Need Help !

La nuit est assez avancée. En fait, ma montre affiche 7h du matin, mais évidemment, je n'ai pas sommeil. Ou plutôt si, j'ai sommeil, mais je ne peux pas dormir. Je n'ai pas encore assez épuisé mon corps pour qu'il tombe raide dans mes draps. Alors je me balade dans les rues de Crimson Bay, espérant que l'air frais et les longues heures de balade viennent à bout de mon insomnie.
Bon, à dire vrai je n'y crois pas trop. Je crois qu'il faudrait que je me serve de mon don une fois de plus pour être sur de bien achever mes résistances. Malheureusement j'ai pas de clients prévus et j'ai toujours pas le droit de m'en servir sur mes potes, qui estiment que je m'abime la santé pour rien. Pfrrrt ! Tu parles !

En tout cas, l'air est lourd, mais s'est rafraichi avec la nuit, alors je me plains pas, ça fait du bien. Les écouteurs dans les oreilles, je chantonne un air de pop récente en me dandinant dans mon débardeur orné d'un panda arc-en-ciel. Mes cheveux roses me tombent devant les yeux à chaque coup de hanche que je donne, un coup à gauche, un coup à droite. Les gens commencent à affluer dans les rues, les matinaux, les travailleurs. Ceux qui y vont, et ceux qui en reviennent.

Puis d'un coup, le coup de hanche à droite rencontre une surface dur, ou en tout cas un truc solide. Je m'immobilise en levant la tête, étonné, pour rencontrer un regard dur du genre patibulaire. Je retire mes écouteurs d'un petit mouvement sec de la main et je tente de lui offrir un sourire désolé, même si je sens mes tripes se tordre sous les yeux de l'inconnu. Il a vraiment pas l'air sympa, même si faut pas se fier aux apparences. Comment j'ai pu ne pas voir cette montagne de muscles avant ??

- Ho le clown, tu peux pas regarder où tu vas ?
- Je.. j'suis désolé. Je vous avais pas vu.
- Parce que tu trouves que je passe inaperçu, peut-être ?

Il a pas tort, sur ce coup-là.

- Ecoutez, je veux pas de souci...
- Moi si, j'ai besoin de me défouler.

Dès le matin ? Il a renversé son lait en le versant dans ses céréales ou quoi ?! J'ai pas le temps de répliquer ou d'essayer de me faire la malle qu'il m'attrape par le col et m'envoie deux mètres plus loin, mon dos tapant durement contre le mur.
C'est moi ou en prime il est en train de grandir et de verdir ?

- S'il vous plait...

On va pas se mentir, ça fait super mal au torse et au dos et pendant quelques secondes j'ai du mal à reprendre mon souffle. Ooof... Je tousse et inspire comme je peux, dans une grimace de douleur. Mon regard apeuré remonte vers l'homme qui n'a d'un coup plus rien d'humain, et qui s'apprête à visiblement à me remettre un coup, à le voir lever le poing comme il le fait.

Mais une voix féminine le coupe dans son élan. Je suis le regard du monstre et ouvre de grands yeux. Mais je la connais, elle ! Le seul truc c'est que mon cerveau est tellement saturé de trouille et d'hormones en tous genres qui viennent m'éclater le cerveau en milliers d'étincelles d'alerte que son nom ne me revient pas. Ni même d'où je l'ai déjà vue.
Mais je m'en fiche, sur l'instant, tout ce qui compte c'est que l'attention de la chose est attirée par la femme, ce qui me permet de me mettre à genoux. Merde. Je vomis. J'ai vraiment rien dans les trippes.

Ma sauveuse -enfin, j'espère- se rapproche pour me demander comment je vais, et je baragouine un "Ça va..." peu convaincu. Sous son ordre et sans réfléchir, je me couvre les yeux, ce qui n'empêche pas les résidus d'une lumière forte passer entre mes doigts. Quand ça cesse et que je rouvre les mirettes, c'est pour la voir voler presque contre moi, à son tour.

« Tu peux courir ? »
- Q-que.. je sais pas..?

Je réponds par automatisme, essaye de me relever mais me recasse la gueule. Et c'est une bonne nouvelle parce que le bras de "KC" passe juste au-dessus de mon visage et s'écrase dans la vitre d'une voiture dont la sirène se met en prime à nous vriller les oreilles. "NON J'PEUX PAS !" Que je gueule en m'éloignant difficilement à quatre pattes, alors que les mains de la femme tournent au rouge.

