i got issues and one of them is how bad i need you (néné#3)

cw nudité
Le regard est attentif ; presque autant que le coeur. René est affamé de tout ; de la nourriture, de la vie, d’apprendre et des gens. De Nessie, surtout. Il se demande parfois si cette faim va se taire, un jour. Après tout, il sait que son coeur lui pose souvent problème. Qu’il en demande encore plus que son ventre et que malheureusement, rares sont les repas existants pouvant le combler. René n’arrive jamais parfaitement à les trouver, encore moins à les goûter.
Connaître la saveur de Nessie est autant une bénédiction qu’une malédiction. Elle lui manquera encore plus lorsque le moment prendra fin.
Un rire résonne ; se fait une place dans sa poitrine et la quitte par secousse. René tente de bouger aussi, mais ses pieds sont un peu emmêlés dans les draps et Nessie est pris entre l’éveil et le sommeil, bien décidé à quitter les draps.
Une grimace au bord des lèvres, il bascule sur le côté ; quitte sa chaleur, rejoint encore plus le froid.  
- Tu rêves pas, j’en ai parlé. Faudrait noter le jour où René ne parle pas de nourriture, de toute manière. T’as envie d’un truc en particulier ? Le corps se redresse sur les coudes, puis sur les bras. René passe une main dans ses cheveux et s’assoit sur le bord, un moment. Le frisson danse contre sa peau.
Sur les lèvres, le sourire fleurit. Impossible de ne pas le faire à la vue de Nessie et du canin ; René a été mordu de l’un et de l’autre séparément, et l’est tout autant ensemble.
- En même temps que les donuts. On dirait que ça fait mille ans déjà. Pourtant, moins de deux heures se sont écoulées.
Une longue inspiration; René étire son cou, ses bras. Le dos craque un peu, à peine. La seconde suivante, il quitte aussi le lit, passe une main contre le dos de Nessie en passant à ses côtés avant d’aller direction dans la salle de bain. Ses jambes lui tirent ; peu importe, il a l’habitude.
- Tu veux y aller en premier ? Il parle un peu plus fort, René, pour couvrir le bruit de l’eau. Il faut attendre qu’elle se réchauffe un peu. La tête se tourne, le regard croise celui de Nessie. Il glisse sur sa nudité, brièvement. Ensemble ? Un sourcil haussé, un peu ; les lèvres qui se tordent. Comme tu veux ! Ah - Je meurs déjà de faim. C’est terrible.   Et pourtant, René a souvent faim. Mais pour le coup ; C’est de ta faute, ça. Non pas qu’il s’en plaigne. Viens voir si l’eau est okay pour toi. J’aime ça généralement trop chaud. Pire qu’un spa, vraiment. Mais c’est bon pour les pores de la peau.

Le regard suit Nessie quand il pénètre dans la salle de bain ; un moment à l’observer, à la détailler du regard malgré lui, avant de passer sa langue sur ses lèvres. Le coeur est un peu fou, malgré le fait qu’il ait caressé sa peau de longues minutes, déjà. Il y a une certaine intimité en ce moment même en vérité, être nu peut être simplement sexuel. Il aime se mentir ; se faire croire que Nessie a l’habitude de la chose. Pourtant, il se souvient des paroles prononcées plus tôt, de la dernière fois où le chanteur s’est envoyé en l’air. Il sait aussi que certaines chansons lancées un an plus tôt visaient une personne en particulier bien que les détails venaient surtout des fans et donc, n’étaient pas vraiment véritables.
La vapeur de la douche accueille Nessie tandis que René s’empare de son peigne. Ses cheveux ne ressemblent à rien, et il y a certains noeuds. Il peut sentir l’odeur des parfums qui s’élève dans la pièce avec la vapeur, puis entend la question de Nessie.
