Le rocher de Sisyphe / Less~4

Quitter cet appartement et cette pharmacie est le choix le plus sensé. Un choix qui a été sourd pendant une année ; un désir qui ne m’a pas quitté tout ce temps. Il est étrange pourtant d’annoncer la chose et aussi, d’avoir signé les papiers pour la mise en vente. Mes pensées sont confuses, n’arrivent pas à s'aligner pour penser à ce que pourrait être l’avenir. Malgré tout , je tâche de suivre le plan conçu il y a de nombreux mois. Mettre les pieds à New Blossom n’a jamais été dans mes plans, n’a jamais fait partie de mes envies. Un an dans une cage ; un an loin de -
Loin. Je ne saurais pas dire de quoi, mais loin.
Peu importe, au final.
La vente a été annoncée. Une année perdue.
Le futur est flou ; une chose que je ne peux identifier, qui m’échappe. Rien ne reste entre mes doigts. Je n’arrive pas à voir quoique ce soit.
Mes pensées sont axées sur la pharmacie. Sur les appartements.
Sur son appartement.
Peu importe. Une chose à la fois. La vente est la priorité.

Dans un soupir retenu, je dépose le livre contre mes cuisses. La page a été lue et relue à de nombreuses reprises mais aucune information ne reste dans mes pensées. C’est peine perdue pour ce soir. Il faudrait peut-être penser à fermer les lumières, dormir. Demain sera un autre jour.

Le livre est déposé sur la table basse tandis que je me redresse quand, contre la porte, on toque. J’ai un moment d’arrêt, observant vers le son au loin, avant de m’y rendre. Mon genou me fait moins mal, dernièrement. Pourtant, l’humidité arrive prochainement ; la douleur reviendra. La chose était impossible, l’an dernier.
Avec de la chance, peut-être que j’aurais quitté la ville avant cela.
La porte s’ouvre ; de l’autre côté, Keane.
Miss.
Peu importe son nom. Je ne l’ignore encore.
- Il y a un problème ? Je me recule d’un pas, lui laissant la place pour rentrer. Depuis cet jour-là, celui où je lui ai offert les clés de l’appartement, je ne l’ai pas réellement vu. Keane - Miss ? - est un mystère dont la réponse devrait être mienne. Laisse moi te procurer des mouchoirs. que j’annonce après avoir observé ses traits trop longtemps. La vision me dérange. Il semble dans un terrible état. D’un pas décidé, je vais lui en chercher deux que je lui apporte. Assieds-toi que je lui propose, les mots décidés, en désignant l’une des chaises.

Il y a un sentiment de confort qui prend place en moi maintenant que Keane est dans l’appartement. J’en suis autant dérangé qu’apaisé. La réponse est connue ; je n’ai aucunement besoin de me poser la question. Ce que représente Keane est défini, bien que nouveau. Une nouveauté que j’accepte sans la moindre honte. Nul besoin de me prononcer sur la chose. Avoir conscience d’un sentiment ne nécessite pas de le partager. Il serait bien étrange, je suppose, de m’ouvrir sur la chose. Je peine à savoir ce que je pourrais en faire, de toute manière.
Le présent est flou. Le futur aussi.
Je nage dans une manière trop opaque pour voir quoique ce soit.
Mes sourcils se froncent dans les problématiques de Keane sont prononcées. Je n’y trouve que peu de solution, sauf une.
- Reste avec moi, que je dicte directement, le ton confiant, sans la moindre gêne. Prononcer les mots me fait réaliser que je parle de l’avenir autant que de cette nuit. L’appartement t’est familier, je présume ? Tu peux rester ici cette nuit, que j’ajoute malgré tout pour ne pas le brusquer. Quant à l’avenir, je ne possède aucune idée de ce à quoi il ressemble Je ne lui mens pas, il vaut mieux être franc.
Mon regard reste accroché au sien. Il y a quelque chose dans le regard de Keane. C’est une impression que j’ai toujours possédé. Maintenant, je sais pourquoi. Il m’attire follement.
- Tu peux rester avec moi que je répète sans le quitter des yeux, mais cette fois-ci dans le sens plus large. Je ne le précise pas. Il n’a pas besoin de le savoir.
Je ne sais pas où je vais, mais Miss peut rester avec moi. Sa compagnie est la bienvenue.

