all my demons greeting me as a friend (FREYJA)

“And once the storm is over, you won’t remember how you made it through, how you managed to survive. You won’t even be sure, whether the storm is really over. But one thing is certain. When you come out of the storm, you won’t be the same person who walked in. That’s what this storm’s all about.” @Freyja Olsen  

Fondamentalement, Astra n’aimait pas New Blossom. La ville était trop bruyante, trop peuplée, trop artificielle… Mais idéale pour s’y cacher. Se fondre dans la masse, disparaître, brouiller les pistes. À tort ou à raison, elle trouvait ça plus simple. Peut-être parce que malgré toute la technologie du monde, il n’était pas aussi évident que ça de contrôler des millions de personnes. Surtout quand ces derniers connaissaient les points à éviter et les techniques pour n’être qu’une goutte d’eau dans un océan d’individu. Le monde s’était modernisé et avec lui, les techniques de dissimulation. Astra était devenue reine de cet exercice. Parfois c’était facile, parfois moins, mais il y avait toujours un moyen de disparaître. Rien n’y personne n’était complètement infaillible, peu importait ce que les compagnies pouvaient prétendre. La plupart de tout ça, ce n’était que de la poudre aux yeux. L’efficacité des moyens de contrôle de la population dépendait des technologies autant que de l’influence, pour ne pas dire la peur, sur les gens. Les gouvernements comme les corporations l’avaient bien compris. L’humanité était sur une pente glissante, et Astra n’avait aucunement l’intention de la dévaler. C’était une façon de penser à mi-chemin entre l’instinct de préservation et l’arrogance, elle en avait conscience. Après tout, ses petites aventures avaient bien failli s’arrêter brutalement, il y avait quelques semaines de ça. Si Eirik n’avait pas eu un sursaut de conscience, elle aurait sans doute fini avec une balle dans le crâne et personne n’aurait jamais su ce qui lui était arrivé. Rien que d’y songer à nouveau, elle en avait des frissons. Et pourtant, elle continuait à faire comme si de rien n’était. Comme s’il ne s’était rien passé, comme si elle n’avait pas frôlé la mort. Comme si elle allait bien. Ça rendait Eirik fou. Parce qu’elle n’allait pas bien, il suffisait de la connaître un peu pour le réaliser. Mais Astra continuait de nier de manière terriblement obstinée que cet épisode avait réveillé tous les traumatismes accumulés et muselés les uns après les autres. Elle préférait faire ce qu’elle savait faire de mieux : endosser une nouvelle personnalité, jouer la comédie et tout balayer sous le tapis.

Les talons de ses escarpins claquaient sur le bitume alors qu’elle fendait la foule avec détermination, droite et fière, comme si la rue lui appartenait. Les gens s’écartaient naturellement sur son chemin, inconsciemment influencés par cet air qu’elle se donnait. Ça lui arrachait toujours un petit sourire. S’ils savaient… S’ils savaient, oui, qu’elle n’était qu’une excellente comédienne qui avait fini par se prendre à son propre jeu. Pour quelqu’un dont la tête avait sans doute été mise à prix, elle avait l’air remarquablement détendue. Probablement parce qu’elle vivait dans un état constant de vigilance depuis ses huit ans et qu’elle ne se souvenait pas avoir été réellement détendue depuis cet âge-là. Son apparente désinvolture trompait bien son monde, c’était tout. Et à force, elle avait fini par s’habituer par la présence perpétuelle d’angoisses, elle était sur ses gardes par défaut. Un peu à la manière d’une proie ; mais il valait mieux qu’Astra ne s’attarde pas trop sur cette comparaison. Il ne fallait surtout pas risquer de fissurer l’armure derrière laquelle elle se protégeait. Elle n’était pas sûre de savoir qui elle était réellement derrière tout ça, pas sûre non plus de vouloir le découvrir. Non, elle avait trop soigneusement façonné son personnage pour laisser entrevoir quoi que ce soit – qui que ce soit ¬– d’autre. Eirik en avait eu un aperçu, mais Astra avait eu vite fait de se reprendre. S’il y avait bien une chose qu’elle ne supportait pas, c’était de ne pas avoir le contrôle sur la situation, sur sa vie. Tout devait être minutieusement organisé par ses soins, un point c’est tout.

