Ni pire ni meilleur - Charion

10/02/2023

TW : stress, relation malsaine romantisée,

Son pied bat rapidement ; trop, même. Chad tente d'évacuer le stress comme il le peut ; et ne connaît en vérité que cette façon de faire, alors qu'il semble presque recroquevillé sur lui-même, assis sur cette chaise, le buste plongé vers l'avant, ses avants-bras posés sur la petite table du café où il est - et son pied droit qui va à toute allure, tandis que ses yeux n'arrêtent pas de chercher après quelque chose de familier. Sans doute qu'avec sa casquette et son hoodie large et sa veste qui saccage un peu encore sa silhouette, il a l'air suspect... Mais il ressemble surtout à un habitant des souterrains ; pas un habitant de la surface - et la femme qui s'occupe des lieux sait que les gens d'en-dessous ont tous cette allure cassée, semblant sur le point de disparaître ; des ombres qui se promènent parmi les vivants.

Et ce fantôme-là semble enfin trouver ce qu'il cherchait.

La jambe se fige, alors que Chad reconnaît la paire de yeux qu'il cherchait des siens ; plante ses billes vertes dedans, alors qu'il semble contrarié - juste le stress - de le voir. Mais la table n'a plus à supporté son poids parce qu'il repose enfin l'arrière train sur la chaise, qu'il n'appuie plus juste sur les bras et les cuisses ; alors même si son regard semble toujours sur le qui-vive, son corps semble déjà se détendre un peu plus, à la vision de celui qu'il attendait.

Le héros parmi la plèbe.

Quand même une idée à la con ; mais Chad sait que parfois, pour mieux vivre caché, il faut se tenir dans la lumière. Orion est plus discret en étant dans les rues de la surface que s'il était en bas - plus à sa place, ici. Et même si cette pensée lui donne brièvement la nausée (plutôt juste ses cachets qui le rende un peu malade), il ne peut s'empêcher de l'avoir... Sauf que Chad n'est pas fait pour New Blossom, lui ; parce qu'il ne peut pas vivre parmi tout ces gens qui tolèrent - adulent même - Icarus ; qui avalant leurs mensonges sans se soucier de savoir si c'en est.

Hypocrite.

Suffit de voir le regard qu'il pose sur le Sept quand il prend place face à lui - il ne devrait pas l'avoir. "Salut..." Une certaine méfiance dans la voix ; même pas vis-à-vis d'Orion ; suffit de voir le regard qui s'échappe déjà pour observer les alentours (habitude prise depuis qu'il a rejoint les orphans) et le pied qui s'enclenche à nouveau, quoique plus doucement cette fois au moins. "J'imagine que t'es... Seul." Entendre par là : pas suivi. En soi, Chad s'en contrefout si Orion était vu avec lui, parce que ça nuirait sacrément à l'image d'Icarus qu'un de leur Sept soit en train de siroter un thé avec un des terroristes qui les avaient attaqué...

Mais il est tout de même inquiet à l'idée qu'il puisse lui arriver quelque chose.
Et Chad déteste ressentir tout ces paradoxes ; mais doit l'accepter.

Il le doit depuis l'instant même où il l'a embrassé.

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pour que mon corps sache qu'il est en vie, désormais il est tout à toi

30/12/2022

Il suffit de pas grand-chose, pour faire parti de la masse. C’est un étrange constat que se fait le héros sous couverture, face à son image de marque troquée pour une apparence passe-partout, contemplée quelques secondes dans le reflet d’une vitrine du quartier, un coin de la ville où personne ne s’attend à voir débarquer un des Sept, qu’il s’agisse d’y sauver une vie ou de simplement flâner.
Un exercice bienvenu, là où l’habitude voudrait le voir briller : Orion a décidé, aujourd’hui, d’éteindre les lueurs de sa renommée.
Il y a plus important.
Et il l’attend, dans ce café de la banlieue de Crimson Bay. Un lieu choisi pour sa neutralité et le faible espoir que personne ne prête attention à la recrue d’Icarus, engoncée dans un manteau légèrement trop grand, une écharpe pour la saison et la discrétion, et surtout, un chapeau d’hiver écrasant son regard un peu trop caractéristique.

