desperado

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tw: prise de red et ses conséquences, addiction

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I must be lost in my regrets, I must be down, I must be stressed. I've got like thirteen years of age that I ain't still got off my chest. It must be so much more to life if I had diamonds and baguettes. I must be stupid, fucking shady, must be down, I must be stressed. ♫

Les coups sur la porte sont pressés et violents, témoignent d’une agitation que Cid ne parvient pas à mettre sous clé. Casquette vissée sur sa tête, une paire de lunettes de soleil dans des rues que l’astre central n’éclaire pourtant jamais, iel espère s’octroyer ainsi un peu d’intimité dans ces bas-fonds où on lae reconnaît facilement. “Roz, s’il te plait. Si t’es là, ouvre-moi.” Iel quémande à travers la porte, en espagnol pour dérouter les oreilles indiscrètes. “C’est Cid.”
Il y a comme une urgence dans sa voix, les prémices d’un appel à l’aide. Iel ne sait pas comment appeler autrement cette décision impulsive. Ce n’est pas en sa qualité d’ami de la famille qu’iel vient consulter Rosendo, mais pour ses implications dans le trafic de Red. Il lui faut des explications et peut-être même des réponses. Il lui faut surtout des conseils, un guide, une main rassurante qui lui tapoter le crâne et lui confirmera qu’iel n’a pas fait la plus grande erreur de son existence.

Ca a commencé quelques semaines plus tôt, une frénésie en plein après-midi pendant que ses parents consultaient vainement la docteure Patel. Cid avait retourné le petit atelier dans lequel son père entreposait tout son matériel. Les outils, les débris, les trouvailles dans les ruines à ramener au marché noir pour les troquer, iel avait tout passé au crible avec une furie manique jusqu’à tomber sur une trousse de secours à l’intérieur de laquelle une boîte de médicaments lui a fait laissé la même impression que Pandore devant sa boîte.
Les capsules brillaient sous la lumière artificielle, se reflétaient dans les pupilles soudainement pleines de larmes de Cid. Putain. L’autre meuf et son histoire d’agression lui reviennent en tête. Cid avale difficilement sa salive, glisse la boîte dans sa poche et remonte dans sa chambre pour tomber sur le lit et fixer le plafond. Putain de merde.
La suite ressemble à une série de flashbacks dans sa tête, rien de concret, juste des images floues : la boîte ouverte, la capsule dans sa main, la main à sa bouche, puis le plafond à nouveau, qu’iel a regardé jusqu’à ce que les premiers effets la plient de douleur et lui fasse vomir ses tripes.

Et après des semaines de fièvre, de peine, d’incompréhension, il y a eu la boîte vide et son esprit, tout aussi vide, groggy. Qu’est-ce qu’iel doit faire maintenant ?
La porte s’ouvre et iel lève une mine défaite vers l’aîné des Cortes, qui parfois était un peu son aîné officieux, à juger de la manière donc Marisol Lopez rouspétait après lui comme après ses trois enfants. “Dieu merci, t’es là.” Le soulagement pourrait lae clouer sur place mais iel sait mieux que d’étaler ses affaires dans des couloirs d’appartement. Les rumeurs courent vite dans l’Underapple. “Je peux entrer ?” Curiosité pique quand même, ses yeux cherchent au-delà de sa silhouette si l’appartement est vide. On ne sait jamais en quelle compagnie il pourrait être, surtout à sept heures du matin.
ft. @Rosendo Cortes

Tout au plus deux heures qu'il dort ; peut-être juste une heure trente ; Rosendo ne prête jamais attention à ce genre de détails, s'endort quand il se pose enfin et parfois, traîne jusqu'au lever du jour à la surface, simplement parce que bien des choses à faire ; la nuit est trop souvent sienne. Mais pour cette fois, il était à dormir du sommeil des bienheureux, de ceux qui n'ont rien à se reprocher. C'est qu'il est doué pour oublier toutes les conneries qu'il a pu faire tout du long de sa vie ; oups !

Pas vu, pas pris.

Et au pire, il recevra son jugement plus tard. Alors il a les yeux bien clos, collés à Loona qui dort paisiblement à ses côtés, le monde ronrons activé pour apaiser le propriétaire des lieux... Mais ils cessent dès lors que le cybermon s'active, relevant le museau en entendant les coups sur la porte ; et parce que ses oreilles seront toujours plus efficaces que celles de l'humain ; d'autant plus quand il pionce. Alors le cybermon s'agite, se redresse et vient fiche un coup de tête pas trop puissant dans l'autre ; c'est que pour réveiller le Cortes, il faut au moins une bestiole de plusieurs centaines de kilos pour ça. Après quelques râles, il s'éveille enfin et plisse les yeux. "Cid." dit la bête ; et parce qu'iel fait parti de celleux identifiés comme favoris, la bête est programmée pour le prévenir quoi qu'il fasse.

Le temps d'enfiler des fringues et le voilà à se frotter le visage et à ouvrir. Il a la tête des grands jours, Roz ; mais même en ayant l'air d'un déterré, ça ne sera pas pire que celle de Cid. "Hola." S'éveille déjà bien plus face à l'expression de l'autre ; l'espagnol s'installe définitivement sur la langue. "Bien sûr." Et il se décale pour lae laisser rentrer, venant bien assez à fermer la porte. "Loona, garde l'entrée." Et le cybermon file directement à celle-ci, s'asseyant là, garde efficace contre toute forme d'intrusion.
Roz est ainsi plus tranquille ; Cid est à l'abri.

L'avise. "Laisse moi me faire un café. Tu m'expliques ensuite." Il renifle et se dirige vers la machine, viens à le faire couler et après un énième bâillement, il sert deux tasses pour en avancer un vers l'invité·e ; et vient boire directement une longue gorgée de la sienne. "Ok, je t'écoute. Qu'est-ce qu'il se passe, mi vida ?" Il est prêt, c'est bon.

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Il a exactement la tête que Cid s’attendait à voir à une heure aussi matinale mais iel a pas le temps de se sentir coupable. Il se remettra du manque de sommeil. Mais est-ce qu’il se remettra de ce qu’iel avait à lui dire ?
“Hey Loona !” Malgré la chappe de plomb de soucis qui lui pèse sur les épaules, Cid parvient à esquisser un sourire au Cybermon qui lui passe entre les doigts affectueusement avant d’aller se positionner en garde à l’entrée sous les instructions de son maître. Cid avait harcelé sa mère pendant des jours pour en avoir un pareil et cette dernière n’avait cessé de rétorquer qu’iel ferait comme iel voulait sous son toit mais qu’aucun animal, réel ou technologique, ne viendrait déranger sa cuisine.

