Why do the chicken, the squirrel and the man cross the road? [PV Abel]

25/12/2022

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Why do the chicken, the squirrel and the man cross the road?

Hugh Reid n'était généralement pas de ceux qui quittaient leur job à la première heure. L'homme méticuleux intégrait régulièrement dans son quotidien du travail supplémentaire, une dernière page de codes à compléter et revérifier avant envoi, tout ce qu'il pouvait trouver pour se sentir utile au sein de son entreprise. Hugh était un travailleur zélé et dédié à son poste.

Pourtant, ces derniers temps, l'assiduité excessive de Hugh avait quelque peu diminué. Le bio-informaticien avait le cœur lourd au travail, la conscience tout aussi peu légère. Ce n'était pas quelque chose qui l'avait inquiété outre mesure, jusqu'à ce qu'il se retrouve directement confronté à la véritable nature de son travail.

Le nom et le visage de Cadmus Scott, l'homme qu'il avait été chargé de ramener à l'Unité M dans le cadre de la distribution illicite du V², le hantaient depuis cette terrible mission. Il devenait de plus en plus compliqué pour Hugh de se rendre à son laboratoire, combattant une nausée permanente à l'idée de contribuer au sort de Cadmus et de tous les autres qui n'avaient pour lui pas d'identité concrète.

C'était dans ce contexte anxiogène que Hugh avait donc quitté son travail plus tôt qu'il ne le faisait habituellement, détachant la cravate qui l'étranglait dès que possible, chemise blanche aux manches remontées, fidget cube entre les doigts pour occuper ses mains tout autant que son esprit rongé par la nervosité.

Il ne voulait pas rentrer dans son appartement qui serait vide, excepté pour la présence de son Cyberpet, qu'il n'avait pas encore osé ramener à son travail, malgré le statut d'assistant au quotidien de la créature cybernétique. Sa soeur ne serait pas présente, pas avant plusieurs heures, et Hugh n'avait pas la foi de se retrouver seul dans le silence, prisonnier de sa conscience.

Hugh se retrouva ainsi à errer dans les rues sans but réel, regard rivé vers le sol, ne le relevant guère que pour traverser les passages piétons. Cet angle de vue garantit à son attention volatile de se focaliser sur l'élément le plus incongru qu'il ait récemment croisé : une poule et un écureuil.

Séparément et dans leurs environnements respectifs, la vision n'avait rien d'étrange. Mais en plein Solaris, marchant côte à côte auprès d'un humain, comme si c'était la chose la plus normale du monde ? Définitivement curieux.

Inconsciemment déterminé à occuper son esprit de toutes les manières possibles et imaginables, Hugh rattrapa l'homme mystérieux et son escorte saugrenue, l'interpellant spontanément :

"Hey !"

Son regard attrapa brièvement celui de l'inconnu, avant de se détourner aussitôt, baissé vers les animaux qui l'accompagnaient.

La cervelle de Hugh fourmillait d'informations plus ou moins utiles, glanées notamment lors de ses longues nuits d'insomnie, occupées par le visionnage de films, séries et autres documentaires, ou des recherches absurdes motivées par des questions qui l'étaient tout autant (et dont il ignorait bien souvent la provenance exacte).

Et c'est une de ces informations qu'il délivra dans un petit discours, regard braqué sur les animaux, continuant à triturer son fidget cube d'une main, tandis que les doigts de sa main libre battaient une mesure connue de lui seul sur son torse :

"La présence d'un écureuil n'est pas recommandée auprès d'une ou plusieurs poules. Les écureuils sont porteurs de parasites qui peuvent potentiellement être transmis à la poule et à ses œufs. S'ils sont affamés, ils peuvent s'en prendre à ces mêmes œufs et aux poussins ! Sans parler des prédateurs qu'ils peuvent potentiellement attirer..."

Hugh s'était exprimé de ce timbre particulier qui était le sien, légèrement atone et un peu trop rapide, ne reprenant son souffle qu'à la fin de son monologue, comme s'il était sur le point de s'envahir suite au manque d'oxygène. Sa cervelle remettant un peu de priorité dans ses idées suite à ce discours informatif, il releva la tête vers son interlocuteur, dont il ne connaissait toujours pas le nom, posant une question un peu plus sensée :

"Pourquoi est-ce que vous promenez en ville avec une poule et un écureuil ? Je... Je crois me rappeler que c'est légal ici, en ce qui concerne les poules, mais pas les écureuils, qui ne peuvent pas être considérés comme des animaux de compagnie."

Entre son cerveau qui s'attachait obsessivement aux informations les plus obscures et sa conscience qui recherchait le moindre prétexte pour ne pas songer à son travail, Hugh se retrouvait déterminé à obtenir des réponses à ses questions, de la part de cet inconnu si différent...

