wonderful life ;; Ernest/Liam

Les couverts ont tous un sens, chez Ernest ; couteau à droite, lame tournée vers l'assiette ; fourchette ainsi à gauche. Ils auraient prévu plusieurs bouts de repas, il y en aurait d'autre ; mais non, alors la minutie se situe dans ce bout de détail, dans l'alignement parfait de tout ça. Souvent, Ernest constate que beaucoup ont oublié ou n'ont même jamais appris ; un poil de regret encore, sur quelque chose d'aussi bête et si peu utile.

Et est-ce vraiment si important, quand une paire de bras vient à l'entourer ainsi ? Que sa concentration se casse, au profit d'un sourire et d'un corps qui, naturellement, vient à se lover un peu plus contre l'autre. "Pourquoi serait-il effrayé ?" Qu'il demande, une mimine se levant pour venir caresser un bout de joue, caressant le début de la tignasse aussi. "Je suis sûr qu'il va adorer, a mhuirnínchéri." Le sourire s'entend, dans sa voix ; dans son âme, même. Vieille, souvent épuisée ; mais semblant retrouver le goût de cette vie qu'il avait abandonné en s'enfermant dans le manoir familial.

Les doigts s'emmêlent ; et la sonnette s'en mêle.

Le sursaut d'Amílcar vient à lui en arracher un aussi et finalement, il souffle un rire. "Tu es parfait !" Embrassant alors à la dérobée la joue de l'autre avant de le laisser filer vers l'entrée. En revient à ses couverts, mais ils sont parfaits ainsi posés ; et il retient son soupir, avant de finalement s'avancer. Il constate déjà le sourire de Liam alors qu'il a rendu l'étreinte d'Amílcar d'avec ce petit chaud au coeur ; et Ernest n'est pas aveugle, voit bien comme le gamin regarde l'adulte ; d'avec cette étincelle dans le regard, d'avec ce quelque chose qui le rend plus vivant.

C'est drôle, comme Amílcar rend tout le monde plus vivant.

"Oui, sans problème !" Liam s'engouffre dans les lieux, d'avec cette joie d'avoir été confié ; dix minutes qu'il attendait, parce qu'il était arrivé en avance, qu'il n'avait pas su quoi faire d'autre que d'attendre, par peur de déranger s'il arrivait trop tôt ; mais l'y voici enfin, à pouvoir passer du temps avec l'homme et son compagnon ; le même qu'il aperçoit et qu'il salue d'un enthousiaste "bonsoir !" qui le surprend lui-même - comme s'il avait peur de se faire trop remarquer, à parler ainsi. "Bonsoir, Liam." Jamais Ernest n'aurait cru finir un jour ainsi entouré de gens travaillant avec Icarus ; son père aurait-il honte de le voir ainsi ?

Et Law, alors ?

Mais il lui suffit de regarder ces deux-là interagir, pour se rappeler que derrière l'horreur se tient des gens qui n'ont rien à voir avec. "Je vais préparer les apéritifs. Que prendras-tu, Liam ?" Pour l'amoureux, il sait - sauf si ce dernier décide d'autre chose, mais il saura le signifier si tel est le cas. Ernest prend le temps de lui dire ce qu'ils ont - totalement acheté pour Liam, Ernest ne toucherait jamais au moindre soda du genre. "Du coca, ça m'ira très bien, merci beaucoup." Le gamin est poli ; il l'a toujours été ; sans doute pour ça qu'Ernest aime bien le voir là, trainer dans le paysage et s'y attarder ; surtout s'il continue à regarder Amílcar ainsi.

"Oh, au fait !" Il avait réussi à oublier ; le geste est rapide, pour relever la poche qu'il a avec lui et pouvoir ainsi l'offrir à son hôte du jour. "C'est pour vous deux !" Dedans ? Une bouteille de vin, apparemment un grand nom - Liam n'en a pas la moindre idée, n'en boit jamais, a suivi les conseils qu'on avait pu lui donner. "J'espère qu'elle vous plaira." Sourire plus timide ; empreint de cette sincérité du gamin qui, il l'espère, saura rendre fier cette figure de plus en plus paternelle, dans son esprit. Liam est conscient qu'il devrait enfin arrêter de courir après l'espoir d'un jour avoir ce qu'il n'a jamais eu ; mais le coeur n'écoute que trop rarement la raison.

Ernest s'apprêtait à partir ; mais était resté, du coup ; et sourit, face à l'attention du gamin - et dire que son amoureux avait peur que le gamin soit effrayé. "C'est gentil, merci !" Qu'il souffle avant de s'éloigner pour aller les servir. Liam l'observe partir et puis relève le nez vers l'hôte ; sur qui il veille au mieux, d'avec ce coeur d'enfant et jeune adulte à la fois. "Comment ça va ?" Qu'il demande, TOUJOURS, quand ils se voient ; cette éternelle question, pour tenter de prendre les mesures de ce qu'il peut bien se passer ; il sait, Liam ; il sait ce qu'Icarus est capable de faire, d'avec ces vilains ; et il espère très sincèrement que l'autre série où Amílcar joue saura faire plus de bruit que la leur, pour que tous comprennent qu'il est bel et bien qu'un acteur.

Juste ça ; pas un vilain, jamais même.