My name is thunder ;; Algernon

My name is Thunder

@Algernon Carter & @Vico Caruso
TW: relation malsaine

Algernon s'ennuyait. C'était une constante pour l'homme, depuis sa dernière expérience désastreuse qui lui avait valu un repos forcé, qui impliquait avant tout de ne pas faire usage de ses pouvoirs. Ces congés non désirés, mais terriblement nécessaires, faisaient réaliser à Algernon le temps qu'il passait dans le corps d'autrui plutôt que dans le sien. Toutes ces heures passées à observer le monde à travers les yeux d'un autre, à se faire spectateur silencieux du pire et du meilleur de ce que l'humanité pouvait réserver...

Mais Algernon n'avait plus que son propre corps, actuellement. Son corps, et des souvenirs qu'il continuait à essayer de récupérer, même si la majorité lui était revenue à ce jour. Arriverait un stade où il devrait se résoudre à laisser dans les ténèbres de son esprit le passé qui ne voulait plus remonter à la surface... Mais Algernon n'en était pas encore là, à ce stade. Il continuait à récupérer quelques vagues bribes ici et là, des souvenirs liés à Oswald, principalement. A vouloir se conserver à tout prix pour Vico, le Cordyceps en avait oublié l'autre part de son essentiel, et il ne souhaitait pas reproduire son erreur ou en subir les conséquences.

L'homme était penché sur son journal, à griffonner comme il le pouvait le dernier souvenir remonté à la surface, dans l'espoir de l'inscrire durablement dans sa mémoire, lorsque le message de Vico lui parvint, le prévenant de son arrivée. Un sourire s'étira sur ses lèvres, et Algernon résista difficilement à la tentation de se loger dans l'esprit de son amant pour le suivre tout au long du trajet. Mauvaise idée, actuellement.

Au lieu de cela, Algernon délaissa son journal, et prit le temps de se préparer une tenue plus élégante que le peignoir qu'il portait jusqu'alors, désireux d'être sous son meilleur jour pour accueillir Vico. La dernière chose qu'il voulait, c'était bien inquiéter Vico en lui laissant penser qu'il se négligeait, ce qui n'était pas le cas. Pour lui, Algernon se faisait diamant brillant de mille feux.

Enfin, le voici arrivé. Ce fut avec son enthousiasme habituel qu'Algernon vint lui ouvrir la porte, répondant au baiser de Vico avec vigueur et gourmandise, profitant de l'attention pour mordiller légèrement la lèvre de son partenaire. L'expérience, aussi difficile ait-elle pu être, les avait rapprochés davantage, et la passion qui les dévorait s'entrelaçait avec l'amour qui les liait, dans une relation aussi enivrante que destructrice, aussi douce que virulente, à la fois simple et faite de contradictions.

Le baiser ayant pris fin, il ne fallut qu'un bref coup d'oeil et un instant pour qu'Algernon comprenne que quelque chose clochait. Avant même que Vico ne lui annonce qu'il avait une affaire à régler, il s'était douté que son Vautour le sortait avec un plan définitif en tête. Un autre que lui s'en serait peut-être agacé : Algernon y voyait un date des plus romantiques.

"A l'ancienne ? Oooh, on dirait que ce "quelqu'un" a quelque chose de très personnel à se reprocher, je me trompe ? Ca promet d'être amusant !"

A sa dernière question, Algernon haussa un sourcil non existant, un sourire malicieux aux lèvres, avant de faire un vague geste de la main le long de son propre corps :

"N'ai-je pas l'air prêt ? Je le suis toujours pour toi, Vico."

Algernon se rappelait encore de la dévotion absolue qu'il avait éprouvé pour son amant, et il la sentait encore ici et là, faisant battre son cœur un peu trop vite, obsédant légèrement trop ses pensées. Mais il était capable de faire la part des choses, de lui faire part de la moindre opposition qu'il avait, et de l'aimer sans devoir renoncer à sa propre personnalité. Les progrès étaient indéniables, même s'il restait un peu de chemin à parcourir.

Glissant instinctivement ses doigts dans la poigne de chair de son partenaire, Algernon saisit la mâchoire de son amant de sa main libre, pour l'entraîner dans un autre baiser entre violence et délectation, avant de susurrer à son oreille :

"Je te suis, Vico. Allons donc nous occuper de la source de cette vilaine contrariété. Nous en ferons un excellent préliminaire, qu'en dis-tu ?"

