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Andrea ne sait pas pourquoi Sloane en fait tout un plat.
Ce n’est qu’un spa.
Quelques heures dans l’eau, suer dans les saunas et les hammams, écouter les ragots des personnes à côté. “Tu veux que je te book un massage en plus, c’est ça?” Le sourcil se hausse doucement, pendant que le taxi prendre un tournant vers la droite. “Je ne vais pas au spa, ce n’est pas bon pour mes altérations.” Elle tapote du doigt sa prothèse, toujours visible. “Et je suis bien incapable de nager avec ça.” Une petite perte, mais elle n’a rien contre ça. “Les massages, par contre.” Elle hoche la tête pour confirmer que ça lui arrive. “J’ai une vie beaucoup plus oisive que toi, Sloane.” Le travail d’Andrea est d'apparaître au bras de Liam. Le reste du temps, elle vaque, va voir des pièces de théâtres, retrouve ses amis de la haute société, lit, coud…
“Et je vais même en vacances.” Elles se souviennent toutes les deux de ce qui est arrivé, lors de son dernier tour d’Europe. “Toi, je ne sais même pas si tu en prends?” Elle ausculte son amie avec les sourcils froncés, le sourire éternellement taquin. “Je suis sûre que tu ne saurais pas quoi faire, à vrai dire. Je te vois bien tourner en rond et regarder des emails, non?” Oui, l’image est claire dans son esprit.
La dernière fois qu’elle a vu Sloane à l’arrêt, c’était à cause de l’attaque de la tour.
Pas par choix, donc.
Mais que fait Sloane, par choix?
“Tu sais, je pense qu’Icarus pourrait se débrouiller sans toi pendant une petite semaine.” Et, le téléphone tourner vers Sloane, elle se met à regarder les destinations de vacances. “Je vais avoir besoin de ta carte de crédit, par contre.” Oui, parce que il y a une limite à ce que l’amitié est prête à payer.
ft.     @Sloane Hatcher    

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Un massage, en plus de tout le reste. Comme si ça ne suffisait pas. Sloane se renfrogne, retourne au fond de son siège. “Non, c’est bon, ça ira.” Elle se passera du massage (et du spa) (probablement qu’elle sèchera la réservation, dans l’espoir qu’Andrea ne l’apprenne pas). Elle laisse tout ça à Andrea. Son amie semble s’en accommoder plus que n’importe qui. C’est tant mieux. Il faut bien que des gens se détendent et prennent soin d’eux. Et pas besoin de rappeler le souvenir amer de ses vacances surprises en Europe avec Liam. L’attachée de presse s’en passerait bien, surtout si l’objectif est de la détendre. Là, tout de suite, elle ne l’est plus (pas). “Oh, arrête ! J’en ai pris ! Avec Rhys.” Le prénom lui reste en travers de la gorge. Il était le seul à pouvoir la tirer hors de son bureau. Pour ce que ça lui a apporté, franchement. Elle aurait dû rester accrochée à son fauteuil. “Cet été.” Après le lancement du concours du prochain Sept. Au pire moment. Elle avait à peine tenu deux jours sans avoir de remords, quatre jours avant de retourner à New Blossom. Son absence s’était à peine fait sentir. “Je sais faire autre chose que de tourner en rond ou regarder mes e-mails.” C’est exactement ce qu’elle avait fait pendant leurs vacances. Vérifier ses e-mails et y répondre. Parfois même consulter son téléphone. Histoire de. “C’est juste qu’il faut de quoi m’occuper.” L’excuse. Elle trouvera toujours le moyen de prendre cinq minutes pour ouvrir sa messagerie. Au cas où. “Tu ne vas pas en plus me faire un programme jour par jour ?!”

Icarus pourrait se débrouiller sans toi. C’est amusant. Tout le monde lui dit ça. C’est d’autant plus amusant que ça ne rentre pas dans son cerveau. Sloane n’est pas d’accord, ne le sera jamais. “Andrea… s’il te plaît. Ce n’est pas la peine.” Changement de technique. Plus de mauvaise humeur. Plus d’agressivité. Plus de mauvaise foi (enfin si, toujours un peu). Elle supplie, maintenant. Essaye de jouer avec l’empathie de son amie. “J’irai au spa, d’accord ?” Le spa, oui. Sloane peut le faire sans aucun problème. Surtout si elle fait semblant d’y aller. “Mais les vacances…” La tête est secouée de droite à gauche. Nope, les vacances, c’est un refus catégorique. “... vraiment, on peut oublier.”

