ouijamy

06/04/2023

ouijamy
cw: deuil, ouija, invoquer les morts, esprits, fantomes

Love a menti.
Bien entendu qu’elle n’ira pas voir saon psy pour se remettre de la disparition d’Osmond. Ce n’est pas comme si elle était proche de lui, alors pourquoi elle aurait le droit de se sentir triste et en deuil de tout ce qui n’a pas été vécu.
Elle l’a oublié une première fois.
Elle peut bien l'oublier une seconde fois.
(et l’idée la tue).
Alors, pour ne plus y penser, autant foncer tête baissée dans un plan foireux. De ce qu’elle a cru comprendre, Amy est très doué pour ça. Surtout que, de ce qu’elle a cru comprendre, Amy était plus proche qu’elle d’Osmond.
Ce n’est pas bien compliqué. Elle n’a que le zippo de Hiérophant et deux souvenirs éclatés au sol. Alors, elle est passée dans cette boutique Hocus Pocus, achetée une planche de ouija, parce qu’il faut toujours soutenir le commerce local. Elle a écouté les précautions d’emploi avec beaucoup d’attention, puis elle est partie pour le snack miteux éternellement dans son coeur, le Red Chips.
Elle a claqué la plaque de ouija sur le comptoir, a sourit de toutes ses dents devant Amy. “Heya handsome.” Parce qu’elle sait que Amy aime la superficie de la chose. “Are you up to summon a dead spirit that might be linked to our gone-too-soon-Osmond? You’re not afraid of ghost, don’t you? And i’ll have some chips, while I’m at it.” Car oui, aussi improbable que ça puisse paraitre, Love Craft amateur.ice de l’occulte depuis toute petite n’avait pas encore essayé elle-même d’invoquer les forces de l’autre-monde.
Elle a regardé assez de films d’horreurs pour savoir que ça se terminait mal.
Mais Carmen avait l’air d’être une chouette personne.
Non?
ft. @Amy Armstrong

21/02/2023

ouijamy
cw: deuil, ouija, invoquer les morts, esprits, fantomes

En fin de compte, Amy était retourné bosser au Red Chips.
Initialement, il s’y était rendu pour récupérer des affaires; mais une fois planté derrière le comptoir, il s’était automatiquement mis à faire chauffer ses plaques, et, peu de temps après, un premier client était entré pour passer commande.
Le nez baissé en direction de la friteuse, Amy observe sans voir l’huile bouillante.
Ses cheveux sont au moins aussi gras; en deux mois, ils ont eu le temps de pousser et n’ont jamais été aussi longs. Il est également plus musclé que jamais, noyant son désarroi (pour ne pas dire son deuil) en exercices et interminables séances à la salle. Mais, malgré sa parfaite plastique, son air est morne, ses yeux secs. Le moule est robuste, certes, mais complètement vide, comme si, en disparaissant, Osmond avait emporté avec lui l’âme bouffonne d’Amy Armstrong.

"Heya handsome." Amy relève la tête, le surnom lui glisse dessus comme les projections d’huile bouillante sur l’acier parsemé discrètement sur le dos de ses mains. "Hey." Il se tourne avec lourdeur en direction de Love. "Are you up to summon a dead spirit that might be linked to our gone-too-soon-Osmond? You’re not afraid of ghost, don’t you? And i’ll have some chips, while I’m at it." Amy reste interdit pendant un instant, fixant un point imaginaire au-dessus de l’épaule droite de Love. Il ne regarde plus les gens dans les yeux parce qu’il n’y a plus rien à voir dans les siens.

Amy est malheureux mais peu disposé à en parler. Alors ses proches qui sont au courant de son drame font avec, et ça ne donne jamais rien de bien constructif. Et Dieu seul sait qu’il y avait pourtant beaucoup à reconstruire. "What?" qu’il coasse en retirant machinalement le panier à frites de l’huile pour en verser une portion approximative mais généreuse dans une barquette en plastique. "How are you gonna do it?" Il ne remet même pas en question la potentielle existence d’un fantôme, tandis qu’il dévisage enfin la plaque de ouija sur le comptoir. "What’s that? A table mat for toddlers?" ft. @Love Craft

