The pen is mightier than the sword

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morts, blessures, anxiété

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Coussins rembourrés sur le canapé, June est à moitié couchée. Sa position préférée depuis plusieurs jours déjà, celle qui lui fait le moins mal. Elle a préparé les boissons sur la table du salon, et a vivement regretté que Drak0na ne puisse pas porter le plateau. Mais la douleur est tout de même moins vive qu’au tout début. A défaut d’être venu l’aider, Icarus avait su lui prodiguer les soins nécessaires en une rapidité affolante. Un représentant avait même eu l'audace de la féliciter pour sa « victoire » contre G.IA, lui avait assuré qu’Icarus avec été admiratif des capacités de la Sept, de ses nouveaux pouvoirs. June avait dû lui rappeler qu’il y avait eu 24 morts et une bonne partie par sa faute. Flammes dévastatrices. Aucune victoire à célébrer ici. Alors qu’elle l’aurait voulu, elle aussi. Pouvoir se satisfaire de son combat, d’avoir réussi à faire battre G.IA en retrait. En s'étant pris des coups, mais en pouvant encore marcher. Tout ce qu’elle sait, c’est que chaque fois qu’elle ferme les yeux, elle revoit l’homme se jetant sur l’altérée pour tenter de l’aider, et son corps sans vie à côté du sien. Tout ce qu’elle sait, c’est qu’elle a pris le temps d’appeler les familles des victimes alors qu’Icarus lui avait demandé de ne rien faire. Elle les a écoutées pleurer, lui crier dessus, la rassurer. N’avait pu que leur promettre de l’argent. Et malgré tout ça, ce qui la terrifie le plus est qu’elle n’arrive pas à pleurer les victimes.

Sous les rayons du soleil, visage tourné vers le ciel, June tremble. Pas de froid ni de tristesse. D’une rage dévorante qu’elle ne sait plus contrôler. Contre elle-même. Contre Icarus. Contre les Sept. Contre cette famille qu’elle n’a jamais eue. Pour cette famille (re)trouvée. Colère grondante, plus forte que toutes celles connues par le passé. La larme solitaire coule sur sa joue. Larme de désarroi et de fureur. Pas de chagrin. Elle ne l’essuie que lorsque Drak0na se relève du tapis. « Entrée dans le périmètre. » Des capteurs utiles (et nécessaires après certaines visites impromptues). June s’assoit lentement. « Aide-moi, K0na. » La Sept prend appui sur le cybermon pour se relever. La douleur est à peine là, traitement efficace, encore plus lorsqu’elle peut se nourrir d’UV naturels. Sourire qui revient légèrement sur les lèvres de l’ancienne apprentie aux capacités qui reviennent déjà, à la perspective de déjeuner avec celui qu’elle appelle désormais son ami. Rage de côté pour quelques heures peut-être, respirer un peu. Une visite bienvenue, dont elle a hâte. Autant de retrouver Ruben que de parler avec lui de son art. Sujet sur lequel ils s’étaient trouvés, passion partagée.

June n’a pas le temps d’arriver à la porte avant que la sonnette ne retentisse. Elle maudit silencieusement la grandeur de la maison. Son visage ne cache pas sa joie, cela dit, lorsqu’elle atteint enfin l’entrée et abaisse la poignée pour enfin voir son ami sur le seuil. « Salut ! » Drak0na, serpents rangés mais yeux rivés sur l’invité, intervient. « Ruben Hopkins. » June lâche un rire, qui se finit par une légère grimace à la pointe de douleur qui revient. « Oui, merci. » Elle se décale pour le laisser entrer. « Ruben, Drak0na. Drak0na, Ruben. » Présentations faites de gestes de la main. Plus pour lui que pour elle, évidemment. Et c’est sur son ami que ses iris joueurs se posent ensuite. « Merci d’avoir réservé le soleil, au fait. C’est très apprécié. J’espère que ça n’a pas coûté trop cher. » Sous l’humour se cache la vérité. Elle est plus que ravie de la présence du soleil, aurait voulu en profiter plus pleinement, ne serait-ce qu’en portant des vêtements plus légers. Mais avec son nouveau niveau de déchirures, de nouvelles tâches de vieillesses avaient fini par arriver. Des tâches qui seraient bientôt recouvertes d’un nouveau tatouage, n’avaient pas encore pu l’être. Heureusement, il fait encore frais. Porter une veste, même à l’intérieur, ne paraît pas incongru. Et elle montre le porte-manteau du bras. « Tu peux poser tes affaires ici, si tu veux. » Puis elle désigne le couloir et le salon, visible (au loin). « On ira s’installer sur le canapé. » Avant de se retourner vers Ruben à nouveau. « Ça a été pour venir ? »

lancer de dés:

