glenda de rebondir sur un sujet moins vulnérable. La championne termina sa coupe, la déposant sur la table basse qui se trouvait à proximité, rajustant sa tenue et ses cheveux dans une tentative inconsciente d'occuper ses mains, avant d'offrir à Darius une réponse :

"J'y ai joué presque toute ma vie. Aussi longtemps que je puisse m'en rappeler. Mon tuteur m'avait enseigné le jeu pour motiver mes capacités intellectuelles, et ce fut la meilleure chose qui puisse m'arriver. Un déclic qui a donné sens à tout."

Glen était incapable de s'imaginer une existence en-dehors du jeu. Cela reviendrait à retirer un pan entier de sa personnalité. Cela devrait probablement la préoccuper, ne serait-ce qu'un peu, que les échecs puissent occuper une telle place dans sa vie, mais Glenda, une fois de plus, préférait voir cela comme un atout. Elle était particulièrement bonne dans ce domaine, après tout. Pourquoi explorer d'autres chemins, quand celui-ci lui convenait tout à fait ?

"Pour être honnête, j'ai bénéficié de la fortune familiale. C'est cette éducation privilégiée qui m'a permis de me consacrer entièrement au jeu, sans avoir à m'inquiéter d'un travail, d'un loyer, ou que sais-je encore. Loin de moi l'idée de nier mon talent, mais un diamant brut n'a rien de précieux s'il ne peut être taillé dans les bonnes conditions."

Auprès d'un autre, Glenda ne se serait probablement pas aventurée sur ce sujet. Mais Darius, avec sa prévenance et son ton direct, l'inspirait à abaisser un peu plus ses défenses. A partager ses vérités, sans ressentir le besoin d'en rire, ni de s'en servir comme une arme affûtée.

"Les échecs nourrissent ma cervelle tout autant que mon ego. Et vous, Darius ? Trouvez-vous quelque chose de similaire dans la médecine ?"

Glen n'oubliait pas de revenir à son interlocuteur, de lui renvoyer l'intérêt qu'il pouvait témoigner. Qu'il choisisse ou non de dévoiler ses mystères, Glenda lui ouvrait certainement la porte pour qu'il en ait la possibilité.

"Peut-être faites-vous partie de ces altruistes purement guidés par les idéaux du serment d'Hippocrate ? Après tout, vous travaillez pour des associations. Et, comme vous le dites si bien, vous faites une différence dans la vie de personnes en difficulté."

Un clin d’œil plus tard, Glenda ajouta malicieusement, entre plaisanterie et une première tentative remarquée de flirt :

"Peut-être ferez-vous une différence dans la mienne ?"

Se définirait-elle comme une personne en difficulté ? Probablement pas. Mais une femme difficile ? Compliquée ? Très certainement.