Mister Croco a l'air encore plus énervé de m'avoir raté, et mon regard parcourt les rares personnes encore présentes à la recherche d'une aide quelconque. Mais non. Il reste que deux ou trois couards trop occupés à filmer la scène. Bordel..

lancer de dés:

Moi, je suis plutôt du genre à faire le clown et à remonter le moral à ceux qui en ont besoin. J'ai pas l'étoffe d'un héros. Ni un don de héros, d'ailleurs. Endormir les gens et manipuler leurs rêves, c'est bien joli, mais face à Crocodile pas Dundee du tout, ça ne me sert à rien du tout.
Et puis, sans dire que je suis un trouillard de nature, là je suis terrifié. C'est la première fois qu'on m'attaque directement, et pourtant je me balade souvent dans l'UnderApple. C'est un comble. Je lance un regard suppliant vers les spectateurs qui  n'ont pas l'air de vouloir bouger le petit doigt pour nous aider, avant de revenir vers ma sauveuse. Est-ce que je peux courir ? Même pas en rêve, j'ai les jambes en coton.

« D’accord. Ça va aller, ne panique pas, ok ? »
- O-ok je ... je panique pas.

Mon oeil ! Je suis en pleine crise d'angoisse ! Et ça fait sourire KC quand je croise son regard. Un sourire carnassier, un sourire que je sais déjà que je n'oublierai pas de si tôt.
La jeune femme attaque et ça fait mouche, avant de me redresser en passant un bras sous mes épaules, et je prends appui sur elle pour me relever. Son assurance a quelque chose de rassurant et je parviens à faire quelques pas de mon propre chef avec elle, jusque derrière une voiture.
Et pile quand je commence à me dire qu'on est en sécurité, la bagnole s'envole comme un fétu de paille contre le mur opposé. L'impact est tel qu'elle, elle ne se met pas à hurler son alarme, fort heureusement. Une seule suffit à me vriller les tympans.

Je jette un regard apeuré à celle que je reconnais dans un éclair de lucidité. Héméra. Une super-héroïne, pas vrai ? Donc je suis sauvé, PAS VRAI ? C'est exactement ce que je lui demande silencieusement, en croisant ses yeux. Ça ne dure qu'une infime seconde, parce que le gros vert -qui a encore grossi je crois, le salaud- repart à l'assaut. Je dois faire quoi ?? Que je demande à toute vitesse, alors qu'un énorme bras se dirige à nouveau vers nous, poing tendu. J'ai tout juste le temps de me jeter sur le côté que le mur prend tarif, le crépis éclate, la brique se fissure. Si ça avait été mon visage, il n'en resterait plus que de la bouillie, ça c'est sans le moindre doute.

Je me recroqueville d'avantage, je sais que je suis un poids pour June, présentement. T'occupe pas de moi, ça va aller ! Ben voyons, qui y croit ? Sans doute pas elle. Mais je veux qu'elle s'inquiète de Hulk, pas de moi ! Malheureusement mon cerveau est en carafe et je ne sais pas comment agir. A défaut de mieux, je retire mes gants en tremblant. Si elle parvient à le mettre KO, au moins je pourrai le tenir endormi jusqu'à l'arrivée des renforts. Mais on en est pas encore là.

KC attrape une poubelle et s'apprête à la lancer sur notre duo. Il a vraiment les nerfs, le bougre.

lancer de dés:

Je suis terrifié, ça ne fait plus le moindre doute. Je tremble de tous mes membres et j'ai la bouche totalement sèche, ce qui fait que je dois avaler plusieurs fois une absence de salive avant de pouvoir lui répondre quand elle me demande si j'ai des pouvoirs. La bonne blague.