ft. @Ruben Hopkins

Ruben commence à s’habituer aux choses qui manquent à son contrôle ; à ses plans. Il est difficile pour le cinéaste de ne pas vouloir le contrôle sur le moindre détail et pourtant ; il tâche de le faire. Les derniers mois lui ont prouvé que la vie ne pouvait pas toujours fonctionner de la manière dont il le désire et que fermer les yeux ou imposer ses décisions sans se soucier d’autruis n’était pas une juste manière de faire les choses. Qu’être si rigide est terriblement loin d’être à son avantage. Heureusement, la présence de Rintaro à ses côtés a été un vent de fraîcheur lui permettant de se détendre et comprendre, voir les choses autrement. Il tâche de le faire de son mieux bien que, encore, l’homme possède de profondes lacunes. On ne change pas aussi facilement, après tout. Ruben reste encore fortement aveugle face à ses erreurs. Il porte certes attention aux regards extérieurs, mais il n’en reste pas moins qu’il s’isole pour un grand nombre de choses et qu’ainsi, il n’a pas accès à l’avis des autres.
Le scénario est écrit presque en entier. Il s’agit du troisième jet, d’une certaine presque complète d’une idée qui, depuis un temps déjà, traîne dans sa tête.
Le document n’a pas été vu par autrui. Les mots ont été écrits, les scènes influencées par les souvenirs mais Ruben ne l’a pas partagé. Juliann a bien tenté de lire quelques lignes, mais Ruben l’a calmé d’une oeillade. Au final, une discussion avec son partenaire lui a fait comprendre qu’il était important de parler aux concernés. Ruben se doutait bien de la chose ; pourtant, l’idée même lui paraît étrange. Il ne s’agit que d’une inspiration, non ? Mais ils comptent ; qu’importe si Ruben a quitté Icarus, certains visages sont encore présents dans ses pensées et de nombreuses personnes, bien qu’il ne leur parle plus, lui manquent. Il est étrange de se dire qu’il avait gardé le contact avec les mauvaises personnes.
Aerium est un endroit certes somptueux mais dont Ruben ne raffole pas particulièrement. Malgré tout, l’homme possède une certaine nostalgie à se rendre sur les lieux. S’il possédait un penthouse pour sa part, la demeure de June est encore plus sublime. Le cinéaste aimerait la voir entourée d’arbres de toutes sortes, dans une forêt. Peu de temps est passé à s’attarder sur l’architecture ; Ruben préfère se rendre à la porte directement et être accueilli, et ainsi retrouver son amie.
Sur ses lèvres, un sourire charmeur se pose à la vue du cybermon. Il se promet de prendre une photographie pour Rin plus tard, son attention se concentrant plutôt vers June qui, charmante, fait les présentations. Ruben joue le jeu et fait une courbette à l’animal robotique.
- Tout le plaisir est pour moi, qu’il annonce, son regard retournant ensuite vers la Sept. Oh tu sais - Ses lèvres s’étirent, amusé. Moins cher qu’un pacte avec Icarus, promis. La plaisanterie est plus forte que lui. Ruben se moque de la compagnie et pourtant sait les dangers qui se trament sous son nez, sans vraiment être dans l’ombre. Docile, Ruben retire son manteau et le pose à l’endroit indiqué, non sans remercier June au passage. Le canapé ? J’aurais cru que tu aurais aimé profiter pleinement du soleil. D’un oeil observateur, Ruben observe la plus jeune femme. Il se demande si elle possède encore des blessures de la bagarre, si sa déchirure a fait des caprices. Il n’est pas rare, après tout, que les pouvoirs viennent avec des lacunes assez apparentes. Lui-même en paie le prix, par moment. La circulation aérienne est toujours plus calme, peu importe le nombre de riches présents dans cette ville. Le commun mortel est plus fréquent. Et Ruben préfère se mêler à eux. Il sait pourtant qu’il devrait vendre sa voiture volante un jour, mais Rintaro apprécie le modèle et mine de rien, lui aussi. Il apprécie ses classiques et ne sait pas s’en défaire.
Suivant June jusqu’au salon, Ruben la laisse s’asseoir avant de faire de même. L’homme dépose à ses côtés sa mallette de travail, ne l’ouvrant pas immédiatement. Il reste, mine de rien, un ami venant voir un être cher. Il n’est pas là simplement pour parler affaires. June est une personne importante, qu’importe s’ils se voient moins fréquemment.
- J’ai beaucoup lu sur Héméra dans les derniers jours. Ce n’est pas vraiment ce qui m’intéresse, par contre. Comment vas-tu, June ? Le ton est doux et calme, et Ruben lui offre un sourire aimable ainsi que toute son attention. Il s’est toujours intéressé plus à sa personne qu’au personnage créé par Icarus.

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Elle le regarde d’un œil amusé saluer la panthère avant de lever les sourcils à sa remarque, surprise. June ne s’attendait pas à ce tacle contre la firme et, aujourd’hui plus que jamais, elle sait qu’il a raison. Alors elle ne fait qu’hocher légèrement, sourire faible mais toujours taquin aux lèvres. Elle apprécie que Ruben dise ce qu’il pense, ne serait-ce qu’à demi-mots. Une vertu se faisant un peu trop rare ces derniers temps à son goût. Une rareté à laquelle elle contribue. Elle secoue légèrement la tête lorsque le réalisateur parle de profiter du soleil dehors, après avoir posé son manteau. « Les chaises en bois sont moins confortables que les coussins. Je vais les éviter encore quelques jours. » Elle fait un geste vers ses côtes, pas totalement guéries. Qui sont particulièrement douloureuses quand elle marche. Sans Icarus, elle aurait été alitée beaucoup plus longtemps, cela dit, et elle en a terriblement conscience. Il ne fait aussi pas encore très chaud, mais l’argument ne serait pas totalement valable. Immenses fenêtres ou non, les rayons du soleil sont toujours plus agréables sur la peau directement. Et elle se contente de répondre un « C’est vrai. » aux paroles de Ruben sur la circulation. Contente d’apprendre que le voyage s’est bien passé. En réalité, June a toujours apprécié le calme relatif des environs. Qu’elle conduise ou non, les bouchons de la ville ont toujours été une hantise pour elle.

Après avoir guidé son invité jusqu’au salon, Drak0na toujours à ses côtés, elle s’appuie sur le cybermon un instant afin de s’asseoir. Elle retrouve rapidement une position assez confortable, presque habituée, et indique la table d’une main, sur laquelle sont posés les verres et les carafes d’eau, de jus d’orange et de thé glacé. « N’hésite pas à te servir si t’as soif. » Et ça la touche plus qu’elle ne le pensait, lorsque Ruben prend des nouvelles de June. Pas d’Héméra. Elle regarde un instant son ami, cherchant quoi dire exactement. Mieux que les personnes que j’ai tuées. C’est la première pensée qui lui vient, mais elle ne veut pas lui balancer la violence de ses mots. Alors elle soupire. « Fatiguée. » Mentalement plus que physiquement ? « Triste. » Pas assez. « Et en colère. » Toujours depuis des semaines. « Je crois que ça résume pas mal les choses. » Elle rit doucement, sombrement.