06/04/2023

ouijamy
cw: deuil, ouija, invoquer les morts, esprits, fantomes

Le silence lui répond et c’est probablement la pire insulte que l’on puisse faire à Love. Elle se vante d’être insupportable d’une manière tellement particulière que personne ne peut l’ignorer. Sauf Amy, avec son regard mort et perdu, distant. “Did you hear me?” Peut-être qu’elle a fait sa tirade dans sa tête, plutôt que dans la réalité, ça ne serait pas la première fois que ça lui arrive. "
What?" Voilà la magnifique preuve par a + b. “I was saying- – How are you gonna do it?" Love cloue son bec immédiatement.
Okay, Amy est juste lent.
Probablement un de ces jours.
L’interrogation se fait sur la plaque de Ouija et le visage de Love s’illumine, en contradiction parfaite avec la mine morose d’Amy (mais ce n’est qu’à ce moment là qu’elle se dit que Amy et Osmond ont enfin quelque chose en commun). “It’s an ouija boad. Never watched a ghost movie where dumb white teenagers die because they summon vengeful spirits?” La main de Love se pose sur le compteur éternellement graisseux, se penche un peu plus vers Amy. “I’ll be fine. You, it’s fifty fifty. Don’t have a crazy dead ex lurking around?” Love ne sait pas à quel point elle a visé juste.
“Anyway! I’ve been visited by one of Osmond long lost daughter. Karen.” Elle fronce les sourcils. “Sorry, Carmen. But she could have been a Karen.” Regard qui se perd sur un point invisible pendant qu’elle soupèse son argument.
Elle imagine définitivement Carmen dans parfait training rose froufrou, maintenant.
Hm.
Veut-elle toujours éveiller Carmen?
Trop tard pour faire marche arrière, elle a dépensé 35$ pour la planche, et la vendeuse a été très claire: pas de remboursement.
“She was a mutant, or something? I don’t know, dude. Now she is a ghost. Like. A legit one. Lemme show you.” La vidéo est déjà prête sur son téléphone et appuie sur play. La conversation est feutrée, entre Osmond et Love, la caméra concentrée sur la télévision parasitée par le spectre.
Après une vingtaine de secondes, Love pause le tout. “And I’ve been thinking, we could try to summon her. Problem is, I don’t have anything from Osmond.” Moue, remords dans la voix. “Except for a lighter. I don’t know Osmond’s social circle. But you were the first one to come to mind. You wouldn’t happen to have an old shirt or something?”
ft. @Amy Armstrong

21/02/2023

ouijamy
cw: deuil, ouija, invoquer les morts, esprits, fantomes

"It’s an ouija boad. - Bless you. - Never watched a ghost movie where dumb white teenagers die because they summon vengeful spirits?" Les yeux bouffis d’Amy se plissent: "We’re not really teena— - I’ll be fine. You, it’s fifty fifty. Don’t have a crazy dead ex lurking around?" Amy lève les yeux de la tablette, regarde un peu trop longtemps autour de lui. "Kinda wish— - Anyway! I’ve been visited by one of Osmond long lost daughter. Karen. Sorry, Carmen. But she could have been a Karen." Amy tressaille, car personne n’avait prononcé le nom d’Osmond devant lui depuis des semaines, comme si on essayait de le lui faire oublier. Mais c’était sans compter Love qui mettait les pieds dans le plat. Et d’ailleurs, Amy pousse la barquette de frites dans sa direction, espérant lui couper le sifflet quelques instants.

Aussi, Amy fait mine de réfléchir pour se rappeler laquelle des filles d’Osmond était Carmen (il n’en a aucune idée, il n’a jamais réussi à tenir le compte des mômes plus âgés que lui d’Osmond). "She was a mutant, or something? I don’t know, dude. Now she is a ghost. Like. A legit one. Lemme show you." Avant même qu’Amy puisse lui expliquer que logiquement, l’enfant d’un mutant est également un mutant (Junior était hors de contrôle depuis qu’il commençait à développer ses pouvoirs), il se retrouve avec un téléphone brandi sous son nez. Il ne perçoit qu’à peine la voix d’Osmond, rendue métallique par la qualité de la vidéo, et met quelques instants avant de poser son attention sur l’écran pixellisé. Il a l’impression de se retrouver propulsé dans l’un de ses shows télévisés où deux white guys s’amusaient à explorer des hôpitaux abandonnés, armés d’appareils grésillant des phrases hasardeuses du genre "Alfred eats the chair", prouvant ainsi l’existence d’un habitant de l’au-delà, alors même que la qualité du son était si mauvaise qu’il aurait pu aussi bien s’agir de borborygmes dus aux souris dans les faux plafonds.
But anyway, Love était sur sa lancée et, si elle tenait bien quelque chose de son défunt faux-père, c’était sa ténacité.

