KFC soon ;; Izak

tw: mention de deuil et de pensées suicidaires, négligence psychologique

WILL [09:42] tu penses venir quand ?
WILL [10:07] je me sens pas bien
HEL [10:12] Je fais un curry ce soir
WILL [10:30] désolé de te déranger...

Ike inspire profondément, laissant le smartphone trôner sur le bar nu de toute denrée alimentaire ou décoration, ignoré comme une merde de chien sur un trottoir. Il délivre une clope de son paquet, sans doute la troisième de la matinée, qu'il pince entre ses lèvres en ouvrant l'accès de la baie vitrée pour faire de l'air, et surtout, se faufiler jusqu'au balcon. Il n'aime pas les jours de repos, parce que ces jours ne le reposent pas, et encore moins lorsqu'il y a un mort dans la conscience qui fait grincer encore des dents. Le curry est sans doute proposé en conscience par sa sœur, qui doit s'imaginer le fauteur de trouble et dernier de ses adelphes - littéralement - n'est guère plus motivé à manger qu'à l'accoutumée, préférant se faire servir ne serait-ce pour lui rappeler qu'il a besoin de se nourrir. Les jours off justifient d'autant plus ces manquements, le fourmillement de la caserne, absent aujourd'hui, ne lui étant d'aucune aide.

Son esprit passe d'un vide creux à des jugements limites sur ce qu'il aperçoit en contrebas, et indéniablement à l'idée de sauter tout en se désespérant d'une abîme dont il pourrait se sortir d'instinct, en battant des ailes. La liste se déroule tandis que la cigarette se consume, trop vite même à son goût, le temps s'écoulant comme une mauvaise blague - toujours trop vite, mais avec des résidus tenaces. La frustration elle aussi est imprimée dans sa carne, qui plus est en ce moment ; réalise que ce père ne pourra pas s'occuper de le terminer de ses propres mains, et que tout ce qui reste de lui serait ce goût amer d'inachevé. Il écrase son mégot encore chaud sur son avant-bras, se l'époussète d'une main pour retirer les cendres, laisse ce dernier reposer dans un pseudo-cendrier récupéré il ne sait plus trop où, toujours est-il qu'il ne s'était pas embarrassé de l'acheter.

Une volée d'insultes cisaillent l'entre-deux tympans, lorsqu'il se rappelle des messages de Will, sans fond, qui pleurnichent seulement, comme s'il pouvait y faire quoi que ce soit. Ike lutte pour ne pas lui dire des horreurs, ne serait-ce qu'en écrire, probablement des choses qu'il se serait assénées à lui-même s'il s'était reconnu aussi vulnérable et pathétique que ça. En vérité, il l'avait déjà fait plusieurs fois, scandant avec fiel des mauvaises pensées : crève-toi au lieu de te plaindre, tu rendras service à tout le monde.

C'est précisément à ce moment-là qu'il entend des battements d'ailes, alors qu'il venait de rentrer dans l'appartement, identifie assez vite un cacatoès qui fraye son chemin à l'intérieur, s'invitant comme à une after. Posé sur le bar, le plus grand emplumé des deux le fixe avec un flegme tout à fait inhérent à sa façon d'être. L'animal le regarde pour le moins bêtement, mais non sans espèce de fierté d'être arrivé jusque là. "T'as un problème ?" qu'il assène au concerné qu'il identifie arbitrairement comme insolent ; sans doute avait-il comprit par la voie du Saint-Esprit qu'un humain avec des ailes n'avait pas franchement quelque chose de courant. Du reste, il ne voulait pas savoir quelles étaient les réelles considérations du piaf à bec, Ike n'avait pas le temps pour ça - même si, factuellement, le temps aujourd'hui, il l'avait pour toute une armée à saluer. "J'ai rien à bouffer ici, dégage," marmonne t-il entre ses lèvres comme s'il venait de lui demander pour la dixième fois s'il n'y avait pas des légumes ou fruits à picorer.