Algernon pouvait s'amuser et s'exciter de tout. C'était ainsi qu'il était, dans toute sa complexité, dans toutes ses brisures. Pas simplement l'enfant traumatisé ou l'être aveuglément dévoué à Vico, bien que ces parts étaient définitivement enfouies au sein de sa personnalité unique. Il était aussi l'homme qui se complaisait dans ce que le monde avait de pire à offrir, y trouvant une source de joie sans cesse renouvelée. Et également le partenaire décidé à rendre le sourire à son amant, quoi que que cela puisse impliquer.

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@Algernon Carter & @Vico Caruso
TW: relation malsaine / mention de torture

Bien évidemment qu'Algernon ne se trompait pas. S'il y avait quelqu'un en ce monde qu'il connaissait, davantage que sa propre personne, c'était bien Vico. Vico, dont l'origine de la contrariété se faisait on ne peut plus claire, alors qu'il se confessait auprès de son amant.

Pour tous deux, la famille, c'était sacré. Et si Algernon était prêt à déplacer des montagnes pour Oz, Vico en faisait tout autant pour Zohra. Le type, qui qu'il soit et quoi qu'il ait pu le dire, allait le regretter amèrement.

"On va s'assurer que cela ne lui vienne plus à l'idée d'être aussi stupide, n'est-ce pas ?"

Peu importe ce qu'il ait fait : Algernon lui ferait payer le mot de travers, l'insulte, l'expression déplacée. On ne touchait pas à Vico et, par extension, on ne touchait pas à tout ce qui était précieux aux yeux de Vico.

Algernon regrettait de ne pas pouvoir utiliser ses pouvoirs pour faire souffrir cet homme, mais il ne manquait pas d'imagination pour le faire d'une toute autre façon. Et, de toute manière, il suivait la direction de Vico. C'était lui qui avait été offensé. Sa soeur.

Tout entre eux était prétexte à la séduction, à une parade érotique et vicieuse. Algernon laissa échapper un bref râle lorsque Vico le mordilla, se délectant de la frustration qui l'habitait, tandis qu'ils se devaient d'interrompre leurs jeux et se focaliser sur la situation présente. C'était la promesse de plaisirs à venir, de souffrances à infliger et recevoir, dans une danse dont ils étaient seuls à connaître les pas.

"Tu es parfait. Nous sommes parfaits."

Pas une once d'humilité dans l'esprit d'Algernon. Abandonnée, l'idée d'être entièrement soumis à Vico, de n'être obsédé que par lui. Ce n'était pas Algie, ça. Non, le Cordyceps se plaçait sur un pied d'égalité avec son amant, comme cela devait l'être. Où était le fun dans leurs petits jeux, s'il y avait constamment le même dominant et le même dominé ? Cet Algernon qu'il avait été un bref instant, ce n'était pas lui. Ca ne devait jamais être lui.

Main dans la main, on pouvait les prendre pour un couple on ne peut plus ordinaire. Impossible de deviner que leur rendez-vous n'avait rien de particulièrement romantique (pas aux yeux d'une personne ordinaire, en tout cas), et que quelqu'un allait en souffrir tout particulièrement.

La question de Vico lui tira une grimace sincère. Algernon aurait aimé lui répondre qu'il avait récupéré tous ses souvenirs, mais ce serait un mensonge. Et s'il y avait bien une personne qu'il ne souhaitait pas tromper, c'était Vico. Le seul à le connaître dans sa pleine vérité.

"Non. Et je ne les récupérerai probablement pas. C'est le prix à payer des possessions trop intenses. Mais l'essentiel est revenu. C'est le principal. Je me rappelle d'Oz, de toi, de moi. De ce qui m'a forgé."

Algernon ne savait pas ce qu'il avait pu oublier, bien évidemment, mais il supposait que cela n'avait rien de très important. Un souvenir d'enfance égaré. Un anniversaire effacé. Peu importe. Le plus important demeurait. Et Algernon était le même. Avec ses brisures. Celui que Vico aimait. Un homme qu'il reconnaissait dans le miroir. Dont la voix n'appartenait qu'à lui.