"Laisse moi me faire un café. Tu m'expliques ensuite." Parvient seulement à hocher la tête en réponse, le souffle soudainement court alors que les mots peinent à se former dans son esprit. Comment lui dire ? La tasse fumante réchauffe ses mains mais même un bon café ne saurait calmer l’ébullition de son cerveau. Iel ouvre la bouche, la referme aussitôt.
C’est presque par automatisme qu’iel a pris le chemin jusqu’à l’appartement de Rosendo, parce qu’à bien des égards il avait été son meilleur conseiller. Il était plus patient et attentif que ses propres frères, et étonnamment plus sage pour un homme qui multipliait les activités criminelles. Cid n’était pas particulièrement attaché.e à l’idée de reprendre un flambeau, de rendre les autres fiers, mais iel ne s’acharnait pas non plus à décevoir les gens. Et il lui apparaît qu’il ne saurait être autre chose que déçu. C’était insupportable à imaginer.

Le regard inquisiteur de Roz lae pousse à tourner la tête vers le côté. Iel est sur le point de se dégonfler entièrement, raconter une toute autre histoire, commenter un objet jamais vu auparavant, mais quand iel plonge les mains dans les poches de son blouson pour imiter sa nonchalance légendaire, la main droite bute contre la boîte de médicaments vide. Alors après un soupir qui lui coûte beaucoup, iel s’empare de l’étui et le montre timidement au Cortes. “J’ai trouvé ça dans les affaires de mon père.”
Mais dans ses mains, la boîte vite n’évoque rien sans contexte. “Y avait du Red dedans.” Son ton n’est pas accusateur mais simplement défait. Iel avait beau tourné et retourné l’histoire dans sa tête, rien ne faisait sens. Son père ? Un mutant ?
“C’est vide.” Iel ajoute en tendant l’étui vers lui, puis regarde ses sneakers sans trop savoir quelle sentence lui tomberait dessus une fois qu’iel ferait la confession terrible. Iel ne veut pas voir le jugement s’amasser dans le regard de son aîné. Mais pire que le jugement, iel ne veut pas y lire de la pitié. La connerie est faite. Iel a besoin de solution. Pourtant, les mots meurent encore au bord de ses lèvres. A la place, son esprit improvise une question qui décentre l’attention d’ellui pour la placer sur l’homme devant elle. “T’es au courant de quelque chose ?”

ft. @Rosendo Cortes

Le café est là ; il trempe les lèvres dedans, se prend une première rasade qui lui tabasse assez la glotte pour parvenir à se remettre debout. Le regard reste ancré dans l'autre, à la recherche de ce qui ne va pas ; et parce qu'iels vivent dans l'Underapple, les réponses sont terriblement multiples. Alors le vert de ses prunelles s'accroche au mieux à ce qui ne ressemble plus qu'à une silhouette, à cet instant ; plus même l'adelphe de coeur ; juste un petit truc de rien du tout qui voudrait cesser de déranger.

Et ça plaît pas à Roz ; parce qu'il aime le tout, qu'il veut pas d'une silhouette mais de Cid.

Mais reste patient ; et cache la moindre de ses émotions, quand enfin l'objet du délit est exposé ; aïe. La boîte, le Red ; et Cid qui sait. Cid qui reste quand même une silhouette ; y'a quelque chose encore à gratter ; foi de grand frère. "Oui. Je sais même tout." Qu'il avoue, sans fard ; Cid n'est pas un·e gosse ; Cid a dépassé l'âge où on peut encore lui mentir au nom de son propre bien.

Le père noël n'existe pas ; et Rosendo sait tout.
Ou presque ; pourquoi tu sembles si minuscule ?

Il reprend une gorgée de café, fixant encore l'autre et son air penaud. "Comment t'as su, qu'il y avait eu du Red dedans ?" Relève un peu le menton ; la tasse est reposée sur la table, alors qu'il laisse son pouce en caresser la hanse. Faut qu'il sache ; parce que Ruben n'avait pas appelé pour le lui dire ; qu'il n'avait plus de Red ; peut-être bien qu'il a trouvé mieux ailleurs ; Roz sait bien que c'est impossible. "Je ne te jugerais pas, si t'as fouillé. Mais dis moi la vérité." Il doit savoir ; Cid est-iel plus au courant qu'iel ne le laisse entendre ?

Roz s'était toujours dit que pour les interros surprise, il fallait feindre de ne rien savoir ; mais il ne peut pas faire le coup à Cid.

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“Oui. Je sais même tout.” Cid darde deux prunelles arrondies par la surprise sur l’homme, ne pensait pas trouver si rapidement réponse à ses questions, ni coupable à ses suspicions. Iel déglutit, l’information a du mal à passer, ses deux figures paternelles en coalition pour cacher un tel secret. Une part d’ellui est confortée à l’idée que son père n’était pas seul à gérer sa mutation, qu’il avait quelqu’un de confiance à qui confier des choses. Ca lui donne l’espoir d’avoir la même chose, Roz en soutien, en guide, en conseiller. Iel ne se voyait pas confier ses fautes à quelqu’un d’autre, ses frères de sang l’engueuleraient, sa mère en pleurerait et ses ami.e.s, personne ne prendrait la mesure de ce qui se jouait.
Alors le Cortes était tout désigné, boussole morale improvisée malgré les contradictions. Oui, c’était un criminel, un trafiquant, mais dans l’Underapple c’était un qualificatif normal pour le voisinage. Leur existence entière était hors la loi pour la surface. Ils ne fonctionnaient pas avec les même paramètres de valeur.

Cid rumine encore la décision de tout lui avouer, mais iel est pris.e de court par le sens de déduction infaillible de l’aîné. Iel se mord la lèvre inférieure, s’en veut de sa gaffe commise et cherche une excuse rapide. “J’ai paniqué, j’ai tout jeté.” Le mensonge précipité lae fait bafouiller et iel a les joues rouge d’embarras, comme un enfant pris en faute. C’est le cas.
Son avant-bras droit commence à démanger, iel gratte inconsciemment, révélant la peau griffée à de nombreuses reprises pour tuer la sensation qui chatouille juste sous l’épiderme. Un filet de sueur commence à perler sur ses tempes et son estomac plombé menace de se retourner et de lae faire vomir les quelques gorgées de café d’un coup. Cid n’a pas le mensonge facile, mais c’est plus que la culpabilité qui perturbe son corps, c’est la sensation de manque qui commence à creuser ses muscles. La même sensation qui l’a précipité sur le pas de la porte de Roz.

