i miss us (tidragon#2)

Un bourdonnement. Il y a un bourdonnement ; comme le bruit de la radio incapable de capter une station, comme le bruit d’un moustique qui ne fout pas le camp. Tiny n’entend que ça. Il a quitté le van depuis quelques minutes, a rejoint la station de métro la plus proche et s’est assis sur un banc.
Tiny, il ne réalise pas. Les messages, la voix de Komo, ses mots.
Il entend encore son sanglot, par contre.
C’est un peu plus fort que le bourdonnement, ça. Ça reste sur le coeur comme un poids dont il ne se défait pas, Tiny. La gorge est serrée et le noeud ne disparaît pas.
Tiny, il n'a jamais aimé entendre Komo pleurer. Ce n’est pas arrivé souvent, trop rarement pour être compté sur tous ses doigts, mais les quelques fois ont été suffisamment, toujours, pour Tiny. À chaque fois, il s’est dit qu’il ne voulait pas l’entendre de nouveau.
Tiny, il veut entendre son rire depuis des mois. Loin des écrans, loin de ses vidéos ou ses lives. Un rire qu’il a fait naître, lui.
À la place, il a entendu un sanglot. Il a entendu un pleurs.
Il a entendu son coeur se briser, surtout.
La voix cassée annonce la station de métro ; Tiny lève les yeux, observe les gens qui descendent, ceux qui montent. Il regarde les visages, les silhouettes.
Une personne, deux personnes. Un homme fatigué, un couple qui ricane bêtement.
Et Komo.
Komo est là.
Tiny, il voit qu’un bout de son visage, rien du tout même. Mais il le reconnaît. Il le reconnaît.
Comment ne pas reconnaître son coeur ?
Il l’entend battre, fort.
C’était donc ça, le bourdonnement ?
Les portes se ferment, derrière Komo. Il est dans le wagon, maintenant. Tiny ne parle pas, le fixe encore. Peut-être est-ce ça. Peut-être que depuis des mois, il le cherche du regard partout, constamment, sans savoir où le trouver, vraiment.
Il pince les lèvres, Tiny. Son hoodie est sombre, vieux et mince, troué. Il fait froid ; l’hiver n’existe pas en bas, mais ici, il sent les courants d’air. Un wagon se remet en marche, abandonne l’hiver, retourne dans la noirceur de l’Under.
Tiny lève la main, cachée sous sa manche. Juste les doigts sont visibles ; il fait un signe, léger. Et baisse les yeux.
Il baisse les yeux.

Le coeur bat aussi fort que le tonnerre ; les pensées sont écrasées, effacées, oubliées. Tiny, il fixe le peu qu’il voit de ses propres doigts, il laisse ses souvenirs au passé et ne veut pas lever les yeux.
Il ne veut pas voir Komo, là, juste là.
C’est bête, vraiment ; il a envie de le voir, le sentir, le toucher depuis que Komo a claqué la porte, il y a longtemps. Il se sent mourir depuis qu’il est parti, le déteste aussi fort qu’il l’aime, la plupart des jours.
Tiny, il a envie de partir.
Tiny, il a envie de vomir.
Ça lui coince à la gorge comme ça lui coince dans le corps en entier ; c’est une prise d’otage faite par son coeur, par son amour. Il a des mots si nombreux dans la tête qu’ils coincent et rien ne sort. Il reste là ; juste là. À fixer ses doigts.
Le métro avance et retourne dans les profondeurs, le wagon est vide sauf eux et -
Et Komo est contre lui, sur lui, si fort que Tiny ne peut pas l’ignorer. Ça fait mal. Presque aussi mal que son propre coeur.
T’es là, qu’il dit.
T’étais pas là ; que Tiny pense, les mains ballantes chaque côté de lui, à sentir sa chaleur contre lui, à fixer les miettes visibles de son visage, presque rien, presque rien vraiment. Peut-être qu’il l’imagine. Peut-être que c’est pas lui.
Tiny, il sait pas quoi faire.
Tiny, il entend le bruit du reniflement, se souvient des larmes, des sanglots de Komo au téléphone.
C’est ce qui le remet en marche.
- Hm - J’suis là, qu’il finit par dire. Il est là pour lui alors que Komo ne l’était pas, pour lui, eux. Alors que Komo est parti. Est-ce que Tiny doit être fort pour eux d’eux ? Est-ce qu’il a raison d’être là ? Tiny, il ignore souvent la raison. Il fait ce qu’on lui dit. Moins dernièrement ; il cherche ses propres sentiers. Ça ne l’empêche pas d’être perdu. Souffle tremblant entre les lèvres, coeur fou dans la poitrine, Tiny bouge enfin. Le geste est lent, incertain. Il pourrait lui briser la chair, se glisser une place dans sa peau et rester bien au chaud contre son coeur. Tiny a toujours eu envie de faire ça. Mais il ne sait pas où est sa place dans le coeur de Komo, il ne sait pas ce qu’ils sont, il ne sait plus rien.
