Le Deal du moment :
Boîte Avant-Première Star Wars Unlimited ...
Voir le deal



dark woods and pagan suns (blind#1)

Osmond Rose
Originel·le
Osmond Rose
CORPS
ESPRIT
ÂME
Genre : Cis., masc.
Age : Quinqua de 236 ans.
Dollars : 1492
Zone libre :
dark woods and pagan suns (blind#1) B2f554b632f53d58adceffc067acc491
the day I died
I didn't tell
my body

|
you never
feared the abyss

dark woods and pagan suns (blind#1) Ra48t6aq_o dark woods and pagan suns (blind#1) 9HqrKldU_o

Occupation : Propriétaire du Noctal (maison close) et gérant de l'Unlock (pawnshop) dans les profondeurs de l'Underapple. Leader déchu des Orphans, déclaré mort depuis décembre.
Habitation : Ses appartements souterrains au Noctal.
Déchirures :

₪ A P O P H I S ₪

Lord of darkness and chaos

dark woods and pagan suns (blind#1) AxI6stHu_o dark woods and pagan suns (blind#1) ApEwOZTM_o
***
While they scream and perish,
he licks a finger and turns the page

MUE -- régénération cellulaire, cicatrisation en surface et en profondeur, vieillit beaucoup plus lentement et se remet de blessures ou maladies graves.

CORRUPTION -- (niv.1) se nourrit de transgressions commises, gain d'énergie vitale ; (niv.2) commande à autrui la transgression qu'il veut voir commise ; (niv.3) son esprit est impossible à corrompre en retour, toute tentative de manipulation, intrusion ou altération se solde par un échec, la sensation d'une angoisse profonde, et des effets secondaires variables (nausée, évanouissement, lésions cérébrales graves).

TENEBRES -- (niv.1) obscuration des lumières artificielles, visibilité nulle pour l'œil humain et les appareils ; (niv.2) obscuration des lumières naturelles, même principe ; (niv.3) invocation d'une entité ténébreuse, "Jo" (pour Jawbreaker) semblable à un serpent de fumée, long de 7 mètres avec la force de 7 hommes.

SERPENTS -- (niv.1) transformation de n'importe quelle matière en serpents ; (niv.2) les contrôle même à distance et communique avec eux.

INFRAMONDE -- (niv.1) résurrection ; (niv.2) invocation d'entités démoniaques et spectrales.

Limites :
MUE -- procédé long (4h) et douloureux (écorchement vif).

CORRUPTION -- (niv.1) doit assister aux transgressions ou qu'elles soient survenues dans les 72h pour s'en nourrir ; (niv.2) ne manipule plus qu'un max de 6 personnes par jour, 4 en simultané à cause d'une malédiction ; (niv.3) ne contrôle pas la gravité des effets secondaires, dépend de si l'individu est novice ou non.

TENEBRES -- (niv.1) perim. de 20m pour 10 minutes ; (niv.2) perim. de 30m pour 5 minutes ; (niv.3) durée de l'invocation variable (9 à 15 minutes), Jo provoque des tremblements (max 3 échelle de Richter) en arrivant, et quand il ne peut pas traverser les revêtements routiers (max 6 sur l'échelle de Richter).

SERPENTS -- (niv.1) transformation max égale à son poids, pour une durée de 3h ; (niv.2) télépathie simple loin de la complexité d'une langue (émotions, compréhension des intentions, flashs visuels).

INFRAMONDE -- (niv.1) quitte son immensité et sa puissance dans le supramonde, difficulté à se réhabituer à son corps humain ; (niv.2) 3 démons ou 1 défunt pour un total de 1h/24h, peut perdre le contrôle sur les défunts.

Stigmates :
-- œil de verre (droit).
-- haemolacria (droite).
-- lésions radiques invisibles.
-- brouilleur de capteurs vivant.
-- une cicatrice de décapitation.

Inventaire :
-- (lost) une vieille chevalière avec le logo d'Icarus dessus et un peu de sang dans les interstices.
-- des lunettes de soleil pitch black.

Pseudo : .exe
Comptes : Jeremiah.
Genre IRL : She/her.
Messages : 521
Date d'inscription : 13/02/2023
FC : Rufus Sewell.
Crédits : Martyr (av.)
Thèmes abordés : Body horror, gore, occultisme, horreur, manipulation, violence, dysf. familial, meurtres, terrorisme, criminalité.
Thèmes refusés : Ràs.
Infos RP :
(( dial : slategrey ))
-- présence régulière.
-- dials fr ou ang.
(( 4/3 rps ))
-- Love [AU]
-- Darius [fb, 1820]
-- Laudna [été 2025]
-- Amy [décembre 2025]

dark woods and pagan suns
@osmond rose & @billie bloom
tw: apparition horrifique, gore.

The Scar pue. The Scar suinte comme nulle part ailleurs l’Underapple suinte. La Ruine et la Mort sont restées présentes dans les parages, réduites à s’isoler là maintenant que le reste des profondeurs est habité par la lie humaine et non-humaine. S’y réfugient leur obscurité caverneuse, leur calme sépulcral, et leur goguenardise béante car The Scar est aussi un rire pétrifié dans son airain rocheux : le rire du chaos.

C’est ici que le Serpent a rouvert les yeux vingt ans plus tôt, comme une deuxième naissance blasphématoire et injuste pour un monde qui pensait l’avoir enfin anéanti. C’est donc ici que demeure le souvenir de sa libération, et avec lui le goût du nostalgique. Il s’y rend peu mais il s’y rend longuement, arpentant les vestiges restés intacts avec un plaisir possessif et extrême ; il erre et rôde comme ces vermines de l’Underapple, pourtant souverain sur ce territoire qu’il considère être sien, il erre et rôde comme il errait et rôdait les premières années de sa libération, quand il n’y avait pas encore de roitelets pour revendiquer Ses Bas-Fonds ni aucun autre parasite venu de la surface pour se prétendre légitime - ils ne l’étaient pas, ne le sont toujours pas, et ne le seront jamais.

Le Serpent erre et rôde ici, et veille à entretenir son temple qu’il débarrasse régulièrement de certains déchets - humains et non-humains. Il a, pour The Scar, une affection suave, fidèle et attentive, comme un amant cruel mais consciencieux aurait laissé son amour pourrir sans le laisser non plus mourir.

Jo termine d’écarteler un voyou sans intérêt, le démembrant dans le ciel noir et profond de sous la terre en faisant pleuvoir ici du sang ici des tissus organiques. Son maître sent sa fureur vrombir dans chacun de ses vaisseaux sanguins comme si elle était sienne et qu’ils ne formaient qu’un, et dans un geste calme de remerciement il opine du chef, essuyant une petite goutte rubiconde de sa pommette droite - il a craint, un instant, que cela vienne de son œil de verre. Jo gargouille un rire mauvais et brûlant, quittant ses hauteurs pour venir fondre doucement vers son maître et s’enrouler autour comme l’immense serpent plein de ténèbres et d’horreurs qu’il est. Il comprime légèrement le corps de son maître, provocation hostile qui fait partie de leur jeu, et au sourire qui soudain anime le masque impavide et blafard, suit la parole. "Tiens-toi bien, Jo." Ils s’amusent ensemble de leurs forces qui s’opposent, celle du maître fatalement dominante mais sensible cependant aux remous terrifiants et féroces de l’entité, ils se cajolent et se courtisent, s’abominent et se menacent, rient intérieurement à chacun de leurs efforts, et puis sans prévenir, dans un mouvement sec et tyrannique, Jo est congédié. L’entité lutte un peu, car c’est aussi là une composante de leur jeu, gargouille de mécontentement, se dénoue du corps et emporte avec elle son immensité ténébreuse et serpentuesque dans des profondeurs secrètes connues seulement d'eux.

Osmond reprend sa marche, enjambant les deux autres corps démolis en prenant soin de ne pas troubler leur position. Il est important qu’on les voit ainsi. C’est le genre de message percutant qui éloigne pour un temps les parasites, et apporte à The Scar sa quiétude méritée. Le petit campement établi par les imprudent.e.s sera détruit par l’humidité, rongé par les rats et emporté par la multitude de détritivores grouillant par ici et un peu partout.

Il quitte son écrin de tranquillité en réempruntant le chemin de l’allée, des venelles sinueuses d’abord créées par des gravats inchangés depuis 2005, puis par des bâtiments hérités de l’ancienne ville. En seulement quelques minutes l’impression qu’on le suit s’impose, et glisse contre sa nuque comme le toucher perceptible d’un danger sous-jacent. Osmond continue de marcher, mais change peu à peu son parcours ; sans presser son pas pour ne manifester d’aucune sorte que ce soit sa réalisation. Les passages diffèrent, s’étrécissent, s’obscurcissent encore plus qu’ils ne le sont déjà, et bientôt l’œil humain ne peut plus se repérer car des ténèbres absolues, originelles, se sont déversées dans la zone, coupant toute notion d’orientation. Le haut pourrait être le bas, la droite pourrait être la gauche, et le sol, s’il n’était pas resté dur sous la semelle, un vide infini.

Profitant d’avoir déboussolé cellui qui le suit, Osmond lea prend en traître, réapparaissant de derrière un angle de béton au moment même où ses ténèbres se dissipent. Le face à face, provoqué par une proximité soudaine et voulue, fait s’arrêter l’individu à moins de dix centimètres de lui. Ils se heurtent presque.

S’il n’a plus qu’un œil pour y voir, celui-là est accoutumé aux ténèbres les plus noires ; l’obscurité naturelle de l’Underapple ne l’empêche donc pas de constater à qui il vient de foutre la trouille. Une vision qui lui coupe le souffle, et démobilise le flegme inhumain tapissant naturellement son visage.

(FLASHBACK - 1820) Cecil entre dans la serre avec une précaution étudiée. La moiteur du lieu lui est inconfortable et le fait bientôt transpirer sous ses vêtements droits et de belle facture, mais il ne peut s’empêcher d’en savourer la touffeur qu’il trouve quelque peu agréable et enivrante. Elle change du climat froid de Londres, où la brume est cafardeuse et la pluie ennuyeuse. Des plantes se déploient dans tous les sens, une profusion verte, un peu rouge aussi, orange, rose, et pourpre, qui émerveille le regard contemplatif du jeune lord.
Quelques fois, il tend dans un geste délicat une main curieuse, frôle du bout des doigts les feuilles et les fleurs, sans trop oser troubler leur sérénité parfaite. Le lieu lui rappelle la serre de son manoir, dorénavant abandonnée car hélas délaissée, mais autrefois pleine de plantes merveilleuses - des rosiers, des orchidées, des lys, et tant d’autres encore - que leur jardinier entretenait avec ferveur. Cecil avait passé beaucoup de temps à le regarder faire, pour s’appliquer ensuite à reproduire ses gestes avec la même délicatesse scrupuleuse. Il a connu ses premiers émois en touchant la douceur d’une pétale car il n’avait jamais rien touché d’aussi doux qui ne se dérobe pas sous ses mains malades.
Il entend un bruit. Se déplace jusqu’à lui.
Agenouillée par terre et de dos, celle qu’on lui a désignée comme étant Miss Dixon travaille sa terre. Un craquement de branche sous le pas de Cecil la fait se redresser vivement, dans un sursaut de peur évident. Le jeune lord a lui-même une petite crispation, puis lève une main en guise d’apaisement. "Pardonnez-moi, je ne voulais pas vous effrayer," dit-il, sincèrement contrit, le regard transi d’un petit effroi à l’idée d’avoir raté ses présentations - il n’est guère doué en la matière. C’est une scène tant de fois répétée qu’elle le ramène à une certaine honte. Il baisse la main, les lèvres un peu tremblantes de trop chercher ses mots. "Je m’appelle Cecil."

Les traits d’Osmond se redurcissent. Il y a dans son regard une haine silencieuse et la promesse de s’en nourrir à tout moment. C’est tout ce que lui inspire à présent le visage d’Adalyn. Mais il doute que ce soit elle : Adalyn, comme toustes les autres, est après tout morte. Alors à cellui qui prétend être elle ou s’amuse par quelque jeu odieux à prendre ses traits, il adresse ces simples mots, non moins venimeux et sardoniques dans le ton feutré : "Qui est-tu ?"
Invité
Invité
Anonymous
CORPS
ESPRIT
ÂME
dark woods and pagan suns
@osmond rose & @billie bloom
tw: apparition horrifique, gore, troubles psy.
De la poussière dans les bronches et les rayons d'une aube atemporelle pour lui fracasser la vue, lui brûler la peau. Le désert, son désert, de grisaille toxique ; étendu devant et derrière et partout tandis qu'elle écarte les doigts de bonheur et tente, immobile, de toucher jusqu'à sa plus infime particule. Un monde oublié et perdu dans les méandres de l'humaine nature. Atmosphère pathogène.
Elle étouffe un début de toux, poignet maigre écrasé sur le tissu de coton qui lui couvre de moitié le museau. Caboche se secoue ; mouvance animale. Et elle fronce les sourcils et elle avance. Encore. Se laisse couler contre les murs effondrés, tape les godasses dans la chiure des temps anciens. Et un sourire lui casse la face dès lors qu'elle l'aperçoit. Le retrouve. Celui qu'elle cherche. Celui qu'elle suit. Celui qu'elle contemple depuis depuis eh bien depuis combien de temps maintenant ; des jours ou des semaines ; ou des heures imbriquées à des heures à des heures qu'elle ne peut plus ou ne veut pas compter. Alors, elle le piste. Et elle tente dans la maladresse de ses obsessions de saisir jusqu'au tracé de nuances impossibles qui le composent-décomposent et qu'elle redessine dans ses carnets de croquis. Car. Il n'existe pas ou plus il n'est que le songe-mensonge de ta mémoire. Mais il est- sont- ils sont là. Juste là. N'est-ce pas ? Lui et l'autre. Les deux réunis dans un macabre ouvrage qu'elle observe. Loin et si près. À presque le sentir. Lui et son odeur et leur odeur – de mort. Lui et son ronron d'apocalypse. À l'encéphale, les synapses manquent leurs connexions. Pupilles dilatées et bouche entrouverte sur la crasse de son fouloir. La respiration toujours plus difficile au plus elle s'enfonce mais qu'elle aime ô Dieu qu'elle aime cette fracture des univers. Jamais rien touché d'aussi beau non jamais rien elle le jure. Et tandis que les minutes s’allongent, elle ose cheminer, rôdailler dans le giron de la chimère. Se frotte l'épaule à du béton fendu et s'y écorche presque. Voudrait se fondre à la terre ou s'évaporer au brouillard mélasse qu'est l'air. À ses oreilles, le grésillement du cartilage  qui se brise et craque ; à ses oreilles, le glauque des chairs que l'on froisse et tord ; de la viande et de l'os que l'on disloque.
Juchée sur son bout de ciel, désormais. Jumelles vissées au regard, le bas tout bas qu'elle guette. Bas si bas, plusieurs mètres en plongeon un vide et écrase-toi sur la langue d'asphalte et répand ta cervelle à ses pieds. Elle hoquette dès lors que l'entité serpentine rejoint son maître. Cobra miraculeux d'obscurité tentaculaire. Et un nœud lui gonfle et bloque la gorge puis goutte à goutte à goutte dangereusement et noue les tripes de son ventre. Elle pense : Ash. Elle pense : j'aurai dû j'aurai dû oh j'aurai dû le prendre. Mais la présence de la bête, elle l'a repoussée. Clébard congédié dans leur abri et ses alentours. Il ne il ne quoi devait avec le pas, oui et non voilà- il ne devait pas venir. La lutte de ses envies et ses peurs contrariée par cette intime écorchure. Le danger et l'appel des néants contre l'attention protectrice-possessive de son sauvage gémeau. Concentre-toi.
L'attention virevolte, se métamorphose et s'étrangle pour qu'enfin les orbes se ré-incrustent au réel. Ou ce qu'elle croit en être. Ou ce qu'elle rêve en être. Lui. Lui qui n'est pas ou plus lui et qui pourtant se tient ici. Avec. Les corps démantelés, victimes, messages-crevures offerts à la vue des charognards – offerts à sa vue. Une risette en demi-lune se dessine sous le voile qui la sépare du dehors. Ici rien ne se perd et pour sûr les retrouvera-t-on dans quelques assiettes dès la nuit tombée. À cela, un rire. Sec, cristallin, en éclats.
Et ça revient. La chose en forme d'homme abandonne son forfait et sillonne à nouveau rues et ruelles qu'elle s'empresse de rejoindre, rangeant ses longs-yeux dans le sac qu'elle garde toujours sur le dos. Descente prudente. À peine un bruit de frictions et d'éclaboussures. Le bitume sous ses semelles. Des semelles rongées. Dag se cale sur le rythme des pas fabuleux devant elle. Et elle se captive de ce cuir intense et brillant et noir comme l'œil d'une araignée traçant le chemin. Leur chemin. Lente déstructuration de son environnement qu'elle ne guette pas assez – trop confiante, trop fascinée, trop obsessive. Elle ne craint rien, elle connaît tout – chaque recoin, chaque venelle, chaque taudis. Elle ne craint rien et elle connaît tout absolument tout et c'est là ta plus grande faute. Chère damnée chère enfant à trop regarder ses pieds et ses jambes et la lente ondulation de son corps tout entier tu te perds tu te vautres tu te rues dans sa gueule grande ouverte. Toute prête à t'avaler.
Avant qu'elle n'en soit parfaitement sûre le nord n'est plus le nord pas plus que le sud n'est sud et le cosmos prend des allures de cauchemars. Urgence, besoin de respirer. Masque de fortune abaissé. Ses billes bleues scrutent le noir et le bras droit déjà se plie et les phalanges déjà se crispent sur le manche du couteau pendu à sa bretelle. Un battement de paupières, moins d'une expiration, et le visage-fantôme fend l'obscurité et lui déchire l'horizon. Et il est si près et elle le voit si bien et elle sert si fort l'arme contre la paume de sa main.
La mémoire se fracasse et elle ne comprend pas non elle ne comprend pas l'instant qui soudain se désintègre. Le regard plissé, en manque de détails les détails putain les détails il n'y a fatalement toujours eu que ça. Et ce visage. Et cette voix. Cette voix qui résonne et cogne et résonne et devient grenade sous l’ovale du front.
C'est lui sans l'être, il n'y a plus de doutes et il n'y a que cela qui germe. La nuque faiblit, le menton chavire brusquement de côté et revient aussitôt dans son axe.
– Qui es-tu ?
La voix réclame une réponse. Mais de réponse elle n'a rien à donner. Juste un peu de sang sur la langue à se l'être mordue. Dents claquées par la surprise et le repli avant l'impact. Un corps contre son corps.
Qui es-tu Dag qui es-tu, il l'a demandé.
Pourquoi-
Les mirettes dégoulinent de ces yeux qu'elle connaît sans reconnaître à la ligne de ce nez cent fois effleuré à la courbe de cette bouche cruelle et puis cette gorge bonne à trancher.
Immobilisme. Clignements des yeux. Cils s’ébattent à la façon d'ailes de mite.
Pourquoi le monde est éteint ?
Une vraie question à la question sans aucun sens.
Pourquoi elle ne trouve plus ni soleil ni lune pourquoi elle ne conçoit plus les nuances de ses parages pas plus qu'elle ne reçoit la plus infime perception de ses sens atrophiés.
Et lorsqu'elle parle, la croyance s'immisce que les sons sont comme dévorés, écrasés par cette gerbe enténébrée qui la tétanise et l'indiffère tour à tour. Muscle cardiaque pourtant pris par l'envolée de ses pensées, s'agite et tape jusque contre sa glotte.
Elle déglutit. Mâchouille un bout de lippe par l'intérieur, comme pour s'empêcher d'en rajouter comme pour se museler. Elle sent, le danger. Évidemment, qu'elle le sent. Et ça la pique sur toute sa peau à nu, ça la démange au point d'envisager user du couteau pour se saccager. Elle connaît, le secret. Lové sous leurs pieds. Et elle ne veut pas le réveiller alors alors quoi Dag qu'est-ce que tu fais.
Alors elle chuchote en se rapprochant. Son murmure comme une caresse chaude et putride sur les lèvres opposées : Pourquoi si vieux pourquoi je ne reconnais rien.
L'interrogative avortée. La réplique haute à ses ruminations pathologiques.
Pourquoi il a vieilli, pourquoi lui et pas elle et pourquoi elle n'a rien vu dans ses songes et ses délires et pourquoi elle n'a pas su distinguer l'imposture plus tôt et plus vite.

(FLASHBACK – 1820) Manches retroussées, pieds nus et minois sali par la terre qu'elle fourrage. Des mèches blondes se sont évadées de son chignon bas et se déversent sur ses épaules. À genoux devant les pots et les bacs. Les plantes qu'elle touche, examine et sépare. Voudrait faire croître et surtout voudrait oublier. Jusqu'à son existence. Jusqu'à cette peur omniprésente qui lui écrase la poitrine et lui dévore le cerveau. Alors elle s'agite et s'impatiente et voudrait que tout aille plus vite et que tout soit plus lent. Les mains tremblotent dans leur exercice et les ongles se plantent soudain et cherchent à blesser les racines.
Puis la présence. L'invasion dans son univers secret. Un craquement. Le bruit d'un os qui se brise quand ce n'est qu'une branche. Et c'est l'effroi. Tout se crispe en elle et la voix est coupée dans un semi-silence semi-sursaut semi-cri éradiqué. Adalyn fait face aussitôt, se redresse et dans sa main une petite pelle de fer cabossé, attrapée à la volée. Doigts crispés, phalanges blanchies de trop serrer. Elle aurait attaqué, féroce et folle, si seulement la silhouette n'avait pas été si loin. Si seulement le visage n'avait pas été si soudainement incrusté à sa rétine.
– Pardonnez-moi, je ne voulais pas vous effrayer.
Et la voix s'immisce.
– Je m’appelle Cecil.
Et l'être délétère ne l'était que dans le fond de sa tête. De sa psyché lacérée.
Il n'est qu'un homme. Ou un garçon. Les deux en même temps et ses pupilles ne peuvent pas se détacher. Du visage qu'elle guette. Les ridules qu'elle inspecte. Les aspérités qu'elle darde, défiante puis égarée.
Qui êtes-vous ?
Le timbre graillonneux de trop se taire.
Elle doit savoir.
Requête impérieuse, lèvres se pincent. Le prénom importe peu. Le rôle est capital. Car personne, personne, ne trébuche sur le territoire de Darla en n'étant qu'un homme ou un garçon. Et personne ne trébuche dans son antre à elle, que l'on en soit désolé ou non.
Et que l'on s'appelle Cecil ou Darius importe peu.
Premier mensonge.
Osmond Rose
Originel·le
Osmond Rose
CORPS
ESPRIT
ÂME
Genre : Cis., masc.
Age : Quinqua de 236 ans.
Dollars : 1492
Zone libre :
dark woods and pagan suns (blind#1) B2f554b632f53d58adceffc067acc491
the day I died
I didn't tell
my body

|
you never
feared the abyss

dark woods and pagan suns (blind#1) Ra48t6aq_o dark woods and pagan suns (blind#1) 9HqrKldU_o

Occupation : Propriétaire du Noctal (maison close) et gérant de l'Unlock (pawnshop) dans les profondeurs de l'Underapple. Leader déchu des Orphans, déclaré mort depuis décembre.
Habitation : Ses appartements souterrains au Noctal.
Déchirures :

₪ A P O P H I S ₪

Lord of darkness and chaos

dark woods and pagan suns (blind#1) AxI6stHu_o dark woods and pagan suns (blind#1) ApEwOZTM_o
***
While they scream and perish,
he licks a finger and turns the page

MUE -- régénération cellulaire, cicatrisation en surface et en profondeur, vieillit beaucoup plus lentement et se remet de blessures ou maladies graves.

CORRUPTION -- (niv.1) se nourrit de transgressions commises, gain d'énergie vitale ; (niv.2) commande à autrui la transgression qu'il veut voir commise ; (niv.3) son esprit est impossible à corrompre en retour, toute tentative de manipulation, intrusion ou altération se solde par un échec, la sensation d'une angoisse profonde, et des effets secondaires variables (nausée, évanouissement, lésions cérébrales graves).

TENEBRES -- (niv.1) obscuration des lumières artificielles, visibilité nulle pour l'œil humain et les appareils ; (niv.2) obscuration des lumières naturelles, même principe ; (niv.3) invocation d'une entité ténébreuse, "Jo" (pour Jawbreaker) semblable à un serpent de fumée, long de 7 mètres avec la force de 7 hommes.

SERPENTS -- (niv.1) transformation de n'importe quelle matière en serpents ; (niv.2) les contrôle même à distance et communique avec eux.

INFRAMONDE -- (niv.1) résurrection ; (niv.2) invocation d'entités démoniaques et spectrales.

Limites :
MUE -- procédé long (4h) et douloureux (écorchement vif).

CORRUPTION -- (niv.1) doit assister aux transgressions ou qu'elles soient survenues dans les 72h pour s'en nourrir ; (niv.2) ne manipule plus qu'un max de 6 personnes par jour, 4 en simultané à cause d'une malédiction ; (niv.3) ne contrôle pas la gravité des effets secondaires, dépend de si l'individu est novice ou non.

TENEBRES -- (niv.1) perim. de 20m pour 10 minutes ; (niv.2) perim. de 30m pour 5 minutes ; (niv.3) durée de l'invocation variable (9 à 15 minutes), Jo provoque des tremblements (max 3 échelle de Richter) en arrivant, et quand il ne peut pas traverser les revêtements routiers (max 6 sur l'échelle de Richter).

SERPENTS -- (niv.1) transformation max égale à son poids, pour une durée de 3h ; (niv.2) télépathie simple loin de la complexité d'une langue (émotions, compréhension des intentions, flashs visuels).

INFRAMONDE -- (niv.1) quitte son immensité et sa puissance dans le supramonde, difficulté à se réhabituer à son corps humain ; (niv.2) 3 démons ou 1 défunt pour un total de 1h/24h, peut perdre le contrôle sur les défunts.

Stigmates :
-- œil de verre (droit).
-- haemolacria (droite).
-- lésions radiques invisibles.
-- brouilleur de capteurs vivant.
-- une cicatrice de décapitation.

Inventaire :
-- (lost) une vieille chevalière avec le logo d'Icarus dessus et un peu de sang dans les interstices.
-- des lunettes de soleil pitch black.

Pseudo : .exe
Comptes : Jeremiah.
Genre IRL : She/her.
Messages : 521
Date d'inscription : 13/02/2023
FC : Rufus Sewell.
Crédits : Martyr (av.)
Thèmes abordés : Body horror, gore, occultisme, horreur, manipulation, violence, dysf. familial, meurtres, terrorisme, criminalité.
Thèmes refusés : Ràs.
Infos RP :
(( dial : slategrey ))
-- présence régulière.
-- dials fr ou ang.
(( 4/3 rps ))
-- Love [AU]
-- Darius [fb, 1820]
-- Laudna [été 2025]
-- Amy [décembre 2025]

dark woods and pagan suns
@osmond rose & @billie bloom
(FLASHBACK 1820) Cecil remarque la petite pelle de fer cabossé que tient Miss Dixon, ainsi que ses pieds nus et blafards jurant avec le sol poussiéreux de la serre. La vision devrait le choquer, car il est un noble soucieux de l’étiquette, mais il est familier de la crasse et des êtres brisés et rien de tout cela ne le choque, le rebute ou l’inquiète. "Qui êtes-vous ?" Elle a le timbre pierreux, comme si un millier de mondes s’effondraient dans sa gorge étroite. Cecil ramène ses yeux clairs et froids sur le minois de Miss Dixon, l’intérêt piqué à vif, et les épaules un peu plus tendues.

Il ne comprend pas de suite ce qu’elle lui veut, puisqu’il vient de se présenter, mais à mesure qu’il la dévisage, dans ce silence tressé de plusieurs sortes de curiosités, le jeune lord repense aux quelques informations que lui ont dispensées certains Nightbringers. Miss Dixon est étrange ; Miss Dixon est solitaire ; Miss Dixon est sauvage. Miss Dixon, comprend-t-il surtout, a peur. Cecil se revoit dans la serre de son manoir, caché dans le noir et les feuilles et les pétales douces dans l’espoir qu’on ne le retrouve pas - jamais. Un petit garçon apeuré qui vient contempler, le temps d’un souffle et à travers ses billes verdâtres, cette femme qui elle aussi fuit le monde.

"Je ne sais pas quoi vous répondre," avoue-t-il calmement. Il se déplace de quelques pas sur le côté, comme s’il reprenait sa balade. Sans quitter Miss Dixon des yeux, il poursuit. "Ça fait quelques jours maintenant que j’ai rejoint," une hésitation, "votre groupe, mais je n’ai pas réellement de rôle." Cecil s’est arrêté près d’une plante luxuriante anormalement grasse. Il la contemple avec une intensité à peine voilée, avant de ramener son attention sur Miss Dixon. La question de savoir si elle est à l’origine de ce croisement lui brûle les lèvres, mais il remarque à la raideur du visage pâle qu’il demeure une présence non-voulue et sans doute envahissante. "J’ai proposé à Darla que mon érudition serve. J’ai quelques notions en génie militaire." C’est peu dire. Mais il n’a aucun intérêt à se montrer arrogant, et proprement aucune envie de s’en vanter.

Les interactions sociales sont encore un mystère pour Cecil. Il préfère d’ailleurs se plonger dans des manuscrits et des livres pendant des heures plutôt que d’avoir à soutenir une conversation mentalement épuisante pour le nombre d’efforts qu’il doit produire. Plus tard, Cecil apprendra. Il apprendra les rouages et les mécaniques sociaux comme il a appris les rouages et les mécaniques de la guerre, et saura même au-delà de ça magnétiser par son verbe et ses mensonges. Mais pour l’heure, il n’est guère un parangon de charisme, si ce n’est pour son port altier et son phrasé soigné. "J’ai une serre, chez moi aussi," dit-il en revenant à sa contemplation de la plante. Un sourire timide vient tirer ses fines lèvres. "Elle n’est hélas pas aussi extraordinaire que la vôtre, mais peut-être qu’un jour j’y replanterai des orchidées et des lys." Il tourne légèrement son profil en direction de Miss Dixon, le ton plus bas, comme dans le secret de la confidence. "J’espère ne pas les tuer. Je crains ne plus trop avoir la main verte…," s’en désole-t-il sincèrement, un nouveau petit sourire piteux sur les lèvres.

Il a placé ses mains dans le dos pour s’empêcher de toucher à quoi que ce soit. Quand il se retourne une dernière fois vers Miss Dixon, sa posture lui donne des airs hautains mais sages. "Souhaitez-vous que je parte ? Je n’avais pas l’intention de vous déranger, mais je sens que ma présence trouble votre havre de paix." Cecil détaille brièvement les longues mèches blondes et tombantes, comme momentanément absorbé par leur mouvement de balancier, avant de ramener son regard dans celui de Miss Dixon. Elle est d’une beauté singulière - comme s’il était face à un ange malade - ce qui l’impressionne chaque fois qu’il rencontre ses yeux bleus. "Je comprendrais." Le ton est las.
"Pourquoi le monde est éteint ?" La haine d’Osmond s’épaissit d’un coup. Se rompt aussi, à la manière d’une nuque qu’on brise. Cette voix et cette déraison sont celles d’Adalyn. Nul ne pourraient les copier ; il les connaît chacune trop bien, et si des siècles le sépare de leur souvenir, ils demeurent pourtant intacts dans sa mémoire scindée, pendant quarante ans démolie dans les profondeurs. C’est impossible, pourtant. Adalyn est morte avec les autres. Un foi qu’il s’est professée tout seul, sans passion ni véritable émotion. Elle approche. Elle rampe jusqu’à pourrir son oxygène d’un remugle épars qu’il s’imagine un instant étouffer jusqu’à ce que mort s’en suive cette fois vraiment.

Adalyn est pourtant là. Ressuscitée d’il ne sait quel schéol possédé par il ne sait quel mutant. Quelles putain de conneries. Il sent ses pensées se liquéfier et ne laisser de place qu’à une colère immense et un petit délice macabre. "Pourquoi si vieux pourquoi je ne reconnais rien." Sans prévenir, la main droite d’Osmond fond contre la mâchoire livide. Un crochet douloureux qui pourrait la démantibuler sur-le-champ pour l’empêcher d’ajouter quoi que ce soit d’autre. Il ne veut pas l’entendre. Il ne veut rien savoir.

Il veut, en revanche, la toucher. S’assurer qu’elle est réelle, et s’il ne peut s’en assurer, profiter malgré tout du contact. Peau froide. Poudreuse. Crasseuse. Ses ongles s’enfoncent. Le regard mort-vivant d’Osmond la toise avec mépris. Jusqu’à ce que la prise se desserre, comme des crocs venimeux s’arrachant à sa proie, et que les doigts épais et rugueux, jusque là hostiles, se lovent peu à peu sur une joue. Une caresse cruelle, sans doute. Pour qui, il ne sait pas. Adalyn n’a pas changé, elle ; il retrouve la forme exacte que prenait son visage quand il le caressait tendrement. Le profil malveillant, caché par l’ombre et la menace, s’adoucit un peu le temps de se rappeler tout ce qu’ils ont pu être. Et se faire. Et se dire. Et se promettre. Elle est si proche qu’il pourrait l’embrasser et la dévorer ; elle est si proche qu’il sent son parfum de moisissure sans que cela ne le choque, le rebute ou l’inquiète.

La main s’ôte, se plaque contre la gorge étroite et inchangée et repousse le spectre d’Adalyn à bonne distance. Sa froideur et son flegme inhumain retrouvés, Osmond déclare, de cette manière clame et terrible qui lui appartient. "Je te croyais morte. Qu’est-ce que tu me veux."
Invité
Invité
Anonymous
CORPS
ESPRIT
ÂME
dark woods and pagan suns
@osmond rose & @billie bloom
tw: troubles psy, évocations gores.

(FLASHBACK – 1820) Elle ne voit que ces yeux, elle n'observe que ces yeux, elle ne perçoit plus rien que ces yeux – ses yeux oh ses yeux – qui soudain lui échappent. S'évadent hors de sa maladive admiration. L'imbroglio de nuances vertes piquées de petites comètes brunes aux reflets d'or oh ses yeux déjà la hantent.
– Je ne sais pas quoi vous répondre, dit-il.
Et elle pourrait répondre que ce n'est pas si grave. Qu'elle ne veut rien que son silence, à la seconde, et puis un peu de ses yeux dans ses yeux. Juste un temps – encore. Rien qu'une poignée d'expirations pour oublier jusqu'au bruit sourd de leur existence.
Il se déplace, lui, tout entier. Sans néanmoins lui échapper – jamais.
– Ça fait quelques jours maintenant que j’ai rejoint...
Un accroc, l'obstacle sur la lancée. Quelques jours – il dit quelques jours et elle ne comprend pas. Depuis combien de temps et quel jour sommes-nous et quel est le mois. Il a rejoint – rejoint quoi rejoint qui ; si seulement elle pouvait le lui raconter sans que les mots et les pensées ne se disloquent à peine la langue s'agite-t-elle, impatiente, contre la voûte de son palais.
– … votre groupe, mais je n’ai pas réellement de rôle.
Votre groupe.
Il y a une saveur étrange à cette dévotion. Un goût de vœux et de proches malédictions.
Et il s’esquive encore. Durant une inspiration. Une attention portée là où les plantes et les croisements mortifères prolifèrent.
– J’ai proposé à Darla que mon érudition serve. J’ai quelques notions en génie militaire.
Il explique mais la cognition d'Adalyn s'est déjà de moitié évaporée, endormie au son de sa voix, entre deux hésitations et une bouffée de courage pour ne pas vaciller.
– J’ai une serre, chez moi aussi.
L'intérêt pique autant qu'il blesse.
– Elle n’est hélas pas aussi extraordinaire que la vôtre, mais peut-être qu’un jour j’y replanterai des orchidées et des lys.
Les pupilles grelottent, réaffirment leur emprise sur l'être devant. Et ce n'est pas tant la serre et ses explications sous-jacentes qui brutalement accaparent l'esprit d'Adalyn. C'est ce chez soi qu'elle ne retrouve (et ne trouvera pas). Nulle part. Pas même ici pas plus que là-bas – après tout ça. Après les ambitions vengeresses et les blessures invisibles. Après les erreurs et la mort.
– J’espère ne pas les tuer. Je crains ne plus trop avoir la main verte…
Une confession. La première qui ait une saveur telle qu'elle s'avance, imperceptiblement, tandis qu'il s'écarte des feuilles et des tiges et des boutons de fleurs prêts à éclore d'un moment à l'autre. Il se détourne à demi et joint ses mains dans son dos et elle devine que l'acte est, plus qu'un dédain une sage éducation. Et elle s'est encore approchée. Si prudente et silencieuse. Les prunelles poinçonnant chaque partie de son visage pour ne pas l'oublier comme les autres. Comme tant d'autres. Passés, trépassés (et futurs).
– Souhaitez-vous que je parte ?
Le non est muet. Prisonnier des dents serrées. Des lèvres closes. Ce non, ce NON!, qui la ligote en une contracture de membres.
– Je n’avais pas l’intention de vous déranger, mais je sens que ma présence trouble votre havre de paix.
Oh s'il savait. Si seulement il voyait, il voyait au-delà de la retenue le cyclone de son envoûtement.
Elle se fige parce qu'il la fixe. Mais il ne paraît rien avoir remarqué. Du moins elle s'en convainc, une pointe de honte picorant son plexus.
– Je comprendrais.
Cette plante, dit-elle. Aboie-t-elle, quasiment. Surprise elle-même par la rudesse et l'insolence de l’enchaînement. Un coup de menton pour ponctuer la parole et ses yeux qui le quittent – la honte hurle de rire dans sa tête – pour glisser vers cette créature qu'elle s'est amusée à transformer.
Cette plante ne devrait pas exister.
À côté de lui désormais, faisant face à cette monstruosité aux bourgeons blancs.
L'amorce d'un échange ; le premier. Un petit, ridicule, et bouffi de sous-entendus mort-nés.
C'est une espèce de clématite. On l'appelle vigne blanche. Elle est vivace mais délicate, n'est-ce pas. Elle n'aime pas les espaces clos et ses racines aiment la fraîcheur des sols riches.
De biais, elle l'observe. Non la clématite mais lui. Son profil, fin, la chair comme tirée sur les os et le cartilage. Sitôt coupé par le tranchant de sa mandibule. Discrètement, son attention s'échoue de nouveau. Et un mince sourire s'esquisse sur sa bouille salie.
Elle revient à l'appréciation de son œuvre.
Je l'ai obligée à vivre avec du lierre. Je les ai obligés à se croiser jusque dans leurs racines. Des siamois qui n'en sont pas. Des siamois que j'ai cousu moi-même du gros orteil à la gorge.
Elle rit. Un rire sale, un rire un peu dingue.
Il a fallu couper net et droit, d'un bout à l'autre. Ne leur laisser aucune possibilité de fuir, de s'épanouir chacun de leur côté.
Et elle continue, sans pouvoir se retenir, sans pouvoir se contraindre à ce silence lisse et courtois qu'on lui a jadis inculqué.
C'est pour elle, que je l'ai fait.
Une confidence.
C'est pour elle.
Une indignation, même. Adalyn croit l'entendre geindre et feuler, cette petite ingrate, et ses sourcils se froncent. Mine revêche, elle argumente.
On ne pourra jamais l'éradiquer. Plus maintenant. Le lierre lui donne la force et la souplesse d'investir tout ce qu'elle veut. Tous les sols, tous les murs et toutes les autres espèces. Et le lierre trouve en elle un surplus de toxicité qu'il avait gardé enfouie, qui désormais le protège du moindre affleurement. C'est un correct échange, vous ne trouvez pas ?
Elle lève tout à fait les yeux vers lui, vers Cecil.
Je suis heureuse que vous n'ayez rien touché.
À cela, un sourire. Un vrai. Un grand sourire plein de dents, éclatant d'un bref et étrange bonheur.
Il faut mettre des gants, auquel cas ce ne sont pas des cloques mais d'ardentes pustules qui vous serez apparues partout sur les mains.
Elle s'écarte aussitôt. Pour mieux le voir. Pour ne plus être suspendue à ses hauteurs.
Merci de m'avoir trouvée, Cecil.
Une petite moue et l'intérieur de la lippe qu'elle se ronge, encore. Sur les papilles, le sang.
La difficulté soudaine de vomir l’éloquence qui sied à la suite. Une présentation, même brève, de sa propre et insignifiante petite personne. La confirmation de l'entrevue ponctuée d'un « enchantée ».
Je-
Elle se coupe.
Recommence.
Je-
Qui est-elle, à présent ?
Le rouge lui monte aux joues et ses pupilles roulent et cavalent sur les dalles marbrées  sous eux.
Oh... souffle-t-elle. Ils ont déjà dû vous dire qui je suis.
Un avortement.
La figure s'incline vers celle de Cecil ; ses orbes d’absinthe magnétisant et condamnant ses siens cérulés.

