Val de Larmes ;; June

14/03/2023

TW : rupture passée évoquée.

Ce sont des tas de souvenirs qui lui reviennent, quand il la voit.

Elle et cette lumière qu'elle a toujours dégagée, sans même avoir besoin d'user de ses déchirures ; Elle, d'avec cette majuscule qu'il lui a toujours accordé, de cette fascination enfantine au départ devenu amour ensuite... Et désormais, plus qu'une mélasse de ressenti sans doute abjecte et puéril, teinté encore par cette jeunesse fracassée qui n'a jamais su grandir, jamais su vraiment se remettre de cette rupture pas voulue, qui avait brisé chaque partie de ce couple. Du ciment qu'on avait massacré à coups de pioches ; et qui en gardera à jamais les séquelles sous la surface qu'on a lissé de nouveau.

Mais les années passent et cette douleur ne se fait toujours pas sourde.

Il aurait aimé ne jamais pousser cette porte, ne pas se dire qu'il pouvait arriver d'avec un peu d'avance, que ça lui permettrait de juste se poser et d'écouter de la musique en attendant l'heure de son rendez-vous ; une autre idée brillante qu'on lui dirait sans doute.

Parce que face à lui dans cette même petite salle d'attente, c'en est pas moins que June ; celle avec qui il aurait dû faire sa vie, plutôt que d'écouter les promesses bâtardes, plutôt que de rêver à cette avenir dorée. Liam s'était mis dans une cage bien plus petite encore que la précédente, avait dû quitter celle de June même à vrai dire. Les ailes avaient été coupées jusqu'à leur base, retirés même des oisillons qu'ils avaient été.

Poussée du nid, June ne lui avait jamais pardonné.
Et lui non plus, à vrai dire.

Devrait-il repartir ? Ne pas affronter ce regard qui s'est posé sur lui, qui autrefois venait à briller à chaque fois qu'elle l'apercevait ? Devait-il se soustraire à ces yeux remplis de noir et de lourdeur à présent ? "... Salut." Non, il ne peut pas ; n'a pas le droit de la fuir quand il est le coupable de tous les maux. Ne peut que finir de refermer la porte, d'assumer sur ses épaules déjà trop frêles ce poids en plus, devenant véritable boulet enchaîné à son pied droit depuis qu'il l'avait quitté, cette chère Lumière ; elle avait toujours été le phare dans son brouillard et pourtant, pourtant, il avait trahi.

Alors il n'a plus qu'à s'asseoir là, face à cette femme qu'il n'avait pas su aimer assez ; qui aurait mérité mieux ; qui avait trouvé mieux aussi, visiblement. Il avait forcément entendu parler de son nouveau couple, Liam, n'avait pu que constater qu'elle avait sans doute enfin trouver quelqu'un qui pouvait s'assumer d'avec elle ; du même statut. Et pourtant, Liam ne se doute pas de la machinerie une nouvelle fois ; n'imagine qu'à son tour, June avait été broyée par Icarus, qu'elle était une nouvelle fois la cible de leur machinerie.

Une nouvelle fois privée d'un potentiel bonheur.

"Félicitations." Qu'il s'entend dire, trop sobrement ; d'une voix morne qu'elle ne lui avait jamais connu ; mais le gosse autrefois vivant et remuant avait laissé place à cet homme éteint et fade. "Pour ton couple, je veux dire." Pourquoi est-ce qu'il dit ça, hein ? Pourquoi est-ce qu'il en ressent le besoin ? Cherche-t-il à se pardonner, en espérant que les choses changent pour June, enfin ?

Comme si ça pouvait arriver, dans ce monde-là.

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Immobile pour lui tu étais prêt à tout, mais sous tes yeux d'enfant a coulé l'océan quand derrière un nuage s'est caché son visage

29/01/2023

Val de Larmes
@Liam Jones

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TW : Rupture passée évoquée, Crise d'angoisse

