walking side by side (roast#2)

"Country roads, take me home, To the place I belong. West Virginia, mountain mama. Take me home, country roads—" Amy croasse doucement par-dessus les bruits de la radio (désormais, les radios appliquaient volontairement un filtre retro sur le son de certaines musiques pour les rendre toujours plus authentiques). "You're an abominable driver, Aimee." Oh, he likes my singing then?? Amy s’éclaircit la gorge, et jette un coup d’œil sur le carnet fermé en signe d’abandon, puis regarde son patron qui le dévisage, les lèvres pincées, ses grands yeux bleus pétillants de défi: "Oh don't you dare laugh." Le ricanement d’Amy fait littéralement écho à sa menace, tandis qu’Osmond boude, détournant le regard, tandis qu’Amy reprend sa chanson de plus bel en sifflant, sans jamais songer à ralentir la voiture qui file à une vitesse folle, soulevant un épais nuage de poussière et de débris derrière elle.

"It's a shame Dakota isn't here. What was that now? he doesn’t enjoy your sole company? You could have shown him your favourite stalls and taught him a thing or two about the local cuisine. The boy is intense but he's keen to learn from you, I can tell." Amy fait une grimace déconcertée, ses yeux quittant la route un très court instant, pour étudier le degré de sérieux de son patron. "Not everything is about blood and violence. Amy hausse les épaules, son épais cou disparaissant momentanément dans ses trapèzes pour accentuer l’insolente désillusion de sa réplique: - Well, with Dakota, it kinda is. - Yes, next time you should bring him along." Un ricanement désabusé postillonne sur les lèvres d’Amy. "Come on, boss, you ain’t talking seriously; there’s no way this brat is gonna leave the city. This lil’ roach is way too busy scheming to burn New Blossom to the ground to be interested in riding bulls or fighting giant mutant fishes," plaisante-t-il, à mi-chemin entre le désarroi et la fierté. New Blossom tomberait une fois de plus avant qu’on puisse y déloger Dakota Bowers; il leur survivrait à tous et, compte tenu de l’état psychique déplorable du jeune homme, il était impossible de dire si c’était une bonne ou une mauvaise chose pour lui.

Amy est à ça de proposer à Osmond de l’introduire lui (cette année encore, puisque ça n'était pas la première fois que les deux hommes s'enfonçaient dans l'Etat de New York, depuis ce jour où Osmond l'avait ramassé sur le bord de la route, alors qu'Amy avait eu la riche idée de faire tout le chemin à pieds) à la cuisine locale et autres joyeusetés de ce déroutant festival, comme s’il avait oublié qu’Osmond avait déjà plusieurs centaines d’années au compteur et tout autant de connaissances, et que si l’enseignement devait se faire dans un sens, ça ne serait certainement pas dans celui que fantasmait Amy.
La voiture s’engouffre sur une route plus exiguë et également plus poussiéreuse, si bien qu’Amy est obligé de remonter sa vitre, quitte à ce que la température dans l’habitacle ne fasse des bonds au plafond.

"By the way, I went to visit Suni Park this morning. - Park? Oh yeah! the sexy one… well, if you’re into teenagers, il dit ça alors qu’ils ont quasiment le même âge, and also a woman… which i’m not." Il se souvient du coming out de Suni qui avait été énormément médiatisé, et la stupeur de sa mère qui avait aussitôt éteint la télévision. Maintenant qu’il y repense, il avait effectivement suivi tout du long la fulgurante célébrité de cette mutante qui avait sensiblement le même âge que lui, et avait sans doute rêvé d’échanger sa place avec la sienne. Lorsqu’elle avait disparu des médias après son accident, elle s’était simultanément évaporée de ses pensées, les chaînes télévisées trouvant sans aucun doute un subterfuge et un nouveau Supe pour brouiller les pistes de la disparition prématurée de Bumblebee. Mais Amy ne veut pas qu’Osmond découvre qu’il avait pu être fan de cette super-héroïne; aussi, il force le désintérêt lorsqu’il ajoute: "Yeah, and? -Fury was right; I think there's something interesting about her." Une vague de chaleur réchauffe les joues déjà rubicondes depuis neuf heures ce matin d’Amy, à l’idée qu’il puisse, dans un futur proche, faire équipe avec une vieille idole à lui. "Well, yeah, if you start picking up all the supes Icarus threw away, you’re gonna get yourself an army in no time, boss…" souligne-t-il, mutin.

