The older i get, i realize my mom was right but i just didn't like her tone / Néné~4

Une jambe relevée contre son torse, René observe les numéros et les pixels sur son écran. Depuis la fermeture de l’Éclipse et le désastre fait avec les mods qu’ils vendent, ils essaient de se concentrer un peu plus sur le web pour contrôler les dégâts. Résultat ? Un peu plus de travail pour lui. Son retour de Milan a été bousculé par l’envie folle de voir Nessie et de le serrer contre lui et aussi ajuster leur site internet sur le dark web pour parvenir à enfler leurs taux de vente et avoir des sécurités supplémentaires. Pour le moment, René est plutôt fier de lui. Les ventes ont augmenté; Teddy l’a même félicité pour tenir l’inventaire à jour.
- Tu penses qu’elle est prude ? Ses lèvres se tordent et il tend le cou pour observer Nessie, sur le lit. René a déjà lu l’interview un peu plus tôt, entre deux problèmes à régler. Il apprécie bien la manager de Nessie dans le sens où elle est accommodante et le laisse libérer certaines dates pour eux. Mine de rien, René est un peu persuadé que son nom joue dans le lot. Sinon, elle ne serait pas de la sorte.
Les sourcils se haussent quand il croise le regard de Nessie et René sourit un peu plus ; une douceur sur les lèvres. Il mime un quoi silencieux, bêtement charmé par l’expression qui occupe les traits de son -
ugh. Petit ami.
Il s’est avoué vaincu. Du moins, envers lui-même. Il fait attention aux mots qu’il emploie.
- Je pense surtout que tu te casses la tête. Charlie aussi, hein. J’veux dire hm – René hume et réfléchit. Il pose sa joue contre son genou, et continue. T’agis comme si y’avait qu’un modèle à suivre, tu vois ? Enfin - plutôt les gens agissent comme ça. Ta manager, ton équipe. Charlie aussi j’dirais mais j’le connais pas. Il hausse les épaules. C’est compliqué quand t’essaie de faire la manière que les gens veulent et pas la tienne. J’pense encore que tu serais p’être mieux avec un autre manager et une autre équipe. René s’arrête et regarde Nessie. Il finit par déposer son genou au sol, pousser sa chaise et la quitter pour venir le rejoindre dans le lit.
René y pose un genou, l’autre aussi et caresse Lutin au passage. Follet dort encore sur le canapé. Le corps se laisse tomber dans les draps, à côté de Nessie.
- Est-ce que le nombre de ventes ou de fans te préoccupent vraiment ? Si non, y’a toujours le retour aux sources et faire les choses à ta manière. René lui adresse un sourire, ajuste ses lunettes qui sont légèrement tombées et continue, en rigolant. Vire la. J’peux être ton manager moi.

René aime la manière dont Nessie lui parle de son travail avec sincérité et de ses doutes, aussi. Il a l’impression que ses conseils sont les bienvenus, comme son opinion. Mine de rien, les milieux dans lesquels ils travaillent sont similaires sur certains points. René a longtemps décidé de faire les choses à sa manière et surtout, de courir dans la direction opposée des conseils donnés. La chose s’est calmée un peu depuis le temps ; il essaie surtout de faire ce qui lui donne envie bien que, d’un côté, il est encore difficile de dire non à ses parents. Le québécois y travaille de son mieux ; les choses ne changent pas aussi simplement.
- j’vois ouais, chou. Tu veux les bons outils, c’est ça ? J’pense que tu les as. Juste la voix de Nessie est une recette gagnante, selon lui. René est un peu trop amoureux pour être neutre sur la chose, mais il n’a jamais été fan d’un groupe ou d’un chanteur et la musique le hante. Nessie a été son premier coup de coeur niveau musical. La chose est importante.
- Hmm- Est-ce que tu penses que oui ? Tu te sens comment avec ton équipe ? J’veux dire - avec lesquels t’es en confiance, avec lesquels t’as envie de faire d’autres projets. C’est pas une prison, quoi
Les lèvres se tordent quand Nessie vient se presser contre lui et René pose un baiser contre ses cheveux et le serre contre lui.
Le rire résonne et René lui pince les côtes.
- Insupportable oui, totalement. Un vrai cauchemar, qu’il peste, non sans oublier le soupir dramatique. René soupire ce qui reste de son rire et hausse les épaules autant qu’il peut. Je dis ça comme ça ; j’suis dans le milieu depuis longtemps non ? Enfin - Je veux juste que tu sois bien. Que tu fasses les trucs que t’aimes, quoi. Ça m’dérange de savoir qu’on puisse t’opprimer ou dire que les choses qui sont toi bah c’est un problème ou j’sais pas. C’est de la merde. Lui-même a connu et connaît un traitement similaire. Au moins, la chose vient seulement de ses parents. Ils sont loin. René a déjà refusé de les voir, le mois dernier. Il est fier de lui ; d’être resté droit et de leur avoir tenu tête. T’es impulsif et imprévisible. C’est ça qui fait ton charme s’lon moi.T’en penses quoi, Lutin ? Viens ici René tend la seconde main pour attirer le chien vers eux. D’une main, il le soulève et vient le presser contre son torse, non sans se prendre quelques léchouilles au visage au passage. Beuh Ça lui arrache un rire.

