Let's be honest (Lisa)

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Ses yeux bleus se plongent dans leur reflet. Y cherchent la force qui lui fait défaut. Les monstres traumatiques sont là. Guettent en arrière-plan le moment où elle flanchira. Mais elle les ignore. Elle doit se concentrer sur cette journée. Spéciale, la journée. Comme un premier jour à un nouveau poste. À ceci près que le job n’a pas changé. Toujours attachée de presse chez Icarus. Toujours à s’assurer de la bonne image des Sept. Plutôt, des Six. À la différence qu’elle a été absente pendant plus d’un mois. Contrainte et forcée au repos par Yara, par Rhys, par les médecins. Jusqu’à aujourd’hui. Le grand jour du retour au travail. L’heure de laisser les traumatismes derrière, de retrouver le chemin du travail, de reprendre un quotidien normal. Là, pour la première fois, elle doute. Et si c’était trop tôt ? Et si elle devait plutôt prolonger son arrêt et revenir dans un mois ou deux ?

Non.
Elle ne prolongera pas son arrêt. Elle ira. Parce qu’il le faut. Parce qu’à trop repousser, elle finira par ne plus y arriver du tout. Alors, elle lisse ses vêtements, met de l’ordre dans ses cheveux et quitte la salle de bains. Le pas assuré. Déterminé. Ce pas assuré faiblit lorsqu’elle se retrouve en bas de la tour d’Icarus. Elle tarde à y entrer. Le nez levé vers les airs. À observer les niveaux éventrés, les affres des attaques. Elle était dans l’un des étages touchés. Ce souvenir lui procure des frissons. Elle secoue la tête, éloigne les pensées. Les doigts se resserrent autour de la anse de son sac. Sloane a vécu pire (non). Elle peut affronter ce premier jour, oublié ce qu’il s’est passé et reprendre son travail là où elle l’a laissé. Elle s’en convainc, au point de réussir à entrer dans le building et de monter dans l’ascenseur qui la mène aux nouveaux locaux du service presse. Bureaux installés dans un autre service. Les meubles ont été poussés afin que les deux services cohabitent. C’est le bordel. Elle le voit au premier coup d'œil. Les affaires sont entassées, les bureaux sont les uns sur les autres. Fini le grand espace lumineux, spacieux. Il faut s’habituer à plus petit, plus bruyant. Moins discret, aussi.

Elle constate aussi que quelque chose ne va pas, aux regards qu’on lui lance. Ceux de son équipe, surtout. Iels sont peu nombreux·ses, mais ont le mérite d’être là. Les autres sont encore à l’hôpital ou en arrêt ou ont donné leur démission. Sloane s’attendait à un accueil plus… chaleureux. Au lieu de cela, elle a l’impression d’être épiée avec la crainte de sa réaction. “Bonjour ?” Elle avance, se perd au milieu des bureaux, observe son équipe. “Qu’est-ce qu’il y a ?” Rien. On lui assure qu’il n’y a rien. Avant même que le mensonge surgisse d’entre leurs lèvres, elle le connaît. Iels mentent. Le pire, c’est qu’iels le font mal et s’obstinent à lui cacher la vérité quand elle est capable de déceler le faux. “Okay…” Si personne ne veut lui expliquer ce qu’il se passe, Sloane le découvrira seule. Et elle comprend, à peine arrivée à son bureau. Un bouquet de fleurs. Une boîte de chocolat. Ça l’arrête à la porte de la pièce. Les sourcils se froncent.

Elle pense d’abord à Rhys, avant de dévier vers Elvira. Ce serait bien son genre. Un soupir est déjà lâché. “Qu’est-ce que c’est que ça ?” Elle s’avance dans la pièce, contourne le bureau. “Ça vient de Lisa.” Son assistant est là. Nouvelle tête ayant rejoint le service après l’attaque. Jaya a préféré arrêter l’aventure avant de risquer de nouveau sa vie. “Lisa ?” Elle chercher une Lisa parmi ses contacts. Journalistes, cheffes de rédaction, productrices, porte-parole… ça pourrait être n’importe quelle Lisa. “L’happiness manager. Elle a dit qu’elle repasserait.” Ah. Cette Lisa, elle ne l’avait pas vue venir. “Et merde.” Un vent de panique souffle dans le bureau. Pas Lisa. Pas le premier jour. Jamais, en fait. La jeune femme est douée dans ce qu’elle fait, Sloane n’en doute pas. Elle le voit. Par contre, elle serait encore plus douée si elle se tenait loin d’ici. Ici étant le bureau de l’attachée de presse. “Si elle vient, dites-lui que je ne suis pas disponible.” Elle résiste à l’envie de lui demander de l’avertir si Lisa est dans le coin. Histoire d'avoir le temps de se cacher. Mais ici, il n’y a nulle part où se cacher. Et de toute façon, il semblerait que ce soit trop tard. Parce que la tête de Lisa vient d’apparaître dans son champ de vision.