Le peu de patience pour arme, Izak attrape l'oiseau sans crier gare, ressortant sur le balcon, sentant la chaleur s'imprégner de plus en plus du misérable entre ses doigts ; justifiant son entrée en matière absolument cavalière : le polonais passe d'un balcon à l'autre avec rapidité et agilité, se laissant tomber pour le moins bruyamment - volontaire, pour le coup - et tombe sur une moustiquaire éventrée ; le cacatoès entre ses doigts commence à piailler, sans doute à cause de la chaleur devenue de moins en moins soutenable sur son petit corps, alors Ike siffle, à défaut de faire mieux, ajoutant un "Hé," peu explicite, mais suffisant probablement à capter l'attention d'un autre cacatoès au pire, et d'un humain à l'intérieur au mieux. Incapable d'attendre et de laisser l'insolent commencer à suffoquer sérieusement entre ses doigts, il fait en sorte de le repasser par le trou de la moustiquaire, pour commencer ; jetant un coup d'œil vers l'autre oiseau du binôme, toujours sur le balcon du supposé propriétaire, un soupir nasal pour seule salutation. Enfermez le pompier chez lui, le naturel du professionnel revient au galop.

@jens peeters

tw: mention de pensées suicidaires

"... Je croyez que vous aviez déménagé." C'est qu'on l'engueule souvent pour tout un tas de choses, mais Ike ne faisait pas franchement de bordel chez lui, même si cet appart, là, n'avait pas vraiment (encore) la légitimité à être considéré ainsi. Crever ç'aurait été mieux, pense t-il alors que la fraîcheur surréaliste de la peau de ce voisin aux cacatoès vient lui lécher l'esprit comme si on venait de le réveiller d'une drôle de rêverie. "Ah." c'est tout ce qui sort d'entre ses lèvres, à l'emplumé, et il constate sans mal que son vis à vis est non seulement de sa taille, mais qu'en plus de ça, il l'est encore davantage. Ca le ramène paradoxalement au fait qu'il se soit pas couvert, que sa cicatrice qui fend son cou, il n'est plus le seul à pouvoir la juger dans son reflet. Ca lui inspire rien d'autre que l'envie de repartir sur le balcon d'à côté, ce même balcon duquel il s'était extirpé. "Mais... Pourquoi vous avez celui-ci avec vous ?"

Il ne rétorque rien à ça, laissant le concerné constater de lui-même qu'un second est planté sur le balcon ; et Ike y jette une brève œillade, pas très motivé à aller en chercher un deuxième (qui plus est s'il fallait admettre qu'il ne leur faisait pas vraiment du bien, à son contact). Pas qu'il y soit sensible, mais il n'avait pas l'énergie de gérer le propriétaire si jamais ce dernier s'apercevait que ses cacatoès se faisaient cramer les plumes à cause du voisin-qui-n'a-pas-déménagé-quel-dommage-putain. Le Rose se décale pour laisser le type - c'est quoi son nom, déjà, à lui ? ça lui revient pas, tant pis - aller chercher le dernier fugueur de la bande, l'air contrarié. Quelle drôle de délicatesse dans son agacement, là où Ike se rappelle soudainement de souvenirs d'une enfance douteuse.

"... J'peux vous offrir un truc à boire, pour vous remercier ?" qu'il balance en allant mettre ses oiseaux au coin, en invitant un autre pour l'occasion. Ces brèves secondes où il ne le regarde pas, Ike a clairement soupiré du nez, ne sachant même pas où trouver la force de dire non, ni même de repartir à tire d'ailes. Bah, un merci, ça suffirait. Il aurait tourné les talons et il aurait continué à être mort pour lui, même s'il regrettait de ne pas l'être pour de vrai, une fois n'est pas coutume. Ses vagues bonnes actions étaient justifiées par l'emploi, mais sans ça, c'était une autre histoire ; il se surprend même de la façon dont il l'a dit, avec ce naturel à donner à ce n'importe qui (aigri, en ce qui le concerne). Drôle de pioche, aujourd'hui.

Etrange à dire, mais c'est sa flemme, ou plutôt cette lourdeur ressentie à peu près partout en lui ces derniers temps, qui justifient son abdication pour le moins cavalière.

"Si y'a de l'alcool, oui," rétorque t-il en le voyant revenir à lui, toujours planté sur le balcon, pas prompt à s'inviter lui-même. Comme s'il savait d'avance qu'il s'engouffrait dans un piège. Il n'a pas plus envie de partager un verre que de parler pour ne rien dire, l'emplumé ; mais encore une fois, certains écarts avaient un goût de hasard destiné. C'est comme ça que tout avait commencé, avec Yakov, et tout le monde sait comment ça s'était terminé. "C'est quoi ton nom déjà ?" qu'il demande de but en blanc ; on pourrait aussi bien se dire qu'il est mal réveillé, aussi propre sur lui soit-il sur l'instant, mais c'est surtout sa psyché qui savait s'écharper, quand il n'avait pas à enfiler l'uniforme de la NBFD.