Et le battoir du mâle s'éclate contre sa face. Les phalanges capturent l'os de la mâchoire et menacent la lui briser. Elle plisse les paupières et fait la grimace pendant que son corps s'agite de faiblards, de stupides soubresauts. Mains accrochées au poignet, elle se débat. Bouche plaquée contre la paume froide et tellement réelle et tellement solide ; la parole en dégueulis sitôt annihilée. De sa trachée, plus un bruit. Dag sent les excroissances lui pousser et menacer lui fendre le derme. Lui crever la viande pour s'en extraire et durcir et tout envahir. Tout dévorer. Ne laisser aucune trace de l’altercation ou seulement le murmure d'une agonie souterraine.
Les ongles de la chimère martyrisent ses joues et sitôt serpentent au-dessous les nervures végétales prises de court, cherchant une échappatoire à l'étouffement, fouillant un passage jusqu'à sa bouche entrouverte sur cette peau – sa peau. Sa peau qu'elle embrasse, Dag, par contrainte et brusque nécessité. Le cœur manque exploser dans la poitrine. Un frisson glacé lui soulève le buste et lui affaiblit les jambes. Tel un écho, la prise se desserre et la caresse est donnée. Une caresse qui toutefois l'empêche de fermer les yeux car elle ne le voit plus car elle ne perçoit que le flou ombragé du visage et la panique lui graille l'estomac. Elle le cherche dans l'obscurité. Elle le cherche car sans son visage sans ses yeux non sans ce mirage tout entier de lui à quoi tu te raccroches à quoi dis à quoi ou à qui et est-ce que tu penses Dag est-ce que tu penses au vertige de tes pulsions et leurs conséquences. Ses doigts et ce poignet qu'elle n'a pas lâché et ce bras bouffé par le sombre de l'univers. La main du tyran glisse contre sa glotte et finalement c'est elle entière qu'il repousse.
– Je te croyais morte. Qu’est-ce que tu me veux.
Elle éclate de rire et se tient la gorge. Elle éclate de rire encore et gémit tout bas, si bas, en rencontrant les sinuosités palpitant sous sa pulpe. Elle les force à reculer. Elle les ravale et la nuque se tord ; les vertèbres se désarticulent presque ; et elle crache à terre un semblant de sève.
Tu as percé le ciel tu as oh- tu as percé le ciel avec tellement de noir il ne fallait pas et je n'aurais jamais su et tu n'aurais jamais su non plus.
Bouche ouverte. Mange le vide. La tête dodeline et penche à gauche. Elle contemple la silhouette envahie par les ondulations de ténèbres. Ce noir tout ce noir ce noir qui lui calcine les rétines.
Tu as appelé et moi je suis venue voilà tout.
Voilà tout.
Elle se détourne aussitôt, comme prise dans les phares d'une bagnole imaginaire et la lame de son couteau accroché à sa sangle de sac à dos se dresse et jette des éclats huileux entre eux.
Dag lève le bras et pointe de l'index un coin invisible dans l'invisible de leur monde.
Là-bas.
Le crâne pivote et avec les mèches longues et délavées et empoussiérées. La crinière en rayons de lune ondule et s'étale comme prise un instant hors des règles de l'apesanteur. Dag fixe ce qu'elle croit être lui – ou ce qu'elle n'est pas sûre être quoi que ce soit en vérité hormis le plus terrifiant et le plus consolateur aussi de tous ces délires.
Tu étais là-bas.
Et dans cette affirmation aux multiples ramifications ne repose pour elle que la constatation simple et claire de jours de traque. De ceux qui ont suivi les premières éclaboussures. Les premières taches à son horizon.
Cecil, chuchote-t-elle. Malhabile. Décortiquant les syllabes avec trop de lenteur. Le rythme de cascades de ses paroles bizarrement dérangé.
Cecil, répète-t-elle, cette fois en appréciant le goût. Soudain égoïste et sournoise. Il faut que- tu dois- oui tu dois me laisser voir tes yeux sinon-  
Des hoquets et de la stupeur. Marasme neuronale.
... je ne serais jamais sûre.
Jamais sûre que ce n'est pas du mensonge jamais sûre que ce n'est pas un méchant leurre de ton esprit en brisures de miroir.
Osmond Rose
Originel·le
Osmond Rose
CORPS
ESPRIT
ÂME
Genre : Cis., masc.
Age : Quinqua de 236 ans.
Dollars : 1492
Zone libre :
dark woods and pagan suns (blind#1) B2f554b632f53d58adceffc067acc491
the day I died
I didn't tell
my body

|
you never
feared the abyss

dark woods and pagan suns (blind#1) Ra48t6aq_o dark woods and pagan suns (blind#1) 9HqrKldU_o

Occupation : Propriétaire du Noctal (maison close) et gérant de l'Unlock (pawnshop) dans les profondeurs de l'Underapple. Leader déchu des Orphans, déclaré mort depuis décembre.
Habitation : Ses appartements souterrains au Noctal.
Déchirures :

₪ A P O P H I S ₪

Lord of darkness and chaos

dark woods and pagan suns (blind#1) AxI6stHu_o dark woods and pagan suns (blind#1) ApEwOZTM_o
***
While they scream and perish,
he licks a finger and turns the page

MUE -- régénération cellulaire, cicatrisation en surface et en profondeur, vieillit beaucoup plus lentement et se remet de blessures ou maladies graves.

CORRUPTION -- (niv.1) se nourrit de transgressions commises, gain d'énergie vitale ; (niv.2) commande à autrui la transgression qu'il veut voir commise ; (niv.3) son esprit est impossible à corrompre en retour, toute tentative de manipulation, intrusion ou altération se solde par un échec, la sensation d'une angoisse profonde, et des effets secondaires variables (nausée, évanouissement, lésions cérébrales graves).

TENEBRES -- (niv.1) obscuration des lumières artificielles, visibilité nulle pour l'œil humain et les appareils ; (niv.2) obscuration des lumières naturelles, même principe ; (niv.3) invocation d'une entité ténébreuse, "Jo" (pour Jawbreaker) semblable à un serpent de fumée, long de 7 mètres avec la force de 7 hommes.

SERPENTS -- (niv.1) transformation de n'importe quelle matière en serpents ; (niv.2) les contrôle même à distance et communique avec eux.

INFRAMONDE -- (niv.1) résurrection ; (niv.2) invocation d'entités démoniaques et spectrales.

Limites :
MUE -- procédé long (4h) et douloureux (écorchement vif).

CORRUPTION -- (niv.1) doit assister aux transgressions ou qu'elles soient survenues dans les 72h pour s'en nourrir ; (niv.2) ne manipule plus qu'un max de 6 personnes par jour, 4 en simultané à cause d'une malédiction ; (niv.3) ne contrôle pas la gravité des effets secondaires, dépend de si l'individu est novice ou non.

TENEBRES -- (niv.1) perim. de 20m pour 10 minutes ; (niv.2) perim. de 30m pour 5 minutes ; (niv.3) durée de l'invocation variable (9 à 15 minutes), Jo provoque des tremblements (max 3 échelle de Richter) en arrivant, et quand il ne peut pas traverser les revêtements routiers (max 6 sur l'échelle de Richter).

SERPENTS -- (niv.1) transformation max égale à son poids, pour une durée de 3h ; (niv.2) télépathie simple loin de la complexité d'une langue (émotions, compréhension des intentions, flashs visuels).

INFRAMONDE -- (niv.1) quitte son immensité et sa puissance dans le supramonde, difficulté à se réhabituer à son corps humain ; (niv.2) 3 démons ou 1 défunt pour un total de 1h/24h, peut perdre le contrôle sur les défunts.

Stigmates :
-- œil de verre (droit).
-- haemolacria (droite).
-- lésions radiques invisibles.
-- brouilleur de capteurs vivant.
-- une cicatrice de décapitation.

Inventaire :
-- (lost) une vieille chevalière avec le logo d'Icarus dessus et un peu de sang dans les interstices.
-- des lunettes de soleil pitch black.

Pseudo : .exe
Comptes : Jeremiah.
Genre IRL : She/her.
Messages : 521
Date d'inscription : 13/02/2023
FC : Rufus Sewell.
Crédits : Martyr (av.)
Thèmes abordés : Body horror, gore, occultisme, horreur, manipulation, violence, dysf. familial, meurtres, terrorisme, criminalité.
Thèmes refusés : Ràs.
Infos RP :
(( dial : slategrey ))
-- présence régulière.
-- dials fr ou ang.
(( 4/3 rps ))
-- Love [AU]
-- Darius [fb, 1820]
-- Laudna [été 2025]
-- Amy [décembre 2025]

dark woods and pagan suns
@osmond rose & @billie bloom
tw: descriptions graphiques, mention explicite, mutilation.

(FLASHBACK - 1820) "Cette plante," dit-elle, aboie-t-elle quasiment, et le flegme maniéré de Cecil s’effiloche en petites lanières pour laisser à sa curiosité le soin de revenir lui grignoter les traits. Miss Dixon est étrange. Aberrante à sa façon. Il se sent extrêmement attiré par ça ; ce petit peu de bizarrerie qui enfle et éclate à chacun des ses gestes, mouvements, et moues. Elle lui rappelle les chiens errants qui ont tenté de dévorer sa carcasse lapidée, hésitants mais féroces. Elle lui rappelle les filles de Mrs. Quinn, grimaçant des plaisirs mécréants au-dessus de leurs clients. Elle lui rappelle les douces petites pétales qu’il aimait caresser, couvant sans le dire leurs terribles épines. Il la regarde approcher de la plante, de lui, et oublie momentanément de respirer. "Cette plante ne devrait pas exister." Ses yeux marécageux s’arrachent à regret du profil de Miss Dixon pour contempler avec elle son œuvre. "C'est une espèce de clématite. On l'appelle vigne blanche. Elle est vivace mais délicate, n'est-ce pas. - Oui. - Elle n'aime pas les espaces clos et ses racines aiment la fraîcheur des sols riches." Un silence. Il darde sur la plante inouïe l’attention sage et consciencieuse d’un néophyte qu’on instruit. Il sent le regard de Miss Dixon sur lui, ce qui le gêne soudain beaucoup. Il a soit l’habitude qu’on l’ignore, soit l’habitude qu’on l’épie en coin avec horreur et dégoût. Cecil sent ses épaules se tendre et une douleur musculaire tirer sur ses dorsaux. Il réprime l’envie de se retourner vers elle et lui siffler d’arrêter, car il craint justement de l’effrayer ou, plus simplement, de tout gâcher dans ce moment somme toute parfait (il connaît peu l’intimité, c’est agréable).

"Je vois," répond-t-il calmement, continuant d’observer la vigne blanche métamorphosée, "mais il y a quelque chose de différent…" Miss Dixon ramène son attention sur la plante. Cecil se détend. "Je l'ai obligée à vivre avec du lierre. Je les ai obligés à se croiser jusque dans leurs racines. Des siamois qui n'en sont pas. Des siamois que j'ai cousu moi-même du gros orteil à la gorge." Les sourcils de Cecil se froncent ostensiblement. La chose paraît le rebuter. Mais un sourire sidéré germe sur son profil racé et le rend soudain admirateur. L’imagerie convoquée lui est bizarrement familière. Il se souvient alors pourquoi ; quelques anatomistes à qui il apportait ses cadavres déterrés lui permettaient parfois d’assister à l’étude préliminaire du corps avant de décider s’il finirait en présentation dans un amphithéâtre de l'Université de Médecine ou entre les mains des chirurgiens de prison. Ils découpaient la chair morte avec une telle précision et une telle méticulosité que Cecil transpose naturellement cette image sur les doigts délicats mais crades de Miss Dixon. La fascination croît. "Il a fallu couper net et droit, d'un bout à l'autre. Ne leur laisser aucune possibilité de fuir, de s'épanouir chacun de leur côté. - C’est cruel," commente-t-il platement, comme s’ils devisaient à propos de la pluie et du beau temps. "C'est pour elle, que je l'ai fait." Il se demande si toutes les mères sont aussi monstrueuses qu’Adalyn Dixon. Un sentiment de peur le tétanise un moment, suivi d’une bouffée de tendresse. "C'est pour elle." Cecil égare à son tour un œil en sa direction. Un rideau blond, c’est tout ce qu’il voit. Un rideau blond derrière lequel il devine le museau blanc bouger avec passion. Un sourire évanescent perce la ligne de ses lèvres, et crève. Il ramène ses yeux froids sur la créature végétale. "On ne pourra jamais l'éradiquer. Plus maintenant. Le lierre lui donne la force et la souplesse d'investir tout ce qu'elle veut. Tous les sols, tous les murs et toutes les autres espèces. Et le lierre trouve en elle un surplus de toxicité qu'il avait gardé enfouie, qui désormais le protège du moindre affleurement. C'est un correct échange, vous ne trouvez pas ? - C’est odieux. Et très attentionné. J’espère que leur union perdurera." Malgré son jeune âge, Cecil a la voix feutrée, comme frottée contre du charbon ; elle est ici calme, absorbée par l’étude, et très appréciative.

"Je suis heureuse que vous n'ayez rien touché." Cecil tourne brièvement la tête vers Miss Dixon. Elle sourit en grand, la bouche transpercée d’un petit carré de vide. Il trouve cela adorable. L’ombre d’un sourire flotte sur ses propres lippes, par mimétisme. "Il faut mettre des gants, auquel cas ce ne sont pas des cloques mais d'ardentes pustules qui vous serez apparues partout sur les mains." Toute jovialité et légèreté s’estompe des traits du jeune Lord. Un masque grave vient plutôt le défigurer, et avec lui une inquiétude profonde. Ses mains se serrent un peu plus franchement dans son dos, à en être douloureux. "Ah." La vision de la plante lui est soudain insupportable. Il ressent à son égard un profond dégoût, teinté d’épouvante et d’ennui. Le souvenir de son père éclate derrière ses globes figés, une grimace écœurée sur la gueule, aussitôt imité par ses cinq autres fils. Les ongles de Cecil s’enfoncent dans son poignet. Tout va bien. Il les a tous condamnés. Tout va bien.

"Merci de m'avoir trouvée, Cecil." La voix de Miss Dixon chasse ses pensées intrusives et anxiogènes. Le regard dans le vague, Cecil finit par ramener ses yeux froids dans ceux bleus de son vis-à-vis. Il y trouve une certaine paix. Déraisonnable et insensée. Mais une certaine paix. "Je- Je-" Les cervicales du jeune Lord s’étirent vers l’avant. Il l’écoute tituber sur ses mots avec indulgence. Avec une petite curiosité malsaine aussi, car on n'a jamais bafouillé devant lui. C’est étrange. Presque satisfaisant. On dirait un petit animal aux abois. Il aimerait lui tendre la main pour la rassurer. "Oh… Ils ont déjà dû vous dire qui je suis." Leurs regards se trouvent à nouveau. Il sourit, sans que ce sourire n’atteigne ses yeux. "Oui. Un peu." Cecil réfléchit. La serre est calme, Miss Dixon sent la terre fraîche. Cecil pense aux cimetières, et aux tombes qu’il profanait. Il ne s’est jamais senti aussi proche de quiconque. C’est vertigineux. Il déglutit, la gorge sèche. "Adalyn Dixon, l’empoisonneuse," récite-t-il sans émotion. Il paraît un peu triste. Cecil a un air naturellement sinistre qui lui donne des allures mélancoliques. Ses cernes prononcées et ses cheveux noirs n’aident en rien. "Ils m’ont dit d’autres choses aussi, mais je n’écoute pas toujours." Un mensonge. Il fait ça depuis qu’il est môme ; s’insère au milieu des vies et les scrute, petite chose malade, laide et puante, qui connaît ironiquement très bien la nature Humaine.

"Je peux vous appeler Adalyn ?" La question tombe comme un couperet. Tranche la nuque du léger silence qui s’en est suivi. Il se fait rarement d’ami.e.s, pense d’ailleurs ne pas en avoir besoin ; et puis quelque chose de désespéré et pitoyable se met à palpiter en lui à l’idée que- peut-être- il puisse profiter d’un peu de ces liens qu’il n’a jamais observé que de loin. Et Cecil a très envie de lier une amitié avec Adalyn. Il en a autant envie que le lierre s’est noué autour de la vigne blanche. Il oublie consciemment qu’ils s’obligent et s’étouffent. Qu’importe. Tout meurt un jour.
Adalyn éclate de rire. Vomit de la terre. Se désarticule dans tous les sens sous le regard impavide et crevé d’Osmond. "Tu as percé le ciel tu as oh- tu as percé le ciel avec tellement de noir il ne fallait pas et je n'aurais jamais su et tu n'aurais jamais su non plus." C’est à peine s’il l’écoute (Je n’écoute pas toujours). Il scrute les chairs blafardes de la revenante où quelque chose semble grouiller. Une illusion. Elle est peut-être en effet morte et ceci est un phantasme. Dommage. Non. Pas dommage. Très bien, tant mieux. La voix défoncée continue de dégoiser. "Tu as appelé et moi je suis venue voilà tout." Il déteste ses palabres sibyllines et abstruses. Il les a toujours si bien comprises. "Depuis quand tu es ici ?"

Elle se retourne sur elle-même. Petit animal aux abois. Il la trouve misérable, et la sait dangereuse. Ce n’est pas le petit éclat pathétique de son couteau qui le lui fait dire. Ce sont ses gestes, ses mouvements, et ses moues. Il a toujours su qu’elle serait à son tour monstrueuse ; elle refusait simplement de le voir, et de l’accepter. Un bras se lève. "Là-bas." Il ne regarde pas. Un sourire froid, au contraire, perce la ligne de ses lèvres, et crève. Elle le prend pour un débutant. Il a pris assez de coups de poignard dans le dos pour savoir quand il est dangereux de se retourner. Qu’elle ose seulement. Il lui fera bouffer sa lame, redessinant son joli petit sourire de droite à gauche, où ses dents du bonheur pourront rire à jamais - elle les a toujours, il remarque, et ses commissures flanchent un peu. "Tu étais là-bas."

La tête sertie maintenant d’une couronne non plus noire mais grise, se penche un peu. Depuis quand Adalyn erre ici-bas ? Depuis quand rôde-t-elle, sans qu’il ne l’ait vue, ou remarquée, ou même devinée ? Il est vexé de ne pas l’avoir trouvée le premier. Il est vexé qu’elle ne lui ait rien dit. Il est vexé qu’elle ne lui ait jamais écrit, pas même en 1845 pour lui dire qu’elle était en vie. Tout aurait tellement changé ; non, rien n’aurait changé. Sale lâche, sale traîtresse, aussi méprisable que toustes les autres, pire, bien pire que toustes les autres, encore pleine de leurs baisers de la veille et de son foutre, capable de laisser la disgrâce s’abattre sur lui sans piper mot. "Cecil." La tête revient dans son axe en un craquement sec. "Ne m’appelle pas comme ça." Le ton est implacable. "Cecil," qu’elle répète. La violence court dans ses veines, dans son palpitant, rappelle Jo très bas, très loin, dans leur monde chthonien et personnel, le tend dans tous les sens. Elle dit Cecil, et il déteste. Mais une part de lui se réveille d’un vieux sommeil poussiéreux, en jetant sur Miss Dixon, comprimée derrière les yeux pâles de la revenante, un sourire confidentiel.

"Il faut que- tu dois- oui tu dois me laisser voir tes yeux sinon-" Elle balbutie. Petit animal aux abois. "… je ne serais jamais sûre." Osmond ne répond pas. Le silence se pétrifie dans la pénombre souterraine. "C’est cruel," comment-t-il platement. Elle l’a toujours été. Avec ses plantes cousues ensemble et ses petits meurtres goût ciguë. Quelle femme. Il souffle un rire morne. D’un geste calme, Osmond vient tâter son œil droit, et retire dans un petit ploc chuintant le verre arrondi. Ce n’est même pas une sphère complète - il n’est décidément composé que de malhonnêtetés. La petite chose délicate entre ses doigts, il revient vers Adalyn, et se penche à sa hauteur pour plonger son regard dans le sien. Ou, plutôt, son œil gauche toujours aussi marécageux et peut-être un peu plus fade, et, à droite, l’orbite creuse, le tissus ravagés et plus sombres, créant un gouffre dans le gouffre. "Alors ?" demande-t-il d’une petite voix doucereuse, comme on s’adresse à une enfant perdue. "Tu me reconnais ?" Ses pommettes se lèvent un peu, comme s’il souriait imperceptiblement, avec une bienveillance languide. Il attend quelques secondes supplémentaires.

Puis se redresse complètement, perdant de sa bonhomie en même temps qu’il gagne en centimètres. L’œil est glissé dans sa poche, où il laisse pendre sa main. "Tu es très loin de Londres, Adalyn." Le flegme est revenu lisser tous ses traits, sans pouvoir raviner les rides gagnées en deux siècles. "Très loin d’être morte aussi," sourit-il. Pas une lettre. Pas un billet. Sa mâchoire se contracture. "Comment vas-tu ?" Il demande, mais s’en fout.
Invité
Invité
Anonymous
CORPS
ESPRIT
ÂME
dark woods and pagan suns
@osmond rose & @billie bloom
tw: troubles psy, gore, mutilation.

– C'est cruel, dit-il. Sans conviction.
Et elle penche le museau, un peu plus. Et elle se retourne parfaitement et elle le dévisage parce que personne – non personne – ne le lui a jamais dit. Jamais vraiment. Les tournures défaites horrifiées les circonvolutions autour toujours autour comme pour ne pas la blesser ou de peur de la provoquer. Dans ces trois petits mots, pourtant, grouille les insectes-sentiments de son univers. Ces trois petits mots cousus ensemble. Ces trois petits mots qu'il osa proférer aux prémices de leur impact.
Il bouge, il touche – son regard. Son regard qu'elle réclame. Elle le décortique de ses pupilles folles et son rire à lui, son soupir, son sifflement, lui tinte aux oreilles. Ses doigts agiles et blancs fouillent  son orbite droite et soudain il n'y a qu'un trou noir. Une brèche qu'il lui dévoile plus encore en approchant. La maigre distance entre eux balayée par ses longues jambes. Et ses semelles tapant le sol. Et tout ce silence. Ce silence. Une bulle non d'air mais d'obscurité à lui faire perdre davantage la raison.
Penché vers elle. Mouvance reptilienne qu'elle lui connaît sans reconnaître – sans plus réellement trouver les points de repères nécessaires au présent de l'avant et l'après. Elle est muette. Et statufiée. Et lucide et vivante. Une crevure de jour en rayons diffractés dans le trouble de ces quelques minutes qui paraissent se déliter en heures.  
– Alors ? Questionne-t-il. Tu me reconnais ?
Et l'interrogative n'est qu'une laide rumeur. Une insulte lui bloquant la gorge.
Le reconnaître le reconnaître est-ce que tu le reconnais dis Dag est-ce que seulement tu le reconnais. Sa figure est barbouillée, avec lenteur, d'une moue chagrine. D'une moue d'enfant pleine de caprices. Car. Le reconnaître. Elle n'a fait que ça. Perdue aux silhouettes en travers les âges. Le reconnaître, elle l'a fait jusque dans les tripes d'un monstre-monde. Alors le reconnaître, elle pourrait le faire à la seule foi de sa cervelle convulsée.
Mais.
Mais la demande n'est pas cette demande. La demande soulève des instincts qui ne relèvent plus de la pensée.
La silhouette mâle se redresse et la stature change. Continuellement, il change. Continuellement, opère la métamorphose. Dangereuse, elle le devine, et cependant Dag ne s'en horrifie pas.
– Tu es très loin de Londres, Adalyn.
Des gifles. Brutales. Rapides et sans concessions. Un aller-retour auquel elle ne s'attendait pas. Il n'y a jamais eu que les mots pour lui faire le plus grand mal. Et si les sourcils se froncent et les prunelles deviennent fissures, elle ne chavire pas un instant, pas une seconde. Parce qu'elle n'a jamais ressenti aussi précisément le danger. Le danger de mort. Mais de quelle mort elle ne sait plus, elle ne sait pas.
Elle est si lucide. Et si vivante.
– Très loin d’être morte aussi, déclare-t-il, badin.
Et dans le timbre de Cecil elle ne retient qu'une promesse, une promesse avortée, un souhaité rivé aux souvenirs. Et sur son visage qu'elle a si longtemps rêvé détruit remodelé et façonné, elle remarque, évidemment qu'elle remarque, le changement infime. La discrète, imperceptible, petite nuance : du stoïcisme à la caresse envenimée. Un affront et du dédain et peut-être un peu plus que ça. Ou moins. Ou quelque chose qu'elle ne veut pas saisir – parce que l'ignorance vaut toujours mieux que se couler dans l'onde de ce danger de mort. Ce danger de mort qui lui hérisse le duvet de la nuque et lui mord le cœur.
– Comment vas-tu ?
Comment vas-tu Dag n'est-ce pas comment vas-tu.
Sans importance.
Les centimètres qui pouvaient encore les disjoindre s'anéantissent. La parole lui a été arrachée et ne reste que l'élan. L'élan de son corps contre son corps et l'incompréhensible de l'organique de cette étreinte. Ses bras rachitiques enroulés au buste qu'elle assaille. Son visage, elle l'enfouit au dur du torse. Elle se ratatine elle se liquéfie elle se coule aux contours et peut-être qu'elle ne maîtrise plus rien mais elle le sent. Elle le sent et il n'y a plus de doutes qui sachent la déséquilibrer. Malgré le trou noir et les stigmates d'années qu'elle n'a pas su compter et le verbe qui en elle a été assassiné. Elle le sent, parce qu'il y a son danger de mort et sa chaleur infime qu'elle perçoit au travers les tissus et son souffle et les palpitations de son organe piégé à la multitude des cycles.  
Et tandis qu'elle s'accroche, elle se transforme. Dans ses bras et dans son dos, le mouvement, les remous. Dans sa gorge, le lent et douloureux claquement. Et à la surface diaphane crèvent racines et lianes. Si fines, si discrètes, si malades dans ces ténèbres qui les convoquent.

(FLASHBACK – 1821) Dans la noirceur de son repaire, elle s'efforce de maîtriser le flux sanguin. Le scalpel lui échappe dans un tintement métallique lorsqu'il rencontre le sol. La panique n'affleure pas à son visage. Juste une détermination frôlant l'hérésie. L'avant-bras est ouvert. Sur toute sa longueur. De la pliure délicate du coude jusqu'aux lacis de veines violines du poignet. Deux lèvres ouvertes et écartées et bavant un rouge liquoreux. Mâchoires contracturées, la mine froncée. Elle observe, et les doigts de sa dextre serrent précipitamment et très fort, ce membre qu'elle vient de taillader. Son bras. Son bras qu'elle a ouvert, d'abord, par accident. Ce bras qu'elle a ensuite ouvert. Ouvert encore. Et encore. Et encore. Toujours plus profondément. Compulsions et compréhension se heurtant sous son front soudain fiévreux. Personne ne lui a posé, ne lui pose, jamais de question. Personne ne doute de ses efforts. Qui parfois rendent malade. Rendent fébrile. Personne n'a remarqué la pâleur délicate de son teint, des semaines auparavant. Personne n'a remarqué la pâleur livide de son teint, des derniers jours. Les yeux creusés par des cernes virant du bleuâtre au gris des cadavres.
Les phalanges sont poisseuses et glissent sur la chair tant ouverte que fermée. Et son regard inévitablement croise la flaque à terre qui se répand et sa chair qui ne se referme pas et tout ce liquide qui sort d'elle. Qui doit sortir d'elle. Puisqu'elle sent le poison sous sa peau. Leur poison. Ce poison qu'elle souhaite extraire d'elle-même à force de le faire couler. Mais l'acte achevé, une hésitation la surprend et elle cille. Et elle reprend le dessus et elle saisit qu'elle ne peut pas attendre que tout s'écoule quand déjà ses extrémités s'engourdissent. Alors Adalyn se redresse, un peu, et attrape un tissu qu'elle enroule méthodiquement autour du membre gourd. Un garrot, oui, juste le temps que le flux cesse. Une compression pour qu'elle puisse se saisir de l'aiguille et du fil et qu'elle ait la force et la détermination de coudre maladroitement ses chairs.

Le sommeil la pousse sur son matelas après qu'elle ait tout nettoyé, ne laissant aucune trace de sa morbifique entreprise. Et les heures passent et le soleil dehors décline. Ses ultimes rayons s’appesantissent et se prélassent autour et sur sa serre en tombeau. Des heures durant lesquelles son anormalité (re)prend forme : sa viande couturée se ressoude, en partie. Ne reste qu'un mince sourire enflé et difforme au milieu des fourmis de fil noir qui le traversent de part en part. Ne reste que le cruor asséché des bords et mou et obscène en son centre, sous son pansement taché et poisseux.
Ce qui la tire hors de sa narcose, c'est un bruit sec. Un bruit de chute d'un objet qui lui est impossible à décrire. Elle valdingue sur son matelas et se frotte les paupières à se les arracher et se redresse et se souvient. Et prenant connaissance par les vitres troubles de l'heure avancée. Adalyn s'élance au bout de son lit. Trébuche en s'appuyant sur son bras. Se rattrape de l'autre et s'efforce de se lever et de s'habiller. D'enfiler le plus rapidement possible ce qui lui tombe sous la main et d'attacher sa blondeur dans un simulacre de chignon. Et elle fait mine de sortir de son petit abri, son petit cocon, installé en arrière de la serre. Jusqu'à revenir tout aussitôt sur ses pas afin de se juger dans le grand miroir que Darla lui a fait installer. Adalyn boutonne consciencieusement sa robe et tire sur les manches longues et ajuste les bords. Elle opine du chef face à son reflet, dans une tentative naïve de satisfaction d'elle-même. Et elle sort enfin et elle le voit. Là, installé sur la table au milieu de ses folies végétales. Cette table rien qu'à lui qu'ils ont installé pour qu'il puisse y travailler, autant qu'il le veut et dans tout le silence qu'il est possible de désirer sur Terre.
Cecil penché sur des monticules de documents.
Tu es là.
Pas une question. La seule concrétisation chaque semaine renouvelée de ce rituel qui ne les lasse pas. Parfois plusieurs jours, parfois rien qu'un. Seulement cette fois, elle est en retard. Terriblement en retard. Et Adalyn déteste oh elle déteste tant, le changement. Déteste le moindre bouleversement. Ce sentiment démultiplié dès lors qu'il touche aux contours vacillants de leur relation.
Elle s'approche et le sourire le plus radieux le plus doux le plus sincère arrondit sa figure. Et il n'y a définitivement rien à ajouter. Alors elle passe dans son dos, ne jette pas même un œil à ses schémas et ses listes et tous ses résumés auxquels elle n'entend rien. Son regard est absorbé par le carré de peau sur la nuque de Cecil, là où se chamaillent ses mèches épaisses et brunes. Tout juste ses doigts naviguent-ils comme une timide et chaste caresse sur son épaule et s'arrêtent avant qu'ils ne puissent savourer la texture de son derme.
Elle contourne la table et tire la chaise qui lui fait face. S'y assoit, comme presque chaque fois. De ces moments-répits où elle s'accorde à ne plus rien faire si ce n'est profiter de sa seule substance. Ou dessiner, en sa compagnie. Sa simple et primordiale compagnie.
Ses coudes se plantent sans bruit sur le bois. Sa paume droite récupère son menton et elle continue de sourire, docile et silencieuse. Cette fois, il n'y a pas de fusain ni de feuilles. Il n'y a qu'elle. Et elle le regarde. Plus que son visage, c'est son intelligence qui la captive. Qu'elle aime voir briller, poussant ses creux et rides juvéniles à se mouvoir sous la fulgurance d'une idée ou l'insatisfaction d'une autre. Elle l'a tant regardé – lui, son intelligence, peut-être plus, tellement plus – qu'elle le connaît par cœur et le redécouvre chaque fois. Au début, il y a avait une gêne palpable. Un embarras de la nouveauté, de cette proximité. Il y avait le réflexe inné de détourner les yeux dès lors que les siens se relevaient. Et puis la gêne lentement s'est éteinte. Parce qu'il n'y avait finalement qu'eux deux et le silence pour les couver.
Et les heures recommencent leur course. Et la fin d'après-midi se délite en soirée et elle s'est, petit à petit, ratatinée sur la table. L'épine dorsale voûtée et le visage sur son avant-bras plié, l'autre étendu, les ongles sales de brun plus rouge que la terre ne le devrait jamais, jouant avec quelques échardes du coin de table. Et sur son visage paisible, détourné, il y a cette attention perdue. Cette attention qui a abandonné Cecil. Cette attention portée au vide. Le regard bleu du ciel d'Adalyn devenu aveugle, puisqu'il est gorgé de larmes.

La face se redresse. Un effort indescriptible. Dag se délasse et craquelle et cette taille qui n'a jamais été semblable à celle du corps contraire l'est presque désormais. À quelques centimètres près. De si petits centimètres pour lui rappeler qu'elle est Adalyn et qu'il est Cecil et c'est un mensonge un putain de mensonge car ils ne sont plus l'un ni l'autre et ne le seront plus jamais. Son nez se coule d'abord à l'encoignure de l'épaule droite et elle l'inspire le respire et elle ne perçoit qu'un parfum suave sous l'atmosphère rance de l'Underapple. Mais pas son odeur, non pas son odeur. Alors Dag le relâche, avec brusquerie et méfiance. Agressivité. Pour autant, elle ne s'écarte pas et les lianes et les racines malades suintent et grossissent et lui déchirent toujours davantage son humanité. De regard, Dag n'en offre aucun. Pas réellement. Pas complètement. Son attention, toute sa possessive attention, portée sur le gouffre qui crève la gueule du mâle. Son petit nez s'en approche dangereusement et elle hume les contours  puis à distance réduite  l'intérieur. Cet intérieur glauque aux remugles intimes. Et ses sensations filtrent et serpentent jusqu'aux larves de sa mémoire primitive. Elle expire, pleine d'une langueur languide, vibrante d'animalité. Et sa joue s'écrase contre sa joue et soudain sa langue, sa langue trop proche, récupère l'humeur qui lentement ruisselle de l'orbite évidée.
Osmond Rose
Originel·le
Osmond Rose
CORPS
ESPRIT
ÂME
Genre : Cis., masc.
Age : Quinqua de 236 ans.
Dollars : 1492
Zone libre :
dark woods and pagan suns (blind#1) B2f554b632f53d58adceffc067acc491
the day I died
I didn't tell
my body

|
you never
feared the abyss

dark woods and pagan suns (blind#1) Ra48t6aq_o dark woods and pagan suns (blind#1) 9HqrKldU_o

Occupation : Propriétaire du Noctal (maison close) et gérant de l'Unlock (pawnshop) dans les profondeurs de l'Underapple. Leader déchu des Orphans, déclaré mort depuis décembre.
Habitation : Ses appartements souterrains au Noctal.
Déchirures :

₪ A P O P H I S ₪

Lord of darkness and chaos

dark woods and pagan suns (blind#1) AxI6stHu_o dark woods and pagan suns (blind#1) ApEwOZTM_o
***
While they scream and perish,
he licks a finger and turns the page

MUE -- régénération cellulaire, cicatrisation en surface et en profondeur, vieillit beaucoup plus lentement et se remet de blessures ou maladies graves.

CORRUPTION -- (niv.1) se nourrit de transgressions commises, gain d'énergie vitale ; (niv.2) commande à autrui la transgression qu'il veut voir commise ; (niv.3) son esprit est impossible à corrompre en retour, toute tentative de manipulation, intrusion ou altération se solde par un échec, la sensation d'une angoisse profonde, et des effets secondaires variables (nausée, évanouissement, lésions cérébrales graves).

TENEBRES -- (niv.1) obscuration des lumières artificielles, visibilité nulle pour l'œil humain et les appareils ; (niv.2) obscuration des lumières naturelles, même principe ; (niv.3) invocation d'une entité ténébreuse, "Jo" (pour Jawbreaker) semblable à un serpent de fumée, long de 7 mètres avec la force de 7 hommes.

SERPENTS -- (niv.1) transformation de n'importe quelle matière en serpents ; (niv.2) les contrôle même à distance et communique avec eux.

INFRAMONDE -- (niv.1) résurrection ; (niv.2) invocation d'entités démoniaques et spectrales.

Limites :
MUE -- procédé long (4h) et douloureux (écorchement vif).

CORRUPTION -- (niv.1) doit assister aux transgressions ou qu'elles soient survenues dans les 72h pour s'en nourrir ; (niv.2) ne manipule plus qu'un max de 6 personnes par jour, 4 en simultané à cause d'une malédiction ; (niv.3) ne contrôle pas la gravité des effets secondaires, dépend de si l'individu est novice ou non.

TENEBRES -- (niv.1) perim. de 20m pour 10 minutes ; (niv.2) perim. de 30m pour 5 minutes ; (niv.3) durée de l'invocation variable (9 à 15 minutes), Jo provoque des tremblements (max 3 échelle de Richter) en arrivant, et quand il ne peut pas traverser les revêtements routiers (max 6 sur l'échelle de Richter).

SERPENTS -- (niv.1) transformation max égale à son poids, pour une durée de 3h ; (niv.2) télépathie simple loin de la complexité d'une langue (émotions, compréhension des intentions, flashs visuels).

INFRAMONDE -- (niv.1) quitte son immensité et sa puissance dans le supramonde, difficulté à se réhabituer à son corps humain ; (niv.2) 3 démons ou 1 défunt pour un total de 1h/24h, peut perdre le contrôle sur les défunts.

Stigmates :
-- œil de verre (droit).
-- haemolacria (droite).
-- lésions radiques invisibles.
-- brouilleur de capteurs vivant.
-- une cicatrice de décapitation.

Inventaire :
-- (lost) une vieille chevalière avec le logo d'Icarus dessus et un peu de sang dans les interstices.
-- des lunettes de soleil pitch black.

Pseudo : .exe
Comptes : Jeremiah.
Genre IRL : She/her.
Messages : 521
Date d'inscription : 13/02/2023
FC : Rufus Sewell.
Crédits : Martyr (av.)
Thèmes abordés : Body horror, gore, occultisme, horreur, manipulation, violence, dysf. familial, meurtres, terrorisme, criminalité.
Thèmes refusés : Ràs.
Infos RP :
(( dial : slategrey ))
-- présence régulière.
-- dials fr ou ang.
(( 4/3 rps ))
-- Love [AU]
-- Darius [fb, 1820]
-- Laudna [été 2025]
-- Amy [décembre 2025]

dark woods and pagan suns
@osmond rose & @billie bloom
tw: mention de scarification (supposée), description graphique.

(FLASHBACK - 1821) Cecil est arrivé une chemise en cuir sous le bras et la redingote froissée. Il a très peu dormi la nuit passée, et le reste de sa journée s’est fait dans les bas-fonds de Londres où il a été questionner quelques-unes de ses connaissances - sa tenue d’alors était autrement plus sobre et passe-partout que celle de noble facture qu’il porte en arrivant dans la serre. Le petit bureau qui l’attend, cerné d’une végétation toujours aussi luxuriante, lui est très inconfortable. Il en ressort toujours le dos cassé, avec des courbatures un peu partout sur les épaules et les poignets, et il n’est même pas assez grand pour accueillir la kyrielle de documents que Cecil transporte partout dans sa chemise en cuir - récemment lacée non plus d’un ruban brun banal, mais d’une ganse étroite et verte, récupérée d’une musette remplie à ras de poisons transmis un jour par Adalyn. Cecil peut cependant passer des heures ici. Il apprécie le calme religieux de la serre, son environnement clos et hermétique à toute interruption, et il apprécie tout particulièrement la compagnie d’Adalyn.

Ce qui au début n’était qu’un geste de dépannage, le temps que son bureau attitré au manoir des Nightbringer subisse les quelques travaux de réfection, est devenu un rituel. Un rituel hors-normes, possédant sa propre mesure ; il vient parfois plusieurs jours à la suite, parfois qu’un. Adalyn s’assoit souvent face à lui, s’arme de feuilles et de fusains, et remplit le blanc texturé de beaucoup de noir. Cecil a pris l’habitude de réduire davantage l’espace du bureau pour lui céder la place nécessaire pour que ses mouvements tantôt amples, tantôt saccadés, tantôt poussiéreux de fusain, puissent s’exprimer librement. Il a également pris l’habitude de lui glisser certains de ses manuscrits obsolètes quand elle vient à court de feuilles, d’un geste si discret et subtil que la transaction se passe de remerciements et autres commentaires futiles - Cecil garde même certains de ses brouillons inutiles dans sa chemise en cuir, prévoyant et attentif aux besoins d’Adalyn cela même s’il se charge d’un poids supplémentaire.

Naturellement, Cecil s’étonne de son absence. Il jette quelques regards calmes à droite, et à gauche, et même derrière quelques immenses plantes en pensant la trouver derrière, les soignant ou les écorchant, mais rien. Il ne s’inquiète pas mais se pose des questions - Cecil se pose tout le temps des questions, analyse le moindre détail de son environnement, alerte et tendu malgré son grand flegme, préparé au pire et rien qu’au pire. Il finit par s’assoir au bureau, ouvrir sa chemise en cuir, répartir ses écrits pas tout à fait de manière ordonnée mais de manière indiscutablement logique, et quand cela est fait, il dévisse la fiole d’encre pour remplir l’encrier où sa plume habituelle l’attend. Il la taille de quelques coups, continue de jeter quelques regards dans la serre, s’imagine Adalyn partie - Adalyn ne part jamais -, et puis commence son étude.

Il a beaucoup à faire. Cecil a toujours beaucoup à faire et très peu de temps à accorder à qui que ce soit pour autre chose que des rapports ou des discussions d’ordre stratégique. En quelques semaines à peine, il donne déjà l’impression d’être au-dessus de tout le monde, insensible aux affaires de peine et de cœur qui agitent les réfugiés, impassible face à leurs tragédies, et terriblement économe en mots de réconfort. En d’autres termes, Cecil est un homme de l’ombre, un membre discret qui cultive sa mise à distance malgré un charme accueillant et calculé.

Il jette un nouveau regard sur sa droite.
Cherchant avec une insistance qui ne lui ressemble pas l’apparition d’Adalyn.

Dans son improbable quête, il ne voit pas que son bras bouge de quelques degrés de trop et fait tomber la fiole d’encre qu’il n’a pas refermée. Un geste pour la rattraper. Trop tard. Elle échoue sur le sol dur mais plein de terre dans un petit bruit sec, sans se casser. Cecil la ramasse rapidement pour éviter que l’encre s’écoule davantage, la repose à l’extrémité du bureau dans un geste précautionneux, et remarque que sa main est picorée de plusieurs tâches noires. Toute délicatesse effacée, il s’affaire avec une hâte brusque à sortir un mouchoir de dans sa manche et essuyer les résidus. L’acharnement est exagéré. Mais après plusieurs coups de mouchoir forcenés, sa peau redevient intacte. Son effroi lui passe. Il redevient calme, range le tout et reprend là où il s’est arrêté.