@Andrea Regan

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Autant dire que les arguments de Sloane ne convainquent pas Andrea, qui regarde son amie avec son sourcil de plus en plus haussé à chaque phrase qui en fait pas mouche (heureusement donc qu’il y a le toit du taxi, pour mettre une limite à ce haussement de sourcil critique). “Je peux tout à fait te trouver de quoi t’occuper, tu sais.” Ce serait stupide de croire qu’Andrea serait prête à planifier une semaine au soleil farniente pour Sloane. Ca n’a pas l’air d’être ce genre de femme. “Tu ne vas pas en plus me faire un programme jour par jour ?! – Est-ce que j’ai l’air d’être une agence touristique aussi?” Petit rire.
On pourrait presque croire que Sloane commence à se réchauffer à l’idée.
Presque
Et finalement, Sloane acquiesce pour le spa.
Le sourire d’Andrea est victorieux et elle ne manque pas de le lui montrer. “Super! Tu auras le temps de te préparer mentalement, c’est dans un mois.” Et après on ose de la traiter d’inconsidérée. “Si j’apprends que tu annules, fais gaffe à toi. Je sais comment tu regardes ma canne.” La menace est teintée d’humour, parce qu’elle-même elle trouve cette idée risible d’être une menace avec son accessoire.
Mais les gens choisissent de croire ce qu’ils veulent.
Le taxi fini par s’arrêter et Andrea s’y extrait en deux temps. “Nous y voilà.” Il n’y a rien qui sort de l’ordinaire. Sloane doit être habituée à l'hôtel luxueux du Plazza. “On sera tranquille dans le hall ici.” Andrea a un petit faible pour le mobilier qui rappelle la vieille france, terriblement confortable, bien qu’elle a toujours quelques difficultés à en sortie une fois confortablement installée.
Le portier les accueille d’un “miss Regan”, la preuve qu’elle n’est pas étrangère aux lieux. “Et avant que tu le dises, non, je n’invite pas n’importe qui ici.” Déjà prête aux récalcitrances de l’attachée de presse.
ft.     @Sloane Hatcher    

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Mécontentement et rébellion de plus en plus présents d’un côté de la voiture. Sloane veut qu’on lui épargne le spa, le massage, les vacances. Parce qu’elle en prend, des vacances. Rarement. Mais elle en prend. À chaque fois le même constat : elle n’est pas faite pour rester assise sur un transat, à attendre que sa peau bronze, au lieu de brûler. La détente, non. L’action, oui. Il ne faudra pas compter sur Andrea pour lui trouver des activités chaque jour. Non, elle n’est pas une agence de voyages. Les sourcils de Sloane se fronce un peu plus, à l’opposé de son amie qui s’amuse de la situation. “Non, tu as juste l’air de vouloir me pousser à l’abandon de poste.” Rien que ça. Sloane boude, mais concède. Assez intelligente pour comprendre où sont ses intérêts. Alors, il n’y aura pas de séjour on ne sait où, mais il y aura le spa. Dans un mois. “Merveilleux…” qu’elle marmonne. À une époque, dans un autre contexte, sa mère lui lancerait un regard devant le manque d’enthousiasme et de politesse. Pas un remerciement exprimé. Et en même temps, maman, on ne remercie pas les gens qui vous imposent des activités non désirées. Et qui, en prime, vous menacent de coups de canne. “C’est bon ! J’ai dit que j’irai, donc j’irai.” Oh qu’il est doux, ce mensonge. Sloane avait déjà prévu de ne pas s’y rendre. Semblerait qu’elle n’ait plus le choix, cette fois. Il faudra qu’elle trouve un moyen d’écourter la séance. En prétextant une urgence vitale. Ça ne devrait pas être difficile à rendre crédible.