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L'autre-là & Abel

En général, lorsqu'Abel ne travaillait pas, ce dernier restait chez lui, à glander, buvant des bières, affalé sur son canapé en panda, tout en matant des films avec ses deux compagnons animaux. Il lui arrivait aussi de sortir pratiquer un peu de sport, histoire de se décrasser de … Bah de toutes ses bières, au final et de toute la bouffe de merde qu'il se tapait quotidiennement, du moins, dans sa forme humaine. Lorsqu'il revêtait une autre forme, tout ce qu'il engloutissait n'avait pas la moindre incidence sur son bidou, calmant néanmoins sa faim, tout en augmentant son alcoolémie. Certains pourraient dire que, en étant en Panda, notre ami mangeait énormément de bambous et que cela pouvait aider mais, ceux-ci ne voyaient pas tous les burgers qu'il se fracassait aux côté de son écureuil et de sa poule. Dans tous les cas, le sport, le policier préférait le garder pour les jours où il travaillait, préférant rester tranquille ses jours de repos, quitte à se faire chier parfois et, lorsqu'il se faisait chier – jour de repos ou non – le blondinet sortait boire des coups, dans un bar où il se rendait régulièrement, accompagné de ses deux petits. Par chance, le mutant avait fini par trouver un endroit où on ne le faisait pas chier pour sa compagnie animale, les servant même sans problème, sans même trop poser de questions. Il y avait même quelques habitués qui s'amusaient avec eux, leur filaient à bouffer ou à boire, tout en racontant des blagounettes nulles qui faisaient énormément rire Buggles. Un lieu parfait, donc.

C'était vers ce paradis que nos trois amis avaient décidés de se rendre, ce jour-là, d'un pas décidé, déterminé même, les yeux pleins d'assurance et de fiertés. C'était bien entendu à pied que le petit groupe se déplaçait jusqu'à ce lieu de dépravation, car, même si les gens avaient tendance à l'oublier, Abel était bien policier. Certes, il pourrait bien faire passer le coup avec le fameux ''je suis de la maison'', voire faire sauter quelques contraventions mais, il était préférable de ne pas prendre de risque, dans tous les cas, se rendant régulièrement là-bas pour … Disons charger la mule. Il y avait toujours des matchs diffusés, ou rediffusés, du football, du baseball, de la boxe ou des sports obscurs venus d'Irlande, du Pays de Galles ou encore d'Australie, dont les compagnons, éméchés, tentaient de comprendre les règles, tout en rigolant comme des otaries aux propositions de l'autre. Bien entendu et ce, malgré les années de tentatives, la grande majorité de ces jeux leur restaient encore obscurs et, pour être tout à fait franc, aucun des trois n'en avait réellement quelque chose à faire.

Malheureusement pour eux, durant ce trajet relativement court, un imprévu se présenta à eux, les coupant dans leur voyage de la plus haute importance. Un gars, brun, pas bien costaud dans la quarantaine qui avait l'air au mieux stressé, voire avec plein de tics, en train de jouer avec une espèce de cube avec pleins de boutons, objet qui attira grandement l'attention de l'écureuil, tandis que Gillian, elle, observait fixement cet inconnu, essayant de déceler des messages cachés dans ses mots. L'homme, quant à lui, écouta, l'air passablement ahuri, la bouche entrouverte, un sourcil levé. Qu'est-ce qu'il voulait ? Qui c'était ? Aucune idée. Pourquoi est-ce qu'il lui balançait ses histoires sur les écureuils et les poules ? La plupart des gens les regardaient de loin, l'air surpris, incompris, ou le prenant pour un con, mais jamais ils ne venaient lui prendre la tête comme ça. Des histoires de parasites et d'illégalité d'avoir un écureuil. Ses mots le firent soupirer avant que Buggles ne mime une démarche de zombi, les deux bras levés en poussant des gémissements tout en s'approchant de sa compagne à plume pour faire mine de la mordre. Elle, ne broncha pas, mais le petit rongeur rigola grandement, tout comme son maître. « Il s'fout d'votre gueule là. » Que le blondinet ponctua avec un grand rire tout en le pointant du pouce.