"Tu es là." La tête se redresse sur une expression de surprise. Elle est là. Adalyn lui sourit en grand et Cecil se sent sourire en retour comme il ne sourit à personne d’autre ici - ou ailleurs. Il la regarde approcher, note le soin apporté à la mise de sa tenue, sa chevelure plus emmêlée que d’habitude comme si elle venait de se réveiller, et le liseré d’un bandage qui dépasse de sa manche. Elle passe derrière lui, une main sur l’épaule, et il se sent agréablement trésailler. Quand elle s’assoit, il se sent aussi rassuré, sans comprendre pourquoi il avait besoin de l’être ni pourquoi il l’est. Cecil commence à accepter les longs regards qu’elle lui adresse. Il les trouve toujours aussi incommodants mais il n'y a plus de désarroi ; un certain plaisir est même apparu, qu’il trouve vaniteux et pathétique de sa part, mais malgré tout grisant. Il découvre le plaisir d’être vu. D’être considéré par une personne qui, il le réalise à cet instant, lui est devenue chère - y a-t-il quelque chose de plus désarçonnant, terrifiant et sécurisant que cela ? Il ne sait pas. C’est si nouveau. "Pas de dessin, aujourd’hui ?" remarque-t-il, le ton bas et calme, en regardant son bout de bureau resté vide. Elle ne répond pas. Peu importe. Leur langage est déjà secret, silencieux. L’ombre d’un sourire compréhensif traverse ses lippes, et il se replonge dans son étude.

Les heures filent aussi rapidement que la plume du stratège noircit ses manuscrits. Il s’inspire ici de Da Vinci, là de Lenoy, ou encore de Stringfellow, réfléchit à une machine capable de voler en portant un individu et une charge supplémentaire de 44 livres, se perd en conjectures, raye des noms de sa liste, en rajoute d’autres, annote : wings, wind, rajoute en dessous : feathers, Daedalus, un tiret : Lorcan et en marge, encore : Alexander, une hésitation, et accolé : Darius. Les plans des laboratoires, dessinés de mémoire, densifiés par des témoignages et une observation in situ rapportée par Beatrix, lui servent de référence, mais pas autant que les plans du bâtiment où la milice - où Captain Lion - se trouve. Un soupir franchit ses narines. Il a évidemment mal au dos, et aux poignets, et quand vient le moment de s’étirer - il fait cela discrètement, comme tout - son regard tombe sur le profil d’Adalyn.

Cecil peut être très absorbé par ses travaux. Il en oublie souvent de boire, de manger, et, s'en accuse-t-il tout à coup : même de la négliger. Ce sentiment de négligence lui est d’autant plus perceptible qu’elle ne s’est pas occupée et qu’elle n’a guère trop bougé en plusieurs heures d’attente. Cecil repose sa plume, se masse l’intérieur de sa paume, reprend son mouchoir pour essuyer le bout de ses doigts noircis par l’encre, et, tout aussi discrètement qu’il s’est étiré, déporte son regard sur le bras tendu au bout duquel grattent les ongles. La manche s’est relevée et exhibe le reste du bandage, crasseux de sang sec. Ses sourcils se froncent imperceptiblement. Adalyn ne part jamais d’ici. Elle ne se confronte pas au monde, et encore moins au terrain sur lequel lui-même déplace les pions. Quel danger la serre peut-elle bien cacher pour Adalyn Dixon ? C’est une très longue balafre, pour une coupure. Il ramène ses yeux marécageux sur son visage, voit maintenant qu’elle a les billes embuées.

Cecil est désastreusement maladroit avec les émotions. A la fois, il en éprouve peu - mais elles sont intenses -, et celles des autres l’atteignent peu. Se montrer empathique lui demande un effort, comme si cet effort pouvait être physique et dévoué à la manipulation d’une machine. Il ne pense pas manquer de cœur ; il en a simplement trop vu, trop vécu, et trop tôt. Sa sensibilité est différente, implacable et froide, sans avoir pour autant disparu. Et puis, s’il manquait de cœur, pourquoi deviendrait-il infiniment soucieux en voyant les larmes d’Adalyn menacer de couler ?

Il penche un peu la tête, cherchant à attirer son regard, puis, n’y arrivant pas, déporte le sien dans la direction où celui bleu s’égare. Un flottement. "C’est toujours si calme, ici." Il regarde les plantes, le vitrage opaque derrière lequel décline la lumière diurne. "Hors du temps et du monde." Cecil se perd à son tour dans ses pensées. Avant de reprendre. "Je serais presque envieux," les yeux glissent en direction d’Adalyn. "La solitude t’a pour elle toute seule." Un vague sourire. "Enfin, pas tout à fait." Puisqu’il est là, à ce bureau si inconfortable, attentif aux besoins d’Adalyn. "Et je crois qu’elle me le fait payer…", dit-il en désignant d’un petit mouvement de la manche le tissu tâché d’encre. Pince-sans-rire, une lueur fait briller ses yeux. "Cela dit, je le prendrais assez mal…," il devient plus sérieux, sans perdre de son visage si calme et si sage et si mélancolique, "si elle en venait à te le faire payer aussi." Il le dit sans le dire. Le poids de la solitude, son étouffante présence qui s’hérisse de morosité et d’idées noires. Peut-être ne vise-t-il pas juste. Son histoire n’est pas celle des autres. Mais il aimerait comprendre ce qui s’est passé ; pourquoi ce bandage, pourquoi ces larmes. "C’est à cause d’elle, que tu pleures ?" Sa voix est un peu tremblante. Il est d’une pudeur pathologique ; ne sait pas comment s’y prendre. Il ne veut pas la froisser, lui inspirer la gêne, le malaise, la répulsion, il ne veut pas la faire fuir. Surtout pas la faire fuir.
Le corps massif accueille l’étreinte sans bouger. Il est raide, fermé à ce débordement. Il la sent osseuse et malingre, plus maigre qu’elle ne l’a jamais été. Il la sent pleine d’oripeaux, de bandages, de crasse et de moisissure. Elle est lui, quelques années auparavant, quand il errait ici même comme un monarque malade et plein de bile (il n’a pas changé, l’est toujours, se couvre simplement d’un peu de splendeur pour mieux attirer et dans son piège et dans sa gueule et dans ses ténèbres). Il se fait la triste mais réaliste réflexion qu’il ne ressent rien. Ni l’envie de nouer ses bras autour d’elle, ni le besoin de soupeser sa masse dans une longue étreinte de retrouvailles. Ils ne se sont pas quittés amis. Ils ne se sont pas non plus quittés ennemis. Ils se sont quittés comme deux étrangers qui n’ont plus rien à se dire. Osmond contemple le vide et la noirceur de ce vide, qui s’étale derrière elle, devant lui, et tout autour d’eux.
Il en a décidément trop vu, trop vécu, trop longtemps.
Et puis, surtout, elle lui a brisé le cœur.

Elle se dégage, chienne effarouchée que la câlinerie n’a pas satisfaite. Putain. Mais à quoi tu t’attendais, Adalyn ? Il en rirait presque, gorge déployée sur un râle odieux. C’est dommage ; s’ils s'étaient croisés ici, à son second avènement, ils auraient pu être fous ensemble (il l’est toujours, se couvre simplement de beaucoup de raison pour mieux endormir toutes les confiances qu’on lui porte et qu’il se porte à lui-même). Elle s’ébroue, s’encolère, s’agite - s’agite tellement, avec trop de vie et de passion pour une morte, c’est embarrassant. Et puis elle revient, et se colle, et se presse, et putain qu’il a envie de la faire sauter dans le ciel troglodyte, l’écarteler jusqu’à ce que chacun de ses membres filiformes s’arrachent sur une pluie rouge. La langue sort, lui lèche la chair - frisson - et récupère une larme de sang - dégoût ; dégoût ? ; dégoût. Ses bras se déploient enfin, l’entourent doucement, comme, oui, oui, tout à fait, oui, toujours la même rengaine : comme un serpent se noue autour de sa proie. C’est tout ce qu’il est, n’est-ce pas ? Bobby l’a dit le premier : il est Le Serpent - quoi qu’il en soit, quoi qu’ils l’appellent, le Mal a tant de noms, et plus il a de noms plus il existe ; pauvres crétins.

Il sent la salive d’Adalyn rester sur ses pores comme une pellicule d’abord chaude, puis tiède, puis froide. Il la sent rester comme un trace intemporelle ou la manifestation pure de l’obscénité. Un regard en biais, avec son seul œil, appréciatif de l’immondice délirante qu’elle est devenue. Il la hait et l’abomine, mais se sent en bonne compagnie. Ses bras se resserrent d’un coup, révélant alors seulement leur position et la lente progression qu’ils ont prise dans les secondes écoulées. Un contre sa taille, l’obligeant à s’écraser contre lui et sans doute à manquer d’air, l’autre replié, comprimant son sein timide de rondeurs et beaucoup de fois caressé, le poing serré sur le manche de son couteau dont il l’a subtilement dépossédée. La lame est pressée contre sa jugulaire. Elle a le pouls rapide. Un battement trop fort, et elle s’égorge toute seule. "Je te préférais morte…," avoue-t-il doucement. Il dégouline de sincérité. D’un peu d’ennui aussi, avec cet air mélancolique qui traverse les âges. "Donne-moi une bonne raison de ne pas rectifier ça." Elle ne pèse rien, c’est ridicule. Il tient un squelette bandé de tissus. Y a-t-il seulement du sang, là-dedans ; reste-t-il seulement quelque chose à tuer ?
Elle est lui et c’est triste.
Qu’est-ce que l’éternité peut être moche.
Invité
Invité
Anonymous
CORPS
ESPRIT
ÂME
dark woods and pagan suns
@osmond rose & @billie bloom
tw: troubles psy, mutilation, gore, body horror.

(FLASHBACK – 1821)
– C’est toujours si calme, ici.
Cassure au silence. Cecil parle et son vide se délite. Pour autant son regard ne bouge pas, tout juste s'est-il figé. Rouvert sur le monde. Leur petit monde – et peut-être n'y a-t-il finalement que celui-ci qui sache la retenir. L'écraser à cette corporalité qui les mois coulant lui échappe.
– Hors du temps et du monde.
Échos à sa psyché. Le grattement persistant de ses ongles s'arrête.
– Je serais presque envieux, la solitude t’a pour elle toute seule.
Si des larmes crèvent ses yeux, un minuscule sourire vogue sur ses lèvres. Et l'envie de jeter un œil dans sa direction la morcelle. Ses prunelles à la place de ses mains, comme un besoin – un éternel besoin – de caresser ses contours.
– Enfin, pas tout à fait, rectifie-t-il.
Et le minois ne peut demeurer plus longtemps dans l'ombre du bras. Avec une lenteur déconcertante l'attention glisse. S’appesantit par déraison sur la bouche de Cecil.
– Et je crois qu’elle me le fait payer…
Le regard d'Adalyn cille tandis que le menton de Cecil désigne – désigne quoi ? Il lui faut un temps interminable pour comprendre. Le tissu taché d'encre. La malchance.  Et une sensation qui lui est indescriptible la pique et la mord et la griffe. Ses billes dévient et s'attardent sur le bandage immonde – et surtout à découvert.
Elle se statufie. La mascarade et les faux-semblants s'achèvent. Et qu'ils s'achèvent avec les notes de sa voix est la plus atroce de toutes les berceuses.
– Cela dit, je le prendrais assez mal… continue-t-il, tellement calme. Tellement mesuré. Tellement perçant. Tellement lui. Et n'est-ce pas ce qui la fascine ?
Adalyn s'est tendue. Prise en faute. Prête à décamper.
– … si elle en venait à te le faire payer aussi.
Le blafard de ses joues vire au rose. La honte lui coupe la parole. Cette parole fragile, cette voix qui ne daigne porter par-delà sa mutité que pour la passion ; et ses terribles obsessions. Celles qui ne font que toujours davantage s'entortiller à ses abysses.
– C’est à cause d’elle, que tu pleures ?
La question la ramène à lui et ses phalanges s'écrasent sur son bras puis tirent le tissu de la manche qui ne dissimule plus rien. Sa robe est tachée de rouge elle aussi. Ce rouge qu'elle observe quelques secondes. Sans plus se souvenir si c'est son sang, si c'est un crime, si tout cela a le moindre sens.
Elle ne peut plus le regarder – l'affronter. Elle remue néanmoins le visage. Une réponse négative d'enfant fautive. Et aux énigmes qui les étourdissent, elle sait devoir des mots. Ces mots si compliqués dès lors qu'ils exigent l'expression de son intime.
Sa serre ne lui a jamais paru aussi gigantesque et menaçante.
Ses mâchoires se desserrent et se suspendent. Elle n'arrive pas à parler. Elle n'arrive pas à conjuguer ses pensées à ses tourments. Et elle ne veut pas le décevoir et elle ne veut pas qu'il la croit folle et elle ne veut pas qu'il s'en aille ; avec du dégoût au cœur, du dégoût pour elle.
Adalyn se lève et sa chaise chute en arrière. Le bois tape la terre et elle reste, immobile et blême, dans sa robe pleines d'ondulations gris perle.
Elle ne le regarde plus – elle le dévisage. Son insécurité vrillée dans sa colère. D'elle-même, de lui, du monde entier. Et tout pourrait être clair, brutal et affreux s'il n'y avait pas son silence et sa persistance à lui faire face. S'il n'y avait pas le sang et les larmes et cette agressive vitalité qui précipitamment la pousse à s'esquiver. Elle contourne la table et elle contourne Cecil. Devant son plan de travail encombré d'un fourbi sans commune mesure, elle happe un petit couteau au manche de bois. Dos à lui, sa silhouette s'affaisse. Elle hésite, encore, et n'est plus sûre de vouloir faire ce qu'elle va faire. Ce qu'elle a décidé de faire. Ce qu'elle doit faire. Elle hésite, trop longtemps, la lame lançant ses reflets froids sur sa conscience. Sa respiration dégringole. Le couteau presque tout entier dans le chaud de sa paume, elle rejoint Cecil.
Et pour la première fois depuis des semaines elle ose une requête. Elle le défie de refuser, d'un regard qu'elle n'offre d'ordinaire qu'à Darius. Un regard de fureur froide, prédatrice, un regard à trouer le crâne. Ce regard qu'elle tient, qu'elle essaye de tenir, qui ne dure que cinq secondes. Cecil à des centimètres d'elle. Cecil et ses yeux. L'imbroglio de nuances vertes piquées de petites comètes brunes aux reflets d'or oh ses yeux toujours la hantent.
Prends-le.
La lame pincée entre son index et son majeur, elle lui tend le manche. Et elle attend qu'il abdique, qu'il obéisse. Et tout pourrait être clair, brutal et affreux s'il n'y avait pas son silence et sa persistance à lui faire face.
Quand il récupère l'objet, une expiration de soulagement lui échappe et c'est indécent.
Adalyn remonte sa manche. Pas la tachée, pas celle dont la simple vision la répugne. Elle expose le blanc intense et marbré de veines de son bras droit.
Maintenant utilise-le.
Et elle ne veut pas le décevoir et elle ne veut pas qu'il la croit folle et elle ne veut pas qu'il s'en aille ; avec du dégoût au cœur, du dégoût pour elle.
Utilise-le, insiste-t-elle.
S’impatiente-t-elle.
Adalyn s'agenouille devant lui, lève sa figure, tout en agrippant sa main qui retient le couteau. Et ce contact est le plus abjecte de tous et ce contact est le plus perceptible et magnifique qu'ils n'aient jamais eu. Elle force, le mouvement. L'extirpe de la torpeur dans laquelle elle devine l'avoir plongé. S'arrête.
Elle hésite, encore, et n'est plus sûre de vouloir faire ce qu'elle va faire. Ce qu'elle a décidé de faire. Ce qu'elle doit faire. Elle hésite, trop longtemps, la lame lançant ses reflets froids sur sa conscience. Sa respiration demeure malgré tout silencieuse. Il n'y a que son cœur qui la dérange. Le pouls bat si fort qu'il l'assourdit.
Les pupilles quittent le métal pour trouver celles de Cecil et s'y planter avec dureté.
Regarde-moi.
Elle comprime ses doigts sous les siens et elle se retient de chialer parce qu'elle se sait égoïste et cruelle et plus que tout elle est terrifiée à l'idée même de son absence. De son rejet.
Tu as posé la question alors tu dois accepter ma réponse.
Voilà tout ce qu'il convient de dire. Les sinuosités de l'éloquence abandonnées aux charognards.
Sans plus de cérémonie le tranchant de l'acier lui découpe la chair. Un cri expiré qu'elle étouffe d'un coup de dents. Elle guide le geste, méthodiquement. Ni trop profond ni trop en surface. Une balafre assez longue pour apercevoir le plein mécanisme de l'horreur. La liqueur purpurine dégorge aussitôt et macule le marmoréen de leurs deux carnations. Des giclures sur les doigts de Cecil et des giclures sur ses doigts à elle et le rouge tout ce rouge qui lui peint l'avant-bras. Elle le relâche et le couteau échappe à leurs phalanges. Tombe entre eux-deux dans un bruit mat.
Dans ses oreilles, un odieux sifflement.
Avant qu'il ne s'échappe tout à fait, Adalyn emprisonne de nouveau Cecil.
Toujours plus égoïste et cruelle.
Cette fois, ses tiges s'emparent de son poignet. Son articulation devient son ancre.
Elle ne le regarde pas, elle n'ose plus. Elle lui demande simplement d'attendre. Et les secondes s'étirent et elle murmure : ne le dis à personne. Et elle pleure : jure-moi de n'en parler à personne. Et sous leurs attentions troublées sa viande découpée au couteau se referme. Les couches successives de tissus se reforment dans un chuintement humide et glauque. Il faut moins de trente secondes – et c'est extrêmement long, trente secondes, ça se compte en battements de cœur, ça se compte en suffoquant – pour que la balafre ne soit plus que coupure rosâtre. Cinq secondes supplémentaires la font parfaitement disparaître. Ne lui laissant que l'odeur ferreuse dans les narines, le rouge des massacres sur la peau et le goût du sel sur ses lèvres.
Je ne veux pas être un monstre, dit-elle. Froide, distante.
Le visage de Darius éclate dans son esprit et un sanglot désincarné la trahit.
L'explication, l'impitoyable explication, coule hors de son intellect. Germe et éclot sur sa langue dans un flot rapide et saccadé :
J'essayais juste oh Cecil j'essayais juste-
Elle hoquette, le relâche enfin et les sanglots reviennent.
Je suis désolée...
Désolée pour ce qu'elle a fait – lui a fait.
… je suis désolée.
Des excuses, sans demander pardon – jamais.
Ses sanglots menacent de la submerger.
Je voulais juste-
Ses deux mains poisseuses posées, oubliées, dans le creux formé par ses cuisses serrées. Ses deux mains comme deux petits oiseaux morts salissant le gris fluide de sa robe.
Il faut que je l'enlève-
Et sa nuque se tord davantage, chavire vers l'avant. Ses cheveux la dissimulant au regard qu'elle sait lui être fatal.
… il faut que je l'enlève avant qu'il ne soit trop tard.
Le poison – leur poison – injecté à trop d'endroits à trop de moments dans la terreur la douleur et les cris ; ce poison qu'elle est persuadée de sentir grouiller et bouillir dans ses veines.

Elle savoure encore sa flaveur quand il est trop tard. Dag se débat et c'est inutile. L'impression tenace d'être prise au piège par une de ces saloperies rampantes, longues et froides. Et un sentiment de dégoût la claque. Elle déraille, s'accroche, fait en sorte de ne pas virer de bord. Pour ne pas disparaître. Si ce n'est physiquement au moins mentalement. Elle détaille et liste. Pas une limace ni même un ver encore moins une anguille. Il y a dans cette étreinte contrefaite quelque-chose d'ancien, d'épais, et viscérale.
Les bras de Cecil  ne sont plus exactement des bras mais des sangles qui la retiennent captive. De lui. De sa dinguerie originelle. De ses terreurs revenues comme un raz-de-marée. Se superposent à la sensation les éclats de mémoire qui lui déchirent la pensée. Il y a la salle blanche et la lumière qui l'aveugle et la table d'examen ou d'autopsie elle ne sait plus très bien et il y a aussi le lit et il y a la chambre aux murs capitonnés et les hurlements des fous et il y a la chaise dans le bureau à l'odeur de cire et de détergeant et il y a leurs voix emmêlées les unes aux autres et l'avidité de leurs regards au travers des époques et elle n'est plus rien elle n'est plus rien que l'objet de convoitises d'hommes aux aspirations morbides et démentes.
Sur son visage, un néant. Dag se démantèle. Dag se désagrège. Dag se retire du réel ; ce réel qui finalement n'a plus tant de consistance que cela. Pas avec tout ce noir autour pas avec cette obscurité qui l'avale depuis des minutes sans jamais la recracher. Compression du buste et poumons contraints d'expirer leur air. Elle est indolente et molle et cette étreinte suppose-t-elle la tuera.
Et puis il y a sa voix.
– Je te préférais morte…
Cette cassure au silence.
Cecil parle et son vide se délite.

Ses prunelles délavées ne voient rien, perdues à l'abîme. Mais elle l'entend.
– Donne-moi une bonne raison de ne pas rectifier ça.
Il lui faut un temps interminable pour comprendre.
Le tranchant d'une lame – sa lame, contre sa gorge. Le couteau et la main écrasés contre son sein.
Et que compte-t-il faire avec et pourquoi et comment peut-il ne serait-ce qu'une seconde espérer lui ouvrir la gorge. Rectifier quoi rectifier qui. Ses erreurs – les siennes et seulement les siennes à lui rien qu'à lui qui l'a abandonnée qui lui a saccagé le cœur qui a, il y a longtemps tellement longtemps trop longtemps et pourtant rien ne paraît plus net que cet hier, méprisé et détruit leur monde – son monde – tout entier.
Va te faire foutre, crache-t-elle avec ce qui lui reste d'oxygène.
Son souffle tiédasse enrobant l'oreille attentive. L'oreille souhaitant recueillir une réponse. Mais il le sait mieux que quiconque, ses réponses n'ont jamais rien de charmant. Ses réponses font toujours mal.
Le museau est coincé dans l'emmêlage de leurs corps, contraint à s'appesantir sur la raideur de l'épaule de. De qui déjà Dag qui est contre toi en toi qui est tout autour de toi Dag réveille-toi Dag personne non personne n'a le droit de te faire ça.  
Tout en elle ondoie puis éclate. Ça lui sort du bide autant que de la poitrine et des bras. Elle lâche un cri de douleur ou d'extase à l'instant où les racines et les branches creusent explorent et explosent sa chair pour venir se ficher dans celle de Cecil. Son cri néanmoins est vite contraint puis paralysé par la lame qui lui perfore la trachée. C'est une surprise sans en être une et peut-être qu'elle le voulait bien. Et peut-être que l'idée la soulage. Et peut-être que l'idée la libère enfin. Dag se sent défaillir et ses excroissances fibreuses et maigres et acérées et si maladives dans ce trop plein de nuit grouillent comme autant d'asticots sur de la pourriture ; et l'acier continue sa progression. Dag réussit péniblement à retenir la lame d'aller trop loin. Le tranchant dévié contre l'écorce qui lui craque la gorge.
La mâchoire toujours coincée à l'épaule mâle, elle regarde sans regarder devant elle. Bat des paupières, amorphe. Aveugle et sourde. Elle manque d'oxygène et elle manque de force et son sang se mélange à celui contraire et si semblable et soudain la pression se relâche. Un peu. Juste assez pour qu'elle puisse avaler une goulée d'air rance avec laquelle elle s'étouffe. De sa gueule émerge des borborygmes autant qu'une bave épaisse et noire dans tout ce noir. Elle tousse et s'arrache un peu plus la gorge. Et sous la dictature de ses  secousses ce n'est plus un mais deux corps qui tressaillent et se contractent.  
Osmond Rose
Originel·le
Osmond Rose
CORPS
ESPRIT
ÂME
Genre : Cis., masc.
Age : Quinqua de 236 ans.
Dollars : 1492
Zone libre :
dark woods and pagan suns (blind#1) B2f554b632f53d58adceffc067acc491
the day I died
I didn't tell
my body

|
you never
feared the abyss

dark woods and pagan suns (blind#1) Ra48t6aq_o dark woods and pagan suns (blind#1) 9HqrKldU_o

Occupation : Propriétaire du Noctal (maison close) et gérant de l'Unlock (pawnshop) dans les profondeurs de l'Underapple. Leader déchu des Orphans, déclaré mort depuis décembre.
Habitation : Ses appartements souterrains au Noctal.
Déchirures :

₪ A P O P H I S ₪

Lord of darkness and chaos

dark woods and pagan suns (blind#1) AxI6stHu_o dark woods and pagan suns (blind#1) ApEwOZTM_o
***
While they scream and perish,
he licks a finger and turns the page

MUE -- régénération cellulaire, cicatrisation en surface et en profondeur, vieillit beaucoup plus lentement et se remet de blessures ou maladies graves.

CORRUPTION -- (niv.1) se nourrit de transgressions commises, gain d'énergie vitale ; (niv.2) commande à autrui la transgression qu'il veut voir commise ; (niv.3) son esprit est impossible à corrompre en retour, toute tentative de manipulation, intrusion ou altération se solde par un échec, la sensation d'une angoisse profonde, et des effets secondaires variables (nausée, évanouissement, lésions cérébrales graves).

TENEBRES -- (niv.1) obscuration des lumières artificielles, visibilité nulle pour l'œil humain et les appareils ; (niv.2) obscuration des lumières naturelles, même principe ; (niv.3) invocation d'une entité ténébreuse, "Jo" (pour Jawbreaker) semblable à un serpent de fumée, long de 7 mètres avec la force de 7 hommes.

SERPENTS -- (niv.1) transformation de n'importe quelle matière en serpents ; (niv.2) les contrôle même à distance et communique avec eux.

INFRAMONDE -- (niv.1) résurrection ; (niv.2) invocation d'entités démoniaques et spectrales.

Limites :
MUE -- procédé long (4h) et douloureux (écorchement vif).

CORRUPTION -- (niv.1) doit assister aux transgressions ou qu'elles soient survenues dans les 72h pour s'en nourrir ; (niv.2) ne manipule plus qu'un max de 6 personnes par jour, 4 en simultané à cause d'une malédiction ; (niv.3) ne contrôle pas la gravité des effets secondaires, dépend de si l'individu est novice ou non.

TENEBRES -- (niv.1) perim. de 20m pour 10 minutes ; (niv.2) perim. de 30m pour 5 minutes ; (niv.3) durée de l'invocation variable (9 à 15 minutes), Jo provoque des tremblements (max 3 échelle de Richter) en arrivant, et quand il ne peut pas traverser les revêtements routiers (max 6 sur l'échelle de Richter).

SERPENTS -- (niv.1) transformation max égale à son poids, pour une durée de 3h ; (niv.2) télépathie simple loin de la complexité d'une langue (émotions, compréhension des intentions, flashs visuels).

INFRAMONDE -- (niv.1) quitte son immensité et sa puissance dans le supramonde, difficulté à se réhabituer à son corps humain ; (niv.2) 3 démons ou 1 défunt pour un total de 1h/24h, peut perdre le contrôle sur les défunts.

Stigmates :
-- œil de verre (droit).
-- haemolacria (droite).
-- lésions radiques invisibles.
-- brouilleur de capteurs vivant.
-- une cicatrice de décapitation.

Inventaire :
-- (lost) une vieille chevalière avec le logo d'Icarus dessus et un peu de sang dans les interstices.
-- des lunettes de soleil pitch black.

Pseudo : .exe
Comptes : Jeremiah.
Genre IRL : She/her.
Messages : 521
Date d'inscription : 13/02/2023
FC : Rufus Sewell.
Crédits : Martyr (av.)
Thèmes abordés : Body horror, gore, occultisme, horreur, manipulation, violence, dysf. familial, meurtres, terrorisme, criminalité.
Thèmes refusés : Ràs.
Infos RP :
(( dial : slategrey ))
-- présence régulière.
-- dials fr ou ang.
(( 4/3 rps ))
-- Love [AU]
-- Darius [fb, 1820]
-- Laudna [été 2025]
-- Amy [décembre 2025]

dark woods and pagan suns
@osmond rose & @billie bloom
tw: sang, mutilation, angst, body horror, serpents.

(flashback - 1821) Le mouvement brusque de recul et la chute de la chaise font sursauter Cecil. Il s’est visiblement tendu, jetant sur Adalyn, maintenant debout, un regard effaré. "Excuse-moi, je ne voulais pas-," précipite-t-il dans sa bouche, la langue pâteuse et les lèvres sèches. Elle le contourne et Cecil pense qu’elle s’en va. Dans un mouvement presque aussi brusque, il se relève de sa chaise, une main fermée sur le dossier en bois pour la retenir de tomber, tremblante. "Adalyn…," qu’il souffle, s’étrangle même, la regardant prendre la direction non pas de la sortie, mais de son atelier.

La stupéfaction mêlée d’inquiétude s’estompe alors, comprenant qu’elle s’en est simplement allée chercher quelque chose. Un couteau. Cecil se fige, appréhende la suite. Il en a connu, des esprits fêlés ou, comme disaient les docteurs : des aliéné·e· (d’alienus, les autres, les étrangers, les dont-on-ne-veut-pas, quelle terrible et consolante découverte faite par le petit Cecil). Cecil était leur voisin, tout autant dans les couloirs de l’hôpital, que dans les rapports médicaux hésitant à le déplacer d’une colonne à l’autre. Les bas-quartiers en regorgeaient aussi, par défaut. Ce n’est pas quelque chose qui lui est étranger, et de là à dire que ça lui est familier il n’y a qu’un mot, qu’un nom. "Adalyn," tempère-t-il, tentant d’attirer son attention, et tout particulièrement sa raison. Cecil est malgré tout devenu livide. Car il redoute que la douce folie dont iels parlent toustes ne soit pas si douce, et qu’elle finisse par la dévorer totalement, l’emporter, la tuer. "S’il-te-plaît, écoute-moi…" Elle est revenue vers lui, le regard térébrant. Adalyn ne le regarde jamais comme ça. Cecil se découvre choqué, mais pas autant qu’il se sent heurté. C’est comme si elle lui avait donné beaucoup de douceur via ses yeux d’eau, pour la lui reprendre dans une gifle.

"Prends-le." Il baisse le regard vers le couteau, dont elle a tourné le manche vers lui. La main s’en empare rapidement, nullement hésitante ; il veut l’en débarrasser le plus vite. "Discutons-en calm- - Maintenant utilise-le. - Quoi ? - Utilise-le. - Non…, non," s’exclame-t-il d’un couinement rauque. L’adrénaline fait à présent trembler tous ses membre, tend ses muscles et crispe ses traits. Il n’a pas l’air affolé comme n’importe qui serait affolé, à gesticuler et perdre son sang-froid ; mais Cecil est affolé. Son poing armé se retire vers lui, empêchant aux mains arachnéennes de pouvoir s’en emparer à nouveau. Il ne comprend pas, ou plutôt, s’acharne à ne pas vouloir comprendre. "Tu es fatiguée, Adalyn. Tu n’as pas les idées claires- ce n’est pas grave, allons-," il s’interrompt, la décence aristocratique le muselant stupidement, avant qu’il s’en dégage d’un claquement de langue et d’un mouvement de tête, "allons dans ta chambre, il faut que tu te reposes." Il lui massera les tempes comme il le fait parfois, l’huile de chanvre tapissant ses digitales sans que cela ne le dégoûte.

Adalyn s’agenouille, provoquant un soupir dépité chez Cecil qui la suit dans le mouvement, se rasseyant sur sa chaise. Elle ne l’écoute pas. C’est peine perdue. Le visage de Cecil se tord dans des moues contrites, balayant des yeux le carrelage sur lequel ils se tiennent et sur lequel la robe grise s’est étalée. Il remarque le tissu tâché et tout à fait sec. Il avait deux heures pour s’en rendre compte, deux heures pendant lesquelles Adalyn s’est morfondue devant lui sans qu’il ne voit rien, plongé dans ses schémas de vengeance. "J’aurais dû…," commence-t-il tout bas, sur la ligne d’un murmure amer, plein d’une colère qu’il ne dirige que contre lui. La main d’Adalyn s’est serrée sur la sienne, revenue entre eux dans ce moment d’égarement. Il sent qu’elle insiste, s’oppose à sa force qui tente gauchement de garder la lame hors de portée. "Regarde-moi." Cecil est un idiot, quand il est avec Adalyn. Il fait des choses idiotes comme récupérer la ganse d’une musette comme s’il s’agissait d’un trésor volé, ou se casser le dos sur un bureau inconfortable et en redemander le lendemain, ou lever son regard vers Adalyn parce qu’elle le lui demande, oubliant d’être attentif à tout sauf à ses grandes billes couleur ciel d’été. "Tu as posé la question alors tu dois accepter ma réponse." L’implacabilité de la chose le laisse pantois.

Il sent seulement alors qu’elle le force à nouveau, et cette fois pour accompagner son geste. Les yeux s’arrachent précipitamment à ceux d’Adalyn, s’écarquillant devant la vision. Cecil est pétrifié par la scène. Il n’arrive plus rien à dire, ou à faire, pantin de chair et de tissus nobles qui se laisse désastreusement porter par l’impératif sordide d’Adalyn. La chair découpée produit une sensation bizarre dans le manche, laquelle remonte jusqu’à leur main où sont délaissés des frottements rugueux. L’oxygène vient à lui manquer tant il ne respire plus, la bouche pourtant ouverte sur un cri inaudible. Elle est en train de se tuer. Elle est en train de se tuer et il participe à son effort. L’horreur ne vient pas avec le sang versé, elle vient avec l’idée soudain vivement réaliste qu’il va la perdre sur le carrelage crasseux de la serre, ne pouvant ni à temps rejoindre le manoir avant que l’hémorragie l’emporte, ni l’arrêter de couler entre ses mains tremblantes. Cecil ne pense même plus à ses doigts imprégnés non plus d’encre mais de sang. Quelle obsession futile et crétine, mise en face de la chair d’Adalyn saignée comme un pourceau.

Le couteau tombe.

Les doigts humides et rouges s’écartent dans le vide, ne tremblant plus que de spasmes raides. Elle agrippe son poignet, aggravant la coulure sur son bras. "Seigneur… Adalyn…," bafouille-t-il, claquant des dents, la respiration hachurée. "Ne le dis à personne." Il ne l’écoute pas. "Il faut qu’on- tu dois-, oh Seigneur… - jure-moi de n'en parler à personne. - Ça suffit ; Adalyn," éructe-t-il soudain, la panique au ventre, son marécage troublé de larmes qui ne coulent pas, de colère qui se sait simplement être l’angoisse de la perdre. Cecil a repris ses esprits. Il commence à se dégager pour venir la soulever et la porter au plus vite à l’infirmerie-

-quand il voit la peau se refermer aussitôt. Son mouvement s’immobilise. Quelques secondes à peine et il n’y a déjà plus rien, sinon que la coulure de sang dépourvue maintenant de sa fontaine évasée. Cecil est soufflé. Il passe par un caléidoscope de réactions, où le soulagement est la plus forte, tout juste à côté de la colère qui n’est plus que de la colère. "Tu- tu savais…? - Je ne veux pas être un monstre. - Pourquoi tu- j’ai cru que j’allais te perdre- - J'essayais juste oh Cecil j'essayais juste-" Elle le relâche et il s’écarte. "Je suis désolée..." Cecil reprend péniblement sa respiration. Son cœur bat si fort qu’il entend à peine les sanglotements d’Adalyn. "… je suis désolée." Il ne dit rien. Il lui en veut comme il ne lui en a jamais voulu auparavant. "Je voulais juste-" Cecil la regarde par en-dessous, derrière ses boucles noires et son doux regard devenu dur et blessé. "Il faut que je l'enlève-… il faut que je l'enlève avant qu'il ne soit trop tard." Il y a un flottement. Un long silence dans lequel on pourrait presque entendre les échos de leur voix cassée par l’émoi et les exclamations de panique.

"Un monstre…," répond la voix feutrée, redevenue calme, de Cecil. Ses cordes vocales sifflent péniblement. L’émotion le hante encore. "C’est un mot…", il claque de la langue, souffle un rire jaune, l’amertume couvrant sombrement ses traits, "que j’ai tellement entendu." Ils l’utilisent toustes. A tort et à travers. Il ne pensait pas qu’Adalyn était de celleux-là. Il pensait qu’elle était différente - il sait qu’elle est différente, il l’espère âprement. Après avoir couvert le décor d’un regard abruti et acerbe, il ramène ses yeux sur elle. Ils gagnent en indulgence. Cecil finit par se lever, s’approcher d’elle et s’accroupir à sa hauteur avant de s’asseoir. Il hésite, étiquette oblige, mais au point où ils en sont… ; l’entoure d’un bras réconfortant, son buste venant trouver l’une de ses épaules. Il reste un moment ainsi contre elle, dans le silence, les tremblements de son corps se résorbant peu à peu. "T’ai-je déjà dit," commence-t-il tout bas, dans la confidence de leur proximité, "que j’étais né monstrueux ?" Son autre bras se déplace un peu, passant devant le ventre d’Adalyn, avant de laisser son index courir avec curiosité le long de son avant-bras cicatrisé. Il laisse un sillon moins rouge sur la pellicule de sang. "Je suis navré que vous ayez découvert ça aussi tard." Elle. Les autres. "Je comprends… il faut du temps pour s’y faire." Sa voix monocorde, plate d’émotions, est difficilement déchiffrable. Il a cependant l’air sincère dans sa politesse.

"Ça vient du latin monstrum, tu sais ?" dit-il soudain, comme emporté par autre chose que ses politesses froides. Son étreinte devient un câlin. Le corps d’Adalyn, vivant, est si précieux ainsi pressé contre lui. Il a un rire morne. "J’avais du temps pour lire," se justifie-t-il. Cecil ramène souvent sa science, dit-on au manoir. Et puis qu’est-ce qu’il est ennuyeux, avec ses mots savants et son latin. Cecil adore l’étymologie. Remonter à l’origine des choses, quand on ne les connaissait pas encore et qu’elles étaient pures de tout jugement. "Monstrum est un avertissement céleste. C’est un prodige qui effraie parce qu’il est extraordinaire, mais nullement mauvais. L’Homme… l’Homme aime rendre les choses extraordinaires mauvaises. Et peut-être, oui, qu’à force, elles le deviennent. C’est comme de l’engrais," il coule un regard à Adalyn, dont le visage est très près - il se sent un peu rougir, "un mauvais engrais rendra une plante malade, n’est-ce pas ? aussi prodigieuse soit-elle." Son pouce câline l’épaule féminine. "La peur est un très mauvais engrais Adalyn. S’il-te-plaît… ne la laisse pas te ronger. Tu es prodigieuse et tu dois t’en rendre compte."

La main se serre un peu plus sur l’épaule, en même temps que la figure de Cecil se crispe. "Moi je te trouve… je te trouve merveilleuse. Avec ou sans cela," ses autres doigts continuent de toucher du bout de l’ongle l’avant-bras guéri, "et je n’ai pas peur de toi." Les yeux parcourent le grand front d’Adalyn, sa mâchoire saillante et son petit menton prononcé, le sillon parfait au-dessus de ses lèvres et puis, ses lèvres. Il déglutit bruyamment. Semble hésiter. Et puis son visage se détourne avec embarras. "Tu me trouverais… monstrueux, si j’avais… ce genre de capacité moi aussi ?" Ses sourcils se froncent, le regard planté sur le sol crasseux de la serre, la boule au ventre redevenant désagréablement pesante.
"Va te faire foutre." Un ricanement acerbe. "Ça manque d’argument trésor." Le poing se presse un peu plus. Sans se décider non plus. Elle est réapparue avec trop de questions restées sans réponses. L’acrimonie est si facile, dans ces conditions ; Adalyn existe encore tellement peu dans son présent à lui qu’il n’a aucun mal à vouloir l’en supprimer. Vouloir et pouvoir son cependant deux choses différentes. Et dans ce poing qui hésite, il y a l’attente. D’explications, de longs discours même féroces, de mots qui se forment les uns après les autres, pour défendre sa couenne ou qu’importe soit cette membrane fine et pathologiquement blanche avec laquelle elle se recouvre. Mais rien.

Et avant qu’il n’ait pu se décider : tout.
Les radicelles transpercent ses chairs partout où Adalyn est écrasée contre lui, certaines courtes comme un bout de phalange, d’autres longues comme une lame entière, et la secousse fait trembler Osmond qui se rigidifie dans la douleur. Ses dents se serrent, de même que son seul œil s’écarquille dans l’orbite. Même celle creuse et vide paraît s’étirer de stupeur. Un tremblement vibrionne sous leurs pieds, menaçant et hostile. Jo s’ébroue de hargne, sommé par la seule douleur de son maître. Mais, sans desserrer les dents, Osmond lui ordonne, dans un souffle désagrégé : "n-non." Et aussitôt les tremblements cessent. Son bras, courant le long de la taille d’Adalyn bouge imperceptiblement, tenté de la transformer. Le membre se crispe. Non plus. Toutes les petites excroissances fourragent ses chairs avec une voracité nécrophagique, et quand son seul œil se baisse sur elle, il voit qu’elle douille autant. Quel joli tableau. L’un dans l’autre, unis comme des cadavres qu’on bouffe et qu’on grignote. Finalement, ils l’auront eu, leur épilogue.

"Regarde-nous…," il grince, méchamment, avec un peu de tendresse aussi. Elle crachote des borborygmes tout contre son costume à cinq chiffres, qu’elle a percé de plein de petits trous. Sa bouche à lui est plus calme. Les filets de sang qui se mettent à couler ont eux la délicatesse de se taire. Le couteau finit par tomber, repoussé par un pan d’écorce recouvrant sa gorge. Un prodige. Une merveille. Oh, il a toujours su qu’elle serait à son tour monstrueuse ; elle refusait simplement de le voir, et de l’accepter. Il la relâche dans son effort de tenir droit, de tenir debout, de tenir tout court. Elle retrouve son oxygène. Il graillonne un rire sifflant. Toutes les racines d’Adalyn se transforment soudain en serpents, des corps plus ou moins longs et étroits qui ondulent depuis la chair touchée et finissent par tomber à leurs pieds dans une cataracte de chuintements organiques. Osmond recule de plusieurs pas, emporté par son poids comme un lierre qu’on a détaché de sa vigne.

Il heurte un bloc de ruine et se laisse tomber avant de s’avachir dos contre le béton. Une main reste sur l’une de ses plaies béantes, inutile, tandis que son sang dégouline de ses trous de gruyère taille xxl. Il en a même un sur la joue, et chaque fois qu’il ouvre la gueule, il l’impression que sa langue va se tromper de sortie. "Putain… tu m’as épuisé," gronge-t-il, sans se départir de ses airs altiers où trône son flegme habituel. Il faut qu’il appelle Bobby. Ou invoque Jo. Il aurait dû la tuer. Depuis quand est-ce qu’elle le suit. Foutues vermines squattant The Scar ; les a-t-elles vues ? Elle aurait compris. Soupir. Ce sont des blessures graves ? Aucune idée. Ses membres sont engourdis mais c’est parce que, Seigneur, elle l'épuise. Heureusement qu'elle le nourrit aussi, de son vilain petit crime, atteinte à l'intégrité physique, pas très civique de votre part Mme Bloom - tout se mélange, douleur et plaisir, pour se transformer en un état second.