Panique, encore.
Est-ce que déclencher l’alarme incendie est une bonne idée ? Non.
Est-ce qu’il est trop tard pour se cacher sous le bureau ? Oui.
Est-ce qu’elle est foutue ? Oui.
Est-ce que Sloane a dit son dernier mot ? Non.
Elle lâche ses affaires en vrac sur la table et se jette littéralement sur le téléphone. Numéro composé : celui d’un haut placé d’Omnivox. Qui ne répond pas. Les sonneries s’enchaînent et Lisa approche. Et Lisa se trouve bientôt à la porte du bureau. Coups d’oeil paniqués dans sa direction afin de suivre la progression. Cette femme avance beaucoup trop vite. Par quel miracle ? Celui de ses deux jambes, sûrement. Re-merde. Le téléphone est raccroché. Sloane se tourne vers sa collègue avec toute la désinvolture et la décontraction dont elle est capable. “Bonjour Lisa.” Allez, un peu de politesse, avant de l’envoyer bouler. Ça ne peut faire de mal à personne. “Je n’ai pas le temps de te recevoir, mais je te laisse voir avec Vince pour trouver un moment plus propice ?” Et pendant qu’elle le dit, Sloane pousse ses affaires, s’installe à son bureau et allume l’ordinateur. Vraiment très très occupée, l’attachée de presse. Mais elle le sait. Il y a environ deux minutes entre le moment où elle appuie sur le bouton et où l’ordinateur a complètement démarré. Deux minutes d'attente, c’est suffisant pour que Lisa ait l’impression qu’elle ne fait rien, qu’elle n’est pas si occupée que ça. Et deux minutes d'attente, ce sont deux minutes de trop.

 @Lisa Garnier

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Lisa s'est inquiétée pour Sloane. Bien sur, l'autre n'en sait rien et doit penser qu'elle est encore en train de préparer un mauvais coup, si tant est que Sloane pense a Lisa. Pour pouvoir penser à Lisa, il faudrait qu'elle ait conscience de son existence. C'est loin d'être le cas, ce malgré tous les efforts d'une Happiness Manager assez volubile pour faire savoir son existence au plus insignifiant employé d'Icarus. Quand Lisa arrive au travail, c'est toujours la même fanfare. Ses talons claquent dans le hall et elle fait se balancer les franges ornées de bijoux d'un sac à main hors de prix pour lequel elle a fait un énième crédit à la consommation. Même ceux qui font le ménage ont un jour du subir sa présence envahissante. Elle est comme la moisissure aux murs dans les chiottes du deuxième étage, incrustée, on y fait plus attention à force.

Enfin, elle s'est inquiétée, normal. Comme tout le monde non ? En fait, elle a même perdu des couleurs quand elle a apprit ce qui s'est passé et maudit plusieurs fois ces c@$$&^d  d'Orphans. Elle s'en est tirée avec quelques coupures dans les mains et un choc, moindre. Parce qu'ayant grandit dans l'Underapple, Lisa en a vu d'autres.
Après les attentats, Lisa a essayé de prendre le temps d'aller voir les autres victimes pour s'assurer que tout va bien. Ce serait plutôt le rôle du psy mais avec tout le pain qu'il doit avoir sur la planche, elle a jugé bon de donner un coup de main. Lisa n'a pas seulement fait du grand n'importe quoi - du grand Lisa. Il y a eu quelques éclats, fébriles, d'intelligence, qui l'ont poussé à mettre en place des séances de méditation, entre autres médecines alternatives.
Elle pensait toujours à Sloane dans ses ces moments, sur un lit d'hopitâl. A cette femme qui pense toujours aux autres, mais qui pense à elle ? Hein ? A sa personne, pas à son rôle, pas à comment elle va réparer la prochaine boulette de Trucmuche. Elles ne sont pas amies et pourtant, son coeur se serre chaque fois qu'elle entend des rumeurs.
Solidarité, féminine.

Elle n'est pas la bienvenue ici, les regards qui se tournent vers elle sont inquiets pour son sort. Lisa fuse vers le bureau de Sloane. Elle sait qu'elle est revenue, elle a soudoyé l'agent à l'entrée. Comment ? Ah ça c'est un petit secret à la Lisa. (Elle a peut-être accepté de céder ses boucles d'oreilles pour qu'il puisse les offrir à sa femme en échange...). Ce n'est pas une bonne idée de venir déranger leur patronne, mais Lisa s'en fiche. Même en essayant de prendre rendez-vous, elle a l'intime conviction qu'elle parviendrait à se faire recaler. Elle leur sourit et faire des signes de la main, comme si elle montait les marches d'un festival de cinéma. Vu la tenue qu'elle porte encore aujourd'hui, elle a confondu les marches à Cannes avec le bal masqué du coin. « Salut Corinne, ça boume ? La-dite Corinne a viré rouge tomate. On se revoit la semaine prochaine pour l'atelier cuisine vegan. »  Sa nouvelle trouvaille.
Son prochain atelier qui réunit les employés de divers services se concentre sur l'alimentation saine, vegan et bio, bref comment bien manger au bureau quand son voisin est abonné à Uber Eats.

Elle actionne la poignée du bureau de Sloane sans que personne ne parvienne à l'empêcher. L'assistant de Sloane a beau supplier « Elle n'est pas disponible... Madame Hatcher ne peut vous recevoir... Vous êtes priée de revenir plus tard. Blah, blah, blah. N'importe quoi, c'est ma super copine. Tiens comment tu vas. Slooooooane. Je suis TROP contente de te voir. » Elle lui claque la porte au nez. Désolée.
Lisa n'est pas désolée.

