Tonight is just us (no jodas, nosotras)

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TW : langage vulgaire, tabac

Me & My Girl(s) - Selena Gomez

L’homme lui sourit en récupérant son casque, mais Danessa est déjà en train d’allumer sa cigarette. Elle le remercie d’un mouvement de la tête et le taxi-moto repart dans le coucher de soleil. Il fait à peine nuit et il fait déjà froid. La lieutenant se réchauffe avec sa première taf. Mauvaise habitude reprise après le départ de Leta. Après une série de petites pertes aux jeux. Parce que ses coups d’un soir sont tous plus décevants les uns que les autres après celui de l’inauguration. Et parce que Wyatt a une petite copine.

Elle n’en est ni heureuse (si, elle ne se l’avoue juste qu’à moitié), ni malheureuse. Danessa a surtout du mal à se faire à l’idée et le fait de ne les avoir jamais vu ensemble n’aide pas. Mais son meilleur ami est étrangement distant dès qu’il parle d’elle. Alors Danessa commence à se demander ce qu’il pourrait y avoir de si grave la concernant pour qu’il la cache autant. Il y a forcément quelque chose. Est-ce que c’est une collègue à elle ? (elle a cherché toutes les Sloane de la NBPD : non) Est-ce que c’est une collègue à lui ? (elle a cherché toutes les Sloane de l’hôpital : elle espère que non) Est-ce qu’elle vient de sortir de prison et c’est Danessa qu’il l’y avait mise ? (ça aurait surtout été drôle, mais Danessa est quasiment certaine de n’avoir jamais arrêté de Sloane) La lieutenant a imaginé beaucoup de choses et n’a jamais rien trouvé de réellement concluant.

Au moins, Wyatt n’est pas de ces ami-es qui n’en sont plus vraiment une fois officiellement casé-es. Ils se voient toujours presque aussi souvent et, preuve en est, il l’invite à dîner. Elle s’attendait plutôt à le retrouver au bar de Merv, mais Danessa ne fera pas la fine bouche. D’autant plus que le restaurant porte fièrement des étoiles sur la devanture et elle sent le regard du majordome sur elle avant même qu’elle ne s’approche. Wyatt a mis les bouchées double.

Danessa écrase son mégot et le ramasse puis se plante devant le majordome pour qu’il lui ouvre la porte. Celui-ci ne se cache pas de la toiser de haut en bas et son regard s’attarde sur le déchet de cigarette dans sa main. Elle lève un sourcil.

- Quoi ? Vous aviez qu’à mettre des poubelles devant. Ça gâchait le paysage ?

Il ne répond pas et grimace lorsqu’elle lui tend le mégot en question pour qu’il le prenne. L’homme obtempère en lui ouvrant la porte, mais lâche un sarcastique :

- Bonne soirée, Madame.

Elle lève les yeux au ciel et s’enfonce dans le restaurant tout en lumières et hauts plafonds. Elle remarque que toustes les client.es ont l’air de vivre bien trop au-dessus de ses moyens à elle. Surtout qu’elle sort du travail et n’a pas pris le temps de se changer, à peine retoucher son maquillage. Son pantalon et sa veste en cuir, son léger haut et ses bottines noires ne se fondent absolument pas dans le paysage, cette fois.

La serveuse à l’accueil la salue avec un sourire que Danessa lui rend, en repérant son nametag.

- Bonsoir, c’est à quel nom ?

- Bonsoir. Ochoa, merci.

Le ton est mielleux, le visage tout sourire. La serveuse ne montre rien, cela dit. Mais ça ne décourage pas Danessa alors que la première hoche la tête sans même vérifier si la réservation a bien été faite. Elle le savait déjà.

- Une table pour deux, suivez-moi. Souhaitez-vous mettre votre veste au vestiaire ?

La lieutenant sourit doucement.

- Non merci, Tara. J’aurais peur d’avoir froid.

Tara sourit en retour et commence à la faire naviguer parmi les tables déjà bien remplies. C’est faux, évidemment. Danessa n’aura pas froid, mais elle ne se sépare que rarement de sa veste dans des endroits pareils. Ça cache un peu mieux le Sig-Sauer à sa hanche, tout comme les bottines cachent le Kolibri.