L’offre est acceptée avec aisance ; loin de moi de me faire des attentes sur la chose et pourtant, un confort quelconque m’empare. J’hoche la tête sobrement tandis que mon coeur exerce une vive danse. Si mon genou est dans un piètre état, l’organe n’en possède aucun. Il me semble depuis un moment qu’il ne cesse de s’agiter de manières nouvelles. Il serait aisé de poser des questions sur un tel événement, mais je n’en possède pas le désir. De toute manière, je peux bien comprendre le raisonnement.
Avec une grâce naturelle, je me dirige de l’autre côté du comptoir pour préparer des breuvages. Dans un tel état, un peu de chaleur ferait du bien. La caféine me semble une terrible idée .; autant se reposer sur une infusion. Il me semble posséder encore quelques herbes hors de prix dans une armoire.
Tandis que je cherche, Miss parle de nouveau. Les paroles sont hésitantes et maladroites.
- Désire-tu que ce soit mon problème ? Je demande sans détour. Certes, peut-être est-ce le cas. Du moins, j’agis de la sorte. Sinon, je ne lui aurais pas offert l’appartement. Il est fortement difficile de ne pas voir la chose ainsi.
Les herbes trouvées, je les dépose sur le comptoir et l’observe, un moment.
Son visage m’a manqué. La pensée est dérangeante. Savoir que le manque peut me frapper pour autre chose que la danse. Sur cela, par contre, je possède un contrôle.
- Cette nuit et la suivante, l’autre aussi si tu le désires. Une liste simple à prononcer. Reste autant que tu le souhaites. Je n e demande qu’une chose en échange. De nombreuses idées germent dans mon esprit. Plusieurs si nouvelles que je n’en connais ni la saveur, ni la couleur. Ton prénom. Qui es-tu ? Une ombre qui pèse depuis des semaines. Son prénom.

L’incrédulité de Miss n’a rien de surprenant. Elle a été mienne aussi, dans les premiers temps. Les changements sont loin d’être une chose qui me plait. Son absence a été un dérangement profond aux premiers abords et par la suite, de nouvelles choses ont été plus apparentes. Il serait mentir de dire que je n’avais pas déjà conscience de la chose au minimum, du moins. J’avais simplement décidé à l’époque de ne pas y prêter attention. Il s’agit d’une chose que je n’ai jamais cherché ou désiré, et l’éprouver pour la première fois ne changeait rien à la donne. Du moins, c’était ce que j’osais croire. Son absence a été une cruauté que je n’avais pas demandé et qui a ébranlé ce qui était déjà établi dans mon esprit.
Son absence était une terrible et cruelle chose. Un moyen dérangeant pour éveiller avec plus de force ce qui s’animait déjà en moi et m’empêcher de détourner le regard. Cruelle vie, vraiment. À quoi bon ignorer quelque chose de si criard ? Je ne suis pas sourd.
Le dérangement que j’éprouve face à la chose s’est calmé au fil du temps. Savoir que Miss possède un toît sur la tête m’apaise à un certain point, je suppose.
Le voir ainsi ? Le voir ainsi n’aide en rien. Keane - ou qu’importe son nom - est un véritable nid à problèmes. Ma vie aurait été beaucoup plus tranquille sans sa présence.
Loin de moi l’idée de me départir de sa présence, pourtant.
- Je ne pense pas être discret sur le pourquoi du comment, que je lui réponds dans le plus grand des calmes. Devrais-je dire les choses telles qu’elles sont ? Je suppose que oui.
Découvrir son prénom est plus pressant, au final.
- Jaehyo Je le teste sur ma langue. Ma prononciation est acceptable ? Une chose importante à savoir, vraiment. Je fais un signe de la tête, bref. Ton intelligence n’est pas un mensonge. Loin de moi l’idée d’avoir douter de la chose. Mis - Jaehyo a toujours été intelligent. Plus sensible peut-être, mais intelligent malgré tout. Sa compagnie est précieuse. M’as-tu donné ces informations par politesse ou car tu désires rester en ma compagnie ? Quelle étrange idée, si c’est le cas. Peu de gens apprécient cela ; ma présence.
Je l’observe un moment, silencieux. Puis, mon regard tombe sur la bouilloire annonçant la température parfaite. Dans un pas calme, je m’écarte pour aller m’en emparer, laissant l’eau couler dans la théière contenant les herbes.
- Pour ma part et à ma grande surprise, je désire être en ta compagnie Chose dite, je lève les yeux et croise les siens.