Le visage livide et luisant de sueur, de sang, pivote légèrement dans la direction d’Adalyn. L’oeil cruel cherche la manifestation d’une cicatrisation sur la gorge tranchée. Pas de lumière diurne, ici ; elle va peut-être bel et bien crever. "Arrête de-", il déglutit bruyamment, ravalant des glaires ferreuses, "-rester debout, tu es encore plus épuisante," qu’il martèle avec exaspération, tout à fait déraisonnablement, les paupières lourdes battant sur son œil et sa cavité. Les serpents, parmi les plus venimeux, sont appelés d’un sifflement. Il remarque en avoir écrasé certains en reculant pesamment, ce que ses créatures ne retiennent pas contre lui. Les corps longent ses jambes, rampent sur le textile, viennent gentiment lui tenir compagnie. Il a un sourire attendri, qui se fait sardonique, lorsque l’œil revient mater Adalyn. "Ou c’est trop monstrueux pour toi ?" Alors là, elle se foutrait bien de sa gueule.
Invité
Invité
Anonymous
CORPS
ESPRIT
ÂME
dark woods and pagan suns
@osmond rose & @billie bloom
tw: troubles psy, mutilation, gore, cringerie.

(FLASHBACK – 1821)
Elle est piteuse ou seulement et simplement une misérable petite garce. Adalyn garde le silence et Cecil garde le silence et ce silence oh tout ce silence au milieu d'eux – son silence finit de l'anéantir.

– Un monstre... dit-il.
Le silence est brisé autant qu'elle l'est. Et dans sa voix elle ne réussit à concevoir l'émotion. C'est un gouffre qui l'attire.
– C'est un mot... (un soupir de rire échappé de ses lèvres) que j’ai tellement entendu.
Une cruauté ou une caresse. Elle fronce les sourcils et immanquablement remonte son attention vers lui. Les prunelles inondées cherchent une information, un signe, quelque chose qui lui trace le chemin. Celui qu'il lui offre, celui qu'elle doit suivre.  
Son horizon n'est plus que son visage. Son si précieux visage. Et il se coule jusqu'à elle et elle s’affaisse toujours davantage. Comme si elle pouvait s'enfouir dans le sol ou s'y répandre telle une flaque. Et il la console, dans cette proximité des corps qu'ils ne se connaissent pas. Pas vraiment. Jamais vraiment.
Son bras qui la presse et ce buste qu'elle rencontre et lui qu'elle appréhende.
– T’ai-je déjà dit que j’étais né monstrueux ?
Sa voix si basse, sa voix comme un secret ; le plus affreux et le plus faux croit-elle. Le plus beau apprendra-t-elle, dans leur sang. Quand le monde – leur monde – ne sera plus monde mais ruines.
– Je suis navré que vous ayez découvert ça aussi tard.
Et son bras se plie car il explore. Arpente. Et elle ne devrait pas ressentir ce qu'elle ressent – elle ne devrait rien ressentir hormis la terreur d'elle-même mais-
Mais Cecil l'explore.
Son index retraçant lentement le chemin de leur horreur sur son bras moite et brûlant.
– Je comprends… il faut du temps pour s’y faire.
Sa bouche s'est ouverte sur le vide. Elle cherche quoi répondre, elle cherche quoi dire, elle cherche dans une énième tentative de le protéger d'elle, de lui-même, du dehors, tous ces mots qui ne viennent pas. Adalyn s'obstine et se débat aux nœuds de sa mutité. Et les mâchoires s'activent, fébriles, et les sourcils se couchent au-dessus de ses yeux bleu du ciel et elle aimerait le convaincre qu'il n'a rien de monstrueux, qu'il n'est que le plus précieux et merveilleux de tous ses excès.
– Ça vient du latin monstrum, tu sais ?
Elle fait non de la tête. Et sa voix et l'éclat de sa cognition l'emprisonne et l'empoisonne, il se peut, pour le reste de son existence. Douceur de ses gestes douceur de son timbre et le rire qui lui échappe à nouveau n'a plus l'attrait de la mort.
– J’avais du temps pour lire, s'explique-t-il.
Ses explication ne sont pas pour elle. Adalyn devine les langues déliées des autres. Ces langues qu'elle n'écoute pas, ou si peu, ou seulement lorsqu'on requiert une oreille. Une patience. Un pot de chambre à remplir. Cecil et ce besoin qu'il a, toujours, de se couler aux moules dont il déborde pourtant. Continuellement. Sur sa bouille maculée de ses pleurs fanés se musse un imperceptible sourire. Adalyn est éprise de Cecil. Et toutes ces petites fêlures qui le composent ont le tragique pouvoir de l'émerveiller.
Sans s'en rendre compte, elle s'est approchée. Adalyn boit ses paroles. Adalyn avale son souffle. Adalyn pourrait sans trop le vouloir le dévorer.
– Monstrum est un avertissement céleste. C’est un prodige qui effraie parce qu’il est extraordinaire, mais nullement mauvais. L’Homme… l’Homme aime rendre les choses extraordinaires mauvaises. Et peut-être, oui, qu’à force, elles le deviennent. C’est comme de l’engrais...
Il redresse le front et ses comètes la percutent.
– … un mauvais engrais rendra une plante malade, n’est-ce pas ? aussi prodigieuse soit-elle.
Adalyn opine du chef avec mesure. Les images sont claires dans son esprit comprimé par les pleurs apaisés.
Toujours la douceur de ses gestes. Ses doigts devenus tactiles, qui la couvrent, découvrent, qui l'inspectent ; et dans son ventre il y a des torsions. Des contractions qui lui descendent si bas que le rose non de la gêne mais de la surprise lui maquille les joues.
– La peur est un très mauvais engrais Adalyn. S’il-te-plaît… ne la laisse pas te ronger. Tu es prodigieuse et tu dois t’en rendre compte.
Le gouffre l'a définitivement mangée.  
Mais ce n'est plus si grave. Il y a quelque chose de très tendre, de rassurant, à se laisser glisser. Il y a quelque chose de l'ordre du sacrilège et du sacré.
– Moi je te trouve… je te trouve merveilleuse. Avec ou sans cela, et je n’ai pas peur de toi.
Elle le regarde et ne comprend pas ce qu'il cherche, à travers elle. Ses orbes l'explorent autant que ses doigts et l'ignorance des instincts mâles, encore, la préserve.
– Tu me trouverais monstrueux, si j’avais… (il hésite) ce genre de capacité moi aussi ?
Cecil s'est évadé d'elle. Non par le corps mais par l'esprit. Cecil ne la regarde plus et elle ressent sa chute plus que tout. Elle la ressent dans ses veines elle la ressent dans sa chair elle la ressent plus profondément qu'elle ne l'imaginera jamais.
Les deux colombes éviscérées sur ses genoux reprennent vie. Adalyn ose le toucher non plus dans la menace mais la douceur qu'il lui apprend. Le bout de ses doigts sales d'abord, effleure le tranchant des pommettes qui lui font face. Puis ce sont aux phalanges de s'étaler, de s'épanouir sur l'acéré de ses traits. Les joues, la mandibule. Elle ne l'amène pas à elle, c'est elle qui s'amarre à lui. Et elle chuchote ou le respire ou les deux à la fois :
Comment peux-tu me demander ça.
De négative à positive, la réponse, sa réponse, grasse de toutes ses maladresses.
Son front délicatement percute le sien et elle ferme les yeux. Se concentre sur le point d'impact. De sa tête contre sa tête, plus rien que sa tête contre sa tête et le corps comme un incendie.
Si tu avais...
Elle ne serait plus seule et elle ne sait pas exactement si cela a de l'importance. Ils seraient ensemble et cette unité-là l'obsède et fascine. Elle n'aurait plus peur – peur de ce qu'elle est, peur de le perdre, peur de lui être arrachée.
… si tu l'as, alors je-
Elle trébuche encore. Le langage de ses sentiments est un coupe-gorge.
Cecil-
Reflets et miroirs déformés de l'intime.
Elle ne m'aura plus-
… la peur.
C'est trop important.
Lui est trop important. Et trop indispensable.
Avec toi.
Adalyn s'est cambrée et le fixe. Mine sérieuse, préoccupée.
Une intensité fiévreuse lui agite les iris.
Pour toi.
Et son museau s'est encore approché et sa respiration est courte, trop courte. Sa voix, une cascade de petits cailloux. Ses doigts, remuants et conquérants et obscènes de leur salissure.
… je te promets.
Dans ce miasme indicible qu'est son existence. Dans ce labyrinthe insoluble qu'est ce monde.
Je te promets que tout ira mieux.
Son âme à son âme, couturées sans plus l'exercice de ses effroyables doigts mais de sa seule parole. Et Adalyn ne sait pas ce qu'elle jure, non, elle ne sait pas ce qu'elle fait. Elle ne sait pas la portée de son effroyable promesse, elle ne sait pas le massacre que provoquera leurs deux cœurs et sangs liés.
Sa bouche se pose sur sa bouche dans une pression pleine d'une maladresse juvénile. Et elle a un infime mouvement de recul, comme pour s'assurer qu'il y répond comme pour s'assurer qu'elle ne fait pas de bêtise comme pour se rassurer de ne pas briser- de briser quoi ?
Sa poitrine se presse presque aussitôt contre son torse et le baiser est plus pressant, plus fort, plus affamé et la pulpe de ses doigts se confond aux aspérités de ses contours. Adalyn bouge, Adalyn a les rotules qui craquent sur des dalles sous eux et sa silhouette s'échoue toujours davantage contre ou sur lui, elle ne sait plus. Son haleine enroulée à la sienne, le goût de sa peau et plus encore de son intérieur sur la langue. Et dans son ventre et plus bas les contractions redoublent et elle geint d'une lancinante affliction, qu'elle ne connaît pas. Des instincts jusqu'alors enfouis si profondément qu'elle n'imaginait pas qu'ils puissent exister. Elle gémit, insensible à ce qui les entoure. Elle gémit, piégée au dédale de son corps à lui. Ses tiges s'emparent de sa dextre et sans le quitter et sans lui prodiguer le moindre répit elle le guide, sous le tissu de sa robe désormais désordonné, relevé dans l'angoisse d'une absence en besoin. Elle accompagne la main de Cecil entre ses cuisses nues, là où palpitent ses chairs ouvertes et trempées et brûlantes de le sentir. Elle s'incurve et ondule à l'instant même où son index et son majeur l'atteignent et que sa paume la recueille tout entière. Sa main le relâche, tente de retenir son poids au-dessus de lui, de ne pas s'écrouler sous ses salves de vertige. Et elle revient et le presse et l'avale. Sa langue qu'elle confond bientôt à ses doigts et ses doigts qu'elle confond à sa langue.

Non. Il y a ce « non » expiré d'entre ses dents serrées. Ce non qui lui gangrène la conscience en crevant son tympan. Et brusquement Dag pense qu'elle est désolée. Car elle comprend ce qu'elle vient de faire – mais trop tard, toujours trop tard. Elle est désolée et il n'y a que son souffle foireux pour réagir à sa cognition paniquée. Elle pense oh putain qu'elle pense mais sa pensée se décompose au rythme de ses perceptions.
– Regarde-nous…
Un crissement de craie sur un tableau noir.
Sa voix la retient à l'éternel hors des néants. Une poussée supplémentaire dans sa gorge et elle plisse les paupières et elle émet un gémissement perceptible et glaireux. La lame du couteau sort pour de bon et lentement, et si vite, et elle n'est plus tellement sûre de quoi que ce soit, leurs corps se dessoudent. Elle est immobile. C'est tout ce qu'elle peut faire. Les jambes tendues et tout le reste en équilibre. Cecil s'est échappé d'elle mais elle le sait là, juste devant. À tendre le bras elle pourrait le toucher, à tendre le bras elle pourrait le blesser. Bruits de chutes organiques à leurs pieds. L'une de ses pattes se glisse à son ventre et elle ne trouve rien que son t-shirt humide et déchiré et dessous les stigmates d'une barbaque ravagée, mise à nu.
– Putain… tu m’as épuisé.
Son attention chavire difficilement vers la voix, puis la silhouette qu'elle remarque enfin. Le noir plus si noir, l'environnement modifié, troublé, ondulatoire. Il est contre un débris du vieux monde, en train de pisser son rouge par tous les pores. Dans son cœur, le poison. Dans son petit cœur couvert de ronces, cette rage revenue et ronronnant à ses pulsions-passions le carnage. Elle se sent trompée, elle se sent encore une fois piégée, elle se sent faible et minable surtout. Et piteuse. Et stupide.
Rien qu'une misérable petite garce.
– Arrête de-
Bruits de déglutition.
Elle, elle n'a toujours pas repris son souffle. En apnée, sur ses longues jambes qui la balancent doucement d'avant en arrière.
– … rester debout, tu es encore plus épuisante.
Et sa parole a beau n'être qu'une espèce de charnier de lui-même, elle y décèle une forme nouvelle de colère. Un agacement vrillant sa suffisance naturelle.
Va chier.
Voilà ce qu'elle voudrait lui jeter, lui hurler, lui cracher.
Va chier putain va chier hein Dag va chier pense-le plus fort et peut-être que l’écho de ta tête finira par atteindre la sienne sait-on jamais et peut-être que ta connerie illimitée finira par le tuer.
A terre, le chuintement que ses instincts repèrent et considèrent en menaces. Les pupilles dilatées à l'extrême – deux soucoupes, deux éclipses – cherchent le pourquoi. Des pourquoi sinuant dans le clair-obscur jusqu'à leur propriétaire. Et sont-ils vraiment siens et ne sont-ils pas d'abord à elle. Ses ongles immondes se plantent dans sa panse. Et les conjectures et les spirales de ses hypothèses sont enrayées parce qu'il ne peut – ne veut ?  – pas la fermer.
– Ou c’est trop monstrueux pour toi ?
Ses genoux finissent par claquer, dans un bruit sinistre de lianes qui se déchirent sous trop de pression. Ses tibias percutent le bitume défoncé.
Elles-
Elle dégobille un peu de son intimité. Elle dégueule bile et miasmes aux bouts durs ; le tout éclabousse ses cuisses. Bras ballants le long des flancs, elle le fixe. Immobile. Défiante. Pleine de ressentiments infantiles.
Pas à toi.
Une voix de branches cassées.
Non rien n'est à lui ce n'est qu'un voleur un putain de voleur.
Dag bascule en avant, se retient à quelques centimètres du sol. Les bras tremblent. Elle est accroupie et pleine de soubresauts épileptiques. Son dos tendu vers l'avant son bras tendu vers l'avant son doigt tendu vers l'avant. Elle relève tout juste son minois maculé d'une bouillie indigeste et de sang et touche, du bout de l'ongle, la membrane immobile et supposément morte. L'excroissance qu'il lui a été arrachée. Et elle est froide et lisse et trop molle et visqueuse pour lui être sortie des entrailles.
Elle cligne des yeux. Touche encore ce qui est à elle sans l'être, jusqu'à tirer la chose. L'attirer à elle pour en apprécier la pleine forme et texture et tout son corps continue de la remuer dans tous les sens et elle tombe face contre terre. L'os de sa pommette claque méchamment l'asphalte-poussière. Ridules plissées, elle ne s'arrête toutefois pas. Ses expériences sensorielles rivalisant de force pour ne pas ployer totalement. Pour ne pas accéder aux élans de son organisme : la Nature la veut immobile et sage. Mais Dag ne peut s'y résoudre. Pas avec Cecil à quelques mètres d'elle et son intérieur exposé sous ses doigts.
Tu vas me-
Me tuer, me tuer comme elles, comme eux. Interrogative coupée à la racine. Raisonnement atomisé dès lors qu'elle dégurgite sa bave et un bout de l'écorce qui lui traverse toujours un pan de gorge. Les résidus pulvérisés par la lame veulent sortir. Son couteau, Dag l'a récupéré il y a des secondes sous elle de s'être trop vautrée.
La conne se redresse, échoue et retombe et se redresse encore et elle suinte ses poisons. Furie mesquine, elle balance le couteau sur Cecil – une tentative puérile et sans force. Mais une tentative quand même. Et pleine du fiel qu'il lui a injecté dans les veines, elle glaire : ça- et elle morve : c'était. et elle achève par-delà ses remugles : pour tes couilles.
Et elle chavire parfaitement. Roule de côté et s'allonge sur le dos et ses petits seins durcissent sous les courants d'air tandis qu'elle regarde le ciel qui se découvre – le ciel sans lumière et sans étoiles mais le ciel quand même et elle pourrait bien s'endormir là et elle pourrait bien mourir là et il se pourrait qu'elle sourit – un sourire triste mais contenté. Elle l'aura vu, revu ; Dag a  retrouvé Cecil le vrai Cecil et elle a retrouvé les comètes brunes aux reflets d'or dans-
Elle fronce le museau.
Bat des paupières et recompte par trois fois.
De deux à moins un plus un et son goût de paradis : combien lui reste-t-il de globes oculaires déjà ?
Osmond Rose
Originel·le
Osmond Rose
CORPS
ESPRIT
ÂME
Genre : Cis., masc.
Age : Quinqua de 236 ans.
Dollars : 1492
Zone libre :
dark woods and pagan suns (blind#1) B2f554b632f53d58adceffc067acc491
the day I died
I didn't tell
my body

|
you never
feared the abyss

dark woods and pagan suns (blind#1) Ra48t6aq_o dark woods and pagan suns (blind#1) 9HqrKldU_o

Occupation : Propriétaire du Noctal (maison close) et gérant de l'Unlock (pawnshop) dans les profondeurs de l'Underapple. Leader déchu des Orphans, déclaré mort depuis décembre.
Habitation : Ses appartements souterrains au Noctal.
Déchirures :

₪ A P O P H I S ₪

Lord of darkness and chaos

dark woods and pagan suns (blind#1) AxI6stHu_o dark woods and pagan suns (blind#1) ApEwOZTM_o
***
While they scream and perish,
he licks a finger and turns the page

MUE -- régénération cellulaire, cicatrisation en surface et en profondeur, vieillit beaucoup plus lentement et se remet de blessures ou maladies graves.

CORRUPTION -- (niv.1) se nourrit de transgressions commises, gain d'énergie vitale ; (niv.2) commande à autrui la transgression qu'il veut voir commise ; (niv.3) son esprit est impossible à corrompre en retour, toute tentative de manipulation, intrusion ou altération se solde par un échec, la sensation d'une angoisse profonde, et des effets secondaires variables (nausée, évanouissement, lésions cérébrales graves).

TENEBRES -- (niv.1) obscuration des lumières artificielles, visibilité nulle pour l'œil humain et les appareils ; (niv.2) obscuration des lumières naturelles, même principe ; (niv.3) invocation d'une entité ténébreuse, "Jo" (pour Jawbreaker) semblable à un serpent de fumée, long de 7 mètres avec la force de 7 hommes.

SERPENTS -- (niv.1) transformation de n'importe quelle matière en serpents ; (niv.2) les contrôle même à distance et communique avec eux.

INFRAMONDE -- (niv.1) résurrection ; (niv.2) invocation d'entités démoniaques et spectrales.

Limites :
MUE -- procédé long (4h) et douloureux (écorchement vif).

CORRUPTION -- (niv.1) doit assister aux transgressions ou qu'elles soient survenues dans les 72h pour s'en nourrir ; (niv.2) ne manipule plus qu'un max de 6 personnes par jour, 4 en simultané à cause d'une malédiction ; (niv.3) ne contrôle pas la gravité des effets secondaires, dépend de si l'individu est novice ou non.

TENEBRES -- (niv.1) perim. de 20m pour 10 minutes ; (niv.2) perim. de 30m pour 5 minutes ; (niv.3) durée de l'invocation variable (9 à 15 minutes), Jo provoque des tremblements (max 3 échelle de Richter) en arrivant, et quand il ne peut pas traverser les revêtements routiers (max 6 sur l'échelle de Richter).

SERPENTS -- (niv.1) transformation max égale à son poids, pour une durée de 3h ; (niv.2) télépathie simple loin de la complexité d'une langue (émotions, compréhension des intentions, flashs visuels).

INFRAMONDE -- (niv.1) quitte son immensité et sa puissance dans le supramonde, difficulté à se réhabituer à son corps humain ; (niv.2) 3 démons ou 1 défunt pour un total de 1h/24h, peut perdre le contrôle sur les défunts.

Stigmates :
-- œil de verre (droit).
-- haemolacria (droite).
-- lésions radiques invisibles.
-- brouilleur de capteurs vivant.
-- une cicatrice de décapitation.

Inventaire :
-- (lost) une vieille chevalière avec le logo d'Icarus dessus et un peu de sang dans les interstices.
-- des lunettes de soleil pitch black.

Pseudo : .exe
Comptes : Jeremiah.
Genre IRL : She/her.
Messages : 521
Date d'inscription : 13/02/2023
FC : Rufus Sewell.
Crédits : Martyr (av.)
Thèmes abordés : Body horror, gore, occultisme, horreur, manipulation, violence, dysf. familial, meurtres, terrorisme, criminalité.
Thèmes refusés : Ràs.
Infos RP :
(( dial : slategrey ))
-- présence régulière.
-- dials fr ou ang.
(( 4/3 rps ))
-- Love [AU]
-- Darius [fb, 1820]
-- Laudna [été 2025]
-- Amy [décembre 2025]

dark woods and pagan suns
@osmond rose & @billie bloom
tw: contenu explicite, mention de body horror, serpents.

(flashback - 1821) Les mains d’Adalyn se font exploratrices, à leur tour. Elles grimpent jusqu’à son visage, pleines de phalanges crasseuses et pourtant graciles. Cecil se sent faiblir. Dans tout son corps, dans tout son être. L’angoisse écrasante s’allège un peu et tandis que ses paupières battent mollement, son regard vient retrouver le sien. "Comment peux-tu me demander ça." Elle a le souffle si chaud. Il ne pense pas avoir été jamais aussi près d’elle - il l’a rêvé quelques fois, un phénomène honteux qu’il s’est empressé d’abandonner dans les entrelacs de son subconscient d’où il en était sorti. Leur front se retrouve et Cecil se laisse faire, docile. "Si tu avais… si tu l'as, alors je- - Oui ?" demande-t-il (affirme-t-il) dans un souffle fébrile, un murmure timide, maladroit, pitoyablement désespéré (plein d’espoir). Ses yeux balaient ce qu’ils voient - l’étoffe pliée de la robe grise, le ventre creux d’Adalyn se soulevant avec hâte - et il aimerait l’étreindre davantage pour s’assurer qu’elle ne va pas se lever dans l’instant et le quitter pour de bon. "Cecil- Elle ne m'aura plus-" Le peur, finit-il par comprendre. Il se sent trembler à nouveau dans tout son corps, mais c’est un tremblement qui cette fois est agréable. Son soupir retrouve l’haleine occupée d’Adalyn. "C'est trop important. Avec toi. Pour toi." Leur regard s’est retrouvé, clouant Cecil sur place.

Le bleu ciel le recouvre désormais et une certitude aussi irrévocable qu’insensée le saisit ; il a envie de vivre sous lui toute sa vie. Sous le bleu ciel d’Adalyn, qu’importe les nuages qui le couvrent, qu’importe la pluie qui s’en réchappe, c’est un ciel si beau et si précieux, soudain plein de promesses et, il pense, d’amour. La main glisse un peu plus dans le dos d’Adalyn, l’adorant beaucoup plus encore qu’elle ne le faisait déjà. "Je te promets que tout ira mieux." Et il y croit. Pour la simple raison qu’il veut y croire, et qu’il est un idiot avec elle. C’est la première fois de sa vie qu’il se sent compris et accepté et tout simplement aimé, et c’est terriblement vertigineux mais si plaisant. Il voudrait sourire mais n’y arrive pas. Son visage est engourdi par une vague de chaleur immense qu’il n’arrive à décharger qu’au travers de ses lèvres entrouvertes et de ses yeux obnubilés par les yeux d’Adalyn. Cecil se trouve à court de mots justes, savants et éloquents. Il se laisse bercer par la positon d’Adalyn qui le presse et se presse, il se laisse envahir par sa proximité brûlante, et tout juste réalise-t-il le baiser donné que déjà elle recule. Cecil cligne bêtement des yeux. C’est donc aussi simple que ça ? Son bras lui propose de revenir sans réfléchir. Ce qu’elle fait. Ils se savourent un peu plus longtemps, un peu mieux aussi, malgré la maladresse inexpérimentée de leur bouche. La chaleur a empiré ; il se sent rougir de partout où c’est possible de rougir, aux prises avec la gêne maladive de sa pudeur, d’abord, avec son désir débordant et inconnu, ensuite.

Adalyn ressemble à un torrent organique le noyant de soupirs et de brûlures, quelque chose d’impossible à retenir entre ses propres bras mais qu’il tente malgré tout de garder très égoïstement contre lui. Une main lui est prise, emportée sous les lourdes étoffes avant de rencontrer le nu de la peau. Cecil hoquette contre les lèvres d’Adalyn. Le souffle coupé par la douceur de sa nudité qu’il est encouragé à parcourir plus avant. L’image d’une pétale lui traverse l’esprit tandis qu’il glisse plus loin, découvrant des terres inconnues et impressionnantes. Il bafouille un peu. Mélange de confusion et de râle. Ses gestes demeurent retenus, comme s’il fallait la main d’Adalyn pour savoir quoi caresser, et quand elle se retire, l’hésitation persiste. Doit-il l’imiter ? Peut-il rester ? Il étouffe sous ses vêtements serrés et le poids d’Adalyn, qui l’écrase maintenant très délicieusement, l’empêche de réfléchir correctement. Stop thinking!, s’entend-t-il paniquer, s’exaspérer contre lui-même. Sa dextre reprend ses caresses là où il les a arrêtées. Et tandis qu’Adalyn réagit au-dessus de lui, Cecil ramène son regard sur son visage plein de rougeurs, s’extasiant de son extase tranquille - mais guère sage. Ils s’embrassent à nouveau ; la confiance le gagne.

Des bruits dans le jardin longeant la serre le font derechef s’arrêter. Des éclats de voix et autant d’ombres qui passent près des carreaux opaques, visiblement en pleine balade. Emmêlé dans les mèches blondes d’Adalyn, ses doigts en elle et ses lèvres suspendues aux siennes, Cecil jette un regard désorienté vers les silhouettes. Elles ne s’arrêtent pas, mais ne s’en vont pas non plus, l’attitude à la flânerie. Le faux-silence de la serre devient un impératif sur lequel veiller : il ne faut plus qu’ils fassent du bruit.

Cecil ramène son visage contre celui d’Adalyn, l’air désarçonné et le regard brumeux, et l’observe longuement dans l’appréhension d’être entendus. Mais après quelques longues secondes, sa paume se ranime, permet à ses phalanges de continuer de l’explorer, et plus que tout de la découvrir. Le sentiment d’interdit l’excite davantage, ce dont il pense avoir honte - tout autant que ses rêves indécents lui font honte - sans que cela ne l’arrête. Il trouve incroyable de pouvoir faire autant plaisir à Adalyn ; chacune des ses petites moues, cambrures soudaines, et bruissements de gorge l’incitent à vouloir lui offrir plus, et mieux. Quand elle réagit moins, il bifurque légèrement, et quand elle se crispe, il double ses attentions. Elle est merveilleuse. Si merveilleuse qu'il voudrait le dire et le répéter et même le crier s’il le faut, cela même s’il y a le sang tout autour d’eux et cette poussière terreuse qui se met à coller leurs étoffes.

Les voix dehors continuent, conversent à propos du jardin, et tandis que Cecil plonge sa bouche dans le cou d’Adalyn pour l’embrasser, un grondement lourd lui échappe.
Les voix s’interrompent. S’interrogent. Reprennent la discussion.

"Est-ce que-," il commence, dans un fourbi de soupirs, "-c’est bon ?" Cecil, qui reste maladroit, plein d’embarras et d’incompétence, s’inquiète soudain de ne pas vraiment bien s’y prendre. Les filles de Mrs Quinn l’ont abreuvé de beaucoup de récits - s’amusant à le faire rougir chacune plus que la précédente - et dans bien peu de ces récits licencieux leur plaisir était sincère. Il hésite à nouveau, la questionne en dessous d’elle, le menton levé comme devant la Vierge, candide à en crever. Beaucoup de choses se bousculent en lui ; il se pensait raisonnable et sagace, mais se découvre tumultueux et indécent. L’envie de la déshabiller immédiatement l’obsède excessivement, mais son éducation protestante le contraint, le culpabilise avant même qu’il ait pu aller plus loin, et bien que la peau d’Adalyn - prénom désormais sacral qui lui échappe plusieurs fois à demi-mot - soit infiniment douce, le poids de ses manières paraît lui écraser les épaules. Qu’est-ce qu’il fait ? Qu’est-ce qu’ils font ? Les voix dehors. N’ont-ils pas honte ? Ne savent-ils pas se tenir ? Sont-ils des bêtes ? La pellicule de sueur s’imprègne à celle d’Adalyn. Il n’arrive pas enlever sa main. Chaque gémissement qui s’échappe des petites lèvres rosées d'Adalyn est une ode à la vie ; la moiteur chaude qu’il récolte de ses autres est une déclaration au désir. En vie et désirée, n’est-pas comme ça qu’elle mérite d’être aimée ?
Adalyn s’éclate au sol et Osmond a un pli de bouche satisfait. "Elles-" Une cascatelle de vomissures. Les lippes masculines se tordent sur un masque interrogatif, cherchant à comprendre comment les capacités méconnues de la garce fonctionnent. Elle doit souffrir la géhenne, du peu qu’il voit ; il en serait presque jaloux, lui qui a tant de fois rêvé de lui faire vivre tous les tourments. "Pas à toi." Il reste un long moment à la fixer, immobile lui aussi contre son bloc de béton, ruine(s) d’un autre monde. Puis un rictus. "A nous ?" Le ton est moqueur, vérolé de rires corrosifs qu’il ne se fatigue même pas à cracher.

La seule pupille continue pourtant de la mater, dans son appareil déchiré, à moitié nu, à moitié défoncé, à moitié bouffé par la pénombre. Elle ne ressemble plus à la jeune-femme dont le petit Lord idiot s’était épris. Elle ressemble à une charogne montée sur un bûcher de bois en tous genres, prête à se faire flamber la tronche par un peuple révolté de la savoir exister. Une imagerie inspirante qui lui évoque l’envie d’être le tout premier à y foutre le feu. Et tandis qu’Adalyn dégueule toute la bile de sa nature glaiseuse et nauséabonde, Osmond se fait la réflexion supplémentaire qu’il ne cramerait pas la charogne mais le peuple qui la menace d’extinction.

"Tu vas me-" Tuer ? Il lève un sourcil. S’il avait voulu la tuer, elle serait morte. Au moins trois fois déjà. Un carillon de lame retentit entre ses jambes légèrement écartées, et la garce complète. "ça- c'était- pour tes couilles." Il renâcle. "Charmant." Tousse de nouveaux mollards qu’il est obligé de cracher sur le côté - il aurait pu cracher droit devant, droit sur elle ; mais il a conservé quelques manières, lui. Le corps fantasmagorique d'Adalyn se dérègle une dernière fois et chavire dos contre le sol. Osmond réprime un sifflement plus strident que les autres, réfrénant la respiration saccadée dont son corps hérite en luttant contre les différentes blessures profondes. Il n’agonise pas. Ce serait proprement absurde ; crever ici, comme ça, avec elle ? Claquement de langue - à peine audible, tant son palais et son muscle sont gorgés de sirop ferreux. Quelle prestance. Mr Rose, baron de l’underground, dégommé sur le bas-côté comme un rat sur un chemin de campagne. Il y a un soupir, une nouvelle toux, et un bras qui se lève pour aller chercher dans l’intérieur de sa veste son téléphone. L’engin est huileux de sang. Il lui échappe à plusieurs reprises, et termine à côté du couteau. Les sifflements de quelques-uns de ses serpents paraissent traduire pour leur maître l’exaspération profonde qui le traverse.

L’occiput rejoint un carré de béton, s’appuyant dessus avec fatigue. L’un de ses serpents vient cajoler sa paume dans une tentative de réconfort. Ses doigts le câlinent, puis le négligent, puis le câlinent à nouveau, capricieux dans leur omnipotence. Finalement, ils obligent la transformation à se résorber, et ne laisser plus dans sa main que la solidité de la racine. Probablement celle qui lui a percé la gueule, s’il en juge par la taille. Le bout de sa pulpe tâte le bois prodigieux et artificiel comme s’il tâtait l’une des clavicules d’Adalyn. Au bout d’un moment, il la rompt d’un geste sec du pouce, provoquant un crac qui résonne dans tout le conduit. Il tâte. Il se questionne. Il étudie. Curieux du résultat chez elle, l’ignorant dans sa posture de junkie en plein délire, et pourtant intensément attentif à la redécouvrir sous ces nouvelles coutures.
Invité
Invité
Anonymous
CORPS
ESPRIT
ÂME
dark woods and pagan suns
@osmond rose & @billie bloom
tw: contenu explicite, troubles psy, manipulation.

Dans son lointain nauséeux elle l'entend qui gronde grogne tousse ce qu'il a dans le bide et dans la gorge et plus largement dans la gueule. Inévitablement, un sourire lui écorche le museau. Elle adore, l'entendre. Et elle comprend que ce n'est plus tant sa voix qui la fascine et l'arrache à ses miasmes mais les vibrations de son intérieur. Sans trop bouger, un peu honteuse, Dag pousse sur son crâne et arque sa nuque. Juste assez pour que ses billes lavées à l'eau de javel puissent reluquer son œuvre. Dans la douleur de ses boyaux de ses brèches et encornures se musse le poison de ses silences. Elle le trouve magnifique et ça lui claque si fort la conscience qu'elle en oublie sa discrétion. Ses deux flaques suspendues à ses moindres mouvements et gargouillis. Il est misérable et puissant ;  trempé de leurs fluides. Défiguré et immortel.
Cecil fouille dans sa veste et sort un portable. Le tableau se gâche. L’irisé de son mysticisme terni par la technologie qu'elle rejette. Mais les doigts glissent oh putain qu'ils glissent dégoulinent même, sont mous d'un manque d'énergie et la risette de Dag s'élargit paresseusement sur ses quenottes tachées de sang. L'objet échappe aux phalanges ankylosées. Un petit fracas sur le sol défoncé. À la rencontre de son couteau. Et aux serpents-tripes de siffler et se mouvoir entre les cuisses mâles.
Dag est tournée de moitié. Les côtes compressées contre le bitume, les incisives plantées  sur la lippe. Moue de femme-enfant que le temps fracasse.
Elle ne perd pas une miette. Elle est obsessive et malade et folle (de lui). Un reptile cajolé puis repoussé puis cajolé et arraché à sa nature seconde pour retrouver sa première. Cecil joue avec ce qu'elle avait dans le ventre. Quelque part. Elle ne sait même pas comment ni pourquoi un tel prodige lui permet de persister. Elle ne sait même pas comment ni pourquoi l'univers peut-il accepter de telles obscénités. Et il touche explore – l'explore. Les paupières coulissent sur leurs orbites. Se superposent ses gestes à lui à son corps à elle. Jusqu'à la fracture. Le bruit net qui craque dans leur espace. Cecil touche explore – l'explore encore. Une envie de lui hurler d'arrêter. De revenir. De toucher et d'enfoncer ses mains directement où tout a commencé. Mais qu'il arrête, de jouer. De jouer avec les preuves de ses horreurs, les vestiges de ses hontes.
T'as besoin d'aide, rauque-t-elle. Vénéneuse et pleine d'irrévérence.
Sa gorge est glaireuse mais l'oxygène circule. Bulle contre la glotte.
Dag ne l'a pas quitté des yeux pendant que-
Pendant que lui.
Lui toujours lui.
Lui dans le moindre de tes soupirs lui dans le plus infime rayon de lumière lui dans les alcôves de tes entrailles lui entre tes cuisses et ses dents déchirant ton sein.
Lui qui ne la regarde pas lui qui l'ignore lui qui ne daigne pas lui offrir un seul regard depuis si peu – depuis déjà trop. Depuis des secondes en heures en années en siècles répandus aux ondulations de leur présent. Elle se devine crever plus sûrement de son manque d'attention que par ses propres écoulements et l'horreur de cette soudaine perspicacité la force à se bouffer la langue.

(FLASHBACK – 1821) Les phalanges vont et viennent dans son intérieur et son souffle et ses soupirs et ses gémissements, Cecil les dévore. Elle palpite contre et tout autour de lui et ne parvient plus à se raccrocher à autre chose que ses doigts, son odeur, sa salive – lui. Tout entier. Qu'elle submerge. Elle ondoie et vibre et presse toutes ces parties de son corps qu'elle n'a jamais cru possible d'autant de nuances. Le plaisir se confronte à la frustration de ne pas pouvoir sentir sa peau contre sa peau. Adalyn le cherche et son visage tour à tour trouve ses lèvres et sa gorge. Les hanches incapables de refréner le balancement duquel elle devrait avoir honte. Une mouvance animale. Un instinct entier et pressant et lorsqu'il s'arrête et qu'il détourne son attention d'elle pour une fraction de seconde, elle se contracte et réapprend les contours du monde. Elle entend ensuite, les voix. Les voix si proches et si lointaines. Les voix et leurs silhouettes associées en travers le trouble des vitres de la serre. Elle se redresse inconsidérément, hésite, son fourreau moite et brûlant contracté sur lui sans qu'elle ne puisse enrayer son déluge.
Ses longs doigts agrippent Cecil. Sans trop savoir si elle l'abjure de continuer ou d'arrêter.
Elle n'a pas l'occasion d'en dire un mot qu'il recommence ses recherches en elle et elle flux et reflux et dégouline de son miel sur sa paume. Elle s'écroule quasiment. Étouffe un cri en plaquant sa bouche dans le creux de son épaule, un second quand il se niche contre son cou et l'embrasse et le goûte et ses doigts s'accaparent ses boucles brunes qu'elle tire et caresse. Cecil qu'elle presse contre elle et elle seule dans toute sa possessive adoration. Un son rauque échappé des lèvres opposées et tout se fige à nouveau. Les prunelles s'écarquillent et dérivent, difficilement, vers les silhouettes qui ne bougent que peu et les voix qui se taisent. Et reprennent leur rumeur. Et dans son crâne elle récite des prières et dans son crâne elle implore Dieu et elle se déteste pour ça. Elle se déteste d'implorer avec du péché plein les sens et les suppliques. Chasser les intrus, la laisser tout contre lui et seulement lui. Lui en elle et elle en lui et elle expire trop fort. Se plaque une main sur la bouche. Finit par se mordre le moelleux de la paume.
Et Cecil l'appelle et Cecil demande. Demande quoi ? Adalyn n'est capable que de secouer la tête convulsivement, dans une positive si positive qu'elle ne réussit pas à articuler un mot. Tout au plus des sons. D'intelligibles sons. Si elle éloigne sa paume de sa bouche s'en suivra un débordement. Et le débordement redouté se produit lorsqu'il effleure et presse et masse tant ses nymphes qu'un petit espace sur la paroi de son vagin. La réaction est insensée et immédiate. Elle se raidit et lâche une expiration sonore. Des notes languissantes qui s'épuisent et reviennent dans sa gorge et elle finit par hurler – hurler pour ceux dehors. Elle hurle qu'elle doit- elle halète et répète qu'elle doit dormir- et elle agrippe plus fort les cheveux de Cecil et tend la nuque et le comprime contre sa poitrine et pourrait le déchirer ; tout se décompose sous ses pupilles dilatées et elle soupire son prénom, elle couine et le réclame encore. Et elle recommence à menacer ceux dehors dans un déferlement de mots chamboulés. Puis Adalyn finit par ne plus savoir rien faire. Hormis l'abandonner dans un froissement et craquement d'étoffes. Les avant-bras rabattus sur son visage pour en dissimuler l'expression, pour se cacher, pour couvrir aux yeux de tout et tous l'orgasme qui la foudroie. Adalyn s'oblige à la fermer, à retenir les complaintes boursouflant dans sa trachée. Elle n'y parvient pas. Son faciès renversé. Ses ridules piquées par des centaines de fourmis.
Elle n'a jamais éprouvé, ressenti, expérimenté ça. Elle n'a, à dire vrai, jamais mis ne serait-ce qu'un doigt là où il a ses doigts. Tout juste dans l'hygiène nécessaire et méthodique des corps – et pourquoi n'en parle-t-on pas et pourquoi personne ne lui a jamais expliqué et pourquoi personne ne lui a avoué qu'il existait de pareilles choses ici-bas.
Elle se liquéfie sur Cecil et sa tête devenue trop lourd s’appesantit sur son épaule qu'elle a, remarque-t-elle, dévoilée plus qu'elle ne s'en rappelle. Elle discerne clavicule et angles et creux et cette chair blanche qu'elle touche inconsciemment. Caresses égarées. La fascination de sa peau.
La respiration erratique et le regard dévié vers les silhouettes qui s'éloignent, elle chuchote : pardon et elle répète qu'elle est désolée et elle ne peut retenir plus longtemps rire. Un rire carillon, nerveux, irrépressible. Sitôt ravalé dans une nouvelle excuse tandis qu'elle s'éloigne un peu de lui pour le retrouver – retrouver ses yeux et leurs comètes dorées.
Elle hésite, perd ses moyens, trempée sur lui autour de lui tout contre lui.
Cecil...
Ce prénom oh ce prénom sur sa langue a la saveur des vertiges.
Lentement, elle se détache. Se redresse un peu sur ses jambes, tremble, retombe et se redresse encore, prenant appui sur ses épaules puis avec l'aide de ses bras qu'il lui tend. Debout devant Cecil, elle se sent étrange et sale et remplie d'excès, condamnée au vice. Alors lentement, Adalyn fait sauter chacun des boutons de sa robe, les orbes portés sur ses doigts qui s’affairent. La honte autant que la peur la font trembler comme une feuille mais le désir, son désir, est un monstre éveillé et ripailleur.
Quand elle a fini et sans écarter les pans de tissus tachés, les tenant toujours serrés sur sa poitrine, se dessine un moment de flottement. Un silencieux et exaltant moment de flottement. Elle hésite et demande sans un mot, s'il souhaite la toucher, s'il accepte de la toucher, de la découvrir sans le sordide des vêtements. Elle seule en offrande. Sous la lumière déclinante du soir. Cette lumière triste et grise les découpant et les transformant à travers les vitres immenses.

