your eyes look like coming home (réad#2)

Il porte encore l'épuisement des derniers jours dans ses membres et dans son esprit, René. Il est fatigué, qu'importe si la nuit a été longue chez Nessie. Pourtant, il se sent plus calme. Pourtant, il est terriblement agité encore. Il y a un confort qui s'est glissé sous sa peau, une douceur face à la sieste faite avec Lutin la veille mais aussi la nuit passée dans le même lit que Nessie. Un ami ? Peut-être qu'ils sont devenus amis, oui. René n'a pas encore l'habitude des amis, sait qu'il n'est pas doué ; le drame avec Marcus et Ludvig lui prouve bien la chose, bouscule tout. Il ne sait pas quoi faire avec eux, se dit qu'il a pris la même décision mais regrette son choix depuis des jours déjà. Se dit qu'il pourrait bien appeler Marcus, lui demander à le voir quelque part, parler et communiquer, n'importe quoi pour s'expliquer, pour demander pardon de vive voix. Il a envie d'aller voir Lulu et de lui dire désolé, de le prendre dans ses bras et de se faire pardonner. Il ne sait pas ; René ne sait pas quoi faire dans ces situations là, persuadé d'être le problème, persuadé de tout faire à l'envers. Il a cette angoisse au fond du ventre d'être détesté, méprisé. D'avoir brisé une chose qu'il aurait du chérir un peu plus fort de son côté. Parce que mine de rien, il n'a pas écrit à Ludvig depuis des semaines. Parce que mine de rien, il aurait du réalisé le problème quand Marcus n'avait pas répondu à son dernier sms il y a des semaines, après l'attaque.
Il ne sait pas.
Il ne sait pas pour eux.
Il ne sait pas pour Nessie, qu'importe s'il s'est réveillé endormi dans ses bras.
Qu'importe s'il était bien, juste là, innocemment là, pour la première fois depuis longtemps.
Il n'y a que Chad et Link pour le prendre comme ça dans leurs bras.
Link au travers de sa fatigue.
Chad au travers de ses angoisses et son affection.
Et Nessie -  
Au travers du brouillard.
Soupir au bord des lèvres, la tête enfouie sous un bonnet trop grand. Fait pour la tête de Chad, vraiment ; quelque chose de chaud acheté à Montréal pour lui offrir, quelque chose pour tenir sa cervelle infectée au chaud alors que ses os sont si froids.
René, il ne sait plus grand chose, Montréal et ses parents ont eu raison de lui énormément mais il sait.
Il sait que Chad l'attend, à la maison. Un message envoyé la veille, une selfie avec Ken pour lui prouver que tout va bien. René s'ennuie des deux et quand il débarque de son uber, il avance un peu rapidement, sort ses clés de ses poches et monte les escaliers en vitesse jusqu'à son étage.
La porte cède sous le poids de son angoisse, de sa tristesse, de son trouble. René rentre à la maison alors que pourtant, Montréal a toujours été la maison. Ou du moins, il a toujours voulu que ça le soit.
C'est Chad, la maison.
- Bébou ? , qu'il demande, déposant sa valise au sol. Son bras lui tire à avoir monter toutes les marches. Les roues ne servent à rien dans ce cas là. Il lève le menton, chasse le rebord du bonnet pour parcourir son loft du regard.
Quand il voit Chad, là, avec l'un de ses pulls, avec l'un de ses jogging, René grimace.
Il grimace et essaie fort, très fort, mais contient mal les larmes.
- Chad, qu'il dit encore, cette fois comme un enfant. Sa voix porte le poids de son chagrin, de son angoisse des jours passés.

Faut qu'il sorte la poubelle.
Faut qu'il prenne ses cachets.
Faut qu'il range ses fringues.

S'étire un peu ; très léger vertige à s'être relevé trop vite du canapé, alors qu'il baille parce qu'il n'a pas fait grand-chose, ces derniers jours ; comme si le monde s'était suspendu durant cette drôle de période. Quelques ventes et voilà, c'était tout. Et vu la gueule de sa rémission, c'était peut-être pas plus mal ; un peu de repos, à regarder Ken des heures pour mieux se plonger dans ses pensées. Mais être ici, seul, lui fait un peu étrange. C'est qu'il a pris des habitudes Chad, celles où il passe la porte sans prévenir plus que ça, à débarquer avec de la bouffe et tirer René de là où il est. Ces derniers jours, les quelques courses faites n'ont pas eu le même accueil ; peut-être juste la tortue, ravie d'avoir sa bouffe quand c'était le moment de.. Mais définitivement pas pareil.

Alors, Chad a hâte que René rentre.

Rentré la veille, absent de l'appartement encore. Chad sait pas bien s'il rentrera aujourd'hui, s'il va pas rester encore un peu chez son ami ; se presse alors pas à faire ses tâches. Au pire, ça donnera une excuse pour une nuit de plus ici, même s'ils ont plus tant besoin des excuses toutes bêtes d'autrefois pour se voir ; même que ça se dit l'affection mutuel et que Chad sait toujours pas comment ça a pu arriver ; n'empêche que même complètement fringué comme René - pratique que l'autre soit si grand et aime l'oversize), le bracelet reste fermement accroché à son poignet.