La jeune femme s’arrête et Danessa se retrouve obligée d’en faire autant. Pourtant, la table devant laquelle elles sont ne peut pas être la sienne. La leur.

- Ce n’est pas ma table, Tara.

Le sourire de Tara tressaute et la serveuse vérifie dans son calpin. Lorsqu’elle relève la tête, il n’y a plus aucun doute sur son visage.

- C’est bien celle-ci. Madame est arrivée avant vous.

Danessa commence à s’impatienter et ses iris s’assombrissent lorsqu’elle se tourne enfin vers la femme qui occupe déjà la table. Et qui n’est définitivement pas son meilleur ami. Elle a l’air de faire son âge et porte comme un air de déjà-vu. Est-ce qu’elle l’aurait déjà croisée ? Danessa a beau chercher dans ses souvenirs, elle n’en voit pas la trace. Elle montre l’inconnue de la main à la serveuse.

- Madame n’est pas Monsieur Ochoa.

Tara a l’air embêté, mais pas désolé.

- La table a été réservée par Monsieur Ochoa. Si vous souhaitez vous installer ailleurs, je peux voir s'il est possible de vous en préparer une autre ?

Le soupir s’échappe des lèvres de la lieutenant, qui n’accepte pourtant pas encore la proposition. Danessa se tourne à nouveau vers l’inconnue ; blonde et plus que belle. Elle hésite. Parce que Wyatt a rencontré sa Sloane lors d’un rendez-vous arrangé par un ami commun. Est-ce qu’il aurait fait la même chose ? Est-ce qu’il aurait osé ? Est-ce qu’il a eu pitié d’elle à ce point ? Danessa voit rouge à l’idée et se promet de le lui faire payer toute sa vie si c’est le cas. Mais la table est payée et l’inconnue est là et Danessa a faim.

- Donnez-nous une minute, s’il vous plait.

La serveuse ne se le fait pas dire deux fois et la lieutenant s’asseoit tranquillement. Elle aurait préféré ne pas le faire, mais l’agitation commence à attiser les regards des plus curieux.ses. Le calme revient lentement, Danessa observe la femme un instant.

- Bonsoir.

Le sourire qui s’affiche ne se cache pas d’être légèrement forcé, ni curieux.

- Alors vous connaissez Wyatt ?

C’est la seule possibilité pour qu’elle soit là, à cette table, à la place de son meilleur ami. Et Danessa adore son meilleur ami. Danessa n’adore pas les surprises. Celle-ci lui semble être bien étrange, même pour lui. Elle s’attend encore à le voir débarquer et lui dire qu’il l’attend à leur table. Ce serait dommage de laisser l’inconnue toute seule. Mais c’est pour ça que Danessa est venue. Pour le voir lui. Où est-ce qu’il est, putain ?

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Elle a pris le temps. De rentrer chez elle. D’essayer des vêtements jusqu’à choisir une jolie tenue. De se maquiller. De se coiffer. Parce que le restaurant. Parce que Wyatt. Parce que l’envie de se plaire, de lui plaire. Elle a envoyé un message à Wyatt lui disant qu’elle serait à l’heure. Parce que oui, elle a pris le temps. Vraiment. Elle a adapté son emploi du temps, s’est assurée de ne pas avoir de réunions qui s’éternisent. Elle lui a dit qu’elle avait hâte de le voir. Parce que c’était le cas. Sincèrement le cas. Alors quand elle est descendue du taxi, qu’elle a lissé sa longue jupe, qu’elle a frissonné sous le vent frais (elle n'a pas pris de veste. C'est ainsi, elle n’en prend pas pour soulager Wyatt de la sienne quand il ne manquera pas d’avoir trop chaud, parce qu'il aura forcément trop chaud), qu’elle a levé les yeux vers l’enseigne, elle souriait. Le sourire a persisté quand la serveuse l’a emmenée à la table vide. S’est légèrement estompé à mesure de l’attente. Sloane a abandonné l’idée d’observer les couples et familles alentour. Elle a sorti son téléphone. Elle a fait ce qu’elle sait le mieux faire : travailler. Travailler pour ne pas croiser les regards intrigués et curieux. Elle s’y soustrait avec toute l'assurance gagnée ces vingt dernières années. Pas prête à se laisser perturber par ces intrusions.