Dans son lointain nauséeux elle n'entend pas les semelles qui cognent sur le bitume, elle n'entend pas les bruissements dans l'atmosphère en mauvais présages. Des masses se déplacent entre les ombres et les murs fendus, se coulent au ciment ouvert. Elles ne font pas danser la poussière pas plus qu'elles n'effrayent la quiétude des décombres. Des fantômes d'un autre empire. Ces saloperies là existent et traversent les étendues désertées, elles sont le reflet du voyage au royaume des morts.
Jusqu'à ce que leurs silhouettes à des mètres de Dag émergent. Hommes et femme couverts de couches de cuir de bandages de tissus aussi sales et gris que les siens. Entre animaux, la réaction est immédiate. D'abord le silence et l'immobilité des corps. Puis Dag se recroqueville et se redresse d'un bond, les muscles tendus et les plaies tout juste refermées jutant avec violence de nouveau leur liqueur.
Une patte attrape à la volée la lame planquée à sa cheville. Et elle menace, grince son offense. Et c'est inutile et futile car déjà les canons des fusils se lèvent dans sa direction dans un bruit d'unité et d'échos mécaniques. Tenue en joue. Plus un mouvement de ses membres, plus un ronflement d'organes déchiquetés.
– Yo, balance un des mecs.
En pointant d'un coup de canon Dag, l'enjoignant à lâcher sa lame.
Ce qu'elle ne fait pas.
– On a retrouvé les corps, plus loin.
Et à la seule fille-femme-adolescente, impossible de le dire sous le bandeau qui lui protège la face des saloperies des ruines, de l'ouvrir :
– … sur le versant Est.
Un silence. À entendre crisser les os.
– C'est qui-
Une toux, pleine de douleurs et de maladie.
Au premier de reprendre la parole quand le troisième reste en retrait, indifférent, si ce n'est à l'idée de trouer les semi-cadavres qu'il a sous les rétines.
– C'est qui l'enfoiré qui les a laissés là-bas.
Pas une réelle question. Une rage mangée entre des molaires compressées. Et dans l'usage des mots les détours les sinuosités que Dag connaît tant ; les évitements ; ne jamais mettre la langue sur ce qui fâche ne jamais contraindre l'esprit à craquer l'allumette pour y foutre le feu.
C'est lui, lâche-t-elle.
Mouvement de menton en arrière.
Indécente petite salope.
Irrécupérable petite garce.
Et elle n'offre pas un seul regard à Cecil car Cecil l'a délaissée, car Cecil ne lui a pas offert son gouffre et ses comètes pendant deux minutes ou moins ou tellement plus. Parce que Cecil l'a oubliée au profit des débris d'elle-même. Cecil s'est éloigné de sa chair à sa chair de son sang à son sang et lui a dérobé en partie ses entrailles pour le simple attrait de la découverte et du jeu.
Les armes ne bougent pas. Ou si peu.
Deux canons braqués sur sa petite tête blonde et le dernier sur la carcasse crevée au fond, sur son coin de béton.
Le problème réside en cela : Dag ne lâche pas sa putain de lame. Dag ne bouge pas. Dag est une menace et ils ne sont plus assez stupides pour se laisser avoir par un des trop nombreux monstres peuplant leur cosmos nébulisé par l'appétit des Grands.
– Et comment tu sais d'quoi on parle, si c'est lui.
Prise à son propre petit manège foireux.
Elle n'a pas pensé aussi loin. Elle n'a plus assez de cognition pour ça et son quota de chance est épuisé.
Il a voulu me faire... (moue chagrine) la même chose... (soupir contrit) je suppose ?
Le regard s'illumine d'une frousse feinte, d'un éclat de sauvagerie.
Oh Dag sale petite conne tu danses sur le fil et sous toi, les profondeurs.
Qu'importe.
Dag occupe l'espace. Dag distord le temps.
Elle les avale dans ses abîmes rampantes.
Autour d'elle, l'univers palpite d'un élan de vie aux aspirations de trépas. Autour d'elle, l'atmosphère lèche les psychés et se repaît des sens. Et elle remarque, à l'abri de son minois, les regards changer, les index dépérir sur les détentes. Les prunelles se liquéfier dans ses mondes sous le monde. Mais tout prend son temps, tout monte et tourbillonne et sinue à travers les courants d'air, à travers les tissus qui les enveloppent.
Paumes levées, elle daigne enfin lâcher son cran d'arrêt qui chute droit et rebondit sur le macadam en notes d'acier.
En elle, tout inspire désormais le fragile et délicat des fleurs aux prémices des printemps. Les bourgeons blancs à peine éclos. Des pétales mouillés de rosée érubescente.
Dag va jusqu'à se relever, progressivement. Chimère des sous-bois, créature de mythes ; les charognards ne sont plus aptes à voir la réalité dans son déploiement macabre. Ils ne perçoivent pas, la saccade de ses membres à chaque mouvement, il ne voit pas les muscles vibrer comme autant de cordes de violon sous les doigts d'un mauvais musicien, il ne conçoivent plus sa poitrine et son ventre et ses bras et sa gorge aux plaies innombrables dégorgeant de sang. Pour eux, la voilà floraison. Des coquelicots et des roses et des ronces sur le blanc immaculé de sa peau diffractés par les éclats d'un soleil-lune radioactif  ; onirisme de leurs entendements sclérosés.
 
Osmond Rose
Originel·le
Osmond Rose
CORPS
ESPRIT
ÂME
Genre : Cis., masc.
Age : Quinqua de 236 ans.
Dollars : 1492
Zone libre :
dark woods and pagan suns (blind#1) B2f554b632f53d58adceffc067acc491
the day I died
I didn't tell
my body

|
you never
feared the abyss

dark woods and pagan suns (blind#1) Ra48t6aq_o dark woods and pagan suns (blind#1) 9HqrKldU_o

Occupation : Propriétaire du Noctal (maison close) et gérant de l'Unlock (pawnshop) dans les profondeurs de l'Underapple. Leader déchu des Orphans, déclaré mort depuis décembre.
Habitation : Ses appartements souterrains au Noctal.
Déchirures :

₪ A P O P H I S ₪

Lord of darkness and chaos

dark woods and pagan suns (blind#1) AxI6stHu_o dark woods and pagan suns (blind#1) ApEwOZTM_o
***
While they scream and perish,
he licks a finger and turns the page

MUE -- régénération cellulaire, cicatrisation en surface et en profondeur, vieillit beaucoup plus lentement et se remet de blessures ou maladies graves.

CORRUPTION -- (niv.1) se nourrit de transgressions commises, gain d'énergie vitale ; (niv.2) commande à autrui la transgression qu'il veut voir commise ; (niv.3) son esprit est impossible à corrompre en retour, toute tentative de manipulation, intrusion ou altération se solde par un échec, la sensation d'une angoisse profonde, et des effets secondaires variables (nausée, évanouissement, lésions cérébrales graves).

TENEBRES -- (niv.1) obscuration des lumières artificielles, visibilité nulle pour l'œil humain et les appareils ; (niv.2) obscuration des lumières naturelles, même principe ; (niv.3) invocation d'une entité ténébreuse, "Jo" (pour Jawbreaker) semblable à un serpent de fumée, long de 7 mètres avec la force de 7 hommes.

SERPENTS -- (niv.1) transformation de n'importe quelle matière en serpents ; (niv.2) les contrôle même à distance et communique avec eux.

INFRAMONDE -- (niv.1) résurrection ; (niv.2) invocation d'entités démoniaques et spectrales.

Limites :
MUE -- procédé long (4h) et douloureux (écorchement vif).

CORRUPTION -- (niv.1) doit assister aux transgressions ou qu'elles soient survenues dans les 72h pour s'en nourrir ; (niv.2) ne manipule plus qu'un max de 6 personnes par jour, 4 en simultané à cause d'une malédiction ; (niv.3) ne contrôle pas la gravité des effets secondaires, dépend de si l'individu est novice ou non.

TENEBRES -- (niv.1) perim. de 20m pour 10 minutes ; (niv.2) perim. de 30m pour 5 minutes ; (niv.3) durée de l'invocation variable (9 à 15 minutes), Jo provoque des tremblements (max 3 échelle de Richter) en arrivant, et quand il ne peut pas traverser les revêtements routiers (max 6 sur l'échelle de Richter).

SERPENTS -- (niv.1) transformation max égale à son poids, pour une durée de 3h ; (niv.2) télépathie simple loin de la complexité d'une langue (émotions, compréhension des intentions, flashs visuels).

INFRAMONDE -- (niv.1) quitte son immensité et sa puissance dans le supramonde, difficulté à se réhabituer à son corps humain ; (niv.2) 3 démons ou 1 défunt pour un total de 1h/24h, peut perdre le contrôle sur les défunts.

Stigmates :
-- œil de verre (droit).
-- haemolacria (droite).
-- lésions radiques invisibles.
-- brouilleur de capteurs vivant.
-- une cicatrice de décapitation.

Inventaire :
-- (lost) une vieille chevalière avec le logo d'Icarus dessus et un peu de sang dans les interstices.
-- des lunettes de soleil pitch black.

Pseudo : .exe
Comptes : Jeremiah.
Genre IRL : She/her.
Messages : 521
Date d'inscription : 13/02/2023
FC : Rufus Sewell.
Crédits : Martyr (av.)
Thèmes abordés : Body horror, gore, occultisme, horreur, manipulation, violence, dysf. familial, meurtres, terrorisme, criminalité.
Thèmes refusés : Ràs.
Infos RP :
(( dial : slategrey ))
-- présence régulière.
-- dials fr ou ang.
(( 4/3 rps ))
-- Love [AU]
-- Darius [fb, 1820]
-- Laudna [été 2025]
-- Amy [décembre 2025]

dark woods and pagan suns
@osmond rose & @billie bloom
tw: contenu explicite, manipulation, meurtres.

"T'as besoin d'aide." Les ongles grattent, écorchent et pèlent le rhizoderme, incisives et méchantes. Un sourire flotte dans la pénombre. Le crevard se moque d’elle, de ses sons trop humains, trop cons, quand il a entre ses doigts un langage autrement plus plantureux : son violent désespoir transformé en une matière oblongue, rainurée, striée d’autres petites radicelles, le tout gras de sang. Le leur. Qui se tasse sous les ongles du seigneur ravagé, s’imprègne dans ses chairs qui bientôt, théoriquement, mueront. L’une des deux baguettes cassées est donnée en pâture à ses serpents. Les corps ondoyants des rampants, masse noire et luisante, enlisent la racine, l’étouffent, puis la couvrent complètement, s’enroulant autour d’elle jusqu’à ce qu’il n’y ait plus qu’un bout visible pour gigotter entre écailles, pareil à un petit visage vergeté s’affolant au milieu d’un gouffre. Il imagine la garce. Dévorée par ses ténèbres. Engloutie tout au fond de lui. Annihilée à jamais, prisonnière de ses tréfonds, gardée bien au chaud là où il peut la surveiller. "Tu aurais pu écrire," l’accuse-t-il alors, d’un ton las et blanc d’émotion, poursuivant une conversation irréelle qu’il a quelques fois imaginée - sombre taré, il a besoin d’aide. "M’envoyer," il ravale ses glaires ferreuses, "une carte postale," ajoute-t-il enfin, mielleux à s’en fracasser la gueule. C’est ce qu’il a longtemps fait ; se fracasser la gueule. Contre la certitude vertigineuse d’être à présent seul. 1845. La date tourne en boucle. Tous et toutes mortes. Même et surtout cette putain de traîtresse. Il se souvient être passé près de la serre du château, ce soir-là, avec l’envie d’y crever lui aussi ; il avait cinquante ans et plus aucune raison de vivre. La haine, c’est comme l’amour : on s’y accroche avec les dents.

L’arrivée des zonard·e·s se fait en douceur. Contraste brutal avec la garce qui se relève, dégouttelant sang et bave fauve. "Yo. On a retrouvé les corps, plus loin." La gueule du coupable a une petite moue suivie d’un petit coup de tête, comme si la chose était désolante et qu’il en était désolé. Foutage de gueule total. La soudaine confrontation le laisse indifférent. Il y a toujours l’autre bout de racine entre ses mains et il ausculte maintenant la sève, qu’il récupère sur l’index et presse avec son pouce. Elle est un peu collante, un peu tiède, et son seul œil luit d’indécence. Les cliquetis des armes ombragent le grouillement sifflant de ses serpents, comme le monde moderne a ombragé leur monde mythique. "… sur le versant Est." Puis tout le monde se la ferme. Ce qui l’arrange. Il aime ce silence et ce que ce silence offre à sa concentration studieuse. C’est important ; il est en train de disséquer un prodige. Que le monde entier se taise et qu’on apprécie la monstruosité de Miss Dixon. "C'est qui-" C’est qui-qui-qui. Ça bafouille. Ça s’émeut. Et avec tout ça, ça se dit être les héritiers·ères de l’underground. Putain de vermines. "C'est qui l'enfoiré qui les a laissés là-bas." Et pourquoi pas une enfoirée ? Iels ont la preuve vivante que monstre s’accorde aussi au féminin.

"C'est lui." Il cligne des paupières. Ramène son œil unique sur la silhouette de la garce. "Et comment tu sais d'quoi on parle, si c'est lui. - Il a voulu me faire… la même chose… je suppose ?" Elle joue. Mais il est trop tôt, trop tard, pour en rire. Cecil est momentanément réapparu. Il est à la table ovale des décisionnaires et le groupe se tient devant lui, accablant. Adalyn est la petite tête blonde qui ne dit rien et s’écarte quand le cercle des Nightbringer, entourant docilement Darla, soutient son choix. "Espèce de conne," souffle-t-il, à la fois stupéfait, à la fois pas. La racine craque une troisième fois entre ses phalanges.

Le miasme onirique ne l’avale pas de suite. Il a le temps de lui jeter un ixième regard assassin bouffi de rancune et préméditer, finalement, la tuer, quand la vision se charge peu à peu de cette diversion qu’elle déploie. L’esprit épuisé du Corrupteur se laisse à son tour corrompre, il se laisse envelopper par la même brumasse qui enveloppe les zonard·e·s et s’émerveille comme elleux de la créature protéiforme fleurissant sous leur nez. S’émerveille moins, cependant, qu’il s’est émerveillé du tableau crade et glauque d’elle déchirée par ses racines, d’elle carapaçonnée par son écorce, d’elle vomissant un monde entier d’immondices végétales comme la Créatrice qu’elle est devenue, chétive dans sa gêne mais puissante par son œuvre. Il voudrait lui appendre à ne pas avoir honte ; à trouer toutes les chairs qui l’approchent et la menacent et absorber les liqueurs purpurines qui s’en réchappent comme une plante s’abreuve tranquillement dans la terre qui l’accueille. Ses doigts sont collants de sève. Il se rappelle de ses doigts mouillés, blottis en elle avec délice, il se rappelle de l’extase, de leur corps-
(flashback - 1821) Elle convulse et elle crie et elle souffle et lui la dévore des yeux, des doigts, subjugué par ce qu’il découvre être ses orgasmes à elle et rien qu’à elle. Ils sont d’habitude si sages, si tranquilles, jamais un mot plus haut que l’autre, jamais un carré de peau frôlé, pas même par mégarde, tout est d’habitude si retenu, si contrôlé. Plus maintenant. L’année écoulée, passée à s’observer de plus ou moins loin, se déchire entre eux comme un voile et les voilà qui se précipitent au travers avec une hâte haletante. Adalyn a en a honte, se cache derrière la barrière de ses bras, mais Cecil n’arrête pas de la regarder intensivement, comme si chacun de ses gestes était une découverte supplémentaire. Il ne dévie ses yeux que pour voir les silhouettes s’éloigner, sans doute inquiétées par les clameurs impératives d’Adalyn. Quoi qu’à bout de souffle, un fin sourire vient se ficher sur un coin de sa bouche, inspiré par l’insoumission avec laquelle elle les a reçus. "Cecil…" Son cœur rate un bond, son profil pivote. Elle se relève et il la suit, se levant avec elle d’une manière quelque peu engourdie. Ses bras la tiennent, l’aident, son corps tout entier se fait servant pour qu’enfin elle soit debout. Devant lui.

Leur respiration forte se calme peu à peu, réintégrant l’harmonie régulière de la serre. Il y a chez Cecil une immobilité malhonnête. Il n’a qu’une envie ; c’est de revenir vers elle, en elle. Ses doigts se pressent en un poing qui ne se ferme jamais vraiment, tâtant l’humidité chaude qui s’y est déposée en appréhendant le dégoût qui pourrait s’y former. Mais rien. Pas même l’ombre d’un geste souhaitant essuyer la main. Elle se lève même un peu en direction de ses lèvres, comme s’il avait envie de goûter Adalyn autrement que par sa bouche. Il se retient in extremis, gêné d’en avoir l’intention. Et puis elle se dévêtit et Cecil se fige.

Les tiges blanches déboutonnent précautionneusement les pans de robe et c’est si beau. Le regard du jeune lord se laisse happer par le bal des phalanges graciles mais sales, remarquant peu à peu que la peau se dévoile. Il rougit comme le puritain idiot qu’il est, la bouche écartée sur une expiration estomaquée. On les a éduqués à ne pas voir ou montrer ne serait-ce qu’une cheville. Et voilà qu’Adalyn, sa précieuse, merveilleuse Adalyn, suggère l’exhibition de sa poitrine toute entière. Un frisson d’excitation touche Cecil au niveau de sa clavicule, là où Adalyn a férocement défroissé ses habits. Il a l’impression de sentir encore son délicat toucher à ce niveau-là, agréable à un point qu’il ne pensait pas possible. Aucune main ne l’a jamais caressé ; il pourrait mourir de plaisir si Adalyn le caressait à nouveau.

Cecil avance d’un pas, aimanté par le silence interrogatif qui plane, et quand il retrouve leur promiscuité sa main humide se lève et passe délicatement le pan de tissu. Les doigts se tendent, quelque peu tremblants, jusqu’au sternum, puis dévient vers la droite, écartant l’étoffe en même temps qu’ils déploient une longue caresse jusqu’au sein. La précaution est extrême. Puis devient simplement le calme de l’exploration. Les doigts font rouler sous eux le mamelon, s’intriguent de le sentir durcir, avant que la paume toute entière ne cajole la rondeur discrète. Les yeux remontent jusqu’au ciel bleu d’Adalyn, quêtant sans cesse le consentement, quêtant sans cesse aussi les effets qu’il provoque chez elle. Voyant que ça lui est agréable, l’autre main rejoint la première, et répète le mouvement. Quand les premiers soupirs d’aise reviennent, Cecil se sent pilonné par la fièvre. Il embrasse de nouveau le cou d’Adalyn, les lèvres d’Adalyn, et si parfois l’odeur ferreuse du sang vient s’en mêler, c’est son goût à elle qu’il retient sur sa langue. Salé, terreux, acide sur certaines notes, et quand elle gémit, presque divin. Le plaisir gonfle, se durcit insupportablement, serré sous tissus et contre corps. Cecil est devenu envahissant, froissant la robe sous sa pression et le buste d’Adalyn qu’il parcoure fougueusement.

Il s’écarte en urgence, atterré par son comportement et la taille de son appétit. Il y a un flottement supplémentaire. Les yeux qui se questionnement encore, se répondent, s’implorent presque. Cecil décide de retirer sa redingote. Elle tombe dans le sang et la terre, ce qu’il convient d’ignorer, puis le foulard suit, et la veste est à son tour déboutonnée. La chemise mise en vrac par les gestes saccadés d’Adalyn et ôtée par-dessus tête, décoiffant les boucles noires et de toute façon indociles du jeune lord. Il ne s’est jamais mis à nu devant quiconque, encore moins une femme. Au courage de son geste s’aligne l’embarras profond d’être vu sans ses beaux habits, la terreur symptomatique qu’Adalyn découvre sur un versant ou un relief des stigmates du passé ; mais les pas reviennent vers elle, et s’ils sont hésitants, il arrivent pourtant à destination.

Cecil lui capture de nouveau la bouche, les mains en coupe sur son beau visage terriblement angélique, avale ses soupirs et sa petite langue charnue qu’il aime désormais tant retrouver contre la sienne. Les pognes finissent par s’éloigner, pour aller ôter la robe qui s’échoue d’un seul mouvement par terre. Aux bras maintenant de s’enrouler tout entiers autour d’Adalyn, la cerclant complètement contre lui, peau contre peau. Cecil pourrait en chialer. Il en a d’ailleurs les yeux embrumés. La chaleur d’Adalyn est la plus agréable de toutes les sensations, la plus bouleversante et triste aussi. C’est comme si leur cœur battait l’un contre l’autre. Il faut un moment à la carcasse du jeune lord pour arrêter de trembler. Quand il ne reste plus que le désir pour le faire suffoquer, il s’écarte un peu, à peine, juste assez pour embrasser encore Adalyn et, lentement, la faire reculer contre le bureau. Les mains, entre temps, s’en sont allées jusqu’aux fesses féminines qu’elles tripotent éperdument.

Le rebord du bureau vient cogner fermement le dos de ses mains, qui remontent alors seulement le long du dos d’Adalyn. Cecil est un peu penché sur elle, sans l’obliger toutefois à s’asseoir sur le lit de schémas et notes qu’il a étalé à la surface. Encore, les yeux se trouvent, s’interrogent, débutants en tout. "J’ai envie-", il commence, s’arrête, patauge, le sexe dur pressé entre les cuisses d’Adalyn, encore retenu par le pantalon. "Est-ce que tu-" Il déglutit, et cela toujours aussi bruyamment, jeune et idiot et si maladroit avec celle qu’il aime tant.
Il se rappelle de tout. Et c’est soudain trop. L’onirisme radiant se brise brutalement et tout redevient clair, douloureusement limpide. Osmond a un mouvement de recul contre le béton, comme s’il émergeait d’un fantasme répugnant. La gueule blafarde swingue dans la pénombre, l’air exaspéré, et d’entre les lippes dégoulinantes d’hémoglobine déborde un supplément de syllabes. "Entretuez-vous." Le geste se joint à la parole. Monsieur n’est pas content ; qu’on lui apporte un autre plat, celui-là est froid. C’est à ce niveau d’importance que s’élève le sérieux de l’attitude. Les fusils se retournent alors les uns contre les autres et le groupe uni, la belle famille de crapules, se fait sauter un caisson après l’autre, hurlant de terreur et d’incompréhension. Le vacarme leur appartient ; Osmond n’y est pour rien. Facile, non ? La mauvaise foi.

Et plus iels se butent, plus leur massacre nourrit l’Originel, plus il se sent revivre, plus il reprend des couleurs, plus il se redresse de son trône ensanglanté. Quand plus rien ne pétarade et que les cervelles gisent à côté de leurs corps, Osmond est déjà debout, immobile dans son costume noir moiré de rouge, troué. Les serpents s’écartent sur son passage, puis se regroupent derrière lui tandis qu’il avance, dépasse la garce, et rejoint la boucherie. Ses semelles produisent un petit clapotis humide en entrant en contact avec les flaques qui se répandent - plus vastes que la sienne, abandonnée près de sa ruine, donnant à son teint une lividité extrême, plus morbide que jamais. Il se penche non sans une certaine pénibilité, ramasse un fusil. Le canon est encore chaud. Il fume. Et accepte de toute évidence son nouveau sort, celui de servir l’ennemi : ah, les armes, existe-t-il quelque chose de plus infidèle ? Le fusil se tourne vers Adalyn, l’interroge, bouche brûlante contre sa peau patraque. L’impact est lent, pénètre la texture jusqu’à atteindre l’os d’une côte, pile au niveau du cœur. Au-dessus de son petit sein nu. L’œil et l’orbite creuse dévalent le long canon avant de venir le mater sans gêne. "Tu n’as pas pris une ride," remarque-t-il, crevard en marbre explosé un peu partout, si bien qu’on ne sait plus s’il apprécie ou critique. Pourquoi pas les deux.

Le regard mort-vivant remonte le long de la gorge, du menton prononcé, du petit sillon parfait au-dessus de ses lèvres craquelées, avant d’atterrir dans le regard bleu-dingue de la garce. Un flottement. Quel silence. Quel beau silence. A peu près aussi beau que deux siècles de silence, pas vrai, Adalyn ? Clic. Plus de balles. La gâchette est relâchée. Le visage lui aussi troué se couvre d’un masque rassurant. "J’avais compté." Les tirs, il veut dire. Les morts, il veut dire. Un sourire invisible se devine dans le relief de ses pommettes, cruel et taré. Il redevient le pire de lui-même, avec elle. L’arme s’arrache au corps somme toute décharné, retourné sous le nez d’Osmond qui l’inspecte distraitement. Tiens. Sans doute une arme réinjectée sur le marché par le trafic de ce bon vieux Jedediah. Il la relâche sans plus de considération aux pieds d’Adalyn. "Tu n’as pas changé non plus. Toujours aussi lâche." Les lippes restent sages. Pas de rictus, pas de moue haineuse. Elle joue. C’est tout ce qu’elle fait désormais. "Toujours aussi vilaine." La moquerie qui revient. Pleine de cynisme, pleine d’autres choses aussi qui gonflent sous sa langue.

Un dernier long regard impudique à toute sa nudité cradingue, cicatrisée, et il tourne les talons, enjambant les cadavres. Le pas, souvent, se réceptionne avec plus de pesanteur. Il se sent très bien mais son corps continue d’être en charpie. "Ils croient qu’ils sont ici chez eux," qu’il siffle, continuant de s’éloigner, "mais les profondeurs ne se revendiquent pas, elles se méritent," conclue-t-il d’un ton docte et désaxé. Les serpents continuent de le suivre, veillant sur ce dos qu’il tourne à la garce. Quand il s’arrête, Osmond a dépassé le charnier et fait face à The Scar. "Et aucun d’eux ne les mérite." C’est sans appel. La langue est grasse de sang, de cette impérialité noiraude qu’il déclame comme si tout Ici-Bas lui appartenait. Le profil se tourne. Médite sur la question qui s’en vient. La dégueule calmement. "Tu t’y caches depuis combien de temps ?" Pas un mot sur son mérite à elle. Il semble que cette question-là ne se pose pas.
Invité
Invité
Anonymous
CORPS
ESPRIT
ÂME
dark woods and pagan suns
@osmond rose & @billie bloom
tw: contenu explicite, troubles psy, manipulation.

(flashback - 1821) Son cœur contre son cœur. Elle le sent, qui bat. Le cœur Cecil la bouleverse. Elle le sent, qui répond. Et les frissons qui la secouent se font puissants plus les secondes s'écoulent. Son corps entier vibre. C'est frénétique. C'est inarrêtable. Elle suffoque, contre sa bouche. Sa bouche retrouvée. Et ses mains explorent la chair désormais sienne. Les vêtements qu'elle lui aurait presque arrachés, s'il n'avait pas osé. S'il n'avait pas accepté. Ses vêtements que ses pieds nus rencontrent et piétinent dans la valse de leurs corps compressés. Il y a quelque chose, en elle. Quelque chose qu'elle ne parvient pas à museler. À enterrer. À tuer. Il y a quelque chose, en elle. Une faim aveugle de l'autre – une faim furieuse. Et ça l'effraye. Dans chaque gémissement qu'elle pousse, un appel à l'aide. Le ventre en demande, le gouffre entre ses cuisses ruisselant et brûlant de ses petits vices. Elle est encore si fragile. Innocente. D'une candeur ravissante et brutale. Dans ses moindres gestes, le monstre reparaît. Les badigoinces s'emparent de leurs semblables et les dents menacent s'y planter.
Ses phalanges l'explorent dans l'aveugle de leurs compulsions. Ses côtes sur lesquelles les doigts vont et viennent. Monts et crevasses. Elle se passionne et se consume. La cambrure de ses hanches qu'elle serre et relâche et la sinuosité osseuse de son épine dorsale où les ongles grattent. Ses doigts s'enfoncent dans la tignasse brune, compriment l'occiput. Le crin est malmené. Elle le ramène quand il s'échappe. Elle ne lui laisse aucun répit et leur silence n'est pas un silence leur silence est une musique de soupirs et de besoins viscéraux. Le temps de la décence, fusillé. Il aura fallu du sang (il en faudra toujours), des larmes, et la promesse que tout ira mieux (les mensonges ne sont-ils pas aussi des vérités). Il aura fallu la pudeur ravagée des secrets. Plus rien ne saura les disjoindre. Une âme à la rencontre d'une âme, ça ne s'efface pas, ça hante jusqu'aux éternités diffractées. L'impact de son âme à son âme à son âme à son âme. Ces deux-là n'ont pas l'heureux hasard de leur côté. Elles ne sont ni satellites ni paires. Ces deux-là sont faites pour exploser à l'impact l'impact l'impact ces deux-là sont faites pour s'amalgamer ou s’entre-dévorer. Quelle différence, tant qu'elles s'emmêlent et se confondent. De la douceur et de la violence. Une mise au monde.
Un moment de latence. Cecil l'explore encore. Assidu et fiévreux. Adalyn joue avec ses boucles et se captive du contraste sur ses doigts blancs et rouges. Puis ses deux billes descendent et l'observent. Son regard oh son regard, morte ou vivante, elle s'en jure gardienne. Dans son crâne, déjà, le lugubre se confond au plaisir. Dans sa petite tête, la maladie propagée depuis des années. La maladie peut-être nichée depuis le début. L'explication au rejet l'explication aux dégoûts l'explication aux-
Ses paumes rejoignent le visage de Cecil, le caressent. Et sa joue ruisselle à sa joue. Elle se serre contre lui. Trouble gestique. Elle materne et désire. Elle rassure et convoite. Ses mamelons durs contre son torse sur lequel elle se presse et se coule encore. Elle l'enveloppe et il l'enveloppe et pour la première fois de son existence, Adalyn se sent à l'abri. Les cyclones sous le front s'arrêtent, pour un moment. Adalyn est chez elle, là, quelque part dans leurs néants. Son corps contre son corps. Son corps entièrement nu dans les bras de l'homme qu'elle aime. Le premier. Sans doute le dernier. Esprit maniaque, intime obsessif. Le premier amour contamine tous les autres, c'est ainsi. Il se rappelle, constamment, à l'encéphale. Les comparaisons, l'aliénation de la perte et les souvenirs qui se créent sans qu'ils n'existent parfois jamais. Le cerveau est un outil remarquable. Le cerveau est un partenaire tyrannique.
Les mains mâles malaxent ses fesses et elle transpire le stupre et elle se cabre contre lui ; contre la turgescence qu'elle sent la menacer ou l'appeler. Dans ses bras, Adalyn n'a plus de questions ni de réponses à donner. Il n'y a que son corps qui réponde à l'insensé des sensations. Des sentiments. Et se peut-il que les uns soient dissociés des autres. Adalyn est ignorante et amoureuse et naïve. Son existence en survivance lui apprendra que tout se dissocie que tout s'aliène et que tout se démolit et pourrit.
Contre sa croupe, le choc. Sa dextre s'égare, découvre les contours d'un meuble. La pulpe se colle au papier, souille de sueur et de sang, mélange. Et revient happer les contours de Cecil. Cecil qui réclame. Cecil récidive, demande. Et la dextre d'Adalyn longe déjà les abdominaux secs avant qu'il n'ait terminé. Son adorable menotte se glisse entre la chair et les couches de tissus. La dextre plonge, envahissante, et les doigts s'enroulent autour du membre qui s'est tendu et gonflé pour elle. Ses doigts longs et timides explorent la longueur et les nervures des veines gonflées. Vont plus loin. Elle n'a aucune limite. La chair molle et le rugueux des poils. Le pouce se replie, la paume recouvre, malaxe. Elle découvre les replis et les formes. Puis relâche et remonte. Caresse et capture la longueur. Jusqu'à l'extrémité humide, sur laquelle elle s'attarde. Son souffle se coupe, ses prunelles s'écarquillent. Elle ne lâche pourtant rien. Elle le contemple. Elle dévisage Cecil et toutes les modulations de ses ridules à chacune de ses pressions. Sa senestre déboutonne et libère.
Adalyn s'assoit sur le bureau, renverse les schémas et les listes et les plans. Ses jambes se plient et les petons nus s'écrasent sur les flancs de Cecil. Les tissus qui le recouvrent encore sont enlevés d'un coup sec. Le pantalon et le sous-vêtement dégringolent aux chevilles de Cecil. Adalyn se courbe pour se saisir de ses bras. Elle le tire à elle, pulsionnelle, indocile. Ses jambes se redressent et l'entourent à la taille et elle ondoie. Contre lui. Se rapproche, l'approche, sait sans savoir ce qu'il convient de faire. Sa patte rejoigne à l’unisson celle de Cecil. Synchronicité du mouvement. L'amener à  son fourreau.
Tout est d'une lenteur désespérée. Tout est d'une douceur térébrante. Adalyn le percute. L'avale jusqu'à la garde et lâche un cri. Contractée autour de lui, les cuisses en étau. Elle le dévore. Sa bouche à sa bouche son sexe à son sexe et les ondulations animales de ses hanches reprennent. L'obscénité, aux nuances ingénues. Respiration saccadée, prise dans la cadence des coups de boutoir ; ses entrailles remuées. Elle abandonne les lèvres de Cecil, incapable de respirer. Sa figure collée à sa clavicule. Son nez creusant dans sa chair tant elle s'appuie. Ses ongles poinçonnent ses reins, encouragent le flux et reflux et elle chavire. Se déploie, se délace. Ses vertèbres remuent sur les feuilles éparpillées. L'encrier et la plume renversés. Ses hanches se cambrent, ses seins pointent en direction de ses cieux – les yeux de Cecil qu'elle voit sans voir, l'avant bras qui encore une fois se plaque à son museau. Adalyn se cache. Cache l'expression de sacrilège qu'elle sait la maculer. Sa bouche tordue sur ses cris et gémissements qui ne s'arrêtent plus au milieu des bruits de leurs chairs molles et moites qui se claquent.

Dans le glauque de son délire, la voix de Cecil jaillit et crève.
– Entretuez-vous.
Immobile sur ses longues et maigres guibolles, Dag vacille. L'équilibre relatif quand le sang jute par petits bouillons des plaies qui chuintent, se comblent et se rouvrent ; elle se transforme. Elle respire, et tant qu'elle respire, rien ne peut arriver. Tant qu'elle respire, tout ira bien. N'est-ce pas. Les paupières coulissent sur ses deux flaques. Elle lève le museau en direction de l'empyrée voilé et elle écoute. Les coups de feu, la rage, la folie. Le chaos dans sa dimension pure, cosmique, irréelle. Un sourire lui tranche la face. Les odeurs de merde et de pisse se mêlent à celle de l'hémoglobine et de la peur et putain que t'aimes ça hein Dag espèce de petite salope ça t'allume si fort que t'as les cuisses qui vibrent le con chiale tes poisons et toi t'éclates de rire. Le bide contracté, les flux et reflux qui ne lui appartiennent pas. Les flux et reflux de Cecil qui l'enveloppent l'explorent mordent ses épaules et sa gorge ; son offrande de terreur qu'elle avale. Une main se plaque à sa trogne hilare, ses ongles prêts à l'éplucher. L'autre main plongée entre ses cuisses, les doigts enfoncés dans sa chair, son poignet coincé dans son jeans.
Elle est obscène et délirante et insouciante.
Elle est.
Elle est putain qu'elle est. Ses atomes dispersés éclatés éparpillés à l'univers.
Elle est, et c'est tout ce qui importe.

Lentement le présent se rétracte. Sa pogne gluante se retire de son futal et son faciès est libéré de ses griffes. Avant-bras déposé sur le sommet de son crâne. Dag reprend son souffle, incrédule, le rosâtre de sa jouissance fardant ses joues creuses.
Lorsqu'elle daigne rouvrir les yeux c'est pour retrouver Cecil face à elle, un fusil entre les doigts. Le canon rejoint sa viande, la menace. La brûlure du métal de l'arme utilisée pour le charnier. Sa barbaque s'irrite, grésille silencieusement sur la surface. Elle ne dit rien. Tout juste une contraction du minois, le désagréable à l'agréable ; le plaisir et le lugubre. Elle est tellement défoncée. Le bras retombe. Elle attend. Sans rancune. Sans ruse. Sans une once de malice. Elle est calme. Apaisée. Adalyn se sent à l'abri. Les cyclones sous le front se sont arrêtés, pour ce moment. Adalyn est chez elle sous l'arme de l'homme qu'elle-
Elle veut bien crever ici, maintenant, de sa main, sous ses constellations. Elle a eu son désordre et sa tourmente. Elle estime n'avoir plus rien à arracher au monde.
– Tu n’as pas pris une ride, dit-il.
Et elle trébuche. Sa tignasse dégueulasse en rideau d'ivoire sur leur nuit. Le silence s'épanouit entre eux et elle est sage tellement sage. Elle est attentive et, il se peut, qu'un indicible sourire dort à l'encoignure de sa bouche.
L'index presse la gâchette et le coup de feu-
… ne part pas.
Son sourire se décompose. Il faisande sur sa gueule.
Ce connard n'est même pas foutu d'aller au bout des drames, de son thriller psychosé ; d'aller jusqu'à l'apothéose chimérique de leur rencontre. Car ils ne se sont jamais retrouvés. Cecil est mort et Adalyn est morte et ne restent que des cendres.
Elle ment.
– J’avais compté.
Il ment.
Elle l'a trop observé elle l'a trop aimé elle l'a trop avalé pour ne pas déceler l'imperturbable de sa réponse – suppuration et putrescence. Le mensonge n'a jamais eu si bon goût.
Il sourit sans sourire ; haussement des pommettes. Elle flanche. Ses prunelles délavées dévisagent. Dag sent la brûlure acide de sa chatte en feu.
L'arme inutile oscille entre ses doigts et l'attention de Cecil oh cette putain d'attention. Portée sur l'arme. Dag va hurler. Hurler pour qu'il la regarde. Elle et seulement elle – capricieuse et sournoise et dégénérée.
Avant qu'elle n'ait pu entrouvrir la bouche, l'arme est rejetée et atterrit à ses pieds.
Les armes à feu sont vulgaires. Elle observe, répugnée, et retrouve Cecil :
– Tu n’as pas changé non plus. Toujours aussi lâche.
Sa bouille opine, dodeline, elle ne peut pas nier.
– Toujours aussi vilaine.
Un petit haussement de l'épaule droite pour ponctuer sa réponse silencieuse. Pour un peu, elle lui montrerait ses paumes, sidérée et piteuse et joueuse.
Cecil la scrute une ultime fois et s'en va. Dépasse les cadavres. Son élégance amputée de sa splendeur. Sa gestuelle lourde de leurs excès.
– Ils croient qu’ils sont ici chez eux, râle-t-il.
Et un sourcil blond se soulève.
Elle ne comprend rien à ce qu'il raconte.
Elle ne comprend qu'une chose : il s'éloigne. Il s'éloigne et ça la fracasse et elle voudrait-
envisage s'énucléer.
– … mais les profondeurs ne se revendiquent pas, elles se méritent.
Dag soupire.
Roule les prunelles dans leurs orbites.
Si elle présume avoir la connerie illimitée, celle de Cecil atteint des sommets.
Ses serpents ou larves ou grosses merdes le suivent et la frôlent et Dag hésite. Oh, elle hésite. Et résiste. Une fraction de seconde. Juste une. Le temps de jeter un regard au seigneur des décombres. Et son sourire de garce réinvestit son portrait. À coups de talons secs et répétés, les reptiles explosent ou se tortillent en sifflant et jutant leur prurit ou sève ou-
… putain qu'elle s'en fout.
Retournant son attention sur son Vice. Elle le remarque immobile et fiévreux. Foireux. Le Seigneur et son Royaume de morts.
– Et aucun d’eux ne les mérite.
Nouveau soupir. Plus fort. Plus teigneux. L'arrogance lui coule du pif.
Ou seulement le sang.
Cecil se détourne de sa contemplation pour lui offrir son profil, et demande : Tu t’y caches depuis combien de temps ?
Dag se tortille dans ses fringues trop grandes. Et elle s'avance. Plus exactement se glisse, délicate et morbide et prédatrice. Elle va jusqu'à lui, la mine basse dans une feinte de soumission. Et elle lui lance une œillade – s'assure qu'elle ne va pas recevoir la gifle en parole en colère en saturation.
Se mâchouillant l'intérieur de la joue, elle réfléchit. Arrivée à sa hauteur, elle regarde leur univers  dévasté et chuinte : … autant que toi j'imagine.
N'ont-ils pas le même âge à quelques années près éparpillées aux époques ne sont-ils pas issus de la même nation de la même veine des mêmes tragédies sous un crépuscule immortel.  
Le vrillage de gueule qu'il lui offre lui fait plisser le museau.
Oh, couine-t-elle.
Oh, elle comprend.
Ou croit comprendre.
Son ragoût de neurones a refroidi.
Oh...
Une patte se lève, un peu, à hauteur de poitrine exposée explosée vindicative.
Elle compte.
Une. Deux. Trois.
Les doigts émaciés se plient.
Les années trépassent.
Quatre. Cinq.
Il lui faut remonter sa seconde main sous son nase.
Elle est imperturbable. Tout à sa tâche.
Dévouée. Patiente.
Six. Sept.
Elle se stoppe.
Relève son petit nez et ses flaques d'eau vers Cecil.
Cecil et son œil.
Est-ce que...
Elle hésite, se mâchouille l'intérieur de la joue. Encore. Se déchire la chair, toujours.
Saveur ferreuse aux papilles, elle s'apaise.
Est-ce que les années incomplètes entrent dans le décompte est-ce qu'elle doit exprimer sa persistance nauséabonde sur le sol Américain ou seulement ici.
Elle présume qu'il n'y a qu'ici qui sache aimanter ses perceptions.
Le royaume – son royaume de morts.
Mais les années – oui, les années incomplètes alors.
Sept, lâche-t-elle, orgueilleuse, tellement fière.
Lui montrant ses doigts moites de trop de substances.
Elle se souvient et c'est un prodige.
Et l'ensemble subitement retombe. Ses mains comme deux oiseaux éventrés au bout de ses bras.
Dag dévie son attention sur l'horizon. Elle se renfrogne, se replie sur elle-même. Imperceptiblement.
Et elle avoue, à demi-mot, la gangrène de son cœur.
On dirait que Dieu n'en pouvait plus et qu'il a hurlé et que tout a été détruit et que le monde enfin est devenu silencieux parce qu'il n'y avait que ça à faire-
Elle inspire. Une longue, pleine inspiration.
Dans son thorax tout craque.
Elle expire.
Sa trachée gargouille.
… il fallait les faire taire.
Ses bras se serrent sur son ventre – son ventre duquel on a subtilisé la vie. Pour la détruire, elle aussi, dans les cris.
Dieu a ouvert la bouche et sa bouche a craché le feu et la mort et la destruction et oh Cecil tu ne trouves pas ça merveilleux.
Sur le visage de Dag, un sourire d'ange. Immense, extasié. Elle se tend de nouveau. Elle lève un bras, tend l'index, vise un point. Un point minuscule. Un petit point vert dans le brouillard de grisaille et l'immensité qu'ils dominent.
Elle lui montre son miracle.
On m'a raconté que le monde ici était mort et qu'il n'y avait plus rien à espérer et qu'il n'y avait plus rien à faire mais c'est faux tout est tellement faux.
Elle vibre, extatique. Elle suinte de toutes ses toxines.
… tout est merveilleux et silencieux et plein colère oh Cecil il y a tellement de colère et de peur qu'on peut les sentir grimper sur la peau.
Un nouveau regard. Aussitôt fui. Son bras retombe. Ses deux pognes l'une dans l'autre. Elles les emmêle et les tord.
Dag se cogne au réel.
Pourquoi-
Elle hésite trébuche les mots ces putain de mots qui lui échappent soudain.
Le langage de ses sentiments oh souviens-toi, le langage de ses sentiments est un coupe-gorge.
Pourquoi tu m'as laissée-
Le museau penche en direction du sol, en direction de ses mains. Ses doigts qu'elle pourrait à force de les tordre, déboîter un à un.  
Avec toi le monde s'est éteint comme-
Elle a la mine plus basse que basse. Dag cache l'expression de sacrilège qu'elle sait la maculer. Sa bouche tordue sur ses cris et gémissements muets qui ne s'arrêtent plus au milieu de leur nuit.
… comme si Dieu avait hurlé et craché le feu et la mort et la destruction...
Souffle erratique. Son petit corps plein de corruption tremblotte.
… mais je n'ai rien vu non je n'ai rien vu de merveilleux et tout était silencieux et plein de colère ta colère plein de ta colère et de ma peur.

