Before my eyes ;; Gideon

Il court le long d'un conduit ; il fait pratiquement noir mais il distingue étrangement bien le tout ; pourtant, Ysidro en est persuadé, il n'est pas dans la peau d'un chat à cet instant. Alors, à voir le bout de truffe peu distinguable devant ses yeux et sa façon de se déplacer, ainsi que ce qu'il sent en arrière... Oui, c'est un rat ou une souris ; et ça court drôlement bien, malgré le minuscule de la bestiole ! Il lui semble même capter des odeurs ; et c'est si étrange, indescriptible pour lui ; elles ne ressemblent à rien de ce qu'il connaît déjà, comme si l'odorat de l'animal captait des fragrances différentes des siennes, qu'il devait d'abord voir de quoi il s'agissait avant de pouvoir faire correspondre le tout. Et il a hâte, Ysidro ! Alors il continue de courir, jusqu'à tomber sur quelque chose qui... Oui, le dégoûte au plus haut point ; alors ça s'arrête sec, hiiiii, et ça chamboule tellement la tête de la bestiole et surtout, la sensibilité de l'humain qu'il en rouvre les yeux.

Et une vive sensation de froid l'envahit.

Froncement de nez, de sourcils, de tout les plis que son visage est capable d'adopter. Le frisson qui vient le secouer est violent ; et quand il reprend enfin connaissance, il est à tenter de se redresser, mais ses mains et ses coudes trouvent... De l'eau ? Ysidro voit encore flou, fatigué comme s'il avait couru un marathon - et avise la scène qui l'entoure, quand il a réussi à se redresser un peu... Et c'est un poil le chaos, tiens. "Mais qu'est-ce que... ?" Qu'il débute, avant de remarquer une silhouette rentrant dans... Les toilettes, oui, il était dans les toilettes. Et l'homme vient à se frotter le visage, remarquant seulement là qu'en vérité, il s'était visiblement encore endormi d'un coup et que depuis, il était à dormir à la surface de toute l'eau qui s'échappe depuis un robinet.

Relève les yeux vers... Ah, il le reconnaît ; le concierge de l'université ; le plus grand mystère de tou·te·s les étudiants du campus - ok non juste de celleux qui aiment les gossips. Et Ysidro ne mesure pas encore que la scène doit être lunaire pour le pauvre homme aussi ; il arrive là, c'est au moins 3 ou 4 centimètres d'eau sur le sol, un lavabo cassé et un pauvre glandu qui s'était visiblement évanoui là... Et on pourrait sans doute aisément se dire qu'on l'avait peut-être poussé dans celui-ci, une agression qui a mal tourné ou quoi ? Trop de scénarios possibles, dans ce monde fait de mutants et d'altérés. "S'est passé quoi... ?" C'est qu'il a encore du mal à remettre les souvenirs dans l'ordre à cet instant.

Et puis, tout ce dont Ysidro est capable de penser, c'est qu'il a un peu mal à la tête... Et en prime, que ses cheveux sont en partie mouillés et que ça ruine tout les efforts investis dedans pour cette semaine ! Mais surtout qu'il a mal à la tête.

Ouh la la ; le monde ne tourne pas rond ! Ysidro lui dirait bien ça, mais il compte d'abord les étoiles qu'il voit autour de sa tête (pas littéralement, tout va bien) suite à la chute qui lui promet une belle bosse par avance - heureusement qu'il a des cheveux pour tout camoufler. Y'a besoin de se redresser plus encore, de finalement quitter l'attaque trempette qu'il semblait avoir débuter (mince, non, tout mais pas ça !) et lorgner plus encore sur le massacre. Au moins le concierge ne semble pas prêt à lui râler dessus comme s'il était du poisson (décidément on en revient toujours à ça) pourri et ça fait du bien, de ne pas entendre des cris après tout ça.

Une main est même tendue dans sa direction !

Quelques secondes avant de venir s'en saisir, après avoir été sûr de parvenir à se lever. Une fois fait, il frissonne parce que forcément, il est en bonne partie mouillé et brrrr, ça caille ! Mais le gardien, décidemment, est bien plus charmant que tout ce qu'on a bien pu dire sur lui ! Alors Ysidro lui accorde un petit sourire avec ce "merci" glissé au passage, un peu timide, mais tout à fait adorable - de l'avis de ses amoureu·ses·x. En plus l'autre se soucie de s'il a mal ou non ; définitivement, il a tout d'agréable. "Un peu à la tête... Ca tourne." Qu'il répond honnêtement ; l'impression de faire un 360 no scope là (il n'a aucune idée de ce que c'est, mais ça semble toujours impressionnant quand les gens en parlent) mais ça va encore - il devine aisément qu'en s'asseyant quelques minutes avec une dosette de sucre, ça ira bien assez vite mieux. "Je pense, oui." Alors, splotch, splotch ; et définitivement à regarder où il met les pieds pour ne pas se tauler, en posant une main contre un mur pour s'aider, Ysidro devine qu'il n'a plus aucune allure - le groove, merde !