- Oui mais il s-seront utiles que si tu arrives à l'immobiliser, en attendant les renforts... Je me rends compte que mes jambes font encore des siennes et refusent de me relever, mais peu importe. Elle a l'air bien décidée à me défendre bec et ongles. D'un sens ça me rassure, après tout c'est une Sept, elle sait ce qu'elle fait. Je m'en persuade du mieux que je peux en tout cas. Et finalement c'est pas si difficile, j'ai de l'admiration pour elle.
Je finis quand même par me rendre compte que ma réponse ne l'aide pas beaucoup, alors je précise : J-Je peux l'endormir en le touchant. Sauf que voilà, j'ai pas vraiment envie d'aller lui sauter sur le dos pour utiliser mon don sur lui. Certains diront que je suis un couard, ben peut-être bien qu'ils ont raison mais en attendant, j'ai pas envie.

Lorsque June me désigne l'escalier, je ne réponds même pas, sans doute parce que je suis trop sous le choc pour ce faire, et aussi parce qu'une poubelle vole droit vers nous. Enfin, surtout vers elle. Il a dû finir par comprendre que je n'étais qu'un moucheron sans danger pour lui. Ce serait malhonnête de ne pas reconnaître que ça m'arrange un peu, quand même. Je me jette sur le côté et rampe sagement derrière l'escalier, recroquevillé. A travers les marches ajourées, je peux voir le combat qui se poursuit avec violence.
Les mains de "la luciole" s'illuminent et malgré moi, je ressens une vague d'admiration et de jalousie tout à la fois. Moi je ne serai jamais un héros, comme elle.

Les jambes de Croco se font faucher et il tombe à terre. C'est dégueulasse et je sens un nouveau haut-le-coeur me remonter de l'estomac jusqu'à la gorge. Je le ravale difficilement alors qu'il fonce à toute la vitesse de ses bras vers l'héroïne de l'histoire. Je crois qu'il est encore plus effrayant comme ça, en fait. Plus animal, plus hargneux, plus haineux. Mais -je l'espère en tout cas-, moins dangereux. J'ai presque envie de lui proposer un bol de céréales pour le calmer. Il doit bien voir qu'il est fini, cette fois, qu'il n'a plus de chance de s'en sortir, non ? Alors pourquoi continuer à s'acharner comme il le fait ?
Ceci dit j'imagine ses crocs se refermer sur le mollet de June et je reviens sur mon impression première : il est encore dangereux, à sa façon.

Je lève la voix, une voix trop aigüe et tremblante quand je répète à ma sauveuse : Si tu l'immobilise je peux le garder endormi jusqu'à l'arrivée des secours, mais faut que tu me donnes le top.
A moins qu'elle ne lui crame carrément la face, auquel cas j'aurai été inutile de A à Z. J'en serais pas tellement étonné, en fait.

KC avance si vite que le temps que je parle, il arrive presque au contact de la Sept et je me tends. Pourvu qu'il ne l'attrape pas.

Les secondes, les minutes défilent, et personne ne vient. Pas de renforts, pas de forces spéciales, pas même un autre Sept ou un héros quelconque qui passerait dans le coin. Rien. Néant.
Il y a eu des cris de dégoût quand June a coupé les jambes de KC, et une partie des quelques rares badauds restés observer morbidement la scène sont partis. Sans doute vomir dans un coin, bien fait. Merde, ça me file la nausée aussi de le voir se dandiner sur les bras, toute gueule ouverte et un hurlement inhumain en sortant entre deux menaces et trois insultes.

Héméra s'éloigne de moi, autant que possible tout en restant dans le champ de vision du monstre. Parce que oui, j'enviais suffisamment les mutants pour en devenir un, mais ceux-là, je dois avouer que j'ai du mal. Même juste... Visuellement. C'est compliqué.
En tout cas elle s'éloigne, attirant avec elle l'attention du danger imminent. Nouveau rai de lumière, blanche cette fois, et par réflexe je me cache les yeux au son du hurlement de douleur de KC. Elle l'a eu !

Sauf que quand je reporte mon attention sur la scène, elle est sur le dos et semble, de fait, avoir pris un mauvais coup. Tout va très vite. Je vois ses jambes se reformer lentement, tandis qu'elle lui arrache les bras et que lui beugle de douleur. Je comprends qu'il ne voit plus rien, puisque même moi je vois un peu flou malgré mes efforts de me protéger.
Je sens une nouvelle nausée remonter et les larmes me monter aux yeux. Pourquoi moi ? Pourquoi il arrive tout ce bazar juste parce que j'ai bousculé un mec qui avait mal digéré ses céréales du matin ? Heureusement que June était là à ce moment-là, sinon il m'aurait fait exploser la tête comme une pastèque en moins de temps qu'il n'en fallait pour dire "Crocodile".