Se frottant l’œil avec son index tout en baillant, son attention se porta vers Gillian qui était plus calée que lui sur toutes les histoires de lois. « Hey, c'est vrai ce qu'il dit que c'est pas légal de l'avoir c'ui-là ? » Sa seule réponse fut un hochement de tête avec un petit bruit. « Okay … Bon, disons que j'ai une dérogation et ... » Un regard vers l'écureuil. « T'as des parasites toi ? » Ses joues se gonflèrent avant de laisser échapper le tout dans une moue dubitative tout en haussant les épaules. « Comment ça t'en sais rien ? Bon, laisse tomber. » Son regard se reporta alors sur cet inconnu étrange. « Bon, mon p'tit gars, j'sais pas qui t'es mais, j'ai pas un rond sur moi de toute façons. Enfin, si, mais c'est réservé pour les bière donc bon. Je sais pas si t'essaie de me vendre quelque chose ou autre hein, mais … » Un long soupir tout en haussant les épaules, essayant de trouver un raison. « Ou alors t'enquête sur moi ? J'ai encore fait une connerie ? » L'air dubitatif avant de se rendre compte, au final, qu'il n'en avait rien à foutre. Un mouvement nonchalant de sa main en l'air pour envoyer l'idée valser. « Ouais, non, en vrai j'm'en fous. On allait boire des coups, si tu veux voir un écureuil bourré, c'est le bon moment et, si tu veux parler loi, Gillian elle sera curieux d'entendre tout ça, moi ça m'fait chier les textes de loi, mais bon, elle, elle adore. Jamais compris pourquoi. » Un regard de jugement de la principale concernée fut jeté en direction du policier qui, en toute logique, devrait mieux connaître la loi qu'une poule. « Ouais bah écoute, chacun ses points forts ... » Buggles s'apprêtait à renchérir, en levant doucement son index. « Et toi, tu fais pas ta blague pourrie. » Petit soupir de l’écureuil, déçu, avant de refaire le coup du zombi ce qui semblait beaucoup l'amuser, contrairement à Gillian, dépitée.

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25/12/2022

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Why do the chicken, the squirrel and the man cross the road?

@Hugh Reid et @Abel O'Connell

Neuf fois sur dix, Hugh regrettait de s'être adressé à de parfaits inconnus. La statistique était peut-être quelque peu amplifiée par l'anxiété que lui causait cette interaction qui avait tout d'un échec, mais Hugh n'était probablement pas très loin de la réalité.

C'était là tout le paradoxe de sa condition : ce désir de créer une connexion avec les autres, tout en se révélant incapable de le faire. Ce besoin qu'il avait d'être entouré, et l'épuisement qui le saisissait après une sociabilisation constante.

Tout serait plus simple si Hugh détestait la compagnie et ne souhaitait que la solitude. Il se serait contenté de rejoindre son appartement et de travailler sur sa culpabilité, au lieu de s'adresser au premier venu et à son étrange compagnie.

Un "Hmm." malaisé s'extirpa de ses lèvres devant le rire de l'homme et l'attitude sans équivoque de son écureuil, et Hugh rangea son fidget cube dans sa poche, ses doigts préférant battre la mesure sur le côté de ses jambes, tandis qu'il tentait de comprendre son propre ressenti.

Est-ce qu'il venait vraiment de voir un écureuil se moquer de lui ? Etait-il supposé être vexé ? S'en amuser ? Hugh était si confus qu'il était bien incapable de comprendre ce qu'il éprouvait à cet instant.

Lorsque l'homme lui nota que son écureuil riait de lui (vraiment, quelle étrange suite de mots), Hugh répondit par un rapide "J'ai remarqué.", toujours avec cette voix légèrement atone, comme un acteur répétant son texte pour la première fois.

L'une de ses mains se leva pour battre une mesure connue de lui seule dans le vide, l'autre continuant à en faire de même sur sa jambe, tandis qu'il trouvait finalement de quoi répondre, regard perpétuellement fuyant :

"Je ne pensais pas qu'un écureuil était capable de discrimination. C'est fascinant."

De ce qu'il comprenait, en écoutant l'homme et en observant ses interactions, l'inconnu qui lui faisait face était en mesure de parler aux animaux. Il avait déjà vu mutation plus bizarre que cela. Leur insufflait-il une forme d'intelligence pour créer une communication ou se contentait-il de parler leur langage ?

Alors que les questions fusaient dans son crâne, Hugh réalisa qu'il réagissait en scientifique, considérant l'inconnu comme un potentiel sujet d'étude. Sa main cessa de tapoter sa jambe, s'agrippant au tissu nerveusement.

Son esprit s'agrippant aux mots de l'homme pour leur donner sens, s'extirpant autant que faire se peut des pensées intrusives qui le saisissaient, Hugh se retrouva à répéter les derniers mots de l'inconnu, réflexe écholalique qui lui permettait de reprendre la communication à voix haute :

"Une connerie ? Une connerie ? Non, vous n'avez rien fait. Pas que je sache en tout cas. Et je n'ai pas besoin d'argent, je gagne très bien ma vie. Je ne suis pas non plus un enquêteur, je suis bio-informaticien."