Lisa ne recule pas. Elle n'a pas été foutue de reculer devant un terroriste, c'est pas Sloane qui va lui faire peur. Paraît qu'elle devrait la craindre, elle est sure que mêmes certain.es se chient dessus devant la grande dame. Lisa aurait-elle donc plus de cran ? A voir pour combien de temps, mais bon. Jouer avec le feu, c'est sa seconde nature. L'happiness manager fait volte face, main sur les hanches. Elle n'écoute qu'à moitié l'autre femme. « Déjà ? Tu viens tout juste de reprendre. Tu ne devrais pas y aller trop fort. En plus t'as même pas encore ouvert ta boite mail.   » Elle fait la méthode Jeremiah et s'assoit sur un coin de bureau, il lui manque juste l'expresso au rhum. Les fleurs sont toujours là avec la boite de chocolat délicatement emballée. Ils sont super bon ces chocolats pourtant. Se serait-elle trompée ? Peut-être que Sloane préfère le thé. Merde elle aurait du penser aux infusions ayurvédique. Ou une camomille...ça lui ferait bien une camomille. « Vince ? Si je demande à Vince j'aurai une entrevue avec toi en 2030. Elles sont pas empoisonnées les fleurs tu sais. Non, elles viennent du meilleur fleuriste de New Blossom. Lisa a demandé de l'aide à ses followers pour trouver un cadeau à la hauteur. Je savais pas ce que tu aimais donc j'ai prit une boite avec un peu de tout. Le chocolat. Ils sont super bons, t'as déjà goûté ? Dit Sloane est-ce que tu prends le temps de manger au moins à la pause dej ? »

Lisa décale les fleurs, saisit la boite et la déballe. Une fois ouverte, la tendant vers Sloane. Une invitation insistante - presque une obligatoire - pour se servir. « Je te rassure, le monde ne s'arrêtera pas de tourner si tu as cinq minutes de retard Elle prend un chocolat et le gobe. Et puis, même si tu as cinq minutes d'avance, les Septs trouvent toujours le moyen de faire une connerie. Alors, à quoi bon ? A quoi bon être perfectionniste  quand le résultat est le même ? Lisa peut se payer la désinvolture, elle n'a personne à impressionner, personne à décevoir - ils le seront tous bientôt, quand ils découvriront sa supercherie. Tu ne viens jamais aux ateliers de sophrologie, ni à aucune de mes invitations. Alors... Elle saute du meuble et au milieu de la pièce, lève les bras en l'air Je suis venue à toi !   » Quitte à se faire jeter dehors, autant que ça en vaille le coup. ft.  @Sloane Hatcher

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S’il y a bien une règle que Sloane s’impose : toujours maîtriser la situation. Toujours avoir des réponses à toutes les questions. Toujours avoir un plan B, un plan C, un plan D. Et si la situation lui échappe, toujours être capable de rebondir et de trouver une issue de secours. Là, tous ses principes disparaissent. Fondent comme neige au soleil à cause d’une seule et unique personne. Son bureau est vaste, il est lumineux, habituellement. Aujourd’hui, il lui paraît atrocement petit, étouffant, sombre. Parce qu’il n’y a pas d’échappatoire possible. Note pour plus tard : demander à Icarus d’aménager un escalier ou une échelle sous une de ses fenêtres. Au cas où. Ça lui aurait bien servi à cet instant. “N'importe quoi, c'est ma super copine. Tiens comment tu vas. Slooooooane. Je suis TROP contente de te voir.” Aïe. Sa voix pleine de bonne humeur est une agression. Attaque personnelle qui se frotte douloureusement à la réticence de Sloane. Le téléphone raccroché, l’attachée de presse tente de feindre la nonchalance. Ne surtout pas montrer à l’ennemie sa vulnérabilité et ses faiblesses. Sinon, Lisa ne manquera pas de s’immiscer dans les failles et d’y faire son nid. Au secours. “Déjà ? Tu viens tout juste de reprendre. Tu ne devrais pas y aller trop fort. En plus t'as même pas encore ouvert ta boite mail.” Sous ses yeux (noyé d’une légère vague d’effroi), Lisa s’installe. Assise sur le coin de son bureau. Comme la sensation de voir Jeremiah, d’un coup. Les deux sont terribles. Heureusement qu’ils ne sont pas là ensemble. Sloane serre les dents, force son assurance et sa politesse. “Justement. Je dois ouvrir ma boîte mail et rattraper le retard.” Allez, oust, du balais, Lisa. Tu ne vois pas que tu n’es pas la bienvenue ?

Qu’elle revienne plus tard. Quand Vince jugera intéressant de caler une réunion avec elle. Vince est avisé, intelligent. Il saura quand Sloane se sentira prête à la recevoir. Dans très longtemps, si possible. Mais non. Lisa ne s’adapte pas aux conventions, ne suit pas les procédures. Elle suit ses propres règles et décide de s’imposer dans la vie des autres. Et évidemment, personne - genre vraiment personne - de son équipe ne juge bon de venir sauver Sloane de cette situation. Non, ça continue sa petite vie sans même se soucier de leur cheffe en détresse. Bande d’égoïstes ! Mince, attendez, elle n’a pas suivi Lisa. Pourquoi elle parle de manger ? “Hm ? Oui oui, je mange le midi…” Toujours en train de travailler, mais elle mange. Elle grignote des salades ou des sandwichs qui lui durent quatre heures, tellement elle mange sporadiquement. Mais qu’est-ce que ça peut lui faire ? C’est important, visiblement. Au point d’ouvrir la boîte de chocolats et de la mettre sous son nez. Sloane adore les confiseries, les chocolats, les pâtisseries. Tout ce qui se mange, en fait. En temps normal, elle aurait pris plaisir à déguster cette boîte. Là, elle ne sait pas pourquoi, elle regarde les carrés de chocolat comme s’ils étaient annonciateurs d’une catastrophe. Lisa persiste. Attend. Et Sloane abandonne dans un soupir. Elle prend un carré. Juste un carré. Voilà. L’happiness manager a gagné. Elle peut partir ? Naaaan. Ce serait trop facile.