Il sait qu’il l’aime, et que l’aimer lui fait mal depuis des mois.
D’une main, Tiny fait glisser la capuche de Komo, dévoile sa crinière à défaut de son visage. Il y glisse ses doigts, garde les lèvres pincées et cherche la vérité, une révélation, n’importe quoi, dans la crinière de Komo. Il n’y trouve rien et continue le geste.
- Komo – Assis toi , qu’il demande. Parce que les genoux contre le sol du wagon, ça doit faire mal. Parce que le wagon est vide, et qu’il peut s’asseoir. Tiny, il se défait de ses cheveux et passe ses bras autour de sa taille ; non pas pour le serrer, mais pour l’aider à bouger, pour le forcer à se poser à ses côtés.
Enfin, il voit de près les quelques centimètres visibles de son visage. Ses yeux rougis, le début de son nez. Ses oreilles. C’est si peu et c’est trop en même temps.
Tiny, il le fixe une éternité, il le fixe sans être capable de s’en détourner, de ne plus l’observer. Komo lui a manqué, et il a encore son coeur avec lui.
Tiny, il a le souffle tremblant entre ses lèvres, l’incapacité de formuler quoique ce soit.
Alors, il baisse les yeux vers les mains de Komo, s’empare de l’une et, sans demander, doucement et avec une attention monstrueuse, commence à masser comme autrefois.

Combien de fois a-t-il tenu les doigts de Komo entre les siens ? Pour les caresser autant que les masser ; pour les embrasser autant que les sucer ; pour les aimer et en décortiquer le moindre détail. Tiny, il les observe ; les dévisage comme s’ils allaient lui raconter les derniers mois, le moindre détail oublié sur la vie de Komo. Est-ce qu’il a touché d’autres personnes, avec eux ? Est-ce qu’il a laissé ses ongles parcourir le dos d’autres hommes ? Ses doigts se glisser contre un autre sexe ? À l’intérieur d’un autre corps ?
Tiny, il les fixe et il les déteste et il les aime, si fort, en même temps.
Il les déteste pour la douleur qu’ils font subir à Komo. Il les déteste pour tout ce qu’ils ont fait, sans lui, loin de lui.
Il se dit, brièvement ; Komo a mal car il était loin. Son propre corps l’a puni. Mais Komo a toujours eu mal. Komo a le corps en guerre depuis longtemps.
Et Tiny, il voulait - veut ? - combattre cette guerre à ses côtés.
Il masse ses doigts, sa paume, son poignet. Les questions sont fantômes et reflets d’un passé qui a été délaissé. La dernière fois qu’il l’a touché ainsi, Komo est parti. Il a dit que c’était fini. Les mots résonnent dans ses pensées et Tiny, il a le coeur si serré qu’il pourrait exploser. Il a envie de dire bien des choses ; des mois à y penser, à ressasser le passé pour pouvoir le récupérer.
Maintenant ?
Maintenant, Tiny ne dit rien.
Il ne lève pas les yeux, ne l’observe pas, ne dit rien.
Il ne crie pas, il ne pleure pas.
Il masse ses doigts.
La voix cassée du métro annonce la station de Manhattan. Tiny cligne des yeux, sort de sa transe, ralentit ses mouvements jusqu’à cesser le massage, totalement.
Combien de minutes ? Deux, peut-être ?
Les portes s’ouvrent, se ferment. Certains rentrent, d’autres sortent. Les gens sont peu nombreux. Tiny ne porte pas attention, de toute manière. Il lève son regard sur Komo et son visage dénudé, enfin, pour la première fois.
Il ne lâche pas ses doigts.
Un nez rougi, les yeux aussi ; des cernes lourdes, un sourire absent ; c’est Komo sans être Komo. C’est le Komo sans lui.
À quoi ressemble Tiny, sans Komo ? Même avec un an de silence, de distance, Tiny n’a pas l’impression d’être Tiny sans Komo.
- Moi aussi j’ai mal, qu’il dit, en prenant son autre main, cette fois. Tiny la masse mais cette fois-ci, il ne le quitte pas des yeux. On peut pas masser où j’ai mal - mon coeur. L’organe est un univers entier de souffrance depuis longtemps. Tiny a beau le savoir loin, il en sent les tourments quand même.
Tiny, il a Komo sous ses yeux.
Tiny, il a son propre coeur sous ses yeux.
Ça fait des mois, on dirait une éternité et on dirait que c’était hier, aussi.