@jens peeters

tw: santé mentale, paranoïa

"J'en ai, ouais." Un hochement de tête simple et succinct en guise d'accusé-réception, et s'engouffre dans l'appartement au même moment où le geste d'invitation est effectué. A peine est-il à l'intérieur que la porte-fenêtre est fermée comme s'il fallait les enfermer. Izak se surprend à avoir cette pensée automatique, voire ridiculement paranoïaque, provenant d'une époque qu'il croyait révolue. Le père adoptif disparu, il était en réalité prêt à s'envoler vers un ailleurs qu'il ne choisirait qu'au gré de l'urgence proprement dite ; l'inconscient se replaçant dans un paradoxe de course-poursuite à travers tout le pays. C'était dans les années soixante, ça n'aurait pas dû se passer ainsi, cet abruti d'Angelo n'en est pas ressorti, et il fallait se terrer pour qu'Icarus ne daigne avoir l'idée de les pister, les retrouver, et les terminer. Cela explique peut-être les nuits courtes, volées après une reviviscence inadaptée du passé, et ce réflexe perturbant suite à une seule fermeture de fenêtre.  

"Jens. Et toi ? — Izak." Vraiment, même lorsqu'il le lui redit, ça lui parait étrange, car il ne l'aurait même pas prononcé ainsi. Peut-être parce qu'il se l'écrit à la scandinave, ce dont on pourrait le féliciter, au vu de sa graphie (et conception associée) limitée. Le pompier remarque qu'il coupe le feu et couvre le plat, sans doute des fruits de mer, et ça sent plutôt bon à première vue, mais pas assez pour réveiller un appétit endormi par sa propre placidité dépressive.

Il ne lui fait pas relever qu'il devrait manger plutôt que de le remercier avec un verre de scotch, mais après tout, il n'est ni son adelphe, ni son ami, et encore moins sa moitié de vie. Le concept parait même hilarant, sachant que jusqu'à maintenant, il n'avait fait que détruire le peu de relations qu'il avait pu entamer. D'une façon ou d'une autre, il se devait de finir par être le seul à devoir se supporter : le bon ordre des choses, comme qui dirait.  

"Installe toi comme tu préfères." Jette un coup d'œil plus appuyé à l'installation du séjour et, sans réelle hésitation, va se loger dans le fauteuil, les ailes se découvrant davantage, ramenées vers l'avant — il n'est guère installé au fond de l'assise, soit dit en passant, et cela valait mieux. Au rougeoyant se mêle des nuances ocre sur ses surfaces internes, parfois plus claires. Au soleil, elles avaient encore un aspect différent, malgré les tons flamboyants tenaces. Une fois le verre prêt, il tire son bras pour l'attraper et au "Tchin" renvoie un naturel quoique caverneux "Na zdrowie" avant de tremper ses lèvres dedans assez franchement. Même son esprit se mettait à se dépouiller de tout voile de protection, mais après avoir passé des années à mentir sur son identité, il saurait probablement s'en relever à nouveau.

"Si t'veux te resservir, hésite pas." Très aimable de sa part, à croire qu'il aurait dû faire une pendaison de crémaillère avec ses propres bouteilles, ç'aurait été rapidement expédié, et à moindre frais. Au lieu d'être cet être humain normé, Ike ne se contente pas de remercier en s'interdisant mentalement la possibilité ; préfère se vautrer dans sa personnalité engourdie par l'effronterie. "J'ai l'air d'en avoir besoin davantage ?" rien d'agressif, bien que ses manières n'aient rien de socialement commun. S'il pouvait maintenir le fossé entre lui et l'autre, il resterait client. Quoiqu'il en soit, y'aurait toujours moyen qu'il lui admette la vérité en face, qu'il faisait peine à voir, et qu'il ferait mieux d'aller consulter avant de faire une énième connerie : peut-être même que pour la première fois depuis des mois, il se mettrait à rire de sa propre tragédie. C'était sans compter qu'Ike poursuit un peu trop vite derrière, sur un tout autre sujet : "Ils font souvent ça, tes piafs ?"

