fake it (andrea)

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Oh my lover, my lover, my love, We can never go back We can only do our best to fake it

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tw : alcool

À une époque, il y avait de l’amour, de la confiance, du soutien. À une époque, Sloane aurait suivi Rhys. Elle aurait été son ombre et aurait fait la conversation avec cette politesse et cet entrain qui la caractérisent. Les choses ont changé. Les vérités ont été dites. Et l’amour s’est dissout. Enfin, non, il est encore là. Seulement, il est brisé en mille morceaux. Irrécupérable. Irréparable. Condamné à finir au fond d’une poubelle, sous une peau de banane moisie et des restes d’un repas pas très bon. Voilà l’avenir qui lui est réservé. Avant cela, les apparences. Il faut les sauvegarder à l’entrée, à base de sourires, de regards, de signes de la main. Et quand tout le monde a détourné le regard (on ne détourne jamais vraiment le regard des Sept), retrouver une distance salvatrice. Sloane laisse Rhys faire le tour des convives, après la promesse de se retrouver après. Pour se prêter à la même comédie au moment de sortir. Elle l’observe commencer son tour de la salle. Sourire charmant aux lèvres. Main serrée sur main serrée. Une fois, elle s’est amusée à compter combien il en serrait en une soirée. Vous seriez étonné·e·s du nombre. Il devrait devenir l'égérie de pommades pour les mains parce qu’il a au moins besoin de trois kilos de crème pour ne pas qu'elles finissent desséchées. Ce soir, elle le laisse donc faire le tour. Livré à lui-même.

Elle aussi, elle est livrée à elle-même. Elle s’en rend compte à cet instant. Au moment où Rhys s’éloigne de plus en plus. Enchaîne les bonsoirs et les marques de politesse. Quand elle, elle n’a rien à faire ici. Le rôle de la potiche n’a finalement plus aucun sens. Elle aurait dû prétexter un mal de ventre soudain, une grippe, une cheville fracturée. Toute excuse valable ou douteuse pour éviter cette soirée de gala. Ça lui aurait épargné tous les préparatifs. La tenue à trouver. La coiffure à choisir. Le maquillage à faire. Tellement d’énergie et de monde autour de cette soirée. Parce qu’il faut que tout soit parfait dans les moindres détails. Pour quoi, au final ? Ressortir avec une robe froissée, une coiffure de travers, un maquillage qui a coulé ? Super. Merde. Elle secoue la tête, chasse la fatigue et l’agacement. Ruminer ne sert à rien. Cracher sur son rôle n’est plus utile. Elle en sera bientôt libérée. Il faut juste tenir jusque-là. Pour cela, il y a un ingrédient secret : l’alcool. Elle se dirige vers le bar. Salue d’un signe de la tête ou de quelques mots les personnes qu’elle connaît. Des visages familiers, amicaux. Mais rien ni personne ne la retarde assez pour lui faire oublier son objectif.

Et c’est une coupe de champagne à la main que Sloane se plante dans un coin. Pas loin du bar. Sait-on jamais. Bien tentée de s’asseoir déjà à sa table. Sauf qu’elle a un autre objectif. Avancer dans leur enquête sur les taupes d’Icarus. Il serait tellement facile de profiter de la soirée pour interroger innocemment les gens. D’ici deux heures, l’alcool aura tellement coulé que l’attention va se déliter, que les langues vont se délier. Avec cette pensée, la soirée n'est plus une corvée. Elle est une opportunité à saisir.

@Andrea Regan

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On lui a mis une Gucci dans les mains, qui mettait en valeur Liam et son propre costume, pour le gala de la nouvelle année.
Andrea a compris, que ça faisait partie du jeu, qu’elle n’avait plus à venir avec ses robes faites sur mesure et qu’Omnivox était même prêts à lui fournir une garde-robe de soirée, pour arriver à la hauteur de Jophiel.
Elle a simplement sourit, de son sourire énigmatique, qui a connu plusieurs vies, et s’est préparée tranquillement chez Liam, une équipe de MUA qui sont repassé sur son visage, les a chassé d’un coup de canne quand ils se sont montrés trop invasifs.
Le reste est une valse qu’Andrea connait par coeur.
Ce n’est pas son premier rodéo.
Ca ne sera pas le dernier, parce qu’elle a l’intention de rester avec Liam jusqu’à ce que le service presse lui trouve une meilleure compagnie à son bras.
En attendant, iels se soutiennent, supercherie qu’Andrea apprécie tout particulièrement.
Apprécie tout particulièrement Liam.
Et ce n’est plus un océan d’inconnus, quelques figures qui sont familière, même à travers les Sept qui ont la gentillesse de leur adresser un regard (sombre, si sombre, de la part de June de l’autre côté de la pièce). Andrea lui adresse un geste de tête poli, se promet de passer lui parler un peu.
Ca fera jaser.
Mais elle aime les ragots, et les rumeurs, si facilement manipulables.
Et la maitresse de ce art est occupée au bar où Andrea a décidé d’aller chercher à boire pour elle et Liam. En femme aimante. Elle est partie en lui laissant une bise sur la joue, le pas claudiquant, malgré les tentatives vaines d’Omnivox de lui offrir une prothèse fonctionnelle. Elle en a une autre chez elle, et s’il est vrai qu’elle devrait collectionner autant de jambes qu’elle a d’identité, puisque son visage est connu, autant que le reste de son corps le soit aussi.
“Je t’ai déjà vue plus enjouée à ce genre de soirée, Sloane.” Le sourire a cette teinte de sardonnisme naturel, sur les lèvres d’Andrea. “Tu boudes parce que ça te détourne de ta pile de dossiers urgents à traiter?” Elle taquine celle qu’elle considère comme une amie, passe commande au bar. Un simple jus pour elle, comme à son habitude. Un deuxième verre que Liam attendra patiemment.
Ainsi que sa femme.
ft.     @Sloane Hatcher    

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Les iris bleus scrutent la foule, analysent les visages. Elle connaît les noms de la plupart. Identités et professions apprises par cœur ou mémorisées à force de croiser les mêmes personnes encore et encore. Toutefois, ce qu’elle ne sait pas, c’est ce qu’il se cache derrière les sourires et la verve. Et c'est là la plus grosse énigme de la soirée. La voix familière et amicale la tire de son observation. Son regard glisse vers Andrea, déjà un sourire siège sur ses lèvres. Toujours le mot pour taquiner et souligner exactement ce qu’il se passe. À ceci près qu’elle ne rêve pas de retrouver ses dossiers urgents (quoique, si, peut-être). Elle rêve seulement de ce moment où la soirée se terminera et où elle pourra retrouver son appartement. Son cyberdog lui manque même. Un fait miraculeux quand on connaît son désamour pour ce pauvre chien. Il trouverait sûrement à redire sur son état émotionnel et elle, elle s’amuserait à l’ignorer et à le détester de prendre soin d’elle. “Tu me connais trop bien, Andrea. J’ai l’impression que je ne pourrais jamais te cacher un secret.” Un fond de vérité là-dedans. Son amie lit si facilement en elle. Son regard aiguisé ne se laisse pas avoir par les apparences. Il voit tout ce qui se cache, sûrement parce qu’Andrea est une experte dans le domaine. Elle lâche un soupir, s’envoie une gorgée de champagne. “Je crois que je n’ai jamais eu si peu envie de jouer la comédie.” Et ça ne fait que quelques mois qu’elle se prête à ce jeu-là, qu’elle a quitté l’ombre pour être projetée dans la lumière. C'était bien plus confortable d'être dans les coulisses. “D’ailleurs, très belle mise en beauté. Ça te va bien.” Sloane ne retient pas son sourire en coin. Elles savent toutes les deux qu’elles sont trop bien habillées, trop bien coiffées, trop bien maquillées. Au quotidien, le style est si loin de celui-ci. Bien plus simple. Bien plus confortable. “Liam est là ? Comment il s’en sort ?” La première question est une formalité. Jamais Andrea ne s’amuserait à se pointer à un événement d’Icarus, si ce n’est pas au bras de Liam. La seconde est plus sincère. Toujours cette nécessité de veiller sur les Sept, même quand elle ne travaille pas. Son job d’attachée de presse jamais bien loin. Le regard maternel aussi. Constant besoin de les préserver. Mais qu’est-ce que ça lui apporte, au final ? Plus de stress qu’autre chose.

@Andrea Regan

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“Arrive-t-on à cacher un secret dans ce nid de vipères?” Elle désigne le reste du monde d’un coup de menton. Ce ne sont pas les petits noms d’Icarus ce soir, mais bien ceux qui tirent les ficelles, les actionnaires, les riches et les puissants qui profitent de la présence des Sept comme d’un spectacle de leurs marionnettes. Elle pense même avoir reconnu Peter Wayne, dans l’assemblée.
Des hommes tous plus riches les uns que les autres.
Plus riche qu’elle ne le sera jamais.
(n’a jamais été intéressée par la richesse.
seulement sa liberté.
a présent sous condition).
Vendre son âme au diable.
Ca ne la dérange pas.
Andrea ne considère pas qu’elle a une âme.
“Je crois que je n’ai jamais eu si peu envie de jouer la comédie.” Elle reporte son œil attentif vers Sloane et la scrute, avec cette attention rare. Il est difficile de lui mentir, surtout quand Andrea commence à connaitre les mimiques et le raisonnement des personnes autour d’elle.
Surtout quand elle apprécie assez des gens pour se soucier d’eux. “Ce n’est pas facile de jouer la comédie, quand on ne sait pas mentir.” Quelque chose comme ça. “Ni quand on en a pas envie.” Elle marque une pause, s’apprête à lui demander un très habituel comment vas-tu?, mais l’herbe lui est coupée sous les pieds. Elle essuie un compliment. “Je pense qu’on a la même équipe de stylistes. J’ai dû les chasser à coup de canne.” Sloane apprécie toujours cette blague. “Ils ont dû arriver chez toi après.” Pause, coup d’oeil vers l'assemblée. “Toi aussi tu n’es qu’un accessoire pour Rhys?” Andrea sait comment ça fonctionne.
Ce n’est pas le premier homme autour duquel elle doit refermer ses bras, parure humaine.
“Liam est là ? Comment il s’en sort ?” Changement de sujet à nouveau, elle lève les yeux au ciel, retombe sur la figure de son (faux) époux. “Liam s’en sort comme un champion. On voit qu’il fait ça depuis longtemps.” Ils s’adressent un regard, à travers de la foule, Liam toujours aux aguets pour savoir si Andrea survit, tient bon, dans le dit nid de vipères. Elle lui jette un clin d’oeil à travers la pièce, fait un signe vers Sloane, se retourne vers le barmaid. “Serait-il possible d’amener sa boisson à mon mari?” Elle s’en joue, du statut, du fait que personne n’oserait lui demander de qui il s’agit.
Même si elle est discrète devant les caméras - quoique un peu moins depuis qu’un certain accident ait été réglé - ce n’est pas le genre de soirée où le personnel se permettrait de prétendre.
Sloane, par contre.
“Est-ce qu’il faut que je te trouve une excuse pour que tu disparaisses ce soir? Si tu ne veux vraiment pas être ici.” Ca serait facile, elle qui fut un temps experte des soirées mondaines, se joue des codes comme une vieille maîtresse de cérémonie.
ft.     @Sloane Hatcher    