Finalement Héméra s'adresse à moi, réclamant avec douceur que j'utilise mon don, maintenant qu'il est hors d'état de nuire. Un tronc dénué de membres avec un mord pour bâillon. Je me redresse en tremblant de tout mes membres -parce que moi, je les ai encore, et toc- et m'approche lentement, à reculons comme on dit. J'ai peur. J'ai très peur. Mais elle compte sur moi et ce n'est pas n'importe qui, alors je l'écoute, car elle sait ce qu'elle fait. Arrivé après quelques longues secondes proche du duo antagoniste, j'hésite et vient me mettre à califourchon sur la nuque de KC. Je pose mes mains sur ses tempes. Il se débat mais tenu comme il l'est, il ne peut pas grand chose contre moi. Je ferme les yeux et murmure plus pour moi-même que pour lui : Tais-toi et dors. C'est inutile mais ça me rassure. Rapidement, il lâche un dernier râle et sa tête tombe en avant pour s'écraser au sol, tandis que je le tiens toujours. Et il se met à ronfler en prime.
Moi, je me concentre pour ne pas avoir accès à ses rêves. Je ne veux pas. Surtout pas. Je tourne le visage vers June et lui offre un maigre sourire :

- Il peut dormir encore six heures tant que je le touche. Tu vas bien ? Je peux pas m'empêcher de demander, inquiet de son intégrité physique. Mentalement, je suis à peu près sûr qu'elle gère, elle a dû en voir des pires que ça. Je retire une de mes mains, une seule suffit, et me frotte le visage vivement, essayant de retrouver mes esprits. Merci. Je sais pas.. Ce qui se serait passé si t'avais pas été là. Si, je sais. Je serais une crêpe.

Je dois bien avouer que je fais pas le fier, à chevaucher le crocodile endormi. J'ai pleinement confiance en mes compétences mais il m'a fichu une sacrée trouille. Lentement, il se dégonfle et reprend forme un peu plus humaine, maintenant qu'il n'est plus en pleine crise comme si on lui avait piqué ses céréales du matin. Ou du goûter, vu l'heure.
Je ne vois toujours pas de renforts arriver et ça aussi, ça m'inquiète un peu. Ils sont connus pour être plutôt rapides à la détente habituellement, non ? Enfin, je crois. C'est peut-être qu'une impression, après tout c'est la première fois que je suis la victime de l'histoire. Et heureusement.

J'esquisse un sourire timide et murmure un "merci" lorsqu'elle me dit que je suis doué. J'ai toujours trouvé que mon don n'était pas extraordinaire, alors recevoir un compliment d'Héméra, ça me réchauffe le coeur, je dois bien dire. Parce qu'elle, c'est pas la moitié d'une héroïne ! Je ressens même un peu de fierté qu'elle soit impressionnée.
La question reste en suspend quand je lui demande si elle va bien, me laissant supposer qu'elle a plus mal qu'elle ne veut bien le montrer. Mais je me trompe sans doute, elle a l'air en état, même si ça siffle quand elle respire. Je me mords la lèvre pour ne pas insister, si elle dit que ça va, c'est que ça doit être vrai. Une Sept ne ment pas.

Cette fois je bombe un peu le torse alors qu'elle me lâche que je m'en sors bien. C'est question d'habitude, que je réponds doucement. Même si jusque là... tous ceux que j'ai endormi étaient consentants. C'est bizarre d'endormir quelqu'un qui ne le veut pas. Y'a comme une.. résistance.
Une résistance bien piètre et bien vite passée, ceci dit. Il y a quelques années, sans doute que j'aurais eu du mal à l'endormir mais aujourd'hui, ce n'est plus un souci. Non.. Je crois pas être blessé. Je vais avoir des courbatures mais rien de grave. Rassure-toi. Et puis j'ai surtout un atroce goût de vomi dans la bouche, pour être honnête, mais ça je vais le garder pour moi. Un peu de dignité. Je fais bouger mes épaules un peu endolories, mais rien de grave.