Presque ça. La réponse ne me convient pas ; je peux sentir mes sourcils se froncer alors que le fait de ne pas être parfait quant à ma prononciation me dérange profondément. Son prénom est important ; j’ai prononcé le mauvais pendant des mois maintenant. Je ne demande qu’à prononcer de manière impeccable son véritable prénom. Combien de temps s’est écoulé depuis qu’il ne l’a pas entendu convenablement dit ? Y penser n’arrange absolument pas mon état.
Je prononce pourtant d’autres questions ; il est plus aisé de demander maintenant que la porte est ouverte. Je veux savoir tout ce que j’ignore à son sujet. Il est dérangeant d’être autant dans l’ignorance alors qu’il est au coeur de mes pensées et de mes préoccupations.
Je plisse des lèvres face à sa réponse. Il y a bien plus de problématiques que je ne le pensais.
- Je vois, que je dicte. Beaucoup de pensées traversent mon esprit. Il est difficile d’y mettre de l’ordre à une telle heure. Malgré tout, je me vois forcé de le faire. Il faudra t’en procurer des faux. Je prononce la chose comme une évidence, mais Keane - Jaehyo - sait. Mes mains ne sont pas propres. Dans notre clinique, nous avons soigné trop souvent des gens malintentionnés pour une somme plutôt acceptable. Ma morale est loin d’être propre. La chose ne me dérange pas. Mais la sienne… Tu le voudrais ? Mon regard est ancré au creux du sien. Si je parviens à t’en procurer, tu les prendrais ? Au travers des gens que nous avons soigné, certains sont influents. Je peux trouver une telle chose. Je veux que tu restes à mes côtés., que j’ajoute, plus bas. Mes lèvres se pincent un instant, et je continue ; précise : Je n’ai jamais ressenti cela pour qui que ce soit. C’est fort dérangeant, mais je refuse de jouer l’aveugle et d’ignorer la chose. Je l’accepte entièrement. Peu importe l’inconnu. Je n’ai jamais ralenti devant l’inconnu. Le vide ne me fait pas peur. J’espère ne pas te rendre inconfortable. Il serait mentir de dire que je sais parfaitement comment les gens procèdent dans de telles circonstances.