"I don’t really see anything— - And I’ve been thinking, we could try to summon her. Problem is, I don’t have anything from Osmond. Amy, qui avait croisé les bras, porte sa main à sa poitrine, là où la croix en argent s’est enterrée dans sa peau (littéralement) (he’s metal). Except for a lighter. I don’t know Osmond’s social circle. But you were the first one to come to mind. You wouldn’t happen to have an old shirt or something?" Instinctivement, Amy fait deux pas en arrière, les sourcils froncés. "What for? You think she’ll tell you where her daddy is? Il ne lui laisse pas vraiment le temps de formuler sa réponse: Why you ain’t looking for Carmen’s belongings instead of his?" Le nom ne veut pas sortir. Il se frotte la tête. "I mean, you can’t ask me something like that out of the blue! It’s not as if I had it on m—"
Oh shit.

Un œil expert l’aurait deviné aux coutures distendues au niveau des bras, et aux légers bâillements aux épaules, aux manches de sa chemise trop longues difficilement roulées sur ses épais avant-bras, et surtout, surtout, à l’assortiment de bon goût du camaïeux de sa chemise en flanelle.
He is wearing it.
Son regard baissé vers sa chemise et ses bras jalousement croisés sur son poitrail ne trompent personne, et lorsqu’il lève de nouveau les yeux vers Love, il comprend qu’elle a aussi compris. "It’s not that situation where you have like to burn the shirt, by any chance?" ft. @Love Craft

06/04/2023

ouijamy
cw: deuil, ouija, invoquer les morts, esprits, fantomes

En plus qu’Amy ait une sale gueule, il a sale caractère aujourd’hui.
Elle mastique une des frites la bouche ouverte, parce qu’elle n’a pas eu la patience d’attendre que ça refroidisse et ça laisse assez d’espace pour qu’Amy objecte.
Bien entendu votre honneur.
Love plisse un peu les yeux, mais ne paraît même pas surprise de la réticence de Amy. Il doit vraiment avoir des fantômes dans ses placards, lui aussi. Tous ces clients décédés suite à une intoxication alimentaire.
“No, I think Osmond is dead, whatever crappy thing he was doing in life finally got the best of him.” Ce qui les attend toustes. “Buuut. Would you miss an opportunity to get in touch with Carmen or him? No way José.” Oui, Love a elle aussi une mémoire sélective des films qu’elle a regardé. Elle a oublié que the black guy était la première personne à mourir à l’écran pendant toute une époque de l’histoire du cinéma. “Moreover.” Deuxième frite brulante, qu’elle machonne la bouche toujours ouverte, et en plus a le bon goût de parler en même temps. “Carmen Rose is dead since 2011. I don’t have time to go to all the antique shop to find some of her old belongings.” Love préfère, vraiment, prendre contact avec Osmond qu’avec une Karen de l’outre-monde.
Elle ne parlera pas du mauvais goût d’Osmond d’avoir gardé le nom de Rose.
Amy se rebiffe devant ses arguments et son regard suit celui du cuistot.
Son sourcil se hausse.
Troisième frite.
Son deuxième sourcil se hausse. “Duuuude.” Love abandonne le sérieux qu’elle avait, éclate de rire. “You can’t make that up.” Puis, elle a un petit gasp de surprise. “WAIT. Do you know where he lived?” Ses deux mains se plaquent sur le comptoir graisseux maintenant. “Do you have his keys?!” Un détail, Love pourrait forcer la serrure en quelques minutes. “That’d be great that way, no need to burn the place if we are in his nest.” Son doigt s’approche de la chemise, qu’elle effleure tout juste. “Oooh, that’s going to be awesome, Amy!”
ft. @Amy Armstrong

21/02/2023

ouijamy
cw: deuil, ouija, invoquer les morts, esprits, fantomes

"No, I think Osmond is dead, Amy tressaille. Whatever crappy thing he was doing in life finally got the best of him." Amy se râcle la gorge pour conserver un timbre de voix qu’il pense neutre, mais qui est irrévocablement éteint et malheureux: "That’s one way of putting it. - Buuut. Would you miss an opportunity to get in touch with Carmen or him? No way José."
Amy hausse les épaules. Il ne le sait pas encore, mais il devrait se comporter davantage comme Love. Prendre plus de recul, puisqu’il allait devoir se faire à l’idée qu’Osmond ne reviendrait pas. Hormis, bien sûr, si le ouija de Love fonctionnait. Ce dont il doutait fortement, et ça n’était pas plus mal; ainsi, il n’aurait pas à nourrir de faux espoirs.