“Je te rassure, le monde ne s'arrêtera pas de tourner si tu as cinq minutes de retard. Et puis, même si tu as cinq minutes d'avance, les Septs trouvent toujours le moyen de faire une connerie. Alors, à quoi bon ?” Sloane croise les bras sur sa poitrine, l’observe déblatérer sa leçon. Le regard sévère, autoritaire. Dans l’attente que Lisa le capte et se sente (allez, avec un peu d’espoir) intimidée. Ce regard, elle le sort aux Sept et fait son petit effet. Et ils sont coriaces. Alors, ça va bien marcher sur Lisa. “Tu ne viens jamais aux ateliers de sophrologie, ni à aucune de mes invitations. Alors... Je suis venue à toi !” Oh merde. Oooh merde. Ooooh merde. Lisa va lui faire un atelier privé. Ici. Dans son bureau. En tête-à-tête. Non. Non, non et non. Sloane refuse. Sloane ne se laissera pas faire. Respirer. Il faut respirer. Non. Il faut surtout du self control. Du sang-froid. Du calme. Tout. Va. Bien. Se. Passer. Sloane a l’habitude de tenir tête au conseil exécutif d’Icarus, de gérer les Sept, de négocier avec des journaux. Elle ne va pas flancher devant Lisa aka Madame Bonheur. Même pas en rêve. La voilà la Sloane combative ! “C’est vraiment gentil de ta part, Lisa, d’être passée. Ça me touche sincèrement.” Elle pose même une main sur son cœur. “Il ne fallait pas te donner la peine de le faire. Je suis sûre que tu as plein d’autres personnes à voir. Des personnes qui ont vraiment besoin de toi.” Oui, plein d’autres personnes. Chez Icarus et Omnivox, les employés ne manquent pas. Il n’y a que ça. Partout. “Je ne vais pas gaspiller davantage ton temps. Tout va bien. Je suis heureuse de reprendre le travail, je suis reposée, en pleine forme.” Sloane esquisse même un grand sourire, décroise les bras pour les écarter. Lisa a la preuve juste sous ses yeux que l’attachée de presse va bien. Physiquement. Mentalement. Elle va parfaitement bien. Presque. “Vraiment. Tout va parfaitement bien !” Allez, on insiste encore une dernière fois, sait-on jamais que Lisa n’était pas convaincue jusque-là.

“De toute manière, je n’ai vraiment pas le temps pour un atelier. Et tu ne vas pas me suivre partout dans mes réunions. Tu vas t’ennuyer.” Ouais, quelle drôle d’idée, ça. Imaginez que Lisa la suive durant toute une journée pour voir comment elle travaille et lui aménager des temps de repos. Ah ah ah. “Alors qu’il y a Mika de la Compta qui va mal, lui.” Elle prend un air concerné. Bon, vrai qu’il va mal. Et pour le coup, elle est franche lorsqu’elle dit qu’il mérite davantage l’attention de Lisa. Sloane peut se débrouiller toute seule pour assurer son épanouissement au travail. “Il paraît qu’il fait des crises d’angoisse à l’idée de venir travailler. Certains l’ont déjà entendu pleurer dans les toilettes. Tu devrais aller le voir.” Voilà. Qu’elle descende trois étages plus bas et aille trouver Mika afin que quelqu’un l’aide enfin, ce pauvre homme. Pendant ce temps, Sloane continuera de faire ce qu’elle sait faire le mieux. Travailler sans jamais souffler. Travailler jusqu’à se tuer la santé mentale. Un programme fort intéressant !

 @Lisa Garnier

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Elle aurait vraiment du passer au Starbucks avant de venir, pour avoir quelque chose à siroter, un bon café pour supporter ce bras de fer. En postulant ici, Lisa était loin de s'imaginer que la personne qui allait lui résiste le plus serait un membre du personnel et non un des Septs directement. Intérieurement, Lisa considère Sloane comme la huitième Sept, si ça fait sens. Toujours dans l'ombre à sauver le monde de leurs bêtises médiatiques. Surtout sauver le cul d'Icarus qui doit prendre pour acquis ses facultés. Elle les connaît les patrons, Lisa ! (Pas eux directement, les patrons, en général). Cette manie de trop se reposer sur les autres pour faire le sale boulot. Sloane a probablement une pression immense sur ses épaules chaque matin et son comportement est tout à fait symptomatique des accrocs au boulot. « Quand les gens insistent en général c'est que ça ne va pas si bien que ça. Elle pique un autre chocolat. Enfin, de toute façon c'est pas moi la psy. Je vais pas piquer le boulot d'Imran ! Moi je peux t'apporter des fleurs, des chocolats, te booker un massage... Rooh une petite journée au spa ? Entre filles ? Une idée merveilleuse. Tu sais qu'il existe des massages assis ? Justement, pour les gens qui travaillent en bureau et qui sont soudés à leur fauteuil. Comme toi ! Mais elle se garde de le préciser de peur de sonner accusatrice ou méprisante. Loin d'être son intention. Lisa ne veut que son bien et essayer de percer la carapace épaisse de Sloane. Si elle n'essayait pas autant de chasser Lisa, l'Happiness Manager serait peut-être déjà partie. C'est quand on lui résiste qu'elle a encore plus envie de faire des efforts. En fait c'est plutôt un nouvel agenda et un bloc de post-it que j'aurai dû t'offrir. Et un siège ergonomique ! T'en penses quoi ?