"Christ, I hope we get there soon…" Amy jette un coup d’œil sur le GPS coincé entre eux. "Oh come on, sir, it’s not that bad!" ricane-t-il, alors qu’il avait lui-même discrètement transformé son cul en acier pour faire tampon. Sa voix tressaute à cause de l’état de la route: "The road keeps getting bumpier, which means we’re almost there!" Les premiers reliefs de la ville se dessinent d’ailleurs à l’horizon, troublés et dansants à cause de la chaleur remontant du bitume. "I'll take the wheel on the way back. Amy hausse les sourcils: - And by "on the way back", I hope you mean tomorrow morning, right? A défaut de comprendre tout de suite la réaction de son boss, Amy renchérit: Because we’re spending the night on site, right? There’ll be fireworks, and night-digital-bull-riding competition! explique-t-il en accentuant la complainte dans sa voix. Come on, boss; it’s probably our last break before the big day! Let’s make the best of it!"

Les yeux d’Amy vont et viennent entre la route étirée devant eux et le regard de son patron, impatient d’entendre sa réponse. Il sait que si Osmond ne cède pas à son caprice, il repartirait avec lui, docilement, comme si c’était évident qu’il ne se voyait pas rester tandis que son boss rentrait à New Blossom sans lui. Par à-coups furtifs donc, il épie son regard à demi-mort, infichu de savoir comment persuader son patron autrement que par les imparables arguments qu’étaient son charme naturel et le rodéo nocturne (aucune corrélation entre ces deux éléments bien sûr). Lorsque Osmond prend une inspiration pour répondre, Amy retient son souffle; à quelques kilos de muscles près, il ressemble à s’y méprendre à un gamin le jour de son anniversaire: "All right, then. I will tell Nour. - Yes!" piaille aussitôt Amy en donnant des petites tapes enthousiastes dans le volant, sa déchirure d’acier venant discrètement calmer son cœur battant la chamade. Il accélère un tant soit peu la voiture sur les derniers mètres. "You won’t regret it, boss!" promet-il d’un ton assuré et fiévreux. Il ne sait pas trop expliquer pourquoi il se sent aussi privilégié d’avoir dérobé à Nour une soirée avec Osmond; un caprice dénonçant la jalousie déplacée d’Amy, insignifiante en comparaison de toutes les nuits que Osmond et Nour avaient passé ensemble. Ça n’était pas celle-là qui ferait la différence, tout comme toutes ces fois où Osmond avait débarqué au Red Chips au milieu de la nuit, très certainement après la fermeture de l’Arcana, exténué et pourtant incapable de dormir, nourri ou guidé par l’envie d’un grand verre de lait, d’un fish and chips et peut être un peu de la compagnie de son homme de main.

Amy gare la voiture avec précipitation, se contorsionnant sur son siège pour récupérer son chapeau de cowboy blanc qu’il enfonce sur ses cheveux blonds. Lorsqu’Osmond enfile la casquette beige, c’est trop pour le petit cœur d’Amy qui visse un regard stupéfait sur l’état impeccable du couvre-chef qu’il lui avait offert il y a deux ans ou l’année dernière.
Les deux hommes sortent de la voiture. Osmond l’informe qu’il doit passer un appel, tandis qu’Amy a déjà la main jusqu’au coude plongée dans le bac à pêches. Il mord dedans, et du jus sucré coule de son menton et entre ses doigts. Il s’essuie pensivement la bouche d’un revers de main, mâchonnant un: "Don’t be too long." Et de s’enfoncer dans la foule et son joyeux brouhaha.

Certains forains le reconnaissent des années précédentes, et on le salue avec amusement (il fait toujours un carton au rodéo). Il inscrit Osmond à la tombola qui a lieu en début de soirée, se prend une fameuse brochette de poissons grillés à la pêche (idk why), vendue par une daronne qui lui en remet une seconde, en lui pinçant la joue, parce qu’il a besoin de force pour le concours de pêche à la pêche (un concours qui consistait à aller ramasser le plus vite possible des pêches suspendues au sommet d’un arbre artificiel). Puis, chemin faisant, il fait un détour par le stand de tir.
C’est là qu’Osmond le rejoint, alors qu’Amy faisait pitoyablement des coudes à deux gamins qui ne lui laissaient pas l’espace nécessaire pour ses bras aussi épais qu’eux deux réunis. "Is he bothering you?" siffle le Serpent dans sa nuque, et un frisson qui dure bien plusieurs secondes remontent le long de la colonne vertébrale d’Amy, si bien qu’il a l’impression, l’espace d’un instant, que son patron a changé il ne sait quoi en vipère pour la lui glisser dans le dos et le déconcentrer. Le subterfuge ne rate pas et Amy manque sa cible. "Not bad… Could be better, though." Amy ricane un peu nerveusement, même s’il entend que son patron n’est pas tout à fait sérieux (à défaut d’être très observateur, Amy savait plutôt bien écouter les nuances de ton dans la voix d’Osmond, plus subtiles que l’absence d’émotion dans son regard abimé). "You don’t say…" rétorque-t-il avec défi. Il solidifie discrètement le bout de ses doigts, afin de raffermir sa prise sur son fusil (la politique du festival n’était pas très tolérante vis-à-vis de l’utilisation des pouvoirs des mutants, aussi Amy évitait de dévoiler ses atouts).