Le coeur est une étrange machine ; je n’en connais pas tous les mécanismes. Je connais ceux du corps ; de mon corps. Je sais quand il me pose problème, quand il n’écoute pas mes souhaits. Mon coeur, lui, possède des mouvements étrangers. Des battements inconnus.
Je l’écoute battre et sa mélodie se dirige vers un seul et unique visage.
Le tien, Jaehyo.
La chose est bien dérangeante. Surtout après les secrets, les mensonges. Après tout ce qui a été dit en silence. Mais soit.
Soit, je l’accepte. Je l’assume ; je ne le cache pas. Mon coeur bat pour toi. L’entends-tu ? Certainement pas. Il faudrait poser ta main contre mon torse. Qu’importe.
Je prononce les mots sans la moindre once de gêne. Sans la moindre hésitation. Je dis tout ce qui doit être dit. Entends-tu ? Vois-tu ? Je ne suis pas très doué pour le dévoiler. Je ne suis pas très habile pour être aimable. On me l’a déjà dit, mais je n’ai pas besoin de l’entendre pour le savoir. Je suis ainsi, voilà tout.
À prendre ou à laisser. Quel est ton choix ?
- Je les ferais. Il faudra contacter certaines personnes, mais je trouverais comment. Dépenser de l’argent aussi. De l’argent que je ne possède pas. Il faudra payer en promesses.
Un pas vers la théière ; je verse les breuvages ; m’empare d’une tasse que je ramène vers lui, m’approchant pour le rejoindre.
Tu n’es pas inconfortable. Tu veux rester dormir ce soir.
Je t’observe ; un silence.
La tasse est offerte et j’ouvre la bouche.
- Il n’y a qu’un lit. que je prononce simplement. Tu comptes dormir avec moi ? Sous quelle forme ? Penses-tu simplement à dormir ? Je pourrais être porteur de gêne et pourtant ; Je n’ai jamais embrassé qui que ce soit. Le reste est aisé à deviner.

La situation est bien particulière. J'ai conscience qu'il s'agit d'un sentiment et d'un événement que je n'ai jamais désiré dans ma vie. Plusieurs en ont parlé autour de moi et jamais un intérêt n'a été présent dans mes pensées ou dans mon coeur. Fut un temps où je me suis demandé s'il y avait un problème avant de me défaire de cette idée. J'avais la danse. J'avais la passion. Tenir la main d'une personne ou partager ma vie ne m'a jamais enflammé de la même manière. Où était l'intérêt ? Je me le suis souvent demandé.
Maintenant, je le sais.
Jaehyo est une bien terrible personne. Je n'aurais pas cru être frappé par une telle stupidité un jour et pourtant ; me voilà aujourd'hui.
Amoureux.
On dirait une mauvaise blague. Mais le sentiment est bien présent et je l'accepte avec aisance. Mon manque de connaissance ne me gène pas ; il me dérange. Je déteste ne pas être qualifié dans un domaine qui m'intéresse. Il serait fort plaisant que Jaehyo me dise ses préférences pour que je puisse le combler. L'idée de ne pas en être apte me dérange particulièrement.
À croire que ce n'est pas seulement dans la danse que je cherche la perfection.
En amour aussi. Ou du bien, avec Jaehyo.
Ses paroles maladroites sont attachantes. L'ombre de sourire se glisse sur mes lèvres ; je peux le sentir. La chose est aussi ridicule que chaleureuse. Je suis heureux de le mettre dans un pareil état. De posséder un effet sur lui ; il serait bien triste d'être un seul dans un tel état bien que, je suppose, je montre très peu la chose.
- je le veux Je le dicte sans hésitation. Le terrain est inconnu mais il ne me fait pas peur. Je déborde même de curiosité. Il y a bien des choses que j'ignore à son sujet et je veux les découvrir. Les apprendre par coeur.
-Toi aussi, Jaehyo ? De par ses mots maladroits, je suppose que si. Sa réaction me donne confiance. comment aimes-tu être embrassé? Je le ferais. Inutile de tourner autour du pot. J’ai la chose à l'occasion, je peux la reproduire. et au lit ? Je ferais tout ce que tu veux. Pour cela, il me faudrait plus d'apprentissage mais qu'importe : je ne recule pas devant une telle chose. J'en raffole.