Et alors qu'il vogue à ses occupations, la porte annonce le retour du divin enfant.

Chad s'essuie les mains et vient à se montrer. "J'suis là." Annonce faite, alors qu'il apparaît à René, lui souriant bien trop vite ; heureux de le revoir... Mais le sourire retombe, quand il remarque l'air qu'il se traîne ; et il est fou de se dire que la colère reste dans le fond de son crâne, tant ses veines s'enflamment à l'idée qu'on ait pu faire du mal à René.

On touche pas à Barbie.

"Hey, Piou." Approche ; combat l'angoisse qui monte, moins forte qu'il y a quelques mois tout de même, parce que sa tête lui fait foutrement moins mal qu'avant, qu'il a moins cette sensation que les contacts pourraient provoquer des douleurs ; casse la distance pour doucement l'attraper par les fringues - le contact direct est toujours difficile, pour Chad, après onze ans à en avoir peur - et pouvoir lui offrir ce qui ressemble le plus à une étreinte, pour le Bennington. "C'bon, Piou, t'es à la maison." Il peut pas lui dire que ça ira mieux, il sait même pas de quoi il s'agit ; mais il peut au moins le rassurer sur le fait que les démons sont à présent derrière la porte.

Il est rentré.

L’émotion le prend brusquement en otage et René, il est autant surpris qu'embarrassé par la chose. Pourtant, un regard sur Chad et voilà que l’émotion monte et refait surface. Que la fatigue a raison de lui, que l’accumulation se fait sentir et explose, implose. Il sait bien, René. Il sait bien que les derniers jours ont été lourds et longs et plus difficiles qu’il l’aurait cru mais il ne pensait pas, non, être aussi fragilisé par l’impact de ses parents.
Et pourtant ; les joues se noient, le coeur se gonfle et ça se coince en hoquet dans sa gorge.
Et René, il rit. Il rit de sa bêtise, de la manière dont son nez se remplit de morve, que ses sanglots sont silencieux et que le flot de ses larmes ne cesse pas.
- Oh la vache, qu’il commente, essuyant ses pommettes du revers de sa main. Il renifle et a une grimace et une nouvelle faiblesse quand Chad s’approche, quand Chad lui offre une marque d’affection en tenant ses vêtements. René pince ses lèvres et lui offre un regard empli d’émotions, touché par la manière dont il montre sa présence, essaie de s’occuper de lui.
La mention de la maison le fait grimacer encore plus et lui arrache un sanglot audible, cette fois-ci.
René rit encore de son surplus d’émotions.
- Mon mascara bébou, qu’il se plaint, mais René a le visage nu de tout maquillage. Il s’est nettoyé les traits chez Nessie ce matin et n’a rien mis d’autres qu’une crème hydratante et une autre pour ses yeux. J’suis content d’être rentré … c’était vraiment nul là-bas, j’ai détesté, qu’il avoue avant de soupirer, de relâcher la pression.
Il essuie ses larmes encore, René, lève les yeux au ciel et bat des cils pour tenter de sécher son chagrin.
Quand il baisse les yeux sur Chad, il observe ses vêtements jusqu’à ses pieds.
Ça lui arrache un rire.
- C’est beaucoup trop long pour toi. Parce que Chad a roulé le bas de ses joggings et à en voir l’épaisseur du truc, ça a l’air presque inconfortable.

René tente de fuir ses émotions ; et Chad le comprend.
Il n'est pas plus doué que lui, sur ce point ; ne peut que juste lui montrer qu'il est là.

Serre les fringues, d'avec ses doigts presque pas tremblants. S'accroche à ce bout d'être, qui semble rétréci, minuscule même ; la peine fait souvent ployer le dos et Chad ne peut que le constater. "T'as déjà une mine affreuse." Qu'il plaisante, après ce fameux mascara qu'il ne repère pas... Mais en toute franchise, il ne saurait même pas dire ce que c'est d'ordinaire, alors pense naïvement qu'il y en a peut-être. "J'suis content qu'tu sois rentré aussi." Sincérité qui revient déjà ; et Chad l'observe encore, le voit lever le nez et se permet de déplacer une main pour frotter le bras de René, profitant d'une manche pour empêcher les peaux de se rencontrer.

Mais voilà qu'on critique son ouftit ; et Chad prend un air outré, à se regarder lui-même au passage. "Pas du tout !" S'écarte un peu de René, à la fois pour le laisser respirer un peu mais aussi pour faire mine qu'il verra mieux ainsi. "Ca m'tient chaud aux ch'villes, regarde." Et il lève un peu un talon pour lui faire admirer l'ensemble. "T'vois." Et il repose le pied à terre ensuite, revenant à René et puis venant à le tirer par la manche pour qu'il vienne avec lui.

Direction Ken.