Il y a toujours quelque chose de désarçonnant à surprendre Amy à s’immobiliser. D’accoutumée, c’était un garçon agité, sautillant comme un boxeur, nerveux comme un canasson embêté par les mouches. Il avait souffert de sa déchirure qui, à ses débuts, l’avait occasionnellement immobilisé, cloué au sol, à son lit, à son propre squelette, alourdissant sa masse jusqu’à lui donner l’impression qu’il allait s’enfoncer dans le sol. Amy avait détesté sa déchirure, il en avait eu très peur et avait longtemps lutté contre elle. Désormais, il s’y était habitué, et avait appris à maîtriser la lenteur et le poids de sa peau blindée. Aussi, il savait à présent se tenir immobile, comme un pilier, comme une porte, comme un mur, contrôlant le moindre battement de cils ou de cœur, qu’il recouvrait alors d’une fine pellicule d’acier pour en contrôler les battements.

Cette fois-ci, la bille rencontre sa cible. "That’s because I’m usually the weapon, you know… souligne-t-il en décollant l’arme de sa joue, glissant un regard pas peu fier à Osmond. You wanna try, boss? We still have time before the peaches fishing contest! I have to beat my own record from last year. Il tend la carabine, ses yeux bleus attirants et très insolents déshabillant l’ego de son patron: Or you’re afraid your eyesight isn’t what it used to be?"

Le grossier subterfuge d’Osmond ne fonctionne réellement que parce qu’il s’agit d’Amy qui réagit au doigt et à l’œil à tout ce qu’il lui dit. Il a cherché son ex-fiancée des yeux, paniqué, sentant son cœur lui remonter directement dans les oreilles. Il ne la trouve pas, et manque par la même occasion le tir décisionnel d’Osmond qui, en moins de temps qu’il n’en faut pour lister toutes les petites amies d’Amy, lui refourgue un énorme ours en peluche dans les pattes (who’s the girlfriend now?). Le Serpent n’a même pas l’air de réaliser que Amy n’a pas assisté à son tir de génie, et le Texan affiche un sourire confus, pour faire semblant de le féliciter.

"It was great fun." Le regard d’Amy va de l’ours en peluche à par-dessus son épaule, en direction du stand qu’il désigne du pouce. "Oh yes, sorry, I must have seen wrong… Due to, you know, my eyesight." Les joues d’Amy rougissent, impuissant face à ce trait d’esprit retourné contre lui. Les pensées d’Amy sont confuses, réalisant qu’il n’avait pas pensé à Olivia pendant si longtemps, et allant même jusqu’à se demander ce qu’elle penserait de lui, si elle le surprenait bras dessus bras dessous avec un homme à la dégaine de mafieux en vacances, qui venait de remporter un ours en peluche pour ses beaux yeux…

C’est Osmond qui se charge de faire s’évaporer ce tableau d’un concis: "But. You're. Welcome!" Et Amy de prendre sa suite, l’ours calé sous son bras, comme s’il ne pesait rien. C’est pourtant Amy qui se charge de les faire se diriger, cette fois-ci, vers une buvette, afin de s’arroser le gosier pour tenir toute la soirée. Chemin faisant, Osmond reprend la parole: "I need to talk to you about something, Aimee. Nothing to worry about, of course. But it concerns what we intend to do in three days' time." Amy a réajusté son pas pour être juste à côté de lui, penché sur sa droite, l’ours sous son bras gauche. Si Osmond ne laisse rien paraître de la tournure sérieuse de la conversation, il faut un temps à Amy pour se reprendre. "What’s that about, sir? - Do you think you'd be able to fight Hyperion?"

Le regard bleu d’Amy se lève vers la figure d’Osmond, dans un mélange d’excitation et de confusion. "Hyperion?" répète-t-il en ralentissant le pas. Ils sont arrivés devant la buvette et Amy a désormais grand besoin de boire pour ingérer l’info. L’ours calé entre ses jambes, si bien qu’il a l’air d’un cowboy n’ayant pas vraiment compris le principe d’un cowboy, il commande deux affreuses bières à la pêche, paye, en donne une à Osmond et garde la sienne avant de hisser l’ours sous son bras, et tout ceci, en bafouillant des remarques inutiles pour nourrir sa réflexion, bien qu’il sache qu’une seule réponse était attendue. "I mean… he’s like… the strongest of the Seven, right? Well, at least that’s what they want us to believe… Il boit, essuie la mousse sur sa petite bouche. His sun power shit might be a pain in the ass for me, but I’ve heard, pour ne pas dire qu’il avait épluché pas mal d’interviews du super-héros, he never says no to the old fashion fist-fight… That’s where I could take him…" L’opportunité est incroyable et jamais Amy ne la laisserait passer, bien qu’il soit conscient des risques, et voudrait quand même être sûr qu’Osmond le soit aussi: "But, you know, boss… encore ses yeux mouillés remontant les pommettes d’Osmond pour épingler son regard zombie: "If I go all the way, I ain’t sure I’d get out of here alive… you know?"