Cela fait plusieurs minutes qu’elle attend que la porte du bureau s’ouvre et achève son ennui. Juste un petit rendez-vous pour parler de quelques petites clauses au contrat. Mais le contrat, elle l’a bien lu. Il n’y a rien de plus à dire. A part non. Mais elle ne dira pas non aujourd’hui. Pour l’instant, elle endure Jade. Elle joue à l’employée modèle. Sans vraiment jouer. Son téléphone à la main pour essayer de passer le temps, elle laisse défiler les images des personnes qu’elle suit sur l’argo space. Et puis elle ouvre celle qu’elle a prise avec sa fan rencontrée par hasard. Son sourire grandit. Sans le savoir, elle a été son petit rayon de soleil. Alors quand elle tourne la tête au bruit de la porte qui s’ouvre et des pas qui se font entendre, June a encore le sourire aux lèvres. Elle amorce un bonjour joyeux, qui reste coincé dans sa gorge en même temps que son sourire disparaît et que ses yeux s'assombrissent. Son corps entier devient le soleil. Intérieurement seulement, parce qu’elle a l’impression que ses entrailles brûlent. Tétanisée, les phalanges blanches tant elle s’accroche à son téléphone, elle le regarde arriver. Salut, qu’il dit. Et c’en est trop. Son cœur s’emballe, son téléphone tremble dans sa main. Mais elle ne veut pas se montrer faible devant lui. Et elle reconnait les signes de ce qui pointe son nez. Alors elle s’en va. Sans lui adresser un mot, elle sort de la pièce dont les murs semblaient vouloir soudainement l’étouffer. Les toilettes sont trop loin, alors elle se rabat sur un couloir qui paraît désert. Elle a juste besoin de quelques secondes. Quelques secondes et ça ira. Elle s’accroupit, colle son dos au mur. Son souffle se fait de plus en plus court, elle se force à prendre de grandes inspirations. Elle se souvient des mots des médecins. Inspirer. 1, 2, 3, 4. Expirer. 1, 2, 3, 4. Avant que sa vision ne se brouille trop, elle repère quelques couleurs autour d’elle. Blanc, bleu, noir, vert, marron. Blanc, bleu, noir, vert, marron. Avant qu’il ne devienne trop tard, avant qu’elle ne perde complètement conscience du temps et de l’endroit où elle se trouve, son esprit s’éclaircit peu à peu. Encore quelques secondes. Inspirer. 1, 2, 3, 4. Expirer. 1, 2, 3, 4. Blanc, bleu, noir, vert, marron. June se concentre sur un seul et même sentiment. Celui qui l’a fait fonctionner à peu près normalement pendant longtemps. Devant ses prunelles, la colère semble se personnifier et lui dire de se relever. Inspirer. 1, 2, 3, 4. Expirer. 1, 2, 3, 4. Elle vérifie ne plus trembler. Tente de s’apercevoir dans l’écran noir de son téléphone. Ne rien montrer. Elle ne peut pas s’enfuir, de toute façon. Elle ne peut pas annuler son rendez-vous. Et elle ne lui fera pas ce plaisir. Elle se relève, revient vers la salle d’attente. Sa montre lui indique n’avoir été absente que deux ou trois minutes. Il ne saura jamais qu’elle n’aurait jamais été capable de se relever, il y a de cela trois ans.

Elle pousse la porte, se rassoit. Elle espère, au fond, qu’il la laissera tranquille. Qu’il ne dise rien et que la porte du bureau s’ouvre pour lui dire que son rendez-vous peut commencer. Evidemment, il est hors de question que tout se déroule selon ses souhaits à elle. Et si elle n’était pas encore trop choquée de le voir assis là devant elle, si ses mots n’étaient pas prononcés de sa bouche, alors peut-être qu’elle en aurait ri. Mais ce n’est pas le cas. L’absurdité émane de lui. Et son absurdité anime sa colère. Son calme à lui la rend folle, lui donne envie de pleurer. Elle a envie de l’insulter, mais elle ne le fait pas. Pas encore. Pas encore. Pas vraiment. « Sérieusement ? » Elle siffle. « Ne fait pas semblant de ne pas savoir. Je ne veux pas de félicitations venant de toi pour un faux couple. » June ne peut plus ne pas le regarder. Elle voit bien à quel point il a changé, grandi. Mûri, peut-être. Il n’est plus l’homme qu’elle a aimé. Il ne peut pas l’être. « Et puis un super-vilain ne devrait pas être heureux pour ses ennemis. Ça va faire tache sur ton CV. » Elle croise les jambes, les bras, se protège inconsciemment autant qu’elle peut. « Je suppose que c’est à moi de te dire félicitations. Je n’ai pas encore eu l’occasion, après tout. Ton succès est… phénoménal. » Les compliments n’en sont pas et ne se cachent pas de ne pas en être. Le ton est dur. L’âme est brisée.

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14/03/2023

June s'en était allée ; et lui se dit juste qu'il la dégoûte ; que définitivement elle ne voudra plus jamais rien savoir de lui. Et il ne sait plus même quoi en penser, si ce n'est que ça blessera toujours. Mais qu'importe, n'est-ce pas ? Il n'a qu'à mettre ses écouteurs et tenter de tout oublier à son tour. Mais quand elle revient, il ne peut s'empêcher d'accrocher son regard à elle un instant ; et de songer à ce passé où ils étaient encore que des amis, encore que deux âmes qui avaient trouvé une famille en l'être, avant que tout ne change. Et définitivement, tout ceci était brisé ; sans doute à jamais, n'est-ce pas ? Alors il peut juste lui dire félicitations et voilà, au moins terminera-t-il sur cette note de bonheur pour elle et soignera plus tard ses propres plaies d'avec le vide. Mais visiblement, même ça n'était pas accordé ; pas le même le semblant d'un pardon donné à cette écorchure sur laquelle un vent salé souffle encore dessus ; et c'est à June de gronder alors qu'elle assène une vérité dont il ignorait tout.

C'est qu'aux méchants, on ne dit jamais rien après tout.