Hugh n'avait pas voulu aborder le sujet de son travail, mais les mots lui avaient échappé malgré lui, comme si tout son être mourrait de désir de relâcher tout ce qu'il pouvait savoir, tout ce qu'il pouvait avoir vu. Tout ce dont il était responsable.

Mais il ne pouvait pas. Il ne devait pas. Il ne lui appartenait pas de décider de la justesse des actes de ses employeurs. Ils lui avaient donné un avenir quand celui-ci aurait pu lui être arraché par les manigances de sa mère. Hugh devait tout à Icarus.

L'inconnu lui avait proposé de boire un coup. Hugh releva les yeux vers lui, légitimement surpris par la suite de leur conversation. Le bio-scientifique ne savait pas à quoi il s'attendait en s'adressant à cet homme, il voulait surtout retarder autant que possible le retour à son appartement et à la solitude étouffante, mais ça...

Hugh réfléchit un instant à la proposition. Il n'était pas certain d'avoir l'énergie pour supporter l'ambiance d'un bar, mais il préférait endurer cela que d'avoir à revenir immédiatement chez lui.

Dans le pire des cas, il s'effondrerait en arrivant. Ce ne serait pas la première fois que ça arrive. Au moins pourrait-il trouver le sommeil de cette façon. Hugh n'avait pas été en mesure de dormir correctement depuis bien longtemps, et encore moins depuis tout ce qu'il s'était passé.

Chaque fois qu'il fermait les yeux, le visage de Cadmus revenait le hanter. Culpabilité étouffante. Impossible de lui échapper. Peut-être que de l'alcool pourrait aider... Même si sa soeur n'approuverait pas.

Il détourna ses pensées d'Aileen, mal à l'aise, se focalisant sur l'écureuil qui avait recommencé à jouer les zombies. Hugh mentirait s'il disait que le spectacle ne lui donnait pas le plus petit pincement de coeur. Mais il avait vu et entendu bien pire à son propre sujet. Y compris des personnes qu'il aimait le plus.

"Votre écureuil n'a pas l'air d'avoir un répertoire humoristique très développé. Je suppose que c'est trop en demander d'un animal. Ou peut-être est-ce là ce qui le rapproche le plus de nos congénères humains. La plupart des gens semblent incapables de rire de quoi que ce soit sans ressentir le besoin de rabaisser ce qu'ils perçoivent comme différent."

Il considéra l'inconnu et son entourage un bref instant, avant d'ajouter :

"Je ne suis peut-être pas exempt de ce défaut. Je ne vous moque pas, mais je vous ai interrogé par curiosité. Ce n'est pas courtois de ma part."

Il tendit la main d'un geste raide à l'homme, désirant visiblement ne pas avoir à prolonger ce contact physique plus que nécessaire :

"Je m'appelle Hugh. Mes amis me surnomment Hughie, mais je suppose que vous n'êtes pas un ami. Je n'en ai pas beaucoup. Et je veux bien vous accompagner au bar."

Son attention se focalisa sur les bêtes qui accompagnaient l'homme, réfléchissant à la suite des événements. Toutes les leçons d'habileté sociale qu'il avait pu suivre ne l'avaient pas préparé à l'éventualité d'une possible salutation avec la race animale.

Il hésita visiblement à leur tendre la main, constatant assez rapidement qu'une poignée échangée avec une poule relevait probablement de l'impossibilité (à moins qu'il n'accepte de toucher ses pattes, mais l'idée le dégoûtait), avant de se décider pour un rapide signe de tête.

De toutes les personnes qu'il aurait pu aborder, il avait choisi la plus déconcertante. Mais peut-être était-ce cela dont il avait besoin. Quelqu'un qui saurait égaliser sa propre bizarrerie.

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L'autre-là & Abel

L'inconnu ne semblait guère apprécier l'humour des écureuils et, ma foi, c'était grandement compréhensible. Malheureusement, Abel n'avait pas eu tant l'occasion que ça de raconter des conneries avec d'autres de cette espèce mais Buggles était … Un prix Nobel, au moins. On dit parfois que les chats récupèrent les mêmes tares que leur maître, la boule de poil semblait faire de même, avec le même humour complètement débile que son … Propriétaire ? Si on pouvait dire ça comme ça. Pour ne rien vous cacher, l'humain lui-même n'avait jamais réfléchi à la nature de leur relation, il s'en foutait complètement, en fin de compte. Dans tous les cas, son écureuil de compagnie avait un humour bien à lui, bien nul, parfois graveleux qui faisait particulièrement rire le blondinet. Malgré tout, le petit rongeur était une espèce d'expert en informatique et en électronique, ce qui avait été capable de choquer plus d'une personne. Bon, il est vrai aussi que l'inverse serait encore plus choquante, qui pourrait s'attendre à une telle phrase dans un monde sensé ?