- T’es parti, qu’il dit ; sous le bruit du wagon, sa voix est parfaitement audible. Tiny parle pour être entendu ; après tout ce temps, il a eu le temps de réfléchir, de penser. Il veut être entendu. Il veut qu’on l’écoute. Je peux pas revenir, c’est pas moi qui est parti. T’es parti, Komo. Il fait allusion aux messages vocaux, envoyés plus tôt. Aucune larme, dans son regard. Tiny ne pleure pas. Il a laissé ses larmes en 2005. Mais dans ses prunelles sombres, il y a un océan de sentiments.

Le coeur sur la main et son coeur entre les siennes ; Tiny masse les doigts de Komo avec une attention particulière. Aucun changement avec le passé ; à croire qu’il le faisait encore hier, à croire que le temps n’a pas passé, que rien n’a changé. Mais le coeur est lourd, lourd et serré et Tiny a les mots plus clairs, les pensées aussi claires que les battements de son coeur qui résonne, comme le bruit du wagon, autour d’eux. Voir Komo est un rêve et un souhait et un mystère aussi, un cauchemar peut-être, il ne sait pas. Komo se dit qu’on joue peut-être dans sa tête, que c’est une manipulation pour avoir raison de lui mais il lève les yeux, l’observe et voit l’homme qu’il aime, voit ce qui lui manque depuis des mois. C’est un souffle nouveau, un désir de vivre qui enfle en lui. Il a envie de le prendre en otage, de l’assommer et de l'entraîner avec lui dans les profondeurs de l’underapple et de le retenir prisonnier pour ne plus qu’il parte. Il a envie de partir, aussi, de partir et de lui tourner le dos et de ne plus lui parler pendant un an pour que Komo vive la même chose que lui.
Pourtant, Tiny se dit aussi que Komo, il vit la même chose que lui depuis un an, déjà.
Peut-être que Komo est parti avec son coeur, oui.
Mais peut-être aussi qu’il a laissé le sien derrière, tout ce temps.
Tiny espère que oui.
C’est beau et cruel et il veut la souffrance de Komo, un peu, juste pour avoir la confirmation de ses sentiments. C’est terrible et il le sait.
L’excuse tombe et Tiny écoute. Il continue de masser et il écoute. Quoi dire ? Il ne sait pas. Les mots lui manquent. Son coeur est aussi plein qu’il lui semble vide.
- Hm - , qu’il fait, quand Komo confirme deux fois qu’il lui manque. Les mots font mal. Les mots font du bien. Tiny lève les yeux vers lui. Okay Il le croit. Il veut le croire. Le regard de Komo est inondé de larmes. Comment ne pas le croire. Komo – Souffle entre les lèvres. Tiny le regarde avec les yeux vides ; trop sombres et trop creux, trop plein aussi. Est-ce que le noir est synonyme de vide ou de trop plein ? C’est à Komo d’en décider.
Tiny le fixe sans mouvements, quelques secondes ; avec un trop plein d’émotions peut-être, les pensées qui défilent à une vitesse folle dans son esprit. Au final, il finit par se défaire de ses doigts pour glisser ses mains d’un bord et d’autres de sa tête et l’enlacer ; ses phalanges glissent dans sa crinière alors qu’il le ramène, sans force, contre lui. Ses cheveux effleurent son nez et Tiny inspire déjà son odeur par réflexe. Ses yeux se ferment en détectant des miettes de lui, dans l’air.
- Ça va pas non plus La vie tourne, continue, avance. Tiny évolue et ralentit et va à l’envers et de travers et change de direction, toujours. Il a perdu son étoile du Nord. Il a perdu Komo. Les directions sont floues, peu importe s’il pose des fausses étoiles sur le plafond de l’underapple.
Doux, il caresse les cheveux de Komo, le berce selon les mouvements du wagon. Sa station approche. Le van l’attend, stationné tout près.
- tu me manques aussi, qu’il dit, confesse. Le sentiment est aussi à vif que vrai. autant que tu m’as fait mal Et il a encore mal. et que je te déteste Encore plus jours après jours. C’est aussi fort que son amour pour lui.
Il y a un silence, et il finit par dire :
- mais je t’aime encore. Tiny est persuadé qu’il n’arrêtera jamais.

Tiny a le coeur entre ses doigts ; contre son torse. Si près de lui même pour la première fois depuis longtemps. Il l'entend battre et il le sent souffrir. Au loin, la douleur était tolérable. Maintenant ? Maintenant, Tiny s'y perd et s'y noie. Entre la colère et le bonheur, la tristesse et le malheur.
Il aurait espéré Tiny. Cru que revoir Komo, le sentir contre lui, il pourrait fermer la porte et passer à autre chose. Avoir la coupure, comme Levi a dit. Avoir le moment pour partager ce qu'il a à dire et puis continuer sa vie.
Sauf que Komo est sa vie.
Komo lui donne envie de vivre. Même si c'est pour avoir le coeur en agonie, même si pour avoir froid loin de lui.