Et malgré tout ce qu'il peut vivre, Liam n'aurait jamais cru qu'ils auraient pu pousser le vice jusque-là, jusqu'à créer un faux couple entre deux nanas qui n'avaient rien demandées visiblement. "Q-quoi ?" Qu'il laisse s'échapper, un peu troublé ; et ses sourcils se froncent d'autant plus, tandis que June continue sur cette lancée ; la rancoeur dévorant l'âme de celle qui l'avait aimé si fort par le passé qu'elle le déteste visiblement à la même hauteur. Et alors, il s'enfonce plus encore dans le siège, le visage fermé après la surprise qui avait pu paraître ; il n'aurait jamais cru que June accepterait de faire pareille manoeuvre mais après tout, sans doute n'aurait-elle jamais cru qu'il accepterait pareil rôle non plus. "Une héroïne ne devrait pas dire félicitation non plus à son ennemi, j'imagine." Les mâchoires sont serrées, alors qu'il la regarde encore, se fragmentant un peu plus à chaque instant parce que chaque seconde qui passe semble effacer un peu plus les souvenirs d'antan - et sans doute alors pourra-t-il les sacrifier pour tout ce qu'il doit apprendre encore.

Les souvenirs auxquels il se raccroche pourtant ; quand vivre ne faisait pas mal.

((ils ne sont plus rien))

Et ça fait mal de voir qu'iels ne sont plus que ça, à présent ; juste des ennemis qui pour le coup, du côté de June, n'a pas besoin de jouer cette émotion ; celle de le détester, viscéralement. "... Je savais pas. Que c'était un faux couple." Qu'il se justifie tout de même, parce que l'idée même qu'elle pense qu'il a été fourbe lui donne envie de hurler ; mais Liam ne sait plus s'offrir ainsi à ses émotions, que c'était définitivement mort cette époque où il était un livre ouvert ; où il vivait librement les émotions qu'il ressentait ; désormais ne reste que cet amas de chair sans plus trop de vie dedans.

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Immobile pour lui tu étais prêt à tout, mais sous tes yeux d'enfant a coulé l'océan quand derrière un nuage s'est caché son visage

29/01/2023

Val de Larmes
@Liam Jones

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TW : Rupture passée évoquée, Crise d'angoisse, langage vulgaire

Les paroles de Liam lui heurtent les tympans. Elle déteste jusqu’à sa voix, c’est viscéral. Ça lui donnerait presque envie de s’arracher les tripes. « Je ne suis qu’une apprentie. Ne t’en fais pas pour moi, va. » Elle ne pense pas qu’il soit capable de pouvoir s’en faire pour elle. Il n’a jamais montré le moindre remord. Bien qu’il n’ait pas vraiment eu l’occasion, en trois ans passés à l’éviter. Elle le regarde et elle a l’impression qu’on lui met un nouveau coup au cœur. Parce qu’il a l’air tellement serein que ça lui fait peur. Alors qu’elle bout encore de l’intérieur, lui semble en paix avec ce qu’il est. Et June réalise qu’elle n’a peut-être jamais vraiment réussi à faire le deuil de leur relation. Et elle lui en veut pour ça aussi. Elle lui en veut d’avoir brisé leur amitié, leur amour, d’un simple claquement de doigt. Juste comme ça. Et de ne rien montrer. De faire comme si ça ne l’atteignait pas. Peut-être que ça ne l’atteint vraiment pas. Impossible de savoir. Pour elle, la pire des possibilités est toujours la première envisagée. Ça ne l’atteint sûrement pas. Elle n’était sûrement rien pour lui. Il était tout pour elle. Son souffle en est coupé à la simple idée. June doit se forcer à respirer pour ne pas étouffer. Ça aussi, peut-être qu’il aimerait.

Il dit ne pas savoir. Elle plisse les yeux, ne sachant déceler la vérité du mensonge. Avant, elle aurait pu deviner. Avant, elle connaissait chacune de ses mimiques, savait reconnaître jusqu’à ses battements de cils. L’homme devant elle n’est plus qu’un étranger. « Quand bien même tu ne savais pas. » Elle lève les yeux au ciel, peu convaincue. « C’est un peu culotté de jouer au bon samaritain, non ? Tu attendais une bonne nouvelle du genre pour que tu oses me parler ? Histoire que ça fasse passer la pilule, c’est ça ? « Oh elle est heureuse maintenant, alors tout va bien. » Trois putains d’années et c’est tout ce que tu trouves à dire ? » Inspirer. 1, 2, 3, 4. Expirer. 1, 2, 3, 4. Blanc, bleu, noir, vert, marron. Elle répète son nouveau mantra tandis qu’elle le regarde et qu’elle sent presque son cœur se briser à nouveau. Elle ne pleure pas. Pas encore. Mais elle sait que la colère lui fait verser des larmes salées. Et elle sait que Liam le sait aussi. Que ce soit des larmes de colère ou de tristesse ou d’amertumes, elles semblent inévitables. Alors elle tente juste de les réprimer le plus longtemps possible.