La concentration quitte le téléphone lorsque de l’activité s’annonce juste devant sa table. La serveuse, celle souriante et polie qui l’a accueillie, et une inconnue. Pas la bonne table. Définitivement pas la bonne table. Sloane délaisse son travail, observe cette femme au look à l’opposé de tout le reste de la clientèle, admire la liberté et l'assurance qu’il faut avoir pour se pointer ici sans se sentir obligée d’en faire trop. “Madame n’est pas Monsieur Ochoa.” Hein ? Sloane reconnaît le nom et se redresse. La serveuse en rajoute une couche. Et Sloane n’a qu’une seule pensée : le connard. Les paupières, tentent de contenir l’afflux d’émotions. Sloane n’écoute plus la conversation entre les deux femmes. Concentrée, le regard perdu, sur ce qu’il se passe à l’intérieur. Elle pourrait sentir son myocarde se disloquer. La seule chose qui le retient, c’est un infime espoir, maintenu par la confiance dont Wyatt bénéficie. Il a promis qu’il ne la lâcherait pas, qu'il ne voyait personne d’autre. Depuis longtemps. Mais ça va vite. Très vite. Les hypothèses fusent, sans avoir à forcer. Elle a son téléphone entre les mains. Ce serait si facile de l’appeler sur-le-champ et de lui demander de quoi il s’agit. Au lieu de cela, elle s’efforce d’analyser la situation. Avec un peu de recul. Avec du calme. Il leur a donné rendez-vous au même restaurant, le même jour, la même heure. Pas un hasard. Pas une erreur. Wyatt est étourdi quand il s’agit des dates, mais pas à ce point. Il a fait comme Gabe. Gabe qui l’a fait pour présenter deux âmes qui pourraient s’entendre, se plaire, s’aimer. C’est donc ça. Wyatt a gagné sa confiance, lui a ravi son cœur, lui a assuré qu’il n’y avait personne d’autre, pour quoi ? La caser avec une autre femme, maintenant qu’il a obtenu ce qu’il voulait d’elle ? Trop lâche pour rompre, il préfère combler les blessures en la poussant dans les bras d’une autre ? À moins que cette femme ne partage aussi la vie de Wyatt et qu’il tente ainsi d’instaurer un trouple ? Et là encore, il serait trop lâche pour venir. Il les laisse faire le sale boulot. Digne du Docteur Connard, finalement.

Sloane refait surface lorsque l’autre femme s’installe devant elle. “Bonsoir ?” La situation est étrange. Gênante. Et pour la première fois, Sloane se sent ridicule avec sa tenue trop habillée, son maquillage trop soigné, face à l’autre femme dont l’allure est plus nonchalante, plus naturelle. Wyatt a besoin des deux opposés dans sa vie ? En fonction de ses humeurs ? “Alors vous connaissez Wyatt ?” Le sourire qui se glisse sur ses lippes est spontané. Tellement qu’elle s’en veut aussitôt. Elle en oublie la situation, ce qu’il tente de faire. Alors, elle tait le rictus, se redresse. A sûrement l’air instable en faisant cela, mais tant pis. “Effectivement. Mais visiblement, je ne le connais pas assez. Je ne le pensais pas capable de ça.” Le reproche suinte entre les mots, quand le coeur se fendille sous les interrogations intérieures. Pas étonnant. Elle le connaît depuis quoi ? Huit mois ? Pas assez pour vraiment cerner une personne. “Mais cela explique certaines choses.” Comme le fait qu’il ait si bien accepté la situation lorsque Gabe les avait faits se rencontrer. C’était trop étrange pour ne pas que cela cache quelque chose. Maintenant, elle sait. Et elles sont deux dans cette galère.