Sloane va vraiment pas lâcher le morceau hein ? Lisa non plus. Désolé pour le savoir-faire. Mika ? Mika devrait peut-être aller voir le psy du coup. Prendre quelques jours off. Peut-être qu'on pourrait le délocaliser sur un autre site le temps que ça se tasse. Elle réfléchit à voix haute pendant que Sloane martèle son clavier. Ou lui payer un petit séjour aux Bahamas. Dis moi Sloane, tu as déjà prit des vacances ? » Avec les Septs dans sa vie, probablement pas, c'est pour ça qu'elle ne demande même pas à quand remonte son dernier break. Enfin, c'est peut-être sous estimer Sloane qui comme tout être normalement constitué à besoin de repos. Lisa lui souhaite de ne pas se reposer uniquement quand elle dort.

« Je suis contente de savoir que tu vas bien en tout cas Lisa sourit, fixant le sol pour ne pas non plus envahir Sloane de se bonne humeur. Tu n'as sans doute pas envie d'en entendre parler alors... je ne vais pas évoquer le sujet plus longtemps. Je voulais juste que tu saches que quand j'ai apprit que tu était blessée, j'ai vraiment eu peur. Elles ne se connaissent pas et Lisa n'a aucune raison de commencer à s'inquiéter pour des inconnus. Et la voilà à lui avouer qu'en réalité... Si. Elle a eu peur, parce que cette attaque ce n'était pas juste un méchant commentaire ou une tomate pourrie balancée sur une vitre teintée.   Je voulais te changer les idées parce que j'imagine que tu as eu plein de monde à ton chevet et tu dois en avoir un peu marre. » Lisa hausse les épaules. L'attitude du chiot battu parviendra peut-être à percer la carapace solide de l'attachée presse. Elle n'a toujours pas bougé du bureau, fermement ancrée. Il en faudra plus pour la sortir. La sécurité peut-être... ft.  @Sloane Hatcher

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TW : mention de manipulation

On a connu Sloane plus persuasive. Plus vindicative et féroce face aux journalistes fouineurs. Face à Lisa, la diplomatie est de mise. Une diplomatie qui la rend peu convaincante. Elle pourrait utiliser sa déchirure pour insuffler une fausse vérité dans l’esprit de la jeune femme et l’inciter à quitter son bureau. Même pas une éventualité que Sloane considère. Lisa fait son travail, même si elle a le malheur de retarder celui de l’attachée de presse. Elle n’est animée par aucune volonté de nuire, juste prendre soin des autres. Et Sloane n’est pas Orion. Il ne lui viendrait jamais à l’esprit de manipuler ses proches ou ses collègues. Alors, non, Lisa partira parce qu’elle aura été convaincue du mal-fondé de sa présence. Première partie du plan : la rassurer sur le bien-être de Sloane. Elle pue le bonheur et la bonne santé, l’attachée de presse. N’est-ce pas ? “Quand les gens insistent en général c'est que ça ne va pas si bien que ça.” Raté, alors. Round perdu. Sloane s’avoue vaincue. “Non ?” Le son sort difficilement de sa bouche quand Lisa lui propose une journée au spa entre filles. Comme si elles étaient amies et prévoyaient une sortie le week-end prochain. Aussi adorable et bienveillante soit-elle, Lisa n’est pas son amie. Pour l’unique raison que Sloane la fuit. Justement pour éviter des propositions comme celle-ci… ou comme celle du massage assis. Malgré elle, le cerveau se prend à considérer l’idée et à émettre un avis plus que mitigé. “Ça doit être dérangeant, non ?” Les sourcils froncés, Sloane s’imagine obstinément en train de travailler pendant le massage. Elle n’y voit rien d’agréable. Non, elle refuse. Elle va rester là, à son bureau, jusqu’à la fin de la journée. C'est le plan. Elle n’en changera pas.

“En fait c'est plutôt un nouvel agenda et un bloc de post-it que j'aurai dû t'offrir. Et un siège ergonomique ! T'en penses quoi ?” Les paupières se ferment un instant. Besoin de se recentrer le temps d’une inspiration, de puiser dans sa patience, quand elle ne souhaite qu’une chose : reprendre ses habitudes. Aussi mauvaises et nocives soient-elles. “Ce serait formidable, un siège ergonomique, oui.” Mais ce n’est qu’une blague ou, du moins, le début de ce que Lisa est prête à proposer. La jeune femme est tenace, inventive, créative. Elle ne lâche rien. Des qualités que Sloane lui reconnaît. Elle aurait bien besoin d’une personne comme elle dans son service. Sauf que cet échange n’est pas un entretien d’embauche. Alors, Sloane dévie. Envoie Lisa s’occuper d’un collègue en plein mal-être. Diversion évitée avec brio par la piégée (elle ne partira donc jamais ?!). Au contraire. Ça se retourne contre la piégeuse. “Bien sûr que j’ai déjà pris des vacances. C’était…” Les mots s'arrêtent à l’orée de ses lèvres. Elle repense à ce séjour au Canada censé être des vacances, après les attaques. Très vite écourté parce qu’elle avait souhaité rentrer. Revenir à New Blossom, au cœur de la tempête. Elle n’avait pas réussi à décrocher. “Non, en fait rien. Oublie. Ne m’oblige pas à te montrer des photos pour te prouver, Lisa.” Par pitié. Il faudrait remonter loin, trop loin, trop longtemps, dans la galerie de photos pour en trouver. “En plus, je reviens d’un arrêt. Je suis parfaitement reposée. Je te l’assure.” Le ton a ce petit quelque chose de suppliant. La détermination s’effrite au profit d’une volonté d’en finir avec cette conversation. Toute l’énergie rassemblée ces derniers temps est en train d’être consumée là. Ce qui fait dire à Sloane que, peut-être, Lisa a raison. Peut-être.