- Quoi ? Impatient ? Il y a un sourire amusé sur ses lèvres, et René dépose son peigne. Puis, le corps se glisse aussi dans la douche. Un faible pour la menthe, hm ? J’en prends note. La main se pose contre la hanche de Nessie, petit signe pour ne pas le déranger, avant que l’autre bras de René passe par-dessus sa tête. Il s’empare d’une bouteille - framboise et vanille, grande surprise - dont il fait couler le contenu contre une petite éponge.
- tu peux laver tes cheveux si tu veux, j’ai un séchoir. De toute manière vu la proximité, l’un comme l’autre ont les cheveux humides, déjà. René fait mousser son éponge, puis nettoie son corps.
Un rire le prend, à voir le dos de Nessie.
- Je m’occupe de ton dos ? , qu’il propose. Après tout, il en est le coupable. Bien que, en vérité, René aime bien l’idée qu’il garde les traces de peinture. Tu sais, pour le tatouage.. Le sujet lui revient en tête. Son visage se rapproche de sa peau, ses lèvres effleurent son oreille et René propose : J’risque d’oublier à quoi ça ressemblait mais rien m’empêche de peindre directement sur toi et d’en faire un logiciel ensuite. D’une main, il passe l’éponge contre son torse, contre ses abdos, sous ses aisselles. C’est toi qui vois.

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Éponge à la main, René s’applique sur le dos de Nessie. Il y prend le temps qu’il n’a pas pu avoir, plus tard. Le regard se lève et caresse la crinière un peu humide, et René lève la main, dévie légèrement le pommeau de douche pour garder les cheveux de Nessie à l'abri de l’eau. S’il n’a pas envie de les sécher, il préfère encore les tenir loin. Qui sait ce qu’il pourrait choper à sortir dehors avec les cheveux humides. René n’imagine pas ce qu’un petit rhume peut faire à sa gorge de chanteur. Sa mère se plaignait souvent de tout et de rien. faisait de longues journées de silence très dramatique dès qu’elle éternuait deux fois de suite.
- t’en as là, qu’il ment, posant un baiser contre l’épaule de Nessie. La petite éponge glisse contre ses reins, contre ses flancs. René nettoie ses traces et espère pouvoir en laisser d’autres, plus tard : Je regarderais plus tard ouais. Je suis pas un grand artiste mais Mais quoi ? René sait copier les choses. Son regard est précis, son esprit aussi pour cela. Il copie mais ne crée rien. La parfaite petite machine créée par ses parents. Même les émotions, il les copie plutôt que de les vivre.
Du moins, c’est ce qu’il a cru pendant un moment. René apprend encore à connaître son coeur malmené.
- bouge pas La main glisse sur les fesses de Nessie, nettoie les autres traces faites, avant d’aller le long de ses jambes. Peut-être qu’au final, René a voulu le marquer d’une manière qui était facile. La peau, c’est toujours plus simple que le coeur.
Il grimace sous la sensation de ses muscles quand il se redresse, René. Un soupir le traverse, léger, avant qu’il lave sa propre peau.
- Hmm dommage que ce soit pas resté plus longtemps. Mais c’est bon pour derrière. Il imagine que Nessie s’occupera de son propre torse et du reste aussi. René se concentre sur son propre nettoyage, alors. T’aimes la croûte farcie ? Je connais une bonne pizzeria proche du parc à chien. Une vraie surprise. Comme si René ne connaissait pas tous les restaurants des environs.  

Sourire qui fleurit sur les lèvres à l’approbation de la croûte et de la nourriture. René hume son bonheur face à cet avenir prometteur, finit de laver son corps et suit Nessie à l’extérieur de la douche. Il l’observe un temps sur ses jambes tremblantes, profite aussi de la vue offerte sans grande retenue, bien que les sourcils sont un peu froncés. Il pince ses lèvres, René ; étouffe sa fierté sans pour autant la cacher de ses traits quand Nessie commente la réaction de ses jambes.