Le taxi ne tarde pas à s’arrêter. Il savait où se rendre. Totalement complice d’Andrea. À croire que toute la ville est de son côté. Sloane sort de son côté de la voiture et ne manque pas de rejoindre son amie, les bras chargés de leurs victuailles. Les yeux se lèvent vers la façade. Un hôtel. Pas n’importe quel hôtel. Le genre à proposer des suites si chères que ça en est indécent. Autrement dit pas l’endroit fait pour improviser un pique-nique. C’est pourtant bien à l’intérieur de cet établissement qu’elles se rendent. Elles sont accueillies avec le sourire et les salutations de rigueur pour les habitué·e·s. Andrea en est une. Ici, on connaît son nom de famille. Ça ne manque pas d’interpeller Sloane qui dévisage son amie. Combien a-t-elle de secrets ? Des dizaines, des centaines. Elle ne pourra jamais tous les découvrir. Mais à chaque rencontre, elle en découvre un. “Peut-être, mais tu viens assez souvent ici.” Présence régulière dans ces lieux, tout en étant accompagnée. Voilà qui a de quoi intriguer et éveiller la curiosité de Sloane. “Qu’est-ce que tu fais ici les autres fois ?” La question sur l’identité de celles et ceux qui l’accompagnent reste dans un coin. Ce sera la prochaine étape.

Elles se trouvent deux fauteuils dans un recoin du hall feutré. L’ambiance est calme, élégante, délicate. À l’opposé de ce que Sloane avait en tête, en volant un plateau d’amuse-bouches. “Je dois avouer que c’est beaucoup mieux que la ruelle puante.” Peut-être, oui peut-être, qu’Andrea a eu raison d’insister pour qu’elles aillent ailleurs. Si elle a raison sur ce point, elle a sûrement raison sur d’autres. Comme le spa. Pour les vacances, n’exagérons pas. On n’y est pas encore.

@Andrea Regan

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Le regard de Sloane se pose sur Andrea, qui lui jette un coup d’oeil tout aussi suspicieux. “Quoi? – Qu’est-ce que tu fais ici les autres fois ?”  Mine faussement outrée que prend Andrea, pendant qu’elle s’installe sur l’un des fauteuil confortable, en retrait dans le hall somptueux. “Voyons, Sloane, je suis une adulte, je peux faire ce qu’il me plait.” C’est dit sans la remontrance que ça pourrait être. Andrea, surtout, éternellement, est amusée. Si elle savait que ça éveillerait le type de réaction chez Sloane, elle aurait amenée son amie plus vite ici.
La reconnaissance de l’endroit lui fait hocher la tête, pendant qu’elle enlève le couvercle des récipients. Tout de suite les odeurs lui reviennent et elle ne résiste pas à prendre une mini bouchée de la première chose qui lui passe sous la main. “Tu vois, je te l’avais dit. Nos robes méritent mieux que du carton humide.” Elles aussi, d’ailleurs. Mais la société a le don de s’inquiéter plus d’une tenue de designer que de la place de la femme.
Et puisque qu’elle sait que Sloane n’aura pas la patience de la laisser s’en tirer avec une excuse aussi vaseuse que celle qu’elle a donné (Hatcher reste l’attachée de presse des Sept), elle précise. “Lae propriétaire est un.e ami.e. Iel s’appelle Alma. Si tu veux je te lae présente, iel est célibataire.” Tout est vrai. Alma, surtout, est l’une des premières personnes avec lesquelles elle a sympathisé suite à son arrivée à New Blossom. Iel l’a emmené à toutes les soirées qui justifieraient une présence aussi radieuse que sait l’être Andrea. Iels se sont trouvés, au niveau des mischiefs. “Est-ce que tu t’inquiétais de ma fidélité à l’image de Liam?” Oeillade complice. “Tu devrais. Dire qu’avant j’étais une femme libre et je ne devais me déguiser que pour Seeker. Maintenant c’est l’inverse, obligée de me déguiser quand je veux un peu de tranquillité.” Elle entreprend d’ouvrir la bouteille de champagne volée. “Je vis vraiment la vie des stars.” Ironie et bouchon qui pop doucement.
ft.     @Sloane Hatcher    