La vanne sur le zombie ne semblait guère passer auprès de cet inconnu étrange et, la phrase qu'il sortit en tant que répartie au sujet du compagnon animal laissa Abel perplexe. De quoi parlait-il ? Ses joues se gonflèrent pour laisser partir ce petit bruit signe qu'il n'en savait rien. « Wah … J'ai rien compris. Qu'est-c'il dit ? » Que notre homme envoya à Gillian, toujours plus attentive aux conversations et avec un cerveau sûrement plus fonctionnel que les deux autres. La question sembla la blaser mais, malgré tout, la poule prit le temps de répondre en détail aux deux curieux. Rarement aussi loquace, le policier resta là, à écouter, ponctuant son explication de « Oh ! » ou encore de « Ah ?! » avant de finir par un « Ah … C'est pour ça les ... » Ne trouvant guère de mot à mettre sur ce qui semblait être un tic, le mutant se contentant de mimer ses mouvement des doigts répétitifs. « Ah, bah … » Un long soupir las. « … Non. Il s'fout de la gueule de tout le monde, pas d'jaloux. » Un petit rire, presque fier, avant que son écureuil se mettre à déblatérer un truc à toute vitesse. « Attends, tu parles trop vite là. Calme et j'traduis. » Buggles fronça les sourcils avec violence, avant de soupirer longuement, dépité, pour finalement reprendre. « Aloors .. Il dit que, du coup non. Pour lui, la discrimination c'est plus genre … Comment dire ? Savez, quand justement quelqu'une est différent, alors on a un traitement différent. Bon, là il prend l'exemple de films et de séries, les trucs archis nuls et clichés qui veulent se montrer inclusif pour … Ratisser large ? » Fronçant les sourcils, le faux-druide se retourna vers son compagnon. « T'es sûr de celle-là ? » Un mouvement de tête pour valider et Abel reprit dans un haussement d'épaules. « Genre qu'ils mettent un gars, une meuf ou quoi que ce soit d'autre et que le seul truc qui le définit c'est sa sexualité, son ethnie, son genre ou j'sais pas quoi et que tout son perso est tourné que sur ce point. C'est plus un perso c'est une fonction. Voilà, ça, pour lui c'est ça la discrimination. Il traite tout le monde pareil. Bon, on regarde beaucoup de films et de séries mais, il est pas si con que ça le petit hein ? » Un petit rire heureux.

Bientôt, la conversation déboula sur la raison de ce premier pas et l'homme semblait réellement tout prendre au premier degré, comme ce que la théorie de Gillian pouvait laisser présager. Cet inconnu finit par mettre son nom sur son métier, ce qui déclencha un rire nerveux à son interlocuteur humain. Chose qui se répercuta sur l’écureuil qui avait un rire bien plus moqueur. « Bien sûr que j'sais pas c'que c'est, c'est ton domaine ça l'informatique moi je … Ouais bah j'en ai un peu rien à foutre hein. J'ai un expert dans la poche, chacun ses compétences. » Un petit rire, presque fier, avant que ce soit Buggles qui lui explique la situation ce coup-ci. « Oh … Je vois … Enfin, je crois. J'suis pas sûr mais … C'pas que l'informatique. Z'êtes une tête vous dis-donc. Le petit là, c'est un crack en informatique, mais ça, pfiouh, bravo. » Phrase qui laissa l'écureuil boudeur. « Et ça va, tire pas la tête, tu fais du patin et des arts martiaux aussi, tu peux pas tout faire. » Un vrai gamin.