“Non… en fait.. J’ai tout pris.” Iel cache de ses mains l’expression apeurée qui se dessine sur son visage. Les mots sont sortis et avec, la réalisation de ce qui s’est vraiment passé. Iel a pris du Red et iel est en train de muter et la décision la plus radicale d’une vie a été prise sur un coup de colère. Sa mère avait raison quand elle disait qu’iel devait grandir une bonne fois pour toute et que son impulsivité infantile serait sa perte. “Je sais pas pourquoi j’ai fait ça. Je… J’étais en colère et je comprenais plus rien et avant que je m’en rende compte, j’avais mis une capsule dans la bouche et voilà…” Et voilà. Sa voix craque sous le poids de la confession. Tout est maintenant entre les mains de Rosendo, qui porte décidément le titre de gardien des secrets des Lopez.


ft. @Rosendo Cortes

Iel a tout jeté ; et étrangement, il ne sait pas s'il doit lae croire ; Rosendo ignore ce qui sera la vérité dans cette histoire, parce que pour quelqu'un qui a tout jeté... Cid a un trouble que le Cortes ne sait identifier tout de suite ; mais il y a anguille sous roche... Et voici que le mystère se délit presque aussi vite qu'il a pu apparaître... Et si Rosendo s'attendait à tout, ce n'était pas la réponse qu'il pensait recevoir tout de même. Ses sourcils se lèvent, la surprise se lit réellement ; Cid lui avait tout fait, à son sens (et c'est normal, il est le grand frère !), mais pour le coup c'est nouveau, ça. Très nouveau même ; et il l'observe toujours plus, cherche à comprendre ce qu'il a pu se passer... Mais une nouvelle fois, Cid offre la réponse.

Et ça fait lumière, soudainement. "Et maintenant c'est vide." Ses doigts se frottent à la tasse, recherche de la chaleur. "Et à présent, tu es en manque." Tout s'explique ; la nervosité, la façon dont Cid semble tressauter par moments, sa façon de parler aussi. Il sait, Rosendo, parce qu'il en vend, parce qu'il sait très bien ce que ça fait aux gens qui en prennent ; ils deviennent des mutants, certes, mais ils sont aussi accros à cette saloperie ; et pour ça aussi que Rosendo acceptait d'en vendre encore à ses plus proches clients, pour ne pas les laisser finir avec de la merde, parce qu'incapable d'arrêter.

Un regard sur Cid, avant de soupirer un peu. "Je ne le ferais qu'une fois, d'accord ?" Et il siffle ; Loona arrive immédiatement à ses côtés et il peut glisser une main le long de son flanc, à la recherche de quelque chose ; après un bref instant, il parvient à extraire une des mêmes capsules qu'iel avait pu avaler ; lui montre alors, coincée entre deux doigts ; observe Cid, avant de la tendre vers ellui sans pour autant relâcher la pression dessus. "Je te la donne pour t'éviter le manque et qu'on puisse discuter." Regard soutenu ; ne force plus l'appui ; c'est possible de la prendre désormais.

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tw: consommation de drogue, mention d'addiction

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Ca gratte. Sous la peau et sous la boîte crânienne. Mille pensées fourmillent mais Cid est incapable d’en attraper une au passage et d’y coller un sens. Et puis d’un coup tout se stoppe. Iel voit rouge.
Roz tient entre ses doigts la petite capsule qui hante déjà les nuits. La dépendance était timide au départ, mais il semblait que plus iel s’accommodait aux effets secondaires du Red, plus iel en réclamait. Et maintenant il y avait peu de choses qui la préoccupait plus.

Cid ne s’attarde pas trop sur l’expression de son vis-à-vis. Iel craint d’y voir la déception tant redoutée et iel ne pourrait pas vraiment lui en vouloir. Sa main se tend vers celle de l’aîné et il y dépose la capsule. Iel persiste à ne pas le regarder. Quelque chose remue en iel, la certitude que la réaction de Rosendo était celle que son père aurait eu s’il était toujours en bonne santé. Les deux hommes se ressemblaient énormément, et c’était sûrement pour ça que Cid atterrissait toujours entre les pattes du Cortes. Iel se garde bien de lui faire la remarque pour autant, parce que c’était malvenu pour iel comme pour lui.
“Merci.” Iel déglutit en observant les reflets subtiles de la capsule dans sa main. Cid se détourne légèrement pour l’avaler et enchaîne avec une gorgée de café, le combo délétère. Et maintenant y avait plus qu’à attendre une vingtaine de minutes avant que les douleurs ne transpercent son corps par vague.

Le silence est épais, il ne dure que quelques secondes mais dans l’esprit Cid, ça ressemble à une éternité, une éternité durant laquelle iel ne peut pas fuir Rosendo. Après une inspiration profonde, iel finit par lever les yeux vers lui, l’appréhension lui mange le visage. “Tu peux me passer un savon si tu veux, fais-moi tous les sermons du monde, vraiment je le mérite. Mais…” Iel se mord légèrement la lèvre face à l’énième faveur. Jusqu’où la grandeur d’âme de l’homme ira-t-elle ? “... est-ce que tu peux garder ça entre nous ? Si maman l’apprend…” Elle serait dévastée. Et elle n’a pas besoin de ça, pas besoin d’un.e enfant qui lui cause des soucis et lui creuse plus de rides.
Marisol a déjà les reins cassés et le dos douloureux, elle a déjà trop de tristesse dans les yeux et elle fait un piètre travail de le cacher au monde. Cid se refuse d’être une épine de plus dans le coeur de sa mère.


ft. @Rosendo Cortes

TW : mention d'homophobie familial, drogue et addiction.

Léger signe de tête, au remerciement ; c'est sûr que Roz aurait préféré que ce soit pour autre chose ; mais ce matin-là sera ponctué par l'image du Red qui glisse dans la main de Cid. Celle de Rosendo vient s'écraser dans le poil de l'animal cybernétique, caressant sa fourrure dans un geste délicat et simple ; légèrement teinté de l'inquiétude qu'il ressent, pour Cid ; lui laisse l'intimité nécessaire, avant de relever le nez vers ellui quand la parole est reprise.

Et Roz comprend encore ; cette peur de décevoir ; la même qu'il avait ressenti quand sa famille est arrivée à New Blossom, qu'il a alors quitté la personne ou partageait sa vie pour que son père n'en apprenne rien, de cette histoire. Oui, il comprend ; simplement pas à la même échelle. "Je ne dirais rien. Je te le promets." Peut-être vient-il de prendre la mauvaise décision ; mais Rosendo sait depuis longtemps les confidences à ne pas trahir ; tant que Cid ne voudra pas être aidé·e, ça ne sert à rien d'essayer pour ellui.

Une inspiration ; et la main de Rosendo quitte Loona, pour trouver un bout de bras à Cid, pour avoir un contact avec ; l'établir, pour inciter les yeux à revenir vers les siens. "Je ne te gronderais pas. Je ne te ferais aucun sermon non plus. Mais on discuter, Cid." Ça semble important ; le Red, c'est quand même quelque chose ; c'est vicieux et ça accroche les gens, sans aucune mesure ; il l'a bien assez constaté. "... Tu as faim ? Je peux nous préparer quelque chose, le temps que tu te sentes mieux." Il sait que la vague d'adrénaline viendra un peu après la prise ; le sentiment de puissance aussi ; autant mettre à profit le temps avant.