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L’heure des explications arrive. Celle d’un·e propriétaire proche d’Andrea. Et célibataire, qui plus est. Sloane balaie l’idée d’un geste de la main. “Oh non, c’est bon, j’en ai fini avec tout ça.” La confiance donnée. Les sentiments développés. La trahison exposée. Le cœur brisé. Après Rhys, il ne restera plus rien à offrir à qui que ce soit d’autres. Le myocarde sagement remballé, enfermé à double tour. Il n’y aura de la place que pour les aventures et les amitiés. Déjà bien assez à gérer. “Retiens-le bien : je ne serais plus jamais en couple. C’est fini de faire confiance.” Une promesse qu’elle formalise ici et maintenant. Autant pour elle que pour Andrea. Un engagement qu’elle pense facile à tenir. Pas difficile quand on passe sa vie à travailler. Quoique. Elle est bien tombée amoureuse des gens pour qui elle travaille. Le doute est chassé par Andrea, fidèle à elle-même. Toujours à s’amuser et à ironiser sur sa situation. Sloane laisse un léger rire s’échapper. “Beaucoup te l’envieraient.” Cette vie de star. À passer sa soirée dans une robe qui coûte probablement deux salaires. Avec une bouteille de champagne à la main. Dans un hôtel haut-de-gamme. Il y a pire. Et pourtant, il y a de quoi se sentir en prison. “Bouge pas, je vais nous chercher des flûtes.” Bien plus élégant que de boire directement au goulot de la bouteille. Sloane se lève du fauteuil, en direction du bar. Un sourire, une vague explication et un "s’il vous plaît" plus tard, elle revient avec les deux verres. “Et voilà, madame !”

Les jambes sont allongées sur le côté. Pieds en souffrance dans les chaussures à talons. Elle doit résister à l’envie de les retirer. Le seul obstacle, c’est l’hôtel. Elles débarquent déjà avec de quoi pique-niquer, elle ne va pas non plus se promener pieds nus. Sloane se sert parmi les mets volés. “Tu sais, si un jour tu en as marre de cette vie, on trouvera une solution pour que tu retrouves ta liberté.” Une séparation médiatique et officielle, en bonne et due forme. Peut-être même pire afin de s’assurer que personne ne cherchera à retrouver Andrea et à la suivre dans le moindre de ses faits et gestes. C'est un risque, en cas de rupture. Tout le monde voudra savoir ce que fait l’ex-femme de Jophiel, qui elle fréquente. Peut-être même si elle tombe dans une addiction ou une maladie. La moindre rumeur, le moindre scandale fait vendre. Alors, parfois, mieux vaut se faire passer pour morte.

@Andrea Regan

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Le voeu de célibat de Sloane arrive un rire vrai et sincère chez la part d’Andrea. “Trinquons à ça, alors.” Elles peuvent le faire, loin des cameras et des yeux attentifs. A cette effet, puisque pour trinquer il faut en effet, des verres, Sloane s’applique et revient rapidement. La boisson est servie, le toast est porté. “On glissera aussi un peu de bonheur là-dedans.” Et si c’est trop demandé, Sloane aura au moins accès au spa dans un mois.
Du point de vue d’Andrea, il y a pire, dans la vie.
Et une autre offre est faite, qui lui tire un énième sourire. “C’est fort aimable, Sloane. Pour le moment, ça va, tout se passe bien.” Tout va bien, encore ancré dans sa psyché. Elle n’a plus besoin du pouvoir d’Alice, pour y croire. “Si j’avais compris, plus jeune, qu’il suffisait de se marier à un ami, plutôt qu’à un amant…” Sa vie aurait été plus simple. “Liam est adorable. J’ai bien compris que les Sept n’étaient pas tous comme ça. Donc je pense avoir de la chance.” Peut-être aurait-elle pu finir avec June, mais leur relation est aussi différente. Il n’y a pas cette sincérité qu’elle a avec Liam, comme si leurs âmes écorchées faisaient velco entre elles.
Elle boit un peu de champagne, prend une nouvelle bouchée. Elle se rappelle de faire attention, que même si elle mangé avant ce type de soirée, elle ne devrait pas finir la bouteille à deux.
Andrea en profite pour prendre une photo, attend avant de regarde Sloane. “Viens, on va envoyer un selfie à Liam, justement. Pour ne pas qu’il s’inquiète.” Il est devenu plus protecteur, depuis Rick. Et Andrea apprécie l’attention. Ca fait longtemps que personne ne l’a protégée, sans chercher à l'étouffer.
Elle sent qu’elle a enfin la place pour devenir qui elle est, qui elle veut être.
Et ça, ça n’a pas de prix.
ft.     @Sloane Hatcher    