"Viens, t'as pas manqué qu'à moi." Chad ignore totalement si les tortues ont des sentiments ; mais si elles en ont, alors pour sûr que René a manqué à Ken ! Après tout, lui faut Barbie pour exister, nan ? Alors Chad se plante là, relâchant la manche et vient à croiser les bras, observant les retrouvailles. "J'dû lui montrer des photos d'toi tous les jours." Et il soupire abondamment, marquant un peu plus l'exagération.

paroles en français

Le chagrin porte un poids de déception. René est triste, qu’importe si Chad est sa maison. Il est triste car ses parents ne le seront jamais. Qu’importe les années écoulées et les faux espoirs, qu’importe les vérités cruelles et cette histoire sans fin, René espère toujours un peu. Il aime croire, se berner un peu, juste assez pour voir une lueur quelque part. La vérité est cruelle ; tout ce qu’il aurait voulu d’une maison ne l’est pas. Ses parents ne sont pas ses parents ; pas vraiment. Ils ont rempli toutes les cases sauf celle du coeur. Ce qu’ils veulent bien aimer de lui, c’est une personne qui n’existe même pas. Pas vraiment  ; René se perd lui-même, trop souvent.
Avec certaines personnes, il se trouve. Lentement et sûrement.
Chad en fait parti, de ces gens.
Chad l’aide à se sentir à la maison.
Il est crève-cœur de se dire qu’un jour, sa maison sera détruite. Bébou est mourant, après tout ; son monde est mourant.
- C’est ridicule. Tu vas tomber, qu’il peste, René, le regard posé sur ses chevilles camouflées. Il devrait surtout mettre des chaussettes, oui. Peut-être que Chad n’a pas aimé celles de René ; les plus chaudes ont des seins et des bites dessus. Adorables certes, mais indécentes aussi.
Un lourd soupir quitte ses lèvres ; le poids des jours passés. Le poids des larmes aussi. Chez Nessie, il n’a pas pleuré. René a simplement profité de la présence de l’autre et des chiens pour se nettoyer les pensées. En vérité, il se sent un peu coupable. La nette impression d’avoir profité du chanteur, d’avoir usé de sa présence à son insu à un certain niveau.
Chad le tire hors de ses pensées comme il le tire à sa suite. René ne peste pas, sourit doucement en devinant bien où il le traîne.
- Ken ! mon amour ! comment ça va, mon bébé ? viens me voir La tortue ne comprend pas grand chose, mais le visage de René est assez familier pour qu’elle vienne le voir. Ken est vieux, aussi ; près de quinze ans maintenant. René lui donne des fraises hors de prix chaque année pour son anniversaire. Des photos ? Ken dans les mains, René tourne son regard vers Chad. Il le dévisage les yeux plissés, peu confiant. Quelles photos ? Montre moi les horreurs que t’as montré à mon pauvre fils ! Ken est pressé contre son torse, puis René le porte à ses lèvres pour y déposer un baiser. Ken sent l’herbe et le produit nettoyant pour sa carapace.
- tu l’as nettoyé dernièrement ? il sent bon. Ken apprécie beaucoup la brosse à dent. Un petit nettoyage en profondeur qui le fait danser presque à chaque fois. René renifle, observe son tendre amour quelques secondes encore avant de le déposer dans son habitat. Un soupir traverse ses lèvres. J’ai faim, qu’il dicte ; se plaint ; parce que les larmes l’ont affamé.

Il pourrait tomber ? Il a cette tête qui dit et alors, parce que c'est pas ce qui aurait pu arriver de pire dans sa vie. Qu'il se taule au pire, lui apprendra la vie. Mais il a pris ses habitudes en si peu de temps ; Chad s'adapte toujours à grande vitesse, parce que c'est ainsi qu'il a pu survivre dans l'Underapple durant tout ce temps. "Mais nan." Qu'il rétorque, tel un gamin ; d'avec un bout de sourire pour tenter d'apaiser un peu la peine de René.

Mais y'a mieux pour ça.

Et Ken est désigné comme celui qui saura au mieux apaiser Barbie. Alors il l'y amène et regarde les retrouvailles, restant à côté ; le trouve mignon à retrouver ainsi l'amour de sa vie. "Ouais, des photos." S'en amuse, à voir que déjà René flaire l'arnaque. "Quoi, t'pas confiance en moi ?! J'suis allé sur ton ARGO !" Et peut-être, peut-être, qu'il en a une dans son téléphone de René qui dort la bouche ouverte... Mais fallait bien montrer à Ken du vrai René, aussi, non ?! "Ouais. L'a l'air d'aimer ça, en plus." Ca l'avait amusé, Chad ; aurait pas cru qu'une tortue pouvait être mignonne comme ça, mais il ignore tant de choses encore.

Sauf sur un truc bien précis.