- A vrai dire, si.. C'est fatiguant. Mais je peux tenir six heures sans tomber, alors ça ira, t'en fais pas ! Je la rassure avec un sourire. La seule difficulté c'est que je veux surtout pas rentrer dans sa tête, alors.. ça me demande un peu de concentration. Je ne veux pas même imaginer ce qu'il se passe dans les rêves du croco humain. Surtout que je serais condamné à revoir ces images jusqu'à mon prochain "client", à chaque fois que je tomberai de sommeil. Bref, un enfer que je veux m'éviter.

- Oh, heu ! Siwon ! Un nouveau sourire nait naturellement quand j'ajoute : Toi, je te demande pas, je te connais déjà ! Un sourire que je perds bien vite quand June suggère de recouper les membres de KC. Tu.. T'es sûre ? On est obligés...?
Nan parce que moi je suis dessus, et même si les moignons qui repoussent, c'est pas jouasse, les recouper, ça me donne la nausée rien que d'y penser. Et en plus je vais me retrouver plein de sang vu où je suis installé. Ils vont en faire quoi, quand les autorités l'auront récupéré..? Je tente de dévier la discussion mine de rien, des fois que ça lui fasse oublier son projet.

J'étouffe un bâillement dans ma main libre et incline la tête vers la jeune femme. Et toi. C'est quoi les effets secondaires, quand tu utilises tes pouvoirs ? Certes ça me regarde pas, mais déjà j'ai besoin de discuter pour rester concentré sur autre chose que les cauchemars de KC, et puis je suis curieux de nature, c'est pas de ma faute.

C'est vrai qu'il y a une certaine excitation dans ma voix quand je parle de mon don. Et pourtant, ce n'est à mes yeux pas si impressionnant. Ce n'est pas comme Cassian ou Nikki qui avaient de magnifiques ailes. je les avais toujours enviés.

- A l'hôpital ? Je.. Je n'aime pas trop les hôpitaux. Les blouses blanches, l'odeur caractéristique des lieux. Bien sur, ce n'est pas une phobie, c'est plus... Comme monsieur Tout-le-monde. Après tout personne n'aime ce genre d'endroit. Mais sa voix douce et peut-être vaguement inquiète a raison de mes réserves et je lui souris légèrement : D'accord.. J'irai. Mais seulement si tu viens avec moi pour vérifier ton dos. D'accord ? Regard de chat battu, battements de cils rapides. Elle ne peut pas dire non à ça, si ? Et puis j'aime pas les hôpitaux. Ça me rassurerait que tu sois là.

Je souris à son rire. C'est un peu nerveux, j'évacue après tout le stress que j'ai ressenti. Enchanté aussi. J'aurais préféré te rencontrer dans d'autres circonstances. Mais elle ne se serait sans doute pas intéressée à moi, dans ces autres circonstances. Et moi, je n'aurais pas pu me targuer de discuter avec une des Sept. Je n'en suis pas peu fier, à vrai dire.
Elle me répond quant à ce que notre agresseur va devenir, et j'acquiesce lentement. Oui, il va finir comme tous les criminels, mais moi, je ne suis pas habitué à ce genre de choses. Je dois être honnête, retomber sur lui dans quelques années me terrifie d'avance, et je sais que j'en resterai traumatisé un long moment encore. Je me vois déjà roulé en boule avec mon doudou, celui avec une lune sur le ventre, dans un coin de mon lit.

Je me reconcentre sur Héméra, lorsqu'elle me parle de ses propres effets secondaires. Ça te donne des migraines ? Alors c'est décidé, tu viens avec moi à l'hôpital. Je ne veux pas que tu souffres sans être prise en charge toi aussi. Mes mots pourraient paraître être des ordres, mais ma voix douce et basse montre que ce n'est que de l'inquiétude pour June. Je vois, oui. Ho ! Attends ! De ma main libre, je me libère d'une épaule de mon sac et fouille maladroitement dedans. Jen ressors un bonbon au citron, que je lui tends avec un grand sourire fier. Tiens !

Une petite moue s'invite sur mon visage alors que je me réinstalle sur le croc'homme. Non.. Enfin, des fois j'arrive à me reposer un peu, mais je ne dors pas. Ça soulage mon corps, à défaut de mieux. Je me pose devant une série débile et je déconnecte mon cerveau. Ça me fait du bien, même si la fatigue est toujours là. En fait... Je cherche mes mots. C'est comme si je donnais mes heures de sommeil à celui que j'endors. Mais en contrepartie je peux passer deux, voire trois jours sans dormir. Je dodeline doucement de la tête. Mais ce n'est pas grave. J'aide les autres, c'est le principal.

