Disruptive (Georgie)

TW : homicide, sang, crime

Daevy n’a jamais eu l’étoffe d’une dirigeante, elle ne dispose d’aucune prestance suffisante pour imposer le respect. Ni charismatique, ni même adaptée pour briquer les postes hauts placés, elle s’est toujours bien contentée d’une position lambda sans broncher. Aucune ambition, aucune prétention, elle se retrouve pourtant, ce soir, couronnée par son propre excès. Avec une maladresse avérée, elle règne sur un royaume composé de tripes et d’hémoglobine. Sur son trône de chair, il ne lui reste qu’à observer ses sujets - le vide, la mort et l’âme qu’elle vient d’arracher. Quelle reine aurait l’audace d’imposer à l’entièreté de son peuple de quitter ses contrées ? Pour le vide, sans doute, qu’il la poursuivra pour l’éternité, l’encerclera avec plus d’acharnement si elle tente de le semer. La mort demeure privilégiée, elle l’invite à la manière d’une amante entre ses bras depuis que le contrat a été passé avec sa justice tronquée. Ne reste donc que cette âme arrachée, qu'elle espère encore pouvoir la congédier. Un rituel serait bienvenu pour la renvoyer dans une dimension éloignée. Pour l’heure, le spectre s’attarde, hante le lieu grossièrement jusqu’à refroidir l'essence de son assassin. Les dommages collatéraux se succèdent, offrandes malvenues à la tragédie alors qu'elle ne poursuit que sa quête. Des conséquences morbides qu’elle prétendra pouvoir assumer. Plus elle se drape d'ombres et moins, elle parvient à distinguer ce qui lui appartient, ce qui lui a été confié. Ce qu’elle deviendra pour tenir la distance en demeure un peu plus incertain. L’humanité balafrée toise ses intentions – prétendument dorées. L’ironie la ramène au pragmatisme le plus déroutant. La revancharde ne supporte pas de s’encombrer de témoins ou même d’alliés. La réalité la rattrape à chaque fois qu’elle croit avoir le luxe du choix.

Le seul nom à s’imposer, coule une chape de plomb dans ses entrailles. L’égo se débat vainement, son réalisme lui cloue le bec avant qu’il ait pu s’égosiller. En attendant la cavalerie, la meurtrière ôte son arme de fortune, du thorax de sa victime, lutte contre les contrecoups de sa transe inopinée et la nausée qui survient face au spectacle. Fatigue et faim s'entremêlent au dégoût inspiré par la peinture macabre engendrée mais elle refuse de notifier ces sensations pour l'instant. Préfère couper les flots de ses pensées et nier le rouge qui l'habille. Dommage songe-t-elle froidement, en avisant les traits de l’homme gisant dans son propre sang. Il aurait pu lui être utile. Il n’est qu’un indic’ assez récent, qu’elle a identifié – à tort ou non, comme une menace ce soir. Attitude ambivalente, informations confuses, il a suffi de quelques éléments pour voir son taux de parano s’envoler. Rien pour étayer cette accusation, rien pour justifier cette violence si ce n’est une intuition parasitée par un malaise constant et une mutation bien mal gérée. Les sens brouillés par l’affrontement, se concentrent sur l’extérieur à défaut de gérer ce qu’il s’est passé à l’intérieur. Des légers pas ci et là, étouffés, fracassent le trottoir à quelques mètres de là. Planqués dans un squat sordide – lieu discret privilégié pour l’échange de données sensibles, leurs deux silhouettes sont protégées par quelques planches de bois barrant une fenêtre crasseuse. La baraque qu’ils occupent, est abandonnée depuis suffisamment longtemps pour qu’aucun ne soit en mesure de la réclamer. Trop abimée pour être envisagée comme un abri, pas suffisamment défoncée pour ne pas les rendre invisibles aux yeux des passants.

La porte d’entrée est restée en place, tient dans sa position plus par miracle que par réelle solidité des matériaux utilisés. Calée entre d’autres constructions tout aussi délabrées, la bâtisse n’est qu’une cicatrice de plus dans le paysage, banale et sans importance. Aussi, la quadragénaire sait pertinemment que lorsque le parquet, bouffé par l’humidité, craque, il n'annonce que la venue de l'aide bienvenue. Qui d’autre s’aventurerait sciemment ici ? « C’est toi ? » Question stupide qui n’amène qu’un vague inconfort. Par défaut, la furibonde garde le contact rassurant des lames rouillées, employées plus tôt, contre sa paume, se faufile dans un coin de pénombre un peu plus marqué, afin de conserver une vision dégagée, obtenir un visuel direct sur l’intrus. Peu de lumière s’engouffre réellement dans le salon. Une aubaine ou un piège supplémentaire, cela dépendra de l’identité de la tierce personne. Dans l'obscurité et à l'ombre de son crime, les doutes ont fini par réduire à néant son optimisme.