Reprend une gorgée, il y a une espèce de buée sur son verre, comme si ce dernier se réchauffait. Un scotch infusé, pourquoi pas, il n'était plus à ça près. Ca lui rappelle le glacé de la peau de Jens, ça lui rappelle aussi la porte-fenêtre, à qui il jette une œillade comme s'il y allait avoir une quelconque entrée fracassante d'un je-ne-sais-quoi. Si l'alcool lui ne le réchauffait pas, il osait espérer qu'au moins, avec un apéro aussi tôt dans la journée, cela saurait combler le vide étouffant qui lui enserrait les côtes, et qu'il rêverait de voir disparaître.

@jens peeters

tw: santé mentale

La réponse qu'il lui cède est pour le moins sommaire, l'exceptionnel de cette ouverture ayant laissé rentrer un plus gros gibier. Au moins davantage que les deux emplumés au coin dans la pièce d'à côté, dans un silence qui laisserait même suggérer qu'ils s'étaient étouffés dans le processus. Ike n'y connaissait pas grand chose, à ces oiseaux, et ne s'était jamais vraiment intéressé à ça de manière générale, au moins jusqu'à ce que tous les dieux de l'univers se soient ligués à l'en faire pousser. Prolongement de ses omoplates qui ne lui ont pas laissé les meilleurs souvenirs à leur arrivée. Difficile à conceptualiser pour Hel, difficile aussi pour ses collègues, toujours aussi ébahis devant le dégradé de couleur chaudes qu'elles pouvaient arborer. Comment quelque chose d'aussi douloureux avait-il pu s'avérer être un morceau d'art mutant ? Aucune idée. La sublimation, au moins celle-là, s'était faite par le hasard. Il n'y avait rien eu de courageux à endurer ce qu'il avait dû endurer. Comme il n'y avait rien de courageux d'être encore ici à bientôt cent ans.

Il reprend une gorgée, de quoi s'essayer à oublier cette dernière réflexion qui n'apporte rien d'autre que de la suie. Celle héritée de son âme abîmée.

"C'est toi." Izak met un léger temps à s'apercevoir qu'il ne parle pas de quelqu'un d'autre, aussi étrange que cela puisse paraître. Il relève l'œil, l'air au mieux à l'ouest, au pire effronté. "La chaleur." Big news. Bien sûr que c'était lui. Mais tout ce qui était évident pour l'oiseau de feu ne l'était pas pour autrui. Au moins, ça lui permettait de se gonfler l'ego sans vraiment avoir à forcer les situations. Ike s'attend même à ce qu'il lui dise qu'il étouffe, qu'il ferait mieux de se barrer, et lui rendre son verre (lavé chez lui) une fois qu'il aurait terminé. Ca va, j'ai capté. La dépression comme bouclier, il s'apprête à le verbaliser, qu'il peut aller se faire foutre tout seul, mais... "J'me disais bien qu'il faisait meilleur." Meilleur comment ? C'est le mais. Il sait pas comment le comprendre, ni l'interpréter. Alors il s'agace un peu, au fond, et il lui lâche sans transition : "Ca te dérange ?"

C'est vrai que ce serait plus simple de lui dire cash que ça ne lui plait pas, qu'il préfèrerait encore mieux avoir la guigne que d'avoir trop chaud à cause d'un mec à la surface trop importante, du fait de sa belle taille. "T'as la dalle ? J'ai fait un gâteau." Il secoue la tête à la négative, pas encore remit de ses élucubrations internes quant à ce qu'il pourrait générer de mauvais chez son hôte. "J'ai pas faim." ça a le mérite d'être clair, et ne s'encombre pas d'un merci non plus, parce qu'il a pas vraiment la disponibilité mentale pour ça non plus. Qu'il est pas au boulot, qu'il fait déjà suffisamment semblant là-bas. Ce type qu'il devrait appeler voisin l'a prit par surprise malgré lui, il a accès à ses balafres, au sale mec qu'il est au naturel. Et y'a une partie de lui-même qui réalise que ça le fait vraiment chier, mais que le scotch est quand même pas mal, alors ça vaudrait peut-être un peu le coup d'en profiter ; dans le sens le plus gauche et égocentrique qui soit.