Le bleu des yeux se posent sur la porte d’entrée. Une main gantée se pose sur la poignée. Et la respiration se tait, cherche son flux, pour brûler la gorge et tenir encore les angoisses en laisse.
Chad est sans doute déjà là.
Et Orion se souvient de ce qu’il advient quand ils se revoient.
Du plus mordant au plus intime, les souvenirs affluent et reviennent les hanter, pour les pousser à bout.
Mais peut-être que cette phase est passée. Peut-être que ce nœud d’angoisse n’est lié qu’au fait qu’il ne soit pas là, justement. Et peut-être que cette envie de le revoir prévaudra sur le reste.
Elle l’a bien menée jusqu’ici, après tout.

La porte est poussée, et les regards se croisent. Au fond du café, Orion le reconnait, malgré l’effort égal de vouloir se fondre dans le décor.
Et la respiration retrouve son chemin, enfin.
Une drôle d’appréhension mêlée à du soulagement l’accompagne, comme les pas du mutant qui vient rejoindre l’autre, le plus naturellement possible.

« Bonjour. », lui rend-il, tout en s’asseyant. Les yeux de Chad sont fuyants, méfiants, tout autant que ceux d’Orion brillent un peu trop. Pas de sérum, ni de pouvoir appliqué. Simplement cet éclat bien trop humain d’une joie contenue. Il n’a pas besoin de sourire pour démontrer qu’il est heureux, en dépit du malaise ambiant.

Il le fait, pourtant. La question de Chad lui inspire un élan de désinvolture. Il hausse les épaules et rétorque :

« Pourquoi ? Tu aurais voulu que je convie quelqu’un d’autre à notre… » Une pause. Il cherche le bon terme, le bon mot. Peut-il décemment qualifier ce moment partagé de rendez-vous ? « … tête-à-tête ? » C’est mieux. Plus convenable. Plus malléable.

Mais le sérieux prévaut. Orion finit par retirer son couvre-chef et secouer négativement la tête, libérant au passage quelques gouttelettes de bruine enchevêtrées dans les boucles brunes.

« Ne t’en fais pas. Personne ne m’a suivi, je m’en suis assuré. » Et il a cet air particulièrement appliqué, de sorte qu’on le croit toujours au sujet d’un travail bien fait. Il a échappé aux radars, aux gardes du corps, aux plannings faillibles, aux agents de l’ordre établi de la corporation.
Toute cette liberté, pour venir le retrouver.
Elle est criblée de pièges, dans lesquels il ne doit pas tomber.

Comme celui de la conversation, à laquelle il excelle d’habitude. Mais ici, et maintenant, elle a dû mal à prendre. Sans doute que leur dernière rencontre, et ce qui en a résulté, a laissé une marque bien plus profonde qu’il ne saurait pas encore exprimer.

« Alors… » Faible approche. Un tapotement nerveux de son index sur la table donne le rythme. « Comment vas-tu depuis… la dernière fois ? »

C’est un début comme un autre. Il ne se reconnaît pas, à laisser les palabres et les mondanités au pas de la porte de ce café.
Il a pourtant envie d’être vrai, quitte à se sentir un peu perdu.

Car au moins, les chimères sont loin.

Il suffit de croiser ton regard pour y croire.

10/02/2023

Le plus beau des hypocrites ; à se noyer dans son regard un instant, à se rappeler comme ce bleu est beau, envoutant ; marée dangereuse qu'il fuit tout aussi rapidement. Même pas à cause de ce qu'il ressent pour eux, juste parce qu'il faut surveiller, parce qu'il a envie de veiller sur ce foutu Sept qui, peut-être, est encore dans sa tête - Chad tente de ne plus se le dire.

Il tente même de croire au contraire.

C'est encore compliqué ; encore usant ; chaque nuit il se répète qu'il se fait avoir, que c'est une erreur - puis il se rappelle les larmes d'Orion et calme ses angoisses et terreurs. Et après tant d'années à cauchemarder, il se prend même à rêver désormais. Sans doute la faute aux yeux qu'il retrouve, au mot qu'a pu choisir Orion ; ne saurait même pas lui-même comment le définir, ce moment-là. Il pince les lèvres, un instant, ne sait pas s'il doit rebondir sur tout ça - et puis, c'est peut-être pas à lui de dire ce qui pourrait être un... Rencard ou non. "... T'sais bien c'qu'j'ai voulu dire." Qu'il lui marmonne en réponse ; son pied gagnant en vitesse à nouveau - le stress réellement cette fois.