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Sloane regarde le fond de sa flûte. Le liquide doré aux reflets chauds. Y cherche le bonheur dont son amie parle. Pas dans cet alcool, c’est certain. Il est ailleurs. Il sommeille quelque part, très profondément, en elle. Endormi dès lors qu’elle a réalisé ses mauvais choix. Et maintenant, elle se retrouve face à Andrea et lui balance un soupçon d’ironie. C’est tout ce qu’il lui reste. “Parce que je ne suis pas la définition même du bonheur ?” Elle avale une première gorgée, avant de reposer le verre. Toute concentrée sur Andrea et sa liberté perdue, Andrea et son couple. Sloane ne peut que comprendre, même si les conditions et les relations sont différentes. Elle l’a ressenti aussi, ce piège qui s’est refermé sur elle dès que son nom a été associé à celui de Rhys. Elle a vu sa réputation et sa légitimité remises en cause. Et elle espère les retrouver, une fois la séparation annoncée. Comme ça, par magie.

“Lui aussi a de la chance de t’avoir.” qu’elle commente. Liam aurait pu tomber sur une autre personne bien plus vénale et opportuniste. Il aurait pu mal placer sa confiance. Il a été malin et intelligent, en s’entourant aussi bien. Voilà une des raisons pour lesquelles il lui semble être quelqu'un de bien. Mais ces derniers temps, Sloane n’a pas le bon instinct pour ce genre de choses. Elle ne se fie plus à son propre avis, aurait tendance à se reposer sur les autres pour savoir ce qu’ils pensent de tel ou tel individu. Elle se perd un instant dans ce constat, avant d’être rattrapée au vol par Andrea. “Vraiment ?” Ça fait à peine trente minutes qu’elles se sont échappées de la soirée. Trente minutes et il faut déjà rassurer Liam, quand elle pourrait consulter son téléphone et n’y voir aucun message inquiet de Rhys. En se levant, Sloane fait bonne figure, laisse sur sa chaise le coup au cœur qu’elle vient de recevoir. En se plaçant, souriante, à côté d’Andrea, elle tente de confondre sa douleur dans une joie factice. Mais quand elle revient s'asseoir après la photo, tout semble être encore là. Même quand elle prend une nouvelle gorgée de champagne, dans l’espoir d’avaler le chagrin.

“Tout bien réfléchi, je pense que je vais les prendre, ces vacances.” Les yeux délaissent les bulles du champagne, se posent sur Andrea. En passe de devenir la voix de la sagesse que Sloane est prête à écouter, enfin. “Ça ne peut que me faire du bien, n’est-ce pas ?” Juste besoin qu’on le lui affirme une dernière fois, avant de se lancer la tête la première dans ce projet de vacances. Quelques jours de repos à peine et ça lui semble déjà insurmontable. “Un pays à me recommander ?” Pas même une ville aux États-Unis. Non. Sloane veut partir loin. Laisser les Sept le plus loin possible derrière elle. Ne plus s’infliger leurs sourires étalés sur les pixels ou imprimés sur les affiches. Elle veut les oublier le temps de quelques jours.

@Andrea Regan

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Le zoom est fait sur la photo prise à l’instant, constate l’absence dans le regard de Sloane. Elle ne commente pas, laisse quelques secondes de répit à son amie. Elle ne lève les yeux de son téléphone que quand Sloane relance d’elle-même le sujet des vacances.
“Pardon? – Ça ne peut que me faire du bien, n’est-ce pas ?” Le téléphone est déposé à côté de la bouteille de champagne, toute son attention à nouveau sur Sloane. “Parfaitement! Le changement d’air, comme on dit.” Andrea est plus partisante d’un changement esthétique, une nouvelle coupe, un nouveau style.
Une nouvelle jambe.
Elle fait la moue en songeant à la destination parfaite pour Sloane. “Pourquoi pas la Patagonie?” Elle plisse les yeux, alors qu’elle songe à l’Amérique du Sud. “Beaucoup de balades, pas beaucoup de réseau. De quoi te forcer à faire une pause dans tes emails.” Et si elle doit sodoyer le guide local pour qu’il se débarrasse du téléphone satellite, elle le fera. “Sinon, il y a bien Bali, mais je te vois mal au bord d’une piscine. Tu as déjà fait la tête à la mention du Spa.” Ca renforcerait l’idée d’être incapable de s’en aller, surement. Même si les plages sont paradisiaques et que les hôtels sont à tomber. Andrea a bien compris qu’il fallait quelque chose d’actif, pour Sloane.
“Surtout, il y a moins de risques de paparazzi.” Les grandes villes sont un piège courant, elle l’a bien compris, Andrea.
Si elle avait su que son voyage en Europe avec Liam aurait eu cette conclusion, elle aurait peut-être proposé une destination moins centrale. Ou alors, elle l’aurait vraiment amené sur un bateau. Ca aussi, ça reste dans ses idées de vacances, avec Liam.
“Ca fait combien de temps, que tu n’es pas partie en vacances?” Ca aussi, c’est une réelle question.
Elle ne sait pas, surtout, si Sloane aura une réponse à lui apporter. “Sans Rhys.” Précision importante.
ft.     @Sloane Hatcher    