Il le déteste autant qu'il l'aime ; Tiny est honnête. Il sait que sans lui, beaucoup de choses perdent leur sens pour Tiny. Ils n'en avaient pas avant ; ils n'en avaient plus après. Tony a souvent fait ce qu'il s'attendait de lui sans discuter, sans évoluer.
Avec Komo, il a découvert. Maintenant, il veut beaucoup de choses.
Il veut ses larmes. Il veut ses bras son corps et sa peine. Il veut son coeur.
Komo parle de partir au travers de ses larmes. Tiny ne peut que l'hair.
-Si tu pars on se reverra jamais ; c'est une promesse. Loin d'être des paroles en l'air. Komo l’a quitté une fois mais pas deux. Ça sera fini pour de vrai. Ça ne l'est pas encore aux yeux de Tiny. Je - Il cherche des mots. Normalement Tiny n'aurait dit que ça et laisser la suite à Komo. Mais par le passé les mots ont été trop moindres et Komo est parti. Je te déteste parce que je t'aime. Je te déteste parce que t’es parti. Si tu pars encore … Tiny pince ses lèvres. Ça lui déchire le coeur d'y penser. Je vais demander à quelqu'un de t’effacer de ma tête Il a vu un film comme ça ; Gigi lui a montré. Tiny s'est toujours dit que c'était comme ça seulement qu'il pouvait l'oublier.
Le métro arrête. Ils sont à sa station. Queen Brook.
Tiny se lève difficilement et emporte Komo avec lui. Debout, il le quitte de ses doigts.
Un deux trois pas. Il est sorti du wagon, s'arrête et attend son choix.

Des mois écoulés depuis les derniers mots partagés. Tiny a l’impression qu’il s’agit d’un univers entier, d'une fin du monde et d’un nouveau, d’un autre entre temps, et d’une nouvelle vie. Qu’il s’agit de hier, aussi.
Le temps est plus long, terriblement long, cruel, quand Komo attend et ne bouge pas. Entre le wagon et leur vie. Entre le passé et le présent, le futur aussi. Ils ne peuvent pas retourner en arrière. De toute manière, le passé ne fonctionnait pas. Tiny le sait bien ; mais il veut le pousser, voir s’il suivra. Il l’a suivi longtemps, non ? Tiny a fait beaucoup de choses, pour Komo. Mais il était libre aussi, à sa manière. Dans son monde, leur monde, mais jamais dans le sien entièrement. Un équilibre bizarre. Il sait ; sait qu’ils allaient tomber.
Maintenant, Tiny est fort sur ses jambes. Plus qu’avant. Mais Komo ?
Komo, il tangue. Komo, il a l’air brisé. Qu’est-ce qu’ils lui ont fait, en Haut ? Tiny a envie de les détruire. De le garder contre lui et de l’empêcher d’y retourner.
Il accourt vers lui, Komo. Chaque pas est un battement de coeur. Il demande à sortir de sa poitrine. Tiny ne cligne pas des yeux, ne détourne pas le regard. On pourrait croire qu’il veut le tuer. Tiny a surtout peur de fermer les yeux et que Komo ne soit plus là. Il a fait des rêves comme ça trop de fois.
Les mots font mal et font du mal. Il n’y a pas de juste milieu. C’est comme ça ; juste comme ça. Tiny est heureux que Komo veuille revenir, heureux qu’il ait offert sans lui mais triste aussi. Il ne sait pas quoi en penser ; aimer, c’est toujours très compliqué.
Et Komo pleure encore. Komo est dans ses larmes et Tiny l’observe et son coeur chante si fort. Il n’a pas chanté depuis des mois. Komo était parti avec la musique.
- Komo, qu’il dit. La voix est ferme. Tiny dégage son poignet et les mains cachées dans ses manches trop longues et usées, il essuie les joues du streamer. Un peu fort, un peu doux. Les deux toujours à la fois. Tu peux pleurer. Komo a toujours pleuré pour eux d’eux. Tiny a toujours eu les yeux secs. Ses chansons sonnent comme des sanglots. On lui a déjà dit. Sauf qu’il n’a pas chanté depuis des mois.
Les joues sont irritées un peu ; sèches pour le moment. Tiny observe un petite marque plus rouge que les autres et se penche ; se penche et y pose un baiser ; un souffle à peine. Il se redresse déjà et ne dit rien, s’empare de la main de Komo et le tire à sa suite.
Dehors - sous terre - le van est stationné de travers, la porte ouverte. Personne n’y a touché. On sait dans l’Under de ne rien faire aux Earl. Encore plus au petit depuis que le grand a disparu.
- C’est chez moi., qu’il dit juste. Le van est toute sa vie, un petit bout vraiment, parce que sa vie est au bout de ses doigts. Tiny les serre et ouvre la porte sur le côté, fait un signe à Komo pour qu’il y rentre. À l’intérieur, aucun banc à l’arrière. Il y a un lit une place, sa peluche, un ordinateur portable et sa guitare. Des casiers pour la nourriture, des choses pour cuisiner. Un bordel rangé. Tiny observe Komo au milieu de son univers des derniers mois et a mal.
