pretty in the dark

Il y a des jours un peu plus sombres. Des jours un peu plus calmes ; ces jours-là, Suni abandonne sa ferme et traverse à pied, peu importe le temps que cela lui demande, la lourde forêt séparant son petit bout de paradis à cet endroit qui ne lui appartient tout simplement plus. Son coeur est toujours un peu plus lourd, porteur d'une douleur qu'elle garde sous silence, un fredonnement doux au bord des lèvres, tandis qu'elle gagne un sanctuaire qui ne sera jamais le sien. Elle le tâche, avec sa simple présence. Elle est choisie, petite chose brisée, pour nettoyer quelque chose de somptueux qui ne sera jamais sien. Combien de fois a-t-elle tendrement rêvasser de rencontrer d'autres supers en ces lieux, d'être l'une des leurs, tout simplement ? De regagner sa place ou simplement, de ne l'avoir jamais perdu. Les rêves sont aussi légers que douloureux, par moment. Les arbres de la forêt pèsent sur elle comme le poids de ses fautes. Suni ne mérite pas d'être en ces lieux et pourtant, on lui laisse sa chance. On lui laisse la possibilité de lâcher ses erreurs, en commençant par entretenir les lieux parfois visiter par les gens qu'elle a fréquenté, à une époque.
Il y a un peu de boue sous ses bottes, quand elle pénètre dans le complexe principal. Suni les laisse à la porte et s'aventurer d'un pas délicat à l'intérieur des lieux, ouvre un placard dont elle possède la clé et s'empare d'un chariot d'entretien pour nettoyer les étages. Il n'y a pas eu grands gens, dans les derniers jours. Quelques employés venant voir les lieux, quelques techniciens pour réparer des lumières ou alors, faire la maintenance de certains équipements. Le lieu est plus calme qu'autre chose. Malgré tout, Suni veut faire le ménage à chaque deux semaines, pour chasser la poussière comme elle aimerait chasser ses fautes.
L'un marche mieux que l'autre. Dans les deux cas, la chose est à recommencer à chaque fois.
Elle s'acharne et le fait malgré tout, qu'importe la douleur lui retournant le coeur.
La cuisine est propre quand, dans le silence de l'endroit, une voix s'élève. Elle possède des échos d'autrefois, et Suni se tend.
Il lui faut un moment, grands yeux ouverts et coeur battant, pour qu'elle fasse un mouvement.
Le corps se redresse et elle papillonne doucement des yeux, ne fait pas le moindre bruit comme si la personne allait disparaître. La chose ne dure qu'un court instant avant qu'elle ne bouge et se dirige à petits pas calmes vers le hall d'entrée, se stoppant au sommet des escaliers.
Elle ne devrait pas être là. L'une comme l'autre, elles ne devraient pas être là, se voir.
Suni a le coeur qui bat terriblement fort. À la même vitesse que ses ailes battaient, autrefois.
- Je - Arcelia. , qu'elle lui dit, la voix tendre et petite, avec un sourire maladroit et simple. Suni ouvre la bouche, la referme et lisse les plis inexistants sur son jumper, avant de continuer. J'ignorais - Il y a un événement, aujourd'hui ? Oh, je suis pas censée être là, si c'est le cas. La dernière phrase est murmurée pour elle-même. Elle cligne des yeux avant de faire un pas, de reculer. Si c'est le cas, elle doit ranger ses choses.

Ses pensées sont confuses, prises par des pensées et emportées par d'autres. Suni se demande ce qu'elle a bien pu faire pour ne pas être attentive à l'horaire, pour ne pas avoir conscience de la chose. N'a-t-elle pas pensé à regarder sur le mur, avant de quitter la fermette, pour voir s'il y avait un événement aujourd'hui ? Elle est pourtant persuadée que si mais la présence d'Arcelia lui prouve le contraire. les lèvres se pincent fort et de la même manière, les menottes se joignent et se tordent les unes contre les autres. Suni a fauté, encore. Une bêtise qui laissera des traces, certainement. Elle a ce frisson, souvent, sous la chair. Une peur qu'elle ne peut pas nommer, une peur qui étouffe ce qui pourrait porter le nom de colère.