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Cid accepte tout. Le contact réconfortant, les promesses douces et sa sollicitude qui transpire à travers ses mots. Iel y entend l’acceptation des excuses qu’iel a l’impression d’avoir prononcé en silence. En famille, il y a beaucoup de choses qui se font dans l’indicible. On s’aime souvent sans avoir besoin de le dire, surtout dans sa famille à iel. Des petits gestes, des attentions pour rendre la vie des autres plus facile et surtout des services et de la nourriture. C’est pour ça que les Cortes et les Lopez ont aussi bien fusionné, ils parlent tous la même langue.
Cid a besoin de plus. C’est pour ça que, sans qu’iel ne puisse vraiment freiner son impulsion, iel tire le bras de Rosendo vers elle et se plonge contre lui pour l’emprisonner dans une étreinte. Elle serre autant qu’elle peut, ferme les yeux et lui transmet juste une infinité de remerciements à travers l’embrassade. Iel ne peut s’empêcher encore une fois de faire ce lien, de se dire que dans l’attention qu’il lui démontre, sa gentillesse et sa sagesse, iel retrouve l’écho de son propre père.

Ce genre de démonstration est rare pour iel, éternel.le ado qui rejette souvent les gestes trop invasifs de sa famille. C’est pour ça qu’iel ne s’éternise pas non plus, surtout quand dans sa poitrine commence à naître un sanglot qu’iel étouffe immédiatement.
Iel renifle bruyamment, essuie ses yeux perlés de larmes du revers de sa manche puis le laisse aller. Un pas en arrière, comme si de rien n’était, iel plante ses mains dans les poches de son sweat et souffle. “Je crève la dalle.” Iel est parti.e avant d’avoir attrapé de quoi manger, ce qui ne manquerait pas d’affoler sa mère parce que Cid ne rate jamais une occasion de dévorer les arepas de la veille. “Je peux t’aider à faire quelque chose ?”


ft. @Rosendo Cortes

Il s'attendait à de la peur ; mais c'est de l'amour qui surgit, tout contre lui. C'est simple, fort, beau, presque trop fugace ; quelques secondes à peine ? Peut-être plus, Rosendo ne sait pas ; il était trop occupé à rendre cette éteinte qu'il n'osait espérer. C'est que si Cid était déjà en colère contre son père, iel devrait l'être aussi contre lui. Mais non ; peut-être est-ce ce lien si fort entre elleux qui agit d'abord ? Rosendo ne se pose pas plus de question, embrasse le côté de cette tête qui a trouvé refuge contre lui ; et libère lae jeune adulte quand iel a besoin de respirer

Il ne saurait être en colère contre Cid.
Peut-être que la réciproque est vraie.

Finalement l'aveu tombe ; et le Cortes s'en retrouve à juste sourire face à celui-ci. "Huevos rancheros ?" Qu'il propose, Roro habitué qu'il avait été d'en faire à Lucero quand elle était encore petite et qu'il devait s'en occuper. "J'ai pas tout, mais ça fera largement l'affaire." Il s'avance dans la partie cuisine, vient à se laver les mains. "Bien sûr ! Les tomates. Faut les laver et les découper." Cid connait sans doute déjà très bien la recette ; mais Roz oublie parfois ce genre de détails.

Il se lance alors dans le tour ; est définitivement bien réveillé ; et a vraiment faim de son côté aussi. "Et le reste ? Ça se passe comment ?" En dehors de la colère et du Red ; même si... " D'ailleurs... C'est quoi ta mutation, du coup ?" Ben quoi ?! Il est curieux, Roz ; et ça sert à rien de le mettre sous le tapis ; le sujet va ressurgir très vite.

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Cid hoche la tête avec enthousiasme à la proposition de petit déjeuner et son estomac s’ajoute à la conversation pour témoigner de son appétit. Petit à petit, l’appréhension fond et iel reprend les voies de l’habitude, l’aisance tranquille d’être en milieu familier et surtout bienveillant.
Iel s’empare des tomates, se fait une place sur le plan de travail et commence le travail de préparation, guidé.e par un savoir faire familial et par un automatisme que ses muscles ont enregistré. Les gestes experts font un sort aux tomates et iel mesure les réponses à apporter à la question de Roz. Le reste ? Papa ne va toujours pas mieux. Maman vieillit plus vite à tout gérer seule. Quant à Alberto et Salvador, ils sont dépassés, une famille chacun sous le bras, ne savent pas concilier avec l’impact émotionnel de la possible perte du père. On deal pas très bien avec les émotions dans la famille.

Mais heureusement, Rosendo aborde un autre sujet qui laisse à Cid un sourire distrait sur les lèvres. Iel a à peine commencé à vraiment explorer les possibilités de ses nouvelles capacités maintenant que la période d’adaptation s’estompait et iel s’émerveillait chaque jour de ce que son corps était capable de reproduire. Iel n’avait pas encore tenté de le mettre en mot, ce qui apportait une certaine hésitation dans ses propos.
“C’est une dinguerie.” Iel commence, l’excitation gagnant ses muscles. Et ses mots se précipitent enfin. “En gros, je peux regarder n’importe quoi et le reproduire. Enfin pas vraiment n’importe quoi, mais genre si je vois une scène de combat à la télé, bah c’est comme si mon corps l’enregistrait et après je peux le refaire à l’identique.”
C’est plus fort qu’iel, pour illustrer ses mots, iel se met en position de garde pour rigoler avant de reprendre son travail de découpage. “Bon, j’ai pas encore la même force pour taper, mais j’ai la gestu tu vois. Faut juste que j’aille à la salle pour pousser un peu tout ça.” Iel se débarrasse de son blouser pour bander ses muscles et dévoiler une ligne déjà athlétique.

Un petit sourire en coin se dessine quand iel se rappelle tout de même le rôle improvisé de grand frère que Rosendo endosse. Et aucun grand frère ne veut imaginer sa fratrie en danger. “Évidemment, je ne m’en sers pas pour me battre, promis juré. J’apprends que des chorés sur argo. Qui sait, demain je serai backup dancer d’une super star.” Le ton est un brin moqueur, mais on ne saurait dire vraiment envers qui. Sûrement contre iel. “Tu veux une démo ?”



ft. @Rosendo Cortes

Y'a cette envie de retrouver un peu d'elleux ; de ce bout de famille qu'ils forment, sans le sang qui va avec, mais d'avec tout le coeur en revanche. Et parce que Rosendo veut protéger Cid, malgré tout, parce que c'est un pan de son coeur qui est devant lui, il veut reprendre un peu de leur normalité. Veut lui présenter cet appartement comme éternellement une safe place, malgré toutes les erreurs qu'il fait lui-même ; l'une se situe sans doute dans le fait de ne pas l'engueuler. Mais il n'est pas son père, pas sa mère ; pas son rôle. Cid fait son chemin et il peut juste l'accompagner ; mais si iel chûte, alors au moins Rosendo pourra lae rattraper.

Parce qu'il sera toujours là pour sa famille.