Un mal qui fait du bien.
Il cligne des yeux, rapidement, et rentre dans le van aussi. Déjà, Tiny reprend les mains et masse les poignets douloureux.
- On peut pas faire comme avant., qu’il dit, le regard captivé par les mains de Komo. Par celle qu’il masse. Tiny lève les yeux et les ancre aux siens. Avant c’était hm - Il prend une pause, fronce des sourcils, cherche les mots. Au final, il signe: Une bombe à retardement. C’était bien mais - mais ça allait pas en allant mieux. Je veux que - Je veux mieux. Les termes sont simples. La voix est solide, certaine.

Les draps sont sales, le lit n’est pas fait. Le matelas est trop dur, les fenêtres plus opaques que transparentes. Tiny a fumé trop de joints dans son van, on peut sentir l’odeur sur les vêtements, sur les tissus. On sent sa trace, ici et là, incapable de différencier le van de la créature qui y vit. C’est son royaume, son univers. Voir Komo à l’intérieur lui chavire le coeur, lui donne de le vertige. Tiny, il le fixe un peu trop souvent, prend toujours une seconde avant de réfléchir, de penser, de bouger. On dirait un rêve, encore. Tiny a peur de se réveiller. Est-ce qu’il a trop fumé ? Est-ce qu’il a trop pris de champignons, cette fois-ci ? Tiny sait qu’il joue avec le feu, qu’il dépasse les bornes trop souvent. Parfois, il se réveille avec la bouche sèche et le ventre qui gronde comme le tonnerre - il croit, il ne l’a jamais entendu de ses propres oreilles - et un trou de mémoire.
Tiny, il a des rêves. Des envies ; des scénarios. Il s’est imaginé Komo revenir ; il s’est imaginé le faire payer, le laisser souffrir un temps avant de le reprendre, juste pour qu’il comprenne. Juste pour qu’il sache c’est quoi, un refus. Un non quand on supplie, qu’on pleure et qu’on veut être repris.
Tiny, il est incapable. Il l’observe et l’écoute et son coeur saigne. Il saigne encore plus que cette journée là quand Komo est parti. Cette journée-là, Tiny était perdu plus qu’autre chose ; Komo était déconnecté, ne lui montrait rien. Cette fois-ci, Komo est dans les larmes, dans la tristesse et la douleur, et Tiny les vit autant que lui.
- Je veux pas non plus Sans Komo, tout a perdu goût. Tout est gris. Les couleurs de l’Underapple, elles viennent avec le rire de Komo. Avec ses bêtises. Avec sa présence, juste, tous les jours. Tiny fronce des sourcils, plus doux et attentif avec ses doigts. Je dors pas non plus Tiny est une créature particulière ; il dort très peu, ou très longtemps. Il vague entre les deux. Mais sans Komo ? Sans Komo, c’est la drogue qui l’aide à dormir. Ou alors Gigi. Mais Tiny ne veut pas dormir avec Gigi. Il veut Komo. Alors, il serre sa peluche. J’ai fait une peluche comme toi., qu’il dit, comme si Komo n’avait pas vu le dragon de komodo immense sur le siège passager. Un monstre immense qui ne veut pas Komo, qu’importe à quel point Tiny le serre.
Soupir tremblant au bord de ses lèvres ; sourcils froncés et il l’observe dans les yeux, lâche sa main.
- Je - Tant de choses à dire. Il y a pensé si souvent. Ce qu’il veut. Ce qui doit changer. Tiny ne trouve pas quoi dire, à l’instant. Il fond plutôt sur Komo, comme avant. Il se redresse sur l’un de ses genoux et s’aventure, passe l’une de ses jambes par-dessus Komo, puis l’autre. Tiny, il s’assoit à califourchon sur lui. Ses bras s’enroulent autour de Komo comme des tentacules, ses mains aussi, et il s'agrippe à lui. Il s’accroche comme il a tenté de le faire, cette fois-là, quand Komo est parti. Il envahit son espace car l’espace de Komo est le sien. Presque un an et il veut toujours être près de lui, sous sa peau s’il le pouvait. Sans toi c’est pas moi C’est la créature de l’Underapple. C’est la bête créée par Big Earl. Avec Komo, c’est le Tiny qui s’est découvert lentement. Celui qu’il essaie de découvrir depuis quelques mois encore plus. C’est difficile quand le passé essaie de le rattraper. C’est simple, si simple, d’être la créature de l’Under. Être Tiny, c’est différent. Le visage enfouit dans le cou de Komo, il renifle un peu. Les yeux sont secs. Tu sens bon. Son odeur lui a manqué, si fort. Rien ne sent comme Komo. Tout est fade, à côté.