- C’est assez hot en vrai Plus que ça, vraiment. René est fier de l’effet qu’il a eu ; espère que Nessie reviendra, secrètement. Pour la pizza et aussi par la suite. Le souhait est silencieux bien qu’il résonne dans chaque parcelle de son corps. J’ai les muscles en feu. T’as pas mal, quand même, chou ? Il demande, au cas, alors qu’il fouine dans ses crèmes hydratantes. Elles sont nombreuses, mine de rien. Très nombreuses, même. Les compagnies lui en offrent constamment et René essaie de garder celles qu’il préfère mais souvent, le stock commence à se faire assez énorme et il a du mal à trier.
- Pruche et cardamone, ça te parle ? C’est une crème d’hiver, en plus. Le pot est intact. Si René aime les odeurs plus fortes comme celles-ci, il en porte peu souvent. Mine de rien, ses habits sont plus souvent féminins pour s’accorder au rôle qu’il porte et souvent, il essaie de trouver des odeurs légères qui vont bien avec ce qu’il représente aux yeux des gens. Alors, il garde les pots dont l’odeur lui parle, qu’il aime particulièrement, mais souvent, il ne les met pas.
L’idée que Nessie les porte, par contre … Son ventre se tord, un peu.
- Tu sais quoi ? Je vais en mettre aussi, aujourd’hui. J’adore l’odeur. Il ouvre le pot, donc. René s’en met sur les paumes avant de s’arrêter. Assis toi sur la cuvette, ok ? Je vais faire tes jambes. Elles tremblent par sa faute, après tout. Hop hop ! Il claque ses mains, René. Le bruit est étouffé par la crème, mais qu’importe. Une fois Nessie assis, il lui crème les pieds et les jambes avec attention. Tu peux prendre des vêtements dans mon dressing après. Ça me dérange pas. Nessie peut aussi bien remettre ses propres habits, mais ils étaient chers et ne sont pas appropriés pour le parc à chien. Tout ce que tu veux. , qu’il précise bien, levant les yeux et claquant sa cuisse, avant de se redresser. Voilà ! Dis moi si tu veux ton dos, chou. Offre faite, René s’occupe de ses propres jambes, de ses bras et de son torse, ensuite. Il met une fine douche sur son visage avant de rejoindre le dressing pour choisir ses habits.

Surprise dans les iris sous le compliment ; René pince ses lèvres et ne dit rien, quand Nessie parle de l’odeur de la crème et l’associe à lui. Il y a une fine timidité, une joie muette qui se glisse en lui, crée une chaleur au creux de ses entrailles. Peut-être, oui, qu’il pourrait la mettre un peu plus souvent. Il y a quelque chose de doux, d’innocent vraiment, à ce que Nessie associe avec lui des choses que René apprécie aussi. Qu’il associe avec sa personne des miettes qu’il récolte en silence et qu’il ne se permet pas vraiment d’afficher clairement car on attend autre chose de lui, constamment.
La peau porte l’odeur de la crème. Le loft est frais un peu, mais René a la peau brûlure de la douche aussi, et de la crème aussi. Il enfile un simple boxer et des chaussettes épaisses avant de tourner les yeux vers Nessie, d’observer les vêtements qu’il prend dans son dressing.
Il y a une hésitation, légèrement, avec les vêtements extravagants et loin d’être lui, au fond. René fronce un peu des sourcils, le nez retroussé, avant de s’emparer d’un t-shirt uni et d’une veste hoodie à zip. Un pantalon ample noir est pris, abordant un motif blanc ressemblant au squelette humain. René y ajoute un manteau gris en laine et enfile ses énormes lunettes, repousse ses cheveux vers l’arrière avant de rejoindre Nessie, dans le salon.
Baskets mises en vitesse, collier et laisse pour Follet, sac banane pris et René s’aventure dans la cage d’escalier intérieur de l’immeuble, verrouille la porte derrière lui.
- C’est par trop loin, qu’il dit ; son ton de voix est plus calme. Avec Nessie depuis la dernière fois, il est plus calme. Plus naturel. René ne cherche plus vraiment à se perdre dans les expressions extrêmes, lorsqu’il est avec ceux qui comptent. La tournure de ses phrases parle d’elle-même, souvent, comme la moue sur ses lèvres. Joli choix de vêtements, qu’il dit, jetant un coup d’oeil à Nessie avant de descendre les deux étages. Il passe devant lui en sortant de l’immeuble, renifle sous le froid qui se glisse dans son nez.