Sourit. "Ah ouais ? J'aurais pas cru." Et il le quitte pour aller dans le coin cuisine, ouvrant le frigo et sortant un plat qui, visiblement, ne demande qu'à être réchauffé. "Met toi à l'aise." Chad imagine que René pourrait vouloir se mettre en pyjama aussi, truc du genre. Bien assez vite, l'odeur de la bouffe qui se répand dans l'air ; et Chad est content de l'avoir préparé en prévision du retour de René, se disait qu'au pire il l'aurait trouvé tout fait dans son frigo et voilà.

Finalement, ils pourront le partager ensemble.

"T'veux boire un truc avec ?" Qu'il demande, plus ou moins à voix haute selon où se trouve René. "J'fais trop d'courses, l'autre jour..." Qu'il marmonne plus pour lui-même cette fois, quand il remarque qu'il y a encore deux bouteilles de jus de fruits qu'il n'a pas bu.

tw : almond mom, commentaires sur l'alimentation (mention)
Des larmes ont coulé la veille, d’autres coulent aujourd’hui. Le poids est un peu plus léger dans sa poitrine, mine de rien. René se sent encore triste, sait que le sentiment partira quand il ne pensera plus à ses parents mais pour le moment, ils restent un fantôme à l’apparence trop évidente pour qu’il pense à autre chose. Ils le hantent en profondeur, comme leurs paroles, sauf celles que la diva veut entendre. Peut-être devrait-il être habitué à la chose, peut-être qu’il devrait cesser d’attendre quelque chose. Peu importe. René essaie de chasser les souvenirs, les sentiments. Il est avec Chad ; il est bien avec Chad.
Au final, Chad est sa maison, à sa manière.
Il se garde de penser que Nessie pourrait l’être aussi ; il le souhaite de la même manière idiote qu’il souhaite ses parents dans sa vie, dans son coeur. Mais surtout, lui dans le leur, de coeur.
René renifle encore quelques coups, passe une main dans sa crinière un peu longue et tourne son regard vers Chad qui disparaît.
- Tu fais quoi ?, qu’il demande. Les genoux sont dépliés ; quelques pas sont faits jusqu’à la cuisine et les yeux s’ouvrent grand en voyant le plat déjà fait. T’as cuisiné ? Wow bébou – t’es un vrai prince charmant. Il bat des cils dramatiquement, le corps appuyé contre le pan de mur. René lui offre un sourire appuyé après son petit numéro et disparaît, monte les trois marches menant à sa chambre puis s’aventure dans son grand dressing.
Il ne ferme pas la porte ; il y a aucune porte à fermer. Les vêtements sont abandonnés au sil, le hoodie remplacé par un autre un peu plus doux, le pantalon par un jogging. Il met des chaussettes en laine à ses pieds et s’empare d’une passe pour ramener ses cheveux à l’arrière.
- N’importe quoi avec beaucoup de sucres et de calories ! René a bu plusieurs boissons gazeuses à l'hôtel, mais il y avait toujours sa mère pour faire un commentaire le lendemain ou la journée même. Un enfer, vraiment. Un bouton a osé voir le jour sur son menton, devenant rapidement un lourd sujet de conversation. T’as beaucoup de choses ? Les quelques marches sont descendues en vitesse et René le rejoint dans la cuisine, les pieds frottant contre le sol. Est-ce que Chad a lavé le plancher ? Il glisse un peu plus qu’à l’ordinaire. René fait mine de patiner, avec ses chaussettes. Une manie que sa mère déteste. Ça sent bon. T’as fait quoi ? Il ouvre le frigo plutôt que le four, est surpris un moment à voir la nourriture qui s’y trouve. Comme une petite rapace, René y prend domicile et fouille et essaie de découvrir tout ce qu’il ne connaît pas dans le frigo. T’en as fait une vraie caverne d’alibaba dis donc. Oh, c’est quoi ? Un pot soulevé, ouvert. René renifle. du pudding au riz ? Comment on dit déjà. Du riz au lait ? Surprenant venant de Chad. Comme quoi, on en apprend tous les jours. Assis en tailleur devant le frigo grand ouvert, René remet le pot à sa place et continue sa quête.

Y'a eu un rire qu'a percé l'air ; c'est que du prince charmant, il n'en a aucun atour ; pas même le début de quoi que ce soit. Mais il peut bien essayer de faire plaisir à René, du moins en prendre soin - pour lui montrer qu'il tient à lui, pour montrer que même s'il a encore du mal d'avec le contact et les choses chaleureuses de ce genre, il sait penser à lui.

Alors il a préparé à bouffer. Alors il a pensé à faire des courses. Alors il a pris soin de Ken, de l'appartement, des fringues de René.

Alors il prend mieux soin de lui-même.

Dans le frigo, Chad récupère du jus de fruits pour lui, du soda pour René ; sert les verres et attend le retour, alors que le four est utilisé pour réchauffer la bouffe. "Ouais, j'sais pas. J'avais pris des trucs pour toi, aussi. Qu'tu trouves pas l'frigo vide." Il lui tend son verre quand il revient et puis se pose sur un meuble, les jambes dans le vide, d'avec sa propre boisson à la main. "Des lasagnes. J'me suis dit que ça saurait t'nourrir." Sourit un peu ; il aurait pu retenter le gâteau crêpes là, mais s'il doit en refaire un, il préfère que ce soit avec René, comme si c'était leur truc à eux.