Elle craint Icarus, soudain.
En eux, elle possède une confiance qui tangue depuis quelques semaines et qui, soudain, laisse une crainte se former et prendre place, celle un venin, une maladie, un cancer. Suni ne sait pas quoi en faire. Elle se déteste si profondément pour posséder ce sentiment, pour ne pas savoir comment l'éteindre, le faire taire.
Il est là.
Elle ne peut pas le nier, il est là.
Et il la fait trembler d'effroi.
La chariot est juste là, à quelque part. Suni tend faiblement une main, fait un nouveau pas, quand la voix d'Arcelia retente derrière elle, si vive, si forte. Un appel qui a été entendu plein de fois, autrefois. Pourtant, la jeune femme prononçait un autre nom, un autre titre. Quelque chose que Suni ne possède plus, aujourd'hui. Un peu comme ses ailes. Un peu comme sa liberté.
Les lèvres se pincent, et le mouvement ralentit. Suni offre une oeillade derrière elle, incertaine et pourtant, porteuse d'une curiosité qui espère, qui désire.
Elle cligne des yeux, fronce des sourcils un brin, confuse. Confuse lorsque l'heroine lui confirme qu'il n'y a pas d'événements. Une question effleure ses lèvres que déjà, la réponse tombe. Suni cille doucement, encore plus perdue. Elle ne comprend pas. Elle ne comprend pas ce que fait Arcelia ici, si ce n'est pas pour un événement.
Puis, une pensée futile.
Un rêve d'enfant, vraiment.
Est-elle là pour elle ?
Mais le rêve s'éteint avant même de prendre forme, car Arcelia pose une nouvelle question, et le coeur de Suni saigne, un peu. Évidemment qu'elle n'est pas là pour la voir. Évidemment qu'elle n'est pas là pour elle. Qu'a-t-elle osé croire ?
Les lèvres se tordent, un peu, à peine ; un semblant de sourire, un rire triste.
- Je hm - Les mains qui se lient, qui se tordent. Elle pourrait s'en casser les doigts. Je fais le ménage.... Un souffle à peine, entre ses lèvres, alors qu'elle zieute faiblement son chariot pour tout expliquer. Arc - Le nom bloque, sur le coup de sa langue. Suni hésite et reprend ; Madame Serna... Je peux faire quelque chose, pour vous ? Je dois faire - Un mouvement vers le chariot, de nouveau. Le visage de Suni se perd au travers de ses mèches de cheveux. Elle parait minuscule, presque à disparaître, sous le rideau noir. Je dois faire l'entretien des lieux. Mais si vous avez besoin de quelque chose .. hm, je peux m'en occuper. Seulement - si c'est possible, ne parlez pas de ma présence aux autres ? S'il vous plait. Elle tremble presque à l'idée que Icarus sache. Si ses doutes sont véritables, ils pourraient tenter de lui prendre plus, encore.
Mais que possède-t-elle ?
Rien.
Rien, outre sa rage.
Car l'espoir, au final, n'était qu'un voile d'illusions.

Le fil du temps lui échappe entre les doigts. Suni ne possède plus de contrôle. Mais en a-t-elle simplement déjà possédé ? Il y a toujours eu quelque chose de sécuritaire, à propos de cet endroit. De son sanctuaire. Un frisson danse contre sa chair à l'idée qu'on la sache ici présente alors que moins d'un miles les sépare de sa ferme. De son royaume. L'idée même lui tord le ventre, le coeur. Suni possède cette panique sourde qui se glisse en elle, si chaude, presque bouillante, et qui cherche à remplir chaque recoin de son être. Elle pourrait trembler si son corps était apte à quelque chose d'aussi léger. Mais tout lui semble lourd. Si lourd. Même sa tête, bourdonnante d'idées, de cauchemars éveillés, menace de tomber de ses épaules.