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Andrea est devenue une alliée de taille dans ce cirque. Bien heureuse qu’elle ait trouvé le chemin de Liam et que cette fausse histoire de couple soit survenue. Sloane n’aurait jamais cru qu’elle serait si contente qu’une rumeur de la sorte survienne. Mais les faits sont là. “Arrive-t-on à cacher un secret dans ce nid de vipères?” Elle a un bout de sourire qui se pointe. C’est si facile de cacher des choses, au contraire. Parce que les vipères regardent partout sauf sous leur nez. “Ils sont trop occupés pour s’intéresser aux nôtres.” Parce que la soirée lui pèse déjà (elle ne fait que commencer, pourtant), Sloane ne cherche pas à nier ce qu’Andrea a déjà saisi. Oui, elle n’est pas enjouée et n’a pas envie d’être là. La reine des mensonges qui sait si bien les détecter et les distiller est bien mauvaise ce soir. Les mots d’Andrea résonnent si clairement. L’attachée de presse ne laisse pas le temps aux paroles de s’imprégner et de laisser une trace indélébile. Elle se détourne vers le détail qui saute aux yeux. L'accoutrement coûteux d'Andrea. “Je pense qu’on a la même équipe de stylistes. J’ai dû les chasser à coup de canne. Ils ont dû arriver chez toi après.” Sloane laisse échapper un rire. Elle reconnaît bien là son amie. Capable de traumatiser toute une équipe de vaillantes âmes, pourtant animées par la meilleure volonté du monde. “C’est pour ça qu’ils avaient des bosses et des bleus partout ?” L’accueil de Sloane a été plus chaleureux, au moins. Même s’il manquait d’enthousiasme et d’envie. C’est au moins différent de sa première sortie officielle, où le stress et la maladresse étaient présents. Elle avait pourtant regardé les Sept jouer ce jeu pendant des années. Mais une fois venu son tour, c’était différent. Incroyablement effrayant. “Toi aussi tu n’es qu’un accessoire pour Rhys?” Si bien résumé. Sloane n’aurait pas fait mieux. “Hm.” Elle trouve la silhouette de Rhys au milieu de la foule. En train de serrer la main à une députée démocrate. Comment fait-il pour avoir l’air détendu et dans son élément ? L'entraînement et le formatage d’Icarus, sûrement. Elle retourne son attention sur Andrea. “Au moins sommes-nous des accessoires bien habillés et sexy.” Elle a une légère moue, l’air de se contenter de peu. Et c’est plus que peu. À une époque, on la faisait venir pour garder un œil sur les journalistes à l’entrée et sur ce qu’il se passait à l’intérieur. Au cas où. Maintenant, on a oublié son travail.

Pas elle. Toujours une once d’inquiétude. C’est ancré en elle. Essentiel de préserver ces Sept, figures publiques. “Liam s’en sort comme un champion. On voit qu’il fait ça depuis longtemps.” Elle a un sourire en voyant l’échange entre Andrea et Liam. Une douceur et une bienveillance mutuelles. Toujours là l’un pour l’autre, à vérifier que tout va bien. C’est touchant de les voir aussi complices et solidaires. “Serait-il possible d’amener sa boisson à mon mari?” Son mari. Tellement de pouvoir contenu en si peu de mots. “Tu aimes ça, pas vrai ?” qu’elle demande, une fois l’échange terminé. “Est-ce que je dois te surveiller ou tu promets de ne pas te transformer en bourgeoise hautaine et insupportable ?” Qui n’existera qu’à travers son époux ; qui exigera tout et n’importe quoi sous prétexte que c’est pour son mari ; qui n’aura d’autre occupation que de martyriser des employé·e·s sous ses ordres.

“Est-ce qu’il faut que je te trouve une excuse pour que tu disparaisses ce soir? Si tu ne veux vraiment pas être ici.” C’est Andrea qui propose, quand ça aurait dû être à Rhys de lui tendre cette main. “Ne t’inquiète pas. Je peux m’inventer une urgence à gérer.” Elle agite son téléphone, toujours greffé à sa main. “Mais je vais rester.” Il le faut. Ça fait partie de la pièce de théâtre qu’iels ont décidé de jouer jusqu’à l’annonce. Ensuite, ce ne sera plus qu’un mauvais souvenir. “Ce serait dommage de ne pas passer la soirée avec toi !” Parce qu’il y a au moins cet aspect positif. Passer la soirée au milieu de vieux croulants, à les écouter parler de leurs parties de golf ou de leurs affaires commerciales incroyablement importantes, tout en se demandant ce que ses interlocuteurs lui cachent, très peu pour elle. Par contre, discuter pendant des heures avec Andrea, ça, oui. “C’est juste que je ne suis pas d’humeur. Je…” Elle s’arrête. Observe les alentours, à la recherche d’une oreille trop proche pour les entendre. Personne ne semble leur prêter attention. Elles ne sont pas intéressantes. Que des accessoires qui valent quelque chose au bras des Sept, Andrea a raison. Sloane reprend après une inspiration. “On va se séparer avec Rhys. Alors, faire semblant que tout va bien commence à peser.” La décision a été prise il y a, lui semble-t-il, une éternité. Sauf qu’il faut le temps de tout préparer afin que la communication soit parfaite. Rhys comme elle ne souhaitent pas égratigner l’image de l’autre. Alors, cette période de transition est nécessaire. Pourtant, elle lui coûte de plus en plus. Comme ce soir.

@Andrea Regan

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Sloane commence à bien la connaitre.
Ca devrait lui faire peur.
Avant, elle ne restait jamais assez longtemps au même endroit pour se nouer d’amitié avec quelqu’un d’autre qu’Alice. Elles partaient toujours avant que quelque chose de profond ne puisse se créer avec une autre personne.
Etait-ce une manière inconsciente de contrôler un peu mieux sa marionnette?
Andrea ne sait pas. La réponse, de toute façon, ne l’intéresse pas.
Tout ça est le passé.
Et maintenant, il y a Sloane qui voit à travers son jeu de femme mariée. Andrea lui glisse un sourire faussement coupable, assument pleinement cette satisfaction, oui. “J’aime surtout prendre soin de lui. J’ai l’impression qu’il ne le fait pas assez.” C’est dit avec une réelle affection.
Andrea commence à bien connaitre Liam aussi. “Mais promets moi que si je me transforme en mégère, tu me remettras les pendules à l’heure directement.” Andrea ne se voit pas comme ces viles femmes, ne les a jamais aimé.
Sait qu’il manque grandement à leurs vies.
Sloane aussi, est sur le point de perdre quelque chose.
Quelqu’un.
“Je suis sure que tu trouveras meilleure compagnie que moi, dans tous ces profils très intéressants d’Icarus.” L’ironie est bien présente, tout comme la modestie. Fut un temps, Andrea cherchait ce type de soirées. Dans cette pièce se trouve tout ce dont elle a toujours rêvé.
Et pourtant, elle ignore volontairement tous les hommes “puissants”.
Elle sait de quel bois ils sont faits.
Tous des lâches.
Sloane lui confirme sa théorie quand elle annonce le secret. Andrea plisse les lèvres, hausse les sourcils. “Dis-moi que tu l'as largué.” Elle trouve immédiatement Rhys dans l’assemblée, l’un des centres de gravité de la soirée. “Que s’est-il passé?” La dernière fois qu’elles en avaient parlé, Sloane semblait aux anges.
Mais ce n’est pas parce que les personnes sont au sommet du monde, qu’iels sont forcément de bonnes personnes.
Ca aussi, Andrea le sait.
Elle détaille la salle d’un coup d’oeil, se trouve un endroit à l’abri de l’agitation, un mange debout abandonné des autres, les assiettes de nourriture vide.
Une fois la fonction remplie, abandonnées.
Elle guide gentiment Sloane tout en s’appuyant sous son bras, prétexte plus que nécessité. “Raconte moi tout.”
ft.     @Sloane Hatcher    

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Ne pas prendre soin de soi. Les Sept le font toustes. Pas un jour sans qu’on repousse les limites du corps, de la fatigue, de la faim, de la concentration, de la soif. Mené·e·s par un leader qui en demande toujours plus, toujours mieux. Theodore ne les lâche pas. Il veut la perfection. Il n’autorise que la perfection. Il n’entend que la perfection. Sans soupape de décompression, c’est le craquage assuré. Mais Liam a Andrea. Andrea a Liam. Et si, un jour, Andrea vrille, elle n’a même pas à demander : Sloane sera là aussi. “Compte sur moi !” qu’elle promet après un rire. C’est pour cela qu’elle ne faussera pas compagnie à son amie pour discuter avec quelques riches figures de Solaris. Très peu pour elle. Il n’y a pas avec beaucoup de monde qu’elle peut se montrer honnête. Il y en a encore moins face à qui elle peut se montrer elle-même. C’est ce qu’il se passe avec Andrea, avec l’aveu de la rupture, avec la confession du cœur lourd. “Dis-moi que tu l'as largué.” La demande la fait sourire. La loyauté d’Andrea est grande, jusqu’à refuser de faire de Sloane la victime d’un homme qui ne le mérite pas. “Oui, c’est moi.” C’est elle. C’est eux. Une décision de sa part, un accord commun sur la suite à venir. Tout s’est fait en bonne intelligence. Parce qu’il reste un fond d’affection entre les deux. Terni par quelques sombres révélations. “Que s’est-il passé?” La langue passe sur ses dents. La question est large, la réponse l’est tout autant. Elles échouent à l’écart de l’agitation pour une conversation qui nécessite du calme.