"Moreover. Carmen Rose is dead since 2011. I don’t have time to go to all the antique shop to find some of her old belongings." Ses doigts se resserrent autour du tissu de ses manches. Il pourrait essayer de gagner du temps, et fouiller le ranch, afin de voir si Osmond avait gardé des effets personnels de sa fille, mais cette idée impliquerait d’embarquer Love avec lui, et il en était hors de question— "Duuuude. You can’t make that up. WAIT. Do you know where he lived? Fuck. Do you have his keys?! - No?!" éructe Amy sur un ton presque aussi perché. "That’d be great that way, no need to burn the place if we are in his nest. - What?! - Oooh, that’s going to be awesome, Amy!"

Le coeur d’Amy bat à tout rompre dans sa poitrine. "Wait! no! Il chasse l’index de Love d’un revers de main, comme on se débarrasserait d’un moustique par une nuit d’été. "No one’s burning anyone’s nest! Il s’est peut-être un peu embrouillé dans sa répartie. I’m not taking you there! It’s many hour’s drive from here anyway!" Il se mord la langue, craignant n’en avoir que trop dit, comme si Love était capable de hacker les cerveaux par le biais de cette simple information.
"Fine, I’m giving you his shirt! Et, sans demander son reste, il se défait de la chemise à carreaux, révélant son inséparable marcel blanc en-dessous. Réalisant dans son élan que ça pouvait paraître suspect qu’il soit en train de porter une fringue de son patron décédé, il s’empresse d’ajouter: And I only got one of his shirt because I stole it, because I was out of clean clothes. La chemise roulée en boule dans ses mains, il hésite avant de la tendre à Love. I own plenty of clothes. All dirty. And all mine, too. Not his. Il lui refourgue le vêtement avec hâte, comme si ça ne lui faisait rien. You can have it, it’s not like I care."

Réalisant qu’il s’enfonce dans son confus récit, il désigne la plaque de ouija du menton, afin de détourner l’attention de Love qui semblait ne plus vouloir faire autre chose qu’invoquer les morts: "How’s this Luigi board working anyway?"
ft. @Love Craft

06/04/2023

ouijamy
cw: deuil, ouija, invoquer les morts, esprits, fantomes

L’attention de Love se focalise encore plus sur Amy et elle ignore le gros doigt qui pourrait portant la repousser de la force d’une phalange. “So you do know where he lives.” lived, mais la grammaire n’a jamais été le fort de Love.
Elle n’obtient pas la réponse qu’elle veut, mais au moins la chemise est enlevée, tendue. Love ne la prend pas et la laisse tomber sur la planche de ouija. Elle regarde Amy avec un certain scepticisme, qui se meut doucement en compassion.
Celle qu’elle adresse aux personnes qui ne savent pas mentir. “It’s all right bud, I don’t need to know why you got it.” Elle lui tapote gentiment le gros muscle, pour le calmer doucement. Quand elle rétracte son bras, elle ne manque pas de reprendre une frite.
Sans café, ça n’a pas tout à fait le même goût.
Sans Osmond non plus.
“I won’t burn it”, précise-t-elle d’une voix tout aussi martyrisée qu’Amy, quelques minutes auparavant. “And I’ll need you. It’s a at-least-two-people’s job.” Ses doigts tapotent doucement la plaque dont elle ne sent aucune magie.
Love n’a jamais eu le doigté pour ça.
Ca a l’air de convaincre Amy, et l’expression de Love reprend sa joie de vivre immédiatement. “Damn, pal, you really never watch that sort of movie?” Elle hausse les épaules. “So, we need to lay the board and then we have the circle that will point the letters, or yes or no. And we need to put our index on the corner of if and apparently the spirit will make it move.” Love sait, dans la pratique, que c’est faut, que c’est la tension des muscles qui fait que l’indicateur du ouija bouge tout seul. En l’occurence, vu la masse musculaire d’Amy, tout ira dans son sens. “I’ve asked some people online who are like, famous for it, got some tips and soluce. I mean, that would have been better to do it at his place, but given that someone” oeillade appuyée vers Amy “is not a road-trip kind of partner” un peu de jugement dans la voix, “I assume we can do it here.” Elle plaque sa main sur la planche maintenant, se retourne vers la salle. “Say, did he used to have a favorite spot?”
ft. @Amy Armstrong

21/02/2023

ouijamy
cw: deuil, ouija, invoquer les morts, esprits, fantomes

"Damn, pal, you really never watch that sort of movie?" Amy aimerait bien lui expliquer qu’avant, il ne regardait que des films X, mais que la dernière fois qu’il avait essayé, depuis la disparition d’Osmond, il s’était mis à pleurer bruyamment lorsque l’actrice principale est entrée dans l’enclos aux serpents.