Et parce qu'il n'a aucune idée d'où ils vont, il se laisse guider... Jusqu'à la pièce secrète - pas du tout - du concierge.  La loge ressemble à ce quoi on pourrait s'attendre ; et sans doute que ça a quelque chose de réconfortant, pour quelqu'un qui vient de se réveiller au milieu d'un toilettes qui a connu la colère d'un mutant...

Oh.
Oh !

Ca lui revient un peu ; mais il glisse un autre remerciement quand il peut s'asseoir, serrant la veste de Gideon contre lui pour tenter de se réchauffer les os ; et peu de temps après, Ysidro vient finalement tâter de la bosse qui a débuté la conquête de son crâne. "Je crois... Me souvenir qu'un gars a explosé le lavabo." Qu'il confesse, grimaçant quand il touche un peu trop intensément la bosse. "Je sais plus exactement, c'est... Confus." Parce qu'il y a encore les souvenirs de son rêve qui le hante, qu'il a encore l'impression de pouvoir sentir les sens de l'animal - ce qui ne fait pas de sens, bien entendu, ce n'est qu'un rêve ! "Ca va aller pour toi ?" Qu'il demande, d'un coup, à le voir si agité ; il lui donnerait presque le tournis - tombe bien qu'il l'a déjà - à force.

Et après une nouvelle grimace à encore toucher la bosse, au cas où elle aurait disparu entre temps, il laisse retomber sa main encore.

Ysidro est tel un gosse parfois ; ce besoin de toucher pour être sûr qu'il a bel et bien une bosse et, outch, oui. Mais on lui grogne dessus et il arrête là, même si ça le démange, comme s'il voulait la faire rerentrer là où elle était et qu'elle ne le lance plus. Mais définitivement, il valait mieux la laisser tranquille et Ysidro soupire un peu, frissonnant de plus en plus, parce qu'il réalise dans quel état il est en vérité, petit à petit. "Oui, ok." Et il lui offre un bout de sourire avant d'attraper la tasse qu'on a pu lui servir, venant y coller ses mains contre pour tenter de se réchauffer.

Juste un peu inquiet pour le pauvre concierge, parce que ça va être un sacré chantier et qu'il espère bien que ça lui retombera pas dessus. "Ouais, j'vois très bien." Qu'il répond dans un sourire qui renaît, face à cette petite blague ; et il prend une gorgée de thé après avoir remué le sachet... Et ça goûte l'eau chaude encore pour le moment, alors c'est dégueulasse, mais au moins ça réchauffe un petit peu ; lui arrache un frisson dès lors. "Ysidro." Baisse sa tasse et offre cette fois un vrai sourire. "Enchanté !" Oublie un instant la situation... Et puis il a le froid qui repointe et brrrr ! S'accroche à sa tasse et regarde l'état dans lequel il est en tendant un peu une jambe, pour voir son jean en partie trempé. "Merde, je peux pas aller en cours comme ça..." Moue ; et en fait, il n'a aucune idée de s'ils ont commencé ou non - la réponse est que oui. Heureusement qu'il avait des amphis ce matin, il pourra rattraper aisément ainsi.

Relève les yeux vers Gideon, sa tête cherchant toujours à remettre tout les évènements en place. "Je m'évanouis facilement." Qu'il confie, pour expliquer un peu pourquoi il était là. "Je crois que c'est un souci de tension." Ah, Ysidro... Mais il a trouvé cette excuse ; que si elle grimpe d'un coup à cause d'une émotion, pouf, plus de lui ! Toujours la faute au red, de toute, ça l'avait bien déréglé cette bêtise-là ! Pour quoi, en plus ? Rien, que dalle ! Il avait même pas pu profiter même une minute d'un petit pouvoir, juste pour savoir lequel il aurait eu quoi. "Je crois que j'ai eu peur qu'il me casse en deux comme le lavabo ? Je me souviens plus, j'avoue." En même temps, c'était pas si déconnant comme logique pour cette fois. Fallait bien qu'il soit malin parfois. "Je sais pas si ça te parle..." Gideon doit en voir, des étudiant·es bizarres !