La coupe de champagne est posée sur la table. Tout lui raconter serait la mêler à des activités et des dossiers secrets. Ce n’est ni l’envie ni le besoin qui manque. Elle s’octroie pourtant un instant pour trouver la meilleure manière d’aborder le sujet. Sans en dire trop, tout en en disant assez. “J’ai été trop naïve, j’imagine.” Elle force un sourire. C’est finalement ce qui sort de cette histoire. Elle a cru en l’impossible. Ce n’est pas comme si cela faisait dix ans qu’elle travaillait avec les Sept. Elle aurait dû savoir. “J’ai découvert quelques secrets sur Rhys qui ne m’ont pas plu. Je le pensais… différent des autres et j’ai cru que ça allait pouvoir fonctionner entre nous. Mais en réalité, il ment tout autant et il est tout sauf irréprochable.” Ça a été douloureux. S'apercevoir du jour au lendemain que l’homme qu’elle aime n’est pas celui qu’elle pense. S’apercevoir que tout n’a peut-être été que de la comédie. Douter de tout, ne plus savoir ce qui est vrai, ce qui est faux. Sloane a tout remis en question. Continue encore. “Je sais, j’aurais dû m’en douter, mais j’y ai cru.” Naïve, ce n’est même pas assez fort pour dire ce qu’elle a été. Et dire qu’elle a assuré devant Theodore que Rhys ne savait rien. Sloane a bien dû se rendre à l’évidence quand sa déchirure a hurlé dans tous les sens au moment d'interroger son petit-ami. “C’est juste impossible de continuer comme ça. J’ai besoin de pouvoir lui faire confiance et là, ce que j’ai découvert, c’est… non.” Elle aurait dû se concentrer sur son travail plutôt que de se laisser divertir par sa présence. Ça lui aurait épargné ça. La douleur dans le cœur. La colère d’une trahison. La rage des larmes.

“Liam devrait faire attention. Toi aussi.” Faut les préserver. Liam a depuis longtemps un pied dans Icarus. Maintenant qu’il est consacré Sept, il doit encore plus être vigilant. Se méfier de tout, de tout le monde. Ne pas croire aux promesses. Ne pas se fier aux sourires et encouragements. Tout est motif de vigilance. Au moins peut-il compter sur Andrea pour l’y aider. “On ne sait jamais vraiment avec qui on travaille et à Icarus, on est les pro des mensonges et des secrets.” Ce n’est un scoop pour personne. Toutefois, avant cet été, Sloane n’imaginait pas à quel point. Elle n’avait qu’une vision partielle de la cruauté et de l’inhumanité de la Corporation. Maintenant qu’elle sait, Sloane est certaine qu’ils l’étonneront toujours. Qu’il y aura toujours une frontière inattendue qu'ils arriveront à repousser.

@Andrea Regan

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Peut-être que la fidélité d’Andrea est son plus grand défaut.
Elle ne pourrait pas le nier, que des pages de sa vie auraient été tournées plus rapidement, si elle ne s’était pas attachée, acharnée avec les mauvaises personnes.
Sait, aussi, que celleux qui sont au sommet du monde ne sont pas sans reproche.
Mais elle préfère avoir sa place là-haut, que de retourner dans la boue et l’oubli de l’Ohio.
Autant être misérable en Gucci.
Femme vénale, basique, terre-à-terre, réaliste.
Andrea n’a aucun trait de surprise quand Sloane explique sans trop dévoilé, consciente qu’il doit y avoir des NDA (ou le soucis d’un travail bien fait), dans l’histoire.
La fidélité de Sloane aura aussi raison d’elle. “Est-ce que tu aurais préféré ne rien savoir?” Andrea étudie Sloane, sans aucun jugement. Certaines personnes (comme elle), préfèrent détourner les yeux.
Enfin, pour Andrea, ce n’est pas ça.
Les autres ne l’intéressent pas.
Elle a eu assez de sa misère que pour avoir de l’empathie pour les autres, humanité brisée.
Sauf pour quelques personnes.
Et Andrea est soulagée, vraiment, d’apprendre que ce n’est que la capacité à faire confiance de Sloane, qui ait été brisée. “J’imagine que tu as bien fait, alors. Il faut savoir se préserver, parce que ce ne sont pas les hommes qui nous préserveront.” De ça, Andrea en est persuadée. Même si elle a Liam autour de son bras devant les caméras.
Elle doute pouvoir faire confiance un jour à nouveau, en amour.
“D’autres pros que toi?”, demande Andrea par jeu. “Si tu veux me donner une liste de personnes que je dois éviter comme la peste, je m’y appliquerai.” Elle tend son bras, dépose sa main sur celle de Sloane, regarde son amie dans les yeux. “Et vraiment, Sloane, s’il y a quelque chose que je peux faire à mon maigre niveau, n’hésite pas. Je ne suis qu’un petit poisson dans cet océan de requin, je n’ai nullement l’intention de faire des coups bas.” Elle à un petit geste dédaigneux vers le reste du gala. “Je leur laisse ce plaisir. J’ai vécu trop longtemps pour tirer dans les pattes des autres.” Elle inspire, éternellement détendue, détachée du faste. “J’ai mieux à faire.”
ft.     @Sloane Hatcher    

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La question à un million de dollars vient d’Andrea.
Est-ce qu’elle aurait préféré ne rien savoir ?
Non. Définitivement, non. Elle est contente de savoir, malgré les conséquences. Elle préfère cela que de se tromper encore des années durant sur une personne. “Non, il fallait que je le sache. Mais pas comme ça.” Le regard revient irrémédiablement sur Rhys. Il doit le sentir parce qu’il se retourne et lui adresse un mouvement de tête. Il ne tarde pas à retourner à ses serrages de main. “J’aurais préféré que ça vienne de lui.” A en horreur l’utilisation de ses déchirures sur ses proches. Surtout quand elle les pense dignes de confiance. Elle sait maintenant : Sloane ne peut se fier à personne à Icarus. Impossible d’écouter le cœur. Il n’y a que le cerveau qui doit être entendu et suivi. Andrea a raison. Toujours raison. Aucun homme ne les préservera. Et au milieu, il y a cette amitié sororale qui leur rappelle qu’elles ne sont pas seules. Là où un homme brisera des rêves et des coeurs, il y aura toujours une femme pour réparer les maux.

La femme qui est là pour Sloane, c’est Andrea. Une amitié étrange, forgée dans la défiance, le mystère et les secrets. Pourtant, les voilà ce soir. Sûrement plus soudées qu’elles ne l’auraient imaginé un jour. Elle parvient à faire sourire l’attachée de presse d’une simple question taquine. Sloane ne se donne pas la peine de répondre. Il n’y en a pas besoin. Par contre, pour la liste des personnes à éviter, elle expulse un soupir. “C’est ça le plus dur, Andrea. Je ne sais pas qui est à éviter.” Parce qu’il existe une échelle des mensonges. Ceux qui sont cruels et violents. Ceux qui sont inoffensifs et presque adorables. Ce sont les premiers qu’il faut découvrir. Sa main se tourne pour serrer celle d’Andrea. Ses mots ont une telle puissance. Ils rassurent. Ils enveloppent. Grâce à eux, grâce à elle, Sloane n’est plus seule dans cette vaste assemblée. Elle a une alliée sur qui se reposer. “Je te remercie.” Elle n’avait pas réalisé combien elle en avait besoin. C’est bête. C’est basique. Une amitié renouvelée. Un soutien proposé. Ça a l’effet d’une bouffée d’oxygène. “Je ne sais pas si tu pourras quoi que ce soit, malheureusement.” Affaire à régler avec elle-même, en calmant l’hémorragie du palpitant, en s’entourant de remparts contre la confiance. Andrea ne peut rien pour tout cela. “Faut vraiment être stupide pour penser qu’il était différent des autres et ne pas voir la vérité après tant d’années à le côtoyer.” De la colère, il y en a. Plein. En particulier envers elle-même. Sloane n’en veut même pas à Rhys. Il lui a caché ses sombres secrets, il a pensé à ce qui était le mieux pour lui. Il a profité qu’elle ne lui ait jamais posé les bonnes questions pour ne pas éveiller ses soupçons. C’est elle qui n’a pas été à la hauteur. Juste elle. “Si je suis passée à côté de ça, je suis peut-être passée à côté de tellement d’autres choses…”

Ça l’inquiète. Ça la tient éveillée la nuit. Encore plus que le travail, la culpabilité et l’angoisse de ne pas avoir tout vu, tout perçu la hantent. À quoi bon être capable de déceler des mensonges, quand on se contente de croire aveuglément ce que les autres disent ? Ça n’a aucun sens. Leçon apprise, maintenant. On ne l’y reprendra plus. “Promets moi de faire attention à toi et de surveiller Liam.” Les deux lui font l’effet de brebis égarées dans un monde trop dangereux pour elleux. “S’il commence à creuser dans les secrets d’Icarus ou s'il est mêlé à des affaires sombres, préviens-moi, d’accord ?” Sloane veut juste savoir. Avoir l’information avant qu’il ne soit trop tard. Pouvoir creuser et savoir à quoi s’en tenir. Nécessité, aujourd’hui plus que jamais, de savoir à qui elle a affaire. Et si elle peut les protéger et leur éviter des ennuis, elle le fera.

