we are the wild youth (tiny)

Tiny vit partout. Son monde est immense, sous la terre. Il pourrait creuser pendant une éternité, trouver des profondeurs qui n’existaient pas, leur donner des noms pour les oublier - ou pas - et continuer encore et encore.
Pourtant, l’étrange reste là. L’étrange reste dans cet univers fermé qu’est l’Underapple. Il pense au soleil parfois ; de ce qu’il en a vu à la télévision, sur son cellulaire aussi parfois. Les fleurs dont il parvient moindrement à sentir l’odeur parfois, dont il s’ennuie, surtout des plus belles, de belles malmenées par la cueillette et qui étaient rattachées à la main de Komo, surtout.
Tiny, il aime son univers. La demeure qu’est sa van ; ses chaudrons et ses pots cachés, son lit et son ordinateur, sa guitare acoustique et électrique, son ordinateur un peu vieux et modifié trop de fois. Tiny, il crée et récolte des choses qu’il aime, un peu comme ce dragon de komodo immense qui prend trop de place.
Gigi l’a trouvé adorable, il y a des mois, quand il l’a vu pour la première fois. Tiny lui extirpé des bras rapidement, possessif et incapable de partager.
C’est connu ; il n’a jamais été apte à partager. Toujours, il a tout gardé. Toujours, il a tout conservé entre ses doigts. Il a tenté de partager Kyoka et Gigi pendant des années sans y parvenir, sans vraiment se sentir à sa place, en se mentant un peu trop souvent.
Il récolte et il collecte ; il accumule et se crée des demeures à découvert ou cachée, par moment. Tiny, il a son van et change de rues trop souvent. Tiny, il a une demeure construite dans les profondeurs des égouts, un endroit où l’égout emporte les notes de la musique. Tiny, il a un ramassis de planches et de meubles qui ressemble à une maison de bois quelque part dans les décombres qui traversent the scar.
Tiny, il ne sent peut-être rien, mais il respire un peu. Il respire bien. Il manque sa raison de le faire, souvent, mais il serre son dragon de komodo, immense une chaleur fantôme et un rire de sorcière, et s’endort.
La nuit appartient à la vie et parfois, souvent, Tiny dort n’importe comment. Il crée sa propre vie. De toute manière, les lampadaires sont le soleil, ici. Il dort alors, quand Kyoka cogne à la porte. Il dort mais Tiny, il se réveille toujours facilement. Peut-être qu’il ne sent presque rien, mais il entend tout, trop souvent.
Kyoka, il l’entend. Il pourrait reconnaître son souffle sans sa voix. Il pourrait reconnaître le moindre accroc dans sa respiration.
Il penche la tête à l’entente des bonbons. Lesquels ? Tiny, il aime des bonbons très précis. Il en a déjà fait, aussi. Il devrait tenter de nouveau.
Mais surtout, Kyoka lui manque aussi.
Alors, il s’extirpe des draps, remonte la manche de son t-shirt trop grand et retire le - les - verrou et fait glisser la porte sur le côté du van. Il y a le visage de Kyoka qui s’affiche. Ses cheveux fous, ses tâches de rousseur, ses yeux sombres, ses lèvres douces. Tiny l’observe de ses yeux immenses, noirs. Il la grave dans ses mémoires comme à chaque fois depuis qu’il est revenu dans leur vie.
- tu pleures qu’il signe avant de tendre les doigts, de s’emparer des larmes qui glissent contre ses doigts du bout de l’index. Tiny, il les porte à ses lèvres, les boit. On ne gaspille pas l’eau, ici bas. Même la plus salée. quels bonbons ? La voix est lourde, rauque. Tiny ne prend pas la peine de racler sa gorge.