Large sourire étirant ses lèvres peintes de rouge, Astra pousse la porte du Tales of Time. Ce n’était pas souvent qu’elle mettait les pieds dans une librairie. Il fallait dire que son train de vie ne lui permettait pas d’accorder beaucoup de temps à la littérature, bien qu’elle ne soit pas contre la lecture d’un bon classique au bord d’une plage, accompagné d’un cocktail… Pourquoi avait-elle choisi New Blossom comme première destination de sa nouvelle fuite, déjà ? Un petit soupir lui échappe ; elle lance un discret regard autour d’elle, par chance la boutique est vide. Prenant un livre au hasard sur une petite pile, elle en lit distraitement le résumé en attendant que la propriétaire des lieux apparaisse. Elle repose l’ouvrage, et sans perdre la moindre seconde en politesses, glisse une main dans son sac et en sort une petite pochette en velours, qu’elle lance à la jeune femme qui lui fait face. « Ding ding. Avec un peu de retard, joyeux anniversaire. » C’était tout à fait son genre. Lancer à Freyja, avec l’idée évidente qu’elle les rattraperait, une dizaine de diamants intraçables, dont la valeur totale s’élevait à environ un demi-million de dollars. À moins que ce ne soit plus ? Elle n’en était pas certaine. En tout cas, ce n’était pas moins. « Navrée pour le retard, j’ai eu un petit imprévu. » Avec le gouvernement britannique, aurait-elle pu ajouter. Ça viendrait peut-être plus tard dans la conversation, si Freyja posait la question. Astra n’était pas du genre à se confier facilement, même à ses rares amis. Elle était plutôt avare de détails. « J’ai pris toutes les précautions nécessaires, bla bla bla… Tu me connais. Tu ne devrais pas avoir de mal à les revendre à très bon prix. » Astra était toujours désinvolte, elle parlait de ces choses-là comme de la pluie et du beau temps. Et changeait de sujet tout aussi facilement ; pour éviter de parler d’elle, aussi. « Comment vont les enfants ? J’ai l’impression que ça fait une éternité que je ne les ai pas vus. Non, attends… Ça fait une éternité. Et toi, alors ? Désolée, je n’ai pas été la meilleure des amies, ces derniers temps. »

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“And once the storm is over, you won’t remember how you made it through, how you managed to survive. You won’t even be sure, whether the storm is really over. But one thing is certain. When you come out of the storm, you won’t be the same person who walked in. That’s what this storm’s all about.”  @Astra Stark   

Le soleil n'est pas encore levé quand Freyja quitte son appartement pour rejoindre son petit commerce. Ses yeux scrutant sans cesse à droite et à gauche, elle vérifie que personne n'est présent dans la rue déserte et ne la voit s'engouffrer dans la petite impasse derrière la librairie. Elle guette toujours le moindre bruit, alors qu'elle insère la clé de la boutique dans la porte arrière de celle-ci, et sans un bruit supplémentaire, elle pénètre dans celle-ci. Un regard à sa montre lui indique qu'elle a encore quelques minutes avant l'arrivée de son rendez-vous des plus matinal. Un mercenaire qui a l'habitude de passer par la librairie quand il a besoin de papiers, d'armes ou de tout autre chose nécessaire à sa nouvelle mission, toujours à l'aube. Fidèle client et surtout très bon payeur, la Olsen et ses camarades acceptent toujours de lui ouvrir leur porte aux aurores, dans la plus grande discrétion. Et il arrive à l'heure prévu, comme toujours. Pas une minute en retard, ni une minute en avance. Pile quand la brune a terminé d'allumer les ordinateurs de l'arrière boutique secrète, cachée derrière une fausse porte de bibliothèque, où la mercenaire et ses compères travaillent. En moins de cinq minutes, Freyja est payée, et son client repart ravi avec une petite mallette contenant sa commande. Puis, de la même manière qu'il est arrivé, il repart. Sans un bruit. De derrière sa vitrine toujours abaissée, Frey' l'observe jusqu'à ce qu'il disparaisse de son champ de vision, et ce n'est qu'alors qu'elle va se servir un café. Le premier de la journée.

Les heures qui suivent défilent. Tic et Tac s'occupent des commandes de leurs clients mystérieux dès leur arrivée, et Freyja de la librairie. Parce qu'il faut bien garder les illusions. Surtout quand il y a des clients pour les livres que vendent officiellement les trois femmes. Et aujourd'hui, les clients défilent pendant plusieurs heures, achetant et commandant des livres en tout genre, ne laissant que peu de repos aux propriétaires qui rapidement échangent leur place selon les besoins à l'arrière. Et puis, les choses se calment avec l'arrivée de l'après-midi dans la librairie. Les clients disparaissent et très peu pénètrent dans la boutique à la recherche de livres. De retour derrière le comptoir, Freyja s'occupe donc en préparant une future commande, tout en échangeant par messages avec son fils. Celui-ci la supplie de le laisser aller à une soirée avec des amis dans l'Underapple. Ce dont elle n'est pas franchement pour la Olsen. Merci son côté mère-poule. Mais son aîné négocie avec ardeur, si bien que la brune se retrouve à céder, en demandant en échange de services. Un deal accepté par les deux parties, au moment même où la clochette de la porte de la librairie tinte et résonne, accompagnée par un bruit de talon qui claque sur le parquet.

Relevant la tête, Freyja quitte le bureau dans lequel elle a trouvé refuge, loin des regards. Doucement, elle rejoint son comptoir, un sourire sur les lèvres, comme de coutume, pour la personne qui vient d'entrer. Rapidement, les iris de Frey' croisent celles du nouveau client. Ou plutôt cliente. Un visage qu'elle reconnaît immédiatement, son sourire de façade cédant la place à un sourire sincère et ravie. Astra, sa meilleure amie, vient de faire son entrée. Un moment que la brune ne l'a pas vu. Et voilà que celle-ci fait son apparition, sans prévenir. Reposant le livre qu'elle feuillette, elle se tourne vers la mercenaire pour lui lancer quelque chose. Un sachet de velours que Freyja rattrape au vol, malgré sa surprise.