La maladresse de Jaehyo est intéressante à observer. Quel fait étrange ; avant, elle me dérangeait profondément. Il suffisait de parler pour qu’il échappe une chose au sol, trop concentré. La chose m'agaçait profondément. La réaction que je ressens est différente, maintenant. Je dévore des yeux chaque petit détail se glissant sur ses traits ; dans ses gestes. Est-il si mal à l’aise ? A-t-il peur ? Je suppose que je peux être allé trop loin. Normalement, une telle possibilité ne me dérange pas. Je ne demande à personne de rester. Je vais à mon rythme, tout simplement. Qu’iels suivent ou non, le détail m’importe peu.
L’idée que je sois allé trop loin pour Jaehyo me dérange. Un fait intéressant. Je pince les lèvres, les sourcils légèrement froncés. Je n’aime pas cette idée.
Quel fait dérangeant.
Je suppose qu’il faut l’accepter.
La réponse maladroite qu’il offre apaise cette inquiétude. Tant mieux. Je n’aime pas cette impression. Ce ressenti. Je n’en veux pas.
- Affection et sincérité que je répête, avant d’hocher de la tête. Je ne ferais pas autrement. Je ressens de l’affection à son égard et je suis sincère, après tout.
Mon regard va sur la tasse abandonnée et ses mains liées, ensuite. Ses doigts sont fins et longs. Ses mains me semblent douces. Les hydrate-t-il ? Je possède une bonne crème qu’il peut utiliser.
- Suivre les indications… Que je répête, encore. Contrairement à sa voix, la mienne est monotone. Aimes-tu suivre les indications ? Je suppose que je pourrais faire des recherches pour savoir comment procéder de la sorte si c’est le cas.
Ai-je un papier quelque part ? Il me faudrait prendre des notes.
Je quitte mon banc pour ouvrir un tiroir et chercher. J’en sors un carnet et un crayon et reste debout, à ses côtés. Quelques centimètres nous séparent. Je note affection et sincérité, puis indications. Je souligne les deux premiers.
Je tape deux fois le crayon sur le carnet, réfléchissant, avant de tourner les yeux vers lui.
- J’aimerais t’embrasser , que je dis. Mon regard va sur ses lèvres. Je suis sincère. Il est important de le préciser.

D’autres notes sont mises sur papier ; les questions de Jaehyo sont maintenant les miennes. Je l’aiderais à trouver les réponses. La chose prendra du temps mais je désire savoir ; découvrir avec lui. Les gens procèdent-iels par des tests pour découvrir la chose ? Le sujet m’est entièrement inconnu. Si je suis dérangé par la chose, j’y reste curieux. L’inconnu est si large et je désire y plonger. Je veux découvrir ce que Jaehyo apprécie. Ce qu’il aime ; je veux tout savoir.
Le néant est profond et je désire en remplir chaque centimètre. En connaître chaque recoin.
- Je prendrais le temps de le découvrir, que je dis en écrivant, sincère.
Mon regard quitte la feuille ; va sur ses traits ; ses lèvres. Je veux l’embrasser et je le partage.
Son visage se transforme ; l’expression est appréciable.
Il est beau. J’ai toujours eu conscience de la beauté des autres, mais elle ne m’a jamais atteinte. Celle de Jaehyo me prend au ventre comme ces chorégraphies que je connais par coeur et que je saigne qu’importe la souffrance de mon coeur.
Celles qui me font vivre et respirer.
- Où tu en es ? La phrase m’échappe. Sourcils froncés d’interrogation, je l’observe.
Il me demande de l’embrasser. Je l’observe un moment ; le crayon est déposé sur la feuille et j'hoche la tête.
- D’accord. Je me tourne pour lui faire face. Les mains de Jaehyo sont toujours liées ; je me demande comment seraient nos mains liées. Aimerait-il croiser nos doigts ? Je ne saurais dire ce qui est confortable. Je peux mettre ma main sur ta joue ? Les gens font cela ; une telle vision m’a toujours dérangée. Et les bruits de bouche, quoi en dire ? Horrible chose à entendre. Entendre un bruit venant de mon employé me rend curieux, par contre.
Main posée contre sa joue ; elle est douce.
- Ta joue est douce. Je prends un moment pour la caresser et en mémoriser la texture. Elle est plus qu’agréable. Au bout d’un moment, je me penche et l’embrasse. Un simple contact des lèvres ; la sensation est agréable. La pression est légère ; je l’accentue un peu, puis recule mon visage. Je peux toujours sentir la sensation sur ma bouche. Ce n’était pas assez, que je dis et pense en même temps, avant de me pencher de nouveau.