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Revirement de situation. L’idée des vacances acceptée. Une spontanéité qui trouve naissance dans un cœur brutalisé, martyrisé. Besoin de s’éloigner et de souffler. Loin de tout. Si loin qu’Andrea envisage la Patagonie, y trouve déjà bien des avantages. Le manque de réseau, les nombreuses possibilités de randonnées. “Oui, pourquoi pas.” Aucun enthousiasme. Aucune joie. Ou autant que si Andrea lui avait proposé d’aller aux toilettes. Sloane ne sait pas si ça lui convient, si elle s'imagine ailleurs. Totalement perdue et novice quand il s’agit de destinations. Elle ne sait plus ce que c’est. En fait, elle ne l'a jamais vraiment su. Les vacances de son enfance se passaient à la maison, à espérer que le temps passe vite, tant il n'y avait rien à faire. Alors, pour Bali, Sloane s’octroie une grimace. “Oui, surtout pas Bali, même si ça doit être beau.” La beauté ne lui convient pas. Ce n’est pas ce qu’elle cherche. Besoin d’activités, d’occupations. Tout, n’importe quoi, tant que ça occupe son esprit et exige d’elle une concentration totale. Le tout loin des paparazzis, très bon point d’Andrea. Elle lâche un soupir, profond, lourd. “S’ils pouvaient ne plus s’intéresser à moi une fois que tout ça sera terminé...” Tout ça, étant sa relation avec Rhys. Les promesses d’un avenir heureux ensemble, les projets d’un couple utopiste. Balayé par des secrets et des mensonges bien trop lourds. Qui devront rester dans l’ombre.

Andrea revient avec la question qui fâche. “Sans Rhys ?” La réponse devrait être évidente. Elle devrait venir vite. Au lieu de cela, il y a un vide. “Je…” Le poids la tasse au fond du fauteuil. Elle ne s’en rappelle pas. Longtemps. Définitivement longtemps. Des congés ont pourtant été posés. Ici et là. Sans jamais vraiment décrocher du travail. “... ne sais pas.” Rhys avait été le seul depuis bien longtemps à réussir à l’attirer loin de son bureau, de son ordinateur, de son téléphone. Elle trouvait cela bienveillant de sa part. Maintenant, elle se demande si ce n’était pas juste pour faire diversion. “Je vais dans ma famille quelques jours à noël, tous les ans, ça compte ?” Sloane se raccroche à de petits séjours d’à peine trois jours comme à une bouée. Pour se donner l’impression que, oui, elle prend le large et se repose. Alors qu’il n’y a qu’une question qui tourne en boucle : comment en est-elle arrivée là ? “Allons-y pour la Patagonie, Andrea.” Elle hoche la tête. Bien décidée à prendre cette décision sans réfléchir davantage. “On devrait me trouver des vols maintenant, avant que je change d’avis.” Trop peur de se dégonfler, si elle attendait le lendemain. Autant profiter dès maintenant qu’elle ait envie de le faire, ça ne se représentera pas deux fois. “Sans option d'annulation.” Il faut qu’elle se piège, qu’elle se coince pour n’avoir aucune chance d’annuler. Elle n’aura pas d’autre choix que de partir. Il le faut.

@Andrea Regan