- Salut toi !

Lâche-t-elle tout en levant le bras pour récupérer au vol le sachet qui tinte d'un joli bruit. Un cadeau d'anniversaire selon les dires de son amie. Un paiement aussi pour la dernière commande passée auprès de la mercenaire.

- Merci.

Un sourire se dessine sur ses lèvres, alors qu'elle caresse avec délicatesse le velours, intriguée par ce qu'il contient, bien que là, comme ça, elle partirait sur des pierres précieuses. Ce qui ne serait pas étonnant non plus en guise de paiement de la part d'Astra. Néanmoins, avant de regarder à l'intérieur, Frey' relève la tête, intriguée par la confidence de la brune. Elle lève vers elle un sourcil interrogateur.

- Un imprévu ? Rien de grave j'espère ?

Un imprévu qui expliquerait le temps écoulé depuis la dernière fois que les deux amies se sont vues ? Très certainement. En tout cas, au premier coup d'oeil, As' n'a pas l'air blessée ou avoir eu de blessures récemment. Une observation de plusieurs secondes, avant qu'elle ne revienne au sachet pour l'ouvrir avec délicatesse et regarder à l'intérieur. Les diamants au fond de celui-ci brillaient de milles feux, et ce malgré la faible luminosité. Un long sifflement lui échappe malgré elle, alors qu'elle relève la tête vers son amie qui lui assure qu'ils sont intraçables. La connaissant, elle n'en doute pas un instant.

- Oui je te connais. Et comme tu me connais, je te fais confiance. En tout cas, joli pactole que tu m'offres là. Bien plus que ce que tu me dois.

A vue d'oeil, selon elle, il y en a pour plusieurs millions de dollars.  En tout cas pour bien plus que ce que lui doit, enfin devait Astra.

- J'ai droit de connaître leur origine, ou... c'est secret ?

Elle sourit avec complicité à la brune, un clin d'oeil accompagnant sa question. Bien sûr, elle n'en saura certainement rien, et ça ne la dérange pas le moins du monde. Mais si elle peut obtenir une petite information... elle ne dira pas non, même si elle se doute que la conversation va rapidement dévier. Et c'est bien ce qu'il se passe, Astra venant prendre des nouvelles de la famille Olsen. Un nouveau sourire se dessine sur les lèvres de la libraire.

- Je confirme, ça fait une éternité que tu ne les ai pas vu. Ca fait une éternité qu'on ne t'a pas vu dans le coin à vrai dire, mais sache que tout le monde va bien. Mon fils veut de plus en plus son indépendance, tout comme ma deuxième, c'est l'adolescence qui veut ça. Quant à Robin, eh bien, elle va très bien et je n'ai pas envie qu'elle grandisse plus.

Un soupir franchit ses lèvres un instant, alors qu'elle repense à ses deux adolescents qui lui mène la vie dure. Mais au moins, elle sait qu'ils vivent la vie qu'ils souhaitent. Et qu'ils sont heureux. Tout l'opposé de sa propre adolescence.

- Quant à moi, ça va très bien. Et toi alors ? Tu sais, tu n'as pas à t'être excusée pour avoir disparu durant un temps. Je sais que c'est pour le travail, donc bon... Je ne t'en veux pas le moins du monde. Surtout que tu es revenue en vie, c'est le plus important. Il faudra que tu viennes dîner à l'occasion.

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“And once the storm is over, you won’t remember how you made it through, how you managed to survive. You won’t even be sure, whether the storm is really over. But one thing is certain. When you come out of the storm, you won’t be the same person who walked in. That’s what this storm’s all about.” @Freyja Olsen  

Astra était douée pour prétendre que tout allait bien, pour prétendre que tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Balayer ses traumatismes sous le tapis, elle le faisait depuis qu’elle avait huit ans. Il n’y avait donc rien de bien étonnant à ce qu’elle soit tout sourire dans la librairie. L’art de la dissimulation, du mensonge, c’était devenu une seconde nature chez elle. Ça n’avait rien à voir avec Freyja et la confiance qu’elle lui accordait. Elle était juste comme ça. Même Eirik peinait à lui faire admettre quoi que ce soit, alors qu’il n’y avait personne en qui elle avait plus foi. C’était simplement ainsi qu’elle se protégeait et les vieilles habitudes ont la vie dure. Alors à la question de Freyja, elle se contenta de hausser les épaules avec une désinvolture presque scandaleuse. « Rien de grave, non, tout va bien. » Le mensonge était prononcé naturellement, sans arrière-pensée. Astra n’était pas sûre d’avoir envie de parler de ce qui lui était arrivé, de ce qui aurait pu lui arriver. Elle voulait mettre cette histoire derrière elle, ne plus y penser. Plus facile à dire qu’à faire, quand la plupart de ses nuits étaient peuplées de cauchemars tous plus terribles les uns que les autres, et que ses angoisses la saisissaient par la gorge quand elle s’y attendait le moins. Un frisson la traversa, mais elle fit mine de l’ignorer. Ignorer ses émotions et les signaux d’alarme lancés par son corps, elle savait très bien le faire aussi. Toute excuse était bonne pour ne pas penser à la pente dangereuse sur laquelle elle glissait un peu plus chaque jour. « Honnêtement ? Je les ai volés à un bel enfoiré qui avait bâti son empire sur les ruines de l’après-guerre. Ils ne lui manqueront pas. » Et quand bien même ça aurait été le cas, Astra n’en aurait pas eu grand-chose à faire. Sans prétendre avoir des ambitions dignes de Robin des Bois, elle volait principalement ceux qui, selon sa petite morale bancale, le méritaient.

« Je t’admire, vraiment. Je te l’ai déjà dit, mais trois enfants à notre âge, dont deux adolescents… Ça, c’est quelque chose que je ne pourrais pas faire. » Elle le croyait, en tout cas. La vie de famille, ce n’était pas compatible avec la vie qu’elle avait décidé de mener. Parfois, quand elle se surprenait à y songer, ça la rendait triste. Il lui arrivait d’avoir envie de mettre tout ça derrière elle, de se poser quelque part et d’y construire quelque chose… Et puis, la réalité la rattrapait. Elle ne pouvait pas se permettre de rêver de ce genre de choses. Il y avait trop de squelettes dans son placard, elle avait pris trop de risques. Elle en voulait, mais elle n’aurait probablement jamais d’enfants… Il valait mieux qu’elle évite d’y penser. Parce que si elle commençait à y penser, elle penserait aussi à Eirik et elle, à ce qu’ils étaient, à ce qu’ils pourraient être… C’était prendre le risque de laisser son esprit vagabonder un peu trop loin et ça, c’était hors de question. Pour le moment. « Pour le travail, oui… J’aime ta façon de voir les choses. » Astra étouffa un petit rire. Ce qu’elle faisait, pouvait-on réellement appeler ça un travail ? Pas sûr que les autorités soient d’accord sur ce point. « Je vais sans doute rouvrir la galerie que j’ai en ville. J’ai envie de me poser un peu. » Ce n’était qu’une partie de la vérité. Elle avait certes envie de reprendre son souffle, mais surtout besoin de régler certaines affaires. Reprendre un vieil alias, vivre un semblant de vie normale… Ça durerait le temps que ça durerait, jusqu’au moment inévitable où elle remettrait les pieds dans le plat.

Comme si elle était chez elle – ce qui était un peu le cas, sans doute – elle s’installe sur l’une des chaises installées dans la librairie, pour les curieux qui auraient besoin de lire quelques pages avant de se décider sur un ouvrage. Une invitation à dîner ? Pourquoi pas. Un petit sourire malicieux étira ses lèvres avant qu’elle ne réponde. « Je peux venir accompagnée ? » Qu’elle le veuille ou non, ses pensées la ramenaient toujours à Eirik. Si ça, ce n’était pas un signe… Un signe qu’elle déciderait d’ignorer royalement, alors même qu’elle en faisait un sujet de conversation. Astra se nourrissait de paradoxes, ce n’était pas nouveau. « Il se pourrait bien que j’ai ramené quelqu’un dans mes valises, cette fois. Mais ne t’emballe pas,  c’est juste un ami. » Sacré mensonge que celui-là. Même elle n’y croyait pas.

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“And once the storm is over, you won’t remember how you made it through, how you managed to survive. You won’t even be sure, whether the storm is really over. But one thing is certain. When you come out of the storm, you won’t be the same person who walked in. That’s what this storm’s all about.”  @Astra Stark   

L'arrivée d'Astra donne naissance à un grand sourire sincère sur les lèvres de Freyja. Voire sa meilleure amie débarquer à l'improviste à la librairie lui fait un bien fou. Et la soulage aussi car elle n'avait pas eu de ses nouvelles depuis un moment maintenant, et avec As' elle ne sait jamais si c'est bon signe ou non. Astra qui est venue avec un cadeau d'anniversaire pour la mercenaire. Cadeau mais également un moyen de paiement, et vu le son que fait le sachet, la brune comprend qu'il s'agit certainement de pierres précieuses. Mais avant de regarder à l'intérieur du sachet de velours, Frey’ s'inquiète de ce qui a bien pu arriver à son amie pendant son absence. Sauf qu'elle n'obtient qu'une réponse laconique astra. Comme toujours. Et cela donne le sourire à Freyja, comme toujours. Elle est bien tentée d'en demander plus, d'interroger sa meilleure amie, mais elle sait qu'elle n'obtiendra aucune réponse, en tout cas, pas tant qu’Astra n’aura pas décidé de parler.

- Comme toujours.

Un clin d'œil rapide à son ami pour lui montrer qu'elle a compris que c'est un mensonge, tout en l’observant de la tête aux pieds, la détaillant pour vérifier qu’elle n’a pas été blessée. Mais rien, pour son plus grand soulagement. Alors là jeune femme se décide d'ouvrir délicatement le sachet de velours, pour y découvrir de magnifiques et somptueux diamants. Des diamants brillants de 1000 feux. Des diamants valant une fortune, elle le sait, rien qu'en les regardant. Alors un long sifflement s'échappe de ses lèvres tout en refermant le petit sac. Mieux vaut les cacher au plus vite, on ne sait jamais ce qui peut arriver. Néanmoins, elle qui pose bien peu de questions en temps normal, ne peut s'empêcher de demander si elle peut au moins connaître l'origine de ces pierres précieuses. Et La réponse qu'elle reçoit la fait rire pendant quelques instants. Personne ne réclamera ces diamants.

- Parfait ! Je ne suis pas du genre à culpabiliser d’ordinaire sur tes larcins qui me payent, mais alors là, je ne vais jamais culpabiliser.  

Elle va se remplir les poches et profiter à la place. Peut-être s'offrir un petit peu de vacances avec ses enfants, ou faire plaisir à chacun d'eux. Elle leur demandera d'ici quelques jours, lors de leur dîner hebdomadaire en famille. Ses enfants, les amours de sa vie aujourd'hui. Des marmots qu'Astra n'a pas vu depuis un moment, puisque ça fait un moment qu'elle n'a pas été vue dans les parages, ce que la mercenaire souligne en souriant, adressant au passage un clin d'oeil à sa meilleure amie. Alors, la brune lui donne quelques nouvelles de ces trois gosses. De son fils qui veut être de plus en plus sa liberté, comme sa fille. Deux adolescents quoi. Deux ados qui vivent dans l'une des villes les plus modernes du monde actuel. Autant dire que ce n'est pas facile tous les jours, pourtant, pour rien au monde, Freyja voudrait que cela change.

-  Admirer, carrément ?

Répond en rien la Olsen en secouant la tête suites aux paroles d'Astra. Un court instant d'amusement, avant qu'elle ne reprenne la parole.

- Mais c'est vrai que j'ai eu très tôt mes deux premiers enfants, et qu'aujourd'hui, je préférerai ne pas avoir à me battre avec des adolescents. Mais bon, c'est comme ça. Et en même temps, je ne changerai cela pour rien au monde ! Complexe comme raisonnement, n'est ce pas ?

Le raisonnement d'une mère en sommes, qui certains jours aimerait bien laisser sa cape de maman de côté pour se soulager. Car la vie de famille et son métier de mercenaire, ce n'est pas toujours évident à mener de front. Bien qu'elle doit reconnaître qu'elle gère plutôt bien le tout ses derniers temps, ce qui lui permet d'aller bien. Très bien même. Ce qu'elle affirme sans hésiter à Astra, avant de prendre de ses nouvelles à elle, affirmant également que son amie n'a pas à s'excuser d'avoir disparu. C'était pour le travail après tout. Enfin, c'est ce qu'elle pense, mais les nouveaux mots de la brune en face d'elle l'intrigue. Elle plisse les yeux, interrogative. Astra et son travail. Son monde. Mystérieux et rempli de questions. Et les questions se font encore plus nombreuses quand la Stark vient annoncer qu'elle va sans doute rouvrir sa galerie en ville et se poser. Astra, se poser. Alors ça, c'est de la nouvelle. Elle ouvre deux grands yeux ronds en l'entendant Frey'.

- Tu te réinstalles en ville ?

La question lui échappe, et elle se mord rapidement la lèvre inférieure quelques secondes.

- J'avoue que l'idée me réjouit et me plaît, et en même temps, ça me surprend, je vais être honnête.  

Et pourtant elle n'est qu'au début de sa surprise. Car à son invitation à dîner, Astra répond d'une façon plus qu'inattendue. Peut-elle venir accompagnée ? La question est posée avec décontraction et calme, mais surprend Freyja, qui ouvre à nouveau deux grands yeux ronds, et ses lèvres forment un "Oh" muet. De nombreuses interrogations la traversent, à commencer par: As' est-elle en couple ? Et avec qui ? Et depuis quand ? Un échantillon de ce qui la taraude. Mais tandis qu'elle s'emballe silencieusement son amie vient la calmer en deux phrases. C'est juste un ami. Mouais... La mercenaire reste sceptique, ce qu'elle ne cache pas.

-  Juste un ami, hein ? Vraiment ?

Un ami qu'elle veut amener à un dîner chez la Olsen, avec les enfants de cette dernière. Ca ressemble plus à une forme de présentation qu'autre chose. Et en même temps, Astra qui s'attache à un homme, ce n'est pas une chose qu'elle a vraiment vu. En tout cas, elle a toujours de nombreuses questions.

- Et je peux te demander où tu l'as rencontré, cet ami ? Ainsi que son prénom ? Ou c'est secret ?

Elle intensifie la prononciation du mot "ami" pour bien montrer sa suspicion à ce sujet, un sourire amusé sur les lèvres qui l'accompagne longuement.

-  En tout cas, je suis heureuse pour toi.


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Il arrivait encore qu’Astra se demande, dans un élan d’optimisme et naïveté mêlés, si elle aurait un jour le droit à un semblant de normalité dans sa vie. Si elle pourrait se contenter de tenir sa galerie d’art, si elle aurait une famille digne de ce nom, un endroit qui serait véritablement chez elle et ne serait pas seulement un point d’ancrage temporaire. Elle en rêvait, se berçait de douces illusions, et puis la réalité la ramenait à sa situation. Il y avait bien peu de chances pour qu’elle retrouve un quotidien ordinaire. Ses rêves et son futur étaient partis en fumée quand elle avait huit ans et plutôt que d’essayer de s’en construire d’autres, elle avait fait un autre choix une fois la majorité atteinte. Et puis il avait été trop tard pour reculer, et surtout hors de question de retourner chez son père, honteuse et la queue entre les jambes. Ah, plutôt mourir que de devoir quoi que ce soit à cet homme-là. À bien y songer, elle ne s’en sortait pas aussi mal que ça. Les risques faisaient partie du métier qu’elle avait choisi, elle se remettrait tôt ou tard de sa mésaventure londonienne. Elle n’était plus seule, à présent. Elle n’avait pas la moindre idée de la façon dont elle était censée considérer la présence d’Eirik dans sa vie, mais elle était heureuse qu’il soit à ses côtés. Même s’il la rendait parfois folle, à être aussi protecteur qu’il l’était. Sans doute était-ce parce qu’elle avait depuis fort longtemps perdu l’habitude qu’on se soucie à ce point d’elle et confondait ça avec une espèce de tentative de la contrôler. Ce qui était pourtant à des années-lumière de la démarche de l’Anglais, elle le savait bien. Mais c’était plus fort qu’elle, envisager le côté sombre des choses était devenue comme une seconde nature, un instinct de survie vicié par le pire de la nature humaine. Mieux valait se méfier trop que pas assez, jugeait-elle.

« Non, ça a du sens. Et puis, tu sais, il vaut mieux se chamailler avec des adolescents qu’avec un père psychopathe sur les bords, crois-moi ! » Astra eut un petit rire nerveux, un brin moqueur envers elle-même. Pas une seconde il ne lui était arrivé de regretter la présence de son père. Adrian, son frère aîné, lui avait toujours manqué. Il lui était même arrivé, étrangement, de se languir de la présence de sa sœur Shani, dont les remarques étaient pourtant aussi cinglantes que son attitude à son égard. Par-dessus tout, sa mère lui manquait, ainsi que le manoir où elle avait grandi et son Angleterre natale. Son dernier passage s’était trop mal terminé pour qu’elle puisse y retourner de sitôt ; elle s’était fait une raison à ce sujet. À la question de Freyja, Astra leva les mains, comme pour lui dire de ne surtout pas s’emballer. « Disons que je vais dépoussiérer un peu mon penthouse… Et la galerie me manque. J’ai tellement d’œuvres à y exposer, c’est l’occasion… Mon alias ici n’a jamais été compromis, autant m’en servir. » Elle haussa les épaules avec un simulacre de désinvolture. Adara Mendel était toujours une jeune artiste et mécène en vogue, elle avait su alimenter son rôle pour qu’elle ne tombe pas dans l’oubli et puisse éventuellement lui sauver la mise un jour ou l’autre. Apparemment, son heure était de nouveau arrivée. Restait à voir combien de temps elle pourrait porter son costume avant d’avoir à en changer. « J’en suis la première surprise, crois-moi. Tu sais que New Blossom est loin d’être ma destination de voyage favorite… Mais la vie est pleine de rebondissements, pas vrai ? » Un euphémisme qui n’échapperait pas à Freyja, mais Astra préférerait ne pas s’attarder sur la question.

Quoique, à bien y songer, elle ne savait pas ce qu’elle redoutait le plus. Devoir lui avouer qu’elle avait été un peu trop loin et avait failli y laisser sa peau ou parler d’Eirik comme s’il n’était personne d’important pour elle. Mais évoquer son existence, sa place dans sa vie, c’était comme un aveu. Et ça, Astra ne l’avait ni remarqué ni envisagé. « Oh, wow, doucement ! C’est juste un ami, vraiment. » Et c’était dit avec tout l’aplomb du monde, comme si ses joues n’étaient pas devenues aussi rouges que le dernier blush à la mode. « Je l’ai rencontré à Londres, il y a quelques années. Je lui ai proposé de venir passer un peu de temps à New Blossom et il a accepté, c’est tout. » C’est tout. Oh, oui, rien qu’une petite cavale à deux, à fuir le gouvernement anglais et quelques mafias au bras long, rien de bien méchant ! Astra ne put qu’étouffer un rire. Elle avait beau être une menteuse hors pairs, quelque chose lui disait que Freyja ne serait pas dupe. Elle la connaissait depuis trop longtemps pour croire à ce genre de baratin là. « Eirik, il s’appelle Eirik. Ça n’a rien de secret, tu sais. Tu veux voir sa photo, aussi ? Va savoir, peut-être bien qu’il serait à ton goût ! » Parce que non, Astra n’est pas le moins du monde jalouse. Pas du tout, dirait-elle avec l’aplomb d’une gamine empêtrée dans un vilain mensonge.

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“And once the storm is over, you won’t remember how you made it through, how you managed to survive. You won’t even be sure, whether the storm is really over. But one thing is certain. When you come out of the storm, you won’t be the same person who walked in. That’s what this storm’s all about.”  @Astra Stark   

Un père psychopathe. L'allusion donne un demi-sourire à Freyja pendant une seconde. Une seconde durant laquelle elle se demande si ce terme pourrait qualifier son propre père à elle, qu'elle a fui toutes ses années, et qu'elle continue de fuir aujourd'hui. Non, il n'est pas psychopathe, enfin normalement, mais c'est un tortionnaire. Tout comme son épouse. Des monstres qui ont fait du mal à une pauvre gamine sans défense, qui ont tenté de faire d'elle une marionnette. Un long frisson dans l'échine de la brune quand elle pense à cela, avant de secouer la tête pour revenir à la conversation avec sa meilleure amie, qui connaît une partie de cette phase sombre de la vie de Frey'.

- Je confirme, il vaut mieux se chamailler avec des ados comme les miens que des parents tortionnaires. Ils ne savent pas la chance qu'ils ont, mais moi si. Et puis, même quand ils me prennent la tête, je les aime à la folie.

Parce que ce sont ses amours. La chaire de sa chaire. Ceux pour qui elle serait prête à donner sa vie, et pour qui elle devient un vrai coeur chamallow. Drôle d'image quand on voit celle que la mercenaire se donne au quotidien, et qui est à cent lieues de celle dans sa vie privée. Savoir mettre la bonne cape, au bon moment. Un art qu'elle a appris il y a des années, et qu'elle maîtrise à la perfection désormais. Bien que la surprise se lise toujours sur son visage par moment, comme en l'instant où Astra lui annonce qu'elle va se réinstaller en ville. Surprenante nouvelle. Qui fait cependant plaisir à Freyja. Un grand plaisir. Au point qu'elle s'emballe peut être un peu trop vu les mains de la brune qui se lèvent, mais c'est plus fort qu'elle. Savoir que la Stark sera là en quasi permanence la réjouit.

- Dépoussiérer. J'aime bien ce terme. En tout cas, je suis heureuse de t'entendre dire ça, et promis, je ne vais pas m'emballer. Enfin pas plus que maintenant !  

Elle sourit doucement, ne se laissant pas prendre par la désinvolture de son amie.

- Et si ton alias est un jour compromis, je m'occuperai de t'en faire un nouveau des plus solide.

Ajoute-t-elle rapidement, avec un clin d'oeil complice. Oui, elle mettrait les talents de sa petite entreprise au service d'Astra. Toujours bon à savoir.

-  Ainsi Adara va revenir pendant un temps ?

En tout cas, tout cela la réjouit, lui plaît à Freyja. Autant que cela la surprend. Car cette annonce était des plus inattendue. Après tout, la vie d'Astra est pleine de surprise, comme elle le dit. Une remarque qui fait un peu plus sourire la jeune femme. Un sourire de nouveau complice et entendu.
En tout cas, cette décision de la Stark permet à la Olsen de l'inviter à venir dîner un soir à venir. Un bon repas chez la mercenaire. Avec de la compagnie ? Cela interpelle et interroge Frey' qui ne peut s'empêcher de se montrer curieuse, de cet "ami". Un ami, vraiment ? Si elle en parle c'est qu'il est bien plus pour la jeune femme, la libraire le sait. Astra aussi le sait certainement, au fond d'elle, même si elle continue d'affirmer à haute voix que c'est un ami. Vraiment.

- Si tu le dis.

Ne peut s'empêcher de dire la Olsen, toujours en souriant, amusée. Même avec tout l'aplomb du monde, cela ne fonctionne pas sur la brune. Elle voit les joues qui se colorent doucement mais sûrement vers le rouge. En attendant, si elle peut en apprendre plus sur ce mystérieux homme qui fait battre le coeur de sa meilleure amie, elle ne va pas perdre l'occasion. Oh ça non ! Alors, elle interroge et écoute les réponses qui lui sont faites, les notant mentalement.
Rencontré à Londres. Il y a un bout de temps visiblement. Et il a accepté de venir passé du temps à New Blossom avec Astra. Comme ça. Mouais... Ce n'est pas tout, contrairement à ce qu'affirme la voleuse. Non, ce n'est pas tout. Il y a plus, sinon l'homme ne serait pas venu à New Blossom sans raison. Homme qui d'ailleurs s'appelle Eirik. En voilà une information croustillante en plus ! Et elle a même la possibilité de voir une photo de lui visiblement. Elle est prête à hocher vivement la tête, Frey', quand elle entend la suite, qui la fait rire et en même lever les yeux au ciel. Juste avant qu'elle n'entre dans le jeu de son amie.

- A mon goût ? Qui sait !

Commence-t-elle par dire, en prenant une mine interrogatrice un instant.

- Ceci dit, faudrait peut être que je vois une photo de lui pour dire si c'est le cas. Mais s'il a eu le courage de te suivre jusqu'ici, je suis sûre que je ne peux que lui plaire ! Et puis, je ne dirai pas non à un nouvel homme dans ma vie !

Ce qui est un mensonge à vrai dire. Parce qu'elle n'a pas vraiment tourné la page de Connor. Son décès est encore une plaie à vif bien présente chez Frey'. Ou en tout cas c'est ce qu'elle pense. Mais en attendant, elle veut jouer avec sa meilleure amie, et vérifier si ce qu'elle pense est réel.

- Je peux voir une photo, du coup ?


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“And once the storm is over, you won’t remember how you made it through, how you managed to survive. You won’t even be sure, whether the storm is really over. But one thing is certain. When you come out of the storm, you won’t be the same person who walked in. That’s what this storm’s all about.” @Freyja Olsen  

S’installer à New Blossom, ne serait-ce que pour quelques mois, était-ce réellement une bonne idée ? Sans doute que non ; il ne fallait pas être un génie pour le réaliser. Mais Astra était fatiguée de courir, lasse de fuir. Elle ne l’avouerait pas, mais elle était aussi frustrée qu’elle était épuisée. Et c’était sans compter sur Eirik qui n’était pas, comme elle, habituée à cette vie-là. Même s’il s’y était fait bien mieux qu’elle n’aurait pu l’imaginer, il était devenu évident qu’ils avaient tous les deux besoin de reprendre leur souffle. Et surtout, de trouver leurs marques, de construire véritablement leur… relation ? Astra ne savait pas encore comment qualifier ce qui existait entre eux. Elle évitait d’y réfléchir trop souvent et trop longtemps, à vrai dire. C’était à se demander si elle ne portait pas des œillères, mais elle aimait à se dire que c’était un problème pour un autre jour, pour l’Astra du futur. Autant dire qu’elle ne l’en remerciait pas. « Tous les alias finissent par être corrompus un jour, non ? » Elle haussa les épaules avec une désinvolture hypocrite. Elle aimait bien Astra Stark. Elle était celle qui lui ressemblait le plus, qui l’accompagnait le plus naturellement. Mais comme les autres, elle n’était pas réelle ; pas vraiment. « Avec toutes ces foutues technologies qui n’en finissent pas de se développer… Enfin, je te fais confiance. C’est ton domaine, pas le mien. » La solution la plus simple ne serait-elle pas de ressusciter Lior Rosenberg ? Peut-être. Mais peut-être qu’elle n’en avait pas envie. « Adara, oui. L’air de rien, je connais pas mal de monde en ville, ce serait un peu compliqué de prétendre être quelqu’un d’autre. Surtout quand ton ex est sur tous les panneaux publicitaires. » Astra étouffa un petit rire nerveux. Il lui arrivait encore de se demander ce qui avait bien pu lui passer par la tête quand elle s’était lancée dans une idylle avec le héros préféré de l’Amérique, le Golden Boy par excellence. À bien y réfléchir, c’était miraculeux qu’elle n’ait pas perdu sa couverture. Non pas que Theodore soit du genre à poser beaucoup de questions, mais son entourage… C’était une autre paire de manches.

À croire que les beaux blonds qui lui faisaient tourner la tête et lui causaient des ennuis étaient son genre. La conversation avait dévié vers Eirik et Astra ne pouvait s’en prendre qu’à elle-même. Elle avait tendu le bâton pour se faire battre et Freyja ne s’était pas fait prier. Astra leva les yeux au ciel, mais son sourire trahissait son amusement. Ça faisait une éternité qu’elle n’avait pas eu une conversation légère, qui plus est avec celle qu’elle considérait comme sa plus proche amie. Mais même avec elle, elle ne pouvait s’empêcher d’être un brin… jalouse, oui, jalouse, à sa remarque piquante. Freyja le faisait exprès, elle savait comment titiller Astra, qui croisa les bras sous sa poitrine et fit la moue. Tout à coup peu intéressée par l’avis que son amie pouvait avoir sur Eirik, elle consentit à lui faire une confession. « Bon, d’accord, j’ai menti. Ce n’est pas tout à fait platonique entre nous. À vrai dire, c’est même franchement compliqué. » Astra haussa les épaules. Était-elle agacée par la situation entre eux ? Absolument. Est-ce qu’elle allait dire quoi que ce soit à Eirik ? Elle préférait encore sauter depuis le haut de ce qu’il restait de l’Empire State Building. Un soupir lui échappa et elle attrapa le premier livre à portée de main. Le Problème à trois corps. « Dans le genre science-fiction déprimante… » Triste tentative de changer de sujet ? Plutôt deux fois qu’une, mais elle doutait que Freyja morde à cet hameçon-là. Astra reposa le livre et prit appui sur la table où étaient exposés des livres en vogue, juste derrière elle. « De toute évidence, on a tout un tas de choses à se raconter. Je crois qu’il va me falloir un peu de courage liquide. Tu viens boire un verre ou deux avec moi ? Je t’invite. À dîner, même. Et si t’es sage, je t’aiderai à trouver ton blond à toi. » Astra ricane, alors que lui vient une mauvaise plaisanterie. « Aux dernières nouvelles, Theodore est toujours célibataire ! » En tout cas, elle, ça la faisait rire.

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