Et parce qu'il ne souhaite pas mettre le sujet de côté, il demande ; veut savoir ce que Cid a pu avoir, à cette grande loterie des mutations. Alors il écoute en relevant les yeux vers ellui quand la pose est prise, souriant un peu. Son enthousiasme lui fait du bien, parce qu'il avait eu le coeur fendu de l'avoir vu·e plus tôt ainsi au plus bas. "Oooh !" Qu'il exclame, face aux muscles naissants ; le sourire est taquin, l'exclamation aussi sans doute... Mais réellement, Rosendo préfère largement ça. Mais au fond, sans doute qu'une part de lui préfère savoir Cid capable de se défendre seul·e plutôt que le contraire ; alors qu'iel apprenne, ça lui va bien ; Georgie ne peut pas toujours être là, après tout.

Mais une démo... Une démo lui dirait bien, tiens. "Oh, carrément !" Et y'a un regard sur les alentours, avant de siffler Loona. "Tu veux quoi, comme musique pour t'accompagner ?" Le cyberpet attend patiemment de recevoir son ordre - quoique elle vient frotter son museau contre la cuisse de son maître, dans l'attente - et le titre choisie lui sera donné pour bientôt venir faire vibrer tout l'appartement. "Allez, montre moi ça !" Il en arrête même de cuisiner, se concentre sur Cid ; comme l'éternel grand frère toujours fier de ses adelphes, même quand il ne s'agissait que d'un dessin dont les couleurs dépassaient largement les contours.

Quelle importance ?

Cid est là ; Cid est vivant·e ; Cid brille.
Pour rien au monde, il voudrait d'un autre dessin.

Sourire sur la face ; se tente à comprendre ce qui lui fait face. "Tu peux improviser, ou tu suis exactement ce que tu as vu ?" Il veut apprendre ; que Cid sache qu'iel n'a rien besoin de lui cacher ; se dit, innocemment ou peut-être trop naïvement, que ça lui offrira toujours un refuge au moins.

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“Eh ! Je plaisantais !” Mais iel rigole de bon coeur quand même, parce que ça fait du bien d’être accepté.e. Rosendo a toujours fait ça : lae voir et l’accepter. Il n’a jamais remis en question son identité, n’a jamais été paternaliste, ne lae jugeait jamais, il était son safe space de bien des façons.
Et puis, iel ne disait jamais non à un moment de légèreté, c’était sa marque de fabrique. Sa décontraction était à toute épreuve, même quand le monde s’écroulait, iel contenait toutes ses réactions à l’intérieur. Marisol détestait ça. Sunday aussi, un jour sur deux.
“Ok ok, je capitule.” Iel lève les mains au ciel, un sourire espiègle aux lèvres puis demande au cybermon de passer un vieux morceau de hip hop. “Alors, je sais pas exactement comment ça fonctionne, mais en gros, je regarde une vidéo, ou même quelqu’un dans la vraie vie, et l’enchaînement de geste s’enregistre genre dans un coin de ma tête et quand j’y repense, les gestes me viennent automatiquement, genre comme si mon corps le faisait automatiquement, tu vois ?”

Iel s’apprête à montrer quelques pas de danse avant de penser à un meilleur moyen d’illustrer. “Attends, j’ai une meilleure idée. Loona, cherche le hashtag chorégraphie sur Argo et projette une des vidéos au hasard.” Une fois la commande confirmée par son maître, le cybermon s'exécute et projette un clip vidéo que Cid étudie attentivement. Déjà iel sent les mécanismes de sa mutation enregistrer chaque geste, décortiquer les mouvements et les imprimer dans sa mémoire automatique. Une fois que la vidéo a fini de jouer, iel se déplace de sorte de tourner le dos à la projection tout en restant bien en vue de Roz. L’ordre est donné de rejouer le contenu et ses muscles se contractent sans qu’iel n’ait à réfléchir et reproduisent sans efforts chaque pas comme si iel s’était entraîné.e longtemps sur la chorégraphie.
Iel fait mine ensuite de saluer son public après sa démonstration, l’air satisfait jusqu’à ce que son expression se crispe. Le red commence à faire effet. La douleur lui prend le bas du dos, d’abord puis se répand lentement dans ses jambes et iel tente du mieux qu’elle peut de chasser l’inconfort. “Pas mal hein ?” Ce n’est pas parce qu’iel peut tout dire à Roz qu’iel apprécie qu’il la voit dans son pire état.


ft. @Rosendo Cortes

Pas de plaisanterie, ici !

Rosendo veut voir, veut apprendre ; s'impose, parce qu'il est aussi cette allure du grand-frère qui veut être tout fier de son adelphe et c'est l'occasion ! Alors il claque des mains, pour donner un rythme au hasard - et surtout pour encourager. "Ok, je veux voir maintenant !" Qu'il dit en souriant, juste pour finir de convaincre (ou de faire comprendre que c'est foutu définitivement) (il est curieux) (c'est pas tous les jours qu'on peut découvrir des mutations) (sauf quand on vend du red) (merde) (il est con) ; et se pose à présent, laissant Cid faire. Confirmation donnée à Loona qui ne met pas long à trouver quelque chose et le faire apparaître le clip sur un écran de l'appartement.

Rosendo étant un danseur dans l'âme, il regarde, curieux.
Parce qu'il peut deviner à quel point c'est compliqué ou non.

Il devrait regarder plusieurs fois, faire des premiers essais, apprendre la choré au fur et à mesure. Mais Cid se lance directement et c'est exactement la même, qui passe en boucle derrière iel (enfin une fois, du coup) et Rosendo a un peu d'étoiles dans les yeux. Parce que c'est carrément cool et qu'il jalouse presque Cid ! Même si Rosendo ne regrette pas de rester juste humain, sait qu'il a ses propres atouts pour être efficace comme humain. "Bravoooo !" Le dit à la française, en applaudissant. "T'as mérité ton petit-déj. Pose toi, je le prépare seul !" Se doute-t-il de la montée de Red ? Sans doute, après plus de sept ans à en vendre.  Ou bien, c'est qu'il ne sait pas les retombées de la mutation de Cid.

Toujours est-il que Roz se remet à cuisiner.

Les gestes ont le mérite d'être rapide, au moins. "Du coup, ça marche avec la cuisine et tout j'imagine... Faut regarder Gordon Ramsay faire !" Se marre, d'avec sa référence de vieux quand même - même s'il dirait bien d'éviter les Hell's Kitchen tout de même. "Et est-ce que..." Il s'arrête dans sa phrase, soudainement. "Non, oublie. Je vais pas te harceler de questions, ça doit être chiant." Se lance dans la cuisson rapidement, ne s'arrêtant pas pendant qu'iels parlent. "Parle moi du reste, autrement." Plus vague, on meurt. "Comment va la vie, mi cielo ?" Roz se tente à des surnoms plus neutre ; c'est qu'aux dernières nouvelles, Cid avait l'air de tirer vers ceux-là cette semaine. Alors, hop ! "En dehors du Red, l'addiction et le fait que va falloir en parler plus profondément plus tard, bien entendu." Ils n'auront pas le choix, au bout d'un moment.