Bientôt un son et je lève les yeux en suivant ceux de June, lâchant un rire clair. Enfin ! Incertain, je reviens à elle. C'est eux qui vont nous amener à l'hosto ? En fait je réalise que je n'ai aucune idée de comment les choses doivent désormais se passer. Mais ils sont là, et c'est le principal. J'aurais peut-être dû le dire, mais j'ai mal au dos, alors je ne suis pas mécontent que les choses commencent à s'arranger. Icarus se pose. Les choses sont sous contrôle désormais.


Voilà plusieurs heures que je suis à l'hôpital. On m'a mis dans une chambre, seul, et j'ai une minerve et un corset en attendant qu'un médecin passe m'ausculter. Maintenant que je n'utilise plus mon don et que l'adrénaline est redescendue, j'ai un mal de chien. En plus d'être épuisé. Mais je ne peux pas dormir. Littéralement. Alors je regarde une émission nulle à la télé.
Puis j'entends des bruits de pas qui approchent dans le couloir. Je tourne la tête vers la porte.

*Toc toc toc !*

- C'est un deal. Que je répète doucement en lui souriant. Je pensais sincèrement qu'elle refuserait. Avec l'idée que les héros n'ont jamais besoin d'être soignés. Mais non, elle avait accepté, surement pour que moi, j'accepte d'y aller, mais peu importe.
Son rire entraine le mien et j'acquiesce à ses mots. Moi je veux qu'ils regardent ton dos, tu es tombé fort... J'ose dire ça alors que KC m'avait collé au mur et envoyé voler mais je n'y peux rien, je m'inquiète plus pour les autres que pour moi, Alice me le reprochait sans cesse.
Elle semble apprécier le bonbon que je lui donne et ça me fait encore plus sourire. J'ai tapé juste, ça fait plaisir.

Puis la discussion dévie sur mes pouvoirs. Je n'aime pas trop en parler, non pas parce que j'en ai honte -même si je les trouve pas fous-, mais surtout parce que ça finit toujours pareil, on me reproche de les utiliser. Comme on engueule un gosse qui fait une connerie et ça, j'aime pas. Je les utilise en toute connaissance de cause, en sachant très bien leurs effets; et les effets secondaires sur ma santé.
Et ça ne rate pas, June, avec toute la bonne foi du monde, me fait la morale et me dit que je ne peux pas utiliser mon don à mon détriment. Je soupire doucement.

- Oui Héméra, je dors des fois.. même si je ne lui dirai pas que c'est uniquement quand je tombe littéralement de fatigue et que je me suis déjà écroulé dans la rue parce que je ne tenais plus. Toi aussi tu te mets en danger pour les autres.. Moi j'ai juste.. souvent sommeil, c'est pas grand chose. Je minimise, comme toujours. Mais je crois, j'espère croire qu'elle me comprend dans ma démarche. Après tout elle se met tous les jours en danger pour sauver des gens, non ?

Les renforts arrivent finalement et elle me confirme que malheureusement, pour une sombre histoire de sécurité, elle va devoir lui recouper les membres, je lui lance un regard qui frôle le désespoir mais j'acquiesce, lui prouvant que je comprends son choix. Je ferme les yeux, fort, et si je pouvais le lâcher, je me boucherais les oreilles comme un enfant, j'en ai bien conscience. Et enfin, quand je rouvre les yeux, les voitures ont atterri.





Il y a une fissure au plafond. C'est tout ce que j'ai trouvé d'intéressant dans cette chambre vide. On est tellement haut que par la fenêtre fermée, je ne vois que le ciel nuageux. Et mon portable a cassé dans l'action plus tôt alors attendre bêtement, je n'ai rien à faire.
Et puis, ça me fait mal quand je bouge, maintenant que l'adrénaline est totalement  redescendue, même si je pense vraiment que je n'ai rien de grave. J'aurai un hématome au dos, rien de plus. J'ai bien tenté de leur dire que la minerve était inutile mais évidemment, on ne m'a pas écouté.