Il y a quelque chose de désarçonnant à voir comment Amy ne s’inquiète plus qu’il ne s’effraie réellement de laisser sa peau à l’issue de ce combat. Il en viendrait même à être peiné qu’Osmond le perde, voire qu’il fasse rater la suite du plan par son propre décès. Amy n’a jamais vraiment oublié que leur destin à tous, au sein des Orphans, avait de fortes chances de se solder par une mort brutale et prématurée. Une fin assez ironique pour un groupe de mutants au service d’un immortel; mais soit.
"Aimee… Of course I know. You don't think I'd throw you to Hyperion like a sacrificial lamb, do you?" Amy saisit dans l’œil vivant d’Osmond un embarras qui souffle sur sa figure comme un vent chaud (à moins que ça ne soit la température environnante du petit lieu bondé). "I— I’m not saying you would; it’s more like— I could throw myself to him like a dumbass…" se rattrape-t-il, touché cependant, que son boss le considère un peu plus que de la simple chair à canon. Après presque dix ans de bons et loyaux services, il était temps que cette idée fasse son chemin.
Amy n’était juste jamais à l’abri d’un oubli ou d’un doute spontané, il ne voulait pas se croire plus important qu’il ne l’était.

"The idea isn't for you to fight him in an outrageous battle from which you wouldn't emerge alive. The idea is- Amy l’écoute attentivement, son regard bleu s’égarant un instant dans le dos des enfants qui les dépassent avec entrain. Il a encore des miettes de pensées pour Olivia qui aurait très bien pu être là avec Junior. Il fut un temps où c’était eux qu’Amy emmenait à ce festival.
Il noie ce souvenir dans une autre gorgée de sa bière, tandis qu’Osmond explique son plan plus en détails. Un plan qui s’avère plus prévenant qu’il ne pouvait l’imaginer. Et de fait, se porter volontaire pour dézinguer Hyperion afin que les autres courent moins de risques était une manœuvre qui contentait d’autant plus Amy. Cela même avant qu’Osmond n’ajoute: "And I will be there. Amy se surprend à suspendre son geste, le gobelet planté sous sa lèvre supérieure, elle-même pincée comme un petit bec alors qu’il s’apprêtait à boire: In the warehouse."

Amy ne dissimule pas son enthousiasme décuplé. "Ooh, so just you and me, boss? Il baisse son verre, son teint rougi: Just like the old days!" plaisante-t-il en roulant ses épaules, bien qu’il ne soit pas vraiment sûr qu’ils aient fait quoi que ce soit rien que tous les deux qui ne relève pas d’une bourde causée par Amy et qu’Osmond se charge lui-même de régler. "That’s fucking smart, sir. You being like all shadow-y and stuff, his sunny ass ain’t gonna make it for sure…"
Amy est ravi; parce qu’une fois de plus, Osmond a pensé à tout. Une fois de plus, il refile un rôle particulier à Amy qui, en plus de ça, va avoir l’occasion de l’observer à l’œuvre, ce qui était toujours impressionnant, pour un petit mutant physique comme lui.
Et, en parlant de spectacle, il les fait emprunter un chemin plus spécifique, les dirigeant vers l’enclos de rodéo. "No, yeah, that’s super smart, boss: I don’t see how it could go wrong!"

"I'm delighted to see that you're excited about this plan. Amy boit encore un peu. - It’s just that… you’ve been planning that shit for a while now, so yeah, I can’t wait to see how’s gonna go…" explique-t-il simplement, comme s’il ne réalisait pas la gravité de la situation. Jusqu’à présent, ils s’en étaient toujours tirés, alors il ne voyait pas pourquoi cette fois-ci serait différente, bien que l’envergure du projet était autrement plus impressionnante. Amy avait tellement foi en Osmond que celui-ci pouvait le jeter en pâture aux Sept qu’il ne trouverait, en finalité, rien à redire. Il n’aurait pas su quoi dire, de toute façon, qui ne relève de la lâcheté ou de la peur. Amy n’avait pas peur de grand chose, quand il s’agissait d’obéir à Osmond Rose; à croire que l’agneau ne craignait pas l’autel sacrificiel puisqu’il s’imaginait y être chez lui, et que recevoir le couteau sacré de son bourreau n’était là qu’une preuve qu’il lui était utile et important.

"Aren't they supposed to be digital? Amy lève le nez à son tour, retenant son chapeau de tomber. - Well, technically they are… but Asbury is all about old school stuff… come on!" Ces derniers mots sont avalés par la foule qu’Amy traverse sans l’ombre d’une politesse, jouant de ses épaisses épaules pour se frayer un chemin en première ligne, l’ours en peluche tapant dans une myriade de badauds sans qu’il ne s’excuse ou qu’on vienne lui chercher plus de noises que ça, en constatant la taille de ses biceps.