Elle a peur, soudain. Si terriblement peur d'Arcelia. Pourtant, la petite abeille est persuadée de ne jamais avoir éprouvé un pareil sentiment envers l'autre femme. Pas même quand, devant les yeux du monde, Arcelia a tenu un discours à son sujet. À parler de sa trahison, de sa colère et de sa rage, et de la manière dont Suni avait brisé la confiance non seulement d'Icarus, mais du monde entier. Il suffirait de fermer les yeux et de se concentrer quelques minutes pour se rappeler du discours mot pour mot. À son réveil du coma, Suni l'a vu, écouté tant de fois.
La voix d'Arcelia n'est pas inconnue.
Elle est imprimée dans sa mémoire depuis ce jour là.
Elle revient dans ses mauvais rêves, parfois.
Suni, elle cligne des yeux. Elle est surprise, dans un sens, par les paroles d'Arcelia et ses questions. Par leur vivacité, la manière dont elle s'accroche si fort à une chose qui pourrait, vu leur rôle d'aujourd'hui, être une norme. Suni comprend sa place, après tout. Suni ne se juge plus à la même hauteur que l'autre femme. On lui a bien fait comprendre. Elle a chuté, tombé. Ses genoux sont usés et même si elle s'est relevée, elle est toujours au plus bas.
- Je - , qu'elle commence, bas, et hésite. Suni est confuse, incapable de savoir quoi faire dans une situation qui lui échappe. Madame Arcelia ? Je suis désolée c'est que - Je ne peux pas - Les phrases ne se finissent pas. Je ne me vois pas dire Arcelia - pas comme ça. qu'elle finit par dire.
Un autre pas de recul. Arcelia s'approche mais les choses ne doivent pas être ainsi. Ce n'est pas Arcelia qui devrait monter les marches, c'est elle. Lui vole-t-elle quelque chose ? Suni en a le sentiment. Le terrible sentiment lui remuant les entrailles, celle un monstre. Elle pince ses lèvres, tord ses doigts. Le regard fuit vers les murs, vers les fenêtres. Elle cherche une porte de sortie sans trouver tandis que Arcelia promet des choses et en exige d'autres.
Suni secoue la tête, doucement.
D'un côté puis de l'autre ; Elle dit non.
À quoi donc ?
- Hm - Parfois, tu sais. Parfois, on pense avoir besoin de certaines choses ... certaines informations, mais ce n'est pas le cas. Ce n'est pas nécessaire. qu'elle souffle, dit, avant de lever les yeux, d'affronter son regard. Suni, elle lui offre un petit sourire qui sonne faux. Vou - Tu n'as pas besoin de savoir ça, Arcelia. Ça ne - ça ne changera rien à ta vie. C'est rien. Rien du tout. Un hochement de la tête, pour accompagner les mots. Puis, le faux du sourire qui grandit, et Suni qui s'éloigne encore. Enfin, elle empoigne son chariot. Dans le geste, elle lâche un soupir tremblant, comme si elle avait eu terriblement peur de tomber tout le long, avant. Je ne sais pas ce que tu fais ici mais hm ... les placards sont vides, le frigo aussi. Je peux hm - Si tu comptes rester, je peux préparer quelque chose, par contre. Les cuisiniers ne sont pas là, après tout. Je ne le dirais pas non plus, que tu es là. Après tout, Suni a plus à perdre qu'Arcelia. Elle fait juste mine. Mine de reprendre un certain contrôle de la situation. Le tout en fuyant les questions.