Au fond, elle sait surtout qu’elle ne se tiendrait pas ici sans quelques âmes en particulier. « Je me raccroche au positif, j’ai la chance d’avoir des personnes sur qui compter autour de moi. De la chance d’avoir des personnes que j’apprécie qui viennent me rendre visite, comme toi. » Ses pensées murmurent le nom d’Aurora, toujours là même quand elle ne l’est pas. Des sentiments qu’elle peine pourtant encore beaucoup à affirmer à tout le monde. Ne serait-ce que devant son frère. Devant Ruben aussi. Bientôt, peut-être. « Ça me fait du bien. » Le dire lui permet de l’ancrer dans la réalité. C’est à ça qu’elle se raccroche. « Même si c’est pour parler travail aussi. » Parce que June n’oublie pas ce fameux projet. Bien que, pour l’instant, il s’agit de retrouver un ami. « T’as l’air vraiment heureux, en tout cas. Plus serein peut-être ? Ça fait plaisir à voir. L’indépendance te va bien, si ça a contribué. » Se libérer d’Icarus, est-ce que c’est réellement ça le bonheur ? June n’arrive pas à se faire à l’idée. Malgré tout. Veut croire qu’il y a encore quelque chose de bien à faire ici. Quoi qu’il en coûte. « Est-ce que tu l’es, heureux ? » Et sans aucun doute qu’il l’est aussi grâce à son fiancé. Un bonheur qui s’est échappé de leur conversation sms. Impossible à rater et qu’elle apprécie voir resplendir.

ft. @Ruben Hopkins

cw: mention d'anxiété, d'abus de pouvoir
On voit ce que Icarus veut bien montrer ; des super héros puissants, des sourires brillants et un corps qui se relève toujours, peu importe l’intensité des coups. Ruben a vu plus souvent leurs cernes que leurs sourires, il lui semble. Ruben a été avec eux pendant de nombreuses années, si familier avec le faux-semblant qu’il s’est permis de juger sans la moindre honte ce qu’iels pouvaient bien coller contre leur visage alors que de son côté, il agissait d’une manière différente. Il y avait un plan bien précis dans son esprit lorsque l’homme a quitté la compagnie ; des histoires nombreuses et désirs d’exposition au travers de non-dits et de jeux de lumières, de cadrages poétiques et de regards significatifs. Le désir est encore là, bien que plus profond, moins attisé par la célébrité qu’il aurait préféré avoir. La fortune vient avec les Sept ; les films faits, les séries à l’occasion. Ruben n’aime pas porter son regard sur sa cinématographie. Il n’aime pas ce qu’il a laissé comme trace, pour l’heure.
Presque vingt ans, maintenant, depuis les deux films qu’il a créés seul. Ses deux joyaux.
Le cinéaste désire toucher à une telle liberté, de nouveau. 2025 devait être son année, mais les surprises ont été trop nombreuses ; les cœurs brisés aussi.
Il pense, malgré tout, savoir ce qu’il veut dire, enfin. Son coeur est plus calme, son esprit aussi.
Il se demande si la chose est similaire, pour June. Après tout, la jeune femme a été bouleversé de multiples manières, cette année. Les changements ne cessent de la heurter tel des vagues.
Il demande, alors ; à propos d’elle, et non pas Héméra. Héméra, il la connaît par coeur. il a souvent écrit ses dialogues, ses gestes, ses expressions. Il a participé à sa conception, à sa façon. Mais June ?
June, elle n’appartient qu’à une seule et unique personne. Elle est unique et précieuse et fragile et forte, en même temps. Et Ruben est moins aveugle qu’autre fois, loin de l’état de pensée dans lequel il se trouvait il y a un an.
Il écoute ; non pas pour faire quelque chose de ses réponses, ni pour s’inspirer, ni pour dessiner un schéma ou une scène dans son esprit. Ruben l’écoute car elle compte et qu’elle est importante, à ses yeux. Il se garde de penser au fait que la chose n’a pas toujours été ainsi .Ruben aime croire que c’est Icarus qui le pourrissait de l’intérieur, mais il sait parfaitement qu’il est porté à être aveugle et égoïste sur bien des points.
Ses lèvres se tordent sous le tableau dépeint par June. Ruben ne peut pas comprendre ; il ne connaît ce monde que d’un point de vue extérieur, peu importe s’il a travaillé pour Icarus de nombreuses années. Il n’a jamais porté le poids de son rôle ; imagine seulement.
- Je suis content de savoir que tu es bien entourée. Tu le mérites. Malheureusement, c’est un milieu bien solitaire. Il pense brièvement à certain.es des Sept qui ou des apprenti.es qui, peu importe les sourires blancs et ce qu’on voit sur l’écran, ont le poids de la solitude sur leurs épaules. Iels défendent le monde alors qu’iels s’écroulent de l’intérieur. Ah, qu’il fait ; un petit rire quitte ses lèvres et Ruben grimace. Le travail peut attendre. Certes il désire lui en parler, mais June reste la priorité. Ruben essaie de réfléchir un peu plus aux autres, depuis quelque temps. D’être moins axé sur ses buts, et regarder plus longuement l’ensemble de l’image. Serein est un grand mot tu sais Ruben n’a pas vraiment l’impression de l’être. Au contraire, même. Je n’ai jamais été aussi anxieux de ma vie, je crois. Et pourtant ; je suis heureux. Je suppose que c’est la vie, non ? Les hauts et les bas ne se suivent pas ; ils se confondent et se bousculent. Ruben a toujours eu l’impression d’être sur la montée seulement. De gravir les échelons et de regarder vers l’horizon, jamais derrière lui. Mais le sentier est étrange, et Ruben a manqué pied plusieurs fois dans les derniers mois, et se relever a été particulièrement difficile par moment. S’il a d’abord été profondément dérangé et hanté par une telle faiblesse, il l’accepte mieux. Il en reste imparfait ; certaines choses sont toujours plus difficiles à encaisser que d’autres.
- Icarus est partout, tu sais. Quitter la compagnie est peut-être un maillon de moins à la chaîne, mais elle reste malgré tout encore présente. Que ce soit Icarus ou Theseus, les compagnies sont ancrées partout. Il est impossible de s’en défaire. Les ombres ne disparaissent jamais, même lorsque le soleil est à son zénith. Mais peu importe. J’ai décidé il y a bien longtemps de leur laisser une place très limitée dans ma vie. S’ils doivent en faire partie, soit. Mais l’espace qui leur est attitré est à la hauteur du respect qu’ils possèdent à mon égard Les lèvres s’étirent finement et Ruben lui adresse un clin d’oeil, aussi moqueur qu’honnête. Devrait-il parler de la sorte autant ? Certainement pas. Mais Ruben n’est qu’un cinéaste. On pourrait croire qu’il se plaint de ses patrons, de ses collègues. Il devrait, après tout, ne rien connaître à l’immense machine qui se trouve derrière tout cela. Ce qu’il connaît est pourtant plus ample que ce que l’on croit ; posséder un père immortel aide à la chose, il suppose. Mais assez parler d’eux, oui ? Je te sers quelque chose à boire ? June semble avoir de la difficulté à bouger, après tout. Ruben se redresse un brin, pose ses fesses sur le bord du canapé et remplit deux verres ; un simple verre d’eau pour lui, et le choix dicté par June. Il lui tend le verre avant de continuer. Partage moi quelque chose. Raconte-moi une nouveauté. Un fait qui n’appartient qu’à June, en dehors de leurs griffes.