Mais ils peuvent d'abord manger.

desperado

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I must be lost in my regrets, I must be down, I must be stressed. I've got like thirteen years of age that I ain't still got off my chest. It must be so much more to life if I had diamonds and baguettes. I must be stupid, fucking shady, must be down, I must be stressed. ♫

Le propre des bons moments, c’est qu’ils finissent toujours par s’évanouir. C’est la promesse que leur fait le temps, tout effacer, ne laisser que des miettes de souvenir. Cid gardera ce bref moment longtemps dans sa mémoire, quelques minutes de sa vie où iel n’a pas besoin de faire semblant ni de mentir, deux choses dont iel a d’ordinaire horreur mais qui s’inscrivent désormais comme nécessité dans son quotidien.
La douleur se niche dans le bas de son dos, rampe dans ses membres pour tout ravager, un filet de sueur perle sur sa tempe mais iel peut le faire passer sur le dos de l’effort. Iel se cache à nouveau derrière sa façade de fausse décontraction - à l’intérieur c’est la panique. “Ca marche aussi avec le lancer de couteau, mais bizarrement maman est pas impressionnée.” Heureusement, iel peut toujours compter sur son esprit toujours vif quand il s’agit de transformer la plus sinistre des expériences en boutade. Marisol dit qu’elle ne comprend pas cette génération qui ne prend rien au sérieux, elle qui a depuis son enfance un air grave bien trop adulte.

“Le reste…” Qu’est-ce qu’il y a à dire du reste ? Son père est toujours dans un état végétatif, iel doit apprendre à faire tourner le restaurant à sa place, sa famille est empêtrée dans un tissu de mensonges. Roz le lui rappelle presque immédiatement, mentionne le Red, l’addiction, le fait qu’il ne compte pas lae laisser s’en tirer aussi facilement. Son rôle de grand frère honoraire implique également un rappel à l’ordre.
“C’est bizarre parce que j’ai l’impression que tout change autour de moi, mon corps change aussi, mais moi j’ai pas l’impression de changer.” Iel pensait que mis.e face au sérieux du monde, iel aurait enfin les réponses à tout, saurait tout faire comme il faut, comme on lui avait promis autrefois. Qu’iel comprendrait mieux quand iel aurait un certain âge, et c’est vrai, un quart de siècle ce n’est pas grand chose mais on s’attendait tout de même à ce qu’iel fasse tout comme un adulte. Mais plus les choses vont, moins iel comprend. “Je pensais que j’aurais enfin eu la lucidité et les réponses à tout ce que je comprends pas mais je commence à croire qu’en fait tout le monde fait semblant de comprendre mais n’en mène pas large.”
Ses yeux s’égarent autour d’eux, sur l’appartement, sur Loona, sur le reste de leur monde en ruine par la fenêtre. Il est tôt et pourtant la nuit les recouvre, parce qu’ils n’ont droit à rien d’autre. “Toi, est-ce que tu sais ce que tu fais ? Tout le temps ?” Iel ne sait pas quelle réponse lae rassurerait. Rosendo a l’air toujours maître de toute situation, iel ne serait pas contre qu’il gère celle-ci, qu’il lui dise quoi faire : continuer le Red ou arrêter, le dire à sa mère ou le cacher…


ft. @Rosendo Cortes

La conversation s'entame ; et y'a un besoin de l'entendre s'exprimer, de lui délivrer ses pensées ; voir vers quoi ces pensées l'amène et ce qu'iel va lui partager. Et bien assez vite, la réponse tombe ; parce que Cid cherche après des réponses, celle qu'on dit universelle du moins. Mais sans doute que la plus proche de celle-ci est en train d'être donnée par l'intéressé·e même. Alors Roz l'observe, pendant ce temps, a cette moue via un mouvement de tête qui semble dire que, oui, c'est bien ça. Alors quand la question lui est posé, il ne peut que souffler un bref rire tant ça lui semble drôle. "La moitié du temps, je dirais." Qu'il débute, honnête. "Mais même quand tu sais ce que tu souhaites faire, la vie s'arrange toujours pour te foutre en l'air tes projets." Encore plus honnête. "Mais quant aux changements, aux prises de consciences, à toutes ces choses-là... Je ne suis pas sûr qu'il y avait vraiment un âge pour ça. Tu peux grandir sur des choses très complexes comme parfois ne jamais évoluer sur d'autres." Il se tait, un instant.

De longues secondes, même.

Son regard s'évade durant ce temps, avant de revenir à Cid ; l'aveu sur les bord des lèvres. "Tu peux réaliser à dix-huit piges que t'es gay et toujours pas réussir à l'assumer à quarante-cinq." Il sent son coeur battre la chamade jusqu'à dans ses tempes ; mais s'il ne se donne pas l'air que ça l'atteint de dire ça à haute voix, ça peut être un non sujet. "Savoir ce qu'on fait ne veut pas forcément dire maîtriser... Et l'inverse est vrai aussi, j'imagine. Au final, ça dépend juste de soi-même. Est-ce que tu te sens mal ? Si non, alors pourquoi vouloir changer ?" Trop de philosophie alors qu'il vient à servir les assiettes qu'il pouvait préparer - et il avait assurément pas assez dormi ni assez bu de café pour ça. "Et peut-être bien que ça vient du fait que tu as déjà dû grandir plus vite que les autres, mi cielo." C'est toujours plus compliqué, quand l'Underapple est son foyer. "Ne te force pas à être plus adulte encore." Haussement d'épaules. "Crois-en un grand enfant qui joue à l'adulte quand c'est nécessaire." Et il pose les assiettes, s'assoie ensuite.

desperado

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I must be lost in my regrets, I must be down, I must be stressed. I've got like thirteen years of age that I ain't still got off my chest. It must be so much more to life if I had diamonds and baguettes. I must be stupid, fucking shady, must be down, I must be stressed. ♫

Cid soupire, à la fois de soulagement et de lassitude.
Iel ne savait pas quelle réponse aurait été préférable. Mais au moins, iel n’avait plus à attendre le déclic magique qui aurait irrigué son cerveau avec de la sagesse et du savoir. Iel aurait cette incertitude avec iel pour toujours, cette impression de ne pas avoir sa place dans le même train de vie que les autres qui sont déjà à dix étapes avant iel, et iel pouvait donc l’accepter entièrement. Personne ne sait ce qu’il fait.

La confession de Roz accroche toute son attention et son regard se pose sur son aîné avec intensité, la bouche arrondie, non pas de choc, mais de surprise d’entendre ces mots à voix haute. Iel s’en doutait depuis longtemps, à force de le voir s’agiter inconfortablement dès que Marisol essayait de lui présenter une femme. Mais c’était ce genre de secret qu’iel gardait tacitement, jusqu’à ce que la personne soit prête à le dire, à le formuler. A en croire ses mots, il n’avait jamais osé, pas parce qu’il craignait la réaction de ses proches, mais plutôt parce que lui-même n’avait pas entièrement assimilé cette part de son identité.
Cid peut comprendre. Il lui avait fallu du temps aussi, pour faire passer le message et ses frères avaient plus de mal à lae genrer correctement et iel ne leur en voulait pas trop parce que c’était tout une partie d’iel qu’iel découvrait encore.

