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tw : mention de suicide et d'idées noires, incendie, dissociation

Troisième jour à l’arrière-goût de rien.

Lorsqu’il s’essaie à solliciter sa cognition, ses souvenirs, ou même tracer une pensée à la seule force de son esprit, il y a comme un vide. Il n’attrape rien, pas même un fil conducteur. Izak Rose ne sait pas qu’il y a trois jours de ça, un oiseau de feu a déchiré le ciel du New Jersey en brûlant deux champs et les cimes d’arbres sur son sillage. Comment est-ce que ça a commencé ? Comme toutes les fois où il se donnait rendez-vous avec Astra, pour s’entraîner au Systema - et ne pas rire à ses vannes. Elle l’a déjà brûlé, une ou deux fois, les fois passées, et il est loin d’imaginer que cette étrange sensation avait fini par réveiller autre chose que le paradoxal bien-être que sa propre chaleur eut été dépassée. Sa mutation, à son contact, avait évolué. Pour la première fois peut-être, l’on pourrait dire qu’ils étaient complices de quelque chose qui les dépassait. Encore faut-il s’en rappeler, ce qui n’est pas le cas pour Izak, qui sort à peine la tête des flammes depuis qu’il a débarqué dans l’appartement de la Stark.

S’ils en parlent à la télévision ? Il n’entend pas, il y a pourtant fort à parier que l’on amalgame à coup de UFO ou d’apparition venue annoncer l’Apocalypse. Les puritains de ce pays étaient déjà en train de s’en saisir, faute de pouvoir donner un réel sens à tout ceci. De quoi avoir envie de mourir non plus une énième fois, mais pour l’éternité à venir.

Enfin, ça, c’est seulement s’il savait… ce qui n’était pas encore le cas.

Avait-il mangé ? Juste bu deux verres d’eau, à tout casser, et il avait été difficile pour lui de le garder entre ses doigts. Même les vêtements qu’il avait sur les épaules, qui n’étaient pas les siens, étaient surchauffés - comme si la température corporelle, déjà élevée, l’était devenue davantage après ce coup de théâtre vertigineux. Il n’a pas pu prévenir la caserne, ignore qu’Astra l’a déjà fait. Il est malade. C’est pas un complet mensonge, Ike ne va pas bien. Pour ainsi dire, personne ne l’a jamais vu aussi mal depuis un demi-siècle, si ce n’est plus encore que ça.

Il est quatre heures de l’après-midi quand il sort légèrement de sa léthargie, la moitié de son bras traînant dans le feu de cheminée. Il ne le regarde pas, y’a même pas grand chose qu’il semble voir, malgré le fait que ses yeux soient ouverts. Ses ailes rougeoyantes lui semblent plus encombrantes que jamais, sa tempe contre l’une des armatures bouillantes encadrant la cheminée. Il lui avait au moins fallu deux jours avant de sortir de celle-ci à proprement parler, comme si les flammes étaient devenues sa nouvelle matrice. Sa première pensée lucide n’est pas liée à ses besoins physiologiques. Elle s’articule autour de quelque chose qui a du sens.

Envie de crever.

Parce qu’il n’a pas la sensation d’être revenu aussi bas depuis des lustres.

Et c’est précisément à cette pensée lui griffant la boîte crânienne qu’il sent qu’on se rapproche de lui. Ca aussi, c’est nouveau. D’habitude, il n’y a même pas un mouvement de cils, ni même une œillade, pour qui que ce soit viendrait là. Ca lui rappelle douloureusement qu’il n’est pas chez lui. Qu’il ne l’est nulle part, à vrai dire.

Izak lorgne dans la direction d’Astra, coi. Il ne sait pas ce qu’elle veut mais pour une fois depuis un moment, il croit pouvoir l’écouter en plus de l’entendre ; presque pour de vrai.

@astra stark