D'ailleurs, la jeune femme donne l’impression de reculer. Quelques pas en arrière, une défaite presque avouée, une justification donnée. Afin d'offre la sensation que Sloane gagne. Elle la connaît, cette technique. Elle sait que c’est pour mieux sauter plus loin, plus haut. Ça ne manque pas. Lisa saute jusqu’à atteindre son myocarde. Sensibilité touchée en plein cœur quand l’happiness manager témoigne seulement de sa bienveillance, de son empathie. Le talon d’Achille de Sloane ? L’humanité. Il en manque tellement chez Icarus qu’elle fond devant chacune de ses manifestations. Aujourd’hui ne fait pas exception. “J’ai appris que tu y étais aussi… comment tu vas ?” Trop de monde dans la Tour ce soir-là. Personne pour les protéger réellement. Sloane est navrée. Navrée que les super-héros et super-héroïnes qu’iels chouchoutent toute l’année n’aient pas été à la hauteur. Elle pense à Orion. Surtout à Orion. S’iels ne peuvent pas compter sur les Sept, ne reste plus qu’elleux : le commun des mortels. Obligation de se serrer les coudes et d’accepter le soutien, la sollicitude qui s’offrent à elleux. “Bon, okay, d’accord, Lisa.” Ça y est, Sloane capitule. “Tu as vingt minutes.” Après cela, l’attachée de presse retrouvera ses e-mails, ses appels, ses réunions. Son stress. Sa tornade à elle, sans qui elle ne se sentirait pas vivante. “Qu’est-ce que tu veux qu’on fasse ?” Elle regrette cette phrase aussitôt après l’avoir prononcée. Elle n’aurait peut-être pas dû se montrer aussi ouverte aux propositions. Au risque de finir en plein cours de puppy yoga.

 @Lisa Garnier

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Bingo ! Lisa l'a eu à l'usure. Pauvre Sloane, malheureusement si aucune de ses méthodes ne fonctionne, Lisa doit passer à l'étape supérieur de son plan qui consiste en général à être tellement ennuyante que la perspective de luis accorder un peu de temps est toujours plus tolérable que devoir supporter sa présence. Il faut se méfier. Lisa est endurante, sinon elle n'aurait pas tenu une semaine entre les ego surdimensionnés et les situations rocambolesques.

Lisa hausse les épaules. Ce qui est arrivé était choquant, ennuyeux. Elle devrait mentir et prétendre qu'elle a eu la trouille de sa vie. « J'ai vu pire, mais je n'ai pas été blessée, donc c'est différent. » Elle repense à Liam. Pasqual. Elle n'a pas eu peur pour sa vie - un peu -parce que ce n'est pas la première fois qu'elle se retrouve dans une situation critique. Voir ses amis blessés et à terre, c'est ce qui lui a fait peur. Elle avait l'impression que tout était de sa faute, parce qu'elle a provoqué le terroriste, parce qu'elle ne peut pas se défendre, ni les défendre. Parce qu'on a prit des risques pour lui venir en aide alors qu'elle n'en vaut vraiment pas la peine. S'il m'était arrivé quelque chose, ça n'aurait pas été grave. Je me suis surtout inquiétée pour les autres. Puis Jeremiah est arrivé et le problème était réglé. Lisa caresse distraitement son poignet. Elle revit la scène dans sa mémoire avec froideur et pragmatisme. Cela a confirmé que toutes les personnes qui travaillent ici sont formidables et ne méritent pas ce déferlement de haine. » C'est sincère. Franchement naïf de sa part, mais bel et bien sincère. Elle ressent un lien invisible que relie toutes les personnes bossant pour Icarus. Que ce soit de la menace ou un vrai sens de la famille, elle ne pourrait faire la différence. Les deux sont intimement liés dans son esprit.

Retour au sujet de sa visite. Non, on ne va quand même l'oublier. « Ce n'est pas tant ce que je veux, mais ce dont tu aurais besoin. Je m'adapte à mes interlocuteurs. Sloane lui a affirmé n'avoir besoin de rien. Si c'est vrai, Lisa ne l'embêtera plus. Je vais noter le siège ergonomique, je pense que c'est important. » Elle sort un petit calepin cachée dans la poche avant de sa veste. Petit calepin dans lequel elle note à peu près tout ce qu'elle a besoin de savoir sur ses collaborateurs nombreux et n'hésite pas de dessiner des emojis pour décrire les relations qu'elle entretient avec eux. Majoritairement dans son imagination. Nom, prénom, âge et anecdote rigolote, les "j'aime et j'aime pas". Le tour est joué. Leurs ennemis seraient ravis d'avoir ces notes en leur possession, ils découvriraient par exemple que l'une des réceptionnistes est en réalité une hardcore gameuse qui cache une altération pour optimiser le cycle de son sommeil. « Et moi je veux juste papoter avec toi, parce que les Septs sont mignons mais parfois je n'ai pas l'impression d'avoir des êtres humains en face de moi. Des sortes de dieux incarnés à la maturité variante au fil des traumatismes. J'essaye de m'intégrer comme je peux. Je n'ai pas de super pouvoir, je veux juste être utile. » C'est peut-être elle qui a besoin d'une séance chez le psy, tout compte fait. Moi je t'admire. Je suis pas capable de faire la moitié des trucs que tu fais, mais j'aimerais. » ft.  @Sloane Hatcher