“Je suis Sloane, et vous ?” Une main est tendue au-dessus des verres pour chercher celle de Danessa. Elle ignore pourquoi elle perd son temps avec des présentations. Peut-être par solidarité et empathie. “Je crois qu’on a été salement piégées.” Même plus une croyance, c’est une certitude. Wyatt s’est joué d’elles, comme Gabe s’est joué d’eux deux. Ça n’avait pas plu à Sloane à l’époque. Ça ne lui plaît toujours pas aujourd’hui. Encore moins que cela vienne de lui. “Ne jouons pas à son jeu. C’est totalement ridicule et j’ai assez donné avec ces conneries.” Et elle n’est pas intéressée. Aurait pu l’être à un autre moment de sa vie, mais plus aujourd’hui. Enfin, si, peut-être qu'elle l'est maintenant que Wyatt l'a décidé pour elle(s). Sloane est perdue. Elle a juste envie de lui demander pourquoi. Alors, elle préfère partir. Partir et tirer cette histoire au clair avec l'investigateur. “Je vous laisse la table, profitez-en. Ils font un excellent risotto aux asperges.” Les prunelles trahissent sa détermination, son agacement aussi. Elle glisse son téléphone dans son sac. Se lève déjà de sa chaise. Bien décidée à trouver Wyatt. Où qu'il soit. Pour entendre ses explications foireuses.


@Danessa Dayan

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Lorsque le prénom qui les lie définitivement est prononcé, la femme esquisse un sourire qui disparaît presque aussitôt. Les reproches pleuvent. Danessa lève un sourcil devant ce qui n’est clairement pas seulement de l’agacement. Il y a de la colère, de l’amertume. Peut-être d’autres choses qu’elle n’a absolument pas le temps d’analyser. Surtout que Danessa ne comprend pas ce qu’est « ça » alors que la femme semble déjà le savoir, l’avoir deviné ou l’avoir déduit. Alors quoi ? Wyatt lui a déjà fait le coup et cette fois c’est tombé sur Danessa ? Elle semble sûre d’elle, en tout cas. Assez pour remettre en cause certaines choses.

Une main est finalement tendue, mais lorsque la présentation est faite, la lieutenant penche la tête, fronce les sourcils. Sloane ? La Sloane ? La coïncidence est trop grande pour que ça en soit une et tout fait sens sans que ça n’en ait vraiment.

- Ce petit merdeux.

Ça aurait presque sonné amusé, mais Danessa en a oublié de sourire. Elle n’en revient pas qu’il ait fait ça au lieu de faire comme tout le monde et les inviter ensemble, avec lui. Sauf qu’il n’est pas là et qu’elle comprend qu’il n’a absolument pas l’intention de se pointer. Ça la laisse perplexe parce qu’elle n’en comprend pas l’intérêt. Ne comprend pas pourquoi. Juste pour son propre divertissement ? Pourtant, son instinct de flic sous couverture a déjà passé un œil sur tous les convives et pas de Wyatt à l’horizon. Alors, quoi, vraiment ?

Avec une autre femme, Danessa n’aurait pas hésité à sortir son plus beau sourire et à mentir la bouche en cœur. A dire qu’elle est sa femme et que Sloane doit être sa maîtresse. Mais Danessa ne sourit pas et elle ne mentira pas. Pas seulement pour Wyatt et parce que c’est tout son être qui change dès qu’il parle d’elle, mais aussi et surtout parce que Sloane semble sincèrement blessée. Avec les corps, Danessa joue. Avec les cœurs, non. Pas tous, en tout cas. Elle finit par prendre la main tendue depuis une petite seconde à peine.  

- Danessa.

Et elle s’attend à un éclair de lucidité dans les prunelles qui la fixent désormais. Parce que si Wyatt lui a parlé de Sloane alors l’inverse est sûrement vrai. Elle n’interdit pas aux gens de dire son prénom, après tout. Surtout pas à lui, en qui elle a confiance. Il n’y a aucun doute en elle que Sloane sait déjà tout.

Comme le fait qu’elles ont été piégées.

- Ça m’en a tout l’air. Il vous a déjà fait ça ?