Algernon avait néanmoins gardé pour lui la peur que lui avait inspiré cet épisode, sa vulnérabilité franche enfouie comme elle se devait de l'être. La peur de réaliser que sa manière de parler n'était pas la sienne, sans parvenir à la retrouver. La crainte de disparaître derrière un masque. L'horreur de sauter d'une personnalité à l'autre sans qu'aucune ne lui convienne véritablement.

Pourtant, malgré tout cela, Algernon ne pouvait que s'impatienter de faire à nouveau usage de ses pouvoirs, comme un addict incapable de se détacher de l'objet de son obsession. Etre un autre, cela lui permettait de s'oublier temporairement. Et, aussi affreux cela puisse sembler être, Algernon ne pouvait s'imaginer vivre sans cela. Sans cette échappatoire. Mais elle devait rester sous son contrôle. Sous peine de tout perdre.

Les voici arrivés à destination. Caressant brièvement la main de Vico lorsqu'elle se détacha de la sienne, accueillant son baiser avec dévotion, un sourire carnassier prit place sur le visage d'Algernon tandis que l'inévitable s'approchait. L'excitation s'accentuait à chaque porte ouverte et refermée, l'attente se faisant insupportablement douce. Et enfin, le voici, cet homme qui avait commis la pire erreur de sa vie.

Algernon ne put s'empêcher de ressentir une pointe de jalousie, alors que la main mécanique se resserrait avec force sur la gorge de l'homme, désireux de sentir les doigts gelés de son amant se refermer sur son propre cou. Il n'en laissa pour autant rien paraître, suivant Vico d'un pas presque dansant, incapable de contenir l'amusement que lui inspirait toute cette situation, en dépit du contexte. Quel plaisir d'être aux côtés de Vico et de le voir aussi... virulent.

"Il aurait dû, oui, n'est-ce pas ? Ou tenir sa langue, tout simplement. On devrait la lui arracher, tu ne crois pas ?"

Algernon fit mine de réfléchir, tout en observant son environnement, notant tout ce qui reflétait de près ou de loin la personnalité de l'homme. La meilleure manière de faire souffrir quelqu'un, c'était de s'attaquer à ce qu'il aimait.

Fouillant sans vergogne dans les tiroirs du dénommé Jonathan, Algernon en tira un couteau, avec lequel il commença à s'amuser, sourire vicieux aux lèvres :

"J'espère pour toi que tes lames ne sont pas émoussées."

Une petite séance de torture, Algernon n'était jamais contre. Mais c'était Vico qui menait la danse, et Algernon le laissait maître de ce qui n'était pas seulement leur petit jeu. Le type s'en était pris à Zohra. C'était un affront personnel.

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Algernon ne se sentait jamais autant lui-même que dans la souffrance, celle qu'il infligeait aux autres, celle dont il se faisait fervent spectateur, et celle qu'il recevait avec un plaisir toujours renouvelé. Vico partageait ses danses avec la même aisance, plus que confortable avec les ténèbres qui peuplaient leurs pensées et teintaient leurs actes.

Aujourd'hui, toutefois, ce n'était pas par le simple plaisir qu'ils se laissaient guider, mais par la nécessité bien réelle de se venger. Se venger d'une haine déployée sans raison sur une personne aimée. Algernon comprenait mille fois Vico : il en aurait fait de même pour sauver l'honneur de son frère, malgré le risque que cela représentait. Ce n'était pas parce qu'il était un voyeur sadique aux tendances meurtrières qu'il manquait pour autant de coeur. La famille, l'amour, c'était primordial.

Algernon n'était qu'un complice cette fois-ci, suivant Vico là où il voulait bien l'emmener, admirant son travail et lui offrant ses suggestions avec l'imagination vicieuse qui le caractérisait. Son engouement était on ne peut plus visible, tandis que Vico déployait sa force, faisant usage de sa prothèse aussi bien pour obliger sa victime à se soumettre que pour l'injecter, sans que l'inconscient, qui avait osé insulter la soeur de Vico, ne puisse faire quoi que ce soit.

Il profita d'un bref instant de silence, restant respectueusement à distance alors que son partenaire signifiait sa fureur, pour susurrer à l'oreille de Vico, assez bas pour qu'il soit le seul à l'entendre :

"Je me languis déjà de ta main autour de mon cou. Tu vas me rendre jaloux."