"So, we need to lay the board and then we have the circle that will point the letters, or yes or no. And we need to put our index on the corner of if and apparently the spirit will make it move." Amy fronce les sourcils: "The spirits are gonna move our fingers? Why do we need the circle for then?" Il dégage délicatement la chemise du tableau ouija, sur le comptoir autrement plus crasseux. "I’ve asked some people online who are like, famous for it, got some tips and soluce. I mean, that would have been better to do it at his place, but given that someone, Amy fuit son regard aussitôt qu’elle cherche à le faire culpabiliser, is not a road-trip kind of partner, I assume we can do it here." La tension se relâche dans les robustes épaules d’Amy, un tant soit peu rassuré. Après tout, avec tout le temps qu’Osmond avait passé à prendre ses repas ici à n’importe quelle heure de la journée, voire même (et surtout) de la nuit, le Red Chips était un peu comme sa seconde maison. "Say, did he used to have a favorite spot? - Of course he did!" répond Amy avec un peu trop de hâte.

Embarquant le petit panier à frites sur la table de ouija (sorry spirits), Amy se dirige d’un pas certain jusque dans un coin de la salle, qui offrait non seulement une vue d’ensemble de la pièce mais aussi, Amy le réalise maintenant qu’il se tient à la place exacte d’Osmond, un angle plutôt privilégié du comptoir. Il dépose le tableau sur la table crasseuse, poussant avec une discrétion bourrue la pancarte de réservation improvisée qui s’y trouvait, et ce, depuis deux interminables mois. "Here, you got your nest. So, what’s next? You need to burn incense and magic candles? Drink from a goat head? I still have that dead opossum in the freezer. Un sourire timide creuse sa joue ronde. Just kiddin’, what d’you wanna ask her anyway?" ft. @Love Craft

06/04/2023

ouijamy
cw: deuil, ouija, invoquer les morts, esprits, fantomes

Love a eu un bon pressentiment, de chercher Amy. Elle suit le regard, tombe sur cette table où elle s'était installée, bien des mois auparavant, durant de chaudes matinées d’été. Tout parait si loin, maintenant. Elle marche derrière la montagne de muscle, détaille un instant les formes imposantes que prennent son dos et la manière dont l’anatomie bouge, manque de se cogner contre le dos trempé de sueur et de graisse, s’arrête de justesse.
Love s’installe tranquillement, rajoute un peu de sel sur ses frites, quelques grains qui se perdent sur la planche (sorry spirtis, épisode 2). Elle observe Amy avec la suspicion qu’il y a bien un opossum mort dans le congélateur, se fait une note mentale d’aller faire un tour dans l’arrière-cuisine un jour.
Le sac à dos glisse devant elle, et elle ouvre la tirette d’un geste sec. “We set the thing up. I’m not sure candles help, it’s mostly for the mood. And I ain’t playing with black candles, hmhm.” Love, capable d’invoquer un esprit via une planche Ouija, mais se lancer dans un autre type de sorcellerie, hors de question. Elle préfère jouer avec les esprits qu’elle connait, que d’ouvrir une porte à tout autre type de fuckerie.
Love sort un tripod, qu’elle étire totalement et y accroche une caméra.
Parce que, bien entendu, il est hors de question que son expérience ne soit pas documentée. “It will requires to be open-minded and open-up your heard as well.” C’est dit de la manière la plus fleurie qu’elle peut faire. “We will keep question shorts, so Carmen can answer.” De l’intérieur de son sac, elle claque sur la table “sorry Osmond” une feuille imprimée, avec un texte d’invocation. “You can read that, if you want.” Elle fait une moue, alors qu’elle reprend quelques frites.
ft. @Amy Armstrong

21/02/2023

ouijamy
cw: deuil, ouija, invoquer les morts, esprits, fantomes

"We set the thing up. I’m not sure candles help, it’s mostly for the mood. And I ain’t playing with black candles, hmhm. - Me neither, because I’m not racist—" explique Amy, armé d’une expression si sérieuse qu’il en est devenu gênant; un pas de plus vers l’acceptation du deuil.

Love installe sa caméra sur un tripod. Amy la regarde faire avec circonspection. "What’s that for? I thought found footage were useful only when people disappear… Oh shit…" Il se penche un peu davantage vers l’objectif, puis rectifie sa position afin que son visage n’apparaisse pas trop dans le cadre, au profit de ses bras musclés. Il n’a pas aimé son air éteint se reflétant dans la lentille; la forme de son biceps gauche, en revanche, mérite davantage de temps à l’écran, surtout souligné de la sorte par la lumière grésillante des néons.