Les lèvres de Jaehyo sont douces; je peux percevoir au contact qu’elles sont gercées à un endroit précis, à gauche. Une plaie ? Une morsure ? Lorsque je recule mon visage, j’y porte le regard pour le découvrir. Une morsure, on dirait bien. La marque est intéressante. Elle fait naître une chaleur confortable dans mon ventre ; similaire à un bon café.
Ses lèvres sont chaudes ; rebondies. J’ai envie de l’embrasser de nouveau.
Est-ce donc l'envoûtement dont parlent les gens ? Une terrible chose.
J’ai envie de l’embrasser de nouveau. De tenir sa main ; il tient la mienne.
Sait-il lire dans les pensées ? Ce n’est pas une aptitude de chat, non. Sa main est douce aussi ; le stylo est abandonné pour me concentrer sur ses lèvres.
- C’est très addictif. Je suppose que je peux comprendre pourquoi ces gens ne parviennent pas à s’éloigner les un.es des autres en attendant le bus ou le métro.
Son visage s’éloigne du mien et je ne suis pas certain d’apprécier la chose. Elle me dérange. J’aurais apprécié continuer. Je serre ses doigts pour le retenir, mais Jaehyo ne s’éloigne même pas.
- Aller dans la chambre C’est une suite très logique, oui. Est-ce normal d’aller si vite ? La chaleur n’a pas quitté mon ventre et je sais ce qu’elle signifie. Les dernières semaines m’ont fait découvrir mon corps autrement. Certes, je me suis touché par le passé, mais certainement jamais avec une image précise en tête. Avant, la chose était une tâche.
Maintenant…
- Je ressens un désir sexuel à ton égard présentement, si c’est ton questionnement que je lui dis sans le quitter des yeux. Je ne tiens pas à ma virginité Il est important de le dire. Je ne porte pas ma virginité comme une fierté ou quoique ce soit. Toujours, la chose m’a rendue indifférent.
Je bouge ma main dans la sienne et m’empare de ses doigts. Je prends le temps de glisser mes doigts entre les siens et trouve la sensation agréable. Mon regard se pose sur les tasses et je devrais les nettoyer ; mais qu’importe, la chose attendra.
- Allons à la chambre, que je répète, plus décidé que lui, avant de l'entraîner dans les escaliers. Mon ascension se coupe à mi-chemin pour me retourner et l’embrasser de nouveau. Ça me manquait, que je dicte avant de continuer de monter.