Il aime l’hiver, René. Dommage que New Blossom ne connaisse pas la neige, encore. Même si, mine de rien, sa dernière expérience avec celle-ci n’a pas été très jolie.
- C’est pas là. Les doigts qui s’effleurent, pour capter son attention, et René lui désigne la direction avant de se mettre en marche. À ses pieds, Follet marche à toute vitesse, connaît déjà le chemin par coeur. René va un peu plus lentement ; la faute repose sur ses propres jambes et aussi, il pense à celles de Nessie.
Bien au chaud, dans l’un de ses pantalons. Comme le reste de son corps.
Lèvres pincées pour retenir un sourire, René lui lance une oeillade avant de se rendre compte ; il ne sait pas quoi dire.
Il ne sait pas quoi dire d’intéressant.
Parce que René, il n’a pas le sentiment de l’être, profondément.

Moment ordinaire. Banalité d’une promenade. René a une chaleur dans le ventre, un vertige dans les tripes. Il sent un tremblement au bord de ses lèvres, un sourire qui se veut grimace qui se veut rire aussi, parce que la situation est folle. Le moment lui semble impossible, l’était hier et le sera demain quand il y pensera. Un rêve éveillé, vraiment. Il ne sait pas quoi en penser, mais ne cherche pas à y réfléchir. Pourquoi casser l’instant ? René est bien. René est bien dans ses rêves, aussi. Il y a quelque chose de sacré et de précieux dans le moment, aussi ordinaire soit-il. Il est en compagnie de Nessie. Alors les questions ne sont pas posées, les tourments sont enterrés. Il ne reste que le vide qui gronde dans son espace, le fait de ne pas savoir quoi dire. Le fin tremblement de ses doigts, tandis qu’il tient la laisse de Follet.
Il est nerveux, René.
Il ne sait pas quand il a été nerveux pour la dernière fois.
Si ; Nessie en était responsable.
Un gant dans une poche, l’autre dans la main tenant la laisse, René tourne les yeux vers Nessie, confus, puis vers Follet.
- Ah - oui, j’essaie de le sortir souvent. Ça me permet de sortir aussi. Il oublie, parfois. René ne reste pas forcément enfermé par peur de l’extérieur, mais il oublie souvent de regarder le temps et d’y penser. Parfois, ses projets le dévorent tout entier. Il est adorable - encore un peu craintif mais j’essaie de voir des gens et ah - l’habituer, tu vois. Chad est doux avec lui, Sol aussi. Link lui apporte des jouets alors que ce n’est pas nécessaire. Love est plus brusque, mais son amour est ainsi.
- J’ai quand même peur par moment que - tu sais, un propriétaire refasse surface. L’expérience avec Lutin a laissé des marques. Le chien lui manque encore, par moment, mais René est content de le voir avec Nessie. Il sait que Lutin est heureux.
D’un geste léger, il laisse son bras appuyé contre celui de Nessie, au fil des pas.
- Dis moi si la police fait la capricieuse encore. Je peux peut-être aider. Certes, l’homme disparaîtra. Mais y a-t-il un problème à la chose ? Fut une époque pas si lointaine, René choisissait ceux qui devaient disparaître. Ceux qui n’avaient pas de raisons d’être. Ils passaient sur la table de Naël et plus personne n’entendait parler d’eux, par la suite. J’suis content d’avoir aidé. , qu’il ajoute. René en est fier, quand même. Ils méritaient de retrouver leur maison et l’amour de leurs propriétaires. T’as fait du bon travail, chou - ah, Ness. Le surnom fait étrange, dehors. En dehors des draps, de l’appartement. René pince ses lèvres, un peu gêné par la facilité avec laquelle il a quitté ses lèvres. Le parc est juste là. La main dénudée sort de sa poche, désigne le parc. Il y a deux autres chiens, déjà, qui semblent s’amuser. Au bout de sa laisse, Follet marche un peu plus rapidement, reconnaissant le lieu. Fais attention à la dame en rouge - la dernière fois, elle m’a parlé pendant vingt minutes de sa petite fille en espérant faire le match parfait. Comme si René n'avait pas l'air suffisamment queer.