Pris.e d’une vague d’émotion qu’iel ne parvient pas à identifier, iel se lève et fait le tour de l’îlot de la cuisine jusqu’à lui et ne lui laisse pas le temps de se redresser, iel se colle à son dos et l’entoure de ses bras et pose sa joue contre son épaule et reste là, à serrer avec force. Y a des larmes qui s’accumulent et menacent de couler le long de ses joues mais iel ne bouge pas, ne dit rien, prend juste une profonde inspiration de l’étreinte affectueuse avant de le lâche et d’aller reprendre sa place face à son assiette. Toujours sans un mot. Ca fait partie des mauvaises habitudes de leur famille, où on se dit qu’on s’aime de mille façons mais jamais en prononçant les mots.
Cid s’empare de la fourchette et s’attaque au plat. Malgré l’inconfort, les douleurs et la fatigue, son estomac creuse et hurle et iel mange donc avec appétit. “C’est trop bon.” Puis après quelques bouchées, iel lève un regard timide vers son grand frère, qui ne l’est pas vraiment, mais l’est quand même. “Tu veux en parler ?” Il n’y a pas de raison pour Cid ne soit pas une plus une voix de réconfort pour les autres.


ft. @Rosendo Cortes

TW : mention de LGBTphobie.

Une étreinte ; qui surprend un peu ; il ne s'attendait pas à ça ; s'attendait à rien, même. Il se sentait juste d'évoquer ça, rapidement, comme si ce n'était pas si important que ça. Mais pourtant ça l'est ; en témoigne l'émotion qui fait se taire les gens ; mais pas les coeurs. Alors doucement, il lève une main pour la poser par-dessus un avant-bras de Cid ; et lui frotter, doucement, dans ce signe d'affection simple. Même que Roz ferme un peu les yeux ; profite de l'instant ; et dès qu'il se termine, il revient à la réalité, offre cet éternel bout de sourire qu'il offre aux adelphes, pour leur dire que ça va aller.

Qu'il veillera toujours sur elleux.

Le repas débute ; et on pourrait pas croire que y'a même pas une heure, il était en train de dormir. Que y'en a pas trois, il était encore debout. Quoique, le reste de café dans lequel il remettrait bien une tasse est une preuve comme une autre. Mais il mange avec appétit, comme si réfléchir l'avait ouverte ; et relève les yeux du repas, à la question de Cid. Cherche une réponse, en lui-même ; qu'aurait-il à raconter, après tout ? "Il n'y a pas grand-chose à en dire, tu sais." Le calme, alors qu'il vient à terminer son café, enfin. "Quand on a quitté le Mexique, c'était..." Il cherche ses mots. "Un grand déchirement, forcément." Il était jeune, Rosendo ; s'imaginait vite y repartir ; mais finalement, les USA l'ont avalé. "Mais je me souviens... Tu sais, de comment c'était. Comment étaient perçus les personnes... Comme nous, on va dire." Souffle de rire ; un peu triste, ceci dit. "Je sais que ça a changé. Je sais que maintenant, il doit y avoir moins de problème à y être gay ou quoi..." Et ça pue le mais ; celui qui tranche et blesse ; celui qui marche toute une vie. "Juste que ça reste en moi." Haussement d'épaules, encore. "Je porterais toujours cette espèce de... Honte. Mais avec de la chance, si nous les aînés la gardons pour nous, vous n'aurez jamais à en souffrir." Il y croit, en tout cas ; et Roz n'est jamais jaloux de celleux qui sont libres et qui expriment haut et fort qui iels sont.

C'est juste qu'il est incapable de le faire, de son côté.
Restera alors, aux yeux de tout le monde, l'éternel célibataire.

desperado

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Iel écoute révérencieusement un récit du passé, un souvenir que Roz convoque et dont iel n’a aucune idée. Cid n’a jamais été au Mexique, iel ne connaît ce pays que dans ce que sa mère lui dit et ce que les autres immigrés racontent avec une vague de nostalgie. L’Underapple n’a jamais été un grand modèle de tolérance non plus, mais c’était comme si, dans les ruines d’une société dont les règles n’ont plus de sens sans les murs qui l’ont formée, tout ce qui était différent n’était plus qu’un sujet secondaire. Il y a eu quelques sourcils levés quand iel a commencé à s’exprimer sur son identité, mais ça ne remuait pas plus que ça, parce que les gens ici bas avaient bien d’aures problèmes.
Néanmoins, iel peut comprendre la difficulté que c’est pour son aîné, pour tous les aînés, qui portent encore les stigmates de cet ancien monde. “Je comprends. C’est clairement pas évident pour tout le monde de s'ouvrir. Chacun vit ça à sa façon.” Iel en tout cas vit comme iel l’entend, parce qu’iel se voyait certainement pas cacher sa relation avec Sin, et cette dernière n’aurait d’ailleurs jamais accepté d’être un secret.

“Ca explique pourquoi aucune des nanas que maman te présentait ne convenait.” La déclaration est ponctuée d’un rire complice, une forme de connivence poussée au plus haut niveau. Maintenant, leur secret est entre les mains de l’autre. Et pourtant, ça viendrait jamais à l’esprit de Cid de l’utiliser contre Rosendo, iel garde cette confession précieusement entre ses mains comme on tient un bébé oiseau, avec délicatesse et émerveillement. Et puis il y a ce soulagement profond aussi de se dire : je suis pas seul.e. Et tant qu’iel aurait Roz, iel ne le serait jamais.
“Elle a pas encore lâché l’affaire d’ailleurs.” Marisol avait réussi à caser ses deux fils, elle ne désespérait pas de jouer l’entremetteuse une dernière fois pour son ami. Ces derniers mois, elle avait calmé le jeu à cause des circonstances, elle était concentrée sur son mari et sa famille plus que jamais, mais il viendrait peut-être un jour où les choses reprendraient un cours normal et alors elle reprendrait son projet. “Est-ce que du coup tu as quelqu’un ?” Il y a un sourire dans la question, mais iel se contient du mieux qu’iel peut.

ft. @Rosendo Cortes

Acquiesce ; oui, chacun vit comme iel l'entend. Rosendo a choisi le secret, parce qu'aussi ça l'arrange, que toute sa vie en est devenu un dans le fond. Il ne peut partager certaines choses qu'avec des gens précis ; et quand bien même il l'aime l'Arcana de tout son coeur, c'est parfois pesant de tout garder ainsi au fond de lui. Peut-être est-ce aussi simplement l'âge qui s'installe, cette fatigue propre aux gens qui en ont trop vu, qui ont eu les lèvres cousues entre elles toute leur vie. Ca pourrait être tout un ensemble, oui.