"It will requires to be open-minded and open-up your heart as well. - Don’t ask for too much, maugrée-t-il en retour. - We will keep question shorts, so Carmen can answer. - Well, if she’s like her dad, I bet she’d love to vent, no matter how short the question is." Un nouveau trait d’humour, ironique pour certains, pas tant que ça pour lui. Osmond s’était montré de plus en plus bavard à mesure qu’ils se rapprochaient.
La plaisanterie est peut-être de trop, il sent sa gorge se serrer; décidément, ça ne lui réussit pas de parler de figures paternelles.

"You can read that, if you want." Amy récupère le papier, fronce les sourcils et se râcle la gorge: "I call on the spirits of the underw— underworld and the thousandth dimension. Name of the dead— oh, I mean, Carmen Rose, hear my voice and answer my call, let your voice be heard and your words be spelt… please." Amy relève le nez de sa feuille, sur laquelle il s’était progressivement penché, l’index suivant la lecture, comme un collégien en difficulté. Après avoir patienté quelques secondes vraisemblablement insuffisante pour une telle cérémonie, il hausse un sourcil: "What now? I don’t feel like any door from the afterlife actually opened—" Et, alors même qu’il allait finir sa phrase, le grincement de la porte du Red Chips claque, sans qu’aucun des deux ne puissent certifier qu’il s’agissait d’un client importuné par leur petite opération, ou d’un véritable esprit frappeur.
ft. @Love Craft

06/04/2023

ouijamy
cw: deuil, ouija, invoquer les morts, esprits, fantomes

“Me neither, because I’m not racist. – That’s not…” Mais Amy a l’air tellement sérieux que finalement, Love échappe un petit rire, secoue la tête. “Whatever.” Elle retourne son attention sur son trepied, sur l’agencement des chaises, pendant que Amy procède à sa lecture, difficilement. Love lui laisse le temps de trouver son rythme sur la page, vérifie la direction du nord juste comme ça. Elle place l’opercule sur le milieu du plateau, dépose le briquet sur le côté, plie soigneusement la chemise également.
La porte grince derrière elle et elle se retourne. “WE’RE CLOSED.” Et tant pis si elle fait fuir le client. Ils ont une séance d’occulte à mener et de ce qu’elle a compris, Amy n’a pas vraiment à s’inquiéter d’un loyer. “Now, you put your two hands on the thingy and read it again. Point is to be connected and feel whatever there is to feel.” Love n’est pas un.e grande praticien.ne de la chose, consomme plus les vidéos youtubes de mauvaise qualité quand elle n’arrive pas à s’endormir, et ses yeux se ferment généralement avant que les fantômes ne fassent leur apparition.
Elle inspire, s’installe enfin, remet en place ses tresses.
Elle regarde Amy ~~dans les muscles~~ dans les yeux. Quelques secondes de silence. “Maybe we should try to remember Osmond, how and who he used to be.” Elle jette un coup d’oeil vers le briquet qui vient tout droit d’une autre époque. “Oh, I almost forgot!” Sur son téléphone, elle sort la mélodie venue d’un ancien temps, qui parle d’un black sheep qui bêle.
Osmond aurait pu l’être.
Amy aussi.
Elle aussi.
Troupeau.
“Don’t ask, apparently he used to sing it.” Elle ne s’en souvient pas, n’a que peu de souvenirs personnels liés à Osmond. Pourquoi est-ce qu’elle s’acharne tant, alors, à trouver une connexion dans la mort? Est-ce que c’est pour rattraper ce qui aurait pu être, mais qui ne sera jamais?
Elle ne sait pas.
Son regard est sombre.
Elle sent la lourdeur usuelle que lui inspire Osmond.
Le poids, surtout, de son absence, et de l’absence du monde qui n’a jamais été là pour la soutenir. Orphelin.e.
“What was he, for you?” Ses index se posent doucement sur le cercle en bois. “For me, he was darkness.” Et Love jurerait avoir senti quelque chose bouger au niveau de la planchette.
Mais elle n’est pas un.e expert.e.
ft. @Amy Armstrong