 
Osmond Rose
Originel·le
Osmond Rose
CORPS
ESPRIT
ÂME
Genre : Cis., masc.
Age : Quinqua de 236 ans.
Dollars : 1492
Zone libre :
dark woods and pagan suns (blind#1) B2f554b632f53d58adceffc067acc491
the day I died
I didn't tell
my body

|
you never
feared the abyss

dark woods and pagan suns (blind#1) Ra48t6aq_o dark woods and pagan suns (blind#1) 9HqrKldU_o

Occupation : Propriétaire du Noctal (maison close) et gérant de l'Unlock (pawnshop) dans les profondeurs de l'Underapple. Leader déchu des Orphans, déclaré mort depuis décembre.
Habitation : Ses appartements souterrains au Noctal.
Déchirures :

₪ A P O P H I S ₪

Lord of darkness and chaos

dark woods and pagan suns (blind#1) AxI6stHu_o dark woods and pagan suns (blind#1) ApEwOZTM_o
***
While they scream and perish,
he licks a finger and turns the page

MUE -- régénération cellulaire, cicatrisation en surface et en profondeur, vieillit beaucoup plus lentement et se remet de blessures ou maladies graves.

CORRUPTION -- (niv.1) se nourrit de transgressions commises, gain d'énergie vitale ; (niv.2) commande à autrui la transgression qu'il veut voir commise ; (niv.3) son esprit est impossible à corrompre en retour, toute tentative de manipulation, intrusion ou altération se solde par un échec, la sensation d'une angoisse profonde, et des effets secondaires variables (nausée, évanouissement, lésions cérébrales graves).

TENEBRES -- (niv.1) obscuration des lumières artificielles, visibilité nulle pour l'œil humain et les appareils ; (niv.2) obscuration des lumières naturelles, même principe ; (niv.3) invocation d'une entité ténébreuse, "Jo" (pour Jawbreaker) semblable à un serpent de fumée, long de 7 mètres avec la force de 7 hommes.

SERPENTS -- (niv.1) transformation de n'importe quelle matière en serpents ; (niv.2) les contrôle même à distance et communique avec eux.

INFRAMONDE -- (niv.1) résurrection ; (niv.2) invocation d'entités démoniaques et spectrales.

Limites :
MUE -- procédé long (4h) et douloureux (écorchement vif).

CORRUPTION -- (niv.1) doit assister aux transgressions ou qu'elles soient survenues dans les 72h pour s'en nourrir ; (niv.2) ne manipule plus qu'un max de 6 personnes par jour, 4 en simultané à cause d'une malédiction ; (niv.3) ne contrôle pas la gravité des effets secondaires, dépend de si l'individu est novice ou non.

TENEBRES -- (niv.1) perim. de 20m pour 10 minutes ; (niv.2) perim. de 30m pour 5 minutes ; (niv.3) durée de l'invocation variable (9 à 15 minutes), Jo provoque des tremblements (max 3 échelle de Richter) en arrivant, et quand il ne peut pas traverser les revêtements routiers (max 6 sur l'échelle de Richter).

SERPENTS -- (niv.1) transformation max égale à son poids, pour une durée de 3h ; (niv.2) télépathie simple loin de la complexité d'une langue (émotions, compréhension des intentions, flashs visuels).

INFRAMONDE -- (niv.1) quitte son immensité et sa puissance dans le supramonde, difficulté à se réhabituer à son corps humain ; (niv.2) 3 démons ou 1 défunt pour un total de 1h/24h, peut perdre le contrôle sur les défunts.

Stigmates :
-- œil de verre (droit).
-- haemolacria (droite).
-- lésions radiques invisibles.
-- brouilleur de capteurs vivant.
-- une cicatrice de décapitation.

Inventaire :
-- (lost) une vieille chevalière avec le logo d'Icarus dessus et un peu de sang dans les interstices.
-- des lunettes de soleil pitch black.

Pseudo : .exe
Comptes : Jeremiah.
Genre IRL : She/her.
Messages : 521
Date d'inscription : 13/02/2023
FC : Rufus Sewell.
Crédits : Martyr (av.)
Thèmes abordés : Body horror, gore, occultisme, horreur, manipulation, violence, dysf. familial, meurtres, terrorisme, criminalité.
Thèmes refusés : Ràs.
Infos RP :
(( dial : slategrey ))
-- présence régulière.
-- dials fr ou ang.
(( 4/3 rps ))
-- Love [AU]
-- Darius [fb, 1820]
-- Laudna [été 2025]
-- Amy [décembre 2025]

dark woods and pagan suns
@osmond rose & @billie bloom
tw: contenu explicite, manipulation, mention de blessures.

(flashback - 1821) La bouche du jeune lord s’écarte sur une inspiration sonore. Adalyn a plongé sa menotte dans les quelques tissus qu’il lui reste et la laisse découvrir à son tour le sexe masculin. Dans l’hésitation, et parfois la surprise de son amante, Cecil trouve le réconfort nécessaire pour ne pas totalement perdre la face ; ils sont véritablement deux à découvrir les plaisirs de la chair. Ils partagent leurs rougeurs enfiévrées et timides, leurs gestes hésitants et saccadés, leur indélicat appétit cherchant à se rassasier de tout. Les doigts enroulés autour de son vit ont gardé leur douceur, mais exercent des pressions traîtres que Cecil accuse derrière quelques sourires abasourdis, rompus parfois par une moue pantoise de la sentir caresser précisément là où se loge l’origine de ses râles.

Jouant bien mais jouant peu, Adalyn se déleste finalement de son objet turgide pour s’ouvrir devant Cecil, qui la suit dans ses mouvements, ses ordres silencieux et pleins de hâte, avant d’aller tout à fait en elle où il fait si bon et si chaud. Elle est trempée, pareille à une rivière dans laquelle il se coucherait de tout son long. La résistance est vaine, si bien que, avec une fougue de néophyte, il s’enfonce et récidive, d’abord débordé par le désir et, ensuite seulement, retenu par la crainte d’en faire trop. Mais quand il interroge Adalyn, elle est pleine de soupirs. D’extase. Il n’en faut pas plus au jeune lord pour se délasser avec elle dans leur péché capital, les semelles fixées sur le sol qu’ils ont tant sali, les mains posées à plat sur ces schémas qu’ils ont déjà tant froissés. L’encre a coulé. Il ne le remarque qu’en la sentant glisser entre ses doigts, roulant son noir partout sur le blanc de sa peau, puis sur le blond d’Adalyn. Aimantée par les vibrations, elle se déverse ensuite tout le long du corps allongé, dessinant la silhouette féminine sur les manuscrits. Cecil tourne un peu la tête, momentanément concerné par l’incident, jaugeant, près d’un petit sein sur lequel son front s’est penché, les noms des Nightbringers écrits plus tôt, désormais aplatis par une fesse d’Adalyn.

L’embarras devrait le saisir. Mais il n’y a bien que les jambes d’Adalyn pour le capturer tout entier, elles, et son intérieur maintenant brûlant qui l’obsède et le hante. Adieu les manuscrits. Le rigorisme discipliné de l’aristocrate montre finalement ses limites, et elles se pressent toutes entières contre les formes de son amante. Un bras passe derrière la nuque, un autre pèse sur celui, embarrassé, qu'Adalyn déploie de nouveau entre eux, et dans un mélange de membres tièdes et tendres, parfois aussi brusques, ils s’aiment, s’embrassent et font l’amour. Le bureau saura s’en souvenir : dans un grincement sourd, presque aussi profond que le dernier coup de rein, il cède sous le poids et la fougue des jeunes gens qui s’effondrent avec lui.

Les corps se désolidarisent à peine, pressés à s’en faire mal sur le plateau de bois. Passée la stupeur, et les quelques râles endoloris, un début de rire nerveux franchit les lippes de Cecil. Il a gardé l’occiput d’Adalyn dans sa paume, qui câline la tête blonde mêlée de noir, tandis que se lève au-dessus d’elle le visage ensuqué de Cecil. Un miracle qu’il ne se soit rien cassé - petit mouvement de hanche, pour s’assurer que ce soit bien le cas, bougeant par conséquent en elle où il fait dorénavant plus humide. Il n’a guère le temps de profiter de cette touffeur intime qu’il réalise soudain la position inconfortable d’Adalyn. "Tu n’as rien…?!" Il se retire, s’écarte un peu, s’enfonce une écharde dans la main, l’ignore et aide son amante à se redresser. Par chance, le bureau ne s’est pas coupé sous elle, puisque ce sont les pieds qui ont cédé. Le lit de feuilles continue d’en être un, cueillant la nudité perlée de sueur d’une Adalyn pour qui il se fait du souci, puis près de qui, après qu’elle l’ait rassuré, il revient. La tête bascule sur l’épaule féminine, dodelinant d’un nouveau rire, celui-là moins nerveux. "Je crois qu’on ne pouvait pas faire pire…"

Pourtant, ça a été délicieux. Absolument merveilleux. Terriblement bon. Le rire s’apaise discrètement, transformé en un baiser qu’il donne à la naissance de la nuque étroite. Une main toujours en appui sur le bureau, frôlant presque la hanche d’Adalyn, il remonte son menton vers elle. La question ne sort pas, reste plantée dans son gosier fatigué d’avoir poussé tant de râles d’agonie - les filles de Mrs Quinn avaient raison : c’est une petite mort soi. Est-ce que ça lui a plu ? Est-ce qu’il a fait ce qu’il fallait ? Cecil déborde d’attentions. Il est une spirale de prévenance, ahanante et en sueur. Et parce qu’il n’arrive à rien dire, son autre main vient parler pour lui. Caressant doucement l’intérieur d’une cuisse où perlent deux sillons laiteux.
Elle approche avec la discrétion des ombres. Tout en douceur équivoque, plongée dans un mutisme opaque. Il ne fait pas l’erreur de la sous-estimer ; il ne l’a jamais faite, ce n’est pas aujourd’hui, les chairs trouées et l’esprit sortant tout juste de sa torpeur onirique, qu’il va commencer. Les serpents qu’elle a écrasés sous son pied mesquin sont redevenus ses racines à elle - de fait, éclatées par ses soins. Drôle de vision que celle-là, mais il semble qu’Adalyn, garce entre toutes les garces, soit un chapelet sans fin de tableaux là grossiers, là absurdes, là terrifiants. Elle a bien grandi, si on peut dire. La timide empoisonneuse qui soulignait ses esquives de moues farouches et ses affronts de sourires torves s’est ni plus ni moins épanouie dans la pire version d’elle-même. S’il ne la haïssait pas autant il pourrait trouver à sa métamorphose un quelque chose d’appréciable, autant qu’une créature dans son genre puisse apprécier une autre créature du même genre.

Mais les questions demeurent. Reviennent se former dans l’esprit décrassé d’Osmond qui semble s’être tiré in extremis de ses propres démences, toujours là, dormantes et prêtes à l’avaler au moindre signe de faiblesse. Pensez donc. Quarante ans de vie commune, et pas une seule seconde passée loin l’un de l’autre ; ça marque, ça ronge, ça fourrage d’ongles striés et crades un terreau qui était déjà bien fertile en soi.

"… autant que toi j'imagine," s’entend-t-il répondre. Si Adalyn est épuisante, c’est parce qu’elle se fait insaisissable. La patience d’Osmond s’étend calmement sur ses épaules, taisant l’exaspération paresseuse qui a recommencé à y germer. Sans doute que le fond de vérité, bien caché dans cette réponse creuse et confuse, est ce qui l’a le plus agacé ; l’idée qu’ils aient pu se croiser sans le savoir ou se rater au fil des siècles est si absurde qu’elle en devient nauséabonde. La nuque a vrillé, la mine sévère criblée de son cratère. A travers chairs, la dentition serrée luit comme une lame émaillée.

La voilà qui se met à compter, les menottes levées pêle-mêle pour interroger ses doigts penauds, blancs, rouges sang, humides de ce con qu’elle s’est obscènement labouré pendant que le massacre faisait rage. Le monstre devient enfant, ce dont il ne s’émeut guère tandis que son seul œil l’observe, froid et prudent. Elle va pour répondre, suspend ses mots, replonge dans ses calculs a priori savants et complexes pour en extirper sa foutue réponse. "Sept," qu’elle lâche. Sept, et puis c’est tout. Sans rien de plus pour délimiter la notion de temporalité. Elle pourrait aussi bien lui avoir révélé le nombre de chicots qu’il lui reste, ou le nombre de nippes avec lesquelles elle s’attife - moindre qu’elle a de bandages, a-t-il observé. Pourtant même sous terre Adalyn a trouvé une façon de cicatriser. Joli progrès. Il ne peut pas en dire autant. Mais pourquoi les bandages, alors ? si ce n’est, peut-être et tout simplement, pour se fondre dans cette même masse de vermines comme il en gît tout juste derrière eux… Il la soupçonne de pousser le stratagème jusqu’à faire croire qu’elle est chétive. Elle ne l’est pas. Ne l’est plus. Peu lui importe. Un mur immense s’est dressé entre eux, invisible et austère, distanciant tout ce qui, il y a une éternité de ça, se cramponnait opiniâtrement et avec ce qu’il pensait être - quel idiot petit lord - une fidélité tout aussi éternelle.

"On dirait que Dieu n'en pouvait plus et qu'il a hurlé et que tout a été détruit et que le monde enfin est devenu silencieux parce qu'il n'y avait que ça à faire-" Et il a décroché. Déjà. Un soupir inaudible a franchi ses narines, poussant sa tête à revenir dans son axe, en face à face avec the Scar. Il espère ne pas être aussi chiant quand il s’égare dans ses laïus de vieux con. Insensible aux bondieuseries de la garce, l’oreille reste cependant attentive, à tout le moins réceptive. Peut-être qu’entre deux hoquets fanatiques, elle oubliera de garder pour elle tous ses petits secrets. Quelle chance qu'il ait perdu sa foi. Il sera le plus lucide d'eux deux. "Dieu a ouvert la bouche et sa bouche a craché le feu et la mort et la destruction et oh Cecil tu ne trouves pas ça merveilleux." Un rictus immensément bref et parfaitement retenu fend sa gueule trouée. Il n’aime décidément pas que ce prénom revienne dans sa bouche. Il n’aimerait l’entendre dans aucune bouche ; mais celle-là est la plus profonde des fosses, la plus puante et malheureuse. Il y propulse d’un coup de pied franc le petit Cecil réveillé à l’occasion, qui dégringole et dégringole et, oh, eh bien, dégringolera autant qu’il le faudra. Il n’est plus Cecil. Il n’est plus rien de tout cela. Et Adalyn, qui n’est manifestement plus Adalyn non plus, poursuit sa connerie de récit.

"… tout est merveilleux et silencieux et plein colère oh Cecil il y a tellement de colère et de peur qu'on peut les sentir grimper sur la peau." Il sent ses pouvoirs, surtout. Qui lui lèchent le derme dans l’espoir de le contaminer à nouveau. Etrange. Non seulement il se sent foncièrement lucide, mais il est aussi capable de la deviner déborder, tentant, assurément consciemment, de l’emporter une seconde fois dans ses délires fantasmagoriques. Etrange ; irritant. Elle croit pouvoir l’abrutir avec ses petites berceuses exaltées comme n’importe quelle autre de ses victimes.
Putain de Dieu.
Il s’en vexerait presque.

"Pourquoi tu m'as laissée-" qu’elle couine. Il n’est pas dupe. Ce qu’il devient en revanche, c’est en colère. Et comme toutes ses colères, celle-ci se fait avec grand calme. "Avec toi le monde s'est éteint comme- … comme si Dieu avait hurlé et craché le feu et la mort et la destruction…" Le poitrail se soulève dans un ronflement profond. Il prend une inspiration profonde, l’air vicié de l’underground venant taquiner ses narines et son œsophage. Ce ne sera jamais aussi vicié que la rage sage mais terrible qu’il sent monter, tant dans les linéaments de ses muscles lésés que dans le vert usé de son œil. "… mais je n'ai rien vu non je n'ai rien vu de merveilleux et tout était silencieux et plein de colère ta colère plein de ta colère et de ma peur." Tu ne crois pas si bien dire, Adalyn. Toujours ce fond de vérité, qui traîne et qui stagne. Se peut-il qu’à être aussi fêlée, elle laisse passer une lumière rare de bon sens ?

"Tu résumes les choses si bien," ment-il, le timbre horriblement indulgent. "Toi et moi," il marque une pause faussement méditative, pour la simple raison que ce toi et ce moi lui écorchent la langue, "nous sommes un peu comme cette Balafre." Le profil reste figé face aux vestiges sinistrés. "La conséquence de notre propre guerre." De bien belles paroles que voilà. Tout à fait raisonnables et raisonnées, pleines d’un pardon qu’il donne l’illusion de pouvoir céder à tout moment. "Je suis navré que tu te sois sentie abandonnée. Tu semblais avoir choisi ton camp et près de qui placer ton cœur. Il a toujours été dévoué à Darla, n’est-ce pas ? Je ne peux pas t’en vouloir pour cela, ta loyauté t’honore." Un silence. Quelques clapotis derrière, sans doute un bout de crâne qui s’est désolidarisé d’une tête. "Mais, aujourd’hui, je ne te vois plus accompagnée ni de Darla, ni de Beatrix, et tu me sembles bien seule. Que t’est-il arrivé, Adalyn ?" Le grave - cruel - de la phonation se fait un peu plus léger. La gueule majestueuse mais érodée dans sa barbaque pivote très légèrement, interrogeant le vide devant elle comme s’il s’agissait de ses petits yeux vicieux au bleu toujours aussi bleu. "C’est toujours Adalyn ? Ou c’est autre chose ?" La politesse est agréable. Presque aussi berçante que les poisons dont elle suppure.
Invité
Invité
Anonymous
CORPS
ESPRIT
ÂME
dark woods and pagan suns
@osmond rose & @billie bloom
tw: contenu explicite, troubles psy, manipulation.

(flashback - 1821) Le monde chavire autant qu'elle s'éparpille. La conscience implose, projette ses miettes dans l'atmosphère. Adalyn vibre pour la première fois selon une partition unique et merveilleuse. Cette musique ne la lassera jamais. Elle goûte au vice le plus vieux du monde. C'est à peine si elle réalise qu'ils sont à terre. C'est à peine si elle effleure la réalité du bout des yeux. Sous elle, la table effondrée. Contre elle en elle sur elle Cecil toujours Cecil qu'elle ne relâche pas. L'attraction se rive aux aspérités de l'obsession ; continuellement, l'obsession. L'obsession lui gangrène le cœur. L'obsession lui dévorera la tête.
Les cajoleries et l'attention reportée à ses contours, elle le remarque inquiet. De petits mouvements brusques y répondent. Elle a oublié qu'il existait une matière à chaque chose. Elle ne veut pas la retrouver. Mais il y a sa paume, contre son crâne. Et il a sa peau, contre sa peau. Et il y a son visage si proche du sien – son visage oh son visage. Adalyn ne voit et ne sent que Cecil et elle jure qu'elle ne veut plus rien éprouver. Hormis Cecil. Qui l'enveloppe. Qui pourrait l'étouffer. La recouvrir. Qu'elle se fonde à lui et n'existe plus qu'à travers ses muscles et ses veines.
La question l'arrache à ses déraisons. Il demande. Demande quoi ? Si elle va bien. Et il sourit et elle sourit en retour. Ne répond rien. Adalyn est éblouie et amoureuse. Les mains la transportent ailleurs. Son corps qu'elle doit relever, redresser. Juste un peu. Il la tire hors de leurs vertiges. Adalyn bat des paupières. Ne le quitte pas une seconde de ses pupilles rondes. Il n'est plus en elle, et c'est là tout ce qu'elle perçoit. Seulement contre elle autour d'elle et elle pourrait le supplier. À genoux. Qu'il revienne et ne se retire jamais.
Adalyn est incohérente.
Adalyn est vorace.
Adalyn est adorable et n'est-ce pas tout ce qui importe. Abandonnée à leur nouvelle inclinaison, elle tangue. N'est pas certaine que la verticalité lui convient. La cervelle est asphyxiée par l'adoration et l'amour. Mais Cecil revient évidemment qu'il revient. Lui revient. Son corps contre son corps. Sa figure perdue à la voûte de son épaule. Ses mèches brunes lui chatouillent le minois. Sa joue les rejoint et s'y noie. De sa gorge mâle, un petit rire s'échappe.
– Je crois qu’on ne pouvait pas faire pire, dit-il.
Et Adalyn coule ses bras autour de sa nuque. Enveloppe son crâne. Redécouvre les rondeurs de l'os, la texture de ses cheveux et surtout son odeur. Son petit nez plongé aux vagues fuligineuses. Le rire de Cecil s'éteint et les lèvres de Cecil déposent un baiser sur sa peau. Elle exhale un soupir languissant. Ses orteils se contractent et ses jambes se resserrent.
Sa figure fleurit. Tout entière à son horizon. Cecil a bougé sans qu'elle s'en aperçoive. Et il attend. Et elle ne comprend pas immédiatement. Le bout de ses longs doigts tachés des couleurs de leur émoi, Adalyn effleure les angles et les lignes. Redessine l'ovale de l’œil et l'ombre du sourcil. Ses billes bleu du ciel captivées par le portrait tant désiré et désormais solide sous sa pulpe.
Tu es-
Coupure. Sèche.
Cassure de l'intellect.
Son menton flotte entre eux. Son visage penche.
Et cette cuisse qu'il lui caresse et tout ce foutre qui lui déborde du con n'a pas grande importance.
… tu es parfait.
Cecil a la consistance de ses rêves les plus glauques.

 – Tu résumes les choses si bien, ronronne-t-il.
Et elle ne le regarde pas et elle s'obstine dans ses méandres putrides. Ses articulations craquent. Ses gouffres chuintent. Son menton reste bas et ses globes oculaires gèlent dans leurs orbites.
– Toi et moi, nous sommes un peu comme cette Balafre.
Dans cette seule affirmation, une réalité superposée à ses cauchemars. Son attention grelotte vers lui. Un coup d’œil lâche et preste. Elle ne veut pas qu'il voit qu'elle comprend. Elle ne veut pas s'avouer qu'elle saisit ce qu'il dit. Elle ne veut rien faire que rester dans son mutisme crasse de petite lâche de petite crevure de petit démon.
Elle a trop parlé et déjà, elle s'en mord la langue. Fort très fort. Elle ne sait pas encore si ses incisives sont assez tranchantes pour en couper un bout.
– La conséquence de notre propre guerre.
Il n'y a jamais eu de guerre.
Dag est une menteuse.
Il n'y a jamais eu de guerre.
Dag s'obstine.
Il n'y a jamais eu de guerre.
Pourtant les cris et les blessures et les absences et les colères ; pourtant les gestes regrettés les mouvances de saccage et les désirs dévoreurs de corps lui reviennent comme une marée d'acide. Sa matière grise grésille.
– Je suis navré que tu te sois sentie abandonnée. Tu semblais avoir choisi ton camp et près de qui placer ton cœur. Il a toujours été dévoué à Darla, n’est-ce pas ? Je ne peux pas t’en vouloir pour cela, ta loyauté t’honore.
Sa conscience, décapsulée.
Dag figée sur le rien et le tout d'une même histoire diffractée sur tellement de scénarios sur tant de mensonges sur des lignes étirées jusqu'à se fendre de ses silences insupportables.
La nuque se raidit. Un bruit net. Le menton s'incline. Les épaules tressautent.
Dag figée sur le tout et le rien de leur union démantibulée.
Dag qui ne veut pas se souvenir. Dag que tout assaille.
Elle a la respiration bizarrement calme. Elle a le corps bizarrement immobile. Tant et si bien qu'il suffirait de la toucher pour qu'elle s'effondre.
– Mais, aujourd’hui, je ne te vois plus accompagnée ni de Darla, ni de Béatrix, et tu me sembles bien seule. Que t’est-il arrivé, Adalyn ?
Dag repousse les perceptions et les images et les visages.
Dag que tout ramène au passé. La mémoire lui laisse des langues de lave sur tout l'intellect. Lui macule les orbes à les lui faire éclater. La pression sous le front pourrait le lui ouvrir en deux. Le cerveau cherche à s'échapper de sa boite. Dag saigne du nez.
– C’est toujours Adalyn ? Ou c’est autre chose ?
Une rivière lui dégouline de la narine gauche. Puis un petit bruit sonore et la narine droite expulse son jus. Sa patte sitôt s'y écrase. Et elle se détourne. Non de lui. Mais du vide devant. Les prunelles dévalent cascadent se sabrent sur ses contours. Redessinent l'ovale de l'oeil et l'ombre du sourcil. Ses billes lavées à l'eau de javel captivées par le portrait tant redouté et désormais solide à son présent.
Tu es-
Coupure. Sèche.
Gargouillis en travers de gueule. Elle avale son sang qui lui macule les doigts et lui inonde la gorge. Elle tousse. La paume dégueulasse couvre sa bouche. Plus bas, des giclures. De sa poitrine et de son ventre contractés. Les plaies suintent. Elle ne guérit plus.
Dag tente de respirer. Mais le gosier est pris autant que son petit pif levé vers lui.
Sa paume libère son langue et elle lui crache son rouge. Lui repeint les ridules. Écarquille les mirettes. S'excuserait presque – Dag est une effrontée.
Et Cecil oh Cecil. Cecil est son rêve le plus glauque.
Le revers de pogne s'écrase aussitôt sur ses propres traits. Elle se nettoie comme on enfonce ses doigts dans de la pâte à modeler. Tout est maladroit et brouillon et hostile.
Déglutition bruyante. Ses deux pattes se rejoignent et elle frotte et elle martyrise et elle gagne du temps.
Puis. Sans les retirer de sa bouille immonde, les doigts écartés pour laisser filtrer ses yeux, Dag le dévisage. Les mimines chutent et elle sourit. Un sourire plein de petites dents couverte de bave sanglante.
C'est ce que tu veux.
Elle est ce qu'il veut. Elle est ce que les gens veulent qu'elle soit.
Car Dag est substance. Et pour elle, c'est atroce et exagérément trop.
Et elle bouge ou coule ou glisse. Elle revient et envahit son espace et envahit son horizon. Défonce de sa présence le panorama aux relents de leurs échecs. Les ruines dans son dos, Cecil devant ses seins.
Un claquement de doigts aura suffi.
Non.
Sa voix juste sa voix.
Sa voix qui la hante.
Dag perd le contrôle.
Sans aucune hésitation, ses deux pattes attrapent le visage de Cecil. Et les phalanges se replient sur les creux. Et les ongles se plantent dans le vide de son orbite dans les rides de son regard dans la béance de sa joue et ripent contre les molaires.
Pourquoi-
Elle suffoque.
Cecil n'a pas répondu.
… pourquoi tu ne veux pas rester à l'intérieur de moi pourquoi-
Son timbre glaireux déraille. Vrille sur les rails de sa sanité.
… pourquoi tu ne veux pas revenir à l'intérieur et me laisser te parler et continuer-
Les jointures crépitent.
… tu étais à l'intérieur de moi pendant combien combien dis combien de temps combien de temps tu étais à l'intérieur de moi et maintenant et maintenant-
Elle est furieuse.
Et il peut bien la repousser et il peut bien vouloir la tuer, Dag a planté ses griffes et ne lâche plus.
Elle ne sait pas exactement ce qui délite ses sens.
Alors. Alors elle se dit. Que. Peut-être. Oui peut-être qu'en arrachant ce visage elle sera soulagée.
Pourquoi tu as décidé d'être réel et pourquoi tu parles de choses dont on ne parle jamais et pourquoi tu me fais mal-
Elle hurle.
Elle hurle. Dégurgite sa colère-amour. Son rêve lui échappe et elle se retourne brusquement. Et elle hurle encore plus fort. Pour celui derrière.
Pourquoi tu m'as fait venir ici-
Et elle se fige et elle cherche Lorcan et elle ne le trouve pas et elle se rappelle qu'elle est seule.
Sous sa pulpe glissante elle constate le solide – la matière de Cecil. Il ne change pas. Il ne disparaît pas. Son museau s'écorche au sien.
Tout le monde est mort et toi encore plus que les autres toi tu devais veiller sur moi et tu devais me parler la nuit et tu devais continuer-
Continuer.
Oui Dag dis-le oh putain Dag dis-le lui.
Puisqu'il est si solide et si près et si parfait tellement parfait que tu n'arrives plus à décrocher tes saloperies de calots de sa gueule ruinée.
Il devait continuer.
Continuer à quoi.

(flashback - 1823) Elle l'a empoisonné. Encore une fois. Pas au point de lui brûler tout l'intérieur – cela, elle a juré à Darla de ne plus le faire. Elle l'a juré sans jurer. Son petit menton incliné de bas en haut. Elle a juré pour un temps indéterminé.
Ils sont venus. Dans son monde. Dans leur monde. Ils sont venus et revenus. Demander exiger chercher. Des remèdes des baumes des poisons des mélanges aux saveurs hallucinogènes. Ils l'ont ensevelie sous leurs demandes car dehors tout devient fou. Car dehors il y a de nouvelles vengeances et de nouvelles batailles et le sang doit couler.
Adalyn se tait et Adalyn soutient. Mais Darius ô Darius. Darius l'a l'étouffée. De sa seule et simple présence. Et elle n'a pas su se contrôler. Elle n'a pas fait exprès.
Adalyn ment.
Adalyn ne fait que mentir.
Darius n'est venu que deux fois. Avec sur le visage la neutralité exigée. Et Adalyn lui a donné non ce qu'il désirait mais ce qu'il méritait.
Après ça, il n'y a plus eu aucune allée ni venue de toute la journée. Après ça, ils l'ont tous oubliée. Car Darius a probablement gerbé ses tripes au manoir dans une marre écarlate.
Darius est une petite nature.
Adalyn le hait.
La douleur et le manque la rendent profondément désagréable.
Elle leur a demandé oh elle leur a tellement réclamé, de ses nouvelles. Mais Beatrix ne savait pas et Darla contournait le sujet et-
On ne parle jamais vraiment, des sujets importants.
Tout le monde manipule tout le monde, tout le monde ment à tout le monde.
Cecil est parti faire elle ne sait quoi elle ne sait où.
Cecil est nulle part depuis cinq jours.
Et Adalyn ne souhaite que le retrouver.
Parce qu'ils ne se sont plus touchés depuis des semaines. Parce que la dernière fois qu'ils se sont vus elle a hurlé et les paroles l'ont dépassée. Parce qu'elle ne supporte pas son absence et sa proximité l'immole.
Cecil a changé.
Et sur ce point, Adalyn ne ment plus tout à fait.
Ce qu'elle a donné à Darius, Adalyn l'a également avalé.
Elle sait qu'elle ne peut pas crever. Elle le sait parce que Cecil le lui a dit parce que Cecil ne lui ment pas parce qu'elle le croit plus qu'elle ne croit personne. Elle est persuadée qu'elle ne dégobillera pas ses tripes.
Adalyn n'est pas une petite nature.
Si doucement les membres se sont engourdis, la nausée pourtant, a fini par la faucher.
Main à plat sur le plan de travail, elle se redresse. Tangue.
Ce qu'elle a ingurgité : un mélange de poison et de psychotropes.
Le soir tombe et son corps diaphane ondule sous le voile de sa chemise de nuit. La fluidité du tissu la fait paraître fantomatique. La robe lui coule sur les monts et s'introduit à ses creux.
Penchée en avant, elle plaque sa paume contre sa bouche et elle retient ses régurgitations. Elle n'a pas mal et c'est tout ce qui lui importe. Elle voulait-
Elle voulait seulement essayer. Comprendre ce qui arrive au cerveau quand l'afflux sanguin n'est plus à son zénith. Quand les neurones sonnaillent sous l'effet des toxines. Si le vertige s'intensifie, il ne lui est cependant pas désagréable.

Adalyn n'est plus dans sa serre depuis-
Depuis un jour. Ou deux. Depuis que le soleil est tombé et que la nuit est venue et que le soleil s'est levé et que la pluie a noyé le monde de sa grisaille.
Adalyn n'est plus dans sa serre depuis-
Personne ne le sait car personne n'est allé la confronter car personne n'a encore osé venir lui tirer les bretelles et la sermonner : Addie ce n'est pas bien ce que tu as fait.
Petite moue précocement confuse et navrée.
Elle n'a pas fait exprès, souviens-toi.
Allongée dans les herbes folles, perdue sur le terrain de la propriété. Elle est sous un ciel qui lui crache dessus et elle sourit. Son corps trempé et froid et lourd de sa robe désormais transparente. Elle gesticule faiblement et elle observe sa main. Levée au-dessus d'elle, vers-. Vers elle ne sait pas bien quoi. Adalyn goûte pour la première fois aux effets de la drogue. Et une drogue faite par ses soins ne pouvait pas être une drogue douce et lénifiante. Doigts écartés. Elle est fascinée par le chagrin du jour et les rayons crevés du soleil lui traversant la viande. Le blanc de cadavre de ses doigts au bout violet sur un empyrée mortifère.
Et elle babille et elle se tortille.
Adalyn lui parle et elle ne ressent plus son absence.
Il n'y a plus de manque.
… j'espère qu'il oh Cecil j'espère qu'il te ressent comme je te ressens.
Et elle rit. Dans sa gorge, des carillons. Cecil est partout. Les lèvres de Cecil sont dans chacune des gouttes qui la martèle. Les mains de Cecil sont dans les dégoulinades sur sa peau. Cecil est tout le poids de l'averse sur son corps.
Je suis sûre qu'il aime ça autant que moi je suis sûre qu'il aime ça et qu'il ne te l'avouera pas...
Darius, en réalité, est à cette heure une vraie loque.

 
Osmond Rose
Originel·le
Osmond Rose
CORPS
ESPRIT
ÂME
Genre : Cis., masc.
Age : Quinqua de 236 ans.
Dollars : 1492
Zone libre :
dark woods and pagan suns (blind#1) B2f554b632f53d58adceffc067acc491
the day I died
I didn't tell
my body

|
you never
feared the abyss

dark woods and pagan suns (blind#1) Ra48t6aq_o dark woods and pagan suns (blind#1) 9HqrKldU_o

Occupation : Propriétaire du Noctal (maison close) et gérant de l'Unlock (pawnshop) dans les profondeurs de l'Underapple. Leader déchu des Orphans, déclaré mort depuis décembre.
Habitation : Ses appartements souterrains au Noctal.
Déchirures :

₪ A P O P H I S ₪

Lord of darkness and chaos

dark woods and pagan suns (blind#1) AxI6stHu_o dark woods and pagan suns (blind#1) ApEwOZTM_o
***
While they scream and perish,
he licks a finger and turns the page

MUE -- régénération cellulaire, cicatrisation en surface et en profondeur, vieillit beaucoup plus lentement et se remet de blessures ou maladies graves.

CORRUPTION -- (niv.1) se nourrit de transgressions commises, gain d'énergie vitale ; (niv.2) commande à autrui la transgression qu'il veut voir commise ; (niv.3) son esprit est impossible à corrompre en retour, toute tentative de manipulation, intrusion ou altération se solde par un échec, la sensation d'une angoisse profonde, et des effets secondaires variables (nausée, évanouissement, lésions cérébrales graves).

TENEBRES -- (niv.1) obscuration des lumières artificielles, visibilité nulle pour l'œil humain et les appareils ; (niv.2) obscuration des lumières naturelles, même principe ; (niv.3) invocation d'une entité ténébreuse, "Jo" (pour Jawbreaker) semblable à un serpent de fumée, long de 7 mètres avec la force de 7 hommes.

SERPENTS -- (niv.1) transformation de n'importe quelle matière en serpents ; (niv.2) les contrôle même à distance et communique avec eux.

INFRAMONDE -- (niv.1) résurrection ; (niv.2) invocation d'entités démoniaques et spectrales.

Limites :
MUE -- procédé long (4h) et douloureux (écorchement vif).

CORRUPTION -- (niv.1) doit assister aux transgressions ou qu'elles soient survenues dans les 72h pour s'en nourrir ; (niv.2) ne manipule plus qu'un max de 6 personnes par jour, 4 en simultané à cause d'une malédiction ; (niv.3) ne contrôle pas la gravité des effets secondaires, dépend de si l'individu est novice ou non.

TENEBRES -- (niv.1) perim. de 20m pour 10 minutes ; (niv.2) perim. de 30m pour 5 minutes ; (niv.3) durée de l'invocation variable (9 à 15 minutes), Jo provoque des tremblements (max 3 échelle de Richter) en arrivant, et quand il ne peut pas traverser les revêtements routiers (max 6 sur l'échelle de Richter).

SERPENTS -- (niv.1) transformation max égale à son poids, pour une durée de 3h ; (niv.2) télépathie simple loin de la complexité d'une langue (émotions, compréhension des intentions, flashs visuels).

INFRAMONDE -- (niv.1) quitte son immensité et sa puissance dans le supramonde, difficulté à se réhabituer à son corps humain ; (niv.2) 3 démons ou 1 défunt pour un total de 1h/24h, peut perdre le contrôle sur les défunts.

Stigmates :
-- œil de verre (droit).
-- haemolacria (droite).
-- lésions radiques invisibles.
-- brouilleur de capteurs vivant.
-- une cicatrice de décapitation.

Inventaire :
-- (lost) une vieille chevalière avec le logo d'Icarus dessus et un peu de sang dans les interstices.
-- des lunettes de soleil pitch black.

Pseudo : .exe
Comptes : Jeremiah.
Genre IRL : She/her.
Messages : 521
Date d'inscription : 13/02/2023
FC : Rufus Sewell.
Crédits : Martyr (av.)
Thèmes abordés : Body horror, gore, occultisme, horreur, manipulation, violence, dysf. familial, meurtres, terrorisme, criminalité.
Thèmes refusés : Ràs.
Infos RP :
(( dial : slategrey ))
-- présence régulière.
-- dials fr ou ang.
(( 4/3 rps ))
-- Love [AU]
-- Darius [fb, 1820]
-- Laudna [été 2025]
-- Amy [décembre 2025]

dark woods and pagan suns
@osmond rose & @billie bloom
tw: contenu explicite, blessures, mort, manipulation.