Elle guette, Suni. Elle cherche et désire la fuite, le calme. Il y a quelque chose qui ne va pas avec cette situation. Quelque chose qui s'échappe du parfait scénario qu'est sa vie brisée depuis quelques années. Qu'est-ce donc que ce sentiment de quitter le sentier qui l'habite depuis tant de jours, semaines, déjà ? Elle n'aime pas l'inconfort de la chose. Le doux murmure qui lui susurre à l'oreille et lui montre, lui dévoile que les choses ne sont pas ce qu'elle pense et que les paroles d'Icarus ne sont que des mensonges qui s'accumulent, toujours plus grands, presque grotesques, et qu'elle se doit d'ouvrir les yeux. Est-ce là un jeu ? Une moquerie ? Y a-t-il des caméras ? Des gens qui observent dans l'ombre et qui se moquent de ses rêves brisés, comme ses ailes ? Suni fronce des sourcils à l'idée, ses maigres doigts s'agrippant bien fort à son chariot. Non, elle ne peut pas penser ainsi. Elle ne peut pas se laisser envahie par la colère et la rage, cette chose qui la dévore de l'intérieur et qui pourrait avoir raison d'elle. La petite abeille ne saurait quoi en faire, de toute manière, de toute cette rage. La chose est si lourde et étrangère, elle ne pourrait que tomber et rester échouée au sol. Et Suni, elle désire si fort se relever et voler de nouveau. Comment voler quand les sentiments négatifs se font si lourds ? La chose lui semble impossible. Elle ne peut pas s'y pliée.
A-t-il donc pire ?
Pire que cette prison dorée ?
Entre le poids de sa rage et celle de ses chaines, elle ne sait pas quoi choisir.
Mais Suni a bien conscience, doucement, du poids de cette chose qu'elle possède à sa cheville. Un si joli bracelet qui, en vérité, la marque comme une prisonnière.
Elle pourrait bien fuir, elle peut bien tenter de faire taire les questions d'Arcelia et d'imposer le silence, de supplier un changement de sujet. La chose ne la fera pas sortir de sa prison. Elle y est pour de bon. Il faut qu'on la sorte de là. Ou alors, qu'elle tente d'elle-même. En possède-t-elle simplement la force ?
Ah, quelle question idiote.
Elle ignore Arcelia. Elle ignore le mot connasse qui sort de ses lèvres et qui gronde dans le creux de son coeur. Non, elle ne peut pas penser cela. Arcelia n'a rien fait de mal. Elle a joué un rôle. Elles ont chacune joué un rôle. Arcelia est encore dans le sien. Suni a perdu ses ailes. Voilà la simple histoire. Elle ne peut pas lui en vouloir.
Elle cligne des yeux, Suni, quand Arcelia s'excuse et recule. Son visage se tourne vers elle brusquement, barré par quelques mèches de cheveux folles. Elle l'observe avec une surprise qu'elle ne camoufle pas, une égarement dans l'iris, une colère minime aussi. Arcelia abandonne si vite, si vivement. Confortable comme elle est là dans son mensonge dans sa vie de rêve...elle n'a aucune raison de connaître son cauchemar.
- Oui, d'accord. Je vais - qu'elle commence doucement, la petite abeille, mais Arcelia parle de nouveau, et Suni se tait. Elle fronce des sourcils, pince ses lèvres.
Rien de tout ça possède du sens.
Elle s'égare.
Elle ne comprend rien.
Les sourcils se froncent un peu plus et quand elle lève les yeux, ils sont noirs d'une colère difficilement cachée, et d'une détresse toute aussi lourde.