Regard sur l'autre ; cette pose singulière et la façon dont il fouille le frigo ; l'allure d'un gamin qui amuse Chad. "Un truc horrible. Mais ça blinde l'estomac." Et Chad en a besoin, pour reprendre le poids qu'il a perdu durant la dernière année ; même s'il trouve ça affreux, mais y'a pire ; au moins c'est pas périmé ou quoi. "J'repris deux kilos, t'rend compte." Laisse René explorer, dans un bout de sourire.

Gorgée prise ; reprend la parole ensuite. "J'peux rester, ce soir ?" Si non, il peut toujours partir dans le début de soirée... Mais Chad se doute que la réponse n'ira pas dans le négatif ; ils ont besoin d'un temps où se retrouver un peu. "Normalement, j'pas de livraison à faire." Période calme, à l'Eclipse ; ça l'arrange, par ailleurs.

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Le frigo est un univers entier. Un monde à lui-même. René se rappelle l’époque où simplement mettre un pied dans la cuisine équivalait à un commentaire venant de sa mère. Il se souvient qu’ouvrir le frigo était un crime, presque une déclaration de guerre. Le repas était il y a deux heures. Il avait déjà assez mangé. Il pouvait bien attendre ou manger quelques amandes, oui, pour faire passer la faim qu’il avait. Il s’ennuyait, voilà tout. Trop de temps libre, trop d'écrans. Peut-être qu’il devrait pratiquer un sport ou se trouver un passe-temps plus intéressant. Des conversations longues qui ne voulaient rien dire, qui faisaient mal plus qu’autre chose. René, il aime sa cuisine, ici. Elle ne ressemble pas à grand chose mais elle est grande, le mur contre lequel repose la table est immense et recouvert d’une fenêtre imposante, et René aime observer les gens qui passent en bas, qu’importe si la ruelle n’a pas grand chose d’intéressant à partager.
Il aime s’asseoir là, au sol, devant son frigo. Regarder les restants qu’il a, ce qu’il peut grignoter, ce qu’il peut manger. Il aime l’idée d’avoir cette possibilité, de faire ce qui lui fait envie.
Le regard se tourne vers Chad. Le ventre gronde à la mention des lasagnes. Faites maison ? René les veut maintenant. Il se demande si Chad est bon en cuisine. Pour lui, ça paraît logique. Le repas aura de la saveur, peut-être même l’ingrédient secret qu’est l’amour.
- Deux kilos ? Il délaisse le frigo pleinement et l’observe des pieds à la tête. René se souvient encore de cette discussion là. De l’aveu de Chad face à sa condition, son cancer, sa maladie. René évite le sujet parce qu’il fait mal, parce que c’est comme tourner le couteau dans la plaie. Il ne veut pas le perdre. Dans sa tête, dans son coeur, il ne possède que lui. René ne saurait pas quoi faire, sans Chad. C’est bien. J’ai hâte de voir les autres. Les autres kilos. Chad qui reprend la forme. René, il veut le garder à ses côtés.
Le corps long se lève et René soupire, ferme le frigo et se tourne vers Chad. Il penche la tête, face à sa question.
- Faut que je regarde le site, plus tard Toujours ici, jamais ailleurs. Son ordinateur fixe a des sécurités que les autres n’ont pas, et si René peut surveiller ses arrières, il préfère limiter les endroits où il s’enfonce dans le darkweb. T’as pas vraiment besoin de demander, bébou. C’est autant chez toi que chez moi ici. Presque insultant qu’il ne possède pas encore de lit. T’as dormi sur le canapé tout ce temps ? On ne sait jamais, avec Chad.
Dans le loft, l’odeur de la lasagne se fait de plus en plus présente. René fait quelques pas et cette fois-ci, allume la lumière dans le four et s’assoit au sol pour regarder au travers la vitrine.
- T’as suivi une recette précise ? T’as mis quoi dedans ? Ça sent vraiment bon. J’ai hâte de la manger, Chad. C’est de l’excitation plus que de la faim, vraiment. René marque une pause, fixe la nourriture et dit : Et tu te sens comment ? La voix est calme. Le regard quitte la lasagne, va vers Chad. René a un noeud au ventre.

Chad a du mal à se confier sur l'idée de guérir ; mais il s'y essaye, comme il peut ; évoque alors les deux kilos repris, véritable miracle en soi quand on replace dans le contexte. Et Chad sourit face à sa réponse ; parce qu'une part de lui a hâte de les lui montrer aussi ; que René puisse voir à quoi il ressemble, quand il n'est pas si proche de toutes les frontières de la vie. "Moi aussi." Et il a un peu l'allure d'un gamin, à le dire.