Osmond met un temps à le rejoindre, et Amy lui laisse une place généreuse à côté de lui. Il observe les premiers participants, souvent des hommes, blancs et rougeauds, issus très certainement d’Asbury depuis des générations qui ont tordu leurs traits et rendu leurs visages gras d’une piscine de gène peu renouvelée. "Are you going to ride? Amy lui échange un regard pétillant de culpabilité: - Of course!" piaille-t-il en s’agrippant un peu plus à la rambarde. Il attend juste son heure…

Les deux hommes restent silencieux quelques instants, si ce n’est pour les sifflements appréciatifs ou non d’Amy à l’égard de ses concurrents malmenés. En croisant quelque part dans la foule une passante avec un tee-shirt à l’effigie d’Hyperion, Amy se penche un peu exagérément vers Osmond, ses gestes rendus un peu lourdauds par la chaleur et la bière qui lui rougit le pif: "By the way, boss, what are you gonna do to him?" son air est mi-grave, mi-fasciné, alors qu’il le regarde avec insistance dans son œil vivant et presque encore plus dans son œil mort.

Amy doit avouer qu’il est un peu jaloux que Hyperion soit parvenu à arracher un œil à Osmond. Il est aussi bien entendu remonté face à un agissement aussi cruel (comme si, de son côté, Osmond n’avait rien à se reprocher). Mais Amy était aussi très jaloux; parce qu’il estimait que des Sept, c’était en Hyperion qu’il pouvait se projeter le plus et que le leader des superhéros était, basically, une version propre et améliorée d’Amy, dans son côté himbo obsédé par sa propre apparence de divinité grecque.
Ça n’est pas tant qu’Amy aurait aimé arraché un œil à Osmond (quoique… that’s kinda romantic), mais il aurait tout simplement préféré qu’on ne s’en prenne pas au faciès de son patron, au visage des Orphans, parce qu’il s’agissait là d’une preuve irréfutable, à laquelle il faisait face chaque jour, qu’il n’avait pas été foutu, lui, Amy, de le défendre.

"I'm not going to— euthanise him." Amy fronce momentanément les sourcils, ses petits yeux s’étrécissant le temps de comprendre. Puis sa bouche s’arrondit autour d’un o impressionné par la figure de style. Il se console également en appréciant particulièrement les messes basses qu’ils partagent, penchés l’un vers l’autre, et Amy se surprend, non sans gêne, à lui mater le bec plus d’une fois (pour être sûr d’avoir bien compris ce qu’il expliquait, rien de plus…).
"I came to realise that he'd soon be replaced by someone else and that wouldn't solve the problem. Besides, making your enemy a martyr has never been a profitable strategy." Cette fois-ci, Amy exprime sa stupeur d’un glapissement, avant de se reprendre: "Wait what? Is he gonna be like forced to retire?? Man, that’s shady…" Il avoue qu’il est un peu peiné, puisqu’il s’agissait là de son membre des Sept préféré.
Amy est tellement focus sur ce qui lui révèle Osmond qu’il n’a pas la présence d’esprit d’applaudir les candidats mordant la poussière.

"I'm going to make him destroy himself. Arrogant gods tend to believe that nothing can break them; I'm going to remind him that he's the son of no Sun, merely a puppet. Theirs. And mine. He can recover from anything, I'm told. But I doubt his pride can recover from this." Osmond aime beaucoup s’écouter parler et Amy aime beaucoup écouter Osmond parler, sans qu’il prenne seulement conscience qu’ils ne ressemblent jamais autant à un antagoniste et son homme de main que lorsque le Serpent se perd dans ses tirades machiavéliques, avalées goulument par les yeux bleus et vitreux d’Amy collé à sa figure (et à sa bouche, vous l’aurez compris). "Damn, boss, that’s smart: the only one who can take the most powerful hero is the most powerful hero himself…" Un petit sifflement admiratif pince ses lèvres: "That’s hot, sir," qu’il commente en rougissant.

"And I'd like you to film it all. - Sure! I’m a big fan of his work, il ricane suffisamment pour que cela sonne comme une bêtise, même si Osmond n’était certainement pas dupe.
La chute sous leurs yeux est un peu plus violente que les autres, ce qui attirent leur paire de regards. Si Osmond sourit, Amy, lui déglutit un peu plus fort. "I think I've just discovered which side I'm going to support. Une expression vexée mouille le regard d’Amy. - Really, boss? You can’t say that when I’m next!"
Et, effectivement, Amy pose la peluche au pied de la clôture, finit son verre d’une traite, se défait de son chapeau et, pourquoi pas, de son marcel blanc, avant de grimper sur la barrière, au sommet de laquelle il reste un court instant à califourchon: "Imma show you that you bet on the wrong bull!" Il ponctue sa promesse d’un insupportable clin d’œil, avant de se jeter de l’autre côté de la barricade.

