Artificial Flowers [loni#2]

Suni cherche le passé alors que celui-ci s’est depuis longtemps brisé entre ses doigts. Elle essaie de le construire dans un endroit qui n’existe pas vraiment, dans un lieu qui se trouve ailleurs, qui brille de fausses lueurs et qui ne reflètent pas ce qu’elle a connu, autrefois.
Ce qu’elle a bati dans un ailleurs qui prend la poussière, qui soit habitée par les herbes hautes et abandonné, maintenant.
Suni s’ennuie de la ferme ; de la ferme et de ses légumes, de son âne et de son lac artificiel. Elle prendrait de nouveau la cage d’Icarus, certains jours, uniquement pour se sentir libre.
Elle ne s’est jamais sentie aussi seule.
Elle ne s’est jamais sentie aussi triste.
Dans un monde qui n’en est pas un, Suni essaie de créer ce qui a été détruit. Il y a quelque chose qui ne va pas avec la maison, avec le chant aussi. Les animaux ne sont pas doux sous leurs doigts, qu’importe les efforts technologiques pour faire du vrai avec du faux.
Ici, tout lui rappelle le passé et pourtant, tout y échappe.
Prisonnière de son avatar - une fleur rose humanoïde - Suni ne se sent pas très belle. Elle se sent fausse, qu’importe l’impression de nectar qui lui vient au nez, qu’importe la beauté de ses pétales ou de ses feuilles. Suni se brise un peu, une minute à la fois, à tenter de créer une réalité qui n’est plus la sienne.
Au bout d’un moment, elle s’avoue vaincue ; le construct ne lui répond pas, les erreurs sont trop nombreuses, l’âne fait le bruit du canard et les fleurs ne sont pas assez fleurs, et elle veut tout supprimer.
Sur ses genoux verts, dans l’herbe fausse, la petite abeille souffle doucement et, plutôt que d’appuyer sur le bouton supprimer de son construct, elle appuie sur le bouton d’assistante. Et elle attend.
Juste, elle attend de l’aide.
Comme toujours.
Car Suni, elle est incapable de se faire quoique ce soit par elle-même.

beekeeper
cw:  

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Ca lui apprendra, à Love, de faire des promesses en l’air, des renvoi d'ascenseur qu’elle pense qui ne reviendra jamais. Mais quand elle a reçu un message sur sa messagerie professionnel de Oblial, elle a sû que c’était fichu, que son après-midi et possiblement le début de la nuit serait voué à aider le team leader helpdesk. Elle n’a jamais haï autant la possibilité de voir quand son message était vu, ni la technique de ces vils individus d'appeler immédiatement.
La voilà donc dans une chaise du MW qui n’appartient pas à son équipe, a récupéré son casque pimpé et a enchainé depuis deux heures l’aide en tout genre. En soi, Love considère que c’est une bonne activité, une manière de voir où se situe l’usage des utilisateurs, ce qu’iels font, les difficultées qu’iels rencontrent, même si c’est souvent de l’ordre du codage.
S’iels faisaient une meilleur boulot que Love, iels travailleraient tous pour Theseus. A la place, ils dépendant de la bête, engendrent des millions de dollars par mois. Love aurait vraiment du acheter des parts, quand ils le lui ont offert. Ca lui apprendra à ne rien connaitre à la finance (leçon retenue).
Un nouvel appel de détresse et l’avatar de admin110111111 apparait dans un pop sonore et presque amusant. La figure invisible, seulement désignée par des pointillées blancs fait mine de s’étirer. Elle détaille la vue, échappe un petit sifflement, vérifie qu’il ne s’agit pas de sweettealover, ou un psycho du genre. Mais l’historique est clean, constate une participation à l’interview de SAM, sans que ça ne l’intéresse autre mesure. “Hello and thank you for asking for our help.” Love pivote vers la fleur qui a un genou au sol. Elle se penche vers la créature qui n’est pas que du code, offre sa main pour l’aider à se redresser. “I am admin-with-a-lot-of-numbers, you can call me Zero.” Elle soulève la créature de pétales avec l’aisance du metaworld, la remet sur ses deux pieds, la relache avec tranquillité. “How may I be of assistance?” Au-dessus de son avatar apparaît un emoji qui sourit chaleureusement.
ft.  @Suni Park   

Le regard est fixé sur ce qui semble être une fleur. Plus orange que rouge, la couleur n’est pas parfaite, même imparfaite, et Suni se sent profondément frustrée par une telle chose. Il suffirait juste de trouver la couleur parfaite. De la créer et enfin, les fleurs seraient comme celles de la maison. Mais Suni n’y parvient pas. Elle ne parvient à rien, même à faire une simple petite couleur. Tout ressemble à ce qui lui appartient et pourtant, n’y ressemble pas. Suni aimerait juste pouvoir plonger dans un souvenir. Elle aimerait juste retrouver cette paix d’autrefois, quelque chose, n’importe quoi.
Mais elle n’y arrive pas.
Un sursaut la traverse lorsqu’un son résonne. Suni papillonne des yeux, cherche ce qui vient d’apparaître. Il lui faut un moment pour trouver.
La forme est invisible et présente, en même temps. Suni l’observe la tête penchée, douce. Il y a une pétale qui lui tombe devant le visage. La petite abeille observe la créature s’approcher, se demande où les gens peuvent bien trouver leur imagination. C’est si particulier et unique. Elle ne saurait pas créer une telle chose. Une présence absence. Un vide vivant. C’est doux amer, dans un sens.
- Oh je - Bonjour oui. Je suis désolée de déranger - je voulais hm - c’est Le petit flot de paroles s’arrête face à la main tendue. Suni l’observe avec toute la curiosité du monde, toute la douceur qu’elle peut posséder, ainsi, en cette fleur-humaine qu’elle est. Zero, qu’elle souffle, avant de s’emparer de ses doigts. Quel joli nom, qu’elle ajoute, une fois mise sur pieds. Oh- Oui je - c’est stupide, j’ai honte Le regard de la fleur descend sur ses bras, longues tiges dont les doigts sont des feuilles. Elle les presse les unes contre les autres, gênée par son appel à l’aide. Je ne suis pas très douée - j’essaie de recréer un endroit très précis mais oh - Quand elle lève les yeux sur l’avatar, Suni est surprise par le sourire affiché dans les airs. Il la fait sourire, petite douceur sur ses traits fleuris. Je suis désolée - c’est très enfantin Il y a des problèmes plus importants. Suni se sent ridicule.