if it comes, let it / if it goes, let it (legi)

Gigi nage en plein bonheur, il dessine des cœurs en sauce tomate tous les soirs dans les assiettes et chantonne du Dalida à longueur de journée, en dansant dans l’appartement ou dans le salon de tatouage. Certes, cela ne le change pas tellement de d’habitude, mais il voit bien qu’il use les nerfs de Lulu très aisément en mentionnant son prince à tout bout de champ. Pourtant, ils n’ont encore rien fait. Et Levi ne l’a même pas encore invité à sortir, malgré ses œillades et ses messages. Il faut dire que leur rencontre inopportune au marché agricole avec Suni a bien failli mettre tous ses espoirs à l’eau et il n’a pas envie de laisser Levi filer sans rien avoir tenté. Alors tant pis pour son associé.e, tant pis si sa parole est brisée, il l’a invité à dîner lui-même, chez lui, en s’assurant que Lulu soit bien sorti ce soir-là. Histoire de ne pas causer un traumatisme profond chez le sujet de son affection.

Il essaye de ne pas trop s’emballer non plus. C’est difficile, mais il sait, il sait qu’il y a une chance que Levi ne soit pas d’accord avec l’idée du polyamour, et que cette chance est loin d’être petite. Gigi en a connu, des refus, lorsqu’il espérait une relation plus permanente qu’un coup d’un soir, alors il s’y attend un peu aussi. Après avoir réfléchi à la journée avec Suni, et surtout le trajet en voiture, l’attitude un brin distante de Levi, il a réalisé que la nouvelle de l’existence de sa petite amie n’avait pas été une information très facile à avaler. Gigi ne veut pas faire de conclusions hâtives, cela dit, que cela ait été de la confusion ou un non catégorique, seul Levi peut le savoir. Il doit d’abord lui expliquer, déjà. Il a tout préparé, le repas, les chandelles, le powerpoint sur son ordinateur. Il se maquille, choisit une tenue avec un haut cropé trop mignon et fait le beau devant le miroir avant de voir qu’il est à la bourre et de piquer un sprint pour prendre le métro jusqu’à la surface, où il a donné rendez-vous à Levi.

Il débarque quand même avec une bonne dizaine de minutes de retard, monte les marches en sautillant lestement, avec son plus beau sourire et l’espoir certain que sa beauté lui fera passer outre l’attente. Sorry, sorry, I’m late, I have no excuse but you’re real’ pretty!! Il fait en riant, attrapant sa main pour l’attirer à lui et lui faire la bise sur chaque joue, lui fait une petite moue mignonne pour se faire pardonner. Let’s go now before we miss the next one, il cale ses doigts entre les siens et l’entraîne dans les escaliers jusque dans le métro qui arrive tout juste.

For me?? I love it, thank you!!!, il s’exclame en attrapant la rose délicatement, la faisant tournoyer entre ses doigts et humant le parfum, les yeux rivés dans ceux de Levi. Il fait preuve d’une immense retenue pour ne pas lui sauter au cou et l’embrasser, bien que l’envie ne manque pas. Cela dit, Levi est tout beau et Gigi ne se prive aucunement d’admirer la vue avant de l’entraîner sous terre, le sourire aux lèvres. Sourire qui s’étire encore davantage au compliment : Yes?? You like it? C’est surtout cela qui lui importe, au fond. Il lui adresse un clin d’œil et se mordille sagement les lèvres pour ne pas ajouter qu’il pourra le lui enlever plus tard. Il espère que Levi apprécie la vue, lui aussi, lorsqu’il se tourne pour atteindre le métro. Son regard s’illumine à la mention de la bouteille de vin. No way!! You’re too sweet, can’t wait to taste!!, il s’écrie avec son trop-plein d’enthousiasme caractéristique tandis qu’ils se glissent dans la rame heureusement pas trop bondée. Gigi n’est pas dérangé par la proximité des gens, mais il se doute bien que la chose est moins habituelle pour Levi. Les princes prennent-ils au moins le métro ? Rien n’est moins sûr.

Il l’observe se concentrer sur les usagers du métro et, le sentant moyennement à l’aise, ne lâche pas sa main, qu’il fait balancer un peu, d’une manière très niaise. Il devrait se calmer, il le sait, mais son cœur bat à tout rompre parce que Levi a apporté une rose r-o-u-g-e et du vin i-t-a-l-i-e-n, et c’est très difficile pour Gigi de ne pas se faire des films à partir de ça. Il a terriblement envie de l’embrasser ; se contente de sourire bêtement aux quelques personnes autour qui ont l’air affligé de sa tenue. Don’t worry, you’re with me, qu’il souffle à l’oreille de Levi, nobody’d dare touching one of us down there. Il rit un peu, en pensant à tous les ennuis qu’il a pu s’attirer dans l’Underapple et dont il s’est toujours tiré, grâce à ses frères ou ses cousins, souvent, puis les White sont assez connus dans le coin, aussi, ça aide à éloigner les voyous des bas-étages. Ils descendent à l’arrêt de Queen Brook, et Gigi étend son bras libre pour présenter théâtralement le quartier souterrain. Sooo, it’s where I grew up. It lacks a bit of natural light for make-up, but it’s home. Et la maison, c’est important, pour Gigi.