Algernon savait qu'il n'y avait pas une once d'affection dans la violence que manifestait Vico envers ce type. La frontière n'en restait pas moins fine, assez pour embrouiller le corps et les désirs du Cordyceps, qui n'avait pu s'empêcher de frissonner face à ce spectacle.

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Cette journée resterait gravée dans la mémoire d'Algernon. Il le savait, et il se le promettait, quoi qu'il puisse arriver. Il n'y avait rien de plus intime et romantique que de pouvoir être réel de la sorte, en compagnie de Vico. Son Vautour ne s'attendait pas à la moindre retenue de sa part : Algernon pouvait tout simplement être lui-même, avec toutes ses brisures, sa cruauté, ses vices.

Et c'était d'autant plus plaisant qu'il participait à une vengeance orchestrée par Vico. Algernon se sentait privilégié de pouvoir participer à un tel lynchage, en pleine possession de ses moyens (autant qu'il pouvait les avoir, en tout cas). C'était la confiance qui les réunissait, et qui les animait l'un l'autre, tandis qu'ils faisaient regretter amèrement à leur cible son comportement et ses décisions. Il n'aurait pas le temps de se racheter : Vico ne croyait pas à sa rédemption, et qui était Algernon pour le juger ? Eux-mêmes étaient déjà perdus depuis longtemps.

Après le réconfort, c'était l'effort. Il ne s'agissait pas juste de torturer ou de tuer, il fallait aussi savoir nettoyer les lieux de leur présence, de tout ce qui pourrait permettre de les identifier et de retracer leur route. Mais Algernon et Vico étaient des professionnels, et ils savaient exactement ce qu'ils faisaient, même si cela faisait bien longtemps que le Cordyceps n'avait plus eu à cacher les traces de son passage. Habituellement, c'était dans le crâne même de ses victimes qu'il agissait en profondeur, son corps bien à l'abri chez lui...

Mais ce n'était pas le moment de manquer ses épisodes de possession. Algernon n'était pas prêt à reprendre du service, et il avait, de toute manière, promis à Vico de se montrer prudent à ce niveau. Il était passé près d'une brisure éternelle de son âme, de laquelle il ne saurait jamais revenir (même partiellement), et c'était bien la dernière chose qu'il souhaitait.

Une fois les festivités terminées, ce fut main dans la main qu'Algernon entraîna Vico à l'extérieur, bien décidé à prolonger ce moment romantique. Le Cordyceps n'avait pas d'autre victime à proposer à son amour, mais il pouvait définitivement lui offrir un verre. Guidant son amant jusqu'à un bar qui se trouvait à proximité, Algernon s'empressa de commander un mocktail, laissant Vico faire son propre choix.

Ses doigts restaient définitivement accrochés à ceux de son amant, comme s'ils ne faisaient plus qu'un. Algernon était un peu plus clingy qu'habituellement, peut-être une manière maladroite de sa part de rassurer Vico sur sa présence, ou une façon pour lui de continuer à se maintenir dans cette réalité, quand Algernon était si habitué à n'être que spectateur du monde qui l'entourait. Tapotant la paume de la main de son amant de ses doigts habiles, Algernon s'empressa de lui faire savoir, un grand sourire aux lèvres :

"C'était magnifique, mon cher. J'apprécie vraiment de voir ton travail sous cet angle."

Il n'était pas rare qu'Algernon se glisse dans la peau dans leur cible, ne serait-ce que pour l'incapaciter brièvement, et donner à Vico l'opportunité de prendre le dessus sans difficulté. Parfois, c'était simplement par plaisir, celui de souffrir sans conséquences tangibles des vices et sévices que Vico pouvait infliger à ses victimes. Algernon se demandait parfois si c'était son visage que Vico voyait, lorsqu'il s'en prenait à ceux que le Cordyceps possédait passivement. L'idée le faisait frissonner agréablement...

"Je dois l'avouer, cependant, j'ai eu très envie de me glisser dans sa tête et de sentir tes mains sur moi. Sa souffrance devait être exquise."