Peut-être qu’elle n’est juste que la dixième personne sur la liste de toutes celles qu’il veut que Sloane rencontre sans pour autant être présent. Peut-être que c’est son nouveau jeu et qu’il présentera toute sa famille de la même manière. Elle imagine Marta à sa place et elle a presque peur pour Sloane. Elles ne méritent pas ça. Danessa non plus ne pensait pas un jour y avoir droit et pourtant c’est bien ce qu’il se passe.

Sloane, elle, a assez donné manifestement. Danessa ne blâme pas la femme pour les reproches. Au contraire. Largement mérités. Elle apprécie même de voir qu’elle a du caractère et qu’elle ne se laisse pas marcher dessus. Il n’aurait plus manqué que ça. Et si ça avait été n’importe qui d’autre, elle l’aurait sans doute laissée partir. Pourtant, et malgré la situation, elle veut en savoir plus. Elle met un point d’honneur à ne pas donner raison à Wyatt sans pour autant vouloir laisser passer l’occasion.

Alors Danessa se penche légèrement en avant lorsque Sloane se lève, une main sur la table. Elle soupire en se disant que Wyatt a probablement pensé que c'était la meilleure des solutions pour tout le monde. Pour une raison qui lui échappe encore, certes.

- Attendez.

Elle grimace parce que Danessa n’aime pas supplier. Elle déteste ça et elle en veut fortement à Wyatt de l’obliger à le faire.

- Il s’y est pris comme un con, mais autant profiter d’avoir du temps devant nous pour apprendre à se connaître un minimum ?

Elle se demande si ça suffira comme un argument. Pas sûre que ça lui aurait suffi à elle. Et Danessa n’est pas douée pour quémander.

- Si vous avez le même emploi du temps que le sien ou le mien, on ne pourra pas faire ça tous les jours, j’imagine.

Elle soupire en désignant la chaise désormais vide et en se promettant de faire payer ça très cher à Wyatt, d’une façon ou d’une autre.

- S’il vous plait. Je n’aime pas manger seule.

Ça ne la dérange pas non plus, à vrai dire. Mais elle apprécie la compagnie, surtout dans des endroits pareils. Plus que tout, cela dit, elle veut savoir ce qui la différencie des autres. Pourquoi Sloane et pas une autre ? Ce qu’elle fait dans la vie aussi. Ou qu’elle lui donne au moins son nom si elle ne veut pas rester, Danessa fera ses recherches toute seule s’il n’y a que ça. Parce que des recherches, il y en aura forcément si aucune question ne peut être posée. Encore plus maintenant, après tout ça. Et Wyatt ne pourra blâmer que lui-même.

- Je me suis fait pas mal de scénarios sur sa Sloane, en plus. Celui qui me faisait le plus peur, c’est celui dans lequel vous étiez une poupée gonflable à laquelle il avait imaginé une vie. Je suis un peu rassurée, quand même, de voir que ce n'est pas le cas.

Malgré la situation, Danessa reste effectivement heureuse de voir que Sloane existe bien et a l’air encore plus intéressante que tout ce qu’elle aurait pu imaginer.

ft. @Sloane Hatcher

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Commencer par se présenter. Pour ne pas qu’elles restent ces deux inconnues à se demander quel rôle elles ont dans la vie de Wyatt. De ce petit merdeux, exactement comme le dit Danessa. Sloane n’aurait pas dit mieux. Mais c’est rarement ce qu’elle souhaite entendre quand elle se présente, étonnamment. Et puis l’inconnue n’en devient plus vraiment une. Elle s’appelle Danessa. Le prénom est donné comme une évidence, comme si Sloane devait le connaître d’avance. Mais non. Alors, Sloane se contente d’un microscopique sourire. Presque un tremblement aux commissures de ses lèvres. “C’est la première fois que lui le fait. Mais on a été présentés de cette manière par un ami commun.” Elle n’avait pas apprécié cette attention à l’époque. Elle ne l’apprécie toujours pas ce soir. Elle pensait avoir été plutôt claire quand iels en avaient discuté. Pas assez, il faut le croire. Ce constat suffit à Sloane pour se décider à bouger. Elle ne restera pas ici. À se prêter une seconde fois à ce jeu. Encore plus si les objectifs derrière sont les mêmes. Et clairement, finir dans les draps de Danessa n’était pas son objectif à elle. Non, elle comptait finir la soirée dans ceux de Wyatt et oublier sa journée. Mais Danessa la retient. Une grimace, puis des mots. Des arguments qui n’en sont pas vraiment.