Gigi n’a pas honte de l’Underapple, d’avoir grandi ici, dans les décombres et l’obscurité. Il ne connaît pas vraiment la honte, au fond, toujours à rire de ses maladresses, à donner ce qu’il peut à celleux qui en ont besoin, comme ses parents lui ont toujours appris, sans envier les choses des autres, sans se trouver moins bien loti. Alors il n’a pas honte, non, de la poussière sous leur pas, des bâtiments (et des gens) qui tiennent parfois à peine debout, de la pénombre qui les enveloppe aux endroits où la lumière artificielle est défaillante. C’est chez lui, et chaque chose est importante, recèle d’un petit souvenir d’enfance entre la débrouille et les bêtises, entre sa famille et ses premières amours. Depuis que Lulu l’a serré dans ses bras au milieu des ruines de New York, tout est ici et tout y restera toujours. La surface et ses façades miroitantes, tout aussi jolies et attrayantes qu’elles puissent être, n’auront jamais la même place écrasante dans son cœur.

Il a un petit sourire flatté et les joues qui se colorent légèrement au compliment de Levi qui semble un peu sorti de nulle part, agite gracieusement la main pour lui intimer d’arrêter – même s’il n’a pas du tout envie qu’il arrête. Don’t be so sweet, I’m gonna get too big for my boots, il lance en riant, porte sa main à ses lèvres et y dépose un minuscule baiser, avant de ramener leurs bras le long de leurs corps, le sourire toujours présent. Il entend bien que son prince n’est pas fortement enthousiasmé des lieux. Gigi ne s’en formalise aucunement. It’s still a warm place, I always miss it when I’m not there, il offre, doux, avec un haussement d’épaules insouciant. Yes. My uncle created the school after 2005. There was nothing left, many orphans and helpless parents, and no government help, so. Ils arrivent devant son immeuble, et il se voit contraint de lâcher la main de Levi pour sortir ses clés de sa poche et ouvrir. Welcome home, il fait dans un sourire, en le laissant passer devant pour claper la porte derrière eux, chipotant un peu pour que ça se ferme correctement. It’s third floor, no lift, good for cardio, il signale en rigolant avant de prendre les devants dans les escaliers étroits et de continuer à raconter les péripéties familiales : I don’t remember if I told you, I’m a orphan, actually? From 2005. Ludvig found me, then our parents found us. They already had Lou, who was given away to them. We’re like found family archetype, nobody shares blood-ties.

Il est heureux de pouvoir emmener Levi ici, même si le pari est osé. Cela le réconforte dans son idée que son prince n’est pas quelqu’un à laisser filer, parce que beaucoup de gens se seraient arrêtés net à la bouche de métro de l’Underapple. Gigi ne leur en aurait pas tenu rigueur, certes, mais il y a quelque chose qui fait battre son cœur un peu plus vite, juste de savoir que Levi n’a pas peur de s’intéresser à sa vie en ces lieux qui font naître tant de préjugés, et qu’il n’a pas peur de s’y mêler, surtout. Il sourit tendrement à la mention d’Arthur, il se souvient bien sûr du tatouage qu’il a réalisé en son honneur et se dit qu’il aurait aimé pouvoir rencontrer quelqu’un de si important aux yeux de Levi. Et lorsqu’il compare Suni à une sœur, il ne peut qu’acquiescer, car Suni est une personne merveilleuse. Yeah, I was five. I don’t really remember my mother anymore. I wish I could just remember her face, sometimes. La voix est empreinte d’une certaine émotion, mais il se retourne légèrement vers Levi, un sourire doux aux lèvres.

Ils arrivent enfin au troisième et il insère la clé dans la serrure pour ouvrir, le laisse passer d’une petite révérence en riant et referme derrière lui. Il disparaît dans la cuisine pour remplir une bouteille de bière à l’abandon d’eau et y glisser la rose, puis revient dans le salon pour la déposer au centre de la table basse. Il observe son œuvre un instant, le sourire idiot d’avoir reçu un tel cadeau, et émet un petit soupir satisfait. It’s so pretty! Il se retient franchement de l’embrasser pour le remercier à nouveau. You want something to drink? Should I open the wine already? Il pouffe quelques secondes, et puis se ravise : Maybe after the talking.