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14/03/2023

Il aimerait dire que si elle n'était que ça, si Icarus n'avait pas placé en elle des espoirs qui trouvent petit à petit leur bonhomme de chemin, sans doute aurait-elle encore Liam comme petit-ami... Ou bien l'aurait-elle quitté parce que l'idée même qu'on accepte d'endosser le rôle de l'adversaire semblait être déjà un souci ; la rupture était la cerise sur le gâteau. Alors il soupire, d'avec cet air de celui déjà vaincu, parce qu'après tout leurs rapports depuis trois ans consistait à se regarder froidement et se détester pour le plus grand plaisir de cette force supérieure ; Icarus décide de tout. Même ce de couple qui est faux ; de ce couple qui n'en sera sans doute jamais un, vu comme June a réagit, vu comme elle revient à la charge d'avec une agressivité qu'il ne peut que comprendre en vérité. "J'ai compris, la prochaine fois que je te vois, je me tais et je t'ignore." Visiblement, c'est ce qu'elle préférait non ?

"J'en sais rien, j'me disais qu'en trois ans on pouvait espérer que l'autre aille bien au moins. Mais je me trompais, tu me détestes encore de toute ton âme." Et ça fait mal à Liam, ça lui pique les yeux mais il doit se contenir, parce qu'un méchant n'a pas le droit de pleurer après tout. Puis y'a ce truc qui lui fait se dire que le jour où il mourra, sans doute que June fêtera cette nouvelle plutôt que d'avoir le moindre regret sur leur histoire ; que ça sera un bon débarras qui sonnera le glas définitif de cette relation qui de toute manière n'existe déjà plus ; réduite à néant parce qu'il avait choisi Icarus plutôt qu'elle. "Message reçu." Le prénom de l'autre lui brûle le bout des lèvres ; mais il n'en passera pas la frontière, parce qu'à quoi bon ; c'est Jophiel pour elle à présent, et sans doute est-ce Héméra pour lui désormais. L'apprentie héros qui ne veut rien du super vilain.

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29/01/2023

Val de Larmes
@Liam Jones

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TW : Rupture passée évoquée, Crise d'angoisse, langage vulgaire

Le regarder est une torture. Un Enfer dessiné rien que pour elle. Sur son visage dansent tous les souvenirs qu’elle a un jour tant chéri. Elle les perçoit presque aussi vivacement que les scènes des films qu’elle admire et regarde en boucle. Mais le film est triste. Le film est pire que tous les livres dont il aurait pu être adapté. Parce que le film est sa vie. Leur vie. Elle le regarde et tout ce qu’elle voit, c’est ce qu’ils ne seront plus jamais. Tout est brisé, désormais. Fini les rires, fini la douceur. Fini l’impression de ne faire qu’un avec un autre cœur. Ça lui coupe le souffle. Encore. Plus violemment, cette fois. Et elle doit se retenir de mettre sa main sur son torse. Ne pas montrer ce signe de faiblesse. Parce qu’il parle et que ses mots sont pires que tout. Elle a envie de crier, d’exploser, de se coucher par terre, de se rouler en boule, de laisser le sol l’engloutir. Ne plus rien entendre, ne plus rien voir, ne plus rien sentir, ne plus rien ressentir.

Pourtant, June ne fait rien de tout ça. Son corps reste immobile, faussement impassible. Elle l’écoute et elle sait. Elle sait que dès qu’elle répondra, le déluge commencera. Aucune chance que le barrage ne tienne. Elle n’est plus calme, n’arrive plus à se calmer. Son corps entier est un torrent de larmes qui ne cherche qu’à s’étendre. Et elle n’a pas la force, ni l’envie, de le retenir. Pas aujourd’hui. Pas pour lui. « T’as rien compris du tout. » Sa voix déraille et elle se force à respirer avant de reprendre. « D’où est-ce que t’en viens à la conclusion que je veux que tu te taises, que tu m’ignores, alors que c’est ce que t’as fait jusqu’ici ? Non, putain ! Explique-moi ! Dis-moi pourquoi tu t’es barré sans quasiment rien dire ? Parce que celui qui a l’air de royalement s’en foutre de l’autre, c’est bien toi. » Et elle explose. Parce qu’elle le déteste. Elle le déteste parce qu’il la fait le détester. Elle le déteste parce qu’il l’a fait se détester. Et elle déteste le détester. Et elle déteste détester le détester. Elle déteste tout. Tout. Il a tout détruit. Pourquoi ? Pour quoi ? « Je n'veux pas que tu crèves, Liam, ne me fais pas dire ce que je n’ai pas dit. » Elle les a senti arriver avant même de prononcer sa phrase. Elle les sent couler sur ses joues à la seconde où elle prononce son nom. Ses yeux meurtris sont furieux. Furieux et anéantis. « Je veux que tu m’expliques. Pourquoi si soudainement ? Pourquoi tu t’es enfui ? Pourquoi tu n’as rien dit pendant trois putains d’années ? Je veux des réponses. » Les larmes ne s’arrêtent plus. Elle s’y attendait. Elle n’essaye pas de les contenir. Ne les essuie pas. Ce n’est pas la première fois qu’il la voit pleurer, après tout. Que ce soit de colère. Ou d’autre chose.