Les organisateur.rice.s se sont chargé.e.s de faire rentrer le taureau dans un minuscule enclos vers lequel Amy se dirige d’un pas décidé. On le fait se hisser sur le côté puis sur l’animal qui se met d’ores et déjà en branle. La trappe se lève et l’animal bondit dans l’enclos du spectacle.
Est-ce que Amy regrette son choix? Ça ne lui viendrait même pas à l’esprit, à partir du moment où il a quelque chose à prouver à Osmond. Sa vision se brouille pendant les premières ruades, mais comme le montre si bien son absence de t-shirt, il a les abdos et la courbe du dos faites pour ça. Il serre les fesses moulées dans son jean, et crispe ses mollets autour des flancs de la bête infernale. Cependant, Amy vit avec tout un tas de vicelards qui lui ont appris à tricher avec la vie. Aussi, discrètement, il métamorphose ses jambes en acier, pour prendre le taureau en étau entre ses cuisses. La transformation est plutôt discrète, si ça n’était pour la bande de métal dépassant de temps à autre de son jean, mais qui pouvait se confondre avec l’éclat d’une ceinture, hormis pour les regards les plus aguerris.
Et d’ailleurs, maintenant qu’il est mieux fixé et que les mouvements de son bassin embrasse davantage ceux du dos de la bête, Amy cherche furtivement Osmond du regard, afin qu’il en ait pour son argent.

Les deux hommes s’observent par à-coups, des lueurs mesquines dans leurs yeux mutants, complices dans leur sur-humanisme. Amy s’en moque un peu de tricher, ce qui lui importe davantage, c’est qu’à tout moment, il rappelle à Osmond et se rappelle lui-même que quoi qu’il en coûte, ils sont dans le même camp, au-delà même de leur appartenance aux Orphans. Osmond a souvent eu d’interminables discours sur la supériorité de leur espèce, discours dont Amy s’est abreuvé sans réfléchir, toujours à la recherche d’un ego plus gonflé et plus flatté que ses épais pectoraux.
C’est par moquerie qu’il triche, pour se moquer des humains banaux qui n’ont aucune idée que cet exercice est désormais pour lui un jeu d’enfant. Qu’il serait même capable de combattre ce taureau à mains nues, si ces mêmes mains étaient recouvertes de son acier organique. Amy n’a peur de rien, sous sa carapace métallique, derrière les discours revanchards d’Osmond.

Il sourit avec impertinence à Osmond, écoutant d’une oreille distraite les commentateurs ahuris par un tel talent, à grands renforts de blagues salaces, en se demandant avec qui avait-il appris une pareille technique et qui était, bien entendu, l’heureuse élue qui en profitait au quotidien. Il se concentre sur le temps qu’il lui reste, la sueur coulant le long de sa colonne vertébrale. Il manque à plusieurs reprises de transformer ses mains en acier et se ravise à temps.

Lorsqu’il croise une nouvelle fois le regard d’Osmond, celui-ci a tranquillement tendu le bras dans sa direction, les pointant du doigt, lui et la bête. Dans le vacarme de la foule, Amy ne peut pas entendre ce qu’il lui dit, mais il n’en a certainement pas besoin. Il se décide à faire une fois de plus le malin, en tendant à son tour son bras, le pointant non pas d’un mais de deux doigts, formant le canon d’un revolver inoffensif.
C’est à cet instant que tout déraille.
La cloche de fin retentit. Le bruit supplémentaire agace encore plus le taureau qui, sentant la prise moins forte de son cavalier, rue d’un coup plus violent. Et, Amy, qui ne se tenait plus que d’une main, passe par-dessus bord.

Avant même qu’il ne touche le sol, il a changé son épaule et ses côtes en acier pour se protéger du choc. Dans la tumulte et la poussière soulevée, on ne le distingue pas encore. Et quand les membres de l’organisation de l’événement parviennent à s’approcher précipitamment, c’est pour découvrir Amy aux prises avec l’animal. Le taureau lui donne de robustes coups de museau, à défaut de pouvoir l’encorner, Amy, le dos contre le sol, s’étant saisi sauvagement des cornes, dont la matière dure et organique frotte et grince contre l’acier de ses mains. "Oh shit…" siffle-t-il entre ses dents serrées par l’effort de repousser l’animal dont le bout des cornes flirtent avec sa poitrine.