Question posée ; la réponse le fait sourire une nouvelle fois ; plus tranquillement, cette fois ; il est redevenu adulte, sans doute. "Ouais." Bien sûr ; Chad aime ce canapé, un peu comme s'il était devenu un peu le sien ; son lit à lui, bien plus confortable que celui qu'il a dans sa caravane. Alors ça lui va bien ; et puis, son dos supporte encore le tout, alors il reste un parasite humain qui dort partout où on le laisse pioncer ; n'exige plus aucun confort, sait que c'est du luxe. "J'vais finir par t'piquer un double des clefs, avec c'genre de phrases." Comme s'il en avait besoin ; la porte n'est absolument pas un obstacle pour lui. Mais faut reconnaître que c'est parfois pratique.

Mais les lasagnes captent l'attention de René ; et il le regarde faire, toujours assis sur son perchoir, comme si ça le protégeait du monde entier. "J'ai suivi une recette quand j'me souvenais plus de c'qui fallait faire." Qu'il répond dans un premier temps ; mais a pas le temps de finir de répondre aux questions, qu'une nouvelle bien plus importante tombe.

Il semble y réfléchir ; et puis ses pieds battent légèrement dans le vide, alors que ses pognes atterrissent entre ses cuisses après avoir reposé son verre, les épaules craquant légèrement sous le mouvement. "J'me sens bien." SAit que c'est trop vague ; mais c'est la vérité. "Les douleurs se sont calmées. J'l'impression d'pouvoir m'entendre penser." Moue dubitative un instant. "C'est pas l'pied, ça." Il y avait quelque chose de libérateur, à n'être envahi que par l'urgence de la colère ; par cette deadline invisible pourtant, pas bien définie encore ; floue et pourtant angoissante. Un besoin d'agir en permanence qui l'empêchait de se poser des questions de moralité. "Mais ça va." Chad est forcé de reconnaître que ne plus avoir mal en quasi permanence est terriblement reposant ; addictif, même.

Il craint de guérir complètement, pourtant.

Hausse les épaules, finalement. "T'auras à me supporter un long moment encore, du coup." Et ça l'amuse en plus, cet idiot. Mais c'est le cynisme qui a cueilli un jour Chad et depuis, il fait avec, l'empathie ayant été en partie dévorée par l'Underapple. "Et toi, Piou ?" Est-ce qu'il a besoin de se confier sur quelque chose ?

René tire la gueule à la mention du canapé, se dit peut-être qu’il devrait le changer. Il est vieux et confortable, René l’aime beaucoup, mais peut-être qu’il serait plus sensé d’avoir quelque chose qui s’ouvre pour se transformer en lit. Autant pour Chad que pour Sol. L’un comme l’autre, il ne les veut pas dans son lit. Non pas par pudeur, mais parce que René y invite trop souvent des gens pour ne pas qu’on possède un jugement à son égard à ce sujet là, et il sait d’avance, sans même demander, que Sol ne voudrait même pas y poser les fesses pour s’asseoir. Peut-être qu’un déplacement les meubles, oui, il aurait de la place pour deux canapés.
- J’ai un double. Je te le donnerais., qu’il dit, toujours concentré sur la lasagne. Le regard tourne vers Chad quand il parle d’une recette. René hume et ne demande pas laquelle. Il veut bien la surprise. De toute manière, il mange n’importe quoi. Juste savoir que Chad a cherché une recette pour lui faire à manger le rend particulièrement heureux. Ça chasse les chagrins, un brin.
Chad chasse toujours les chagrins.
L’affirmation sur sa santé le fait soupirer ; René n’avait pas réalisé qu’il le retenait, son souffle. Il hoche la tête lentement, laisse un sourire se poser sur ses lèvres tandis qu’il l’observe. C’est bien ça. Non ? Non, d’accord. Faut pratiquer la pensée positive, bébou. Ça lui tire un sourire un peu plus grand, cette idée là. René, il se moque un peu. Tu veux un journal personnel ? Je dois en avoir un qui traine, tu sais. Un joli cahier rose dont il a rempli deux pages avant d’oublier totalement. Il hoche la tête, encore, quand Chad dit que ça va.
- Tant mieux. T’es coincé avec moi René ne lui donne pas le choix. L’idée de perdre Chad lui retourne le ventre et lui donne envie de pleurer. Surtout après les derniers jours. René a un voile qui se pose dans ses prunelles. Ah - Il a un rire ; un rire humide. René hausse des épaules, toujours posé au sol. J’ai survécu Quoi dire de plus ? Entre le post Argossip et Ilyas, l’histoire avec Marcus et Lulu et le comportement de ses parents, René est passé par une ribambelle d’émotions. Il se sent fatigué physiquement et mentalement. La maison me manquait vraiment beaucoup. Je suis content de - d’être revenu. Même si - Je pense que c’est vraiment la première fois que ça me frappe. Que la maison, c’est ici. Avant c’était - Il renifle, hausse des épaules encore. René fixe la lasagne à défaut de regarder Chad. Il n’a pas envie de pleurer. Avant j’avais pas grand chose - Un silence, léger. T’es un peu devenu ma maison, Chad., qu’il dit, tout bas.