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(The Seige) (icons. muxisium)

Sollicitude sincère pour Lisa. Métier dédié au bien-être des autres. Jusqu’à mettre entre parenthèses sa propre existence quand le danger arrive. Sloane fronce les sourcils. Ne s’empêche de noter la minimisation. Il faut avoir si peu d’estime de soi pour le penser. “Ça n’aurait pas été grave ?” Elle le répète. Une pointe de surprise dans la voix. Tout s’arrête. Plus aucune préoccupation pour la journée à commencer, les tâches à accomplir. Elle se fiche que Jeremiah soit arrivé. Elle ne s’arrête pas non plus sur le sort des autres. Tout ce qui compte, c’est Lisa. “Bien sûr que si, ça l’aurait été !” Au même titre que n’importe quelle autre personne. Il était essentiel que tout·e employé·e sorte indemne de cette tour. Chaque perte est intolérable. Celle de Lisa n’aurait pas fait exception. Même si Sloane la fuit comme la peste. L’influence de l’happiness manager est connue et fait du bien parmi les équipes. Mais surtout, elle reste une personne qui n’aurait pas mérité de périr ce soir-là. “Tu es formidable aussi, Lisa. Ça aurait été différent sans toi.” Le quotidien aurait été bien fade sans ses idées excentriques, sans son enthousiasme farfelu. Icarus aurait été vide.

Un changement s’opère. Une volonté de coopérer. Sloane cède du terrain et accepte le temps de quelques minutes d’être à l’écoute des suggestions de la faiseuse de bonheur. Cependant, elle n’en a pas. Elle attend de l’attachée de presse des idées, des besoins. Totalement à son service. À part un fauteuil ergonomique et de la tranquillité, Sloane n’a besoin de rien. Elle n'a aucune exigence, aucun caprice, au final. Bien loin des Sept dont Lisa déplore le manque d’humanité. Elle a un sourire en coin. Elle sait exactement ce dont la jeune femme parle. Et c’est ce qui les perdra un jour. Iels se pensent invincibles, au-dessus des autres. En oublient la réalité. Iels ne sont rien sans Icarus, sans la foule qui les admire. Iels ne sont que des comédien·nes. “Moi je t'admire. Je suis pas capable de faire la moitié des trucs que tu fais, mais j'aimerais.” Ah. Ça, ça la prend de court. Comme tout ce qui concerne Lisa. Sloane la dévisage. Y cherche une tentative de l’amadouer et de la flatter. Se contente de hausser les épaules. “Je fais seulement ce pourquoi j’ai été formée, il n’y a rien d’exceptionnel.” Pour elle, peut-être. Parce qu’elle évolue dans le milieu depuis vingt ans. Parce que tout lui semble limpide. Lisa aussi ne fait que son travail. Et essaye de le faire correctement. Quitte à s’imposer là où on ne la désire pas. “Je suis désolée, je suis parfois un peu…” Comment dit-on déjà ? Réfractaire ? Imperméable ? Rétive ? “... réticente à ce que tu peux apporter.” Lisa représente ce que Sloane fuit. Le bien-être sur le lieu de travail. Il n’a pas sa place dans ce bureau. Pas quand elle court partout. Pas quand les urgences tombent. Pas quand la pression pèse. “Mais ça n’est pas personnel, ce n’est pas contre toi.” Avoir une Lisa pour pointer du doigt ce qui ne va pas pourrait bien tout bousculer. Jusqu’aux plus fortes convictions de Sloane. Jusqu’à la sortir de son déni. Ce n’est pas envisageable, si elle veut continuer à bien faire son travail. “En fait, je t’admire. Il faut de l’abnégation et du courage pour faire ton job.” Et revenir. Encore et encore. Sans relâche. “Beaucoup n’en serait pas capable.” Elle-même n’y parviendrait pas.

“Bon. Laisse-moi réfléchir à ce qu’on pourrait changer.” Sloane se laisse aller contre le dossier de sa chaise. Les yeux se perdent vers le plafond. Elle n’en sait rien. Pas grand-chose ne lui vient. Elle n’a pas le temps de s’attarder sur ce qui ne va pas. Tout est toujours dans l’urgence. Alors, elle improvise. “Il nous faudrait une machine à café. Une vraie. Avec les grains à moudre.” Du carburant de qualité afin de tenir toute la journée, parfois toute la nuit. “Des stores pour les fenêtres. On est souvent ébloui par le soleil.” Dans son bureau comme dans ceux de son équipe. Une machine à café et des stores. Les seuls points qui lui viennent. “Et… je crois que c’est tout ? Je suis nulle pour ça.” Pour s’interroger sur ses besoins et les écouter. Pour vouloir améliorer les choses et ne plus se contenter de s’adapter par dépit. “Est-ce que tu veux… me regarder travailler pour trouver des idées ?” Aucune idée de comment son métier fonctionne. En fait, Sloane ne s’y est jamais intéressée. Bien heureuse que ses collègues en profitent, tout en restant loin de son champ d’action. Jusqu’à aujourd’hui. Elle n’a jamais été aussi perdue qu’à cet instant, à ne pas savoir quoi répondre à Lisa. D’ailleurs, ça lui arrache un sourire. “Tu vois, tu ne saurais pas t’occuper de l’image des gens. Moi, je ne serais pas capable de prendre soin des autres.” Chacune a trouvé le métier qui lui convient.