- Désolée ? , qu'elle souffle, demande. La tête se penche douloureusement sur le côté. Des mèches tombent, barrent encore plus son visage. Il faut quelques secondes pour que Suni lâche son chariot - les doigts souffrent - et qu'elle glisse certaines mèches derrière son oreille. Mais Arcelia... dis-moi. Ça te ferait plaisir ou ... ou ça soulagerait tes maux ? Ta culpabilité ? Il y a quelque chose d'innocent, dans la question et dans ses yeux. Une profondeur plus sombre, plus creuse, derrière tout cela. Ou alors ça te ferait plaisir de soulager ta culpabilité, oui. Je vois, c'est ça, n'est-ce pas ? Oh, mais elle était où, avant ? C'est facile. Un hochement de tête, léger, délicat. Comme une fleur qui valse, danse au vent. C'est facile d'oublier, quand certaines choses ne sont pas sous nos yeux. Peut-être est-ce pour cela que je suis oubliée, cachée. Ne crois-tu pas ? Icarus a fait le bon choix, sur la chose. Écoute les, Arcelia. Ferme les yeux et écoute les, joue ton rôle et oublie tes maux à mon égard. Les choses sont plus simples, comme ça. Remue le passé... me parler ; ça ne va rien guérir. Arcelia ne possède aucune plaie, à cet égard. C'est la peau de Suni qui est marquée par de nombreuses cicatrices. Je paie pour mes fautes, n'est-ce pas ? Je paie, oui. Le reste - Ah. Le reste, il ne compte pas vraiment. Même dans les doutes, même dans la colère, Suni est encore persuadée d'avoir fauter, cette journée là.

Les mots déferlent hors de ses lèvres avec une naiveté agressive et surtout, une pensée imposée. Il s'agit d'une cage dorée dans laquelle Suni, elle y a fait son nid. Des paroles qu'elle se dit depuis longtemps, comme quoi elle possède ses fautes et qu'elle est responsable et qu'il est normal que les autres tiennent leur distance. Il existe des moments où elle doit se contrôler pour ne pas imposer une certaine distance à June ou même, à Liam. Ou elle a cette impression de les ternir avec sa présence, sa personne, car elle a commis des fautes qui ne peuvent pas être pardonnés, tout simplement. Suni aimerait chasser ces pensées et se voir plus grande, plus solide, mais les paroles d'Icarus sont gravées à sa mémoire comme leurs actions ont laissé des cicatrices gravant sa chair. Elle y croit alors, avec une rage qui l'habite parfois, une colère qu'elle ne sait pas vraiment exprimée. Il est bien, alors, qu'elle soit si loin de tout cela. Loin des Sept, loin d'Arcelia.
Car Suni, elle n'aime pas ce qu'elle dit.
Suni, elle possède ce goût de dégoût dans la gorge, dans la bouche, à avoir été si vile, brusquement.
D'un geste lent, elle porte sa main à ses lèvres, les doigts recourbés contre celle-ci. Elle veut se taire. Elle veut disparaitre. Le visage s'affaisse un brin, assez pour que sa crinière la camoufle un brin. Suni désire disparaître. Elle désire demander pardon, pleurer et disparaître.
Elle veut partir, Suni. S'excuser et ne plus être présente. Arcelia amène avec sa présence des questions et des maux qu'elle n'avait pas l'impression de porter. Arcelia lui donne mal au dos, mal à ces ailes qui n'existent plus. Elle pourrait s'envoler, Suni, mais la chose n'est plus possible. Elle peut simplement s'écraser, s'égarer.
Elle secoue la tête, la pauvre chose brisée. Suni écoute les paroles d'Arcelia et n'en veut pas. C'est aussi vrai que c'est douloureux. Prompt à faire plaisir aux autres ? Est-ce vraiment le cas ? Est-ce vraiment ce qu'elle est en train de faire, ce qu'elle fait depuis toujours ?  
À qui fait-elle donc plaisir, présentement ?
Suni ne sait pas.
Suni n'a jamais su.
Certains jours, elle ignore qui est elle.
Suni appartient à Icarus. Sun-Hi est morte il y a longtemps ; il n'y a que Liam pour tenter de la garder en vie. Liam qui est si loin, qui ne rentre pas souvent à la maison, qui va -
Qui va devenir un Sept, peut-être.
Ils n'ont pas parlé depuis si longtemps. Suni a peur de le perdre.