Son sourire s’étire tandis qu’il signe un I love it! Gigi est heureux de sa rose, d’être ici avec Levi, heureux de pouvoir lui faire une place dans son univers et qu’il veuille bien y entrer. Il lui est plus facile de voir les bonheurs simples de son existence plutôt que la misère de son logement ou son quartier malfamé. C’est comme s’il portait en permanence des lunettes aux verres rose bonbon, Gigi, il voit toujours tout du bon côté. Il acquiesce d’un sourire et va remplir deux tasses d’eau dans la cuisine, lançant un Of course we can! au passage, laissant Levi prendre ses aises à son rythme. Il ne doit pas avoir l’habitude d’endroits tels que celui-ci. Ce n’est pas très grave, aux yeux de Gigi.

Il revient et lui tend sa tasse, boit une petite gorgée dans la sienne parce qu’il est important de s’hydrater et se laisse tomber dans le canapé, après avoir lu ses signes et hoché de la tête. Il se rend compte qu’il s’est pratiquement collé à Levi, par inadvertance, lâche un oops en riant, s’écarte un peu. I understand, don’t worry. Il pose sa tasse sur la table basse et joint ses doigts pour jouer avec, se demandant par où commencer. Hmm, I’ll talk, so that you get everything. Pour lui, la langue des signes est plus naturelle que de parler, mais Levi débute et il risque de le perdre assez vite. Il ne souhaite pas cela, surtout pour un sujet qu’il ne prend pas à la légère. So, Kyoka and I are polyamorous. We are in a relationship together but also open to any other relationship, because our way of loving does not need to be exclusive to a person. And well, hm…, il pince légèrement les lèvres et rit doucement, presque timide, le rose aux joues. ...I like you and I’d be happy if we could try something? But there’s no problem if it’s too much for you, I totally understand, okay? Il réfléchit un instant, avant de poursuivre : What’s important to know is that it’s not a competition, for me, I love all of you differently. Ah, yes, it won’t be only Kyoka, so that’s something to take into account, but always, always safe sex I promise. Also, you can meet them or not, it’s absolutely your choice. I mean, if you choose me. What you think? Il bat des cils, un rien, se mordillant la lèvre inférieure, espère qu’il a mis assez de mascara pour être convaincant.

TW: mention d’une agression

Gigi passe la langue sur ses lèvres, tente de contrôler son impatience de savoir ce que Levi en pense. Il sait que ce sont des choses qui prennent du temps à être assimilées, lorsqu’on n’y a jamais été confronté, que les questions peuvent être nombreuses et qu’on se demande si on a bien réfléchi à tout. Gigi vit et aime ainsi depuis trop d’années pour se souvenir de ces interrogations, iels ont toujours été très clairs avec Kyoka sur leurs sentiments, ont toujours discuté de vive voix tous les problèmes qu’iels ont pu rencontrer. Iels n’ont pas encore connu pire que lorsque Gigi s’est fait poignarder par son ex jaloux de ses autres relations, à date. Il le prend à la rigolade, toujours, Gigi est doté d’un don immense pour minimiser ses mésaventures.

Il s’est préparé au refus, avec Levi, comme à chaque fois qu’il expose sa manière d’aimer. Il comprend que ce n’est pas pour tout le monde et qu’il ne peut pas toujours avoir ce qu’il veut, et puis, au fond, l’important pour lui c’est que les personnes qu’il aime soient heureuses. Il fait très attention, aussi, à celleux qui se montrent hésitants, parce qu’il a appris avec Tiny que certain.e.s s’engagent même quand ça ne leur convient pas vraiment. Il ne veut pas forcer la main à qui que ce soit. Il offre un sourire doux et acquiesce en silence quand il répète ses mots, penche la tête sur le côté à la question. Il observe l’expression de Levi, décide que ça ressemble davantage à de la curiosité qu’à une inquiétude que le nombre de ses relations dépasse une limite inconnue. I have an online sweetheart, too, il glousse un peu, toutes ses relations sont importantes, à ses yeux. Il reste songeur, un instant, et précise quand même : I’ll always tell when there is someone else, but I’m not counting. I know it can be a lot.

Il écoute la suite, attendri par sa façon excessivement polie de parler de sexe, laisse échapper un éclat de rire alors que Levi indique qu’il est très homosexuel. Il semble deviner sa réponse à partir de là. Yes. I mean, it could happen – it has happened –, but not if you don’t want, okay? When you’re not up for something, you just have to say, nobody’s gonna be mad. I’ll always ask anyway. Il secoue la tête, le sourire aux lèvres, à la question suivante, accroche son regard, papillonne des cils, et se love un peu plus contre le canapé – oui, il minaude. A peine. It’s perfectly fine. I can be your one and only, I don’t mind, il déclare sur le ton de la plaisanterie, rit encore, puis continue un rien plus sérieux : You’re all free. Also, if you realize at some point it’s not gonna work for you, don’t force yourself, okay? I try to pay attention, but sometimes I’m a bit too dizzy with love and don’t notice right away. Some people think it’s okay at first but realize later it’s too difficult for them. Il baisse les yeux, tend la main pour prendre la sienne et jouer un peu avec, délicat. I don’t want to make you sad.