Algernon n'avait pas l'état d'esprit nécessaire pour s'inquiéter qu'on puisse les entendre. Il était encore extatique après ce moment privilégié qu'ils avaient partagé, et ne redescendait plus de son petit nuage. Prenant une gorgée du mocktail qu'on lui avait servi, il ajouta d'une voix qui se voulait tentatrice, tout en connaissant très bien la réponse qui lui serait donnée :

"Tu es sûr que je ne peux pas me glisser dans la peau du premier venu pour profiter de tes traitements ? Ca ne durera pas très longtemps, juré. Je veux juste sentir le frisson de la mort et de la souffrance, tant qu'il m'est accordé par mon précieux Vautour."

Algernon laissa échapper une exhalation tentatrice, un sourire séduisant aux lèvres. C'était leur vision de l'amour, un amour noir, vicié, intense, violent, dont ils étaient les seuls à comprendre la beauté unique et implacable. Algernon n'échangerait cela pour rien au monde.

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@Algernon Carter & @Vico Caruso
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Algernon et Vico étaient les seuls à savoir ce qu'impliquait réellement leur conversation. Que c'était autour de la mort et de la souffrance d'autrui qu'ils parlaient de se retrouver, dans une danse emplie d'amour et de passion, anges de la destruction qu'ils pouvaient volontiers être. Algernon avait étiré un sourire amusé devant la proposition de Vico, hochant immédiatement la tête en guise de première réponse. L'invitation était lancée : Algernon y agréait avec enthousiasme.

C'était un moment privilégié pour eux, après tout : la plupart du temps, Algernon opérait directement de l'intérieur, son corps dissimulé à des kilomètres de là, usant de son pouvoir pour forcer sa victime à agir à sa guise, dans les limites de son potentiel. Algernon ne se déplaçait que très rarement, et, s'il appréciait la possession, il devait admettre qu'agir de tandem avec Vico, bien présent, avait ses charmes. Il aimait toujours autant voir son Vautour à l'oeuvre, même si ses motivations pour cet acte n'avaient rien de particulièrement distrayantes ou amusantes. Un autre jour, peut-être, ils se réuniraient simplement pour le plaisir, aux détriments de la victime de leur choix.

"Définitivement. Je ne pourrais jamais me lasser de t'admirer et de t'assister, mon cher."

La tentation était là d'aller plus loin encore. Si leur date avait été plaisant de bout en bout, Algernon se languissait d'un frisson qu'il n'avait pas pu expérimenter lui-même, qu'il avait dû se contenter d'observer en simple spectateur : le frisson de la mort, de l'agonie, de la souffrance. Algernon était un addict : ses possessions diverses et variées étaient un vrai shot d'adrénaline, à la recherche de ces sensations qui devraient le briser, le détruire, mais ne l'affectaient que par proxy, quand sa cible était celle qui souffrait réellement.

Et tout cela lui manquait déjà. Flirter tant et si bien avec la mort qu'elle pouvait presque le saisir, mais qu'elle finissait malgré tout par le laisser s'échapper. Sentir sa cible se débattre inutilement avec sa propre agonie, tandis qu'il expérimentait chaque douleur, chaque sensation, jusqu'à l'inéluctable conclusion. Tout cela lui manquait terriblement, et c'est ce qu'il s'efforçait de faire comprendre à Vico, qui lui procurait une alternative qui, bien que plaisante, n'égalait pas ce frisson qu'il recherchait :

"Oui, mais il faudrait que tu t'arrêtes. Tu n'as pas à le faire, si je suis dans le corps de quelqu'un d'autre."

Algernon avait une moue boudeuse. Contre toute raison, il voulait faire usage de son pouvoir, et être aux premières loges pour le traitement de Vico. Pourtant, il savait bien qu'il risquerait de souffrir des conséquences durables de cette action, qu'il n'était pas prêt à se relancer dans cette aventure. Encore aujourd'hui, bien qu'Algernon se soit remis de l'expérience, l'homme restait très fragilisé, morcelé, les personnalités brouillonnes et brisées n'étant jamais loin de ressurgir pour lui faire perdre pied.

La main de Vico avait relâché la sienne, mais Algernon retrouva aussitôt ce contact, dans un geste instinctif. Il était définitivement plus tactile encore qu'il ne l'était déjà, depuis que tout s'était passé. Une part de lui avait encore du mal à se passer de la présence de Vico ou de son contact, comme une dernière manifestation de cette dévotion aveugle qu'il avait manifesté envers son Vautour et dans laquelle il avait bien failli se perdre.