@Andrea Regan

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Ce que Sloane lui dit, Andrea l’a déjà vu chez tant et tant de femmes. Dans ces groupes de parole où elle s’est retournée après avoir survécu à son mari, cette facilité qu’elles ont, ces femmes, à se blâmer plutôt que de blâmer l’autre. Parce que l’autre est inatteignable et que la société a éduqué aux femmes qu’elles étaient l’origine du mal.
Andrea emmerde profondément Adam et Eve.
Elle fronce de plus en plus les sourcils à ce qu’elle entend de la bouche de Sloane. “Ce n’est pas de ta faute, Sloane. Tu ne peux pas empêcher les autres de faire ce qu’ils veulent, et ce n’est pas à toi de sauver tout le monde. Sinon tu serais là-bas en train de serrer les mains à la place de June.” Andrea a ce sourire, sardonique, doux et brisé.
Sagesse d’un monde qui brise les autres pour exister.
“Les gens mentent parce qu’ils ont honte de qui ils sont. Crois moi, je suis une actrice, après tout.” Et ça, Andrea en connait en long et en large, sur la honte. Elle s’appuie un peu sur la table haute, prend une gorgée de son mocktail. “Si je pouvais faire quelque chose, je te donnerai une médaille. Ce n’est pas évident d’accorder sa confiance à quelqu’un.” Ca aussi, Andrea en connait en long et en large. “Même si j’imagine que ça a été très tentant avec quelqu’un d’aussi charmant que Rhys…” Elle est un peu dans la même situation avec Liam.
Heureusement, iels ne couchent pas ensemble.
Sont seulement mariés.
“C’est la roulette russe des humains. Tu ne sais jamais sur qui tu vas tomber.” Andrea n’a pas eu la chance de tomber sur des saints, même s’iels s’en donnaient des airs d’ange. La prochaine fois, elle devrait chercher la pire crapule. Peut-être que cette personne aura un coeur d’or.
Ne la blessera jamais.
“Pour ça, je t’offre un toast!” Elle claque son verre doucement contre celui de Sloane, secoue la tête à la mention de Liam et des risques. “Je ne peux pas l’empêcher de faire sa vie, Sloane.” Elle se penche un peu vers son amie. “Qu’est-ce que tu aimerais savoir?” Et surtout, la plus importante des questions. “Pourquoi aimerais-tu savoir?” Et toujours, ce doux jeu chez Andrea.
Créature insignifiante.
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Andrea a les mots réconfortants, déculpabilisants. Elle relativise et remet Sloane à sa place. Pas une héroïne. Juste une humaine au cœur un peu trop grand, prêt à absorber tous les problèmes du monde. Sloane lui rend son sourire. Moins piquant, moins cassé que celui d’Andrea, mais il est là. Bien incapable de savoir ce qu’il doit être, ce sourire. Reconnaissant d’avoir une amie aussi sincère, aussi brisée pour trouver les bons mots. Probablement ça. Sloane lâche un soupir. Le centième de la soirée. Trop de choses coincées à l’intérieur qu’il faut expulser. Encore et encore. “Tu as sûrement raison.” Sûrement. Ça grince. Sloane s’en rend compte. Andrea ne devrait pas avoir sûrement raison. Elle a raison. Point. Ses paroles, Sloane aurait pu les sortir à n’importe qui dans la même situation. Ses paroles sont justes. Elles restent difficiles à assimiler pour son propre cas. Parce qu’il y a toujours des milliers d’excuses. Parce que ce n’est jamais pareil.

“Les gens mentent parce qu’ils ont honte de qui ils sont. Crois moi, je suis une actrice, après tout.” Sloane la dévisage. Frappée de plein fouet par une réalité qui lui avait échappé jusque-là. Une réalité dans laquelle Andrea a honte de ce qu’elle a vécu, de ce qu’elle a subi. “Tu n’as pas à avoir honte. Tu devrais même être fière.” Elle ignore pourquoi ça ne lui est jamais venu à l’esprit. Comme si Andrea ne pouvait pas garder des séquelles et regarder son passé sans baisser la tête. Elle qui hurle la confiance en soi et la détermination. Une main se pose sur celle d’Andrea. “Tu es la personne la plus forte et la plus courageuse que je connaisse. Et de loin.” Ce n’est pas faute de croiser des gens aux parcours différents, de côtoyer les Sept au quotidien. Il y aura toujours pour Andrea une admiration et un respect sans faille. C'est elle qui mérite une médaille. Pas Sloane pour la confiance et la croyance données aux autres. Elle ne fait que tenter de voir le bon chez les autres. Ça ne réussit pas à tous les coups. Pari perdu concernant Rhys. “D’autant qu’il a été malin avec ses petites attentions et ses jolis mots.” Elle en rirait presque. Ça pointe dans son regard, dans son rictus. Persuadée qu’il y a malgré tout du vrai en lui, que ses qualités ne sont pas des mensonges. Elle n’a pas pu être bernée de bout en bout. Il y a du bon en Rhys. Mais pas autant qu’elle l’aurait souhaité.

Verres levés pour porter un toast. “Au célibat !” qu'elle rajoute. Ça lui arrache un rire. Comme s’il fallait célébrer la fin de ce chapitre. Il y a malgré tout du positif : parmi toutes les personnes sur qui elle pouvait tomber, elle n’a pas atterri entre les mains du pire manipulateur. Elle s'en sort bien, Sloane. Toutefois, ça la ramène forcément sur les coulisses d'Icarus. La mine redevient trop vite sérieuse. S’amuser par les temps qui courent est déplacé. C’est baisser sa garde quand il faut être vigilant. Alors, prière est prononcée pour qu’Andrea veille, ouvre les yeux. Qu’elle fasse attention. Évidemment que ça éveille la curiosité. Évidemment qu’elle veut en savoir davantage avec son air joueur, presque innocent. Sloane commence à le connaître, cet air. “Je ne sais pas… plus ça va et plus j’ai la sensation qu’on ne peut faire confiance à personne. Y compris aux Sept.” L’impression n’est plus. Confirmée depuis plusieurs mois. Convaincue que chaque personne à Icarus porte un sombre secret (si ce n’est pas plusieurs). Reste à déterminer lesquels sont tolérables, lesquels le sont moins. “J’aimerais juste savoir à quoi m’en tenir avec Liam pour ne pas être surprise.” Elle ne peut en dire davantage. Andrea n’a pas à être mêlée à toutes ces histoires. Déjà bien trop plongée dans la machine icarusienne pour qu’elle le soit encore plus. “Comment tu t’en sors, toi ?” Rien ne prépare à l’exposition d’être la compagne d’un super-héros, d’être au centre de l’attention, de devoir faire ses adieux à sa tranquillité. Même une préparation mentale ne suffit pas. Le changement reste brutal. Trop soudain. “Tu continues d’utiliser tes mods pour profiter d’un peu d’anonymat ?” Elle détient un avantage que Sloane lui envie. La possibilité de changer d’apparence, quand elle le souhaite. Passer inaperçue, se faire oublier pour pouvoir vivre sa vie sans souffrir du regard des autres. Un avantage pas sans un coût physique.