Gigi a le cœur empli d’amour, à voir Levi rougir. La pointe de sa langue passe sur les lèvres, rapidement, rien qu’à penser qu’il pourrait le faire rougir davantage, s’il le laisse faire. Mais il doit d’abord s’assurer que tout lui convient, parce que s’il y a une chose que Gigi déteste plus que tout, c’est de blesser quelqu’un qu’il aime. Il serre doucement sa main, entre ses doigts, pour le rassurer, acquiesçant dans un sourire : Sure, I’ll tell you then. Il préfère toujours demander. Il sait bien que certaines de ses conquêtes passées ne voulaient rien savoir ou éprouvaient beaucoup de jalousie à l’entendre parler d’autres personnes. Ces histoires-là n’ont jamais duré bien longtemps, malheureusement. Même si Gigi faisait souvent tout pour que ça fonctionne, il finissait par se rendre à l’évidence qu’une telle relation était vouée à l’échec. Cela le conforte dans son bonheur, que Levi veuille être au courant. Gigi, il trouve que c’est important de partager ses amours et ses peines de cœur avec les principaux intéressés.

Son regard s’attarde sur sa bouche, alors qu’il se mord légèrement la lèvre. Il suppose qu’il pourrait simplement faire ce qu’il a envie de faire depuis des semaines, c’est-à-dire se jeter sur lui et enlever tous ces vêtements bien trop encombrants. Il hésite une seconde à lui indiquer que le but de son crop top est qu’il pose ses mains sur sa taille, mais Levi se remet à parler et Gigi ramène ses prunelles dans les siennes, à l’écoute. Son sourire se fait diablement ravi au mot rendez-vous, à peu près sûr que le vocabulaire châtié de son prince est en train de devenir un kink pour lui. Il reste pendu à ses lèvres, attendant la suite, se demande s’il lui faudra patienter jusqu’au fameux rendez-vous pour calmer un peu ses ardeurs. Gigi est patient, ce n’est pas un problème, il veut bien faire les choses en bonne et due forme si cela importe à Levi. Oh, il murmure, une expression un brin surprise qui laisse vite place à un sourire ravageur. Il veut bien aussi ne pas du tout se soucier de la forme, honnêtement. Il se redresse un peu pour passer ses bras autour de son cou, son index venant chatouiller sa nuque, sourire mutin. I’d like that too. Son visage tout proche du sien, il lui offre un regard brûlant, avant de capturer ses lèvres pour un baiser des plus innocents, d’une demi-seconde, juste pour rire, juste pour provoquer. Never been kissed by a prince. Show me, hm?

CW: prémices d'intimité sexuelle

L’ardeur de Levi le prend par surprise, mais il se laisse vite prendre au jeu, accueillant ses lèvres avec bonheur, une avidité bien présente dans son bas-ventre. Il cale confortablement ses bras sur ses épaules, en profite pour l’attirer davantage contre lui, une main dans ses cheveux. Il sourit contre sa bouche, un instant, puis recommence à l’embrasser, ses mains qui descendent jusqu’à sa chute de reins alors qu’il s’installe sur lui. Il frémit, lorsque Levi pose les siennes sur sa taille – il était temps – et hausse un sourcil, à la question. Il lui lance un regard brûlant, la langue qui passe sur sa lèvre supérieure, vorace. Ce serait mentir de dire qu’il n’a pas envie de le bouffer tout entier, là. It’s very okay, qu’il murmure, dépose d’autres baisers sur ses lippes, légers, le temps qu’ils reprennent leur souffle, tous les deux.

Il fait jouer ses doigts à la ceinture de son pantalon, en tire les pans de sa chemise qui y était coincée, pour pouvoir glisser ses mains dans son dos, sous le tissu, toucher sa peau du bout des phalanges sans le quitter des yeux. Il capture à nouveau ses lèvres et puis presse son corps contre le sien, vient souffler à son oreille un Is there something you would enjoy in particular? à la fois doux, chaleureux et un brin (très) aguicheur. Gigi aime découvrir ce qui fait vibrer ses amants, plus que tout, il trouve son plaisir dans le plaisir de l’autre. Tell me your secret thoughts, hm? Il laisse sa langue aller dans son cou, un court instant, en goûte la saveur et puis rit légèrement, contre sa peau.

ça commence à être un peu chaud: