Spiderman meme ;; Lucia

Une mauvaise habitude ; ancrée dans la peau, dans la tête, dans le coeur. Les mains qui frôlent et qui se nourrissent de cette ADN ; vole inconsciemment les données, les stock, les gardent longtemps - plus ou moins - en mémoire. Et puis, ce besoin de changer de peau, comme une douleur à force qu'il faut concrétiser en volant l'apparence d'un·e autre ; se souvenir de la personne, se souvenir du lieu, du moment ; se rappeler et être soulagé face au miroir, quand les traits qu'il déteste parfois sont enfin effacés, en lieu et place d'une autre personne dont il ne sait rien et dont il peut tout inventer.

Mais il y a eu un souci, aujourd'hui.

Un de taille ; et une pointe d'effroi se lit sur le visage de la belle qu'il dévisage, au travers du reflet ; parce que, parce que, ce n'était pas la personne qu'il avait en mémoire. Devait prendre l'apparence d'un homme d'une cinquantaine d'années au moins ; mais le voici d'avec les traits d'une jeune femme et que c'est comme si c'était en train de lui piquer la peau, comme s'il était à rejeter cette apparence du plus profond de ses tripes.

Le souci, c'est que quand il essaye d'inverser le processus malgré la fatigue de la transformation juste avant, il n'y parvient pas. Et dans le poitrail qu'il avait eu bien assez vite de rhabiller en se rendant compte de l'erreur, il sent le coeur s'agiter sous les pulsassions d'angoisse.

Pourquoi ?

Pourquoi ne parvient-il pas à inverser le processus ? La panique se fait presque plus fort encore, quand il se dit que, peut-être, plus jamais il ne pourra en changer ; s'il se déteste, Ernest ne renierait pour rien a monde son lien avec Law ; celui physique qu'ils ont, parce que même si faux jumeaux, il demeure qu'il reste sa moitié d'âme, d'une qui ne veut pas perdre si bêtement cela.

Réfléchir, il faut réfléchir.

Le vieux mutant se décide de retourner là où il sait avoir vu la personne dont il voulait prendre l'apparence ; doit, doit... Oui, le retrouver et ainsi percer le mystère de pourquoi il a pris l'apparence d'une jeune femme à la place de la sienne. Une première bonne étape, il en est persuadé.


La tignasse attachée en chignon haut, parce qu'il n'avait pas su bien quoi faire d'autre, qu'ils venaient lui masquer la vue parfois, à cause du vent qui parcoure tranquillement la ville aujourd'hui. Les rues se ressemblent toutes et en même temps non - mais l'irlandais qu'il est, de mauvaise foi, dira que si - mais il parvient à retrouver là où il avait pu frôler suffisamment l'homme pour en toucher la peau, pour que ses empreintes se nourrissent de l'ADN.

Il attend, une heure - ou deux peut-être - avant de voir un plus étrange spectacle encore que le mauvais visage, dans le miroir ; lui-même. Étrange de se voir si peu... Lui-même ? Les gestes semblent gauches, trop... Modernes, pour être les siens ; une copie parfaite, physiquement, mais qui dans l'attitude n'était pas du tout la bonne. Mais il n'était pas non plus comme celle qu'il avait su imiter à la perfection aussi, sans le vouloir.

Le puzzle semble se résoudre en bonne partie, quand il comprend enfin le pourquoi de ce comment ; qu'il saisit les deux hypothèses les plus probables, à se voir déambuler aussi...

Soit cette personne a le même type de mutation que lui.
Soit sa mutation a déconné et donné son apparence à quelqu'un d'autre.

Était-ce réellement possible, pour la seconde ?

New Blossom avait déjà su lui prouver que tout pouvait l'être, et pas de la plus agréable des manières...

Le vieux mutant se relève donc de là où il s'était assis ; et c'est d'une voix qu'il n'avait jamais entendu, aux antipodes de la sienne à vrai dire, qu'il s'entend dire les mots suivants à sa copie conforme. "Je crois qu'il faut qu'on parle, vous et moi." Dans toutes les histoires, ce genre de phrases n'était jamais bon signe.

Dans celle-ci, Ernest espère bien que si.

Spiderman Meme
TW : langage vulgaire

Spiderman - The Cartoonz

Parfois, Lucia garde les photos de ses cibles pendant des semaines avant d’en faire quoi que ce soit, d’autres fois, il lui suffit de quelques petites heures à peine. Une photo à droite, une photo à gauche. Les visages se suivent mais ne se ressemblent pas. A part quelques-uns qui reviennent, des photos qu’elle n’a pas prises mais qui semblent l’appeler. Surtout celles d’un visage en particulier. Aujourd’hui n’est pas le jour de ce visage.

Elle étale trois photos sur la table de son salon avant d’en piocher une. Un homme de cinquante ans au moins, avec des cheveux blancs et une allure innocente. Parfait pour aller récolter de l’argent innocemment. Il va faire craquer tout le monde. Alors Lucia se concentre et s’imprègne doucement de l’essence de l’homme à travers le cliché. Lorsque les fourmis familières s’estompent de ses membres, elle sait qu’elle a réussi. Mais quand elle se lève pour aller regarder son œuvre dans le miroir, elle sait qu’elle a tout foiré.

- What the fuck ?

L’homme n’est pas le bon. Il n’y a rien qui va, de la taille, aux yeux, aux cheveux. Il a l’air plus jeune aussi et apeuré, parce qu’elle l’est. Elle se rapproche jusqu’à coller son visage au miroir, touche les contours sans comprendre. Elle reprend la photo pour voir où elle s'est loupée, mais il n’y a vraiment rien du tout en commun. Alors what the fuck, vraiment ?

Frénétiquement, Lucia se concentre pendant une demi-heure sur la photo, tentant sans succès de prendre l’apparence de l’homme et pas de cet inconnu. Mais il n’y a rien à y faire. Rien ne fonctionne. Ce pouvoir qu’elle aime tellement semble déjà lui échapper. Elle est sur le point de déchirer la photo de rage quand elle voit le panneau de la rue dans un coin. Alors autant tenter le tout pour le tout.

Elle y court après avoir enfilé un pantalon noir et une chemise blanche avec son blouson de cuir. Le truc le plus passe-partout quand elle doit faire plusieurs changements dans la journée. Parce qu’elle n’arrive toujours pas à reprendre son apparence à elle non plus. Peut-être à cause d’une fatigue accumulée à trop coder la nuit, peut-être parce qu’elle ne veut pas laisser partir ce mystère qu’elle ne comprend pas, ou peut-être que c’est sa mutation qui a vraiment, vraiment, décidé de l’abandonner.

Il y a déjà quelqu’un quand elle arrive sur place. Même de loin elle la reconnait. Elle. Lucia. C’est elle, habillée de vêtements qu’elle n’aurait jamais mis, un chignon et un air aussi perdu qu’elle l’est. La sensation est étrange, horrible. C’est une chose de se voir dans un miroir, c’en est une autre de se voir en chair et en os, se voir sans se reconnaître. Et puis s’entendre.

Elle grimace quand la fausse Lucia se relève et lui parle. Ecarquille les yeux quand elle comprend qu’il y a vraiment beaucoup de choses qui ont foiré. Elle s’accroupit, se prend la tête dans les mains, qui sont désormais celles de l’inconnu, doigts sur les yeux avant de les écarter en regardant le sol pour échapper à elle-même.

- J’crois que je vais être malade.

Mais elle ne s’évanouit pas et ses entrailles ont beau se tordre dans tous les sens à cause du choc, elles restent tout de même à leur place. Alors Lucia relève la tête, se relève toute entière, acquiesce doucement, puis fronce les sourcils.

- Pourquoi vous êtes toujours… moi ?

Est-ce que lui aussi est bloqué ? Est-ce qu’ils vont devoir passer le reste de leur vie dans le corps de l’autre ? L’idée lui donne le vertige. Prendre l’apparence de gens pendant un temps limité, c’est une chose, en changer entièrement en est une autre. Elle veut retrouver les traits de sa famille, son frère et sa sœur et même ceux de Rosa.

- Et comment ? J’vous ai jamais vu, c’est pas normal.

Les derniers mots sont plus pour elle-même que pour l’autre. Lucia n’est pas certaine de savoir comment tout ça est arrivé. Mais effectivement, il va falloir en discuter. En espérant trouver rapidement une solution. Pitié, oui.

ft. @Ernest Morrow