Au son à la porte, je tourne la tête, pour voir entrer June. Automatiquement je lui souris. Si elle est là, c'est qu'elle va bien. Sinon on ne l'aurait pas laissé errer hors de sa chambre.

-Je suis.. un peu sonné, je crois. Je rigole un peu en ajoutant : Et un peu stone mais ça je pense que c'est les anxiolytiques qu'ils m'ont refilé en plus de l'anti-douleur.
Pas de perfusion, rien à l'horizon qui n'indique que j'ai.. été pris en charge en fait, de fait.

- J'ai mal au dos. Ils m'ont fait une radio y'a des heures mais depuis, j'attends toujours. Et on ose appeler ça les urgences... Ils m'ont fait un examen, mais personne n'est revenu depuis.. je suppose que ça veut dire que j'ai rien de grave et qu'ils ont plus important à gérer.
Je hausse légèrement les épaules, affichant un bref air blasé. C'est pas eux qui ont failli finir en céréales pour crocodile en colère !

-Et toi, alors ? T'es déjà sortie ? Tu.. tu t'en vas ? Ils t'ont dit quoi ?

J'acquiesce dans un petit sourire fatigué. Je me sens dans les vapes à cause des médocs, qui font leur effet avec un peu trop d'entrain sur mon cerveau. Je me sens sur un petit nuage cotonneux, et j'avoue, j'ai un peu de mal à me concentrer convenablement. Durant un moment, je m'évade en me souvenant de mon adolescence, durant laquelle je m'imaginais voler au travers des nuages comme au travers de gros coussins de coton.

Je me recentre sur ses mots. Oui, ça doit être pour ça. Il y a tellement plus urgent que mon cas, je le sais. De grands blessés, des cas graves. Plus urgents en tout cas que le mal de dos de la victime d'un croco bouffeur de céréales avariées.

- Je... Je veux pas les déranger. J'avoue dans un petit regard désolé. S'ils ne sont pas encore revenus, c'est qu'ils ont plus important à faire, non ? Et puis je me souviens de la seule autre fois où j'avais fini aux urgences, il y a longtemps, et j'avais déjà dû patienter des heures avant d'être pris en charge. Là au moins je suis dans un lit et j'ai moins mal qu'à mon arrivée.

Je retrouve un air plus grave lorsqu'elle me dit qu'elle sera gardée en observation jusqu'à demain. Vraiment ? Alors c'est peut-être grave, ce que tu as ? D'un autre côté, ça m'arrange, ça m'évite de me retrouver seul dans ce grand bâtiment qui sent l'antiseptique et la maladie sous-jacente. Je suis désolé...
C'est quand même à cause de moi si elle en est là. Cependant je retrouve un petit sourire en apprenant qu'elle n'a rien de sérieux. Je suppose qu'elle aussi s'en sortira avec un hématome et une douleur de quelques jours. Ça me rassure. J'en viens même à lui offrir un sourire un peu taquin. Sauf que t'es pas vraiment du genre à te reposer, pas vrai ?

Finalement je secoue la tête. A priori au moins jusqu'à demain pour mon dos, mais j'attends le retour de la radio pour savoir si je dois rester plus longtemps. Je tire une moue. Mais je veux sortir le plus vite possible, j'aime pas les hôpitaux. Comme tout le monde. Je présume. Qui aimerait rester dans cette chambre vide et laide, sur un lit qui a vu passer des centaines de corps ?

Puis cette question qui tombe, et je baisse le nez en refermant les bras autour de moi. Non.. Je suis orphelin. Et j'ai.. enfin, j'avais des amis, mais je les ai tous perdus de vue en quittant le Mutant Institut. Sujet douloureux. Un des seuls sujets qui peut me faire perdre le sourire, pour tout avouer. J'incline la tête vers elle, fronçant les sourcils. Et toi... Les autres ne viennent pas te voir ?

Froncement de sourcils de la part de June, j'ai l'impression d'avoir dit une connerie. Pourtant les urgences.. C'est pour les urgences, non ? Et moi je n'en suis pas vraiment une. Pour autant je me fais petit. Me faire à demi gronder comme un môme par une de mes idoles, ça me fait un peu un sale effet. J'ai bien envie de disparaître dans le matelas. Ou dessous. Ou derrière, peu importe. Juste ne plus voir sa mine contrariée à cause de moi. Je force un sourire fatigué quand elle propose d'appeler le personnel soignant. Après tout... Peut-être que si c'est toi, ils seront plus enclins à me dire si j'ai le dos en bouillie... Ce n'est pas exactement ce qu'elle proposait, aussi j'ajoute pour ne pas me reprendre un savon : Je veux bien, si tu veux les appeler. Juste.. Juste pour reprendre un anti-douleur ? T'es sure que ça va pas les embêter, hein ?