Tiny est en manque ; en manque de chaleur, de douceur, de tendresse. C’est une faim qui le fait trembler depuis des mois. Il cherche dans les rues, dans les recoins de l’Under et il ne trouve pas. Il fixe les gens dans les yeux de son regard noir et ne trouve rien ; rien dans les yeux, rien dans les gestes. Sa faim est féroce ; elle le rend fou. Elle appelle quelque chose et il l’ignore, il essaie de la combler mais rien ne fonctionne.
Contre Komo, elle se tait.
Au creux de ses bras, le silence pour la première fois depuis longtemps.
Tiny peut entendre les notes de musique, pour la première fois. Il veut écrire une chanson, précise, claire, pour ce moment-là. Une chanson qui parle de ce que fait son coeur, à cet instant précis, quand Komo le serre encore plus fort contre lui alors qu’il pourrait déjà lui broyer les os tant il est pressé contre sa peau. Tiny a envie de se glisser sous ses vêtements, de retirer les siens et de sentir sa peau. Mais même nu à nu, ce n’est pas assez, ce n’est pas suffisant.
Mais c’est tellement doux, tellement bon, après toute cette absence.
Contre Komo, Tiny soupire et le renifle encore, frotte son nez contre la peau de son cou.
- Tu sens bon quand tu sens mauvais. Sans parfum, sans déodorant. Komo sent Komo. C’est son odeur préférée. Sa sueur. Celle qui le rend unique. Tiny pourrait le sentir des heures durant, vraiment.
Le baiser et les mots lui arrachent le coeur pour le remettre à la bonne place, pour le reconnecter comme il se doit.
Tiny hoche de la tête, toujours dans son cou.
- Oui. Oui. Il pensait pouvoir dire non. Il voulait le faire souffrir aussi. Mais Komo souffre déjà. Komo s’est fait du mal autant qu’il l’a blessé. Pour toujours. Les paroles ne sont pas romantiques ; elles sont simplement vraies. C’est Komo ou c’est rien. C’est à jamais ou plus jamais. Tiny, il sait déjà que son coeur lui appartient. Sans lui, il sombre dans les profondeurs de l’Under. Mais avec Komo - Je veux hm - J’irais hm - En Haut. Avec toi - pas maintenant mais - je veux. Tiny s'extirpe de son cou. Il l’observe, les yeux secs, le regard noir. Aucune étoile. Juste l’abysse de Tiny. Je veux pas ton monde et mon monde séparé. Je veux - plus. Tiny demande, quémande. Il ne l’a jamais fait, avant. Il écoutait, faisait ce qu’il voulait, se pliait. Tiny a appris, depuis.
Les pupilles dansent, le regard parcourt les traits de Komo. Il a envie de l’embrasser, si fort. Embrasser pour oublier, faire disparaître le temps passé.

Le visage de Komo est le reflet de leurs chagrins. Pas seulement les siens ; ceux de Tiny aussi. TIny ne sait pas pleurer, mais Komo l’a toujours fait pour lui. Sauf cette fois là. Sauf quand il a rompu. C’est Gigi qui l’a fait, quand il est retourné vers lui, car Gigi a toujours pleuré aussi. Mais c’est différent ; si différent. Komo, il possède leurs larmes entièrement. Gigi, il pleure pour lui d’une autre manière. Quand Tiny observe Komo pleurer, il sent la détresse, la fatigue, la peine. Il a l’impression de se briser, de casser en deux, en trois, en milles avec lui.
Tiny, il n'essuie pas ses larmes. Il ne répond pas à ses mots non plus. Il aime les entendre. Il veut les croire.
Il doute.
C’est plus fort que lui ; il doute.
La peur est encore là ; forte, immense. Son amour pour lui est encore plus gigantesque. Tiny, il se promet de plus rester silencieux. De s’exprimer, demander, réclamer. De dire non quand c’est non, de dire quand il ne veut pas, quand il ne va pas bien, quand il veut une chose précise.
Tiny, il se fait une promesse à lui-même, pour eux d’eux.
Ses lèvres se tordent, quand Komo dit je t’aime au milieu de ses larmes. Il l’a déjà dit plusieurs fois pourtant. Mais là, ils sont de nouveau ensemble.
Ils sont de nouveau entiers.
- Moi aussi Pour les deux. Il l’aime. Sans lui, Tiny perdait la tête et le coeur. Il savait où se trouvait l’un mais l’autre, il l’a cherché dans l’underapple pendant des semaines. Soupir tendre au bord de ses lèvres alors que Komo lui caresse le dos, alors que Komo tend le cou pour un baiser. Une vision de rêve. Tiny le fixe pendant une éternité pour l'immortaliser dans sa mémoire avant de se pencher pour l’embrasser. Comme ses accolades, ses baisers sont ravageurs, envahissants, puissants. Tiny prend tout et ne laisse rien. C’est une portée d’entrée jusqu’au coeur de Komo, jusqu’à l’intérieur de lui pour y faire son nid. Tiny l’embrasse avec tout l’amour qui lui porte, avec la rage aussi, avec la détresse des derniers mois. Autour de lui, ses bras se resserrent, le garde tout contre. Tiny veut être sous sa peau. Les lèvres de Komo sont salées par les larmes. Tiny, il cesse de l’embrasser pour nettoyer les joues, pour nettoyer les traces de son chagrin, de son amour. Il l’aime, fort, si fort. C’est terrible.