@Andrea Regan

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Il y a un changement de cadence auquel Andrea ne s’attendait pas, quand Sloane la positionne en victime. Andrea hausse légèrement un sourcil, avant de se mettre à rire. “Je ne pense pas qu’on parle de la même chose. Je ne suis pas là pour jouer la victime, Sloane.” Elle regarde un instant son verre, puis pose son attention sur le reste de la salle. “Je ne pense pas avoir rencontré une personne qui était démunie de honte. Mais ne t’inquiètes, pas, ce que m’a fait Rick ne m’inspire plus ce sentiment.” Même le nom, n’est plus si compliqué à dire. “Plus maintenant.” Plus depuis des années.
Plus depuis qu’elle a arrêté de caché les cicatrices de ses mauvais traitement et de ce métal qui a essayé de la déchirer de l’extérieur.
Une nouvelle vague de compliment, cette fois-ci Andrea lève les yeux au ciel, peu habitué à ce genre de louanges, même si elle prétend vivre pour celles-ci. “Allons, cesses, tu as vraiment une mauvaise idée de moi.” Elle lui jette un sourire en coin. “Tu traines trop chez Icarus, tu penses que tout le monde est courageux, d’une manière ou d’une autre.”
Andrea s’est contentée de survivre.
C’est déjà beaucoup.
Elles trinquent au célibat, avant de s’intéresser à d’autres raisons de la survie. Parce que c’est ce qu’il en est, quand ils évoluent tous dans les entrailles d’Icarus. Andrea n’est pas née de la dernière pluie. Même si elle ne se considère pas la plus brillante pour les domaines académiques (n’aurait jamais pu arriver au même poste que Sloane), elle a un autre type de sagesse.
Celle de la faiblesse humaine.
Alors, elle sait, que les riches se parent d’encore plus de richesse pour combler des manques, les beaux tissus pour dissimuler les vices et les erreurs.
La honte.
Et plus encore.
Si Rhys fait tache, alors personne n’est à l’abri.
Pas même Liam (elle a bon espoir qu’il est encore assez innocent pour être préserver encore un peu). (et a peur, terriblement, du moment où cette innocence volera en morceau). (elle s’est promise qu’elle sera la, pour lui, quand ça arrivera). “Tu veux dire que tu n’as pas apprécié la surprise de ARGOSSIP? Tu me surprends, là.” Elle espère vraiment que le pouvoir de Sloane sait faire la distinction entre l’humour et le mensonge. “Le but de mes mods étaient que je ne doive pas les utiliser quand je sors de la rue. Ils m’ont bien coupé l’herbe sous le pied…” Ca fait longtemps, qu’elle n’utilise plus ses implants. Pas que ça la dérange. “Mais les gens prêtent peu d’attention à la femme de. Je n’ai rien de resplendissant pour force l’individu lambda à se rappeler de moi.” Elle fait mine de réfléchir. “Certes, les gens me fixent un peu plus dans la rue, mais c’est tout.” Elle navigue toujours sur cette ligne floue des gens qui ont l’impression de la connaitre, sans savoir d’où. Elle est prudente, Andrea, les vêtements qui changent, la dynamique aussi, différente de ce qui est présenté à la caméra.
La femme aimante n’est plus en elle.
Mais devant un objectif, elle n’a jamais de mal à prétendre.
& pour Liam, elle sera l’amie parfaite.
“Comment était-ce pour toi?” Coup d’oeil taquin. “Quand ça t’arrivait de sortir des bureaux, s’entend.”
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Compréhension douteuse. Mauvais chemin emprunté et déjà, Andrea la ramène dans la bonne direction. Pas de victimisation. Pas de honte. Ce n’est pas cela que la femme pointait du doigt. C’était autre chose. “Qu’est-ce que tu voulais dire, alors ?” Si Sloane n’arrive pas à comprendre, qu’on lui dise clairement. Trop épuisée pour des énigmes et des explications peu claires. Besoin de plus en plus croissant de clarté, d’honnêteté. Les récents événements y sont pour beaucoup. L’erreur n’enlève rien au reste. À l’image qu’elle a d’Andrea. À la perception de sa force et de sa détermination. Un exemple, voilà ce qu’elle est pour Sloane. Elle peut lever les yeux au ciel autant qu’elle le souhaite, l’attachée de presse ne compte pas en démordre. “Tu ne peux pas m’empêcher de le penser, Andrea.” Répartie rétorquée avec sincérité. Sloane ne doute pas de la force et du courage planqués chez Andrea. Il en faut pour traverser ce qu’elle a vécu et continuer d’avancer. En fait, il y en a en chaque personne. Charge à chacun·e de s’en saisir et de l’utiliser. Que l’on porte une cape ou pas.

Liam en a, du courage. Beaucoup. Assez pour embrasser cette nouvelle vie. Assez pour venir à cette soirée. Assez pour jouer le jeu, alors même que sa vie privée a été exposée, qu’il travaille pour une Corporation aux valeurs douteuses. Est-ce du courage ou simplement du déni et de l’aveuglément ? S’il n’est pas encore au courant de toutes les affaires d’Icarus, cela arrivera un jour. Elle lui souhaite de le savoir le plus tôt possible. En attendant, Sloane se donne pour mission de surveiller et de se méfier. Bien consciente qu’il est possible qu’il soit acteur et pas seulement spectateur ou victime de la situation. Andrea y voit une mention du post de l’Argossip. Celui dévoilant leur fausse relation. Sloane sourit, donne le change. Si seulement elle parlait de ça. Mais non. Elle préfère amener la conversation sur Andrea, son nouveau statut d’épouse de super-héros. Et tout ce qui va malheureusement avec. Ce n’est pas juste une alliance. C’est tout un package qu’il faut accepter. “Alors, ça n’a rien changé à ton quotidien ?” Elle en serait envieuse, Sloane. Aimerait se promener dans la rue et souffrir tout juste de quelques regards curieux. Autre traitement qui lui a été réservé. Parce que Rhys était déjà membre des Sept et qu’il avait déjà une popularité conséquente, travaillée, fignolée, sculptée pendant plus d’une décennie.

Alors quand Andrea lui demande  comment ça s’est passé pour elle, Sloane n’a qu’un mot qui lui vient à l’esprit : horrible. L’adjectif reste coincé entre ses lèvres. Il n’en sortira pas. Toujours cette retenue qui coince et retient les vrais sentiments. “Force est de constater qu’on a fait du bon boulot avec Rhys. Tout le monde l’aime et veut en savoir plus sur lui.” Et donc, sur elle. Tout sauf une inconnue pour les médias. Bien trop habitués à avoir affaire à elle. “Les journalistes n’ont pas mis longtemps pour réaliser que cette femme aux côtés de Rhys ressemblait à l’attachée de presse dont iels ont le numéro de téléphone, l’adresse e-mail et qu’iels côtoient quotidiennement. Ça n’a pas été difficile de mettre un nom sur mon visage et de le placarder partout.” Nom et visage partagés. Anonymat impossible. Il n’a même pas été possible de négocier, d’espérer. Son identité a filtré à la seconde où le couple s’est affiché ensemble. “Iels ne se gênent pas pour balancer dès que j’ose hausser le ton au téléphone avec un journaliste ou pour critiquer ma manière de travailler très peu éthique.” Débordements et abus à foison. Tout le monde espère une exclusivité, à force de solliciter, de demander, d'harceler Dani. Tout le monde épie aussi ses gestes. Dès lors qu’il y a un ‘non’, les choses s’enveniment. Elle n’est plus l’attachée de presse respectée. Elle est l’attachée de presse petite-amie. Une double casquette qui la rend moins crédible, moins pardonnable. Et quand elle refuse une interview, c'est forcément qu'elle est de mauvaise humeur, qu'il y a des problème dans son couple. “J’ai si hâte de retourner dans l’ombre et d’être de nouveau tranquille, si tu savais !” Comme un doute qu’Andrea comprenne. Elle a prêté ses traits déformés à une écrivaine pendant des années. Elle a goûté à la célébrité et se retrouve de nouveau projetée sous les projecteurs. Avec cette simplicité et cette tranquillité étonnantes. Sloane aimerait avoir ce détachement. “Tout ce cirque médiatique… je ne peux plus.” Pas faite pour toute cette attention. Sinon, Sloane aurait exercé un autre métier. Bien plus publique. Bien plus visible. Au lieu de cela, elle a préféré accompagner celles et ceux qui s’exposent. “C’était plus facile quand je pouvais sortir m’acheter des sushis avec les cheveux gras et en jogging.” qu’elle ajoute, un sourire nostalgique de cette liberté qu’elle avait, sans même s’en rendre compte. Aujourd’hui, elle le peut encore. Mais c'est au risque de finir en photo quelque part, avec comme titre : "Sloane Hatcher, aperçue avec deux kilos de plus et des cernes sous les yeux, est-ce qu'elle travaille trop ?". La réponse est oui et elle vous emmerde.

@Andrea Regan

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“Alors, ça n’a rien changé à ton quotidien ?” Andrea pourrait chercher la réponse que Sloane voudrait entendre, mais alors elle serait bien au courant du mensonge. Et ce n’est pas ce qu’Andrea cherche à faire en compagnie de son amie. “Tu oublies peut-être que j’ai passé 4 années de ma vie à prétendre être une petite bête de foire devant les caméras et les fans.” Elle a un sourire presque doux, Andrea. “Au moins je n’ai plus à porter de perruque maintenant.” La partie la moins confortable du jeu de rôle. “Ce n’est que prétendre à nouveau. Et n’est-ce pas le rôle attendu de toutes les femmes, que d’être heureuses au bras de leur homme?” Il n’y a plus rien d’agréable dans son regard, que son cynisme habituel envers le système qui nourrit les doubles standards.
Ce que Sloane a vécu aussi, passée de l’autre côté de l’attention, devant le regard des autres, de toustes. Andrea l’écoute, son attention focalisée sur l’attachée-presse. “Un nid de vautours”, conclut Andrea en hochant la tête. “Si tu veux, je t'emmènerai en Europe à ton tour. Peut-être que les ragots nous mettront ensemble aussi.” Elle rit, très tentée de mettre sa théorie à l’épreuve. Est-ce que les journaux s’empresseront de tabler sur une tromperie de sa part, ou parleront d’une amitié sans faille entre les deux femmes.
“J’aime jouer avec les pieds des journalistes. Ils sont prêts à croire tout ce que tu peux leur donner. C’est passionnant.” Parce qu’il n’y a plus rien qui fasse preuve d’un esprit critique à leur époque. Encore moins quand l’on s’approche du sommet du monde. Certes, il y a bien les critiques, les reproches, mais personne n’est capable de croiser les données et de trouver le mensonge dans la botte de foin. “Je comprends que ça ne soit pas facile, tu n’as pas eu le bon rôle, pas vraiment eu de pouvoir là-dessus: choisir de qui tu es tombée sous le charme.” Elle ne pense pas à Alice.
Ce n’était pas du charme.
“Et tu en es ressortie perdante.” Plus qu’un simple cœur brisé, c’est toute l’intégrité de Sloane qui a été remise en question. Andrea dépose ses coudes sur le mange-debout, tourne sa tête vers la foule. Elle trouve Rhys sans problème, qu’elle regarde avec un faux regard appréciateur. “Si tu veux qu’on lui adresse une vengeance à l’ancienne, tu n’as qu’à le dire, Sloane.” Puis, elle se tourne vers son amie, penche sa tête vers elle, complice. “Après tout, ils ne soupçonneront jamais l’infirme.” Et Andrea a toujours aimé abusé des angles-morts de la société.
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“Ce n’est que prétendre à nouveau. Et n’est-ce pas le rôle attendu de toutes les femmes, que d’être heureuses au bras de leur homme?” Grimace qui vient défigurer Sloane. “Oh pitié, Andrea ! Tu veux me rendre malade ?!” Ça lui filerait presque la nausée de s’imaginer en femme trophée au bras d’un homme. Uniquement là pour sourire, faire beau et rire aux blagues de personnes plus riches. Un quotidien bien peu réjouissant. La nausée est bien vite chassée par quelques idées de voyages européens. Le précédent a déjà réservé des surprises. Le suivant pourrait bien être tout aussi surprenant. “Ne me tente pas, je crois que je pourrais te suivre n’importe où en ce moment.” N’importe où, tant qu’elle échappe à cette situation. Prête à délaisser travail et responsabilités. Une grande première. Signe que les forces sont à bout, que l’énergie est éteinte. “Il y aura forcément un article qui titra sur nos âges avancés.” Et un autre qui se demandera ce qu’en pensent Liam et Rhys. Parce que dans ces moments-là, ce sont toujours les hommes de leur entourage qui sont ramenés sur le devant de la scène.