21/02/2023

ouijamy
cw: deuil, ouija, invoquer les morts, esprits, fantomes

"WE’RE CLOSED." L’exclamation de Love fait étrangement écho à la remarque d’Amy. Il lève les yeux vers la porte d’entrée quelques secondes, comme s’il essayait de la verrouiller par l’esprit, ou de retourner la pancarte indiquant les horaires de fermeture par la force de sa pensée. Il devrait peut-être faire aimanter l’écriteau, il aurait ainsi sûrement plus de chance de le manipuler à distance.
"Now, you put your two hands on the thingy and read it again. Point is to be connected and feel whatever there is to feel." Amy pose le bout de ses doigts sur le palet de ouija, puis attend pendant un court instant la suite des explications qui ne vient pas. Son air hébété indique clairement qu’il ne voit pas ce que Love veut dire par "whatever there is to feel". Amy refuse de ressentir quoi que ce soit, puisque ça faisait près de deux mois qu’il n’aimait pas ce qu’il ressentait en permanence: la souffrance de perdre un être cher qui avait, accessoirement, fait en sorte que toute son existence gravite autour de la sienne.

Il observe avec circonspection Love lancer un chant étrange et sombre. "Don’t ask, apparently he used to sing it." Le sourcil froncé d’Amy bondit de stupéfaction: "I never heard him sing anything?? I have so many questions right now—" Il s’interrompt lui-même, retient sa respiration, écoutant pendant un moment trop court la musique, essayant d’imaginer la voix d’Osmond calquer la mélodie.
Ils n’écoutaient pas vraiment de musique ensemble, hormis la radio du pick-up qui captait des stations hasardeuses pendant leurs récurrents périples à travers le désert.

"What was he, for you?" Amy rouvre les yeux, sans se souvenir les avoir fermés. La musique plane, et pourtant, tout paraît soudain très silencieux. Ses yeux vaquent au-dessus des index de Love qui ont rejoint les siens sur la petite pièce en bois. "For me, he was darkness." Amy souffle du nez: "Yeah, I mean, that was pretty much his whole deal…" rétorque-t-il avec un peu de sarcasme.
Il réfléchit. Trop peu. Coasse un: "Well, he was my boss…" qui ne trouve pas écho dans le tremblement de sa voix.
~~Florida~~ Texas man lost his boss, and also his will to live.

Sa respiration s’alourdit dans le silence, rauque, au fond de sa gorge nouée. "He was a tough boss. I had to follow him everywhere like a shadow. Day and night. Mostly nights. There’s no shadow at night, though. And yet here we used to be. Amy se râcle la gorge. What does the shadow call the person it follows all the time? There’s no word for that." Comme il n’y avait pas de nom pour ce qu’ils étaient. Comme il n’y avait pas de réponse à ce qu’il allait devenir désormais, ombre arrachée à sa lumière.

Amy se redresse, le regard confus, les index moites sur le cercle en bois. Il semble sortir d’un genre de transe maussade: "Wait, were you like… asking me or Carmen?" ft. @Love Craft

06/04/2023

ouijamy
cw: deuil, ouija, invoquer les morts, esprits, fantomes, spooky

Love ne savait pas qu’Amy était doué pour la poésie.
Comme quoi, des morceaux brisés se font les plus beaux artistes.
Les yeux de Love coulent, inévitablement, sur les lettres en encre noire, le apparent en plein milieu de la planche. “What does the shadow call the person it follows all the time? There’s no word for that.” Love n’a pas la réponse à cette question. Pourtant.
Pourtant.
“The origin.” Elle sait que la réponse vient de sa gorge, reconnait la sensation de sa langue contre son palais. Mais elle ne se souvient pas avoir pensé la réponse, ni ne l’avoir eu. Il y a un crépitement sur la bande sonore de black sheep, et le bêlement semble malade. Love pivote vivement sa tête vers l’appareil. "Wait, were you like… asking me or Carmen? – I think she’s here.” Ce n’est qu’un murmure et si Love n’avait pas ses mains sur la planche de ouija, elle se pinçait les angles de sa peau. “Carmen?” Elle retourne son attention vers Amy, lui donne un coup de pied sous la table. “Quick, read the paper again.” Mais ce n’est pas nécéssaire.
L’opercule bouge, lentement, entre elleux.
Love sent son coeur pulser, depuis le bout de ses ongles posés sur l’artéfact occulte, dans l'entièreté de ses bras, puis revenir à sa source.
Elle jette un coup d’oeil vers Amy, puis retourne son attention sur la planche.
Les néons crépitent, au rythme des grésillements de la bande sonore, du frottement sur la planche.
“Okay that’s Karen alright.”
Et les lettres s’épèlent et s’égrainent sous les ongles sales.
W
H
E
R
E
ft. @Amy Armstrong