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La sensation est étrange, de se savoir entourée, très peu l’impression de le mériter, et se sentir tout de même terriblement seule. Parfois juste physiquement, quand elle n’est pas là. Parfois à cause d’Icarus qui lui rappelle vicieusement que rien n’est laissé au hasard. Elle a au moins l’impression de savoir sur qui compter. A défaut d’être certaine de pouvoir refaire un jour confiance à certaines personnes. Ou elle-même. Alors elle hoche doucement la tête. Ruben a raison. Et il l’a sans doute toujours su bien mieux qu’elle. Elle sourit à son rire, qui se termine pourtant en une grimace. « Oui. » Le travail peut attendre. A ses yeux, il n’est qu’une excuse pour enfin réussir à se voir. Des mois à s’apercevoir sur les réseaux principalement, s’envoyer quelques sms sans vraiment pouvoir jamais se parler. Des mois à rattraper, finalement.

Surtout quand Ruben indique ne pas être si serein que ça. Pas du tout ? Yeux qui se voilent devant ce bonheur total qu’elle pensait que son ami avait réussi à atteindre. Refus absolu de se dire qu’il n’existera jamais. Même s’il a raison. Et que chaque petite joie est souvent suivie d’un grand désastre. Ou inversement. « J’imagine. » Mais elle sait. Les derniers mois n’en sont qu’une preuve de plus. C’est la vie. Mais de cette vie-là, elle semble déjà épuisée. Alors que c’est tout ce dont ses rêves étaient faits, avant. Avant. Alors ce sont ses lèvres à elle qui se courbent en une moue contrariée aux paroles qui suivent. Parce que ça lui semble impensable qu’Icarus soit réellement partout. Pire, ça lui fait peur. Chaîne qui emprisonne le monde, alors qu’elle était sensée le sauver. De sauveuse, de famille, la firme est passée à l’entité à annihiler. Non. A changer, pour lui redonner son but premier. Et en attendant, faire un peu de bien au milieu de tout le reste. C’est tout ce qui compte. C’est tout ce qui doit compter. June rit doucement au clin d’œil envoyé. « T’as bien raison. » Elle se mord la lèvre aux paroles qui sonnent si sincères. Elle qui ne mettait jamais la parole d’Icarus en doute. Ou si peu. Surtout pas à haute voix. Mais c’est Ruben en face d’elle. Pas n’importe qui. Aux autres, elle trouvera la force de faire semblant. « Une toute petite place pour un respect ridicule. » Les mots presque murmurés. Et on dirait qu’elle leur en veut de traiter son ami de la sorte. Ce qui n’est pas faux. Mais il n’y a pas que lui qu’Icarus ne respecte pas, en vérité. L’idée continue à faire mal. Difficile de tout remettre en cause. Impossible, alors qu’il y a encore du bon. Elle en est persuadée. A besoin de l’être.

La Sept hoche vivement la tête. Autant pour accepter de changer de sujet que pour la boisson. « J’veux bien un jus d’orange, s’il te plait. Merci. » Du sucre et du soleil : la meilleure combinaison possible pour reprendre des forces. Elle se penche légèrement pour attraper le verre, teste les limites de son corps. Elle n’en peut plus de l’inactivité. Mois de février mal vécu, et qui avait fini par retarder sa guérison complète. Mais elle se rassoit avec un soupir, rassurée de n’avoir rien ressenti. Et penche doucement la tête à la demande de Ruben. « Qu’à June, hein ? » Elle grimace un peu de parler d’elle à la troisième. Ça finit par lui faire lâcher un rire, qui se perd dans le liquide orangé alors qu’elle réfléchit à au moins un fait sur lequel Icarus n’a aucune emprise. Elle frisonne à l’idée de ne pas en trouver. Même son frère. Même elle. Sauf qu’Icarus ne contrôle pas ses sentiments. Et ne contrôlera jamais cette relation, elle s’en ait fait le serment. Alors elle boit une gorgée et regarde Ruben avec un léger sourire. Déjà apaisée, le cœur pourtant enflammé. « J’ai rencontré quelqu’un. » Ça lui fait du bien de le dire, simplement. Après l’avoir raconté en long, en large et en travers à Teddy, notamment. Toujours un peu étrange de l’annoncer. Tellement bien. « Ça fait plusieurs mois, en vrai. Mais oui… Je crois que ça devient sérieux. » Le ton est faussement solennel. Calmer les émotions d’un peu d’humour. Pourtant, elle y croit fermement. Se dit qu’il faudrait en parler à la concernée, accessoirement. Elle se concentre sur Ruben un instant. « Je pense que tu la connais ? Enfin… C’est quasiment sûr que oui. De nom au moins. » Babydoll pas peu connue, c’est un euphémisme. « Elle est danseuse. » La meilleure des artistes. June est totalement objective. « Et… C’est la sœur d’Arcelia. Babydoll. » Pseudonyme qui sonne étrange sur ses lèvres. « Aurora. » Celle qui fait briller ses iris.

Elle pince les lèvres pour ne pas trop en dire non plus. Parce que dès qu’elle parle d’Aurora, son cœur s’emballe et ses mots avec lui. Des louanges, oui, pendant des heures au moins, et tous ces détails qu’elle remarque au fil du temps, qu’elle prend plaisir à découvrir puis à réaliser qu’elle les connaît. Des sentiments déjà si grands qu’elle tente pourtant souvent de calmer, ou au moins d’intérioriser. Légère honte de ressentir autant de joie, et pourtant terriblement envie de profiter de chaque instant. « C'est étrange, l'amour, non ? Ça réaligne tout ton monde. » Sans pourtant faire oublier le reste. Juste faire respirer un peu mieux. Et remettre certaines choses en perspective.