Suni a peur de le détester.
La dernière phrase tombe, et Suni aussi. La main se presse plus fortement contre ses lèvres, les jambes peinent à soutenir son poids et elle secoue sa tête, plus fort, tandis qu'un sanglot la prend. Suni n'aime pas pleurer. Pleurer n'apporte rien. Pleurer n'aide pas à se relever. On lui a dit si souvent que ses larmes, elles doivent être gardé pour l'écran, pour le public. Sinon, elles ne servent à rien.
Arcelia est-elle son public ? Suni ne sait pas. Suni n'en veut pas. Elle secoue sa tête et tend une main vers Arcelia, pour l'empêcher d'avancer, avant de reculer d'un pas. Les sanglots la prennent encore.
- Tu n'as - Oh. Arcelia., qu'elle se plaint, qu'elle proteste, mais les paroles de la Sept lui font autant du bien que du mal. A-t-elle vraiment assez souffert ? Suni ne sait. Suni n'en sait rien. Ne dis pas des choses comme ça je - Je ne le mérite pas. J'ai commis - J'ai fait des horreurs. , qu'elle souffle, comme un secret, au travers des sanglots. Car Suni, elle croit à ce qui a été dit. Elle croit en ces choses que Arcelia a dit, devant les gens, devant l'écran. La mémoire était floue, en se réveillant. Les jours avant l'attaque ne lui appartiennent plus. Suni ne se souvient pas de grand chose.

Elle secoue la tête, Suni. Non, Arcelia n'a pas besoin de s'excuser. Arcela était - est qu'une personne au service d'Icarus en plus. Elle n'a pas son mot à dire sur plusieurs choses. Elle suit les ordres, hoche de la tête et court, s'ils le demandent. Suni, elle comprend. Qu'importe la rage dans son ventre, qu'importe la haine qu'elle commence à porter, il suffirait de lui demander une simple chose pour qu'elle court, pour qu'elle se mette à genoux et rampe vers eux. Et elle déteste la chose, si fort, autant qu'elle est vraie. Elle en a honte autant qu'elle en est fière. Car elle ne connait qu'eux, ils lui ont promis une chose et elle la désire encore, terriblement. Et de plus en plus, Suni veut leur arracher d'entre les doigts. Elle veut tout reprendre ce qui lui appartient, brusquement. Si on lui enlève son royaume, son trésor, et bien, elle peut les reconstruire. Ses mains sont déjà abimées, de toute manière. Elle n'a pas peur de se salir.
Mais de cela, elle ne prononce rien. Elle rêve simplement pour le moment, Suni. Elle rêve, inconsciente des gestes qui seront peut-être causés, plus tard.
- Ne t'excuses pas. Tu n'es pas responsable de toutes mes larmes. Les causes sont si nombreuses, après tout. Arcelia n'est qu'un sanglot, qu'une petite larme. Rien de plus, vraiment. Elle n'a pas tant d'importance, au final. Qu'une pierre sur la lourde montagne de douleur que ressent Suni.
Suni essuie ses joues, encore, avant de pincer ses lèvres, un brin embarrassée.
- Oh je - Une grimace, sur ses traits. Je dois avouer, je ne sais pas vraiment non plus ? Je fais uniquement le ménage et fournie la nourriture. Enfin, les légumes et les fruits frais. Quelques aliments que je vais chercher, aussi, aux marchés des environs.
Elle hésite, Suni, avant de continuer.
Ses doigts se tordent dans le tissu de ses habits, un court instant.
- Je hm - je possède une petite ferme, un peu plus loin, sur le terrain. Enfin - Icarus me laisse m'en occuper. J'y ai des animaux, si tu veux les voir ? Son coeur bat fort, dans sa poitrine. Suni renifle encore, le bout de son nez rouge, avant de lui adresser un sourire maladroit. C'est un peu pale comparé à ici, mais c'est chez moi.