Soupirant, Algernon se résigna à se montrer raisonnable, une notion emplie d'hérésie à ses yeux. Mais il était passé trop près de brisures irréparables pour laisser ses instincts parler pour lui. Il n'était même pas sûr de pouvoir leur faire confiance à cet instant...

"Je prendrais le frisson que tu pourras me donner, Vico. Tu as intérêt à te surpasser, mon cher."

Le défi fut lancé, avec un clin d'oeil appuyé, mais l'esprit d'Algernon se retrouva bien vite à vagabonder encore, tandis que son regard s'égarait sur les clients qui occupaient l'espace. Il lui serait si facile de prendre possession de l'un d'eux et de le mener à sa perte...

Sans raison particulière, sans motivation, sinon celle de satisfaire ses pulsions dévorantes, cette addiction d'une intensité dont il n'avait jamais eu particulièrement conscience jusqu'à ce qu'il se retrouve obligé de prendre du repos. Sa jambe se secoua nerveusement sous la table, premier signe physique de cette frustration qui l'envahissait peu à peu.

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Algernon était brisé. Il le savait pertinemment. Cette addiction vis-à-vis de son pouvoir le mènerait un jour à sa perte. Cela avait déjà failli être le cas, alors que le Cordyceps avait été incapable de se raisonner et de s'extirper de sa possession lors de sa dernière affaire. Il aurait pu prendre des pauses, se poser des limites pour éviter de s'assimiler trop au gamin, et, au lieu de cela, il avait choisi volontairement de rester dans sa tête tout ce temps, quitte à s'y perdre.

Il aurait pu ne pas se retrouver. Algernon n'était d'ailleurs pas entièrement certain d'être vraiment le même qu'il avait été, avant cette possession intense. Certaines réactions qu'il pouvait avoir encore ne lui ressemblaient pas, et semblaient plus caractéristiques de la personnalité qu'il avait modelé en quittant le corps du gamin, perdu entre son passé et cet Algernon qu'il avait tenté de reconstruire en se basant sur ce qu'il croyait que Vico attendait de lui.

Il savait qu'une nouvelle possession, en particulier dans un contexte aussi intense que celui qu'il réclamait, n'était pas avisée. Mais il le voulait, cruellement, douloureusement. Heureusement pour lui, Vico était là pour le ramener à la raison, l'obliger à la restreinte. Plus le temps passait, plus Algernon se rendait compte à quel point Vico était devenu essentiel pour son fragile équilibre. Que serait-il devenu, si son vautour était resté enfermé dans les limbes de sa cyber-psychose ? Algernon préférait ne pas y penser.

Sa jambe se secouait d'agacement, presque malgré lui. Algernon avait néanmoins étiré un sourire devant l'assurance de son amant, lui soufflant d'une voix amusée :

"Si je ne suis pas capable de te le dire, tu le verras dans mon regard. Bien sûr que j'en redemanderais, très cher."

Vico avait perçu son agitation : le baiser était autant une manière de le ramener à l'instant présent que de lui imposer son autorité, lui rappeler ses promesses. Algernon ne pouvait pas céder à ses envies : pas sans risquer de s'y perdre d'une façon qui ne serait pas acceptable. L'embrassade fut réciproque, passionnée, fulgurante. Le monde entier pouvait les observer à ce moment-là, Algernon n'en avait cure. Seul son vautour existait pour lui.

Algernon passa brièvement sa langue sur ses lèvres, tandis que Vico se détachait de lui. La question qu'il lui posa trouva une réponse rapide, tandis que le Cordyceps finissait son verre d'une traite, fixant son partenaire avec un regard désireux, fiévreux. Oh, si c'était la réalité que son vautour lui proposait à cet instant, Algernon pouvait bien rester dans son propre corps pour en profiter. Le contact du métal froid sur sa peau lui tira un frisson d'excitation, et Algernon saisit sans hésitation la main de Vico dans la sienne, se levant pour lui souffler d'une voix langoureuse :

"Qu'est-ce que tu attends, alors ?"

Et, sans lui laisser le temps de répondre, Algernon prit les rênes, tirant son amant vers l'extérieur de l'établissement. De son autre main, il jeta plusieurs billets sur le comptoir, sans s'inquiéter d'avoir payé trois fois trop pour leurs commandes. Pourquoi s'en préoccuperait-il, quand Vico lui avait offert la douce promesse d'une petite mort ?