Mais Orion vient à le rassurer.

Alors il acquiesce, brièvement ; en vérité, ça fait quelques secondes qu'il regarde les boucles qui ont été libérées - se perd dans cette vision et semble avoir à nouveau vingt ans, à cet instant. Soupire et détourne le regard encore, rameutant une pogne vers son visage pour se frotter le bas du visage ; se trouve sous ses doigts le début d'une barbe de quelques jours, parce qu'il s'est pas rasé dernièrement, qu'il avait la tête ailleurs, qu'il se rend pas compte qu'il vient nerveusement frotter régulièrement, agacé par la repousse - réellement trop perdu dans l'océan qui l'a happé pour s'en rendre compte.

Et Orion pose déjà une question qui fâche.

Chad ne sait pas bien comment on fait des annonces - voilà trop longtemps qu'il ne prend plus la moindre pincette. Mais s'agirait de doser, pour pas filer trop... Trop de quoi ? D'espoir ? Rah, la situation l'agace - pas la faute d'Orion, juste de celui qui n'arrive plus à savoir où il en est.

C'est que le mois dernier, il avait fait le deuil de lui-même.
Et le voici à être nauséeux à cause des médocs qu'il prend.

Putain, que la vie est capable de se foutre de tout. "J'sais pas." Cette fois, ses yeux n'essayent plus de capter s'il y a des gens qui pourraient les voir - capter. Son regard se concentre uniquement sur Orion, alors qu'il triture un bout de peau sur sa lèvre inférieure, avec ses dents ; cherche à l'arracher - le goût du sang, léger, le rassurera un peu. "... J'prends des médocs qui sont dégueulasses. Y m'filent la nausée et ce genre de conneries, mais... J'me sens mieux quand même." Et puis, plus facile quand on accepte l'aide d'un mutant, quand on réduit la taille de cette foutue tumeur - et que le cerveau se retrouve moins noyé dans son propre sang.

Très légère pause ; pour laisser le temps à l'information de monter, chez Orion. Et quand il lui semble capter le moindre changement d'expression, même subtil, il reprend. "J'me soigne pour l'moment. Mais j'sais pas encore si j'souhaite juste survivre ou vivre." Et il hausse les épaules, face à cette réalité ; avait juste envie de lui dire que pour l'heure, il serait encore là.

Orion n'aura pas à se soucier encore de la solitude que Chad laissera derrière lui.

Il ne sait pas bien s'il doit à présent se taire. Dans le doute... "... Et toi ?" C'est plus poli, de renvoyer ; et puis ça le rassure, comme s'il avait finalement rien annoncé d'important.

Comme s'il ne disait pas qu'il resterait.

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30/12/2022

tw : mention de tumeur.

En posant la question, cette question, tout aussi simple que routinière, jamais Orion ne se serait douter de l'effet que la réponse, cette réponse, aurait eu sur lui.
Pour la première fois, il y a un battement, en écho certain, un fragment de vie qui s'anime en miroir.
Les brisés, comme ceux qui l'ont refleté, dans cette mémoire hantée. Par la peur.
Par l'horreur.
Il revoit les murs du Palais de Chad s'effriter sous la vérité, qui se délite au fur et à mesure qu'il l'explique. Qui lui donne vie, à elle aussi.

Les yeux d'Orion brillent plus forts. Le contrôle est absent. Rien que l'impact de la surprise de l'annonce, du moment lancé, de tout ce qui est dit surtout, ce qui n'est pas dit.
Le sourire disparaît sous les mots, usés des maux, des combats d'antan et de celui d'aujourd'hui.
Car sans même bouger de sa chaise, Chad est en train de se battre.
Devant ses yeux.
Sans qu'il n'ait peur de le voir perdre.

Le bruit des fragments de miroirs constelle le sol du palais. Maintenant, Orion l'entend distinctement.
Le battement.
Ce n'est plus celui de la tumeur.
Mais de son cœur.