Des cordes sont passées autour de l’encolure de la bestiole qui est difficilement reconduite dans son minuscule box, en attendant le candidat suivant. On vient voir si Amy peut se relever, ce qu’il fait précipitamment, essuyant la poussière sur son jean, et faisant disparaître ses mains coupables. Mais déjà, des voix s’élèvent dans la foule. "Oi! He’s one of those mutant freaks! That’s cheating!" On conteste, on approuve, Amy ne sait pas trop, il n’entend que la masse de bruits peu enthousiastes face à ce qu’il venait de délivrer. Des canettes sont jetées, des gens glapissent qu’il ne faut pas en faire tout un plat. On s’approche tout de même lui, soudain avec autant de prudence que s’il était lui-même un taureau en furie, une serviette à la main pour qu’il s’essuie, mais il courbe l’échine et se retire par là où il était venu, grimpant avec moins de superbe sur la barrière pour rejoindre Osmond. Il réatterrit brusquement près de lui, s’agrippant un peu à lui dans sa chute, étourdi et un peu bouleversé. "Fuck, sir, I'm sorry, I think we’ve gotta go…" bafouille-t-il en ramassant ses affaires dans des gestes brouillons.

"Come." Amy obéit, se glissant presque de lui-même sous la poigne d’Osmond dans sa nuque, l’échine courbée et les pas se retenant de se précipiter hors de la foule en ruant comme un taureau en furie. Il regarde ses pieds, et les pieds des gens qui s’écartent suspicieusement. Il sent leurs regards sur lui, cherchant à voir une dernière trace restante de sa mutation, ou pour les badauds qui venaient juste d’arriver, cherchant à comprendre pourquoi ce jeune homme était éconduit du rodéo comme un joueur de foot expulsé par carton rouge, animés de cette curiosité un peu morbide.

Il ne comprend pas trop pourquoi Osmond ne se presse pas, il ne comprend pas trop pourquoi il se sent si mal. Il n’arrive pas à faire le tour de ce sentiment de honte qui lui affaisse les épaules et rend son teint à la fois blême et rouge d’embarras. Il faut dire qu’à la base, tout le personnage qu’il s’était soigneusement construit au fil des années avait servi à ce que si on se moque de lui, ça ne soit pas à cause de sa nature première. Ses muscles et ses joggings portés trop bas n’étaient qu’un leurre, pour dissimuler l’enfant aigri et paralysé, par l’acier et la peur. Force était de constater qu’en fait, Amy n’exhibait jamais sa mutation devant un public trop large, et la réservait même pour les Orphans seulement, et dans le cadre de leurs missions illégales.

"You did it. You held on." Amy relève un peu le nez pour observer Osmond par en-dessous, cherchant à ne ressentir que le poids chaleureux de sa main tranquille dans sa nuque. Il aimerait se faire minuscule pour ne faire que la taille de cette paume qui le conduit, non pas comme du bétail, mais comme un proche dans le désarroi, loin de la foule. "Here, you almost forgot it." Osmond lui rend l’ours en peluche qu’il agrippe avec méfiance, songeant pendant quelques instants à s’en débarrasser, avant de se souvenir que c’était Osmond qui le lui avait offert (lui aussi trichant grâce à sa mutation d’ailleurs) et que s’il n’avait pas voulu qu’il le garde, il n’aurait pas fait l’effort de le récupérer au passage. Amy le garde contre sa jambe. "Thanks, siffle-t-il d’un ton penaud.

Ils arrivent sur le parking, et les regards sont toujours là. Si l’échine d’Amy est toujours aussi courbée, elle est maintenant également tendue, sous les bras réconfortants d’Osmond. "Why the fuck do they keep watching, sussurre-t-il entre ses dents serrées, gémissant dans l’abri rassurant formés par leurs deux corps tournés l’un vers l’autre.
"Remember what I said ? I'll take the wheel on the way back." Oh que oui, Amy s’en souvient, puisqu’en retour, il avait même insisté pour qu’ils passent la nuit à Asbury; il y en avait au moins un des deux qui tenait ses engagements. Sans rechigner, Amy lui donne les clefs et grimpe du côté passager.

Le début du trajet se fait en silence. Amy a pudiquement renfilé son marcel, le chapeau sur les genoux et l’ours en peluche casé entre ses pieds et la boîte à gants. Il a gardé ses yeux dérobés, observant il ne sait trop quoi dans le paysage qui défile, le front collé contre la vitre. Il a honte de ce qu’il s’est passé, mais il a aussi un peu honte de s’être abattu de la sorte, là où par exemple quelqu’un comme Osmond, sur Terre depuis si longtemps, avait dû avoir son lot de discriminations autrement plus violentes que celle-ci.
Amy se demande si Osmond lui en veut, pour tout ça, de la même manière que beaucoup de gens lui en avaient voulu, son père en premier.
"It's really huge. Le regard d’Amy bifurque sur l’ours en peluche puis remonte le long des bras d’Osmond vissé au volant. Where will you put it?" Osmond n’a pas l’air de lui en vouloir; mais après tout, Osmond savait très bien jouer la comédie; Amy ne sait pas trop quoi penser, parce qu’à force de douter de tout, il se mettait même à remettre en question celui en qui il n’avait jamais douté. C’est comme s’il s’attendait à ce qu’Osmond l’engueule, déformation douteuse de lorsque son père lui en collait une, à chaque fois qu’il se montrait un tant soit peu différent. "I’m not sure… I was thinking of putting it at the window of the Red Chips… it’d give a family-friendly vibe… improvise-t-il dans un lourd haussement d’épaules: Or giving it to one of the girls. I’m pretty sure it’d make a better partner than any of Mack’s exes…" plaisante-t-il, un peu plus lourdingue, ce qui était plutôt bon signe.