C'est ainsi qu'on partage plus encore la vie de quelqu'un ; d'avec un naturel qui surprendrait tout le monde, en vérité. Mais ils ne s'en soucient pas, pas quand ils sont ainsi ; à plaisanter l'instant d'avant et d'offrir toute la place ensuite. Alors Chad a sourit à l'idée d'avoir un double des clefs, à se dire que c'est pas rien ; que ça serait le second truc de René qu'il aurait toujours sur lui - le premier est le bracelet qu'il est terrifié de voir s'user avec le temps. Mais c'est comme d'autres choses : il essaye de ne pas y penser.

Comme les parasites dans sa tête ; qui grésillent ; obsédantes.

Souffle de rire. "Et laisser des traces de moi ?" Il faiblit, à cette pensée ; elle lui semble réellement terrifiante - bien plus que celle d'attaquer un building pour renverser le monde. "Nan, nan. J'viendrais squatter, à la place." Après tout, il aura le double - et il dit ça comme s'il ne demandait pas toujours s'il pouvait venir, simplement pour si René n'est pas seul ; pas envie de le surprendre en fâcheuse posture. Alors ouais, René est pas prêt de se débarrasser de lui ; parce que Chad guérit ; parce que Chad accepte un peu plus chaque jour l'idée de vivre.

C'est qu'il est doux d'être ici, avec lui.

René le dit si joliment. "T'es devenu la mienne aussi, Piou." Une évidence ; si René n'était pas rentré dans sa vie avec la force d'un bulldozer, Chad n'est pas bien sûr qu'il aurait eu la volonté de rester - il le soupçonne réellement d'être la plus grande source du pourquoi il n'était plus prêt à mourir. "T'sais... Fait longtemps que j'ai plus d'famille." Il ne porte aucune misère dans sa voix, à le dire ; ça aurait été vrai dans tous les cas, ses parents sont morts il y a un moment après tout. "Mais j'ai l'sensation d'en avoir retrouvé une, avec toi." Malgré le froid de la fumée ; malgré les douleurs passées ; malgré la haine qui berce encore le coeur. "C'est plutôt agréable, comme sentiment." Et c'est exactement à cause de ça qu'il reste, Chad.

Ce n'était pas la colère qui le maintenait en vie.
Mais ça sera l'amour, clairement ; qu'importe sa forme.

C'est juste qu'il change de combat, Chad ; petit à petit ; le capte même pas, en vérité. Pourtant c'est à René qu'il donnerait sa vie, s'il le fallait - lui confierait juste de surveiller Orion, qu'il ne retourne pas au sein des crocs de la chimère.

C'est le seul héritage qu'il peut laisser, après tout.

tw : mention légère de meurtre
Sentiments à vif ; dur de se défaire de cette impression qu’importe ses efforts. La pause chez Nessie a fait du bien mais René n’est pas soigné de ses maux pour autant. Il sait au fond ; il sait que les plaies resteront des plaies et que même une fois cicatrisées, elles feront mal. C’est une douleur fantôme qui le frappe en plein visage quand il n’y pense plus. C’est la réalité qui se moque de sa rêverie. Qu’importe à quoi il peut bien croire, qu’importe ses espoirs minuscules, René se laisse toujours avoir et son retour à la réalité est douloureux.
Au moins cette fois-ci, ce n’est pas le silence qui l’accueille. Au moins, Chad est là.
Même Nessie, un peu. Mais Nessie, il essaie de ne pas trop y penser. Son coeur chante des chansons dangereuses. René n’a jamais aimé trop porté attention à la mélodie.
C’est doux et cruel et malheureux, trop souvent, pour lui.
Les lèvres se pincent ; le poids des mots de Chad est aussi lourd que doux. C’est beaucoup, c’est si peu. C’est trop d’un coup.
Soupir tremblant entre ses lèvres, René baisse les yeux sur ses genoux et inspire, lève les yeux au plafond avant de tourner son regard vitreux sur Chad. Il lui offre un sourire tremblant et un rire soufflé :
- C’est bizarre non ? Et dire que tu voulais rien savoir de moi au début, bébou La constatation vient avec un rire léger. René renifle et reporte son attention sur les lasagnes avant de grimacer et de se redresser. Il n’a pas envie de rester là, de penser à ses peines et ses bonheurs et pleurer. Il est revenu à la maison ; il a regagné sa liberté. t’as pensé quoi la première fois ? dis moi tout ! Çä fait longtemps quand même Avant qu’il ne soit Jupiter avec lui, René a été Uranus. Les mains salies, le regard posé sur les corps dont Naël prenait bien soin. René a peur de lui-même, parfois ; du manque de coeur qu’il peut posséder. Mais qui aurait un coeur pour les monstres ? Il choisissait bien ceux qui faisaient la rencontre de Naël. Je vais mettre la table Le ventre est aussi creux que le coeur. René renifle, essuie ce qu’il peut posséder de larmes, et fouille armoires et tiroirs pour trouver les couverts. Tout est dépareillé, rien ne va ensemble. Tout est unique. C’est le plus important. René aimerait être unique aussi ; il ne le voit pas.