Tu viens de le briser. Il était froid et terne, alors j'y glisserai la lumière que tu me donnes pour le ranimer.

L'espoir, enfin.

Et toi ?

Dans la confusion, Orion reprend ses esprits. La question lui parvient, aussi retournée que lui. Il lui faut quelques instants pour se remettre, reconnecter avec le temps donné. Lui. Eux. Ce café.

« ... Hum... » Il ne sait pas. Il ne sait plus. Trop d'émotions le perturbent et le coincent en même temps. Il est aussi comblé de joie qu'il voudrait fuir face au risque que ce bonheur lui procure.
Chad veut vivre.
Ou survivre.
Ou les deux.
Il paraît que l'un ne va pas sans l'autre.

« ... Je dors mieux. », finit-il par concéder. C'est tout ce qui lui vient. Et c'est vrai. Les images se tissent d'autres atouts qu'il n'arrive pas à percevoir. Mais il préfère encore le brouillard nébuleux que les crocs frémissant dans l'ombre. Ils rôdent encore. Et se perdent d'autant plus, à essayer de le retrouver dans ses rêves. « Je pense que ça ne fera que s'améliorer. »

Son regard, fixant ses poings sur la table, ose se redresser. Croiser les yeux de Chad, pour pouvoir s'y ancrer. Un instant en suspend, une hésitation, ce n'est pas si courant. Ca le devient, petit à petit, quand on ne sait plus quoi dire pour cesser de se mentir.

« Maintenant que je sais... que tu veux vraiment rester. » Sa gorge est sèche, anticipe la suite, ne sait quoi rajouter. C'est si difficile. Trop difficile de placer des mots si brutes, sans préparation, sans plan d'action, de peur de ne pas être pris au sérieux quand tout compte vraiment.
Exprimer juste le ressenti.
Il suffirait de le dire.
Quitte à tout briser.

Je suis vraiment heureux que tu aies choisi de te soigner.

« ... Chad, je--
- Z'avez choisi, messieurs ? »

Une jeune fille interrompt la lancée. Maudite soit-elle, avec sa petite vingtaine et sa vue basse, si jeune et déjà aigrie par le métier, à n'en pas douter. Elle est à mille lieues d'avoir entendu la conversation, et s'en soucie sans doute peu, tout comme de ce qu'elle vient d'anihiler par sa seule présence. Orion retient un regard cinglant pour se rappeler qu'effectivement, ils ne sont pas dans un endroit si neutre. Autant faire preuve de politesse, après tout.

« C'est vrai, j'avais oublié où nous étions. Ma foi, il faut fêter ça. Que veux-tu boire ? Je t'invite ! »

En attendant la réponse de Chad, le héros sous couverture opte pour un choix ajusté, du moins, à son échelle.

« Je prendrai un thé Vintage Narcissus pour ma part, mademoiselle. », déclare-t-il d'un sourire charmant. L'air médusé de la jeune femme et ses sourcils froncés l'interrogent, ce n'est pas si difficile, non ?
« On a pas ça...
- Ah... Dans ce cas, un Tieguanyin avec nuage de lait fera tout aussi bien l'affaire, merci.
- ... »

Le silence est éloquent. Orion se sent comme une truite hors de prix et hors de l'eau. Alors il concède à quelque chose de plus... commun. À son grand dam, en quelque sorte.

« ... Un café crème, s'il vous plait., lâche-t-il, un brin dépité.
- Oooook... ! »

Le soulagement est mutuel, la serveuse quitte la table non sans lâcher un fleuri « Putain d'aristo... » à peine sous cape, faisant tiquer la figure héroïque, passant manifestement complètement inaperçue aux yeux de la population locale. Un soupire transpire de son orgueil mal placé, avant qu'il ne secoue la tête, peut-être un peu trop piqué dans son ego.

« ... Charmante. Pourrais-je choisir l'endroit, la prochaine fois ? »

Il y a un morceau de sourire, en filigrane, presque innocent et sans intérêt.
Si ce n'est celui de le revoir, une prochaine fois.

10/02/2023

Tilt ; tique.