ft. @Ruben Hopkins

Le regard de Ruben est attentif sur son amie tandis qu’il attend le breuvage qu’elle choisit. Lorsque June se prononce, Ruben hoche simplement d’un léger signe de tête avant de la servir. Le cinéaste aime les petites attentions ; être serviable envers les gens qu’il apprécie pour montrer le dévouement qu’il possède à leur encontre. Certes, il est persuadé d’être habile avec ses mots, mais il sait aussi que les gestes possèdent leur lot d’importance et qu’il ne faut pas prendre les choses pour acquises. Les amitiés sont aussi importantes que la famille. Ruben pense être bien entouré bien que, à un certain niveau, l’homme possède un grand nombre de secrets qu’il ne peut pas partager à n’importe qui. Ce n’est pas une question de confiance. Cela ne l’a jamais été. C’est un fait que Deon a eu du mal à comprendre lorsque sa mutation est devenue impossible à cacher et qui a mené à leur perte. Ruben ne ment pas par manque de confiance ; il le fait pour protéger quelque chose de bien plus grand que lui, bien plus grand que ses relations. C’est une chose que son père lui a appris il y a bien longtemps.
Le verre est offert et un tendre sourire est offert à son amie lorsqu’elle répète ses mots. Ruben se montre patient et attend ; si elle décide de ne rien lui dire, il ne sera pas insulté. Chacun possède ses secrets. Ruben comprend parfaitement la chose.
Lorsque les premiers mots tombent, Ruben hausse les sourcils avec surprise. Sur ses lèvres, le sourire reste présent ; plus doux même.
- Vraiment ? Le sourire ne peut que s’étirer avec les détails qu’elle lui accorde sur la chose. Ruben prend une gorgée de son verre, reste curieux lorsqu’elle parle d’une danseuse. Le ton tombe et il fronce des sourcils, un brin, malgré lui. Aurora … Un charmant prénom. Une part de lui est préoccupée quant au lien avec Arcelia. Il préfère ne pas se prononcer immédiatement sur la chose. Tu sembles heureuse avec elle. Je suis content pour toi. qu’il dit plutôt. Il espère qu’il n’est pas question d’une quelconque emprise d’Icarus. Ruben a vu bien des choses, en travaillant pour Eux. Il n’est pas aveugle ; simplement trop égoïste pour dénoncer les injustices. Du moins, il ne le fait pas de la manière dont les gens réclament. Il ne s’agit pas d’un film à petit budget possédant un scénario cliché. L’amour possède bien des pouvoirs. Pas besoin de sérum pour ça, tu ne crois pas ? C’est la magie la plus naturelle qui soit. Il pense à Rintaro et Dewey, en prononçant ses mots. Ruben en profite pour partager la nouvelle. Rintaro emménagera avec nous en Avril. On en a parlé l’autre jour et - il se sent prêt. Ruben est patient avec l’homme qu’il aime. Il possède des plans nombreux et voit l’avenir déjà, mais Ruben ne court pas après le temps. Il le savoure. Du moins, il apprend à le faire. Dewey l’aime beaucoup. Ça me rend particulièrement heureux. Il sourit, en prononçant la chose. Ruben marque une pause et continue. Il a développé une mutation à l’automne. Nous pensions qu’il était humain vu que Deon est son père biologique mais - La nouvelle nous a dévoilé que Deon est mutant aussi. Il n’a pas très bien pris la chose. Les faits ont ramené les raisons de leur divorce et les nombreuses disputes à la surface. Les raisons, aussi, de son choix à l’époque. Ruben ne voulait pas poser le poids de la mutation sur les épaules de leur enfant. Malgré tout, Dewey n’y échappe pas. Les choses ont été compliquées un temps, mais tout va pour le mieux maintenant. La présence de Rin a été d’une grande aide. Sans lui, Ruben ne sait pas comment il aurait pu se relever d’une telle situation. Il aurait certainement demandé l’aide de son père. Donc tu as raison, oui. L’amour fait bien des choses. qu’il conclue, simplement. Ruben est heureux avec l’homme qu’il aime.
Une autre gorgée est prise, avant qu’il ne continue sur un autre sujet.
- Je travaille sur un projet actuellement. L’écriture est terminée. Il lui faut un moment pour trouver la suite de ses mots. Je suis venu demander ton accord. Le scénario est loin d’être au sujet d’Icarus ou des Sept, ou de toi. Ce que j’ai vu là-bas en est malgré tout l’inspiration. Je pense qu’il y a beaucoup de choses qui doivent être dites. Ou du moins, dites à ma manière. Tu sais comment je suis, non ? Je préfère la subtilité. Se penchant, Ruben sort le scénario. Imprimé sur du papier rouge, impossible à photocopier. Il l’offre à son amie. L’histoire est très différente mais plusieurs scènes et réactions risquent de te sembler familière.

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La propriétaire des lieux ne remarque pas le ton moins joyeux que précédemment de son invité, trop occupée qu’elle est à penser à sa belle. June se retient d’ajouter qu’il n’y a pas que son prénom qui est charmant. C’est elle entière et tous les moments passés à deux. Elle ne sait pas si elle est heureuse. Le bonheur est un concept qui lui semble bien trop difficile à atteindre en ce moment. Et si elle se raccroche à cette lumière qu’est Aurora, tout le reste n’est pas si joyeux, pas si beau. Pourtant, avec elle au moins, elle l’est, heureuse. Ça n’a pas de prix. Elle s'en contentera. Ses lèvres s’étirent et ses joues rougissent un peu. « Je le suis. Merci. » L’amour, une magie naturelle. Heureusement. Elle avait eu un goût désagréable de cet « amour » construit de toute pièce avec Jade. Ça n’en avait rien eu de beau, pour qui que ce soit. L’amour ne se commande pas, et c’est sans doute pour ça que c’est l’émotion la plus forte, celle en laquelle on peut puiser tant d’énergie. « C’est peut-être pour ça que c’est la plus belle et la plus grande aussi. » La plus instable, elle rajouterait. Particulièrement dans les premiers mois et premières années. Celle qui peut faire le plus de mal également. La plus puissante à tous les niveaux, finalement. Celle qu’elle avait toujours recherché, d’une façon ou d’une autre, en voulant être approuvée par les sbires d’Icarus, en voulant que les gens la remarquent, en cherchant à faire des compromis quitte à y perdre un peu d’elle-même.