- Tu dors ici ? qu’il murmure, bas. Pourtant, il n’y a personne dans les rues. Les portes du van sont toujours ouvertes. Ils sont exposés à son monde. Tiny ne regarde que Komo. S’il ne reste pas, il pourrait hurler. Il pourrait se briser, vraiment, pour la première fois depuis un an. J’ai brisé ton ordinateur. , qu’il confesse, aussi. Tiny tente de le réparer, depuis.

Les lèvres de Komo sont aussi humides que ses yeux, que ses joues. Tiny essuie très mal ses larmes et rend ses lèvres dans un état impossible. Il a envie de l’embrasser encore. De l’embrasser pour compenser les mois passés. Mais il sait aussi ; il n’y aurait pas assez de temps pour passer. Le passé est le passé. Il vaut mieux l’embrasser pour le présent.
Il fronce des sourcils quand Komo, il dit que c’est pas grave pour l’ordinateur. Tiny hoche la tête, lentement. Pour lui, les choses matérielles, il n’en a que faire. Il préfère les gens et encore ; Tiny est très bien sans les autres. Il peut s’enfermer dans son univers très longtemps. Mais les Autres, ils aiment les objets. Ils aiment posséder des objets. Et l’ordinateur de Komo, c’est celui de carrière. Il sait bien qu’il en possède un autre depuis. Tiny se dit qu’il doit dire la vérité, après réflexion.
La pression est forte, douce, pressante. Tiny se rapproche de lui et hume, quand Komo parle de sa douleur. Il le serre à son tour, fort.
- Fais toi pas mal Komo se force toujours. Komo donne toujours plus que son corps lui permet. Pas trop Il ne veut pas lui dire quoi faire. Komo n’aimait pas ses commentaires du genre, à l’époque. Je peux serrer pour deux. Tiny, il a aucun mal à ça. Il le serre de ses cuisses aussi, les chevilles bien croisées dans le dos de Komo, pour confirmer ses propres mots.
- Non Sourcils froncés ; regard dérangé. Tiny n’aime pas ses mots. C’est toi. C’est moi. C’est nous. Tous les trois. Il ne veut pas ; pas passer d’une relation où Komo était la priorité à une autre où c’est son tour. Ça ne fonctionne pas. Ça ne fonctionnait pas. Il faut un peu de tout. Du moins, Tiny croit. Il ne sait pas. Mais il y a réfléchi longtemps. Je masse encore ? Tu veux quoi ? Si Komo a mal, et bien - J’ai des joints qu’il dit, la tête légèrement penchée sur le côté.

Il y a des cachettes ici et là, dans le van. Il y a toujours des cachettes, autour de Tiny. Des choses qu’il construit lui-même, qu’il bricole et qu’il crée. Même dans l’appartement, il en avait. Elles sont certainement encore là, d’ailleurs. Des choses qu’il a créées et que Komo n’a jamais vu, dans certains cas. De vrais trésors à l’abri des regards. Tiny, il est prêt à toute éventualité, toujours. Tiny, il se protège du monde entier car il s'est effondré sur sa tête il y a longtemps, le monde.
Le rire de Komo résonne dans son corps aussi. C’est comme un ronronnement. Le bruit est toujours unique ; il emporte le coeur de Tiny et l’apaise et Tiny le serre un peu plus, contre lui. Il se presse contre son corps, inspire son odeur de sueur et celle de ses vêtements, et profite de l’instant. Komo lui manque depuis des mois. Komo lui manque si fort.
Les sourcils se froncent, à la mention de médicaments.
- Ils te donnent quoi ? Ceux d’en Haut. Tiny ne leur fait pas confiance. Les sourcils froncés, il est méfiant et inquiet. Il sait que ceux d’en Haut, ils ne sont pas de confiance. Il y a toujours des risques.
Sur les genoux de Komo, Tiny étire son long corps et cherche au travers des draps. Il sait qu’il a quelque chose, tout près. Il finit par trouver un boitier délicat contenant quelques joints mais n’arrête pas de chercher. Après quelques secondes, il trouve un sac.
Un sac laid, hideux.
Quand il l’ouvre, il en sort des choses. Des items appartenant à Komo. Une balle d'entraînement. Des t-shirt. Des attelles. Tiny n’est pas gêné, n’explique même pas. Il sort les attelles et revient bien pressé contre Komo et les lui montre.