Une chambre sert à dormir. J’y possède mon lit, une armoire pour mes vêtements et une petite bibliothèque pour y mettre quelques livres. J’en possède une en bas aussi, mais je n’aime pas que des romans trainent dans l’appartement. Ceux dans ma chambre attendent d’être lus, tandis que ceux en bas ont été appréciés lorsque je l’ai fait. Je me débarrasse de ceux que je n’aime pas et y laisse un commentaire sur la première page pour les prochains lecteurs. Il faut bien les aviser.
Ma main est froide en perdant celle de Jaehyo. Je suppose que la chose est normale ; je n’ai jamais particulièrement chaud. L’hiver est une terrible chose pour moi. Pourtant, nous sommes en mai. Je ne devrais pas avoir froid de la sorte. La température de ma chambre est bien ajustée.
- Je ne possède pas de doute Des questions certes, mais aucun doute. La chose me paraît bien étrange.
Le baiser venant de Jaehyo, lui, est loin de l’être. Il est trop bref, par contre. Un défaut considérable.
- Je ne sais pas ; je réponds avec sincérité. Je sais comment un homme et une femme se reproduisent. J’ai eu une éducation sexuelle comme toute personne, après tout. J’ai eu des examens à ce sujet ; sinon, je n’en saurais rien. Le sujet ne m’intéressait pas.
Lorsque j’ai commencé à ressentir de l’attirance pour Jaehyo, j’ai pensé à faire des recherches. Les sites pornographiques sont emplis de virus et de publicités dérangeantes.
- Au niveau de l’homosexualité, je ne saurais dire. La musique me dérangeait particulièrement sur les sites pornographiques et les hommes n’étaient pas attirants. Le mauvais goût était trop criant pour que je regarde plus de quelques secondes d’une vidéo. J’ai bien lu des articles ensuite, mais apprendre une information est différent de savoir ce que je désire et préfère. Je veux t’embrasser et te toucher, que je dis avec un poil plus de douceur, à effleurer ses lèvres des yeux. L’embrasser me semble une bonne idée ; je le fais donc de nouveau, l’une de mes mains allant se poser contre sa taille. Au travers du tissu, sa peau semble chaude. Mes doigts sont froids. Excuse-moi. Mes mains sont froides. que je lui dis, près de ses lèvres. As-tu des préférences ?

Je ne possède pas de craintes, mais les paroles de Jaehyo sont rassurantes. Sa délicatesse a longtemps été une source profonde d’agacement. Je n’ai jamais bien apprécié la manière dont il prenait le temps de s’occuper des clients et d’en faire la priorité alors que l’argent était la plus grande des problématiques. Il est particulier de voir que maintenant, sa délicatesse est l’une des raisons pour laquelle je l’apprécie. Jaehyo possède un bon coeur ; certainement trop bon. Je ne me suis jamais questionné sur la couleur du mien, mais je suppose qu’il n’est pas bien pur. La chose ne me dérange pas. Je n’ai pas peur de finir en Enfer. Je n’y crois pas.
Ses lèvres sont délicates aussi, contre les miennes. Le contact est plus appuyé que la première fois, les baisers plus longs. Il n’y a plus de pauses entre les échanges.
Mes doigts sont froids et mon ventre est chaud. Il en est le responsable.
Mes lunettes sont bien dérangeantes pour les baisers. Je les retire quand Jaehyo parle ; je les pose sur la table de chevet.
- Actif, d’accord. Je marque une pause et ajoute. Mon membre est plus imposant que la moyenne. En es-tu certain ? Il s’agit d’une question importante. C’est une remarque qui m’a été faite plusieurs fois par le passé, dans les vestiaires. J’ai bien remarqué aussi les différences avec les autres hommes. Et mon corps n’est pas très - Je marque une pause et cherche le bon mot. beau que je choisis. Je ne l’aime pas. Il y a trop de tâches de rousseurs. Il est trop pale, mais la couleur n’y colle pas. Je ne fais que plus de tâches de rousseurs.
Mon regard quitte le sien, cette fois-ci. Est-ce une honte ? Je ne saurais dire. Je ne sais pas.
- Allons sur le lit que je souffle bas. Je serre sa taille et l’y guide. Puis, l’ouvre le premier tiroir de ma table de chevet. Je m’empare d’un tube de lubrifiant et de deux préservatifs. Je n’aime pas salire, que je lui explique. Lorsque je me touche, j’en porte un. Il est plus aisé de nettoyer par la suite. Je les dépose sur le lit, l’un à côté de l’autre, avant de me toucher vers lui de nouveau. Je m’empare de ses mains et les tenant toujours, les pose sur nos genoux pressés les uns contre les autres. Je me penche de nouveau vers lui pour l’embrasser. Il y a une impatience dans mon geste venant de la chaleur m’empoignant le ventre.