Si Andrea s’amuse de la situation et du désespoir des journalistes, Sloane n’y arrive pas. Elle les côtoie bien trop, voit souvent les ravages de leurs travaux pour en rire. Elle n’oublie pas ce que les médias font parfois subir à June ni même ce qu’ils peuvent inventer pour vendre. De nos jours, l’éthique journalistique est plus que discutable. “Je comprends que ça ne soit pas facile, tu n’as pas eu le bon rôle, pas vraiment eu de pouvoir là-dessus: choisir de qui tu es tombée sous le charme.” Elle hausse les épaules. Pas tout à fait convaincue. Sloane a eu son rôle à jouer, elle le sait. “J’aurais pu ne pas me laisser tenter.” Et ne pas être faible. Voilà ce qu’elle a été. Elle savait ce qui l’attendait en sortant avec Rhys. Ce n’était pas qu’avec l’homme qu’elle se mettait en couple. Elle s’alliait aussi à tout le reste. Pire encore : elle l’acceptait. C’était acceptable, tolérable, tant que Rhys et elle s’aimaient pas, tant que tout était parfait. Maintenant, ce n’est qu’un poids bien trop lourd.

“Si tu veux qu’on lui adresse une vengeance à l’ancienne, tu n’as qu’à le dire, Sloane. Après tout, ils ne soupçonneront jamais l’infirme.” Elle rit. Elle ne devrait pas. La proposition est bien trop sérieuse, à tel point qu’elle pourrait filer des frissons. Andrea est une personne mystérieuse qui joue avec les limites de l’humour et de la moralité. Et Sloane a depuis longtemps choisi son camp : elle n’y verra que de l’humour, ne questionnera jamais les limites de son amie. “Ne te donne pas cette peine !” Oh que non. Rhys ne mérite plus une once d’énergie dépensée pour lui. Pas même pour une vengeance qui la satisfera sur le moment. “Les journalistes se feront une joie de l’interroger sur le pourquoi du comment de notre rupture. Ça devrait suffire.” Piètre attachée de presse qui ne manquera pas d’oublier de briefer les journalistes avant une ou deux conférences de presse. Les oublis, ça arrive. Même si dans leur cas, le discours à tenir est déjà pré-écrit. Bien trop éloigné de la version officielle. Mais tout est blindé. Rhys sait quoi dire et quel air arborer.

“Tu crois qu’on peut s’échapper discrètement de cette soirée ?” Il est évident que ce sera difficile. Ça ne l’empêche pas de chercher l’échappatoire salvateur dans la salle. Une issue de secours lui suffirait. Sloane sait se contenter de peu. Surtout quand il s’agit de s’extraire d’une soirée imposée.

@Andrea Regan

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Sloane est prête à la suivre, et surtout, Sloane lui demande de la sortir de là.
Impression de déjà-vu.
“Je vais finir par te faire payer mes services de sorties impromptues des endroits où tu devrais être.” L’amusement est là, revenu au galop malgré que Sloane ait refusé l’offre de vengeance (qui aurait été beaucoup plus drôle). “Moins de défi que lors de ton hospitalisation. Ici, je ne pense pas que quiconque remarque ton absence.” Parce que les projecteurs ne sont pas sur elles, mais bien sur les Sept. Et il y a quelque chose de réconfortant pour Andrea d’être à nouveau dans l’ombre, combien elle s’était languie de se trouver devant les caméras.
Elle a compris qu’il y a mille rôles à jouer.
Et il y a quelque chose de satisfaisant, de tromper autre chose qu’une salle de cinéma.
“Mais on peut essayer de trouver une solution, oui. Même si je ne penses pas que quelqu’un nous retienne de sortir.” Les obligations sociales n’ont d’emprises que si on les laisse en avoir. Andrea adore la liberté que ça lui offre, depuis qu’elle ne s’en soucie plus.
Parce que les autres y restent accrochés fermement.
“Où est-ce que tu voudrais aller?” Son verre est terminé, et elle trouve son bras autour de celui de Sloane. “J’ai bien envie d’un burger, pas toi?” Quelque chose de pétillant, dans l’idée de rêver d’un fast food alors que la meilleure nourriture qui sera servie à New Blossom ce soir est autour des ces mêmes tables que les deux femmes planifient de quitter. “Ou peut-être une pizza?” Elle se penche doucement vers Sloane, de manière complice. “Dis-moi quel est ton poison, j’invite.”
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L’atmosphère devient étouffante. L’ambiance trop pesante. La supercherie difficile à tenir. Recherche d’un échappatoire afin de s’offrir quelques secondes de liberté. Ça ne restera qu’un sentiment éphémère, elle n’est pas dupe. Elle devra bien vite retrouver sa prison dorée, au bras de Rhys. En attendant, c’est en Andrea qu’elle cherche une alliée, encore une fois. Ça devient effectivement une habitude. “C’est vrai…” Sloane a un sourire en coin. “Force est de constater que tu es la seule personne à qui je peux demander ça.” À une époque, c’est auprès de son petit-ami qu’elle aurait trouvé du soutien et de l’aide. Maintenant, Sloane se retrouve bien seule. Sauf quand son amie est dans le coin. Toujours prête à la faire s’évader de n’importe où. Comme si leur amitié ne souffrait d’aucune limite. En tout cas, elle ne s’arrête pas à des murs. Et au moins, cette fois, Sloane est bien habillée.

Burger ou pizza, peu importe, le résultat est le même pour elle. “À ce stade, je prends tout et n’importe quoi. Même un hot-dog dans un food truck douteux. Au moins, si je suis malade, ça me donnera une vraie raison de partir !” Sloane avale la fin de son verre, avant de capter la porte de service qui sépare cuisine et salle de réception. Là où serveurs·euses font des allées et venues incessantes. Elle a un sourire, à imaginer les amuse-bouches qu’elles pourraient y trouver. “Passons par les cuisines, histoire de prendre des trucs à grignoter sur le chemin.” Personne ne leur reprochera de se servir dans les coulisses. C’est qu’on ne fait pas attendre les gens riches. Andrea à son bras, Sloane s’arrête en plein chemin, avant de réaliser que leur petite expédition met à mal le compagnon d’Andrea. Si elle n’éprouve aucune culpabilité de lâcher Rhys, il n’en est pas de même pour Liam. “Oh ! Liam ? Tu le préviens ?” Qu’il ne s’inquiète pas si Andrea s’est évaporée dans la nature le temps d’une heure.

@Andrea Regan

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Le coup de l’intoxication alimentaire arrache un rire à Andrea, qui porte sa tête en arrière une seconde. “Si tu veux, je peux même frotter le hot-dog par terre. Histoire d’être sûres.” C’est un peu poussé et Andrea ne comprend pas pourquoi Sloane ne prend pas un jour de repos (ou plusieurs).
Elle suppose que c’est la chose qui s’appelle conscience professionnelle.
Le piège qu’ont certaines âmes.
Il y a déjà les esquisses d’un plan qui se fait. Le sourire ne quitte pas les lèvres d’Andrea, elle cherche le lieu indiqué du regard, pivote dans la direction quand elle le trouve. Pareille à l’entrée d’une fourmilière, les serveureuses vêtus de blancs émergent d’une même porte, où l’activité doit être encore plus extatique. Il s’agit, après tout, de nourrir les bouches les plus fines de New Blossom.
Pas le droit à l’erreur. “Tu veux toujours que je frotte le hot-dog par terre?” Pas sure que ça soit le type de canapé qui soit servi sur les plateaux. Andrea a à peine accorder de l’attention à la nourriture, toujours prudente de manger avant. Elle n’est plus du genre à commettre les mêmes erreurs de jeunesse, se laisser avoir à la faim, l’alcool, les trous noirs…
& peut-être que son jeu d’actrive n’est pas le meilleur. Pour peu, elle oublierait la personne la plus importante au monde. “Oh ! Liam ? Tu le préviens ?” Andrea échappe ce même “Oh”, surprise par la distraction. “En effet, il ne faudrait pas qu’il s’inquiète.” Ce qui peut très bien être le cas de son ange gardien. “Si tu veux bien m’excuser un moment…” Elle abandonne le bras de Sloane, parcourt la foule avec l’aisance de l’habitude, s’aide parfois de la poignée de sa canne pour se faufiler. Surtout quand elle approche d’un des oeils de la tempête: Liam.
Quand il la voit, il tend son bras vers elle, et la foule s’ouvre en deux. Elle lui sourit, actrice parfaite, le remercie, s’enroule dans son bras, lui glisse quelques explications secrètes au creux de l’oreille. Les actionnaires ont un oeil ravis sur le couple fraichement marié.
Deux minutes plus tard, Andrea est de retour, le pas tranquille et toujours claudiquant. Elle saisit la porte de la cuisine à la volée quand elle s’ouvre devant elle, invite Sloane à l’intérieur du dédale d’inox et d’épices. “Madame.”
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“Oh pitié ! N’abusons pas non plus. Je tiens à rester en vie !” Pas de hot-dog frotté au sol pour Sloane. Un supplément ketchup périmé suffira. Elle n’est pas très compliquée, vous savez. Pas besoin de se plier en quatre pour elle. Juste une saucisse dont la chaîne du froid n’a pas été respectée, du ketchup ouvert depuis un an et un pain râssis lui suffiront. Un sacrilège quand on sait et voit ce qu’elles pourraient manger, en restant ici. Elles pourraient jouer le jeu et se nourrir de mets incroyables. C’est qu’Icarus sait recevoir. Mais non. Elles se contenteront de voler ce qu’elles trouveront d’appétissant en cuisine, puis de manger un hamburger dans le fast food du coin. Même si Sloane commence à douter d'avoir encore faim, maintenant qu’Andrea persiste à vouloir frotter la nourriture au sol. “Arrête avec ton hot-dog frotté par terre !” L’exclamation claque avec toute l’outrance dont elle est capable. Une pointe d’amusement tout de même glissée entre les mots.