- Tu veux les mettre ? Tiny, il se demande si Komo les met. Il est certain que non. Komo, il ne les a jamais aimé. Komo, il a toujours détesté les solutions pour aider. Je veux voir les médicaments. Tiny lira le nom, fera des recherches, retrouvera tous les articles qui ne parlent en mal et aura peur. Il est incapable de faire autrement. Il a toujours peur des risques associés au médicament.

Komo donne la permission et Tiny tourne les yeux vers lui, continue de chercher le sac. Il s’occupera du téléphone ensuite. Il a envie, créature fouineuse, de regarder ses messages et de voir les personnes qui l’ont touché aimé caressé dans les derniers mois. L’idée est là et Tiny les déteste tous, si fort. Tiny a envie de leur mordre la langue et de l’arracher. Il a cette expression calme, pourtant ; celle qu’il porte toujours. Les sourcils sont froncés à entendre parler des médicaments et Tiny, il les déteste si fort. C’est ça le problème, avec la Surface. Avec ceux d’En Haut. Ils disent et croient avoir la solution mais au final, ils mettent un pansement qui ne sert à rien. Ils n’aiment pas, ils ne font rien de bien. Tiny les déteste ; ne croit pas en leurs mots. Ceux de la Surface doivent faire beaucoup de choses pour qu’il les croit.
- Je les mets ?, qu’il demande. Confortable sur les cuisses de Komo, Tiny s’empare de sa main gauche et la porte à ses lèvres. Il pose un baiser sur son poignet, léger, avant de lui mettre l’attelle. Le geste est habituel, qu’importe les mois passés. On n’oublie pas ce qu’on connaît par cœur. Trop serré ? Il attend sa réponse avant de faire de même avec le second poignet ; Tiny y pose un baiser aussi. Quand la chose est faite, il embrasse Komo et se presse contre lui, oublie le temps et le moment, les mains quittant son dos.
Il le palpe et le tripote. Tiny connait son corps comme il connaît le sien. Cherche au travers de ses vêtements, sans gênes, son téléphone. Il finit par le trouver dans l’une de ses poches.
- Tu fais les exercices ? Tiny demande, reposant ses bras autour de Komo. Il se presse confortablement contre lui, la tête sur son épaule, et regarde son téléphone par dessus celle-ci, dans le dos de Komo. L’écran se déverrouille comme autrefois et Tiny se crispe à voir une personne inconnue sur le fond d’écran. C’est qui ? Un inconnu apparut sur les photos de Komo dans les derniers mois. Sol le connaît. Tiny sait car il trouve tout ce qui se trouve sur les réseaux sociaux. Les gens sont bêtes. Ils ne savent pas qu’ils sont surveillés.
Les bras étirés, Tiny prend une photo d’eux et change le fond d’écran sans demander.
Une moue dérangée sur les lèvres, il cherche le nom des médicaments et déjà, cherche des informations sur internet avec le téléphone de Komo.

Le regard est captivé sur l’écran. Tiny observe les noms et les informations et les symptômes, les effets secondaires et les études. Il lit d’un regard rapide, collecte les données et les emmagasine dans sa tête. Il veut tout savoir sur ce que Komo prend, sur ce qu’on lui donne. Il se souvient avoir plusieurs fois cherché la contenance des repas préférés - et chimiques - de Komo pour savoir, pour le mettre en garde et tenter de faire quelque chose de mieux, lui-même, à la maison. Ceux d’en Haut endorment les gens, mettent des saletés dans leur nourriture et les empoisonnent pour mieux leur faire prendre des médicaments ensuite. Tiny, il sait tout de ça. Il a lu et vu suffisamment de choses pour être ignorant.
Un ami, qu’il dit. Tiny l’espère pour lui. Il était possessif envers Kyoka et Gigi, il l’est encore plus envers Komo. C’est une bête qui gronde dans ses entrailles. Elle est plus calme que certaines de ses pensées, souvent.
Un frisson lui traverse l’échine à sentir le souffle de Komo contre son cou. Tiny se crispe un peu, chatouilleux bien que peu le savent.
- Mal ?, qu’il fait, le regard quittant son téléphone. Il glisse des cuisses de Komo et échoue sur son lit de fortune comme une masse morte, le regard toujours axé sur le portable pendant quelques secondes. Puis, il lève les yeux sur Komo.
Il a froid, sans lui, loin de lui.
Tiny fronce des sourcils.
- Viens sur moi Il écarte ses bras et attend qu’il vienne contre lui. Le deuxième constipe, qu’il dit. Tu manges des fibres ? Tiny continue de lire et fronce des sourcils. Je les aime pas. Pas les fibres. Les médicaments. Tiny déteste la plupart des médicaments. C’est du poison. C’est toujours du poison pour tuer les gens, vraiment.