A la nouvelle de Rintaro emménageant avec Ruben et Dewey, le visage de June s’illumine. Elle a l’œil un peu joueur lorsqu’elle répond : « Oh, c’est super ! Je n’aurais plus qu’à passer chez vous pour tous vous voir. » D’une pierre trois coups, ça rend tout beaucoup plus simple à son humble avis. Mais le ton est plus calme, et tout autant sincère lorsqu’elle ajoute : « Je suis contente pour vous aussi. » avant que Ruben indique que Dewey aime beaucoup Rintaro et June hoche la tête, compréhensive de la joie que cela puisse être. Elle imagine un certain soulagement également. Les nouvelles qui suivent ne sont pas si bonnes, pourtant, et elle écoute en fronçant légèrement les sourcils. Dewey mutant, et Deon aussi. « Je suis désolée d’apprendre ça. » Désolée que tout ne se soit pas bien passé. Pour tout le monde, apparemment. Et pourtant l’amour avait été là. Il semble bien faire les choses. « Vous vous êtes bien trouvés alors. » Sourire soucieux sur les lèvres. « Mais si vous avez besoin de quoi que ce soit, par rapport à la mutation de Dewey, je suis là. » Elle penche légèrement la tête. « Et puis pour n’importe quoi d’autre aussi d’ailleurs, même si on n’a pas les emplois du temps les plus simples. » Euphémisme. « Si vous avez besoin d’une baby-sitter le temps d’une soirée… » Elle pose la main sur son cœur, promesse faite. « Je suis là. » Pour ses ami-es, elle s’est promis d’être le plus disponible possible. Icarus ne l’en empêchera pas, encore plus maintenant qu’il n’y a réellement plus qu’une personne qu’elle ne veut pas contrarier à Omnivox.

Une gorgée d’eau plus tard, la deuxième raison de sa venue est finalement abordée. Le fameux projet. June boit à son tour un peu de jus d’orange tandis que Ruben prend quelques secondes avant d’expliciter. Ça l’inquiète un peu, tout comme les paroles qui suivent. Elle prend le scénario de sa main libre, en profite pour poser son verre sur la table. L’ouvrage de feuilles rouge est ensuite placé sur ses genoux. Elle hésite à l’ouvrir et relève finalement la tête. « Qu’est-ce que tu veux raconter alors, exactement ? Ou… dénoncer ? » Et il n’y a pas l’ombre d’une peur dans les prunelles, cette fois. Parce que June sait désormais qu’il y en a, des choses à dénoncer. Parce que June veut qu’elles le soient sans pour autant qu’Icarus ne s’effondre en les emportant avec Eux. Dans ce papier rouge, June y voit l’espoir que les choses puissent entrer en mouvement. Si seulement Ruben le veut et de la même façon qu’elle. Mais si elle a confiance en les talents de quelqu’un pour le faire avec la dose parfaite de subtilité, c’est bien lui. Elle se réadosse au canapé et regarde à nouveau le scénario. « C’est quel genre de scènes, pour que tu t’inquiètes de ma validation ? » June tente de réfléchir à ce qu’il pourrait y avoir, mais elle n’en a pas la moindre idée. Principalement parce qu’elle ne se rendait compte de rien avant. Et elle imagine que c’est exactement ce à quoi elle n’a pas fait attention que le réalisateur n’a pas manqué de noter. Sans doute une partie infime de ce qui l’a poussé vers la sortie. Aujourd’hui, plus que jamais, elle le comprend, tandis qu’elle commence à feuilleter les pages flamboyantes.

ft. @Ruben Hopkins

Les écrits de Ruben sont toujours particuliers ; attentifs aux détails et discrets dans la description directe des choses. Ruben se perd dans les subtilités et ne dit jamais les choses directement. Il faut réfléchir ; comprendre. Faire les liaisons, voir la vérité de ses propres yeux. Ses premiers films viennent avec de multiples théories et diverses manières de voir les choses. Le cinéaste est toujours curieux de voir les nouvelles théories que font naître les gens. Il y a toujours des possibilités qui lui échappent et qui sont particulièrement fascinantes. Il aime découvrir une vision différente de ses créations ; découvrir des subtilités qu’il a mis en place sans réaliser lui-même. C’est une chose qui, certes il a pu continuer en travaillant pour Icarus, mais qui était bien minime comparé à ses premiers films. Un tel processus lui manque terriblement et Ruben est heureux de pouvoir plonger de nouveau dans un tel fonctionnement. Il se languit autant qu’il est nerveux de retrouver ses premiers amours et créer de cette manière si particulière qu’il affectionne énormément.
Le scénario entre les mains de June, Ruben se demande brièvement s’il fait la bonne chose. Mais il n’a pas envie d’agir dans son dos, en sachant qu’elle est l’une de ses sources d’inspiration. June est une grande amie. Certes jeune, elle n’est pas aveugle. Il pense connaître son coeur et ses opinions. Ruben ose espérer les connaître, du moins.
Il ouvre cette porte sans connaître réellement ce qui se trouve derrière. Dans le pire des cas, elle en parlera à Icarus. Le cinéaste est libre maintenant ; il ne dépend pas d’eux.
- La chose alterne d’une personne à une autre. Il est difficile de lister. Ta vision de mon oeuvre peut être différente de la mienne. , qu’il répond, plein de mystères. Ruben écrit avec son coeur et au travers de ses propres réflexions, il en découvre d’autres même des années plus tard. C’est une sorte de thérapie ; il y a des messages cachés que même lui-même ne connaît pas.
- C’est difficile à expliquer, mais je peux tenter, qu’il lui répond, un simple sourire sur les lèvres. Ruben se met un peu plus confortable sur le canapé et continue. L’histoire est axée sur une jeune femme possédant un rêve, et suit les étapes de sa vie dans un milieu particulier pour les atteindre. Plus elle s’approche de son rêve, et plus elle se perd. Plus l’illusion disparaît. Un résumé simple qui regroupe quelque chose de bien complexe. Ruben marque une pause et continue. J’imagine que tu peux voir le parallèle ? Bien évidemment, une lecture du script serait plus pratique pour te faire comprendre les subtilités. Tu peux garder cette copie et prendre ton temps pour la lire. Il y a des inspirations au sujet de bien des Sept, mais Ruben n’est pas proche d’eux. Même Elvira, qui était son amie, s’est éloignée ces derniers mois. Ruben n’est plus certain de la personne qu’elle est. Quant à Orion, il ne sait que penser de sa relation avec l’homme. Il lui faudrait le contacter.