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14/03/2023

Il y a cette impression de revenir au moment de la rupture ; et cette fois, il devra résister à l'envie de partir chez Elvira ensuite, parce qu'il sait déjà quelle sera sa réponse, qu'il saura qu'il n'y a plus rien à faire pour sauver June de cette souffrance qu'il a pu lui imposer... Mais en effet, il ne comprend rien ; ne saisit pas pourquoi elle veut tellement de réponse alors qu'elle le hait ; qu'il s'était tenté à un tout petit pas qui avait été pris comme une provocation. Alors, quoi qu'il dise, elle n'y croira pas et il le sait, parce qu'il aurait été pareil qu'elle sans doute ; mais Icarus l'a brisé de telle sorte à ce qu'il n'exprime plus ses émotions autrement qu'en étant cloitré chez lui à présent.

Mais elle pleure ; et ça lui ouvre le coeur en deux ; comme s'il n'avait jamais su se refermer face à ces vannes-là.

Il sent la tête lui tourner, parce que les émotions de June le heurte de plein fouet, qu'elle est une vague qu'il aurait ne jamais provoquer ; parce qu'elle est celle qui a toujours été celle qu'il considérait comme l'amour de sa vie, quand bien même ils étaient jeunes, quand bien même ils ont toute une vie devant eux encore. Et il aimerait la supplier de ne pas pleurer, tout lui avouer expressément pour ne plus ressentir toute cette souffrance qui émane d'elle, qu'il a provoqué jusqu'au point où trois ans plus tard, ils ne peuvent pas même se dire bonjour sans ressentir encore la puissance de cette relation qui fut la leur ; et sa gorge est si sèche, là où June est une marée cinglante, brûlante ; qu'elle exige les foutues réponses qu'elle mérite largement. "Je..." C'est après Liam qu'elle a appelé ; pas après Jophiel ; et ça lui fait monter les larmes, qu'il bloque sans sa gorge ; et elle lui brûle toujours plus le corps. "Parce que..." Il sait ; la réponse ne va pas plaire à June ; mais c'est bel et bien la seule qu'il possède, parce que jamais il ne pourra blâmer Icarus. "Parce que je savais que... Tu ne voudrais pas que je devienne ce Jophiel-là..." Il doit se contenir ; elle ne mérite pas de subir en plus la moindre once de culpabilité évidente pourtant chez lui ; quel idiot. Pour autant, ses doigts se crispent autour de son jean pour ne pas laisser voir qu'ils tremblent. "Et je ne voulais pas..." Il hésite ; et cette fois, il ne sait plus la regarder, parce que c'est trop dur de la voir encore pleurer ; parce qu'il aurait voulu la voir juste sourire, comme sur son Argo ; comme s'il n'avait rien brisé. "Pas te voir me haïr petit à petit..." Parce qu'il l'aimait ; parce qu'elle était devenue son monde ; son tout ; parce que Papa et Maman ne voulait pas qu'ils soient ensembles.

Comment aurait-il pu lui avouer qu'on souhaitait leur séparation ?

Ah, quel lâche.

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29/01/2023

Val de Larmes
@Liam Jones

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TW : Rupture passée évoquée, Crise d'angoisse, langage vulgaire

Il commence des bouts de phrases qu’il ne termine pas. Ça exaspère June. Les larmes lui brûlent les joues. Moins il s’explique, plus la colère que son corps ne supporte plus doit s’échapper. Plus les larmes sont salées. Après ce qui semble être des heures, Liam lance enfin un début d’explication. Les larmes coulent maintenant dans son cou. Elle les essuie avant qu’elles ne trempent son haut. D’autres les remplacent presque aussitôt. Ce n’est pas un déluge. Juste une rivière silencieuse et intarissable. Il a raison sur un point. Elle n’aurait pas voulu qu’il devienne ce Jophiel. Elle ne comprend pas qu’il ait pu accepter de devenir ce Jophiel-là. Et elle refuse de l’appeler ainsi, d’ailleurs. Parce qu’elle ne fait pas la distinction. Jophiel est Liam et Liam est Jophiel. Peu importe à quel point il joue un rôle. Peu importe à quel point l’image véhiculée par Icarus pourrait être fausse. Elle ne voit rien de tout ça. Tout ce qu’elle voit, c’est Liam, son Liam au cœur grand comme l’univers qui détruit, victimise, fait le mal. Il a accepté d’être ce Jophiel-là. Il le voulait. Alors il est lui.