Le coeur se fait lourd à la mention des propriétaires introuvables. L’idée qu’on puisse abandonner un animal lui chagrine le coeur et lui serre la gorge. Ça lui rappelle ses parents, d’une certaine manière. Toujours présents, comme des fantômes ; impossible à atteindre, impossible à obtenir leur amour. Pourtant, ce n’est pas faute d’avoir essayé. René essaie encore aujourd’hui, qu’importe s’il a conscience de sa bêtise. Parfois, il se demande quand il arrêtera ; quand il jugera qu’il s’est suffisamment acharner à la chose. Quelque part, il sait au fond de lui qu’il aurait du mal à ne pas revenir vers eux s’ils lui offrent le moindre signe d’amour. René se meurt de leur affection ; de ce sentiment d’amour choisi et pur, de cette famille qui n’a jamais possédée. C’est une utopie qui est mensongère à laquelle il n’aura jamais droit et pourtant, il en rêve un peu trop souvent.
À croire que rêver de l’impossible est une chose à laquelle il ne sait pas résister, qu’il se dit, le regard posé sur le profil de Nessie.
- On peut trouver un café , qu’il offre, le regard allant vers la rue. René connaît la plupart des cafés, aussi. Il pince ses lèvres et baisse ses yeux sur les mains de Nessie. t’as froid ? attends. D’un geste habile, il sort la seconde moufle de la poche de son manteau. Il s’empare de la laisse de Lutin sans grande forme, enfile la moufle dans la main opposée de Nessie, puis de sa main nue, s’empare de l’autre et y lit ses doigts, avant de l’enfouir avec la sienne dans la poche de son manteau. Pour le trajet., qu’il dit juste ; les regards se croisent et René pince ses lèvres, détourne les yeux et observe autour d’eux, cherche un café.
- On ira au parc après. Je vais pas te laisser mourir de froid, tout de même. La marche reprend. René lui redonne la laisse de Lutin, la main de Nessie au chaud dans sa moufle maintenant. Au moins comme ça, il a certainement moins froid. Du moins, René espère. On pourra aussi prendre des pâtisseries pour le dessert. Pour après la pizza. J’adore les desserts., qu’il suggère, le retour du sourire sur ses lèvres. Y’a une boulangerie juste là. C’est des italiens qui la tiennent, il me semble. Il espère que Nessie aimera. René a été quelques fois sur les lieux mais la plupart du temps, il commande pour le petit déjeuner. Je commande souvent à manger. J’aime pas vraiment cuisiner seul, et j’suis pas forcément le plus doué pour trouver des idées. À plusieurs, c’est toujours plus fun, non ?

La main de Nessie est froide au creux de la sienne mais ça lui réchauffe le coeur. Une bêtise niaise et si simplette qui le rend heureux ; René aurait presque honte. Le froid de l’hiver pose déjà un peu de rougeur sur ses joues, heureusement. Il n’imagine pas à quoi il doit ressembler, si grand et idiot, à rougir et être ébahi par une simple main au creux de la sienne. C’est d’une simplicité si enfantine que René valse entre la honte et le bonheur.
Au moins, aucun silence ne prend place. Nessie parle et parle et parle et René, il tourne le regard vers lui trop souvent, surveille les chiens mais le regarde lui surtout, boit ses mots et sourit doucement selon ses expressions, la manière dont son visage se transforme sous le poids de certains mots, sous un rire. Regarder ses posts argo et ses vidéos pendant des mois donnent peut-être une image de lui, mais le voir est entièrement différent. C’est quelque chose qu’il a remarqué depuis des mois déjà, depuis que Nessie est tombé dans sa vie alors qu’il tentait de faire le ménage de son loft. Au final, il a foutu le bordel dans son coeur. Comme si René en avait de besoin. Il ne sait toujours pas quoi en penser, trop tétanisé pour laisser les souhaits se former.