(FLASHBACK - 1821) Elle dit qu’il est parfait. Cecil est rassuré. Mais avait-il vraiment besoin de ses mots quand il écoute chacun de ses bruits, chacun des sons qu’elle produit. Ces petits gazouillis qu’elle émiette lorsqu’elle prend plaisir, ces râles chargés qu’elle déverse quand elle jouit, ou encore ce souffle âcre et brûlant avec lequel elle balance son front près du sien, lourd d’adoration. Terriblement lourd. Si lourd qu’il se sent écrasé par son poids, ratatiné contre son cœur dont les bonds se sont uniquement calmés pour le tenir serré contre elle. Cecil lui cède un nouveau sourire, pâle et fiévreux. Il consent à ce qu’elle le dévore tout entier entre ses grandes billes bleues comme un ciel d’été pendant que sa main ramasse l’écume crasse de son foutre. Oh, douce Adalyn. Le cul posé sur ses machinations comme le bronze d’un culte obscur étoufferait la raison humaine. Il lui dépose quelques nouveaux baisers, ceux-là plus longs, plus scabreux, déjà adeptes de cette toute nouvelle religion qu’il vient de découvrir en elle. Sans doute que, dans quelques instants à peine, il redeviendra dur pour sa douce Adalyn au blond assombri de noir.
(FLASHBACK - 1822) Elle lui tourne le dos dans leur lit de fortune. La serre reçoit bien plus régulièrement ses visites, tout autant que le pucier d’Adalyn dans lequel souvent ils forniquent. Des moments tendres quand elle le requiert, passionnés quand elle l’exige, fougueux et furieux quand elle n’en peut plus. Cecil caresse pensivement l’épine dorsale opalescente, dessinant des arabesques sur les os saillants d’Adalyn à qui il tient chaud sur le reste du corps. Les mèches longues s’entortillent quelques fois contre son doigt, l’attraction de leurs particules continuant même après s’être mêlés jusqu’à la lie. "Viens habiter avec moi." C’est un murmure. A peine plus haut qu’une prière. Elle ne l’entend sans doute pas. Elle dort ; sa douce Adalyn est épuisée par leur amour. "Tu planteras des lys et des orchidées." Elle ramènera la vie dans sa froide demeure. Les rayons du jour percent doucement à travers les carreaux opaques de la serre, formant une ligne luminescente habitée de poussières qui lèche l’épaule d’Adalyn. Il suit le tracé, déplaçant son ongle le long de la chair. "Nous aurons-" Il s’interrompt. Sourit à l’idée qui lui vient. Une famille aux boucles noires et têtes blondes. L’image se trouble dans ses deux marécages d’yeux, diluée par la réalité crue qui les entoure et qui l’infeste. Sa vengeance. Sur Captain Lion. Sur Icarus. Depuis peu, Cecil se met à voir celleux qu’il sauve comme ses semblables. Il est devenu protecteur, tout autant qu’il se fait bourreau. Aujourd’hui, l’ordonnance de plusieurs missions l’attendent, encore. Le sourire s’est dissout sur ses lippes, avec lesquelles il vient cependant embrasser les cheveux d’Adalyn. Il l’entoure de ses bras, la serre et lui souffle dans le luisant de son scalp. "Un jour."
(FLASHBACK - 1822 CONT'D) Orrin agonise dans ses bras. Il est arrivé la veille, rescapé de justesse par l’escouade déployée. Il est plus jeune que lui. Il pourrait être son frère cadet. "J-J-Je v-veu-veux pas- - Ça va aller Orrin… Regarde-moi." La main de Cecil passe délicatement sur son visage lésé. La milice l’a charcuté. Il ne reste plus rien du mutant constellé de lumières sinon un corps meurtri et éteint. Le regard affadi d’Orrin cherche celui de Cecil dans le tumulte apeuré qui l’affecte au crépuscule de sa vie. La main du lord passe dans les mèches rousses, transpirantes et courtes du jeune-homme, lui offrant ce qu’il peut de douceur pour l’accompagner dans sa dernière lutte. Il cache habilement l’émotion que la tétanie d’Orrin convoque. "Pas- m-mour-" Il ne veut pas mourir. Orrin a la vingtaine. Il pensait que le monde l’attendrait. Les mains envahissantes et maigrement consolantes de Cecil se retirent le temps de récupérer une petite fiole. "Bois ça, ça va t’aider." Le goulot se dépose sur les lèvres tremblantes d’Orrin, qui ingurgite docilement le poison. De nouveaux sanglots l’étranglent une fois que tout est avalé. Les mains de Cecil déposent la concoction, et reviennent immédiatement cajoler la bouille tuméfiée de longs doigts affectueux. Il ne peut pas toustes les sauver. Orrin essaie de répéter qu’il ne veut pas mourir, mais s’endort doucement dans un sommeil qui n’aura plus jamais de réveil.

Cecil le veille pendant près de deux heures, négligeant son épuisement jusqu’à ce que Connie vienne enfin le trouver dans l’infirmerie. Ils n’ont qu’un simple échange de regard. Elle comprend ce qu’elle doit faire. Les mains brunes de la mutante récupèrent celle morte d’Orrin dépassant du drap et palpent la matière pour questionner l’esprit. "Il est parti," lui assure-t-elle. Il hoche la tête en guise de remerciement. Connie repose respectueusement la dextre du défunt, hésite à glisser la sienne sur l’épaule du Stratège, se retient, et prend congé.

"Je me demande où ils partent," s’entend-t-il dire à Adalyn, la même nuit. Il se font face dans leur lit de fortune. Il lui caresse amoureusement le visage de cette même main qui câlinait Orrin. "Quand ils restent, ils sont là, et il faut les aider à partir. Mais après ?" Elle lui répondra sans doute qu’ils vont au Paradis ou qu’ils vont en Enfer. La foi de Cecil est déjà branlante ; ça se voit dans ce regard hanté qui continue de se questionner. Il sent la trouille d’Orrin revenir grimper dans ses tendons, vriller sa raison. Il ne pense pas avoir peur de la mort. Mais il a peur que la mort les sépare. Il relève une mèche blonde, vient l’embrasser avec une maladresse possessive. Quand il détache ses lèvres des siennes, c’est pour se reculer à peine, et lui commander haleine contre haleine. "Il va falloir plus de poisons comme celui que tu m’as donné."
Des agonisant·e·s à soulager, il y en aura bientôt légion.
(FLASHBACK - 1823) Ses mains sont rouge de sang. Il ne pensait pas que poignarder un homme demandait autant de force. Cecil observe l’arme luire dans ses paumes ouvertes secouées de quelques petits spasmes. L’échauffourée n’a pas été bien longue. Il sait tendre des pièges mortels quand il le veut. La paire d’yeux verts, hagards et troublés, remontent jusqu’à la silhouette de Darius qui se tient à ses côtés. Il est en vie. Bien. Moins chamboulé que lui. Normal. Darius est un soldat pour qui le sang des meurtres est familier. Le sifflement dans les oreilles de Cecil l’empêche d’entendre ce que lui dit son camarade ; il ne se sent pas très bien, tout autant parce qu’il est nauséeux que galvanisé. Il ne devrait pas se satisfaire de la mort d’un homme. Mais c’était un milicien. Et les miliciens ne méritent rien de mieux que la mort. "Où est-ce que-", Cecil se rend compte être à bout de souffle. "Où est-ce que tu crois qu’il est parti ?"
La question continue de l'obséder.
Et où est-ce qu’il ira, lui ?
(FLASHBACK - 1823 CONT’D) L’hiver sera froid et rigoureux, cette année. Il tenaille déjà les corps sous leurs étoffes lourdes. Cecil est enveloppé d’un manteau noir et se tient à la balustrade des jardins, le regard rivé sur Adalyn allongée dans l’herbe. Elige est à côté de lui, lui-même enveloppé dans un manteau brun de moins bonne facture. "Tu d’vrais l’enfermer…," grogne-t-il avec aigreur. Un silence. Le ciel commence à se couvrir de nuages menaçants. "Tu devrais surveiller ta langue. C’est de ma compagne que tu parles." Elige se crispe. Parfois, il oublie. Qui voudrait aimer une folle pareille ? "Pardon," mâche-t-il entre molaires. "C’juste que… elle a failli tuer Darius. Encore. Et demain qui ? Moi ?" Un soupir sobrement excédé. "Ne sois pas ridicule." Le silence revient, hasardeux. Le lord n’a pas précisé ce qu’il trouvait ridicule. Elige s’en fait la réflexion alors qu’il voit Adalyn lever les bras au ciel. "Elle est dangereuse, Cecil. - Nous sommes tous dangereux." Le ciel est devenu sombre. "Tu pourrais noyer un homme à la seule force de ta volonté." Elige pivote des épaules. "Je n'fais que remplir des verres d’eau !" Le profil altier se tourne légèrement vers lui. "C’est bien ce que je dis." Elige marque un temps de réflexion. Il n’avait jamais pensé à remplir de son eau les poumons d’un être humain. "P’t’être bien, ouais, d’accord… Mais moi j’suis pas dingue." Une pause. "Et m’dis pas qu’on est tous dingues…!" Cecil ramène ses cervicales dans leur axe, l’ombre d’un sourire sciant sa pommette.

Il se met à pleuvoir quand il rejoint Adalyn. Son filet de voix barbotte avec les clapotis dégouttelant sur tout son corps aux pourtours évanescents. "(…) je suis sûre qu'il aime ça et qu'il ne te l'avouera pas…" Son voyage a été long mais il trouve encore la force de se plier vers elle et la récupérer dans ses bras. "Il pleut, tu sais…," l'informe-t-il avec compassion. Il soulève Adalyn avec une facilité déconcertante. Elle a encore maigri. Les tiges longilignes s’accrochent à son cou, lui permettant de retirer un moment son bras de son dos pour l’emmitoufler en partie dans son long manteau. "Tu n’as pas mangé…" Moins une question qu’une constatation. Il avait demandé à ce qu’on veille sur elle pendant son absence. Faut-il croire que la serre de Miss Dixon inquiète toujours autant - si ce n'est que la serre. Cecil marche sur toute la longueur du jardin en gardant Adalyn dans la chaleur de ses bras. Leur poids s’enfonce de plus en plus dans la terre meuble, engloutissant ses bottes de voyage qui l’obligent parfois à faire une halte au beau milieu du terrain.

"On m’a dit, pour Darius." Les gouttes ruissèlent sur leur visage. Il tourne le sien vers elle, la contemplant dans un silence ni accusateur ni indulgent. Darius, l’objet de leurs disputes s’il en est ; il ne comprend toujours pas pourquoi le Vampire plonge Adalyn dans une telle colère. "J’imagine que tu t’es simplement trompée de potion…" Elle ne se trompe jamais. Même au plus haut de ses égarements, elle semble toujours avoir cette lucidité terrestre qui la lie au monde des vivants et au monde des morts. Mais il est prêt à mentir pour taire la grossièreté de son forfait. Continuant sa marche lourde en direction de la serre, Cecil remarque, malgré la pluie et leurs vêtements trempes. "Tu es fiévreuse, Lyn…" La touffeur de sa chair transpercerait presque ses étoffes épaisses. Elle bouffe en tout cas les carré de chair nue qui la tiennent à bout de bras. Il la dévisage un peu plus. Elle a l’air délirante, aussi. Il sait différencier ses transes passagères de ce goulot bouillant dans lequel se perd actuellement sa pensée. Cecil soupire dans le renflement de sa tête blonde. "On est bientôt arrivés." Dans cette triste serre, froide et humide, où les attend le bureau rapiécé (ils sont romantiques) et le lit de fortune. Il repense brièvement aux orchidées et aux lys qu’ils auraient pu planter chez lui, loin du bruit et de la fureur de la guerre. Puis le songe se dissipe comme il le fait toujours, et ils entrent dans leur tanière en verre opaque.
Le crachat lui fait fermer son seul œil. Foutue garce. Il sent sa salive ferreuse et malade ruisseler entre ses gencives exposées et rejoindre la sienne rance. "C'est ce que tu veux," qu’elle monnaie, d’un sourire vicelard et tristement moche. Adalyn reprend la forme d’une ombre et se déplace jusqu’à lui, crevant sa vision de ses ondulations et bordures incertaines. Les mains s’agrippent à sa gueule. Il se tend. Perceptiblement, mais d’aucune sorte visiblement. "Pourquoi- … pourquoi tu ne veux pas rester à l'intérieur de moi pourquoi-" Elle pue la mort. Ses ongles sont plantés en lui comme ses racines avant eux. Un lent frisson monte le long de son échine, sinuant entre omoplates pour se délasser sur ses cervicales figées par la résistance qu’il lui oppose. Les lamentations d’Adalyn sont reçues dans le silence extrême de sa bouche close mais toujours aussi trouée. Il sent leur salive s’intoxiquer entre elles sous la voûte de son palais. "… tu étais à l'intérieur de moi pendant combien combien dis combien de temps combien de temps tu étais à l'intérieur de moi," dix ans, une décennie, et même une éternité entière si on compte comme des chiens, "et maintenant et maintenant-," et maintenant rien. Le corps massif résiste à ce lui maigrelet qui l’assaille, œil contre yeux, solide dans ses appuis et dans sa haine.

Quand elle hurle, il inspire, absorbant le malaise qui la contracture, monstre abyssal qui se nourrit de tant de choses dont des détresses. La sienne, surtout, oh douce Adalyn, contre qui il a tant rêvé de se venger. Les bras se plient, pognes sur hanches, prêtes à la démolir. Qu’est-ce qu’elle est maigre. Personne ne s’est occupée d’elle pendant son absence. Ils ont tous si peur. De cette serre dans laquelle elle continue de rester, tournant en rond et à jamais au milieu de ses plantes couturées. "Tout le monde est mort et toi encore plus que les autres toi tu devais veiller sur moi et tu devais me parler la nuit et tu devais continuer-" La déclaration est cruelle. Parce qu’elle comporte un peu de vrai. Toujours, n’est-ce pas ? Ce fameux fond de vérité. Cette lucidité terrestre qui la lie au monde des vivants et au monde des morts. "Continuer de te porter," termine-t-il, l’air âcre de son gosier trouvant les narines sanguinolentes d’Adalyn. Ses paumes sont un étau, maintenant, refermées sur la taille et ses milliers de tissus graillés par les mites. "Mon fardeau." La force tranquille de ses bras menace de la soulever. Pour son Dieu seul sait quoi. "Je t’ai aimée dix ans. Je t’ai affrontée six autres. Et puis, pendant deux siècles, je t’ai maudite." Une récapitulation nécessaire. Sa victimisation le répugne ; quelle histoire pense-t-elle s’être racontée ? "Qu’est-ce qu’on est vieux…," observe-t-il plus bas, dans le pli d’un sourire sévère et las.

"Pourquoi tu as décidé de revenir à la vie ?" l’accuse-t-il en retour, imitant sa sombre logique. "Je te préférais morte. Imagine la peine que tu me fais à revenir me hanter." Ses pognes s’élancent brusquement contre la bouille barbouillée d’Adalyn, croisant leurs bras entre eux dans un face à face de bêtes nécrophages. "Où est-ce que tu étais partie ?" Cette question qui l’obsédait, l’obsède, et l’obsédera toujours. Ridicule. Pourquoi redevient-il le pire de lui-même à son contact. Pourquoi sombre-t-il si facilement quand elle le touche. Ce n’est même pas ses putain de pouvoirs. C’est elle. Elle tout entière. "Tu me veux en toi ?" qu’il siffle, Serpent tentateur redevenant langoureux. Il l’embrasse avant même qu’elle réponde. Un baiser crade et méchant, qui vient trouver sa langue comme on déterre un cadavre de sa terre. Un baiser tiède et carnassier, cannibalisant tout de sa petite bouche pleine de dents rouges et de bave exsangue. Un courant d’air dans son trou s’apeure du spectacle en visitant leurs organes moites. Vite. S’en aller. Laisser au peu d’oxygène qu’ils se cèdent le patrimoine de leur débauche. Des grognements montent. C’est toutes les insultes qu’il s’envoient dans leurs glaviots languides.

Et puis Adalyn se transforme. Chair et silhouette métamorphosées sous les mains du thaumaturge, tombant dans un mouvement lourd et étroit sous forme d’anaconda. Le serpent, plus menu que la moyenne, roule gentiment à ses pieds. Les paupières d’Osmond se rouvrent, œil et cratère reprenant leur droit sur cet horizon qu’elle a osé lui gâcher. Il baisse la tête en direction de sa créature, dorénavant moitié elle moitié sienne. Guère d’autre choix que de lui obéir, maintenant, que de le suivre où qu’il aille, où qu’il lui ordonne d’aller. Osmond se recule, enjambe à nouveau le massacre, récupère son téléphone resté sur place (il ignore le couteau) et le glisse calmement dans le revers de son costume ravagé. Quand il revient vers l’anaconda, son Créateur lui dit simplement. "Sois une gentille fille, et suis-moi."

Ils ont déambulé sur plusieurs mètres, l’un marchant, l’autre rampant, dans un silence agréable exempt d’esclandres. Quand ils arrivent à la planque, ancien morceau de commissariat réhabilité par et pour les Orphans (c’est qu’ils ont de l’humour), Osmond laisse passer son anaconda qui se dirige docilement jusqu’aux cellules vides. Il s’y enroule alors, beau dans sa longueur aux nuances glauques, puis se laisse palper par la main affectueuse de son Créateur. Il imagine qu’il y a là la nuque d’Adalyn, un peu plus bas ses petits seins durs, et plus bas encore les os de ses hanches. Tout cela métamorphosé en l’animal que sa Bible et son Dieu honnissent tant. Lui l’aime. Il faut bien que quelqu’un se dévoue. Les doigts s’enfoncent un peu plus contre les écailles, dans une longue caresse tout à fait charnelle. Quand il s’arrête, c’est pour se redresser et sortir son téléphone.

Il appelle Bobby et lui indique son emplacement.
Il faut qu’il le téléporte d’urgence.
Il est vraiment en train d’agoniser.

Plusieurs heures ont passé. En vérité un jour entier.
Adalyn s’est réveillée dans sa cellule fermée, avec rien d’autre que l’humidité de la planque pour lui tenir compagnie. Osmond revient dans une allure impeccable, de son corps, totalement propre et remis, à ses habits, entièrement renouvelés, en passant par son regard redevenu entier. L’élégance discrète, royale et fourbe se tient cette fois en une chemise et un pantalon, noirs, chaussures cirées comme il faut. Il referme derrière, portant une couverture, une bouteille d'eau et un sandwich, qu’il dépose devant les barreaux de la cellule. Le générateur mis en marche permet à certaines loupiotes d’éclairer le lieu, sortant Adalyn de la noirceur dans laquelle elle a croupi pendant 24h. Elle est nue, forcément. Ses hardes et haillons sont restés là où il l’a faite sienne. Que garde-t-elle de cette expérience ? Il arbore son masque tranquille et flegmatique, tandis qu’il se saisit d’une chaise et s’assoit en face de la cellule, à distance raisonnable. Les jambes sont un peu écartées, le dos profondément en appui sur le dossier qui craque, bras détendus sur ses cuisses, mains nouées. "J’ai un problème, Adalyn." S’il n’en avait qu’un. Mais celui-là mérite qu’ils y réfléchissent à deux. "Je ne sais pas quoi faire de toi." Les lippes se figent. Un bout de godasse cirée se met à taper lentement contre le carrelage éclaté de l’ancien commissariat. "A ton avis, qu’est-ce que je devrais faire de toi ?" L’enfermer, comme disait Elige. L’enfermer à jamais dans cette petite cellule malodorante et pleine de noirceurs, venir la nourrir de temps en temps comme on vient visiter un vieux souvenir, et ne jamais l’en libérer.

Où est-ce qu’elle partirait, s’il ouvrait sa cage ?
Où est-ce qu’elle partirait.
Invité
Invité
Anonymous
CORPS
ESPRIT
ÂME
dark woods and pagan suns
@osmond rose & @billie bloom
tw: cf profil.

– … continuer de te porter.
Cecil et sa voix et les vérités. Cecil qui lui fait mal. Dag n'arrive plus à respirer au milieu de ses sanglots et de tout son sang. Et elle pourrait crever. Dans l'instant. Elle croit crever. Plus sûrement que toutes ses autres morts. Il n'y a plus que lui dans sa vision charcutée. Et il n'y a plus que ses notes dans ses oreilles bourdonnantes. « Mon fardeau. » Si les mots ne sortaient pas c'est qu'elle ne les voyait plus. « … je t’ai aimée dix ans. Je t’ai affrontée six autres. Et puis, pendant deux siècles, je t’ai maudite. » Son esprit secoué sur les âges. Elle s'éparpille. « Qu’est-ce qu’on est vieux… » Mille et un morceaux d'elle-même éclatés à leur atmosphère. Et ça ne s'arrête pas. Ça ne se termine jamais. Pas avec lui. Parce qu'il parle et qu'elle n'est plus apte à rien. Hormis se tordre entre ses doigts qui la compriment trop fort. Pas assez. Cecil l'a empoignée et Dag ne comprend même pas comment c'est encore possible. Qu'il soit si réel. Qu'il soit si prégnant. Qu'il soit partout. Et nulle part. « Pourquoi tu as décidé de revenir à la vie ? » Elle ne le voulait pas. « Je te préférais morte. Imagine la peine que tu me fais à revenir me hanter. » Elle n'aurait jamais arrêté. Gestes entrecroisés. Les monstres manquent se déchiqueter. Encore. N'ont-ils pas assez soufferts. Ne se sont-ils pas assez mordus. Ils n'ont plus que le goût de l'autre dans la gueule. Une faim sans fin. « Où est-ce que tu étais partie ? » Elle ne sait pas. « Tu me veux en toi ? » Elle n'existe qu''à travers ses yeux. Ses lèvres à ses lèvres. Il menace plus qu'il ne console. Un baiser-blessure. Il la balafre et l'éviscère.
Et Dag disparaît.

Elle est. Reptile. Elle est instincts et mesure. Froide et languide. Elle est ce qu'elle ne sera jamais tout à fait. Ou seulement dans le glacial et le noir de ses nuits. Monstrueuse dans sa forme la plus simple. Primitive. Sentiments annihilés. Pensées effacées. Aveugle et sourde. Seulement les perceptions pour la guider. Sa langue pour le ressentir. Sous ses minuscules narines, le capteur nécessaire à sa traque. Reptile suit les secousses du sol. Ses pas. « Sois une gentille fille, et suis-moi. » Le Créateur ordonne et la chimère rampante obéit. Elle ondule à travers les décombres. Elle se glisse entre les anfractuosités du sol. Elle ne s'éloigne jamais. Rattachée. De sa conscience à sa conscience. Un filin invisible et tenace et tranchant. Incassable. La moindre incartade devenue illusoire. Reptile est esclave et non prédateur. Si elle avait une gorge assez large et des poumons assez profonds, sans doute que monterait de la terre un interminable hurlement.

Corps recroquevillé sur le sol. Elle émerge et elle ne saisit pas, les lieux et les formes et l'ombre qui la choient. Dag grelotte. Frigorifiée. Prise dans l'étau de ses chocs. Elle met un temps disproportionné, pour réapprendre sa matière. Pour comprendre l'abscons. Elle en a goûté, des terreurs. Des centaines ou des milliers. Celle-ci n'a pas la saveur des orgasmes. Sa silhouette rachitique  est claustrée dans l'immobilité. La raideur de ses membres contracturés. Une minuscule boule de viande exsangue, voilà ce qu'elle est. Elle retombe en enfer.

Corps recroquevillé sur le sol. Elle s'anime à nouveau et elle ne s'explique pas l'endroit et les murs autour et le plafond au-dessus. Dag claque des dents. Les muscles tremblent convulsivement. Prise dans la violence de ses découvertes et de son enferment. Elle pourrait bouger mais elle ne fait rien. Elle n'ose pas. Car si elle bouge c'est qu'elle existe et si elle existe c'est que tout est réel.

Silhouette nue dans un angle de la cellule. Il y a des barreaux. C'est une cage à taille humaine. Dag s'imagine qu'en se coulant au mur personne ne la verra. Personne ne l'entendra. Personne ne la retrouvera. Et la panique rapidement lui ondoie au moelleux des boyaux. Alors elle appuie ses paumes sales non plus d'hémoglobine de cyprine de bave et de morve mais seulement recouvertes de poussière contre sa bouche. Pour retenir le cri. Le cri au milieu des cris qui lui ravagent le crâne. Prunelles exorbitées. Dag fixe le vide devant elle. Ses guibolles maigres croisées, ses petons opalescents glissés sur ses fesses. Elle est minuscule. Faible. Et malade. Car si les plaies ne germent plus sur son derme, les dégâts ont puisé ses ressources. Et l'ombre oh l'ombre qui la recouvre et l'humidité glauque et le ciment et le plâtre qui la caressent lui bloquent toutes tentatives de fuite toutes tentatives d'éclatements.

Silhouette nue debout dans la cellule. Il y a toujours les barreaux. C'est devenu sa cage à taille humaine. Dag ne s'imagine plus rien. Le bras ripe contre le mur le plus proche et la chair racle la peinture qui s'écaille. Une pluie grisâtre de petits débris lui éclabousse les seins et le ventre et les cuisses pour finalement couvrir ses pieds. Elle longe le mur de droite à gauche et de gauche à droite. Recommence. Occupe l'espace. Occupe le temps.

Pattes accrochées aux tiges d'acier. Elle hurle en travers et elle secoue et elle tire. Et elle recommence et elle force et rien ne bouge. Elle hurle ses néants et elle hurle pour camoufler les cris et les rires qui lui maculent la cervelle. Et ses bras s'étirent en travers la ferraille qui lui écorche les épaules, qui lui presse douloureusement les clavicules. Elle s'étend et elle tente d'attraper sa liberté qui s'amuse. Sa liberté qui toujours lui dégouline entre les doigts.

Animal déboussolé. Dag s'est soulevée des ongles à force de gratter une fissure du mur. Son rouge perle sur la pulpe et elle dessine. Elle dessine des arabesques. Elle dessine des ombres et elle dessine son visage. Elle dessine Cecil. Doit s'y reprendre à plusieurs fois. Son sang coagule. Ses plaies sont renouvelées, ré-infligées, saupoudrées de ses gémissements crevés dans sa gorge. Jusqu'à ce qu'elle ait si mal au bout des doigts qu'elle ne puisse plus les poser sur le plâtre. Et elle tombe, et elle s'écrase contre le mur et elle tremble encore. Parce qu'elle a froid parce qu'elle a mal parce qu'elle voudrait sortir d'elle-même et redevenir, il se peut, sa récente terreur.

Crétine hilare. Dag a le rire qui ne s'arrête plus. Les prunelles grandes ouvertes sur le plafond et la bouche avalant l'air rance. Elle hurle de rire et son petit thorax crépite et craquelle sous les assauts. Psyché en fusion. Elle sait qu'elle sortira, d'une façon ou d'une autre. Elle sait que rien ne la retient. Ici ou ailleurs. Elle sait qu'elle n'est ni vivante ni morte. Elle sait qu'elle est un spectre et elle répète que les spectres savent traverser les murs et que les spectres hantent et que les spectres n'ont jamais sommeil. Dag n'a pas dormi depuis. Depuis combien de temps. Dag n'a pas dormi depuis sa filature. Depuis avant. Depuis le carnage. Depuis sa transformation. Depuis les instincts et la mesure. Depuis que ses orbes sont redevenus pupilles fixes et dilatées et non pupilles troubles et fendues. Dag a des cernes noirs sous le bleu givré de ses yeux.

Dag parle et Adalyn répond. Dag insulte et Adalyn montre les dents. Chevauchements intracrânien. Les souvenirs l'avalent tout entière et elle tombe. Et elle tombe. Et elle tombe. Et elle éclate de rire et elle hurle et elle se coince la tête entre les bras. Son petit corps nu et maigre ramassé sur lui-même dans la cellule. Les paupières closes. La bouche tordue. Elle se cache le visage pour ne pas regarder ses fantômes lui tourner autour. Ils sont une meute de loups difformes et souriants. Elle se cache le visage pour ne pas avoir à affronter délires et réalité enchevêtrés. Adalyn se protège. Protège de qui. Adalyn se protège de Dag. Et Dag frappe son front une première fois contre le carrelage pété sous elle(s). Et une seconde fois. Dag cogne à s'en faire céder l'os. À s'en dérégler la vision. Car elle est seule. Et elles n'ont pour échos que le silence.

Adalyn est prostrée autant que l'est Dag. Elles ont rejoint leur angle mort. Jambes repliées contre leurs seins. Bras enroulés et croisés sur les tibias. Leur bouille écrasée sur le dur des genoux. Le tendre et moelleux de la joue creusé par une rotule. Elles attendent. Elle attendent que leur éternité coule. Leur corps recouvert de leur blondeur lugubre. Elles finiront par disparaître. Pas totalement. Jamais absolument. Ça, elles le savent. Mais elles s'amoindriront et l'idée se fraye patiemment un chemin sous l'ovale blessé de leur front.

Ce n'est ni la lumière clignotante ni les bruits de froissements ; ce n'est pas les offrandes posées non loin des barreaux ni même les pieds grinçants de la chaise ; c'est sa voix qui rallume sa conscience. Sa voix. Cette voix. La voix. Dag est reprise de tremblements. Réinvestir le tangible est une douleur qui la glace.
– J’ai un problème, Adalyn.
Son museau pivote par saccades en direction de la voix. Elle observe sans voir. Les contours indéfinis dans la pénombre éclatée en lumière pisseuse.
– Je ne sais pas quoi faire de toi.
Dag retient un rictus. Les crocs plantés dans la lippe. Adalyn est avalée dans les profondeurs de sa tripaille. Entre eux-trois, le tapotement nerveux et insupportable d'un bout de godasse. D'une jambe qui fait de petits bonds. Les pattes blanches se plaquent aux oreilles. Obstruent les sons. Les empêchent de grimper et ouvrir les tympans. Il y a tellement de bruits qu'elle va devenir folle. L'ironie interfère et lui fait mordre plus fort la chair. Le rire grésille contre la glotte. Adalyn égorge Dag.
– A ton avis, qu’est-ce que je devrais faire de toi ?
Le silence lui répond.

« … elle s'appelle Margery et c'est ce que j'ai fait de plus merveilleux », Adalyn se détourne et scrute les doigts qu'elle écarte. Elle observe le rouge dans les rainures et les ongles cassés et la pulpe à vif. « Elle a grandi en moi et quand elle est venue au monde je n'ai jamais ressenti plus grande terreur parce que- » elle penche le visage. Elle est perdue tout à sa contemplation. « … j'aurai aimé qu'elle soit de toi et j'aurai aimé que tu l'aimes et j'aurai voulu- » le visage retourne à sa rotule. Dag tremble et se débat aux lacis de ronces qu'est sa matière grise. Adalyn a la voix qui se casse « je n'ai pas réussi à la protéger tu comprends. Je n'ai pas réussi à la protéger de moi. » parce qu'il n'y a jamais eu qu'elle comme danger à cette existence. Car il n'y a jamais eu qu'elle comme socle ou ancre pour la conscience immature. « Je suis sûre que tu l'aurais trouvée magnifique et que tu aurais su la protéger de tout », sa menotte s'écrase sur sa face. Le revers dévie les dégoulinades. Ramasse la honte et le chagrin. « Ils l'ont prise tu sais. » il ne sait pas il ne sait rien. « ... pourquoi les hommes doivent toujours se montrer cruels quand ils ne comprennent pas ». Elle ne le regarde pas. Sa main retombe. Rejoint le sol. Son regard suit. Elle joue avec les écailles de peinture.

Et son silence.

«... j'ai déjà connu des endroits plus sympa même si ça sentait la pisse. » Dag pointe son minois en direction de Cecil. Scrute. La risette fauve lui soulève les ridules. « Tu savais que les dingues ont tendance à se pisser dessus à tout bout d'champ ? Putain c'est dégueulasse et insupportable. Y en a même qui jouent avec la merde. » Elle a un éclat d'un rire. Sec. Qui crève aussitôt les volutes de son souffle se perdent dans les hauteurs. « Mais j'crois que dans le fond du fond des profondeurs les plus cinglés c'est pas tant ceux qui chialent et qui morvent et qui braillent contre les portes. » Elle secoue son petit menton. Non. Non vraiment. Dag a toujours raison. Les cuisses et les épaules et les hanches de Dag sont secoués de spasmes. L'excitation autant que son encagement la tourmentent. « Ils pensaient qu'enfoncer une tige de fer dans la tête ça calme les gens putain t'imagines » non, sans doute pas. « ... ça te traverse l’œil et t'as beau vouloir gueuler tu peux pas parce t'as du cuir entre les molaires et crac! ça claque à l'intérieur. Tu peux pas oublier le bruit que ça fait c'est impossible. Des petits coups des petits coups tactactac de petit marteau et c'est terminé », elle se recroqueville. Elles frissonnent. « Oh Dag oh putain on dit pas lobotomie on dit leucotomie et puis c'est pas une tige c'est un or-bi-to-cla-steuh. » Nouveau rire. Fou rire. Enfoui dans ses genoux. « C'est pas le plus désagréable. Ce qui est désagréable c'est quand tout se reconstruit à l'intérieur. » Elle tremble plus fort. C'est nerveux. Elle se déchire. « Il leur a fallu trois fois pour comprendre que ça changeait rien que ça pouvait pas que j'étais différente. » Ses phalanges s'enfoncent dans sa tignasse. S'encastrent sur son scalp. « J'aurai préféré qu'ils continuent à être complètement cons ».

Et son silence.

«... quand je suis revenue elles étaient mortes. » Darla et Alice, à bouffer les vers. « Beatrix m'a tellement gueulé dessus que j'entendais plus rien mais peut-être aussi que j'entendais déjà plus rien avant. » Elles se mélangent et les souvenirs sont une noyade. « Tu crois qu'à force d'écouter on peut finir par devenir sourd ? » leur faciès revient à la contemplation de leur rêve. « ... tu crois que le silence peut être plus strident que les cris ? » et soudain Dag jappe « Plus jamais tu me transformes sans ma permission » et à Adalyn d'ajouter « c'est moi qui décide ».

Elles s'enlisent.

« ... pourquoi les hommes changent dès lors qu'ils goûtent le sang des hommes... » pas une vraie question. Songerie de leurs néants. « J'ai fait comme tu m'as appris je te jure je l'ai fait. Je me suis vengée de tous mais il n'y avait plus de sens parce que tout le monde est mort », elles se redressent, légèrement. Vérifient qu'il est toujours bien réel. « Tu as vu toi aussi le ciel en feu et les villes éclater sous les bombes ? » la guerre, les guerres, lui ont durablement broyé l'esprit. « Le jour où je suis sortie est le jour où le ciel était en feu. » Elle le dévisage. « Je crois que quelque chose a changé en moi parce qu'il y avait les ennemis mais mes ennemis étaient déjà dans les murs et tout le monde s'est entre-tué- » elles s'assurent qu'il n'est pas une nouvelle hallucination. «… ce que tu as fait ce que tu leur a fait ce qui m'a fait jouir tu te souviens- » Dag remonte et tout déraille. « Moi je n'ai pas eu à le dire ils l'ont fait et j'ai eu peur vraiment peur mais je suis là » ou ailleurs. « Qu'est-ce qu'on s'en fout putain qu'est-ce qu'on s'en fout », Dag crache sa haine « être dans un camp ou l'autre on s'en branle. L'important c'est de les anéantir. Tous. Tous parce que tout le monde doit mourir n'est-ce pas ? Tout le monde doit crever c'est la Nature qui l'a dit et la Nature ne ment jamais- », sa nuque se tord, ses épaules se resserrent. Elle hésite et regarde le sol. Les sourcils se froissent. « ... enfin presque. » Son ivoire grince. Ses gencives chuintent. « Tu crois qu'on ne fait plus partie du monde ? » Une vraie question. Sa bouille pivote violemment. Ses rétines plantées vers le visage de Cecil.

Et son silence.

Dag se redresse un peu. Son corps ankylosé. Ses muscles et ses nerfs en tortures. Ses os craquent aux premières mouvances. Elle crapahute difficilement. Elle rejoint les barreaux. Elle y colle son museau. Et elle le regarde. Bras enroulé à l'une des barres. L'acier lui hérisse l'épiderme. Ses mamelles durcissent. Sa bouille est impassible. « Tu es beau » et elle est sincère. « Avec ou sans trous. » Elle sourit. Un sourire tendre un sourire dingue un sourire émerveillé. Lèvres soulevées sur les dents. « Je n'arrive plus à me souvenir de toi vraiment toi maintenant que tu es là. » Elles étouffent. « Tu ne peux pas me laisser ici. » Adalyn se brise. « Si tu me laisses ici je vais mourir. » Dag agresse « Le corps va persister le corps va vouloir s'incruster dans les entailles et les fentes mais- » Elles s'effondrent. « Mais moi je ne pourrais pas le supporter je ne pourrais pas l'endurer à nouveau. » et les larmes lui roulent sur les pommettes et le long de la gorge. « Si tu m'as aimée avant de me haïr tu dois me laisser sortir ou tu dois me tuer et il n'y a que le feu qui saura y parvenir-» le timbre cloque. Un doute. « ...je crois. » Ses billes bleues dégringolent sur la silhouette mâle. Ses phalanges blanchissent sur l'acier. « Tu devras disperser mes cendres loin de l'eau loin de la terre loin de toute lumière » elles pantellent « surtout ne me jette pas à la terre parce qu'elle ne me laissera pas m'en aller elle me recouvrira et elle me protégera et elle me nourrira jusqu'à me cracher de nouveau et- » elles chialent. « Je suis fatiguée Cecil je suis tellement fatiguée. » Le petit corps glisse de quelques centimètres, s'avachit. « Laisse-moi au ciment à l'asphalte à l'acier laisse-moi dans le froid et l'obscurité. » Elles murmurent « ... ne t'inquiète pas, ça ira » elles jurent « mes atomes retrouveront tes atomes, toujours. »

 
Osmond Rose
Originel·le
Osmond Rose
CORPS
ESPRIT
ÂME
Genre : Cis., masc.
Age : Quinqua de 236 ans.
Dollars : 1492
Zone libre :
dark woods and pagan suns (blind#1) B2f554b632f53d58adceffc067acc491
the day I died
I didn't tell
my body

|
you never
feared the abyss

dark woods and pagan suns (blind#1) Ra48t6aq_o dark woods and pagan suns (blind#1) 9HqrKldU_o

Occupation : Propriétaire du Noctal (maison close) et gérant de l'Unlock (pawnshop) dans les profondeurs de l'Underapple. Leader déchu des Orphans, déclaré mort depuis décembre.
Habitation : Ses appartements souterrains au Noctal.
Déchirures :

₪ A P O P H I S ₪

Lord of darkness and chaos

dark woods and pagan suns (blind#1) AxI6stHu_o dark woods and pagan suns (blind#1) ApEwOZTM_o
***
While they scream and perish,
he licks a finger and turns the page

MUE -- régénération cellulaire, cicatrisation en surface et en profondeur, vieillit beaucoup plus lentement et se remet de blessures ou maladies graves.

CORRUPTION -- (niv.1) se nourrit de transgressions commises, gain d'énergie vitale ; (niv.2) commande à autrui la transgression qu'il veut voir commise ; (niv.3) son esprit est impossible à corrompre en retour, toute tentative de manipulation, intrusion ou altération se solde par un échec, la sensation d'une angoisse profonde, et des effets secondaires variables (nausée, évanouissement, lésions cérébrales graves).

TENEBRES -- (niv.1) obscuration des lumières artificielles, visibilité nulle pour l'œil humain et les appareils ; (niv.2) obscuration des lumières naturelles, même principe ; (niv.3) invocation d'une entité ténébreuse, "Jo" (pour Jawbreaker) semblable à un serpent de fumée, long de 7 mètres avec la force de 7 hommes.

SERPENTS -- (niv.1) transformation de n'importe quelle matière en serpents ; (niv.2) les contrôle même à distance et communique avec eux.

INFRAMONDE -- (niv.1) résurrection ; (niv.2) invocation d'entités démoniaques et spectrales.

Limites :
MUE -- procédé long (4h) et douloureux (écorchement vif).

CORRUPTION -- (niv.1) doit assister aux transgressions ou qu'elles soient survenues dans les 72h pour s'en nourrir ; (niv.2) ne manipule plus qu'un max de 6 personnes par jour, 4 en simultané à cause d'une malédiction ; (niv.3) ne contrôle pas la gravité des effets secondaires, dépend de si l'individu est novice ou non.

TENEBRES -- (niv.1) perim. de 20m pour 10 minutes ; (niv.2) perim. de 30m pour 5 minutes ; (niv.3) durée de l'invocation variable (9 à 15 minutes), Jo provoque des tremblements (max 3 échelle de Richter) en arrivant, et quand il ne peut pas traverser les revêtements routiers (max 6 sur l'échelle de Richter).

SERPENTS -- (niv.1) transformation max égale à son poids, pour une durée de 3h ; (niv.2) télépathie simple loin de la complexité d'une langue (émotions, compréhension des intentions, flashs visuels).

INFRAMONDE -- (niv.1) quitte son immensité et sa puissance dans le supramonde, difficulté à se réhabituer à son corps humain ; (niv.2) 3 démons ou 1 défunt pour un total de 1h/24h, peut perdre le contrôle sur les défunts.

Stigmates :
-- œil de verre (droit).
-- haemolacria (droite).
-- lésions radiques invisibles.
-- brouilleur de capteurs vivant.
-- une cicatrice de décapitation.

Inventaire :
-- (lost) une vieille chevalière avec le logo d'Icarus dessus et un peu de sang dans les interstices.
-- des lunettes de soleil pitch black.

Pseudo : .exe
Comptes : Jeremiah.
Genre IRL : She/her.
Messages : 521
Date d'inscription : 13/02/2023
FC : Rufus Sewell.
Crédits : Martyr (av.)
Thèmes abordés : Body horror, gore, occultisme, horreur, manipulation, violence, dysf. familial, meurtres, terrorisme, criminalité.
Thèmes refusés : Ràs.
Infos RP :
(( dial : slategrey ))
-- présence régulière.
-- dials fr ou ang.
(( 4/3 rps ))
-- Love [AU]
-- Darius [fb, 1820]
-- Laudna [été 2025]
-- Amy [décembre 2025]

dark woods and pagan suns
@osmond rose & @billie bloom
tw: cf. profils.

Un silence lourd s’est abattu dans le commissariat désaffecté. Seules quelques gouttes tombent quelque part dans le fond de la salle mal éclairée, avec une répétition approximative. La faïence fêlée et le crépis poudreux ont gardé un peu des hurlements proférés par la prisonnière, car ils semblent encore en trembler ; ici et là des petits morceaux dégringolent, formant une pluie de débris insignifiants qui gangrène la pénombre.

Osmond s’est perdu dans la contemplation du portrait qu’il ne reconnaît pas comme étant celui du jeune-homme qu’il a, il y a si longtemps de ça, été. Adalyn a gardé son don naturel pour le dessin, si ce n’est qu’il est maintenant déformé par ses vésanies obscènes bonnes qu’à faire grimacer. Il ne grimace cependant pas. Les traces rouges sont suivies des yeux avec une attention sage et sinistre. Quelle terrible, terrible chose à observer - il dévie son regard vers elle ; quelle terrible, terrible chose à dévisager. La silhouette blanche et nue continue de vouloir prouver qu’elle est, sinon en vie, pas tout à fait morte. Osmond patiente qu’une réponse lui soit apportée, comme si cette réponse allait décider pour lui de ce qu’il compte faire d’elle. Mais ce n’est pas une réponse qui vient. C’est un récit. Le récit d’une vie qu’il a ratée, à laquelle il n’a pu être ni le témoin ni le spectateur.