Ouais, vrai que c'est bizarre ; vrai qu'il se serait pas attendu que sur le point de crever, il aurait fini par s'attacher à quelqu'un ainsi ; au point de finalement se raccrocher à la vie pour ellui. Et vraiment, Chad n'aurait jamais parier sur tout ça ; aurait même dit tout le contraire, qu'il aurait même pas fini l'année. Et puis voilà que finalement, ils étaient à attendre après ses lasagnes, à se dire qu'ils étaient bien ensembles ; qu'alors, ça valait le coup de se soigner si c'était pour continuer de rester avec René. "Pouah, j'sais plus !" Qu'il s'exclame, avec sincérité ; est obligé de réfléchir. "C'devait être un truc du genre que... Qu't'pourrais attendre longtemps pour qu'on d'vienne proches, j'imagine." Hausse les épaules, parce que Chad avait été dans le rejet pour une raison précise. "J'devais crever. M'disait pas que t'allais un jour d'venir important. Juste on allait faire nos affaires et ça serait tout." Et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il s'est bien planté ; parce que René est devenu tout pour lui ; que s'il avale ce qu'il estime être une tonne de médocs par jour maintenant, c'est principalement pour lui.

Et puis... "C'qui compte, c'maintenant." Qu'il dit, dans un bout de sourire.

Le regarde s'agiter ; ne bouge pour autant pas, de son côté ; comme si Chad avait ce besoin de se fondre encore dans le décor, à ne pas être vu dedans. "Ok, ok." L'observe, du coin de l'oeil ; et secoue la tête, au bout d'un temps. "Au fait !" Qu'il fini par lui balancer. "J'songe à reporter une bague, à l'avenir." Non pas que son ancienne bague de fiançailles lui manque, loin de là... "T'la choisirais pour moi ?" C'juste qu'il a envie de partager ça aussi, avec.

Et puis il se redresse, pour sortir les lasagnes du four ; et pour partager un repas en discutant de ce qu'il aimerait comme bague, juste pour lutter contre son propre stress - et réclamer aussi à un moment son cadeau ! Pour mieux le porter quand il l'aura ; et se retrouver à sourire comme un con, avant d'offrir à René une peluche parce qu'il savait pas bien quoi lui offrir, qu'il avait oublié ce que c'était.

Mais c'est comme pour la vie ; il réapprend pour René.

Le chagrin se calme. Retrouver Chad est comme retrouver la maison, au final. René est apaisé par la chose, autant qu’il en est bouleversé. Mine de rien, il a longtemps cru être seul et ne pas être apte à trouver sa place. Peut-être qu’il ne faut pas la trouver, au final. Peut-être qu’il faut la créer. Il ne saurait dire, vraiment. Pour l’heure, il est confortable ; réconforté même à l’idée d’être ici avec Chad, de pouvoir respirer un peu mieux et simplement être lui-même. L’est-il avec d’autres personnes que Chad, seulement ? René ne saurait dire. Il pense que si ; qu’il apprend un peu, lentement et sûrement. Ce n’est pas une chose facile ; trop porté à vouloir être ce que l’on attend de lui pendant si longtemps, René doute parfois de qui il est. Les repères prennent place ; ses gestes sont plus honnêtes, ses paroles plus naturelles. Du moins, dans le confort de sa demeure. Avec celui qu’il considère comme sa famille, maintenant.
Pourquoi s’entête-t-il à retourner à Montréal lorsque sa vraie famille se trouve ici ? René l’ignore. L’espoir est une chose très lamentable.
Le coeur se serre à la mention de la mort. René le laisse faire ; laisse sa souffrance être. C’est un revers de l’affection qu’il porte pour Chad ; la souffrance éprouvée à imaginer son absence.
- Hm ? Oui ? Il tourne les yeux vers lui, assiettes dans les mains. René trouve important de regarder les gens quand ils parlent ; ses parents l’ont trop ignoré, ont répondu à ses paroles occasionnellement sans jamais vraiment le regarder. Une bague ? Les sourcils se haussent. René ne peut pas s’empêcher de sourire. Bébou, c’est pas comme ça qu’on demande la main à quelqu’un ; qu’il lui répond dans un rire. Les choses ne sont pas comme ça, entre eux. Chad est sa famille. Son père et son frère à la fois. Tout ce qu’il ne possède pas. Il pourrait même pas être sa mère ; dans tous les cas, il fait mieux que ce que René possède déjà. Vendu. Je te trouverais une superbe bague. J’en prendrai une pour moi aussi. À chaque année un nouvel item, oui ? L’an dernier c’était le bracelet. Cette fois, c’est une bague. Oh ! Y’a des boutiques où tu peux faire la bague toi-même. Ça te plairait ? Ça reste dans la même optique ; de faire soi-même L’idée le charme et le fait sourire. Ensemble, ils construisent beaucoup de choses. René n’a pas envie d’arrêter.
Ensemble, ils construisent leur famille.