Et Liam ne la regarde pas. Ne montre aucun émoi. Comme si rien de tout ça ne l’atteignait. Alors que toutes les émotions de June sont affichées sur son visage. La haine, la déception. L’incompréhension. La douleur d’un amour brisé auquel elle n’a pas su dire adieu. Il ne voulait pas la voir le haïr petit à petit, et ça ne fait aucun sens selon elle. Elle ne pense même pas au fait qu’elle ne l’aurait jamais haï s’il lui avait simplement parlé. S’il lui avait expliqué. Non, tout ce qu’elle se dit, c’est que l’hypocrisie l’étouffera. « C’est pas ce que tu veux ? Que les gens te détestent ? » Elle prend une inspiration, les mots suivants sortent comme s’ils avaient été prononcés par l’un de ses serpents du Metaworld. « T’as l’air d’aimer ça, pourtant. » Les mots lui font mal autant qu’elle espère qu’ils lui feront mal. Mais ils ne sont pas dénués de vérité. De ce qu’elle voit, il ne regrette rien. A part peut-être une chose. « Peut-être que ça aurait surtout été difficile de faire semblant. Faire semblant d’en avoir quelque chose à foutre de ce que je peux penser de toi. » Parce qu’après tout, il a pris la décision seul. Parce qu’après tout, elle n’était sûrement qu’un pensement en attendant que des jours meilleurs arrivent. Parce qu’après tout, si rompre avait été si facile pour lui, c’est qu’il n’y avait pas grand-chose à briser. « Faire semblant de m’aimer. » Les larmes se font plus rares. Elles ne brûlent plus. Ce n'est plus la colère qui les fait tomber.

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14/03/2023

TW : mention d'automutilation, pensées suicidaires évoquées

Il avait voulu éviter ça ; ce genre de conversation qui brise plus encore l'âme ; dans laquelle l'amer en bouche vient à détruire tout ce qui avait pu être doux parfois ; et même quand ils étaient à s'aimer ; tout semble disparaître, parce que June remet même ça en doute. Ces mots font mal ; sont comme des lames supplémentaires, dont il n'avait pas besoin ; pas en plus des siennes ; mais ça ravage tout. Parce que June le déteste, qu'elle le dit ouvertement à présent ; t'as l'air d'aimer ça ; et il voudrait lui hurler sa peine, parce qu'elle la titille trop fortement, qu'il aimerait lui dire qu'il hait si bien cette vie-là qu'il hésite chaque soir à y mettre enfin un terme. Mais il tient, sans savoir encore pourquoi, parce qu'il croit sans doute que des gens tiennent à lui, bien assez pour que leur peine à venir soit plus importante que la sienne actuelle ; c'est en songeant au futur qu'il laisserait derrière lui qu'il se raccroche, Liam.

Mais aujourd'hui, c'est le passé qui rattrape.

Qui tabasse en plein dans l'estomac, qui dévore l'esprit et les barrières qu'il tente de mettre pour ne pas tomber au plus bas ; plus encore dans cette spirale infernale qui l'a déjà avalé tout rond et qui n'en recrache que du sang, de temps à autres. Plus que jamais, il est heureux d'avoir des manches longues, de cacher les cicatrices qu'il n'a pas encore fait disparaître ; de cacher ce qu'il ressent, parce qu'il n'a définitivement pas envie d'offrir tout ça à qui que ce soit ; pas même à lui. Mais... Mais c'est trop ; et sa promesse de ne jamais élever la voix sur June se brise dès lors qu'elle semble douter de toutes celles qu'il avait pu lui faire par le passé. "J'aurais fait semblant pendant six ans de t'aimer ?!" Qu'il crache avec acidité, parce qu'elle peut bien douter de celui qu'il est devenu... Mais qu'elle tronque à ce point leurs souvenirs communs fait un mal de chien ; et le masque se brise quelque peu ; ça s'entend parce qu'il a la voix qui tremble, parce qu'il la regarde d'avec une espèce d'expression qu'aucun ne serait décrire avec exactitude ; dégoût, incompréhension, colère ? Peut-être est-ce un mélange des trois, ou bien une autre encore. "T'es la seule personne que j'ai été foutu d'aimer, June !" Parce que depuis, il n'y parvient plus ; parce qu'il n'arrive pas à se pardonner ; parce qu'il craint le regard d'Icarus à présent et qu'il préfère rester seul et malheureux que de s'avouer le moindre sentiment qui ne soit pas amical envers quelqu'un.

Mais... Ca retombe ; et il se renferme à nouveau ; vient à se triturer les mains en baissant les yeux ; voudrait disparaître pour de bon. "... Crois ce que tu veux... Ca a pas d'importance j'imagine..." À quoi bon lutter ? Il n'a jamais su se battre ; et c'est ainsi qu'Icarus le voulait ; docile et résigné ; prêt à accepter toute cette haine ; qu'importe à quel point il tombe ensuite.

Qu'importe.

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29/01/2023

Val de Larmes
@Liam Jones

People You Know - Selena Gomez

TW : Rupture passée évoquée, langage vulgaire, Mort évoquée

Elle ne devrait pas. Elle n’a pas envie. Et pourtant. Elle ne peut s’empêcher de ressentir une certaine satisfaction à l’entendre élever la voix. Son corps entier s’emble s’animer. Il n’est plus ce robot qu’elle voit déambuler sur les écrans de New Blossom. Enfin, il redevient Liam, l’humain. Elle ne sourit pas, mais les larmes ont définitivement tari. Elle hausse les épaules à sa question. C’est la raison la plus simple qu’elle ait trouvé, parce qu’il a dit au revoir à des années de relation, d’amitié et d’amour sans un regard en arrière. Plutôt facilement, même, selon elle. Et surtout sans réellement dire pourquoi. Alors que devait-elle penser ? Que devait-elle en déduire ? Forcément, elle met la faute sur elle. Elle se blâme et se demande ce qu’elle a pu faire pour qu’il ne lui parle même pas de l’opportunité donnée par Icarus. Qu’il ne lui explique rien. Eux, qui se disaient tout. Eux, qui ne savent plus comment se parler.