21/02/2023

ouijamy
cw: deuil, ouija, invoquer les morts, esprits, fantomes

"I think she’s here." Le visage d’Amy se crispe. Il avait, pendant longtemps, refusé de croire aux fantômes. Il pensait que s’il existait bien des formes dans l’obscurité, il ne pouvait s’agir là que de l’extension de certaines mutations. Après tout, certains mutants étaient capables de communiquer avec les esprits, d’autres de les invoquer. Il n’avait jamais trop su où Osmond se situait, précisément, puisqu’il lui semblait, parfois, qu’il n’était lui-même que l’amas tourmenté des esprits qui avaient bousculé son existence, et refusaient de le laisser mourir. Jusqu’à il y a peu.

Il renâcle, refuse de se laisser à la peur. "That’s bullshit, I can’t hear anyth— - Carmen?" Le coup de pied sous la table prend Amy par surprise, et son échine est secouée d’une sueur froide qui pique son dos. Sa bouche va pour s’arrondir autour d’une injure, mais Love n’en démord pas: "Quick, read the paper again." Les mains toujours bloquées sur le palet de bois, Amy tord le cou pour tenter de lire le papier négligemment posé à côté de la plaque de ouija. "I call on the spirits of the—"
Son souffle se coupe. Au bout de ses bras musclés, sous ses doigts caleux aux ongles rongés, le cercle en bois vient de bouger. Aussitôt, Amy cherche Love des yeux, persuadé qu’elle avait initié ce subterfuge. "Come on, Love, lemme fin—" Mais Love n’a pas l’air plus à l’origine de ce petit tour que lui. Tout comme elle n’avait pas balancé mentalement quelques interférences à la bande sonore, ou joué avec les interrupteurs pour faire sauter les néons.

"Okay that’s Karen alright. - Don’t fuck with me—" La respiration d’Amy s’accélère. Il sent le bout de ses doigts devenir moites, tandis qu’un premier mot s’épèle sous leurs yeux. "Where? Where’s what? Son regard bleu reflète les néons capricieux avec moiteur. Il a pourtant l’impression d’avoir les yeux secs, piquants, comme si tout son sang était en train de quitter son corps. "We uh— we don’t know where you’re supposed to be, m’am, répond-il avec appréhension, infichu de savoir comment il était censé s’adresser à un fantôme.
Enfin, s’il s’agissait d’un revenant, bien sûr. Uuh— don’t freak out, Carmen: you’re like, here, at my place, the Red Chips, Crimson Bay, pretty shitty part of New Blossom— Il plisse les yeux en direction de Love, et chuchote: I don’t even remember when she died! Puis, à voix plus haute: You uh— you alright chattin with us for a bit?" Amy serre les dents, désarçonné par l’informalité de sa question, mais refusant de se prendre davantage au jeu par trop de solennité. ft. @Love Craft

06/04/2023

ouijamy
cw: deuil, ouija, invoquer les morts, esprits, fantomes, spooky

Love rirait ouvertement de la gueule d’Amy, si elle ne faisait pas les mêmes mimiques extasiées de son partenaire d’exorcisme. Le mot se crée lentement et elle n’a jamais eu la patience du scrabble. Pourquoi ne pas donner un clavier pour les fantômes, vraiment? Tout le monde y gagnerait du temps.
Mais elle n’est pas la pour un speech marketing avec l’au-delà.
Amy cherche une bonne réponse, ou une réponse tout court. Love dodeline de la tête au rythme de la musique, échappe un “banger, baah baaah black sheep”, qui va certainement lui rester des jours en tête. “I don’t think you need to whisper”, répond d’abord Love sur le même ton faussement complotiste. “You know you’ve been dead for a while, huh?” Si Amy abandonne la bienséance spectrale, Love n’est qu’enjailler à le faire elle-même. “But we don’t care about you. I mean, dead for dead, alright?” Love ne sait pas à quel point elle a tort. Mais la vie lui prouvera dans quelques semaines. “You do remember Osmond? Your father.” Le mot est étrange, parce que, pour peu, elle aurait terminé comme Carmen.
Aurait-elle aussi eu des pouvoirs fabuleux?
Les lumières crépitent, et l'obscurité les embrasse un instant. Il n’y a que la lumière de son téléphone qui les illumine et l’oeil rouge de la caméra braqué sur elleux. “Hmmm, now I understand why the candles.” Trop tard pour se lancer là-dedans, cependant. “Should we take that as a yes?”
Et l’opercule sur la table bouge, pour confirmer.
"I can't see shit."
ft. @Amy Armstrong