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Le résumé la laisse interdite quelques secondes. Ça lui fait peur : à quel point elle s’y retrouve. Ça lui donnerait presque envie de pleurer à nouveau de se rendre compte à quel point elle a été naïve, à quel point l’illusion avait été finement réalisée. Mais c’est toujours la colère qui prend le dessus, la haine de s’être fait avoir et la haine d’avoir cru en des personnes, d’avoir aimé des gens qui n’en avait rien à faire d’elle, qui ne la voyaient que comme un pion. C’est tout ce dont elle a peur à chaque instant de sa vie ; c’est un énième abandon qu’elle n’arrive pas à gérer. Auquel elle ne voit aucune issue miraculeuse. N’importe laquelle fera mal, d’une façon ou d’une autre.

June finit par soupirer. Elle lâche un rire qui n’en est pas un. Les yeux ont perdu de leur éclat haineux, il n’y a plus que désillusion et, peut-être, un peu de détermination. « J’ai presque l’impression que ça parle de moi. » Elle dit ça en souriant, mais la vérité est qu’elle se voit dans les mots de Ruben comme si elle se voyait dans un miroir. Pourtant, elle imagine bien ne pas avoir été sa seule source d’inspiration. Loin de là. Et elle a déjà hâte de lire le script qu’elle feuillette pour s’imaginer les autres, pour vivre un autre de ses chefs d’œuvre à travers les expériences qu’il lui fera revivre. « Je prendrai le temps de tout lire, et je te dirai. » Elle tourne les dernières pages. « Mais je suis sûre que ce sera parfait, comme d’habitude. » Parce qu’elle aime son travail, n’a jamais caché le fait d’être une fan absolue de son art. Et maintenant qu’elle connaît l’homme, elle lui fait doublement confiance. Son regard se perd sur les derniers mots, avant qu’elle ne relève la tête. « Est-ce qu’elle est heureuse, à la fin ? » Son histoire et la sienne ne sont pas les mêmes, elle s’en doute. Peut-être même qu’il n’y aura pas de réponse définie, ça ne l’étonnera pas venant de l’écrivain. Elle a juste besoin de savoir. Comme un espoir auquel elle continue de s’accrocher. Peu importe le nombre de déceptions, la Sept continue d’espérer.

Une fois le script refermé, June n’est plus rien d’autre que sérieuse quand elle regarde Ruben. « Je te fais confiance. Sur tout. Et j’espère même que ça mettra Icarus dans la sauce. Je sais que tu le feras avec la subtilité qu’il faut pour ne pas que ça retombe sur les mauvaises personnes. » Les gens se feront leurs propres avis, chacun aura sa propre vision et sans doute qu’il n’y aura jamais réelle confirmation. Au moins, ça les fera réfléchir. Elle l’espère. Que le public prenne conscience que tout n’est jamais aussi beau que les apparences le laissent penser. « Je n’ai pas envie qu’Icarus s’effondre ou explose d’un coup, mais ça ne peut plus continuer comme ça. Il faut que les choses changent. Peut-être que ce sera un bon début ? » Elle le veut. Elle le veut vraiment. Que l’art de Ruben soit la première pierre d’un nouvel Icarus. « Et si ça me retombe dessus… » Elle hausse les épaules. Elle ne fait plus partie des bonnes personnes. « Je l’aurais mérité. » Après tout, elle n’est plus qu’une meurtrière. Tant que celleux à qui elle tient s’en sortent indemne, elle subira.

ft. @Ruben Hopkins

La réaction de June est calme et douce mais surtout, sincère. Ruben ne se laisse pas berner par la douceur de ses traits, par le bleu de ses yeux. Elle sait qu’elle possède un fléau à l’intérieur d’elle et le cinéaste en sent l’écho simplement à l’observer. June est une bombe à retardement dont elle commence simplement à entendre le tic qui est enclenché depuis de nombreuses années. Elle a été remaniée, construite et défaite. Ils ont fait d’elle ce qu’elle est ouverte ; un visage unique mais une histoire vue et revue une centaine de fois. Elle n’est pas unique ; rares sont ceux à se rendre à un tel stade, voilà tout. Les héros tombent comme des mouches avant même d’obtenir un tel nom. Certains ne sont que des ombres dont jamais les prénoms ne seront présentés, dont jamais les visages ne seront vus. La vie est ainsi ; ceux qui sont connus, ceux qui sont vus sur les téléviseurs ont été brisés, cassés et démontés avant d’être recousus. June possède des ficelles ici et là ; elle est comme cette pauvre Coraline. Voit-elle les yeux boutons ? Ruben n’a pas besoin de se poser la question ; il sait qu’elle les voit.
Une question posée ; un espoir soufflé. Ruben a les lèvres qui se tordent avec finesse ; le regard qui porte une affection à son égard.
- Peut-être selon certains. Peut-être même qu’elle le pense, elle aussi, par moment. La réponse n’est pas immaculée Comment pourrait-elle l’être ? Qu’est donc le bonheur, de toute manière ? Même Ruben se le demande certains jours. Il y a des réponses qui n’ont pas vraiment de forme. Des quêtes qui sont sans fin, tout simplement.
La confiance qu’elle porte à son égard est presque étouffante. Ruben retient son souffle lorsqu’elle lui accorde son autorisation; lorsqu’elle prouve. Le cinéaste est fier de la confiance qu’elle lui offre et surtout, par la responsabilité qu’elle lui offre. Ruben n’est pas certain que sa pièce de théâtre fera une telle différence. Il ne désire que semer une graine dans l’esprit des gens ; leur faire croire des choses ; ouvrir les yeux. Les plus fanatiques vont retourner son oeuvre dans tous les sens et trouver des sentiers qui n’ont même pas été piétinés par ses propres pieds. D’autres seront le suivre à la trace et comprendre tout et encore plus. Ruben a bien vu, par le passé, ce que les gens peuvent trouver s’ils sont fascinés. Il a choix. Mais l’avenir est flou, et Ruben n’écrit que le passé. L’avenir, il est lointain et hors de sa portée.
- Nous verrons bien, j’imagine… Les gens doivent se poser des questions. Je suis prêt à leur offrir les outils pour les formuler. Pour commencer à douter. Peut-être fera-t-il un film, par la suite. Son regard traîne un moment vers l’extérieur avant de revenir vers elle. Hemera est si forte, et June est si fragile. Moi aussi, qu’il avoue, prononce de vive voix pour la première fois. J’ai été trop longtemps présent autour de vous sans rien dire. Il est temps que je me prononce. C’est mon combat depuis longtemps, peu importe mon refus de prendre les armes. C’est dans son sang. C’est son histoire. Les choses sont ainsi ; Ruben est un Hopkins. Fils d’un Originel. Il est bien plus qu’un simple true blood. Je suis à tes côtés. Qu’il lui dit, pour que cela vaut. Ruben est là. Il est solide sur ses pieds.
Avec finesse, ses lèvres se tordent.
- Tu es bien évidemment déjà invitée à l’avant-première. qu’il annonce sur un ton plus léger. et tout événements associés qui te fait envie. Auditions ou répétitions. June est la bienvenue pour observer et donner son avis.