Sa voix est pleine d’émotions. De toutes ces émotions qu’elle croyait qu’il n’avait plus. Et il dit son prénom. Et elle doit prendre sur elle pour ne pas craquer à nouveau. Pour ne pas lui demander pardon. Elle a envie de lui dire que lui aussi, il est la seule personne qu’elle a aimée. Qu’elle a peur de ne jamais ressentir ça à nouveau, de ne plus savoir comment vivre sans lui. Que peut-être ce n’est pas si grave, parce que son corps aussi va l’abandonner. Elle a envie de lui dire qu’elle a peur de la mort autant qu’elle a peur de la vie. Qu’au moins, avec lui, tout ça semblait avoir un sens.

Elle ne dit rien, pourtant. Parce que plus rien n’a de sens. Et ces dernières paroles en attestent. Elle fronce les sourcils alors qu’il disparait à nouveau. Il ne la regarde plus, et elle n’arrive pas à détacher ses yeux de lui. « Hein ? » Remarque intelligente, se dit-elle. Mais elle a au moins le mérite d’être explicite. Elle ne comprend pas. Elle ne comprend plus rien. Et tout ce qu’elle veut, c’est comprendre. « Ça n’a pas d’importance ? Donc tu t’en fous que je pense que tu me détestes ? Tu t’en fous si je te déteste ? » Elle s’énerve à nouveau. Son corps s’est machinalement penché vers Liam et elle doit se redresser. Elle est furieuse parce qu’elle veut juste des réponses et qu’il ne dit rien. Il ne dit rien et personne ne vient les sauver de cette horreur qui les emprisonne. « Ça n’a peut-être pas d’importance pour toi, mais ça en a pour moi. » Elle se mort la lèvre, prend une respiration. « Ça en valait le coup, alors. » Ce n’est pas une question. Manifestement, s’il n’en a rien à faire de ce qu’on pense de lui, c’est que tout va bien. « J’espère que t’es heureux sur ton piédestal de violences. T’es heureux, Liam ? » Les mots sont durs. Le ton s’est pourtant légèrement adouci. Elle jette un coup d’œil à la porte du bureau dans lequel elle a rendez-vous. Elle veut qu’on les sorte de cette prison. Mais si elle doit y rester éternellement pour le comprendre, alors elle deviendra la plus docile des détenues.

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be careful what you wish for, it might be the poison you fear

14/03/2023

Il ne doit pas parler ; ne doit pas céder à ses émotions ; ne doit pas répondre à ses provocations. Parce que June a sa version de l'histoire et qu'importe ce qu'il dira, elle raccordera les wagons à son propre cheminement plutôt que de l'entendre ; parce qu'il a l'impression d'avoir craché ses émotions et qu'elle n'en a fait qu'une mélasse qui l'arrange. Ce qui n'a plus d'importance, c'est leurs ressentis ; parce qu'Icarus a tout broyé mais qu'ils doivent pourtant vivre avec la poussière de leurs anciens sentiments.

Il ne doit pas céder ; ne pas craquer.

"Bien sûr que non." Ses lèvres tremblent ; et il est encore incapable de la regarder, alors que ses doigts se resserrent sur un bout de tissu. "Mais quelle importance ? C'est ce qu'Icarus voulait." Et c'est là, enfin, qu'il arrive à relever les yeux vers ceux de June. "Ou veut..." Il déglutit ; ne sait pas si ça a été fait exprès de les mettre ensemble dans cette salle d'attente... Alors il s'exprime plus bas à présent ; presque un murmure. "Je te détesterais jamais... Mais j'ai plus le droit de t'aimer non plus." Les mots sont durs ; et c'est son corps entier qui tremble ; il a l'impression qu'un immense frisson secoue son âme. Son regard se porte sur les côtés, avant d'en revenir à June. "Et je crois qu'on devrait pas parler de ça ici." Il baisse à nouveau le nez ; gamin qu'a peur de se faire engueuler ; ou surtout d'avoir fait tout ça pour rien.

June n'a pas besoin d'être mise dans la merde parce qu'il tient de moins en moins son rôle.
Et façon, façon, elle l'écoutera pas ; parce qu'elle veut pas l'entendre ; et c'est ok.

((bien sûr que non))

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Immobile pour lui tu étais prêt à tout, mais sous tes yeux d'enfant a coulé l'océan quand derrière un nuage s'est caché son visage

29/01/2023

Val de Larmes
@Liam Jones

People You Know - Selena Gomez

TW : Rupture passée évoquée, langage vulgaire

« Alors on parle de ça où ? Quand ? » Elle se met au diapason de ses murmures. Et le ton n’est plus violent. N’est pas doux pour autant. Elle demande parce qu’aujourd’hui est la première fois en presque trois ans qu’il lui adresse la parole, qu’il lui offre un regard, qu’il daigne acter sa présence. S’ils ne s’étaient pas retrouvés ici par ce qu’elle est certaine être le hasard, aurait-il fait le premier pas ? Non. De ça aussi, elle en est sûre. Il n’aurait pas fait le deuxième non plus. Elle regarde également la porte, à nouveau. Ses sourcils se froncent, à nouveau. Liam parle en énigmes. Mais, cette fois, elle a peur d’arriver à les déchiffrer. Parce qu’il a l’air d’insinuer que c’est d’Icarus dont il faut se méfier. Impossible.