La revoilà qui semble sur le point de me passer un savon quand je lui dis que je suis désolé. Je lève les mains en signe d'excuse. Ok, ok... Me dispute pas, avec la fatigue, je vais me mettre à pleurer ! Que je préviens dans un petit rire, à demi-sérieux quand même. Avec la redescente de l'adrénaline, j'ai passé deux heures à trembler comme une feuille et je sens bien que je suis encore à fleur de peau. Alors si on me met à mal, je me sens bien craquer pour de bon. Là je réalise pas encore vraiment que je suis passé à deux doigts de la mort. C'est grâce à Elle que je suis en vie, et ça, je ne suis pas prêt de l'oublier.

« Ils ne te garderont pas plus que tu ne le veux. » affirme-t-elle finalement. J'acquiesce, rassuré. Je suis persuadé que je n'ai rien de grave en soi, alors s'ils me gardent la nuit ce sera un grand maximum. Et puis ça leur libérera un lit au plus tôt, c'est pas plus mal pour l'hôpital. Oui... Je resterai jusqu'à demain. Toute façon, personne ne m'attend chez moi, donc je n'ai pas de regret à avoir de ce côté-là. Ce n'est pas dit avec une once de tristesse ou de désarroi, c'est un simple fait. Je n'ai même pas un chat qui me ferait la gueule à mon retour pour l'avoir abandonné une journée entière. Cette idée me faire sourire pour moi-même, et je reprends plus joyeusement : Je veux bien que tu reviennes avant de partir, c'est gentil ! Je prends un de mes nombreux bracelets multicolores à mon poignet, et prenant doucement sa main, je le passe sur son poignet à elle. Tu veux bien le garder ? C'est.. Ma façon de te remercier, même si c'est rien du tout. Je doute qu'elle le garde, pour être honnête. Je veux dire, si chacun de ceux qu'elle a sauvé lui donne un cadeau de ce genre, elle va ressembler à un sapin de Noël. Mais c'est pas grave, peut-être qu'elle le gardera dans un coin et se souviendra de ma vie sauvée en le voyant.

Je réponds à son sourire en riant de bon cœur. Bon, je regrette rapidement et pose une main sur mes côtes, mais c'est un détail. J'avoue que la nourriture d'ici est pas top. Tu me rapporterais des noodles, dis ? Elles vaudront jamais celles de l'UnderApple, mais c'est pas grave, j'adore trop ça pour faire le difficile.

A mon tour, je fronce légèrement les sourcils à sa réponse quand j'évoque les Sept. Je les pensais plus proches que ça les uns des autres. Je ne me rends pas vraiment compte, en fait. Mais je lui suis reconnaissant de ne pas rebondir sur ma propre solitude. Personne à part ma sauveuse pour venir me tenir compagnie, c'est un peu décevant, en soi. Je vois, oui. Tant mieux s'ils... ne s'inquiètent pas sans raison, alors. Je suppose.

C'est à ce moment-là qu'entre un infirmier -sans frapper évidemment-, mes radios dorsales à la main. Il a l'air épuisé et las, mais salue poliment June qu'il ne s'attendait visiblement pas à trouver là. Il en vient à moi ensuite. Tout est en ordre, rien de cassé, rien de déplacé, ni au niveau du dos, ni des cervicales. On va juste vous garder en observation jusqu'à demain vu les chocs que vous avez reçu. Mais a priori, à part quelques bleus et contusions, vous n'aurez pas de séquelles.
Je tourne un regard joyeux vers Héméra à l'annonce, et remercie l'infirmier qui sans me demander mon avis, vient me déharnacher de ma minerve, à mon grand soulagement. En revanche, je n'ose pas lui demander d'anti-douleur, et pince les lèvres en re-regardant ma comparse, espérant qu'elle sera moins intimidée que moi sur la question.