Heureusement, Andrea accepte de prévenir Liam. Peut-être qu’avec la vieillesse et le temps de trajet aller-retour, elle oubliera son idée. Par contre, qu’elle n’oublie pas qu’elles doivent s'éclipser de là. Sloane patiente sagement près de la porte, observe le manège qui se joue entre Andrea et Liam. La foule qui s’écarte d’une façon presque biblique. La tendre épouse retrouve son époux bien-aimé. Un sourire flirte avec le coin de ses lèvres. C’est presque trop. On dirait une scène de cinéma. Mais non. Il s’agit de la réalité. Elle a toujours son sourire quand Andrea revient vers elle. Et Madame Regan n’a pas oublié leur fuite. Bien au contraire. La porte de la cuisine est ouverte, une invitation à s’en aller dès maintenant. “Merci, très chère.” Bientôt, les voilà dans l’ambiance suffocante et agitée de la cuisine. Personne n'a le temps de prêter attention aux deux inconnues trop bien habillées et coiffées pour risquer de se salir en cuisinant quoique ce soit.

Bras est tendu en direction d’Andrea. Elle ignore totalement où est la porte de sortie. Par contre, ce qu’elle n’ignore pas, c’est ce plateau de mini-lobster rolls, patientant sagement qu'on veuille bien le vider. Sloane ouvre de grands yeux. “Ouuuh ! Ça, c’est pour nous.” Madame a des goûts de luxe depuis qu’elle côtoie les Sept. Elle en prend un, jette un coup d'œil vers Andrea pour savoir si elle en veut aussi. Dommage qu’elle n’ait pas de poches, elle pourrait les remplir de homards. Quelle idée de faire des robes de soirée sans poches ? Comme si tout était censé tenir dans sa minuscule pochette. “Tu sais, je te suis redevable pour toutes ces évasions. Il va falloir que je te rende la pareille, un jour.” Et que je te vole un mini-muffin salé au passage et le porte aussitôt à sa bouche. On dirait qu’elle n’a pas mangé de la journée. Ce qui, en y réfléchissant, est plutôt vrai. Son dernier vrai repas remonte à la veille. “Peut-être que je pourrais t’épargner une interview ou deux ?” La sauver de quelques journalistes rapaces. Non pas que ça semble réellement déranger Andrea. Jusqu’à maintenant. Un jour, peut-être. “Ou un shooting de couple, en immersion dans votre quotidien de couple parfait avec des tonnes de questions sur votre avenir, vos envies d’enfant, à quoi ressemblait votre mariage, tout ça.” Les questions indiscrètes que le monde meurt envie de leur poser, évidemment. Parce que le monde n'a rien de mieux à faire, bien sûr.

@Andrea Regan

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cw:  infertilté

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L’excitation de Sloane face aux amuse-bouche tire un sourire chez Andrea, qui emprunte elle aussi un lobster roll. Elle se place sur le côté, pour être certaine qu’elle ne bloque aucun des serveur.euses, fait attention également à sa canne. Ce n’est pas quelque chose que les gens ont l’habitude de voir et elle préfère éviter un accident pour tout le monde. “Tu sais, je te suis redevable pour toutes ces évasions. Il va falloir que je te rende la pareille, un jour. – Ne t’inquiètes pas, ce n’est pas quelque chose que j’oublie.” C’est dit avec le faux ton de la conspiration, qu’Andrea vend pourtant très bien. En réalité, elle n’en a que faire de ce que Sloane pourrait lui offrir pour se rattraper.
C’est comme ça que l’amitié fonctionne, non?
Donner sans attendre en retour.
Cependant, ça ne fait pas partie des choses qu’Andrea vocalise. Elle ne veut pas paraître trop fleur bleue. Elles sont, après tout, des femmes d’âge mur. Elles ne doivent pas mettre noir sur blanc l’etendue de leur relation.
Après, si Sloane désire lui faire une liste de comment elle pourrait lui renvoyer l’ascenseur. “Je pense que toi et moi, nous n’avons pas la même définition d’amusement.” De manière évidente, puisque Andrea est toujours celle qui extirpe Sloane des situations compliquées, sans se soucier de se faire prendre la main dans le sac. Elle bat des cils devant un jeunot de la cuisine pour qu’il lui donne un plat à emporter, qu’elle tend ensuite à Sloane, pour qu’elle puisse se faire un petit plateau sur le pouce. “J’ai toujours voulu faire 73 questions avec Vogue. Tu ne m'enlèveras pas ça. Ni le plaisir d’annoncer à la télévision nationale que je suis stérile.” C’est dit avec le détachement éternel d’Andrea, qui fait qu’il est impossible de savoir si c’est vrai ou faux.
Sauf dans le cas de Sloane.
(son pouvoir ne s’éveillera pas).
“Si je dois te demander quelque chose, ça ne sera pas sur le plan du travail. C’est trop facile pour toi, tu es trop haut dans la chaîne alimentaire pour que ça ait un réel impact sur ta position.” Elle pointe du doigt quelques nems pour que Sloane les embarque aussi, s’empare elle d’une bouteille de champagne qui n’a pas encore été ouverte. Quand le chef de salle vient leur faire les gros yeux, Andrea lui glisse un billet de 100 dans la poche. “Sinon vous pouvez aller vous plaindre à mon mari, c’est le petit jeune là-bas, qui porte le nom de Jophiel.” Trop de plaisir chez Andrea, d’avoir cette nouvelle main mise sur le monde. En quelques pas, elle trouve la porte de sortie qu’elle tient à nouveau ouverte. “Non, si je dois te demander quelque chose, ça sera quelque chose de personnel.” Joueuse, doucement sournoise.
On ne la changera plus, Andrea.
C’est elle qui décide de se changer, en fonction des situations.
ft.     @Sloane Hatcher    

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it
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Oh my lover, my lover, my love, We can never go back We can only do our best to fake it

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“Je pense que toi et moi, nous n’avons pas la même définition d’amusement.” C’est vrai. L’une se complaît dans la surexposition, y trouve un certain épanouissement. Quand l’autre a grandi dans l’ombre des uns, préfère voir les regards se porter ailleurs que sur elle. On ne fait pas plus différent qu’elles deux. Et pourtant, les voilà en train de se servir dans une cuisine. Andrea leur obtient même un plat que Sloane s’empresse de remplir avec tout ce qui lui tombe sous la main. Elle n’a jamais autant apprécié piller un lieu. En fait, c'est la première fois. “J’ai toujours voulu faire 73 questions avec Vogue. Tu ne m'enlèveras pas ça. Ni le plaisir d’annoncer à la télévision nationale que je suis stérile.” Sloane s’étouffe dans son rire. Toujours aussi ébahie par le naturel de son amie de lancer des bombes. Surtout lorsque qu'il s'agit de sujets si sérieux et difficiles pour beaucoup. “Au moins, on ne t’embêtera plus avec le sujet.” Les nems sont embarqués. Alignés soigneusement dans le plat, à côté d’autres bouchées. Andrea, elle, ne se tourne pas les pouces. Elle s’occupe de la boisson et de se débarrasser du responsable. Sloane tourne la tête dans leur direction, s’immisce dans la conversation avec un sourire. “Et je suis avec Aegis. Vous ne voudriez pas vous mettre les deux à dos, quand même ? Ce ne serait pas très raisonnable…” Pas du tout du tout. L’homme doit le comprendre, car il abandonne déjà le combat. “Trop facile.” que Sloane déplore dans un murmure. Et en même temps, il aurait été dommage qu’il appelle la sécurité. Le scandale aurait été mal vu.

Sloane suit sa guide du soir jusqu’à la sortie, non sans choper encore quelques mets ici et là. Elle s’offre même la gourmandise de prendre des mignardises pour le dessert. C’est le plat débordant qu’elle passe la porte et découvre une ruelle glauque. Bien loin du faste et de l’agitation du gala. “Comme te prêter mes ovaires pour vos futurs enfants ?” Un sourcil est levé. Le ton sérieux camoufle une plaisanterie qu’elle peine à cacher. “Désolée de te l’annoncer, Andrea, mais je commence à me faire vieille. Je ne suis pas la meilleure candidate.” C’est dit toujours avec ce même sérieux. Comme si la demande pouvait être envisagée. “Par contre, ce serait avec plaisir que je serais leur marraine !” Tout à fait. Elle n’y tient plus, lâche un sourire, avant de relever sa robe et d’enjamber une flaque d’eau (heureusement qu’elles n’ont pas encore de hot-dog, il y en a une qui se proposerait de le plonger dedans). Direction une pile de caisses et de cartons. À l’apparence suffisamment solide pour qu’elles puissent y poser leurs séants, sans risquer de tomber par terre et de faire voler leur apéritif dans les airs.