Ysidro ne sait pas bien si c'est une boutade ou une réalité, de la part de Gideon, quand il évoque qu'il ne va pas aller jusqu'à lui filer son pantalon ; toujours est-il qu'Ysidro vient à en rire, parce que ça aurait été sacrément cocasse et carrément de trop, même ! "J'aurais essayé !" Qu'il plaisante alors, son naturel souriant qui revient envahir son visage un instant ; et ses yeux rieurs semblent enfin retrouver comme une position naturelle, à être ainsi. Mais le tout s'adoucit, ne reste que la commissure des lèvres relevés avec gratitude, quand un radiateur est amené vers lui. "Merci beaucoup, c'est très gentil." Réellement ; il a hâte de se réchauffer les os, l'impression d'avoir été glacé jusqu'à dans leurs creux.

Alors finalement il confesse cette étrange caractéristique chez lui depuis près d'un an ; qui devrait l'inquiéter plus que tout, mais, mais... "Je n'ai pas vraiment le temps, entre les cours et le boulot. Quand je termine, en général c'est tard. Et puis, ça coûte trop cher les examens médicaux !" Et il soupire, parce qu'un enfant ça coûte cher aussi à élever et qu'ils doivent encore rembourser à deux les frais lors de l'accouchement et ce genre de choses. Bref, la vie de galérien qui, il espère, changera avec l'avenir, quand il parviendra à finir ses études - mais pour elles, il a sacrifié une partie de ses heures au travail et forcément, y'a encore moins de budget depuis deux ans. Mais Ysidro compte sur sa chance (un peu cassée) pour que ça aille jusqu'à ce qu'il puisse s'intéresser au souci... Puis pour couronner le tout, il est toujours honteux de comme tout a débuté et serait, dès lors, incapable de dire à un médecin ce qu'il avait bien pu prendre à la place du Red qu'il avait cru acheter. Vraiment, trop épineux tout ça.

Au fond, Ysidro ignore tout du travail du concierge ici ; il l'a juste remarqué parfois d'avec son regard froid et ses airs fermés - mais il l'avait toujours intrigué, sauf que pas vraiment le temps d'aller bavasser ; en général, quand il arrivait ici, il avait tout juste le temps d'aller aux toilettes et de filer en cours, puis de repartir dès la fin pour travailler et profiter de quand y'avait pas de client pour rattraper en ligne ceux qu'ils ratent en physique. Toute une organisation, réellement ! "Oh, je vois !" Ainsi donc, il n'était pas l'oeil de Sauron que tous pouvaient s'imaginer ? "C'est pas trop fatiguant ? L'univ' est tellement grande." Ca impressionnera toujours Ysidro ; il y a tellement de choix de filières que forcément, fallait la taille qui allait avec toutes ces possibilités.

Mais à la question suivante, le brun secoue la tête et décide finalement de quitter là où il était pour s'asseoir tout à côté du radiateur, libérant ses cheveux finalement pour leur offrir mieux la possibilité de sécher. "Mauvais endroit, mauvais moment. Je sais même pas pourquoi il s'est excité d'un coup comme ça." Moue, avant de reprendre une gorgée de thé qui le réchauffe plus encore. "Il a juste d'un coup, PAF, abattu ses poings sur le lavabo qui a éclaté !" Ysidro imite le geste avec sa main libre, mimant plus ou moins bien - le seul pouvant en juger serait le public invisible ayant assisté à la scène aussi. "C'était impressionnant ! Comme dans les films !" Sauf qu'il a eu peur, Ys, que sa tête fasse paf pastèque aussi parce que franchement, y'avait de quoi flipper. "J'espère qu'il assumera auprès de quelqu'un. C'est pas cool de s'en prendre à des objets comme ça." Ca dégrade et en prime... Bah du coup, le pauvre Gideon va devoir gérer ce merdier quoi.

Mais il garde un petit sourire, Ys, quand même. "Quand je le raconterais à mon fils, j'omettrais juste le détail de papa qui flotte ensuite dans l'eau comme la porte dans le Titanic à la fin." Et il rit un peu, juste parce que Salvador est encore dans cette période où son père est encore un peu un héros, au même tire que sa mère ; et il voudrait bien que ça dure encore un peu ; d'autant plus avec la distance à présent. Mais finalement, ça explique pourquoi il mime les choses avec coeur - un gamin de six ans, faut l'impressionner avec des gestes ! "Ca fait pas rêver ça !" Et il tourne la tête à nouveau, vers le radiateur cette fois, approchant une main pour la mettre en pamoison devant et ainsi la réchauffer, avant de venir la poser dans son cou, juste pour accélérer le processus.

Et puis, la curiosité revient au galop ; parce que, oui, Gideon lui inspire mille questions à la fois. "Tu travailles ici depuis longtemps ?" C'est qu'Ys est là que depuis la rentrée 2024 et il lui semble bien qu'il l'avait déjà vu à l'époque - alors ça fait plus que ça.