Le silence retombe, pendant lequel Amy se redresse un peu plus dans son siège, continuant d’observer le visage impassible d’Osmond, qui n’a définitivement pas l’air de vouloir l’abandonner sur le bord de la route. "I’m sorry boss… I uh— hope I didn’t embarrass you by putting on this whole shit-show…"

"Embarrass me…? Why should I be embarrassed?" Amy se sent stupide; bien entendu que les humeurs d’Osmond passent au-dessus de pareil incident stupide. "They mean nothing to me." Amy relève le nez, frappé par la facilité d’Osmond d’admettre, encore et encore, qu’il se moque de plus des trois quarts de l’humanité, et par la même occasion, de ce que pensent plus des trois quarts de l’humanité de lui. Un tour de force qui apparaît encore comme infranchissable pour Amy qui, même en étant aussi insupportable, se voudrait aimé de tous.
"I didn't come here because the Asbury Festival is important to me. I came because you like it, and it was an opportunity to spend some time together." Amy rougit un peu, continuant de l’écouter avec la timidité adolescente dessinant un petit sourire pointu au coin de sa bouche. "If there's anything to be sorry about, it's that this incident has spoilt your fun. I hope you understand that, by incident, I'm not talking about your transformation." Amy se frotte la nuque, tente une remarque plus badine: "Ugh, don’t worry, boss, after all these years going there, I’m always winning so it’s not even that fun anymore…" feint-il de souligner, puisqu’il ne sait évidemment pas s’il osera ou aura simplement le droit de jamais y retourner.
Mais après tout, rien que les états du Sud des Etats-Unis possédaient leurs lots de foires aussi ringardes que celle-ci.

"I cheated too, you know." Amy était pensivement en train de digérer son abandon du festival et de se demander d’ores et déjà où il allait bien pouvoir faire le mariolle l’année prochaine, triturant l’une des oreilles de l’ours en peluche, lorsqu’il relève pour de bon le regard vers Osmond, stupéfait, sa bouche s’arrondissant de surprise, illuminant son regard. "I suppose they would have had us tarred and feathered by the end of the night. C’est un rire qui franchit cette fois-ci les lèvres d’Amy. "I can’t believe it, boss, that’s hot!" semble-t-il meugler, n’arrivant pas à se défaire de l’hilarante image d’eux deux couverts de goudron et de plumes. Osmond est définitivement sur la bonne voie, puisqu’il enchaîne: "Remember that time in the Bronx? When that bunch of altered jerks tried to roast our arses with their fire-breathing cybermons? Bloody hell, you canned their pet so badly." Désormais, Amy est presque assis au bord de son siège, les mains tapotant d’excitation sur la boîte à gants. "Man, that was messed up! Their gadgets ended up like a pile of crushed canned beans! - What can I say? We can't please everyone." Amy finit de se marrer de bon cœur, se rasseyant, plus affalé et détendu dans son siège. "Yeah, of course you’re right: fuck them."

Le regard qu’il dépose sur la route défilant derrière la vitre est désormais moins peiné, davantage nostalgique des mauvais tours qu’ils ont joué au fil des années, et qui, force est de constater, avaient tendance à rendre ce genre de rodéos au milieu des badauds bien moins croustillants. "The beer was awful anyway. - Ugh, it’s the worst. - There are better drinks at the ranch. A cigar in one hand and a good whisky in the other; an evening just the way I like it. I know you don't really like smoking them, but you should try the Honduran ones, I'm sure you'd like those. But of course, if you want to rest, I'll understand."
Amy se cale dans le coin formé par le siège et la portière de la voiture, pour garder ses yeux sur Osmond, comme si la simple vision de son profil taillé à la serpe l’aidait à relativiser et prendre les choses plus à la légère. On entend qu’il sourit dans sa voix: "That sounds pretty cool, boss; I’d be down for that," qu’on l’entend doucement ronronner sous les bruits de moteur, le dos laissé allé dans son assise, les mains caressant doucement le poil synthétique de son cadeau, brossant le souvenir amer d’Asbury, s’étiolant sous l’enthousiasme de la perspective d’une soirée avec Osmond.