Enfin, suite à une énième blague de zombi, l'inconnu repartit sur une longue tirade qui laissa Abel perplexe un moment. C'était ça que ça faisait quand il racontait n'importe quoi pendant de longues minutes ? Il fallait peut-être se calmer un peu alors ? Peut-être. « C'est juste une vanne, il rabaisse personne il … Il s'en fout en vrai. Puis c'est un écureuil, z'êtes forcément différent pour lui. » Un petit ricanement. « Puis il peut pas trop vanner ses congénères, en général ils sont cons comme des tables basses malades, alors il se rattrape où il peut. » L'homme se présenta bien vite, à sa façon, Hugh, en tendant la main de manière crispée, pour finalement accepter de les suivre au bar. Une main serrée, pour se présenter à son tour. « Va pour Hugh, moi c'est Abel, là y'a Gillian et là Buggles. » Qu'il pointa du doigt avant de lui mettre une tape sur l'épaule. « Allez, c'est pas loin, j'espère t'aime … Vous aimez ? Allez, on va rester sur le tu, ça va m'arracher la tête sinon. Les bières, z'en font des bonnes là-bas et c'pas loin. » Un petit rire suivi d'une nouvelle tape pour marcher deux ou trois minutes et entrer dans un bar où il avait l'habitude de se rendre, un de ceux où on acceptait sans mal ses compagnons tant qu'ils foutaient pas le bordel. S'asseyant à une table contre la vitrine, le quarantenaire appela la serveuse habituelle pour commander une pinte de bière irlandaise, la O'Hara's red, accompagné de deux verres de shooter pour permettre aux deux autres de picoler. « J'sais pas ce que tu bois, mais la red est vraiment pas mal, si t'aimes bien ce qui est fruité, sinon la Kilkenny brune est vraiment pas mal aussi. Je supporte pas les brunes en temps normal, mais celle-là, pfiouh, exceptionnelle. » Le nom de la dernière bière sembla laisser Gillian rêveuse, semblant presque avoir de la bave au coin du bec, ce qui déclencha un rire du petit écureuil. Une fois la commande prise, la serveuse se targua d'un petit sourire chaleureux en leur direction, chose qui laissa Abel ahuri. « Qu'est-ce qu'elle est belle cette femme. Ahhh ... » Qu'il ponctua dans un soupir extatique. « Bon, et sinon, toi. C'est si fou que ça de voir un mec se trimballer avec des animaux ? J'me dis, on vit dans un mode de barge avec des gars qui ont des pouvoirs dignes de films et des gars à moitié robotisés, j'pensais pas que mes pouvoirs pouvaient tant surprendre. »

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25/12/2022

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Why do the chicken, the squirrel and the man cross the road?

@Hugh Reid et @Abel O'Connell

C'était une étrange expérience que d'observer les interactions que l'inconnu pouvait avoir avec ses animaux. Ces derniers semblaient posséder des connaissances dont l'homme n'était pas lui-même doté, ce qui ne faisait qu'attiser davantage la curiosité naturelle du scientifique. Les animaux possédaient-elles toutes ce trésor intellectuel, caché par la barrière du langage ? Ou le pouvoir du mutant était-il à l'origine de ce développement neurologique ?

Toujours était-il que l'homme sembla enfin comprendre la condition de Hugh, relevant les gestes d'auto-stimulation du scientifique. Hugh ne cherchait pas à s'en cacher : ce n'était pas comme s'il était particulièrement doué pour masquer son handicap, de toute façon. La plupart des gens dont il croisait le chemin savait qu'il était différent d'entre eux, même s'ils ne parvenaient pas à mettre le doigt sur la raison exacte.

C'était ce qui lui avait valu d'être martyrisé à l'école, du temps où il était encore scolarisé, et de subir des brimades similaires de la part de certains collègues de travail. L'humain se méfiait instinctivement de ce qui ne lui ressemblait pas, après tout, y compris au sein de sa propre espèce.

L'homme lui apprit que l'écureuil se moquait absolument de tout le monde. Hugh haussa un sourcil à cette déclaration, visiblement perplexe. Il ne comprenait pas ce que cela pouvait avoir d'amusant. Peut-être parce qu'il avait été plus généralement celui dont l'on rit que dans une position qui lui permettait de faire l'inverse... Ou parce qu'il était on ne peut plus conscient de ce que l'on ressentait lorsqu'on était moqués ouvertement.

"Ce n'est pas très drôle. Est-ce que ce n'est pas plus amusant de rire avec les autres plutôt que d'eux ?"

Se faire "neurosplain" la discrimination de la part d'un écureuil, c'était bien la première fois que cela arrivait à Hugh. La chose était si absurde qu'il ne put s'empêcher de rire brièvement, avant de revenir à un visage plus neutre, son expression la plus naturelle. Les doigts de Hugh allèrent s'égarer un instant dans sa chevelure pour tirer sur une mèche, avant de retourner à leur tapotement habituel, tandis qu'il leur faisait remarquer :

"C'est une forme de discrimination. C'est aussi discriminant de rire de la manière de parler de quelqu'un, ou de son attitude, et ne pas connaître le handicap n'est pas une excuse. Personne ne devrait être obligé de dévoiler son diagnostic pour être traité avec respect."

Son regard allait de l'écureuil à la poule en passant par l'homme, incertain de savoir sur qui il devrait se fixer. La situation était vraiment inédite pour lui, il n'avait pas de précédent sur lequel s'appuyer pour être sûr de la manière dont il devait se comporter.

"Les gens savent que je suis bizarre, sans même que je ne leur adresse la parole. Autant mettre un nom dessus. C'est aussi un excellent test pour faire le tri dans mes relations potentielles."