Impossible.

Elle se tourne à nouveau vers celui qu’on appelle désormais Jophiel. « J’avais pas souvenir que t’avais un langage aussi crypté, avant. » Elle lève un sourcil, esquisse un début de sourire. Il n’atteint pas le coin de ses paupières. Sa tentative d’humour tombe à plat et le sourire disparait aussi vite qu’il est apparu. « Personne peut contrôler tes sentiments. Tes actes, peut-être. » Elle hausse les épaules. Peu convaincue que ce soit là la source du problème, mais également consciente des devoirs qu’ils ont et des contrats qui trainent dans les tiroirs. « Ce que tu ressens, par contre, ça n’appartient qu’à toi. » Elle a envie de lui crier dessus. Lui dire que ce qu’il n’a pas le droit de faire c’est de lui sortir pareilles conneries. Que s’il ne l’aime plus, il n’a pas le droit de se cacher derrière des excuses. Qu’elle aurait tout fait pour lui et qu’il ne lui a même pas donné la chance d’essayer. Mais elle ne crie pas. N’hausse pas la voix. Son calme contraste étrangement à la colère qui l’envahissait quelques minutes auparavant. Qui brûle encore dans ses veines telle la lave des volcans. Parce que Liam a évoqué la possibilité de continuer la conversation plus tard. De parler, à nouveau. Que rien qu’avec ces mots, elle se retrouve à sa merci. Elle se raccroche à l’espoir de ne pas mettre de point final à cette histoire aujourd’hui. Ou d’au moins y ajouter quelques notes de bas de pages.

Et puis peut-être qu’elle ne crie pas parce que c’est lui. Parce que ses lèvres ont tremblé lorsqu’il a dit l’impensable avec tant de fatalité. Que s’il les a brisés pour finir malheureux, alors c’est que ça n’a servi à rien. Pour lui, pour elle. Pour tout le monde. Et ça, c’est le plus insupportable.

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be careful what you wish for, it might be the poison you fear

14/03/2023

Il hausse les épaules ; ne sait pas, n'a pas de réponse. Il essaye de songer à un coin de la ville où June pourra lui hurler dessus de tout son soûl si elle le souhaite, mais il a cette impression amère qu'ils ne pourront jamais échapper au regard d'Icarus, qu'importe ce qu'ils pourraient tenter. "Quelque part où personne ne pourrait entendre." Qu'il murmure encore, comme pour lui laisser le choix à elle au final ; parce qu'il n'a pas ce souhait de rébellion, pas totalement ; qu'il est encore à accepter de subir son sort.

Parce qu'Icarus n'a pas pu se tromper.

Il aimerait lui dire qu'elle a tort ; que ce qu'il ressent ne lui appartient plus depuis des années ; qu'à partir du moment où on a décidé de leur sort, il a compris que ses sentiments n'avaient aucune forme d'importance, qu'ils ne devaient même plus avoir lieu à vrai dire. "On nous apprend pas à ressentir." Qu'il murmure encore ; se souvient des cours, de tout ce qu'Icarus leur a appris au cours de leur vie ; une qui a été dédié à leur programme d'apprenti ; manipulé avant même de savoir des choses élémentaires de la vie. Un miracle sans doute qu'ils aient pu être ensembles pendant six ans, avant que les parents ne s'en mêlent.

Une hésitation ; marquée par un pli sur le front.

Sans doute que ça, June peut le reconnaître ; de quand il se triture si fort la cervelle que c'en est visible. Un doigt tapote son genou, dans un rythme erratique, jusqu'à ce que finalement il vienne à arracher une enveloppe de sa poche ; sa convocation à vraie dire. De celle-ci, il arrache un bout et use de sa mutation pour faire apparaître un stylo, discret ; écrit bien assez vite sur le bout de papier, avant de se relever et faire mine d'aller vers la porte ; les toilettes ; sur le passage, il laisse le bout de papier tomber près du pied de June. Et sans un mot, Liam disparaît vers les fameux toilettes ; pour se passer un grand coup d'eau frais sur le visage, pour y cacher les quelques larmes qu'il ne voulait pas laisser s'échapper auparavant.

Sur le papier, un numéro de téléphone.

Petit à petit, l'inscription faite de lumière disparaît ; et ne laissera bien assez vite qu'un bout de papier vierge sur lequel jamais rien de particulier n'a été fait dessus ; comme s'il l'avait réellement seulement perdu.
Il n'avait que ça à lui offrir, pour le moment.

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Immobile pour lui tu étais prêt à tout, mais sous tes yeux d'enfant a coulé l'océan quand derrière un nuage s'est caché son visage