- t’es pas du matin ? René a envie qu’il reste dormir, maintenant. Il veut le voir endormi, à manger des toasts ou des croissants, les cheveux malmenés et les neurones qui fonctionnent à moitié. Les lèvres se pincent. Pauvre chou qu’il dit, le ton moqueur ; on pourrait presque croire qu’il se moque vraiment. Dommage que le mot ait été dit si souvent dans la journée. Nessie ne connaît pas la signification, mais il reconnaît sûrement l’intonation.
Un bond dans le coeur à la mention d’aider. Comment ? Il compte revenir ? Manger avec lui ? Les pensées se bousculent, tombent et restent au sol quand les doigts quittent les siens. René se fige un instant, laisse un poids écrasé son coeur avant de sourire à son tour.
- Madame Baricco ! Bonjour ! Le sourire est étiré et grand sur ses lèvres. La pauvre femme semble être éblouie par la chevelure de Nessie - René comprend - avant de tourner les yeux vers lui et de lui offrir un grand sourire. Comme souvent, elle lui balance quelques phrases en italien que René a conclu il y a longtemps que c’était des salutations et de bonnes paroles, avant qu’il ne tourne les yeux vers Nessie.
- J’aime bien regarder ce qu’ils ont de frais. Madame Baricco fait souvent des nouveautés selon son inspiration du moment. T’aimes quelque chose en particulier ? Il pourrait tirer Nessie à sa suite, s’il avait toujours ses doigts. René a le réflexe de le faire quand même, sa main libre appuyant contre son dos brièvement pour le diriger vers le comptoir de présentation. Déjà, René plie ses genoux pour être face à face avec la vitrine, tel un enfant. Wow - regarde les minis gâteaux. Ils sont magnifiques ! La dernière phrase est pour la vendeuse ; René lève les yeux vers elle en disant le compliment. Puis, son attention se tourne vers Nessie, à ses côtés. On peut prendre une boite de minis gâteaux, si tu veux ? Ils ont un peu de tout – j’adore mélanger le sucré et le salé. Déjà, le regard va vers le comptoir. René colle son doigt contre le vitrine, intéressé par l’un des choix. Celui là - je le prends à chaque fois. Il est divin. Une fréquentation - un gros idiot - lui a déjà dit que les Reese étaient meilleurs. René se demande encore pourquoi il a pris la peine de lui offrir à manger. Je vais en prendre trois comme ça. Deux pour lui, un pour Nessie. Prends ce que tu veux - au pire on en a plus pour demain matin. Choisis ton café aussi, chou La phrase quitte ses lèvres d’elle-même.Que Nessie soit là ou pas, René mangera les restants. Déjà, Madame Baricco est en train de faire le latte moka de René, habituée à sa commande. Sur le comptoir, deux petites cups ont déjà été déposées pour les chiens, comportant uniquement de la crème fouettée. Un petit cadeau.

- Hmmm - Ça dépend des jours. J’essaie de garder un horaire de sommeil raisonnable mais c’est pas toujours le cas. Parfois, l’ordinateur a raison de lui et René ne voit pas les heures passées. C’est le bruit des oiseaux qui le sort de sa concentration et le sommeil frappe en même temps. Il a besoin de soleil, mine de rien, René. Il fait partie de ces gens qui sont de mauvaise humeur dès le moment où il fait gris ou qu’il pleut. Heureusement, il aime la pluie. Il y a toujours quelque chose de calme qui vient avec la pluie. Mais lorsque son moral est au plus bas, une journée pluvieuse lui tire un peu la grimace. Surtout lorsque la pluie ne fait aucun bruit. Il aime l’entendre plus qu’il aime la voir.
Concentré sur les choix de gâteaux, il tourne son regard vers Nessie quand il lui dit choisir.