Margery, d’abord. L’engeance qu’un hasard méchant a voulu mettre entre les mains de l’éternelle femme-enfant. Qu’est-ce qui pouvait mal tourner…? Elle se lamente entre les barreaux, regrette qu’elle n’ait pas été de lui, qu’elle n’ait pas su la protéger, que les hommes soient cruels quand ils ne comprennent pas. Il la suit dans ses mots comme s’ils déambulaient côte à côte, visitant ensemble les tableaux de son passé. Faute d’y trouver un portrait fidèle, une petite tête blonde est imaginée au milieu des rangées, pleine de longues mèches indisciplinées comme celles de sa mère. Il y a avec elle un sentiment abscons, l’impression de la connaître alors qu’il ne l’a jamais vue. La tragédie est ajoutée comme les coups de fusain que donnait autrefois Adalyn, noircissant la composition de drames qu’il ne peut là encore qu’imaginer et d’un dénouement à qui il ose à peine donner des formes. Le visage de Wilhelmina se superpose aux épaisseurs opaques, petit visage poupon cerné de boucles noires, livide, oh, si livide. Ils ont fait des parents épouvantables, ce n’est même pas une certitude : c’est une évidence. Il ferme un instant les yeux. Voit dans le noir de ses paupières que Margery a pris les boucles noires et Wilhelmina les mèches blondes. Le fantasme est balayé en rouvrant les yeux. Certains monstres ne devraient pas engendrer. Ils en font partie.

(Oui, il aurait protégé sa petite Margery.)
(Et elle aurait aimé sa petite Wilhelmina.)  

(C’est moche, de rêver.)

Le décor change. Basculent avec lui la peine d’une mère et son désespoir aimant, laissant place au froid mortifère d’un asile. Car c’est bien là-dedans qu’elle a fini, cloîtrée derrière des murs qu’il lui a tant de fois évités. Après avoir déploré le service et la compagnie qu’elle y a trouvés, les pratiques sont scrupuleusement restituées par sa bouche sèche, qui (Dag ?) dicte à voix haute ce qu’on a fait subir au corps. Osmond a un frisson. Il n’est pas celui du dégoût, il est celui de l’amertume où traîne des scories de rogne pour ceux-là qui l’ont internée. L’imaginaire est guère peu convoqué cette fois tant elle décrit bien la manœuvre opérée du bout de l’ustensile. Sa propre orbite creuse lui en fait mal, soudain plus sensible aux douleurs fantômes. Combien de fois a-t-on répété sur elle les gestes de la torture ? Il la scrute au milieu du carrelage, dans cette cellule malodorante à peine plus sympa que celles dans lesquelles ont l’a faite croupir. L’en libérer, tout de suite et sans attendre. L’en libérer et lui demander pardon.

Il ne bouge pas.

Les couloirs mémoriels défilent encore, exposent maintenant la mort d’il-ne-sait-qui. Elles ? Elles qui ? Beatrix est convoquée dans le souvenir, décrite comme une morte qui pourrait bien être encore en vie. Comme Adalyn. Exactement comme Adalyn. Le regard d’Osmond s’étrécit légèrement derrière ses paupières. Combien de ces pleutres circulent encore dans le monde alors qu’il les pensait toutes et tous morts ? A l’irritabilité vive, rejaillissement d’une colère beaucoup plus sourde et ancienne, se greffe un engourdissement équivoque, qui affadit cette rage originelle. Il y en a qui sont encore en vie. La révélation vient avec une émotion spleenétique qui vaut la peine d’être acceptée ; en hommage à une époque certes révolue mais importante. Et puis ça lui passe. Et ne reste plus qu’une réflexion exempte de tout pathos, lisse comme une page où commencent à s’écrire de nouvelles machinations. La première question qu’il y couche s’interroge sur l’ancien trio qu’était Leta, Adalyn et Beatrix, indivisible s’il en était et pourtant bel et bien divisé. Leta doit être en effet morte, laissant un déséquilibre entre Adalyn et Beatrix et des engueulades assez fortes pour que les liens se désunissent dans le Temps. Osmond range méthodiquement l’information dans son crâne plein d’engrenages qui cliquètent dans le noir.

"Plus jamais tu me transformes sans ma permission, c'est moi qui décide." Il cille, étonné. Sans opiner, la nuque flanche, tête doucement penchée dans le craquement sourd d’une vertèbre. Le Serpent retient un sourire en coin. Dans la sommation d’Adalyn (Dag ?), quelques coulures d’envie ; de retrouver ce corps long et froid qui rampe et qui siffle. L’expérience ne fut donc pas si désagréable. Elle le voulait en lui ; il y est. Tout autant qu’elle était en lui, par petites tiges et fibrilles, sous ses chairs trouées et saccagées, avant que sa mue faite dans le calme et le secret se soit totalement débarrassée d’elle. Totalement. Entièrement. Sauf peut-être dans cet esprit plein d’engrenages cliquetants et de ténèbres crues, où elle continue de valdinguer d’une roue dentée à l’autre en gâchant son noir si noir de sa foutue blondeur qui n’a même pas eu la décence de devenir grise.

"... pourquoi les hommes changent dès lors qu'ils goûtent le sang des hommes…" Il n’a rien à lui répondre. Cecil non plus, ne lui a jamais répondu à ce propos. Certaines choses ne changent pas. D’autres, oui Adalyn, comme les hommes : pourrissent. "J'ai fait comme tu m'as appris je te jure je l'ai fait. Je me suis vengée de tous mais il n'y avait plus de sens parce que tout le monde est mort." Il peste intérieurement. Remet en question les machinations auxquelles il a commencé à réfléchir en parallèle, s’interroge sur la survie de Beatrix puisque tout le monde est mort. Elle dit s’être vengée mais ne dit pas de qui : leur ennemi naturel continue de les toiser, plus gargantuesque que jamais ; et il n’a pas la naïveté de croire qu’elle l’a vengé lui. "Tu as vu toi aussi le ciel en feu et les villes éclater sous les bombes ?" Il met un temps à hocher la tête. Nouveau chapitre, griffonné avec la même hâte que ses lèvres sèches s’agitent. Difficile de la suivre ; mais il la suit. Il ne pensait pas se réhabituer aussi vite à ses manies. "Le jour où je suis sortie est le jour où le ciel était en feu." Sont-ils à ce point similaires…

"Je crois que quelque chose a changé en moi parce qu'il y avait les ennemis mais mes ennemis étaient déjà dans les murs et tout le monde s'est entre-tué- … ce que tu as fait ce que tu leur a fait ce qui m'a fait jouir tu te souviens-" Hélas, oui. "Moi je n'ai pas eu à le dire ils l'ont fait et j'ai eu peur vraiment peur mais je suis là." Elle confirme ses capacités coercitives ; plus puissantes qu’il ne le pensait. Quelques cliquetis supplémentaires résonnent dans son crâne. "Qu'est-ce qu'on s'en fout putain qu'est-ce qu'on s'en fout," délire-t-elle encore. Il croit, presque perceptiblement, voir l’ombre double s’agiter autour d’elle. Celle qu’elle appelle Dag, sans doute. "Etre dans un camp ou l'autre on s'en branle. L'important c'est de les anéantir. Tous. Tous parce que tout le monde doit mourir n'est-ce pas ? Tout le monde doit crever c'est la Nature qui l'a dit et la Nature ne ment jamais- … enfin presque." Il renifle. Que la Nature a bon dos.

"Tu crois qu'on ne fait plus partie du monde ?" Elle le brusque dans son étude avec ses questions existentielles. Tête blonde qui n’a pas eu la décence de devenir grise, s’agitant ici et là partout dans ses engrenages, provoquant pannes et accidents. Adalyn s’est toujours posée beaucoup trop de questions, cela sans jamais attendre la moindre réponse en retour ; un puits sans fond d’angoisses et d’euphories, qui s’y jettent en faisant croire qu’il faut les rattraper. Qu’importe l’atterrissage, pourvu que la chute soit longue, interminable, vive et frénétique, pourvu qu’elle la fasse se sentir en vie, derrière des barreaux froids ou sur l’herbe grasse d’un jardin à l’anglaise. Cecil et Osmond se joignent un bref instant dans le regard distant qu’ils lui portent, conscients de cette chute qu’ils ne peuvent pas arrêter. La résignation était autrefois fidèle. Elle est maintenant perverse. Il était autrefois en haut de ce puits, malheureux de la voir tomber. Il est maintenant tout en bas, heureux de la voir arriver. Oui, en un sens, ils ne font plus partie de ce monde. Il n’y a qu’à regarder les aberrations qu’ils sont devenus, discutant silence contre folie dans le clair-obscur artificiel.

"Tu es beau. Avec ou sans trous." Un sourire, petite balafre abîmant les ombres de la cellule. Il ne réagit pas. "Je n'arrive plus à me souvenir de toi vraiment toi maintenant que tu es là." Il dévie brièvement son regard en direction du portrait sanguinolent, jeune, si jeune. Lui a eu la décence de vieillir. "Tu ne peux pas me laisser ici." Œil vif et œil mort reviennent sur elle. Un début de réponse, enfin. "Le corps va persister le corps va vouloir s'incruster dans les entailles et les fentes mais-" Il tire sur ses cervicales, si intensément que la chaise craque avec lui dans le petit mouvement qui se penche. "Mais moi je ne pourrais pas le supporter je ne pourrais pas l'endurer à nouveau. Si tu m'as aimée avant de me haïr tu dois me laisser sortir ou tu dois me tuer et il n'y a que le feu qui saura y parvenir- … je crois. Tu devras disperser mes cendres loin de l'eau loin de la terre loin de toute lumière. Surtout ne me jette pas à la terre parce qu'elle ne me laissera pas m'en aller elle me recouvrira et elle me protégera et elle me nourrira jusqu'à me cracher de nouveau et- Je suis fatiguée Cecil je suis tellement fatiguée. Laisse-moi au ciment à l'asphalte à l'acier laisse-moi dans le froid et l'obscurité. … ne t'inquiète pas, ça ira, mes atomes retrouveront tes atomes, toujours."

Les gouttes continuent de tomber derrière lui, la faïence fêlée et le crépis poudreux continuent de dégobiller quelques morceaux ici et là. Il reste impassible, égal à lui-même ; sur ses épaules néanmoins le poids d’un monde entier, le leur, l’accable et le cloue sur la chaise. Le marmoréen de ses allures se rompt après plusieurs secondes. Il se lève, contourne son assise et s’éloigne dans la salle en direction d’un placard dans lequel il s’engouffre. Ses mains repèrent les éléments qui y sont entreposés, pour la plupart des produits que Magnet avait scrupuleusement ordonnés à l’attention de Mal, trouve un bidon d’essence et ressort. Le pas est calme quand il revient vers la cellule, un bras au bout duquel est suspendu le bidon, un autre qui part chercher dans sa poche de pantalon le zippo chromé avec lequel il incendie de temps en temps le crâne de ses cigarettes. Absorbé à sa tâche, il dévisse le bouchon, et fait couler en direction de la cellule une rivière d’essence qui envahit bientôt le sol et les pieds nus d’Adalyn.

L’odeur capiteuse du combustible monte à la tête, même après qu’il ait rebouché le bidon, pour le ramener près de la chaise à côté de laquelle il le repose. Osmond ne se rassoit pas. Il pivote derechef en direction de la prisonnière, blafarde dans l’ombre que les petites loupiottes aux différents bureaux n’arrivent pas tout à fait à chasser.

"Te tuer," il marque un temps, contemplant maintenant et seulement le visage émacié plein d’un charme macabre, "est le seul acte miséricordieux que je puisse t’accorder." Le zippo entre ses doigts s’ouvre brièvement, se referme, s’ouvre brièvement… "Regarde-toi," il se lamente, la gueule momentanément épargnée par son flegme inhumain, "regarde-toi, Adalyn-" l’haleine flanche entre ses lèvres, "Dag." L’intonation ne la questionne pas. Il semble qu’elle-même ne sache plus. "Si fatiguée." Et tant d’autres choses, qu’il tait dans le respect néfaste de ses intentions. Elle est plus que fatiguée. Elle est ravagée, de la plus petite particule de matière à ses pensées les plus lucides, elle ne tient plus que sur des os grelottants, ses angoisses et ses euphories emmitouflées dans un drap de chairs à peine plus épais que la cohérence de ses récits. Il est ignoble dans sa compassion, lui qui est aussi ravagé, mais il l’a aimée avant de la haïr et si sa douce Adalyn, charogne protéiforme et nuisible qu’il a, c’est vrai, pris le temps d’admirer, lui supplie de mettre le feu au bûcher : il le mettra.

Encore que.
Nul besoin de le supplier.

Le zippo est ouvert. "Je ne te donnerai pas à la terre, je te le promets." Il avance d’un pas vers la cellule. "Je te garderai, je pense, quelque part ici…" Sa respiration est devenue si épaisse qu’elle bloque parfois le rythme de ses promesses. Ses ténèbres crues menacent de couvrir toutes les lueurs présentes, même celles des flammes qu’il s’apprête à créer. Le chaos et la mort, bien les seules choses qu’il se permet encore d’engendrer. "Mais tu n’es peut-être pas aussi fatiguée que tu le crois," il lance, avec une soudaineté qui abrutit même le métal chromé resté gueule béante entre ses doigts. "Je n’étais pas là quand tu as eu Margery, je n’étais pas là non plus quand ils t’ont internée, ni quand les bombes ont éclaté au-dessus de toi ou que Beatrix t’a engueulée," le regard mort-vivant luit d’une énergie compacte et soutenue, harcèle les yeux d’un bleu larmoyant, les brusque, les moleste. "Mais j’étais là quand tu t’es multipliée en des dizaines de racines, quand ton corps est devenu à lui seul une fondation indigène créant ses propres lois ; je t’ai sentie arrêter ma lame et me transpercer comme la plus meuble des terres. Et tu me dis que tu es fatiguée…" La roulette du zippo est actionnée, enflammant la mèche. "Oh, tu es loin d’être fatiguée. Si seulement tu voyais ce que je vois…" Il a un sourire dégueulasse. Pas pour elle. Pour les Elige, et les autres qui la disaient dangereuse : c’est vrai qu’elle l’est. Mais qu’est-ce qui ne l’est pas. Les aiguilles dans les yeux et les bombardiers l’étaient aussi. Le monde entier est dangereux et on leur reproche d’en être la conséquence.

"Sors de ta cellule, dépêche-toi," il lui dit, lui ordonne avec une implacabilité saisissante. Elle ne peut pas, qu’elle va lui dire, c’est fermé, qu’elle va lui geindre. "Ce ne sont que des barreaux. Que des murs. Tu es bien plus que cela Adalyn, souviens-toi. Tu es un prodige. Les prodiges ne restent pas enfermés. Rien ne les retient." Le débit s’est accéléré, escortant le pas qui approche et la flamme qui menace de tomber dans l’essence. "Ou alors," point d’orgue, "tu es vraiment fatiguée, et tu veux que je t’anéantisse." Le bras se tend, amorçant le geste qui la fera flamber.
Invité
Invité
Anonymous
CORPS
ESPRIT
ÂME
dark woods and pagan suns
@osmond rose & @billie bloom
tw: cf profil.

Il choisit. Pour eux.
Comme chaque fois.
Comme toujours.
Comme à l'éternité.
Cecil choisit ce qu'il advient et adviendra d'eux. D'elle.
Et Adalyn ne moufte pas. Adalyn avale couleuvres et terreurs.
En silence.
Il choisit la mort plutôt que la libération. Et n'est-ce pas une forme de libération. Pour elle. Pour eux. La mort n’était-elle la plus absolue de toutes les libertés la mort la mort la mort lui bat les tempes autant que l'odeur lui défonce les naseaux. L'essence qu'il répand à ses pieds ; le bidon qu'il vide. Et le liquide s'écoule oh putain qu'il s'écoule ; lui glisse autour et sous les orteils et derrière. Langue acide dans laquelle Dag ne bouge pas. Ne patauge pas. Elle l'observe. Faire. Redressée, à peine. Les bras enroulés autour de ses barreaux. Le minois enfoncé entre. Elle l'observe. Faire. Cecil qui comme chaque fois comme toujours comme à l'éternité décide, pour elle. Pour eux. Il est désormais question d'un nous dans son esprit fracassé. Cecil dont elle ne peut plus décrocher ses billes larmoyantes. Parce qu'elle sait. Elle s'obstine elle s'aliène. Elle le retrouve et le retrouvera chaque fois toujours à l'éternité mais. Mais elle comprend qu'elle n'est pas prête. Pas encore. Pour recommencer le voyage. Elle saisit qu'elle voudrait pouvoir le regarder. Le garder. Encore. Pour des minutes. Pour des heures. Ou des jours. Des années. Des siècles. Dag pourrait repousser le temps. Le distordre le saccager remuer le ciel et la terre et cet entre-deux dans lequel ils pourrissent. Pour arrêter cette enflure de temps. Qu'il ne change plus. Qu'il se fige à cet instant à travers les époques. Cecil. Cecil qu'elle réclame qu'elle dévisage. Cecil qu'elle aime(ra) jusqu'à crever de mille façons. Immuablement lui qui n'est plus tellement lui. Lui maintenant pour des siècles et des siècles. L'angoisse est une vilaine petite pute. Elle lui serpente le long des membres. Entre con et gorge. Un bordel incommensurable. Qui la cloue sur son minuscule bout de sol dégueulasse au milieu de ses minuscules délires tout aussi dégueulasses.
Il sort de sa veste de costard un Zippo.
Il sort de sa veste de croque-mort leur fin.
– Te tuer est le seul acte miséricordieux que je puisse t’accorder.
Elle opine. Inconsciemment. Coup de menton. Elle a demandé. Il obtempère. Comment pourrait-elle gueuler désormais et lui en vouloir. Elle aurait seulement préféré qu'il lui éclate le crâne avec la semelle, avant de lui foutre le feu. Dag n'a jamais expérimenté la morsure du brasier. Elle aurait aimé pouvoir nager dans son ignorance. C'est affligeant. L'existence continue de la lui mettre à l'envers.
De ses bronches s'échappe un soupir bouffi de désillusions.
– Regarde-toi, regarde-toi, Adalyn-
Elle tremble.
C'est plus fort qu'elle.
C'est son corps. C'est mécanique.
On appelle ça la panique.
Dag n'y est plus habituée.
– … Dag.
Mouvements cassés de nuque.
Elle ne tremble plus.
C'est contre-nature.
C'est sa psyché. C'est mécanique.
On appelle ça la panique.
Adalyn la reconnaît.
Personne personne non personne ne t'appelle m'appelle personne non personne n'appelle Dag car Dag est Dag dans le creux de son mon ton esprit aux profonds à l'invisible au secret des creux qui- qui- qui ne nous appartiennent plus pas intégralité intégrité des cavités glauques infectées par Autre. Cecil a creusé. Cecil s'est infiltré.
– Si fatiguée.
Si enragée.
Elle se redresse.
Elle se compresse.
Contre ses putain de barreaux. Et elle envisage lui arracher le visage à coups de crocs et de griffes. À coups de poings et de front et de talons. Il n'approche pas il n'approche pas assez. Alors. Elle mâche sa rage. Ses muscles durcis et ses nerfs tendus. Son regard allumé par la démence-angoisse. Par la démence-panique. Qu'il la débusque. Rien de plus. La mort avalée dans l'indifférence des âges. Dag saisit sans saisir. Dag refuse de crever Dag se sait en danger.
– Je ne te donnerai pas à la terre, je te le promets. Je te garderai, je pense, quelque part ici…
Sur la face lunaire de Dag s'esquisse la risette.
Elle pense. Approche. Approche espèce de gros connard.
Elle pense. Approche que je te fasse bouffer tes dents.
– Mais tu n’es peut-être pas aussi fatiguée que tu le crois.
Elle cille.
– Je n’étais pas là quand tu as eu Margery,
Elle s'effondre.
–... je n’étais pas là non plus quand ils t’ont internée,
Elle se disloque.
– … ni quand les bombes ont éclaté au-dessus de toi ou que Beatrix t’a engueulée,
Dag ripe dans l'essence. Les genoux claquent au sol. Elle ne décolle pas sa chair de l'acier.
Elle pense. Approche. Approche espèce de grosse merde.
Elle pense. Approche que je te bouffe le pif.  
– Mais j’étais là quand tu t’es multipliée en des dizaines de racines, quand ton corps est devenu à lui seul une fondation indigène créant ses propres lois ; je t’ai sentie arrêter ma lame et me transpercer comme la plus meuble des terres. Et tu me dis que tu es fatiguée…
Sur sa bouille, les fureurs coulent sur ses confusions.
Et Cecil ou Autre continue de jouer avec ses flammèches. Menace sans menacer. Et la panique flue et reflue. La panique et la sale petite pute lui rongent le corps.
– Sors de ta cellule, dépêche-toi.
Adalyn hoquette et Dag grince des quenottes.
Leur regard coule vers la porte. Fermée. La porte qu'il n'ouvre pas.
Menteur menteur foutu menteur foutu gros connard foutu grosse merde.
– Ce ne sont que des barreaux. Que des murs. Tu es bien plus que cela Adalyn, souviens-toi. Tu es un prodige. Les prodiges ne restent pas enfermés. Rien ne les retient.
Le regard coule vers Cecil. Fermé. Sa conscience qu'il n'ouvre pas. Ses mots qui s'enchevêtrent d'elle à lui de lui à elle. La respiration de Dag cogne contre ses côtes. La panique qu'elle retient à la force de ses mâchoires. Refus de dévoiler refus de gerber faiblesses et peur. Elle n'est ni faiblesse ni peur ; Elle est.
– Ou alors, tu es vraiment fatiguée, et tu veux que je t’anéantisse.
Elle aurait dû hurler.
Elle le fera.
Elle aurait dû le supplier.
Elle ne le fera pas.
Le Zippo s'approche du liquide répandu au sol.
Il ne le fera pas.
Il ne décide(ra) pas pour elle. Pour eux. Non. Pour elle. Juste elle.
Et la flamme n'a pas le temps de lécher le fluide que tout s'embrase. Les effluves asphyxiantes de l'essence se sont gorgées du combustible avant même qu'elle ne comprenne ce qu'il advient – d'elles. Il n'y a dans son esprit claqué plus qu'elles. Elles qui se reculent. Lâchent l'acier. Lâchent de leur bleu du ciel javellisé Cecil. Elles qui tombent et reculent encore. Elles qui tentent de s'échapper. Elles qui écarquillent les prunelles et qui- et qui-
Les flammes lui mangent les pieds puis les mollets puis les cuisses puis les hanches et remontent et dévorent ses cheveux et embrassent son visage tandis que ses pattes diaphanes s'écrasent sur les contours et qu'elle hurle. Que ses pattes diaphanes virent au rouge autant que le reste de son corps où émergent cloques et bubons où la barbaque fond et se confond et qu'elles ne le voient plus. Au travers l'incendie au travers ses orbites cramés.
Elle hurle. Elle hurle enfin. Elle hurle lorsque le feu se répand à une vitesse qui échappe à tout contrôle. La fumée lui rentre dans les bronches l'étouffe l’asphyxie. Elles ne hurlent plus. Elles ne peuvent plus. Elles crèvent et c'est déjà bien assez. Elles crèvent en silence. C'est tout ce qu'on leur demandait.

Et son corps implose.
Méprisable salope pas foutue de crever dignement. Pas foutue d'expirer ses derniers soupirs sur Terre dans le calme et l'ordre – y a comme un éclat de rire. Dans le bruit d'éclatement. Un rire en cri en gémissement en hurlement ; répandu à l'espace. Couvrant le bruit des flammes et des murs et du corps qui brasillent.
Son corps explose.
Racines et branches traversent cellule et au-delà. Percutent les murs. Les creusent les trouent les fissurent les griffent et lacèrent. Des bouts ripent et craquent et cassent pour que d'autres se renouvellent et envahissent et creusent et trouent et fissurent et démolissent. Racines et branches traversent le commissariat. Percutent plafond et sol. Les creusent les trouent les fissurent les démolissent.  
Son corps n'est plus.
Sa conscience n'est plus.
Que racines et branches traversant chaque vide. Dévorant l'incendie et dévorant la moindre particule d'humidité à l'atmosphère. Dévorant l'espace et dévorant la gravité. Elles sont. Racines et branches traversant Cecil. De part en part en part. L'emmenant au-dessus de l'incendie et l'emmenant avec elles ; lui dévorant la moindre particule d'humidité et de chaleur. Dévorant son espace et sa matière. Elles sont. Monstre végétal invasif et morfale. Survivant. Survivant comme chaque fois comme toujours comme à l'éternité. Cecil rencontre et goûte aux aspérités du plafond. Elles l'y compressent. Elles l'y recouvrent. Au-dessus de l'incendie. Au-dessus de la touffeur et de la fumée toxique.
Et le monstre continue son œuvre. Une tumeur palpitante, faisant crépiter le monde et raclant tout sur son passage. Meubles en charpies béton et carrelage et acier ramassés mélangés déstructurés ruinés éparpillés et dégagés.
Et dans chaque mouvement de lianes et de branches et de racines il y a. Le rire en cri en gémissement en hurlement. Des échos aux échos d'échos toujours plus lointains. Émergés des profondeurs de ses gouffres.
Et ça dure et ça persiste.
Elles sont.
Furieuses et assoiffées et affamées. Racines et branches et lianes étouffant l'incendie étouffant chaque forme de vie. Elles grouillent, partout. Elles envahissent, tout. Jusqu'à ce qu'il n'y ait plus trace de rien hormis d'elles seules. Jusqu'à ce qu'il n'y ait plus aucun bruit hormis les leurs. Ça dure des minutes. Ça dure des heures. Ça dure jusqu'à la fin des temps. Des échos aux échos d'échos du commencement. Leur résurrection.
Elles se rétractent. Par manques. Carences. Elles n'ont plus de quoi s'étendre. Lui font défaut : vie chaleur sang. Elles se recroquevillent. Racines et branches et lianes. Le corps Autre qu'elles crachent à terre. Au milieu des décombres. Qu'elles recouvrent presque tout aussi vite. Envahissent. Grouillements et crachotements et chuintements tout autour de lui sur lui en lui. Elles dévorent. Elles tuent. Elles appellent. L'appellent. Avec leur rire en cri en gémissement en hurlement strident.
Chrysalide. Elles se retirent de l'intérieur emprisonnent l'extérieur. Pendant. Pendant longtemps. Temps distordu. Le regarder. Le garder. Encore. Pour des minutes. Pour des heures. Ou des jours. Des années. Des siècles. Elles pourraient repousser le temps. Le distordre le saccager remuer le ciel et la terre et cet entre-deux dans lequel ils pourrissent. Pour arrêter cette enflure de temps. Qu'il ne change plus. Qu'il se fige à cet instant à travers les époques. Immuablement lui qui n'est plus tellement lui. Lui maintenant pour des siècles et des siècles. Cecil. Cecil qu'elle réclame qu'elle saccage. Cecil qu'elle aime(ra) jusqu'à ressusciter de mille façons.
Sous elles, il se décompose. Sous elles, la caresse du glauque de ses chairs qui se détachent. Et qu'elles avalent et qu'elles absorbent et dont elles le débarrassent. Vêtements déchirés lambeaux de civilité. Elles cherchent et détachent la viande faisandée et humide et gorgée de son sang. Cocon en tombe. Elles sont. Autour de lui. Le caressent du glauque de ses centaines d'excroissances qui le défont de son pyjama de viande. Et recommencent les palpitations. Autour de lui tout autour de lui. Les contractions la touffeur et la moiteur de son abominable selve.

Silhouette minuscule et maigre et immonde recroquevillée sur la silhouette mâle. Peau à peau. Les jambes encerclent les hanches, la poitrine confondue au torse. Les bras débordant sous les aisselles de l'Autre. Paume derrière sa nuque. À la rondeur du crâne qu'elle lui a concassé au plafond. Doigts perdus au tranchant d'une joue. La pulpe égarée à la pomette qui la découpe. Son visage niché aux clavicules. Elle dort ; sa terrible Dag est épuisée par leur amour. Petite tête blonde et folle revenue de ses enfers. La crinière empoissée les couvre. Un drap qui ne dissimule plus rien de leur insondable vésanie. Ça continue de grouiller. En lui sur lui partout. Chaque parcelle d'épiderme chaque centimètre carré de leur(s) peau(x) liés reliés confondus fondus fusionnés par quelques milliers d'infimes rhizomes et radicelles. Dag est un monstre qu'Il a créé. Un monstre de prurit, éveillé et ripailleur.

 
Osmond Rose
Originel·le
Osmond Rose
CORPS
ESPRIT
ÂME
Genre : Cis., masc.
Age : Quinqua de 236 ans.
Dollars : 1492
Zone libre :
dark woods and pagan suns (blind#1) B2f554b632f53d58adceffc067acc491
the day I died
I didn't tell
my body

|
you never
feared the abyss

dark woods and pagan suns (blind#1) Ra48t6aq_o dark woods and pagan suns (blind#1) 9HqrKldU_o

Occupation : Propriétaire du Noctal (maison close) et gérant de l'Unlock (pawnshop) dans les profondeurs de l'Underapple. Leader déchu des Orphans, déclaré mort depuis décembre.
Habitation : Ses appartements souterrains au Noctal.
Déchirures :

₪ A P O P H I S ₪

Lord of darkness and chaos

dark woods and pagan suns (blind#1) AxI6stHu_o dark woods and pagan suns (blind#1) ApEwOZTM_o
***
While they scream and perish,
he licks a finger and turns the page

MUE -- régénération cellulaire, cicatrisation en surface et en profondeur, vieillit beaucoup plus lentement et se remet de blessures ou maladies graves.

CORRUPTION -- (niv.1) se nourrit de transgressions commises, gain d'énergie vitale ; (niv.2) commande à autrui la transgression qu'il veut voir commise ; (niv.3) son esprit est impossible à corrompre en retour, toute tentative de manipulation, intrusion ou altération se solde par un échec, la sensation d'une angoisse profonde, et des effets secondaires variables (nausée, évanouissement, lésions cérébrales graves).

TENEBRES -- (niv.1) obscuration des lumières artificielles, visibilité nulle pour l'œil humain et les appareils ; (niv.2) obscuration des lumières naturelles, même principe ; (niv.3) invocation d'une entité ténébreuse, "Jo" (pour Jawbreaker) semblable à un serpent de fumée, long de 7 mètres avec la force de 7 hommes.

SERPENTS -- (niv.1) transformation de n'importe quelle matière en serpents ; (niv.2) les contrôle même à distance et communique avec eux.

INFRAMONDE -- (niv.1) résurrection ; (niv.2) invocation d'entités démoniaques et spectrales.

Limites :
MUE -- procédé long (4h) et douloureux (écorchement vif).

CORRUPTION -- (niv.1) doit assister aux transgressions ou qu'elles soient survenues dans les 72h pour s'en nourrir ; (niv.2) ne manipule plus qu'un max de 6 personnes par jour, 4 en simultané à cause d'une malédiction ; (niv.3) ne contrôle pas la gravité des effets secondaires, dépend de si l'individu est novice ou non.

TENEBRES -- (niv.1) perim. de 20m pour 10 minutes ; (niv.2) perim. de 30m pour 5 minutes ; (niv.3) durée de l'invocation variable (9 à 15 minutes), Jo provoque des tremblements (max 3 échelle de Richter) en arrivant, et quand il ne peut pas traverser les revêtements routiers (max 6 sur l'échelle de Richter).

SERPENTS -- (niv.1) transformation max égale à son poids, pour une durée de 3h ; (niv.2) télépathie simple loin de la complexité d'une langue (émotions, compréhension des intentions, flashs visuels).

INFRAMONDE -- (niv.1) quitte son immensité et sa puissance dans le supramonde, difficulté à se réhabituer à son corps humain ; (niv.2) 3 démons ou 1 défunt pour un total de 1h/24h, peut perdre le contrôle sur les défunts.

Stigmates :
-- œil de verre (droit).
-- haemolacria (droite).
-- lésions radiques invisibles.
-- brouilleur de capteurs vivant.
-- une cicatrice de décapitation.

Inventaire :
-- (lost) une vieille chevalière avec le logo d'Icarus dessus et un peu de sang dans les interstices.
-- des lunettes de soleil pitch black.

Pseudo : .exe
Comptes : Jeremiah.
Genre IRL : She/her.
Messages : 521
Date d'inscription : 13/02/2023
FC : Rufus Sewell.
Crédits : Martyr (av.)
Thèmes abordés : Body horror, gore, occultisme, horreur, manipulation, violence, dysf. familial, meurtres, terrorisme, criminalité.
Thèmes refusés : Ràs.
Infos RP :
(( dial : slategrey ))
-- présence régulière.
-- dials fr ou ang.
(( 4/3 rps ))
-- Love [AU]
-- Darius [fb, 1820]
-- Laudna [été 2025]
-- Amy [décembre 2025]

dark woods and pagan suns
@osmond rose & @billie bloom
tw: cf. profils.

Les flammes montent rapidement, lèchent le sol de la cellule, sa crasse et sa prisonnière. L’odeur de chair brûlée se confond bientôt à celle du combustible, jetant sur le faciès tendu d’Osmond une vague d’effroi. Ses ordres se répètent ici et là, exhortant Adalyn à utiliser ses pouvoirs pour sortir de la prison dans laquelle il l’a mise ; il y croit encore, même alors qu’elle mugit de douleur et que son corps si blafard devient rouge et luisant. La chaleur devient hostile, commence même à lui cramer l’épiderme puisqu’il ne recule pas, qu’il reste, dardant sur le cataclysme son regard si obsessionnel et intense. Il ne veut toujours pas croire qu’elle va se laisser consumer et qu’il s’agit là de leurs adieux. Sa dextre trouve le relief d’un barreau brûlant, s’y accroche le temps que sa carne brûle à son tour, l’obligeant à l’y arracher d’un mouvement brusque tandis qu’il ne décroche pas ses billes d’Adalyn. Elle flambe. Et le bûcher devient le plus consistant de ses fantasmes. Le plus douloureux aussi, écharpant sa gorge de souffles rances et de râles désolés.

Il l’y aurait sans doute laissée, si elle n’avait pas explosé de tout son corps.

Les racines, branches et lianes immenses se déploient brusquement dans tout le commissariat désaffecté, marée grouillante et léthale ravageant tout ce qu’elles trouvent sur leur passage. Osmond sent des points de douleur éclore sur son propre corps, une sensation qui ne lui est plus aussi étrangère que la première fois, et sans qu’il ne puisse rien y faire, il est soulevé au-dessus du sol par une force bel et bien prodigieuse. Son dos rencontre le plafond sans la moindre douceur, arrachant à la bouche de l’Originel un énième râle qui se mêle aux chuintements le transperçant dans ses deux bras et ses deux jambes, en plus de ceux qui sont logés de part et d’autre de ses flancs. L’équilibre du maintien est horriblement juste, permet de le garder écrasé au-dessus du sol tout en le blessant très précisément là où il ne peut ni en mourir, ni en réchapper. Le souffle court et chargé de sang, Osmond serre les dents et relève péniblement la nuque pour observer ce qui, en bas, est devenu un chaos sans nom.

La Nature, si elle devait être personnifiée, sous des atours monstrueux et terribles, ne serait pas plus stupéfiante que ce qu’il a sous les yeux ; la masse de linéaments organiques est si énorme qu’on pourrait y mettre tout un peuple, et sa progression ferait pâlir de jalousie le Déluge. Un prodige. C’est ce que c’est. C’est ce qu’elle est. Et dans son admiration fiévreuse, coupable sans le penser, Osmond laisse échapper un rire furieux, exalté, ravi, qui se coupe et se tranche en une toux punitive. Les mèches grises, maintenant suintantes, pendillent au-dessus de son front qui convulse, jusqu’à ce qu’il retrouve un peu de cet oxygène qui lui est permis, là-haut, et redresse le menton en même temps que ses yeux. Des yeux où s’est imprégné un sérieux dense et infernal, des yeux dans lesquels luisent les reflets de l’incendie et du ravage longiligne, des yeux qui encouragent, qui soutiennent, qui souffrent mais qui témoignent.

Sa crucifixion est abandonnée pour le confort relatif d’un cocon noueux derrière lequel on (elle… elle) le retient et le cache, obstruant sa vue de dizaines de racines. Elles sont rêches, lui tailladent la peau et plantent un supplément d’échardes un peu partout sur cette gueule plus si majestueuse. Il tente d’apercevoir une dernière fois la silhouette d’Adalyn. En vain : car elle est devenue ce qui saccage.

La chute est aussi peu douce. Elle vient avec quelques craquements d’os et toujours autant de râles qui suppurent d’entre les lippes lardées. Osmond se retourne à grand-peine sur le dos, incapable de tout à fait utiliser ses membres dont les muscles, les nerfs et les tendons ont été transpercés. Il s’aide davantage de ses épaules, qui s’appuient sur un sol qui n’est plus lisse mais perclus de débris durs et d’éternelles lianes gloutonnes. Il n’a pas le temps de reprendre son souffle que déjà les linéaments reviennent sur lui, l’envahissent et le couvrent, arrachant plaintes endolories sur gémissements bosselés, moins par peur ou souffrance, que pour tenter de communiquer avec le rire qu’il entend déborder partout autour de lui. Les mots sont difficiles à articuler, avec tout cet agrégat végétal qui s’entortille dans sa bouche ou lui comprime la mâchoire. Une explosion brutale rompt le peu de silence qui est revenu lorsque les chairs d’Osmond subissent le même traitement que sa fabrique élégante.

Aux grognements produits par son Maître, les borborygmes de Jo éclaboussent la planque réduite en un nouveau vestige, ils hantent la pénombre démise de toutes ses lumières, et son long corps enténébré flotte au-dessus du carnage avant de fondre sur certaines grosses racines pour les démolir. Mais il y en a de moins en moins. Et moins il y en a à démolir, plus Osmond sent sur son poitrail écorché le poids de ses liens carnivores devenir une présence. Jo finit par tourner en rond au-dessus d’eux, masse noire et furibarde qui n’attend que de dissocier sa proie de son Maître pour la ravager à son tour. Et quand enfin elle se distingue, blanche et menue au-dessus de celui plus massif et sanguinolent, l’entité fond sur Adalyn.

S’arrête à quelques centimètres seulement, sommée par un ordre mutique. La rage du cauchemar est épuisante à contenir, affaiblit davantage Osmond qui se fait suçoter la carcasse partout où elle a été écorchée. Il ne veut même pas, non, même pas imaginer à quoi il ressemble, surtout pas. Des préoccupations déphasées de la réalité, dans laquelle il pourrait encore une fois venir à agoniser s’il continuait de laisser Adalyn se nourrir comme elle le fait avant de l’achever avec il ne sait quel autre nouveau prodige. Un sourire. Veule et difficile. Il lève ses bras avec moins de difficulté, les laisse s’appesantir sur le buste devenu sage. Elle dort. Aussi simplement que ça. Jo s’ébroue dans un gargouillement horrifique, produisant claquements et stridulations barbares, ne supporte ni ce qu’il voit ni ce qu’il sent ; l’apaisement du Maître qui lui demande, non, lui commande, de partir. Jo résiste. Persiste. Il veut bouffer ce petit corps blanc après l’avoir déchiqueté entre ses, leurs, ténèbres. Les yeux, vif et mort, roulent dans leur orbite, passant de la tête blonde à son fléau noir avec une paresse épuisée. Il lui suffit de soulever un index, un seul, et Jo est renvoyé dans leurs profondeurs chthoniennes.

Plus un bruit. Vraiment plus un bruit, maintenant. Uniquement ces petits chuintements organiques continuant de le siphonner, le prenant pour ce qu’il n’est pas mais sera un jour : du compost cadavéré. Il ne croit pas avoir mal. Il souffre de tous côtés, partout où les plaies et hématomes coulent ou bourgeonnent, mais il n’a pas mal de la sentir, ni mal de la recevoir. Quand bien même elle écrase ses côtes froissées et l’empêche, encore, de pouvoir totalement reprendre son souffle. Un bras sur l’autre, l’entourant complètement, une pogne passe dans les longues mèches pour y engouffrer une caresse. "Tu vois…" La voix est sifflante. Quelques débris continuent de tomber dans ce qu’il reste du commissariat désaffecté, aéré par une multitude d’éventrations murales. Pour une fois que ce n’est pas Acid qui détruit une planque… "Tu es loin d'être fatiguée." Les lèvres du Serpent se sont mises à murmurer dans la petite oreille qui était sans doute avant une liane mortifère, ou le relief blessant d’une racine, ou le bout de profusion d’une branche.

L’ombre du rire branque et adulateur revient dans le contour d’un sourire, fiché sur sa bouche dans laquelle se mêlent par petits filaments les cheveux dorés d’Adalyn. Les rhizomes et les radicelles continuent de grouiller, arrachant parfois quelques petits rictus à Osmond qui chavire entre dégoût profond de ce à quoi il peut dorénavant ressembler et curiosité extrême pour ce procédé qui le phagocyte, tout en les implantant corps contre corps. L’érotisme de la chose ne lui échappe pas. Il sent la nudité d’Adalyn sur la sienne, humide de tout ce sang qu’elle a fait couler et dont elle se nourrit à présent.

La dextre descend, dévale le long de la colonne vertébrale, tant pour sentir sa peau restée insolemment douce que pour s’assurer n’y trouver aucun reste d’excroissance fatale. S’en assurer, ou le regretter. Comme il a aimé la parcourir sous forme de serpent, il aurait aimé la parcourir sous forme de- quel nom lui donner ? aucun ne semble approprié, aucun ne semble assez magnifique et abominable pour décrire ce qu’elle est devenue. Alors, presque par défaut, la paume s’arrête sur une fesse, dont elle apprécie la rondeur restée ferme. Il en profite, le vieux con. Il en profite tant qu’il le peut encore. Tant qu’elle ne l’a pas encore buté. Les doigts empoignent un peu, s'agacent de ne trouver qu’une perfection immortelle, qu’il ne s’empêche pas pour autant de savourer.

Elle rebondit dans sa main quand il la quitte, la tentant presque d’y revenir, puis remonte et s’installe dans le creux des reins. Il se sent s’endormir à son tour, emporté par la chaleur soporifique d’Adalyn et sa vie grouillante qui le tue à petit feu.
Contenu sponsorisé
CORPS
ESPRIT
ÂME