Baby Shower ;; Evelyn

“It's okay to be absurd, ridiculous, and downright irrational at times; silliness is sweet syrup that helps us swallow the bitter pills of life.” @Ysidro Rodriguez

TW : grossesse et ses symptômes.

« Hé ! Regarde, sans les mains ! » Bol de céréales posé en équilibre sur son ventre, Evie se tourne vers le golden retriever, qui la regarde d’un drôle d’air. « T’as vu ? Un exploit. Même plus besoin d’un plateau. Je suis un plateau. Damn. » Elle se retint de soupirer, pour ne pas compromettre l’équilibre du bol. Subaru, lui, aurait bien aimé que les céréales finissent sur le carrelage – il la regardait avec des yeux malheureux, comme si elle ne lui avait pas donné à manger moins d’une demi-heure plus tôt. Mais c’était bien connu, le temps ne fonctionnait pas de la même façon pour les chiens. Pour les femmes enceintes non plus, d’ailleurs. Evie avait l’impression de vivre une grossesse de baleine, ou d’éléphant, au choix, toujours était-il qu’elle avait l’impression que ça faisait une éternité qu’elle n’avait plus vu ses pieds, passé une journée sans avoir mal quelque part ou sans avoir pleuré pour une raison ridicule. La dernière en date ? Elle n’avait pas réussi à ouvrir une bouteille de lait et Duncan n’était pas là pur lui sauver la vie. Des céréales sans lait, donc. Enfer et damnation. Mais depuis qu’elle avait entamé son dernier trimestre, Evie n’avait plus vraiment envie de cuisiner ; tout ou presque lui donnait la nausée et le moindre effort lui faisait craindre de cracher ses poumons tant elle était essoufflée. Quand son téléphone sonna, annonçant un message, elle dut se contorsionner un peu pour l’attraper et le bol faillit glisser. Elle le rattrapa d’une main experte, sous l’œil désespéré de Subaru. « T’auras plus de chance une prochaine fois, t’inquiète pas. » Se connaissant, elle finirait bien par renverser quelque chose, et au lieu de sortir le balai ou l’aspirateur… Le bol n’était pas tout à fait terminé quand on frappa à la porte. Evie fit une drôle de tête ; elle attendait quelqu’un, oui, mais là, elle entendait un bébé. Alors à moins que sa maternité ne lui joue des tours et lui fasse entendre des voix, il y avait un pépin.

Heureusement qu’il n’y avait personne pour la voir se relever péniblement, toute grâce perdue en chemin. Subaru sur les talons, elle alla ouvrir la porte et… « Mais quoi ? » Pas de bonjour pour son cousin, pas de réaction au compliment qui lui était adressé. Ses yeux écarquillés fixaient la poussette qui l’accompagnait et le bébé qui gigotait dedans. « Hein ? Jason ? Comment ça, tu l’as emprunté ? À qui est-ce que tu l’as emprunté ? Non mais ça va pas, la tête ? » Elle n’avait pas signé pour du babysitting ou une séance d’entraînement à la parentalité, Evie. Le seul bébé qu’elle avait prévu de fréquenter dans un futur plus ou moins proche, c’était celui qui s’amusait à donner des coups de pied dans ses organes et l’empêchait de réussir à lacer ses chaussures toute seule. Il avait l’air mignon, Jason, mais elle aurait préféré faire sa connaissance dans d’autres circonstances et si possible, avec un préavis. « T’es malade ? T’as de la fièvre ? T’as craqué ? » Ses yeux ronds firent l’aller-retour entre le bébé et Ysidro. Elle fut brièvement traversée par l’envie de lui coller une paire de claques pour lui remettre les idées à l’endroit, mais avec lui, il y avait une chance sur deux pour que ça ne fonctionne pas. Et en plus, avec sa chance, elle serait bien capable de se faire mal. Evie soupira longuement en se pinçant l’arête du nez. « Je sais pas si t’as vu ma tronche, là, mais j’aurais préféré que tu m’amènes, genre, un plat de cookies. » Et tout à coup, la lumière se fit dans son esprit, on aurait presque pu voir l’ampoule s’allumer au-dessus de sa tête. « Tu sais quoi, tu vas te rendre utile. Y a une bouteille de lait sur le plan de travail de la cuisine, tu vas aller l’ouvrir sans discuter ni poser de questions. » Elle lui désigna la cuisine d’un index qui ne souffrirait d’aucun refus. Elle s’écarta du chemin, histoire que la poussette puisse passer, elle aussi. « Mais je te préviens, tu ouvres la bouteille, et tu ramènes Jason à ses parents avant qu’ils déclenchent l’alerte enlèvement et que tu finisses plaqué au sol dans mon salon par un type balèze du FBI. » Evie, toujours dans la demi-mesure, bien sûr.

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