- C’est vrai que j’ai bon goût, qu’il dit, quelque chose d’espiègle dans son sourire. René l’observe une seconde de plus et se garde de le toucher de nouveau, appuie plutôt ses doigts contre son dos légèrement, avant de se concentrer sur les choix, encore. Il désigne quelques saveurs moins connues en se disant que Nessie les aimera peut-être - il pense l’avoir entendu en parler dans un interview - avant que Nessie en désigne une.
- Deux comme ça !, qu’il demande déjà. Et un autre à la noisette. C’est tout. Le corps se redresse, presse contre celui de Nessie. René aime être dans son espace vital sans l’envahir, juste à la partager. Il ne cherche pas non plus à en abuser ; sait que la célébrité de Nessie est assez présente pour qu’on le reconnaisse un peu partout. Il ne veut pas que son image atteigne la sienne. La carte bancaire est sortie, les cafés et les gâteaux payés, ceux-ci mis dans un sac particulièrement adorable. René le prend et laisse son café sur le comptoir, s’empare plutôt des deux cups pour s’agenouiller devant les chiens et les nourrir.
Une seconde et déjà, ils dévorent tout. René rit.
- Adorable, qu’il dit, les admirant. Il lève les yeux vers Nessie et lui sourit, avant de regarder Madame Baricco de nouveau. Merci encore ! Cups vides, René va les jeter et nettoie ses doigts avec une napkin avant de chercher son café. Il le retrouve dans la main de Nessie. Oh - Merci, qu’il souffle, surpris et touché. René pince ses lèvres et s’en empare, avant de quitter la boutique.

René aime la sensation du froid contre ses joues. L’air frais dans ses poumons ; l’hiver, il semble toujours plus pur. Pourtant, il sait bien que la ville est loin de posséder l’air le plus pur du monde, peu importe les avancées technologiques d’Icarus ou Theseus. Mais la sensation est agréable et l’hiver lui rappelle toujours quelques souvenirs agréables, comme la maison. Du moins, si Montréal est encore la maison ; René en doute parfois, encore plus depuis son dernier voyage. Dans un sens, plus il passe du temps loin de l’endroit, plus il lui manque. Mais quand René y revient, la désillusion le frappe et il se rappelle que ses souvenirs sont plus jolis que la réalité.
- Vraiment ?, qu’il demande, pourtant son attention sur Nessie. Rentré dans le parc, René détache aussi Lutin avant de se rapprocher de Nessie sans pour autant le toucher entièrement. Il partage sa chaleur. J’adore l’hiver. Surtout les chalets. Un rire, léger. J’y suis pas allé depuis des années, mais bon. Les montagnes, les sapins, tout ça. C’est vraiment beau. Surtout avec une piscine chauffée. René se souvient d’être allé plusieurs fois dans les Laurentides avec d’autres acteurs il y a longtemps, quand il était jeune adulte, pour profiter de la chose. Il y avait peut-être un peu trop d’alcool et de drogue, mais les souvenirs sont biens.
- Ah - Le regard descend sur les sacs. René pince ses lèvres, avant de sourire. t’es chou. Oui, avec plaisir. Un sac est offert à Nessie, suivi d’une fine hésitation. René finit par se pencher et poser un baiser contre sa joue, avant de porter son attention sur les deux chiens. Courant comme des puces dans le parc, ils s’amusent entre eux et avec d’autres bêtes. Et grâce au plan bien réfléchi de Nessie, la dame n’est pas là. René en est rassuré.
Le moment est doux, calme. René sait que pour lui, malgré le fait que Nessie n’aime pas le froid, ça sera un autre beau souvenir associé à la saison. Ses doigts sont chauds contre son café, et il a hâte de retourner à son loft, sentir la piqûre du froid contre sa peau pendant qu’il réchauffe, manger une pizza, dessiner Nessie et, avec de la chance, l’embrasser et l’enlacer encore dans les draps.
Il espère que la journée ne finira pas.
Ou que si c'est un rêve, qu'il continuera longtemps.