Quelques mèches tombent déjà hors de sa queue de cheval ; René ne les dégage pas, observe plutôt Nessie et écoute ses mots. Il ne peut qu’hocher de la tête en écoutant ce qu’il dit ; le sentiment est similaire sur bien des points. Le Québécois ne peut que comprendre. Il espère sincèrement que l’environnement de Nessie lui permettra de parler plus proprement de la chose et d’être compris dans ses désirs et la manière dont il veut continuer sa carrière et sa vie. Pour sa part, René sait que la conversation n’est plus une option. Il doit simplement accepter de couper les ponts et passer à autre chose, accepter le fait que ses parents ne changeront pas et que la vie est juste ainsi. Étrangement, il ne ressent aucune jalousie envers le chanteur. René est surpris ; il aurait cru l’être. Être jaloux à savoir qu’une autre personne a la possibilité de remettre les pendules à l’heure et obtenir la fin qu’il désire depuis des années dans ce genre de relation. Pourtant, le sentiment n’est pas là. René lui souhaite uniquement d’être épanoui, compris et heureux. Ça le rend un peu sentimental ; accélère son coeur d’une étrange manière, tout en le calmant. Dur de nier l’amour qu’il lui porte, dans un tel cas.
René a un petit soupir tremblant, avant de lui offrir un rire et caresser Lutin qui l’envahit de baisers fous et réclame des caresses.
- Lutin c’est le plus intelligent, c’est pour ça. J’compte l’engager pour m’aider Il pose un baiser contre le pelage du chien avant de tourner son attention vers Nessie. René le regarde quelques secondes sans un mot, juste pour l’admirer, avant de continuer : Tu devrais exiger une réunion p’être ? Pour faire une mise au point. Parler de tes objectifs et tes plans d’avenir et la manière dont tu veux procéder, quoi. ‘Fin j’me suis toujours dit que c’est le genre de truc que je ferais si on voulait bien m’écouter. Il hume et bouge dans les draps, se rapproche de Nessie qui s’est éloigné. Ses yeux sont beaux, bleus ainsi. René les admire une seconde et déplace une mèche qui les couvre. Tu mérites d’être écouté et compris et heureux. Et respecter. René lui sourit, sincère. Il a un petit quelque chose dans la gorge, quand même. Parce que la conversation le touche d’une certaine manière. Il est émotif face au fait d’être atteint alors qu’il ne s’agit pas de lui-même.
Ça lui arrache un rire, léger. René porte son bras à ses yeux, déplace ses lunettes et frotte.
- Bouah - me regarde pas. J’sais pas pourquoi ça me donne envie de chialer. Au moins, les larmes ne coulent pas encore. René est juste amusé par sa propre sensibilité.

Trop d’émotions ; trop de petites choses à vif.
René ne s’y fait pas, peu importe les semaines qui passent. Pourtant, c’est ce qui vient avec le fait de fréquenter Nessie. Les sentiments qui demandent à être, à se faire voir et déborder. Le Québécois se les prend en pleine figure à chaque fois, choqué par la manière dont son coeur s’agite pour si peu et se laisse si facilement exposé.
Il aimerait être plus cool, plus solide, plus froid peut-être.
Aime pourtant être plus fragile, plus honnête, plus lui-même.
Il y a quelque chose d’étrange, vraiment, à se découvrir en même temps qu’il découvre la relation. Celle qu’il possède avec Chad n’aide en rien à la chose ; le mutant lui brise le coeur et le recolle sans cesse.
Le rire continue au bord de ses lèvres et finit doucement. René serre Nessie à son tour, pose un baiser sur sa tête.
Ses mots lui serrent la gorge, montent des larmes dans ses yeux. Elles ne coulent pas.
- Merci chou Il y croit un peu plus qu’avant ; essaie de rester droit pour lui-même, de ne plus chercher à plaire pour avoir l’attention des gens et se perdre, en même temps. T’as encore pris mon shampoing, hein ? Petite accusation dans la voix. Le nez retourne dans la chevelure. Nessie a fait un masque aussi ; René peut les sentir un peu plus doux. Avec les altérations, ils se prennent une petite claque.
- Tu sens bon. J’pense quand même que tu devrais négocier pour sortir la chanson de l’autre fois. Sinon je te la sors en leak, hein. J’suis plutôt doué pour laisser aucune trace. Si la chanson est un succès, ils arrêteront de pester et de faire chier. Peut-être même qu’ils décideront de la sortir eux-même pour avoir les revenus. C’est bientôt l’heure du resto. J’me change et on y va ? Le corps qui bouge et René se lève, s’appuie sur un bras et sort du lit. Il s’arrête, une fois assis. Dur de résister ; le corps se penche et il lui vole un baiser, long et profond. René hume contre ses lèvres.
Un je t’aime résonne dans sa tête.
D’autres mots quittent ses lèvres ; plus faciles ; moins dangereux.
- Lève tes fesses avant que j’mange au lit. J’ai besoin d’énergie pour ça.