 @Lisa Garnier

let's be honest

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Lisa sourit mais au fond, les belles paroles de Sloane ne font que l'effleurer. C'est faux bien sur, son absence aurait vite été comblée, quelqu'un d'autre aurait reprit le poste. Qui va se souvenir de Lisa dans quelques années ? Elle n'a pas de super pouvoir qui lui permet de sauver des vides, rentrer dans l'histoire et être super connue. Même ses followers l'oublieraient si elle cessait de poster pendant une semaine, c'est sur. Cependant elle n'en dit rien, hoche la tête et se permet un sourire en imaginant son ego gonflé à bloc. Ca fait plaisir à entendre, autant que ça lui fait peur de s'imaginer qu'elle a vraiment un impact positif et qu'on pourrait la regretter. C'est embêtant, quand elle sait que son temps est comptée. Un jour, on va la démasquer. Un jour, elle va faire un faux pas et on découvrira ses magouilles. Un jour, peut-être, pas aujourd'hui. Son objectif n'est pas que Sloane se mette à s'inquiéter pour elle. Même un tout petit peu, parce qu'elles ne s'apprécient pas assez. Il ne faut déconner.
Non, le jour où elles en arriveront là, il faudra sérieusement s'inquiéter. C'est super sain que Sloane ne veuille pas la voir. Lisa est encore chiante, dieu merci, ce qui est arrivé à la tour ne l'a pas rendue complètement sérieuse.

Vraiment ? Sloane qui l'admire ? C'est Lisa qui commence à regretter d'être venue. Se faire mousser, d'habitude, ne manque pas de la mettre de bonne humeur. C'est différent avec Sloane parce que... C'est peut-être la seule personne pour qui Lisa a une véritable forme de respect. Admirer les Septs et leur entourage, c'est une chose. Les trouver cool, malgré leur excentricité, vouloir être comme eux. Lisa a conscience que ça reste superficiel, beaucoup de choses sont écrites à l'avance. C'est ce qui lui plaît. Fréquenter ces stars qui ne passent plus les encadrements de porte. Tout est possible, tout est imaginable. A coté, sa présence est rationnelle.
Sloane, c'est la vraie héroïne.

« Y a pleins de gens formés avec un tas de diplômes qui n'abattent pas un tiers du travail que tu réalises ici, dans ce bureau, je maintiens. » Lisa insiste là dessus. Elle doit bien servir à quelque chose, vendre un peu ses services et rendre des comptes à sa hiérarchie qui semble la laisser faire tant qu'elle satisfait les caprices des mégalos du coup. Tiens, c'est encore une preuve que Sloane, en fait, c'est la meilleure. Parce qu'elle résiste à la tentation de se faire masser les pieds pendant qu'elle tape sur son clavier.
Sloane elle bosse. Vraiment.
« Je peux te faire une petite confession ? Lisa n'attends pas son autorisation, question rhétorique. Je suis contente de cette sororité qui existe ici et notre admiration mutuelle si je puis dire. J'ai travaillé dans des milieux assez toxique où c'était la loi du plus fort. Ce n'est pas un mensonge. Lisa ne dit pas que c'était illégal et qu'elle volait dans des poches ou trafiquait des médicaments. Icarus m'a montré que c'est possible d'être solidaire. Je suis sans doute... nan je sais que je suis lourde. un euphémisme. Je sais aussi que je respecte pas les limites des autres, c'est plus fort que moi. Même si après ça on ne se parle plus, je suis contente de faire partie de l'équipe. En quelques sorte. »

Lisa hoche la tête, cette fois plus concentrée. « Ok, va pour ça. Je rajoute les machines à café et les stores, c'est un début. Je te regarde faire et je te donne mes observations. Avec un poste plus adapté, tu pourrais doubler ton efficacité. C'est peut-être un langage qui saura la toucher. Plus d'efficacité, plus de productivité aussi. Tout en prenant soin de ta santé. Lisa imagine Sloane venir bosser avec 40° de fièvre.
Lisa, savoir prendre soin de autres ? N'importe qui la connaissant vraiment aurait hurlé de rire ! Quelque chose s'adoucit dans son regard alors qu'elle se glisse derrière Sloane pour essayer de se mettre à sa place. Est-ce que cette Lisa existe vraiment ? Le matériel informatique est de qualité, pour toi ? Sloane doit pouvoir répondre du tac au tac. Il est important que le pc soit dernier cri et au top de sa forme. Il faudrait un bureau réglable pour que ta position assise soit confortable. Je retire la chaise ergonomique, tu es habituée à celle-ci et tu as tes habitudes. Tu estimes avec assez de rangement, également ? » Lisa fait le tour de la pièce, calepin en main et toutes ses questions en tête. C'est comme une enquête. C'est presque drôle. ft.  @Sloane Hatcher