Sourire légèrement crispé et maladroit sur les lèvres. Plus d'une fois, il avait constitué une différence de traitement, à l'instant même où son diagnostic avait été dévoilé. Un discours qui se simplifiait outrageusement. Une condescendance certaine dans l'attitude, dans le dialogue. Un malaise flottant dont ils ne semblaient jamais pouvoir se débarrasser. Tant de petites différences qui avaient inspiré Hugh plus d'une fois à prendre ses distances, que ce soit dans des relations courtoises, amicales, ou même amoureuses. Hugh méritait mieux que cela. C'était en tout cas ce que sa sœur lui répétait.

Hugh avait dévoilé malgré lui la nature de son travail et, une fois encore, un des animaux savait quelque chose que l'inconnu ignorait. Comment un écureuil pouvait bien savoir ce qu'était la bio-informatique, cela le dépassait clairement, mais Hugh était conscient d'être ignorant de bien des choses en ce monde... Il haussa les épaules lorsque l'homme souligna qu'il était "une tête", n'étant jamais bien sûr de savoir comment répondre à ce genre d'affirmations :

"Je suis juste passionné. Ça n'a rien à voir avec l'intelligence. En comparaison, votre poule est capable de comprendre ce qu'est un handicap, et vous dites que votre écureuil est doué avec la technologie ? Ca, c'est de l'intelligence. Comparé à ce que nous savons de l'intellect des animaux, en tout cas."

Une nouvelle fois, trop de questions au bord des lèvres. Non, Hugh n'était pas là pour disséquer des sujets, mais bien pour oublier ce qui touchait à son travail. Ce à quoi il échouait terriblement, pour l'instant. Au lieu de cela, il se rattrapa donc à une déclaration précédente de l'homme, dont la perspective enthousiaste le poussait malgré lui à se balancer sur ses pieds, talons, pointes, talons, pointes :

"Vous aviez dit que vous regardiez beaucoup de films et de séries. J'en fais de même ! J'ai une collection en excellent état de DVD et de Blu-ray, que je regarde régulièrement. Il n'y a rien de mieux que les éditions disposant des commentaires de l'équipe du film ou de la série !"

Hugh aurait pu parler du sujet pendant des heures, en s'attardant sur les anecdotes les plus récentes que sa mémoire sélective avait pu engloutir, mais il se força tant bien que mal à calmer son excitation, tout aussi bien pour éviter d'attirer l'attention que par crainte de se retrouver si agité qu'il serait potentiellement vulnérable à une crise. Hugh était dans un état mental particulièrement fragile depuis ce qu'il s'était passé avec Cadmus... Il ne voulait pas embarrasser cet étranger, et encore moins obliger sa sœur à interrompre sa journée de travail pour venir le chercher.

Il avait donc changé de sujet, rebondissant sur une énième blague de l'écureuil. Hugh n'était pas certain d'apprécier la boule de poils, mais il se voyait mal être en guerre ouverte avec un écureuil. Les propos de l'homme semblaient toutefois considérer que l'intelligence de l'animal était une anomalie ou, tout du moins, qu'elle avait un caractère unique vis-à-vis de ses congénères. Non, non, le scientifique devait rester à Icarus. Hugh était simplement Hugh, un homme ordinaire qui tentait de se lier d'amitié avec un inconnu croisé par hasard. La plus normale des choses, supposait-il.

Hugh ne s'attarda pas sur la poignée de main, ses doigts retournant se crisper sur le tissu de son pantalon, tandis qu'il tentait de faire rentrer dans son crâne le nom de l'homme. Il avait toujours eu une mémoire horrible dans ce domaine... Alors qu'il s'efforçait d'utiliser une de ses méthodes habituelles pour faciliter l'intégration de cette information, Hugh fut interrompu dans ce processus par une première tape sur l'épaule, suivie d'une autre. Abel faisait visiblement partie des gens tactiles, ce dont Hugh avait horreur par-dessus tout.

Il se crispa malgré lui suite aux contacts rapides, agité par un tic nerveux, son épaule droite remontant tandis que sa tête se penchait sur le côté, les deux entrant en contact quelque peu brutalement. Hugh prit une profonde inspiration pour dissiper la sensation de malaise dans son corps, se focalisant sur l'instant présent. Abel le guidait vers un bar, tout en marquant le désir de se montrer plus familier avec lui dans son discours.

Hugh était extrêmement formel : franchir ce pas avec un homme dont il ne connaissait guère que le prénom état une étape qu'il n'était pas encore prêt à atteindre. Il concéda néanmoins à Abel de s'adresser à lui de la sorte, n'y voyant pas d'inconvénient particulier. Hugh n'avait que peu d'intérêt concernant la manière dont on s'adressait à lui, cordiale ou plus familière, mais il avait lui-même sa propre rigidité sur le sujet.