Le regard s’élance aux alentours, cherche si la scène attire l’attention. Un serveur a repéré le mouvement, mais reste à bonne distance. Discret. Dans l’attente de devoir retirer assiette, verre et couverts, en cas de départ. Sloane revient à Danessa. “Okay.” Très bien, Wyatt. Tu veux jouer à ça, Alors, jouons à ça. Sloane se rassoit. Elle va jouer à son jeu puisqu’il s’attend à ce qu’elle le fasse, tout manipulateur qu’il est. Elle va profiter de cette rencontre pour le découvrir vraiment. Savoir à quel point il est tordu. Découvrir ses manies et ses défauts. Et surtout, surtout, le comprendre. Comprendre pourquoi, bordel, il ne lui a pas dit qu’il était en couple ou qu’il pratiquait les plans à trois ? Pourquoi être lâche et les mettre dans cette situation ? Oh. Elle veut tout savoir, Sloane. Tout pour retrouver Wyatt plus tard et lui balancer tout ce qu’elle pense de ses manigances. Elle a même un sourire plus chaleureux quand elle se réinstalle sur sa chaise. Oh, elle sait mentir. Elle sait prendre sur elle et faire semblant. Dommage pour Danessa qui doit penser que ça colle bien entre elles et qu’un quelque chose est possible. Elle n’aura qu’à se plaindre à leur connaissance commune.

Sa Sloane. Danessa marque la possession de Wyatt et se détache par la même occasion. C’est à se demander s’il n’y a pas de jalousie derrière cette décontraction apparente. Il y a autre chose qui interpelle : il lui a parlé d’elle. Pas l’inverse. Pauvre Danessa qui doit penser qu’elle est au cœur de toutes les pensées de Wyatt. C’est dérangeant. Toujours moins que de passer pour une poupée gonflable. Sloane a un brin de sourire. Ça la déride au moins l’espace de quelques secondes. “J’imagine que je dois être flattée ?” Il semble avoir fait d’elle une légende impossible, sans visage, sans nom. Juste un prénom qui flotte dans une conversation, balancé au vent pour faire croire à sa présence. Mais non, elle existe bien. Bien plus que Danessa dans la bouche du chirurgien. “Vous voulez me toucher, peut-être, pour être sûre ? De nos jours, ils font des poupées horriblement ressemblantes…” Elle se permet de plaisanter. De donner l’illusion que tout ceci est normal, naturel. Il n’en est rien. Mais ça fait du partie du plan, n’est-ce pas ? Qu’elles s’apprivoisent pour que Wyatt puisse vivre ses fantasmes. Qui est-elle pour le lui refuser ? Une femme trahie, peut-être.

Sloane croise les bras sur la table, se penche vers la jeune femme. Une lueur curieuse dans le regard. Le mode Investigation activé. Elle veut savoir. Tout savoir. Et elle a une liste longue comme le bras de questions à poser. “Alors, dites-moi Danessa, vous connaissez Wyatt depuis combien de temps ?” Depuis combien de temps se fréquentent-iels ? Depuis combien de temps ce petit jeu a lieu ? Sloane est parfaitement concentrée. La déchirure en éveil. Prête à jouer son rôle à merveille. Elle n’a jamais été aussi heureuse d’en être dotée. Rien que pour la jouissance de démasquer ce tordu de Wyatt. “Il organise souvent ce genre de rencontres avec vous ?” Ou est-ce un nouveau jeu destiné à pimenter leur vie sexuelle ? Sloane est curieuse de savoir le rôle qui lui était destiné. Wyatt sera bien déçu de découvrir que son plan tombe à l'eau. Et dire qu’il est censé être le plus intelligent des deux et qu’il n’a pas pensé qu’elle pourrait refuser. Il y a de quoi se remettre en question.

@Danessa Dayan