Le regard dans l'autre ; le bleu qui continue de le noyer dedans ; des étendues que jamais Chad n'aurait cru refouler un jour. Et ce truc en lui qui continue de lui hurler de se méfier ! De pas se faire avoir encore une fois ! Merde, merde ! Pourquoi n'est-il pas resté juste un monstre mourant ? Pourquoi redevenir un homme, d'avec une foule de sentiments et d'autres trucs bâtards dans ce genre ? La confusion ne cesse d'être semée dans l'esprit de Chad et pour cette fois, il est le seul coupable. S'il avait entamé la vie qu'il mène, c'était en bonne partie parce qu'il n'y avait plus rien à perdre ; et maintenant, le voici avec des attaches un peu partout ; depuis quand ?! Lui tord l'estomac ; essaye de se rassurer, mais rien à faire, ce sont bien les mots d'Orion qui lui mette les boyaux à l'envers, qui le pousse à...

À espérer.
Et merde.

Le silence accueille le tout ; parce que Chad ne sait pas quoi répondre à ça ; à ce sommeil qui pourrait être un peu plus confortable, parce qu'Orion serait bercé par le fait qu'il restera ; il a envie de souligner le côté éphémère de la chose, envie de dire que c'est pour le moment mais s'en retrouve incapable. Les lèvres clouées entre elles, par ce putain d'amour qu'il ressent encore, qui le poursuit depuis qu'ils ont douze ans. Peut-être qu'il aurait dû réclamer à ce qu'on le manipule pour lui faire oublier ça ; mais Chad en est incapable, s'angoisse rien qu'à l'idée qu'on rentre à nouveau dans sa tête, qu'on alimente encore le parasite dedans ; qu'elle reprenne à nouveau toute la place.

Heureusement pour lui, la serveuse débarque ; et il lève les yeux vers elle ; le regard est troublé. Lui aussi avait oublié où ils étaient ; Orion se reprend, se fait même grand seigneur tiens. "Un calypso. N'importe quel goût." Qui fuse ainsi, avant qu'Orion ne se lance dans... Tout l'étalage de sa richesse, peut-être ? Le premier nom de thé parle à Chad, croit se souvenir qu'il buvait quelque chose du genre à l'époque ; quand il était le bon toutou qui allait le lui préparer - alors ça l'irrite un peu, lui rebrousse les poils dans le mauvais sens et par réflexe, Chad vient à croiser les bras contre son poitrail, pour tenter de se défendre contre l'invasion de mauvais souvenirs. Au moins l'échange avec la serveuse le tire un peu de là, lui fait regarder cette scène là plutôt que le théâtre des mauvais moments.

Tout ça pour un café crème, quoi.

Sourcil haussé par Chad, à la réflexion de la serveuse... Mais qui lui arrache finalement un sourire en coin et un peu de détente - alors ses bras se décoincent un peu, il se comprime moins le poitrail d'avec eux. Concède même à les détacher de là, pour les poser en bord de table. "Nan." Qu'il répond, d'avec cette petite lueur d'amusement dans le regard. "Sinon, j'aurais plus de calypso." Et ça, ça serait nul ! Il veut pas des trucs de riche, Chad, juste de ses bouteilles à la con qui lui coûte 3 dollars - enfin, ça coûtera ça à Orion pour cette fois. "... Mais y'aura une prochaine fois, alors ?" S'ose ; le regard dans l'autre, le buste plus penché vers lui ; ses bras toujours croisés, l'un sur l'autre ; mais la position a largement changé, semble montrer cet intérêt porté à Orion.

Et c'est bien pour ça que Chad ne veut pas voir Megamind assis à sa table.

L'observe ; lui et ses foutus boucles. Un léger silence, sans doute l'attente d'être servi ; et quand c'est chose faite, qu'il se retrouve avec sa boisson (kiwi lemonade, tiens) et Orion avec son café, ils peuvent reprendre sans risque d'être à nouveau interrompus. Néanmoins, il ne vient pas à se servir tout de suite, pas à prendre une gorgée encore ; comme pour faire durer au maximum cet instant. "Tu m'appelles Chad." Il le constate sans doute un peu à retardement, oui. "J'avais pas encore fait attention, j'crois." Une seconde encore, avant qu'il ne se retrouve à légèrement sourire, face à cette constatation. "J'apprécie." Parce que Clay Barton a été enterré.

Et qu'il ne veut plus jamais être lui.
Parce que Clay Barton n'aurait jamais pardonné.

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30/12/2022

tw : allusion à du harcèlement scolaire.

Un calypso ? Orion fronce les sourcils à la mention de la boisson. Pourquoi le nom d'une nymphe ? Quel goût cela peut-il avoir ? Il y en a plusieurs, visiblement ? Beaucoup de questions pour quelque chose dont il ignore visiblement tout. Une partie d'un monde qu'il n'a même jamais frôlé du bout des doigts, tout comme celui qui les entoure. Ce café, ces gens, ce quartier.
Megamind est censé protéger une ville dont il ne sait rien.
Peut-être qu'Orion pourrait s'y intéresser, lui.

La perspective l'effraie, sur l'instant. Quitter ses acquis dans lesquels il évolue si bien, ce serait prendre des risques inespérés. Mais n'est-ce pas ce qu'il est en train de faire ? N'est-ce pas ce qu'il a choisi d'essayer, dés lors que les contours de sa prison mentale se sont effacés ?
Dés l'instant où il a laissé Chad prendre une place qui pourrait détruire tout ce qu'il a bâti jusqu'ici ?
Les questions se multiplient. Les interrogations constellent les yeux bleus qui s'ourlent légèrement à la réponse vindicative de son vis-à-vis.
Pourtant, il n'est pas sûr d'y avoir déjà entendu autant de tendresse.
Pas dans cette vie-ci en tout cas, où Clay n'existe plus.

« Oh arrête, je suis certain que l'on peut en trouver ailleurs ! En tout cas dans un endroit un peu plus raffiné que celui-ci... » Comme de juste, la serveuse leur apporte leur commande. Au moins, le service est rapide, c'est à noter. Orion semble déceler de l'agacement dans sa gestuelle, quand elle pose la tasse, apporte du sucre, ainsi que l'addition.
Qu'importe, il ne fait qu'énoncer son ressenti. Il paraît que c'est ce qu'on attend de lui, désormais. Un peu d'honnêteté.
Et cela semble payer, quand il voit que Chad se détend, quand il sent que l'instant glisse doucement vers quelque chose dont il n'arrive pas à distinguer les contours.
Une nouvelle forme de relation qui se tisse, qui les entoure, qui les rapproche.
À quel moment celle-ci se nouera-t-elle autour de leurs cous pour les étrangler ?

Curieusement, Orion ne veut pas y penser. L'habitude de tout planifier semble s'estomper, puisqu'il ne peut plus rien anticiper, depuis qu'il a laissé quelqu'un d'autre entrer si intimement dans son palais. C'est comme s'il abdiquait de son trône si durement établi, parmi les monstres et les démons convoitant ce qu'il restait de son esprit.
Ceux d'Icarus sont encore là.
D'autres ne sont pas encore partis.
Ils attendent, dans l'ombre, que le roi tombe pour les yeux d'un autre.

Cet autre qui attend une prochaine fois, évoquée comme une promesse. Un peu de lumière, encore, écarter les ombres.
Renforcer la peur, et savoir comment la combattre.

« Eh bien... Oui, si tu le souhaites. », confirme Orion, un brin de douceur sur ses traits. « Même si nous devons rester prudents. » La réalité les rattrapera, inévitablement. Autant la retarder le plus possible. « ... Mais j'aimerais bien qu'il y en ait une, moi aussi. »

La tasse fumante portée à ses lèvres, une grimace contenue suit immédiatement l'instant fatidique où Orion goûte le café. Evidemment qu'il est infect. À quoi d'autre pouvait-il s'attendre ? Dans un soupir à peine soufflé, il ouvre le pot de sucre et se sert de quoi apaiser l'amertume caractéristique d'une torréfaction d'amateur. Une cuillère, deux, trois... quatre, allez, cinq. Il aura pu en rajouter davantage si quelque chose n'avait pas capté son attention.

Cet autre qui sourit. Qui note le changement de statut, de vie, de nom. Chad.
C'est vrai.
Il n'est désormais que Chad. Et cela lui suffit amplement.

« ... Je me suis dis que c'était la moindre des choses. » La pudeur l'oblige à sentir ses yeux qui fuit, qui cherchent un ailleurs plus confortable que le vert intense qui le regarde, lui. Orion se sent vulnérable, à chaque mot prononcé.
Mais il sait qu'il ne peut plus rien lui cacher. Tant pis si c'est maladroit. Il apprend, encore, à composer avec son humanité.
« Je t'ai volé tellement d'éléments de ton passé, alors je ne peux que respecter celui que tu as choisi de devenir. »
Le regard fixe le liquide sombre dans la petite tasse. Trop petite pour contenir son reflet. Trop petite pour s'y cacher. Dommage.

Le silence retombe. Le café refroidit. Orion par le regoûter, sucré. Le goût est plus supportable, moins irascible.
Plus tendre.
Comme les souvenirs si vifs qui reviennent de leur dernière entrevue, dans son salon, au coeur de centaines d'émotions.
Dans une seule, trop vive pour être réprimée.

« ... Tu sais... » Le ton est hasardeux. Il ne sait pas comment les dire, ces choses-là. Il n'a jamais su. Parce qu'on ne lui a jamais dis. Parce que l'espoir factice, l'affection construite, l'admiration de façade, tout ça, tout est beaucoup plus simple à gérer que les sentiments profonds. « La dernière fois que nous nous sommes vus, tu t'es excusé pour ce que tu m'as fais subir. Mais tu n'étais qu'un enfant. Cela ne justifie pas tout... mais j'aurais dû le comprendre, une fois adulte. » C'est difficile, d'assumer.
C'est difficile, de se rendre compte de ses propres erreurs.
De ses propres douleurs.
« ... Lorsque je t'ai revu, lorsque tu m'as donné ton numéro pour que l'on sorte ensemble, je n'y ai vu que l'occasion de te faire payer ce que tu m'avais fais. Mais je savais qu'au fond, ce n'était pas toi que je visais. Car lors de nos rendez-vous, je crois... qu'une partie de moi t'avait déjà pardonné. »
Celle qui fixait ses sourires un peu trop fort, celle qui souhaitait passer à autre chose, avancer, celle qui le faisait douter pendant ces quelques secondes salvatrices avant d'être emportée dans les méandres de son esprit torturé d'antan.
Celle qui glissait un peu d'amour, là où il n'a fait que le briser.
« Et pourtant, j'ai quand même gâché ta vie. Et rien n'excusera jamais ça. Je ne peux pas te rendre ce que je t'ai pris... et... j'en suis désolé. Désolé de... d'avoir été trop faible pour ne pas te faire confiance à l'époque. De ne pas avoir compris... que ce n'était pas à toi que j'en voulais. »

Pas à toi.
Mais à Lui.
À Eux.
Au monde entier.
À Icarus.
À Megamind, déjà.
Mais surtout, à Orion Wingfield.

« Si tu as choisi un avenir en devenant Chad et en te soignant, je ne peux qu'admirer ça. Car c'est plus de force que je n'aurais jamais pour changer. »

Les mots sont lâchés, déposés. Il soupire un peu, rajoute une sixième cuillère de sucre, avant de lever sa tasse. Boire encore. Supporter le poids de l'âme qu'il ressent, petit à petit. Avant de lâcher, mine de rien :
« Il n'est pas si mal finalement, ce café. » Il sourit, à son tour. Un peu. Beaucoup.

Le coeur a mal.
Le coeur n'a jamais eu aussi mal.
Mais il ne s'est jamais senti aussi léger.
Parce qu'Orion avait oublié le goût du sucre.

10/02/2023

De plus raffiné ? Rien que l'idée dégoûte un peu Chad, trop habitué à la poussière de l'Underapple qui, à force, semble être comme une seconde peau. Comme si, à si bien la connaître, il avait voulu l'imiter au travers de sa mutation. Le mutant sous Red a une part de lui persuadé que ce n'est pas si faux, qu'il est devenu de la fumée parce qu'il a trop traversé celle des commerces et des habitations ; que toute cette vapeur d'Humanité représenté un espoir qu'il n'avait plus. Alors, il ne se sent pas de trahir ce qui est devenue ses racines à lui, Chad Bennington. Cette ombre qui, il le souligne, est "toujours discret" parce que c'est vrai ; que l'Orphans n'est qu'une part de lui qu'il a épousé mais qui n'est pour autant pas lui. Il suffit de voir, Orion ne l'avait jamais remarqué auparavant, alors qu'ils ont vécu quasi huit ans dans le même coin ; Orion ne l'avait jamais remarqué avant que Chad ne décide de se dévoiler.

Toujours sans espoir.
Mais avec de la rage.

Celle retombée, à présent ; du moins, contre Orion seulement. L'histoire de son combat contre Megamind n'est pas terminé ; et Icarus ne s'en sortira pas à si bon compte, qu'il se promet. Mais oui, pour Orion, il enterre la hache de guerre ; remarque même que l'autre homme n'use plus que de ce prénom qu'il s'est choisi en arrivant dans l'Underapple. Et il est étrange d'entendre Orion reconnaître aussi simplement que ça qu'il lui a volé son passé ; mais c'est aussi rassurant de l'entendre dire qu'il respectera le présent, désormais. "... Chad est..." Il cherche le meilleur des mots. "Le meilleur de ce que j'aurais pu devenir." Lui semble ; alors qu'il est devenu le pire aux yeux de beaucoup ; mais il aime, malgré tout, ce combat entamé - et ne remerciera jamais assez l'Underapple de l'avoir forcer à se bouger pour survivre, ne pas se faire définitivement bouffer.

Chad est combattif.
Même malade.

Orion se lance dans un tu sais auquel ledit Chad dirait bien que non, justement ; il découvre tout ce qui compose le brun face à lui, parce qu'il ne l'a jamais réellement connu avant ça. Leur quotidien était façonné d'illusions ; et tout ce qu'il savait de lui n'avait finalement été que des mensonges pour le faire tomber dans son piège. Alors, non, Chad ne sait pas. Mais il est prêt à découvrir ce qu'il en sera. Et garde le silence, face aux réflexions d'Orion, face à tu sais qui à présent lui donne tout les éléments pour le comprendre.

Et ça frappe au coeur.

Le sourire de Chad est retombé ; ne reste qu'une expression neutre, presque froide ; mais elle ne l'est pas, au contraire ; c'est qu'il est submergé par les émotions, que c'est perceptible dans ce menton qui tremble un peu, à ses lèvres qui tressautent un instant, à ses yeux profondément ancrés sur le visage d'Orion, à ses sourcils qui ne savent pas s'ils doivent se froncer ou rester surpris.

Le plus dur est cet après ; ce bref sourire en coin en l'entendant dire que ce café n'était pas si mal ; à ce moment où il doit avoir suffisamment encaissé les mots de l'autre pour parvenir à rebondir ; ou bien, faut-il choisir de juste les accepter et se taire sur ce qu'ils évoquent en soi. "Ouais." Ravale sa salive, reprend une gorgée de calypso ; et jamais il ne lui a paru avoir autant de goût que là. Étrange comme la vérité peut être fort en bouche ; comme il semble libérer des choses, ci-et-là.

Quelques secondes de silence.

Il ne trouve rien à répondre, en vérité ; garde cette bouche désespérément close, alors qu'il aurait envie de lui dire des choses, retirer le poids de quelques regrets de là ; de chasser un peu tout ça pour leur laisser un peu plus de place parmi les débris. Mais il ne sait plus s'il savait ou non, Chad. Alors, à la place de causer, il vient juste déposer une main par-dessus l'une de celles d'Orion - et sans même se faire violence, pour une fois ; juste déposer ses doigts là, pour caresser un bout de peau, pour regarder ce que ça donne, sans le prisme des illusions, des médias, des mensonges.

"Je savais pas."
C'est parfois si simple, de dire les choses.
Pas besoin de grand discours, de trop de paroles.
C'est juste ça, oui ; Chad ne savait pas tout ça auparavant.

Déglutit. "Et... J'ai pas besoin de récupérer mon passé." Pas à titre personnel, en tout cas. "Mon présent me suffit, maintenant." Il s'est retrouvé un nom ; une identité ; une famille.

Et puis, maintenant, il sait.

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pour que mon corps sache qu'il est en vie, désormais il est tout à toi