"Vous pouvez me tutoyer, je n'y vois pas d'inconvénient, Abel."

A défaut de pouvoir accomplir son petit exercice afin de retenir plus facilement le prénom de l'homme, Hugh allait s'efforcer de le répéter plusieurs fois dans leur conversation pour éviter de l'oublier trop vite. Une fois posés au bar, Hugh ne chercha même pas à s'interroger sur le fait qu'Abel avait fait servir de l'alcool à ses compagnons. S'il continuait à se questionner ainsi sur son potentiel ami, ils en seraient encore à discuter de ses capacités le jour suivant...

"Va pour la red."

Hugh pouvait se montrer indécis, et il lui était donc généralement plus simple de se contenter d'imiter les décisions ou commandes de ses interlocuteurs, plutôt que de peser le pour et le contre de ses possibilités pendant de longues, très longues minutes.

Une fois leur commande reçue, Hugh remercia poliment la serveuse, comme il avait l'habitude de le faire, haussant un sourcil devant la déclaration spontanée d'Abel. Il jeta un nouveau coup d'oeil à la femme, manquant probablement de discrétion ce faisant, avant de reporter son attention sur Abel. Il supposait qu'elle était effectivement jolie, mais ce n'était pas quelque chose qu'il avait remarqué particulièrement. Et même si c'était le cas, il n'aurait probablement rien dit, pour éviter d'embarrasser la serveuse.

Sa sœur le lui avait appris : le travail, ce n'était pas un endroit idéal pour nouer ce genre de relations, que cela soit son entreprise ou le lieu dans lequel pouvait œuvrer un ou une autre. Néanmoins, ce ne fut pas sous cet angle-là qu'il aborda la conversation, demandant à Abel, en se balançant doucement sur sa chaise :

"Vous le lui avez déjà dit ? Je ne crois pas que ce soit pas idéal de parler de cela pendant qu'elle travaille, mais elle appréciera peut-être de le savoir en-dehors de son boulot ? Si votre intérêt pour elle va au-delà de la considération esthétique..."

Hugh n'était pas très doué pour les relations humaines. Toutes les leçons qu'il avait pu suivre lors de ses ateliers d'habileté sociale ne suffisaient pas à rattraper le retard accumulé par des années d'isolement et de maltraitance, outre les difficultés naturelles incombant à son handicap. Il essayait tant bien que mal de déduire les non-dits, les intentions cachées, les sous-entendus, mais c'était loin d'être son fort. Il se montrait donc très spécifique dans sa manière de parler pour évacuer la possibilité de malentendu, au risque de rendre son discours trop mécanique...

La question de l'homme semblait légitime. Mais Hugh était habitué à ce genre d'excentricités. Il était lui-même un altéré dont la mère travaillait autrefois pour Theseus Corp, et il officiait pour les laboratoires d'Icarus Inc. La mutation et l'altération faisaient partie de son quotidien. Mais la vision que lui avait offert Abel ? Cela sortait clairement de l'ordinaire pour lui. Ces animaux n'étaient pas supposés être des animaux de compagnie, et encore moins s'entendre aussi bien les uns avec les autres.

Néanmoins, s'il devait être parfaitement franc... En tout cas, autant qu'il pouvait l'être sans parler de son travail, ou de la raison pour laquelle il avait tant besoin de socialiser.

"C'est la première fois que je vois un écureuil et une poule marcher côte à côte dans le secteur de Solaris. Cela m'a intrigué. Et... hmm... je cherchais compagnie, et cela semblait être une bonne raison d'aborder quelqu'un, je suppose ? Je n'avais pas très envie de rentrer chez moi tout de suite."

Pour ne pas être confronté à sa culpabilité. A ses souvenirs. Se retrouver seul avec ce qu'il avait fait et, surtout ce qu'il n'avait pas fait. A cette pensée, Hugh prit une gorgée de sa bière, décidé à noyer progressivement ses angoisses et ses doutes, s'adressant à nouveau l'homme après cela :

"Je n'étais pas certain que vous acceptiez de me parler. Mais vous l'avez fait, et vous m'invitez dans un bar. C'est... gentil. Vous recherchiez également de la compagnie, pour me convier de la sorte ?"

Hugh peinait à comprendre ses pairs. Abel, avec son pouvoir étrange et ses compagnons à poil et à plume, ne faisait pas exception. Néanmoins, quelque chose lui donnait envie d'essayer, outre ce désir ardent de retarder autant que possible son retour chez lui. Il était clairement intrigué.

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