Il préfère penser à autre chose.

Rire de la réflexion de Cid. "Elle a presque réussie à m'avoir, une fois !" Pas du tout, mais il aime bien se dire que oui, comme un échappatoire qu'on offre à soi-même, ponctué d'un peu de déni encore fois ; mais il suffit de le voir là pour savoir qu'il n'en est rien, qu'il est bien plus heureux en étant amoureux des hommes ; à offrir enfin un peu de sa propre vérité à Cid. C'est qu'à jouer sans arrêt au grand frère, il oublie parfois d'être juste... Humain, aussi. De rire aux éclats des bêtises qu'iels peuvent faire, parfois ; des anecdotes qu'il pourrait raconter à Cid, des échecs amoureux qui ont été parfois drôles... Et de cette amie qui veut encore et toujours le caser ! "Je vais finir par lui dire que j'ai une fiancée qui m'attend au Mexique, je crois." Les possibilités que ce soit réellement le cas sont très maigres... Mais en même temps, pas si impossible - internet, les rencontre arrangées, les agences matrimoniales, tout ça...

Pour autant, il balaie d'une main l'air environnant, face à la question de Cid. "Oula, non !" Il fait le malin à cet instant, sans savoir que quelques mois plus tard, tout allait changer pour lui sur ce point. "J'ai pas le temps pour ces conneries." Parce que l'Arcana, parce que toutes ses familles de coeur, parce que Lucero ! Puis faut passer du temps à la bodega, et puis au restaurant, et puis... "En plus, qui voudrait d'un mec dans sa vie, hein ?" C'est chiant, ça a de l'égo (et ça, Rosendo en connaît un sacré rayon !), ça demande de l'attention et en plus ça peut laisser ses chaussettes traîner à des endroits où elles ne devraient pas l'être. "Loona prend déjà toute la place dans le lit, c'est suffisant." Le cyberpet, entendant son nom, relève le museau et avise son humain ; et après une hésitation proprement féline, se lève pour venir frotter sa tête contre Rosendo, qui passe alors un bras autour d'elle pour flatter une touffe de poils, dans un sourire rempli de tendresse.

C'est qu'il l'aime, sa bestiole cybernétique.

desperado

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"Je vais finir par lui dire que j'ai une fiancée qui m'attend au Mexique, je crois." Petit sourire de connivence et de compréhension de Cid qui ne peut tout de même pas s’empêcher de pousser la blague encore plus loin. “Tu crois qu’elle n’a pas des cousines de partout pour vérifier ?” Et c’est vrai que Marisol a une famille étendue qui est restée au pays à qui elle téléphone souvent pour raconter la vie de tous ses enfants alors même qu’aucun des gamins Lopez n’a rencontré la moindre tante. Cid n’en voudra cependant jamais à sa mère de chercher de la compagnie auprès d’eux, c’est qu’il n’en reste plus beaucoup dans leur foyer depuis que son père…

"En plus, qui voudrait d'un mec dans sa vie, hein ? - Preach!" Iel claironne, comme si iel n’était pas un.e enfant à papa entouré.e de représentation masculine. Iel argumenterait que c’est précisément le fait d’avoir deux frères aînés qui l’a convaincu de ne plus jamais donner d’attention à une homme. Et puis, iel a trouvé l’amour de sa vie, la plus belle fille au monde, plus attachante, la plus drôle et surtout celle qui la challenge tous les jours que le seigneur fait. Il faut être un monstre de patience pour pouvoir vivre avec Sunday.
“Tu sais tant que t’es heureux dans ton quotidien. Je pense que c’est de ça que maman s’inquiète, que tu te sentes seul.” Comme elle se sent seule depuis que Ruben est dans son état et que ses enfants ont tant grandi qu’ils ont maintenant des enfants eux-mêmes. “Mais je lui dis tout le temps que tu peux pas te sentir seul avec moi dans les pattes.” Clin d’oeil appuyé de cellui qui a toujours cherché à copier les faits et gestes de son aîné depuis qu’iel sait marcher. C’est peut-être pour ça que sa mutation a pris un tel chemin, parce qu’iel a toujours observé et reproduit, casse-cou en s’inspirant de la témérité de ses frères. “Mais si tu lui dis une bonne fois pour toute que t’es pas intéressé, je pense qu’elle le prendra pas mal. Et moi je ferai en sorte de lui trouver un nouveau projet matchmaking.”  Travail d’équipe. Iel lui doit bien ça, pour mieux faire passer la pilule du Red. Littéralement.


ft. @Rosendo Cortes

Aaargh, comment avait-il pu oublier ce détail ?! Rosendo soupire avec force, parce que visiblement il ne s'en sortira jamais. "Bon, engager donc quelqu'un pour faire ma fausse fiancée..." Et puis ça le fait rire, parce que ça serait franchement pas fameux, qu'il serait sans doute absolument pas crédible LUI dans le rôle, à pas savoir quoi faire d'avec une femme à ses côtés - déjà qu'il saurait pas quoi faire d'avec un mec face à Marisol. Alors autant ne rien faire ! Et le fait que Cid confirme le tout le fait d'autant plus rire, l'amusant comme le gosse qu'il sait être parfois.

Mais les conversations d'adulte se réinvitent parfois ; et il sourit à l'entendre lui dire qu'il suffit juste de dire qu'il est heureux ; est-ce qu'il l'est ? Oui, bien sûr ; sa vie est au mieux de ce qu'elle pourrait être et ne pas y avoir l'amour invité dedans ne le dérange pas tant ; il a parfois des amants et ça lui va, à Rosendo ; évite les sentiments et ces choses-là. Mais la réponse de Cid à cette inquiétude lui fait relever la tête et exclamer un "Ah, ça !" franc ; mais qui, d'avec ce sourire qu'il affiche, semble bien assez parlant pour dire qu'il plaisante... En partie. "En combo avec Lucero, vous êtes redoutables pour le grand frère que je suis." Mais il les aiment plus que tout au monde ; la famille, toujours, avant tout.

Toujours.

L'idée de repasser un temps avec les deux lui plaît. "Il faudra que tu sois là pour voir ça, alors." Bah ouais, sinon, comment être sûr qu'elle lâchera bel et bien l'affaire ?! "Prochain repas de famille, si elle tente encore, on s'y met à deux pour que le pitbull lâche sa proie." Cela lui semble être une bonne affaire. "Et toi, alors ?" Qu'il interroge finalement, en juste retour des choses. "Avec Sunday... Toujours pas ta copine ou ça y est, la phase de déni est arrêté ?" Taquin, assurément ; mais en même temps, ils sont tous à attendre ce moment de l'officialisation "T'es ma telenovela à moi, en vrai. J'attends toujours le nouveau rebondissement chaque semaine !" Ok, il exagère un peu ; rien qu'un tout petit peu ; mais Cid est dans ce bel âge où iel a tout à découvrir et tout à faire, jusqu'à se trouver entièrement.