Et puisque ça le travaille, qu'il a le ventre vide et un début d'ébriété qu'il ne ferait pas bon de lui faire remarquer, Izak le regarde bouffer sa part de gâteau, tout en lui signalant :

"Toi t'es gelé, faut allumer ta cheminée au lieu de te les peler."

Il se connaissait mieux que quiconque, c'est évident, mais Ike était toujours là pour faire chier, quelqu'en soit la forme. Ce qui pourrait le surprendre en retour, c'est l'interprétation : c'est pas comme si ses mots incitaient au prendre soin, bizarrement.

@jens peeters

tw: santé mentale, mention de pulsions violentes, alcool

Nan, au contraire. Il ne sait pas dire pourquoi ça le froisse de l’entendre dire ça, là où ses pensées s’étaient déclinées à leur inverse. Préfère t-il penser que le type lui ment, plutôt que d’assumer s’être trompé ? Le problème, c’est qu’il a pas l’air de déconner, et ça, malgré les strates mises en place pour rester dissocié du monde extérieur et de l’autre de manière plus générale, ça lui sautait au nez. Ca aurait dû rassurer le môme blessé à l’intérieur de lui, mais ça fait un bon moment déjà qu’il était mort au fond d’un puits.

“J'suis toujours glacé.”

C’est ce qu’il entend lui dire lorsqu’il descend la suite et fin de son verre, parce qu’il n’a bien que ça d’utile à faire. Qu’est-ce que ça ferait d’être à l’inverse, totalement glacé ? Ike a la désagréable sensation de l’être, alors que tout son corps est d’une température anormalement haute. Ses traits rarement défroissés viennent d’un Est rude et froid, tandis que tout le reste ont une symbolique dichotomique. Cet autre, lui, a la carne d’un compartiment de frigo, mais avait-il une personnalité solaire ? A la question jamais exprimée, une bribe de réponse met en lumière un premier indice sur le sujet : “Hey, entre ta chaleur et la cheminée que j'allume régulièrement... Au moins notre étage souffrira jamais d'humidité.”

C’était une blague ? se demande t-il, l’air un peu hagard, à tel point que c’en serait digne d’un jugement de haute volée. Un regard qui va finalement vers les murs de l’appartement qu’il n’a pas vraiment reluqué depuis qu’il était rentré. Tout ce qu’il se demande, c’est jusqu’où ces murs tiendraient face à des flammes produites de sa propre combustion. Il en vient même à se rappeler du môme, puis de son foutu père qui avait décidé de faire son one man show une fois de plus… si son téléphone avait été à portée, il en aurait profité pour l’éclater quelque part, par principe. Au lieu de ça, on le tire de ses pensées.

“T'as l'habitude qu'on te fasse chier avec ça, hein. - Hm,” il reprend le fil du présent qui lui avait échappé, se demande si ce serait trop faire chier de se resservir lui-même. La pensée intrusive s’instille et il ne lutte pas contre, si bien qu’Ike va chercher la bouteille, la débouchonne et rebadigeonne le fond du verre d’alcool. “C’est plutôt moi qui fait chier le monde d’habitude.” Ca prend un peu l’air d’une mise en abîme, alors qu’il referme le contenant et le repose là où il était.

Il ne prend pas de pause réglementaire, d’ailleurs, avant de retremper ses lèvres dans le scotch qu’il lui avait offert. Quelques secondes plus tard cependant, et l’alcool l’y aidant, l’homme laisse échapper :

“Il est bon.” Aveu de faiblesse, peut-être. Au moins c’était avoué et sans fioritures. Ne peut toutefois s’empêcher de penser que ç’aurait pu être fait autrement, cet espèce d’apéro improvisé. “J’en ai rien à foutre des piafs,” ça c’était mal amené, très mal amené, mais il a du mal à mettre les choses tout à fait dans l’ordre, l’estomac vide et l’esprit de plus en plus embrumé. “J’veux dire. C’est pas grave, leur cirque.” Et c’est pas ce qu’il voulait dire non plus. La muraille se dresse avec une lance vers l'équipe adverse, faute de mieux pour s'exprimer. “Ils ont pas intérêt à recommencer.” Un mélange de tout ça à la fois, plutôt ; parce qu’Izak ne voulait tout simplement pas se retrouver dans une situation similaire, piégé par ce je ne sais quoi, bras nus et cicatrices à l’air, avec un bon scotch entre les doigts.

@jens peeters