@Andrea Regan

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cw:  infertilté

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“Comme te prêter mes ovaires pour vos futurs enfants ?” Ca a le don d’arracher le rire le plus sincère d’Andrea de la soirée. C’est le genre d’humour qu’elle adore. Noir à souhait, et pourtant détaché de la plus grande cruauté que l’on pourrait faire aux femmes. Puis, il a un commentaire sur l’âge et Andrea se renfrogne gentiment. “Est-ce que tu veux dire que je suis vieille aussi?” Un sujet vaguement sensible, surtout quand elle pense à Alice, qui ne vieillit pas.
Mais c’est plus facile, maintenant qu’elle ne voit plus Alice tous les jours.
Qu’elle serait bien incapable de dire quand est la dernière fois qu’elle a réellement vu son amie.
…
le sont-elles toujours?
Andrea n’a pas la réponse et a la distraction pour ne pas se pencher sur la question. “Toi, marraine?” Petit reniflement moqueur. “Avec tout ton travail, tu aurais le temps de passer du temps avec eux?” Sloane va pour s’asseoir et Andrea la rattrape de justesse avant que le seyant ne soit posé sur les boites en cartons. “Oh Honey, non. Je t’aime et je n’accepte pas que tu t’installes ici.” Elle tire avec une belle force Sloane vers la suite de la ruelle, qui débouche vers une rue plus occupée. “On va se trouver au moins un endroit charmant pour manger. Hors de questions qu’on reste dans l’ombre comme si on avait été chassées de cette soirée.” Andrea est déjà occupée à regarder dans son téléphone, se commande un taxi rapidement. “Je vais te trouver le meilleur endroit possible pour manger nos restes durement mérité. On a la tenue, la nourriture et à défaut d’avoir la compagnie, on aura le cadre qui va avec.” Andrea est ce genre de femme, qui a décidé de mener la vie qu’elle voulait mener.
Adieu la précarité de sa vingtaine.
Quarante ans est le nouveau moment de gloire.
ft.     @Sloane Hatcher    

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Toute à sa blague, elle ne remarque pas. Le changement subtil dans le comportement d’Andrea. Le renfrognement amical à la mention de la vieillesse. De toute façon, pas un sujet qui interpelle Sloane. Pas un sujet qui éveille ses craintes les plus profondes. Elle n’est pas à l’écoute de son amie et se contente d’un sourire. “D’un point de vue factuel, faut bien l’avouer : ça fait quatre décennies qu’on est sur cette foutue planète.” Et elle le voit dans le reflet du miroir le matin. Quand elle a assez de temps pour y prêter attention. Les rides creusées aux coins des yeux. Celles autour de la bouche. Les signes sont là. Pas assez graves, pas assez importants pour que Sloane s’en alerte. Son vieillissement, le cadet de ses soucis. Elle préfère se concentrer sur son travail. Et peut-être, un jour, sur une vie de marraine parfaite. Léger rire qui s’effrite au bord de ses lèvres. “Hm. Non, c’est vrai. Mais je serais au moins la tante cool qui les prend en vacances et leur autorise à faire tout ce que vous leur refusez.” Sloane ne manquera pas de les emmener dans ces parcs d’attractions à l’effigie des Sept, avec fast pass pour passer devant tout le monde.

Pile de cartons s’apprête à être utilisée, quand Andrea la stoppe. “Mais pourquoi ? C’était bien ici, avec la cuisine proche pour se réapprovisionner !” Un ton plaintif d’une enfant qui boude et n’a pas envie de faire d’efforts. Discussion n’est pas permise. Un ton rare pour Sloane. Andrea l’embarque à pleine puissance vers la rue. Qui aurait cru qu’elle avait une telle force dans le bras pour tracter Sloane et son plateau d’amuse-bouches ? “La compagnie, parle pour toi ! Je suis bien contente de passer la soirée avec toi plutôt qu’avec tous ces faux-culs.” Sourire poli esquissé en direction d’un passant. Il les dévisage, se demande sûrement d’où elles sortent aussi bien apprêtées et où il les a déjà vues (pas dans ses rêves, ça, c'est sûr). Sloane se tourne vers Andrea. Elle a les choses bien en main, apparemment. “Bon, on va où, alors ?” Parce qu’il faut contrôler, anticiper. Parce qu'elle doit toujours savoir où elle met les pieds. Sloane ne se laisse pas porter par les événements. Elle les dirige. “Tout en-haut d’un building avec vue sur toute la ville ?” Ce serait beau. Elle se rappelle d’un soir où elle s’était rappelée ne jamais prendre le temps d’observer New Blossom. C’était une poignée de secondes avant que Rhys ne vienne la chercher pour leur premier date. Toujours là, lui. Jamais bien loin dans ses pensées. Les sourcils papillonnent, le cerveau rame pour échapper à l'ex-petit-ami. “Ou au bord de l’Océan avec feux d’artifices ?” Ce serait pas mal non plus ça. “Où qu’on aille, si on tente de nous voler nos bijoux qui coûtent une fortune, on pourra se défendre avec des toasts.” Son visage se pare d’une moue, destinée à cacher la pointe d’anxiété qui déboule au creux de son estomac. Confiance aveugle en Andrea, ce n’est pas le problème. Le problème est la perte de contrôle. La spontanéité, elle a oublié ce que c’était, Sloane.

@Andrea Regan

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cw:  violence conjugale

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“Et si on prend bien nos compléments alimentaires tous les jours, on sera encore là pour quarante décennies.” Elle hoche la tête de manière connaisseuse. “On est qu’à la moitié de nos vies et je refuse de passer l’autre à me dire que je suis vieille et moche.” Andrea trouve une certaine beauté dans l’âge, dans le fait d’avoir survécu jusqu’ici. Elle sait que la beauté est personnelle et certainement pas dans le regard des autres.
Rick l’appellait beautiful et ça ne l’a pas arrêté de la battre.
“Pareil que pour l’âge. Pourquoi se contenter de ça, quand tu peux avoir bien mieux.” Andrea s’arrête soudainement, la bouteille de champagne sous le bras, la canne dans l’autre main. Elle regarde Sloane avec attention, fronce un peu les sourcils. “Je doute que tu prennes soin de toi comme il le faut.” Pause. “Je sais que tu as la glam team aussi, mais ça ne compte pas comme prendre soin de soi. On commence petit, aller.” Le taxi arrive, et Andrea la pousse dedans, en prenant soin de ne pas renverser la nourriture emballée. “En plus, ce n’est pas comme si tu avais le salaire pour ne pas te le permettre.” Elle regarde déjà sur son téléphone un spa recommandé sur New Blossom, puis lève soudainement la tête de son écran à toutes les propositions de Sloane. “Tu veux soit que je t’emmène à un date ou qu’on finisse comme batman, c’est ça?” Sourire gentiment moqueur. “Un: je suis une femme mariée. Deux: je ne suis pas la nuit. Trois: tu fais quoi le 23 février?” Elle n’attend pas vraiment de réponse. “Parfait, je te booke ça.”
Sloane et le contrôle de sa vie?
On voit où ça l’a menée.  
ft.     @Sloane Hatcher    

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Sloane se plaint. Sloane en a marre. D’à peu près tout. Les épaules trop souvent écrasées par une surcharge de travail. Ce soir, c’est l’impossibilité de manger maintenant, tout de suite, qui la fait ronchonner. Andrea veut mieux. Sloane ne veut rien. Juste du répit. “Parce que je suis une femme simple qui se contente de choses simples.” En l’occurence des lobster rolls mangés sur une pile de cartons. Voilà sa définition de la tranquillité, de la simplicité. Même s’il faut composer avec les odeurs de poubelle et d'égouts. Sloane ne voit pas tout de suite le regard scrutateur de son amie. C’est sa conclusion qui appelle son attention. Elle ne prendrait pas soin d'elle. Vraiment ? “Pardon ?!” Vexée juste ce qu’il faut pour réaliser qu’Andrea a raison. Pour réaliser aussi que la conversation tourne en sa défaveur (même si on pourrait dire le contraire). “Mais ! Qu’est-ce… !” Pas le temps de demander ce qu’elle entend par “commencer par petit”. Sloane se retrouve dans le taxi. Lâche à peine un bonsoir à leur conducteurice. La politesse, ça attendra. Parce qu’à cet instant, il y a plus urgent.

Andrea est en train de prendre les choses en mains.
Andrea a décidé qu’elle veillerait sur le bien-être de Sloane.
Andrea ne lui laisse pas le choix.

Alors, Sloane se bat. Se débat. Cherche à contrôler et à savoir ce que son amie à derrière la tête. Des plans inaccessibles qu’elle refuse de partager. Le pire, c’est qu’Andrea n’oublie pas son but premier : l’obliger à prendre soin d’elle. “Le 23 février ? Qu'est-ce que j'en sais ?! C'est trop loin !” L’exaspération est tenace. Elle s’infiltre par tous les pores. Elle s’amplifie à mesure que Sloane sent le contrôle lui échapper. En fait, elle l’a totalement perdu dès lors qu’elle a demandé à Andrea de l’aider à s’évader de la soirée. C’est de sa faute, dira-t-on. Elle niera totalement. Comme à son habitude. “Merde, Andrea. Tu as booké quoi ?! Laisse-moi voir !” Le téléphone est tourné vers elle, juste pour voir le logo du site. Elle a une tête à se prélasser une journée au spa ? Non. Ah tiens, ne serait-ce pas le coeur du problème ? “Un spa ? Sérieusement ?” L’expression est outrée. À croire qu’Andrea ne pouvait pas faire plus grande offense que de prendre possession de son agenda. Pour un spa. “Je n’ai pas le…” … temps pour ça. Et c’est bien là le point qu’Andrea veut soulever. Alors le dernier mot est sagement ravalé, un sourire forcé est esquissé. “C’est ça, prendre soin de soi ? Aller au spa ?” Relents de crise d’adolescence dans sa voix. Sloane y voit une provocation, une punition. Une tentative médiocre de lui prouver qu’elle a tort et qu’Andrea a raison. Ben voyons. “Je suis sûre que tu n’y vas même pas, toi !” Oui, voilà, renvoyer la balle à son amie qui essaye de l’aider plutôt que d’assumer que l’idée est bonne. Le tout sous couvert d’une bonne dose de mauvaise foi. Il n’y a rien de mieux.

@Andrea Regan