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La réponse est tout ce qu’elle attendait venant de Ruben et ça la fait sourire doucement, sereinement. Et ça lui va. Ça n’aurait jamais pu être un  « non » ou un « oui » définitif. Mais si la jeune femme le pense de temps en temps c’est qu’il y aura au moins de l’espoir qu’elle puisse l’être réellement. Alors ça lui va. Et c’est un bon début, que les gens puissent se poser des questions. Elle hoche doucement la tête, rassurée qu’il voit la chose du même point de vue que le sien. Juste un commencement. Une goutte d’eau, seulement. Qui pourrait faire un jour trembler tout l’océan. « Il leur faut au moins ça. Pour commencer, c’est déjà pas mal. » Et il est certain que beaucoup n’y verront aucun message particulier, juste une pièce de théâtre devant laquelle être subjugué-e, se changer les idées. Elle mise son espoir sur les autres. Les moins nombreux-ses peut-être. Celleux qui sauront faire entendre leur voix quand il le faudra, June veut y croire. En a besoin.

L’entendre dire qu’il n’a rien fait avant a un goût doux-amer. Elle n’est pas certaine qu’il aurait pu, ou que ça aurait servi à grand-chose si ce n’est le mettre en danger. La Sept en prend de plus en plus conscience : Icarus est grand, ses yeux comme ses mains sont partout. Un monstre tout-puissant dont la destruction complète n’est pas envisageable. Pas de plein front. Pas sans un peu de subtilité. « Les mots sont des armes aussi. Plus dévastateurs que toutes les autres, sans doute. Les blessures physiques, ça va ça vient. » Ce n’est pas totalement vrai, elle-même en est une preuve. Mais cette blessure sur son corps n’est infligée par personne en particulier. Contrairement à tous les mots entendus par le passé dès sa jeunesse, ceux prononcés par Elvira qui la font encore trembler de peur parfois et ceux lus sur les réseaux qui restent gravés dans ses cauchemars. Les blessures physiques ne l’effraient pas. Ses pensées, oui.

Mais pour l’instant, elle les concentre sur Ruben, sur le fait qu’il ait pris le temps de venir lui donner le scénario, de lui demander ce qu’elle en pense. Ça la touche plus qu’elle ne le montre et lui prouve aussi qu’il est effectivement à ses côtés. « Merci de donner de l’importance à mon avis. » Peut-être que c’est ce que font les amis, peut-être que cela coule de bon sens pour certaines personnes. Sa réalité à elle est déformée sous les mensonges accumulés. Elle n’a pas l’impression que son avis ait jamais compté -est certaine qu’être Sept n’y changera rien. Le blâme, elle l’a toujours mis sur elle et n’a pas l’impression que cela puisse changer un jour. Aujourd’hui, elle sait seulement que le problème ne vient pas que d’elle. Mais la colère qui enfle déjà à nouveau s’essouffle aux dernières paroles du réalisateur. L’excitation remplace le tout. Emotions instables, conséquences d’une fatigue qu’elle ne veut pas montrer. Les prunelles brillent. « Vraiment ? Alors, j’y serai ! A l’avant-première et tous les évènements pour lesquels je peux me libérer. » Elle ré-arrangera son emploi du temps, s’il le faut. Fera tout pour, en tout cas, et préviendra Sloane. June a hâte, autant qu’elle a faim. « Est-ce qu'il ne serait pas temps de se commander à manger ? C’est aussi pour me faire découvrir tes bons plans que t’es là, j’ai pas oublié. » Le sourire pétille. Elle veut également profiter de la présence de son ami.

ft. @Ruben Hopkins

Trop longtemps, il lui a été dicté de se faire discret. De cacher son visage, sa vérité. Une parole prononcée si souvent qu’elle s’est ancrée à ses veines et à sa mutation. Un visage qui s’oublie dès que le regard est détourné. Un nom qui disparaît de l’esprit, qui devient un fantôme. Ruben n’en a que faire. Les signaux sont là et trop longtemps, il y a prêter attention. Il ne veut plus courber l’échine. Il ne veut plus avoir peur, surtout. On lui a dit que la bataille n’était pas la sienne. On lui a dit qu’il n’avait pas à intervenir, à agir. Mais le cinéaste n’a jamais été confortable avec la chose. Il a toujours ressenti une agitation particulière face au souhait de son père. Tom.
Fils d’immortel. Mutant par défaut ; obligation.
Ruben est le fils d’un homme dont il ne connait rien, face à son passé. Tom est un homme plein de secrets. Un homme qui a fui depuis des mois, qui a quitté une ville qui est sur le point de tomber, selon ses dires.
Ruben a déjà vu cette ville tomber une fois. Il était trop jeune pour comprendre quoique ce soit.
Cette fois-ci, il veut agir. Avec ses armes, ses outils. Le cinéaste est persuadé d’avoir quelque chose entre ses doigts, avec cette pièce. La première pierre à l’édifice qu’il pourra apporter. Et il ne désire pas faire une telle chose seul. Il lui faudrait retrouver les autres enfants de son père. Mathy est certes en sa compagnon, mais à deux, ils ne sont pas nombreux. Il y en a d’autres, il le sait.
La présence de June est bien, pour l’heure. June et son innocence malmenée, usée et brisée. June et ses grands yeux ouverts, plus ternes qu’autrefois, qui voit enfin les vraies couleurs. Ruben espère être à la hauteur de ses attentes.
Ruben ne demande que d’être à la hauteur. Et encore plus.
Pour l’heure, il se contente de lui sourire doucement, le sérieux s’évadant de ses prunelles.
- Ça me semble une idée très acceptable. Je meurs de faim. Pour la nourriture et pour l’avenir qui se présente. Ruben a le ventre qui gronde depuis des mois, qu’importe l’anxiété. Je te dirais tout ce que tu voudras , qu’il ajoute, calme, un fin sourire espiègle au bord des lippes.