you'll see the light
tw: sang

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Dans un monde idéal, ça serait la première fois que Pérez est envoyée sur ce genre de mission nocturne, partie à l’aventure pour aider une âme dans le besoin.
Ce n’est pas un monde idéal.
C’est l’underapple.
Ces appels aux secours sont courants et Georgie a très vite compris l’utilité d’avoir des fourneaux qui se débarrassent des déchets.
Aussi bien littéraux que figurés.
Elle sait déjà ce qui l’attend, en suivant les coordonnées GPS que lui a envoyé Daevy: du sang.
Peut-être un corps.
Et il y a un léger élan d’inquiétude, tapissé par sa psychose robotique qui l’apaise doucement. Daevy n’a plus répondu, et peut-être que c’est le corps de l’ancienne reportrice qu’elle trouvera.
Pas la première connaissance qu’elle perdrait de cette manière non plus.  
Le cyborg n’a aucune crainte quand elle avance dans les décombres d’une maison abandonnée, avance avec l’aisance de celleux qui ont tout vu, trop vu. Les capteurs de ses Add-on se sensibilisent au maximum, pour palier à l’obscurité de l’endroit.
Il y a définitivement l’odeur du sang.
“C’est toi? – Oui, même si tu n’as pas dit s’il-te-plait.” Le ton est léger, elle ne prend pas la peine de murmurer, ni de se faire discrète. Georg.IA se tourne vers l’origine  de la voix, avance un peu, détaille Daevy dans la pénombre. “Qu’est-ce qu’il s’est passé?” Elle ne voit toujours pas bien. “Tu es blessée?” Autant commencer par là, savoir si il y aurait trois pairs de bras, ou seulement deux.
Qu’elle portera toute seule.
Atlas des temps modernes.
ft.  @Daevy Sokha   

TW : homicide, sang, crime
Le son s’apparente à une fusée de détresse projetée dans la pièce, éclairant tout sur son passage. Le soulagement – sans doute encore trop précoce, détend les muscles endoloris de la mutante. Elle souffle, recrache l’air coincé dans sa gorge et prend une nouvelle inspiration, bien plus profonde. La mort s’insinue, dévale le larynx, lacère les poumons. Le poids de son acte s’impose peu à peu à sa conscience. La sollicitude de son alliée pour son état aggrave seulement sa culpabilité. Les lames rouillées sont jetées au sol avec dédain, le fracas consolide sa réalité. Elle se trouve bien là dans un lieu miteux avec un cadavre sur les bras. « Nan. » Rien à déplorer de son côté, le Wendigo s’en est assuré. Quelques pas pris pour se rapprocher de son interlocutrice alors que déjà la mauvaise foi tente d’étouffer sa part de responsabilité dans le carnage opéré. « J’ai pas dosé ma force, voilà ce qui s’est passé. » Il ne s’agit pas que d’une question d’énergie déployée, Daevy le sait mais continue à déguiser son appétit incontrôlé. « Ce trou de balle allait me la mettre à l’envers. » Enfin, ça, ça restait à prouver mais les réponses sont parties avec lui. Alors autant s’inventer un mensonge confortable et finir par y croire.

« J’ai voulu en causer d’abord puis il s’est mis à mal me causer puis à me menacer d’aller me balancer à un autre con alors j’ai voulu le calmer. » Un autre euphémisme qu’elle se garde bien de surligner, acculée par son esprit désorienté. Pas le temps de baragouiner quelques laïus sur les questions morales de son geste, elle doute qu’elles intéressent davantage sa comparse alors autant établir les faits, rapidement et sans plus tergiverser. « Et je sais pas quoi faire de c’te saleté. Même crevé, il me casse les ovaires. » Surtout crevé à bien y réfléchir. Besoin d’aide pour le transporter ou pour trouver une solution viable afin qu’on puisse l’oublier. Qui de mieux placé pour l’aider que Georgie ? Aucune personnalité se rapprochant de la sienne dans son entourage et elle compte bien sur son pragmatisme pour se sortir de cette situation épineuse.

you'll see the light
tw: sang, meutre

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Le sourcil cryptique se hausse dans le noir.
Ce n’est que quelques secondes plus tard qu’elle se rend compte que Daevy ne doit pas voir la gestuelle silencieuse. Elle pallie alors avec un soupire, enfonce ses mains humaines dans les poches arrières de son pantalon de travail (tient, un écrou dans la poche arrière droite). “Faudrait que tu apprennes à doser ta force. Parce qu’il y a pas mal de trous de balles, comme tu dis, ici-bas. Ça risque d’attirer l’attention sur toi.” Georgie n’a pas la rancune contre les mutants comme peuvent l’être le Maelstrom ou les Bugs. Par contre, elle connait le besoin de précision dans les pouvoirs, comme dans les altérations. “J’vais te faire signer à un entraînement intensif, t’as pas le choix.” Parce que la voix de Georgie fait un peu la loi, dans l’Underapple.
Puis, elle veut bien cacher un corps de temps en temps.
Mais elle n’a pas l’intention d’ouvrir un cimetière.
Trop de mauvais souvenirs.
2005.
Le métal grince.
“Montre-moi.”
Le comportement de Daevy la dérange un peu, cette justification qui repousse la responsabilisation, la reconnaissance de l’acte. Oui, peut-être que l’autre représentait en effet une menace pour Daevy, Georgie n’était pas là pour le voir. Mais elle a traîné assez longtemps avec tout type de crapules pour reconnaître celleux qui ont quelque chose à se reprocher, sans l’admettre. “Pourquoi déjà t’as décidé de faire ça dans un lieu aussi glauque?” Les bâtiments en ruine, ce n’est pas ce qui manque dans dans l’underapple. Mais les histoires se terminent rarement bien, dans des lieux pareils. Pour peu qu’elle le sache, il suffirait qu’elle ouvre la porte qui mène à la cave pour trouver un autre corps.
Elle fronce à nouveau les sourcils.
Elle ne veut pas penser à ça.
Un corps à la fois.
ft.  @Daevy Sokha